Interstellar overdrive

Une fois installée et la brûlure de l’alcool dans al bouche, Nadja se sentit mieux… Vaguement. Elle serra la main de Zander quand il lui recommanda de ne pas forcer sur la boisson et s’amusa de son conseil.

« - Oui, monsieur... »

Il avait évidement raison mais la, elle avait juste envie d’oublier ce qu’il venait de se passer. Finalement, elle se décida à commander un boisson grillé accompagné de riz. Les paroles de son mari faisait du chemin dans sa tête et elle retrouva le sourire en contemplant la baie qui s’étendait devant eux.

« - C’était quand même quelque chose, pas vrai ? Cette ressemblance, je veux dire. J’ai eu l’impression de revoir ma mère dans cette agence… J’ai pris une vraie gifle la bas, mais je suis contente d’y être allée. Même si je suis pas prête d’y remettre les pieds. Bordel, quand cette gosse me tenait contre elle pour la photo, j’ai cru que j’allais me mettre à pleurer. Ton histoire de sosie aurait pris du plomb dans l’aile du coup. C’était bien vue d’ailleurs, merci. »

Son appétit revint en même temps que sa bonne humeur et elle conclut son repas jusqu’alors diététique par un gâteau au chocolat (ou son équivalent local) nappé de crème.

« - Allons-y, dit-elle avant de l’attraper par le col et l’embrasser. »

Le trajet se fit sans soucis et ils furent reçu par un homme à la carrure impressionnante, crane rasé et sourire charmeur. Si Nadja avait été seule, il ne lui aurait sans doute pas déplus.

« - Monsieur et madame Hayes ? Bienvenu. Venez, on va passer prendre votre équipement et je vous montrerai comment utiliser tout ça. Vous n’avez jamais plongé ?
- Si mais y a un bout, et seulement en piscine.
- Ca reviens vite vous allez voir. »

Zander sourit aux paroles de NAdja quand elle se décida enfin à parler de cette rencontre surréaliste.

« J'ai trouvé ça vraiment étrange pour tout te dire. Difficile de rester de marbre devant elles. Et j'aurais bien réussi à trouver une explication aussi crédible que les sosies si tu t'étais mise à pleurer, genre l'émotion. Après tout, tu es une vraie madeleine quand tu t'y mets. » répondit-il sur un ton amusé.

*****

« Je n'ai jamais plongé pour ma part. » fit-il à l'instructeur.

Il n'avait pas manqué le regard de Nadja et secoua la tête.

Ils récupèrent des combinaisons légères, des masques, des respirateurs, des palmes et des ceintures qui les lesteraient automatiquement au besoin. Ils n'allaient pas aller dans les grandes profondeurs, mais tout de même

Le moniteur leur expliqua comment de servir du tout et les laissa aller se changer et plonger dans la piscine. L'eau était la même qu'à l'extérieur. Là, il s'assura qu'ils savaient effectivement nager et qu'ils étaient capables de suivre des instructions basiques puis il leur énuméra les règles de sécurité et les signes de base pour communiquer avant de leur faire faire quelques exercices de mises en pratique. Il passa un peu plus de temps avec Zander pour lui expliquer et lui montrer les bases, tandis qu'un de ses collègues supervisait NAdja. Quand il fut satisfait, il décida de les emmener dehors pour les lâcher dans le grand bain, où ils allaient découvrir un tout nouvel univers. Avant de plonger, il leur remit également des petites tablettes étanches, permettant de prendre des photos et de filmer, mais servant aussi de balise en cas de problème.

Zander avait eu un peu de mal à comprendre comment nager avec les palmes, mais pour le reste, il n'eut pas trop de problème. Il regarda l'eau cristalline quelques secondes avant de le laisser glisser dedans et de s'enfoncer lentement sous l'eau. C'était une drôle de sensation et il trouvait cela légèrement oppressant. En regardant autour de lui, il vit quelques poissons qui nageaient et les regarda, émerveillé. Il chercha l'instructeur du regard et suivit celui-ci qui se dirigeait vers les rochers et s'il avait bien suivi les explications, les récifs de coraux.

Madeleine, madeleine, il en avait de bonne lui. Elle saurait le lui ressortir en temps voulue, mais pour l’instant, à l’eau.

Une fois le masque sur les yeux, Nadja se sentit en terrain connu.Sa bouche trouva naturellement l’embout du détendeur et aspira une première goulée de mélange gazeux. Du simple air comprimé pour cette première plongée, donc pas de plongée trop profond pour l’instant, ce qui lui convenait parfaitement.

Beau gosse laissa sa place à un de ces collègue (dommage) qui lui rappela les bases. Il avait eut raison, ça revenait vite. Quelques minutes plus tard, elle évoluait naturellement dans la piscine en battant mollement des palmes.

Une fois Zander au point, l’instructeur les mena vers la mer et leur donna quelques instruction de plus, ainsi qu’une tablette. La liaison avec l’afficheur tete haute de leur masque se fit automatiquement et des données apparurent dans leur champ de vision. Profondeur, température de l’eau, jauge d’air. S’ils étaient descendu plus profond, les paliers de décompression nécessaire à leur remonté se seraient affichés également, mais il n’en aurait pas besoin aujourd’hui. Il y avait également un canal radio préréglé pour échanger entre eux.

Une fois prête, Nadja retrouva ses réflexes de militaires et bascula en arrière pour se couler doucement dans la mer. La sensation de liberté était grisante et elle évolua naturellement entre les quelques poissons qui regardaient ses intrus d’un air curieux.

Elle se rapprocha de Zander et constata que tout semblait bien aller de son coté. Elle laissa traîner un instant sa main sur le dos du pilote puis battit plus vigoureusement des pieds pour prendre un peu d’avance vers le récif de corail un peu plus loin. Une carte de la région était apparue dans le coin haut droit de son champ de vision et lui indiquait le prochain point d’intérêt à contempler.

Tout soucis oublié, Nadja virevoltait dans l’eau. Elle aurait adoré avoir de petit propulseur pour gagner encore plus en vitesse. Définitivement, il faudrait renouveler l’expérience.

* Apprécie ce que tu as plutôt que de penser au futur…*

En entendant l’instructeur reprendre légèrement Zander, elle se retourna pour le voir avancer vers eux rapidement mais avec des mouvements un rien désordonnés. Excellent nageur, il n’avait pourtant pas l’habitude des palmes et ne s’en servait pas avec assez d’efficacité. Mais il se débrouillait suffisamment bien cependant pour apprécier visiblement la ballade et se mettre à mitrailler le massif coralien.

Elle le laissa prendre son temps, tout en s’amusant à faire la course avec des petits poissons avant de se reposer en se laissant dériver dans le courant chaud. Finalement, l’instructeur leur proposa d’aller un peu plus loin où se trouvait une épave d’un bateau qui devait avoir plusieurs siècles. Il leur expliqua que c’était un navire de commerce coulé lors d’une tempête. Lorsqu’il avait été redécouvert il avait été décidé de le laisser la, comme un témoignage du passé de la ville, tout en l’enduisant d’une couche d’enduit qui lui permettrait de résister au temps et à l’eau. Pour un peu il leur aurait raconté une histoire de trésor perdue, se dit Nadja. Mais il ne devait pas tant avoir l’air que ça de touriste et leur guide oublia cette partie de ces explications.

Après quelques nouvelles déambulations autour de la ruine archéologique, il fut temps de remonter à la surface, leur réserve d’air au deux tiers épuisés.
Une fois au sec et une bouteille d’eau en main, Nadja s’allongea au soleil et grogna d’approbation.

« - On disait quoi hier sur s’installer ici ? Parce qu’il va falloir que tu me payes pour repartir en fait. »

La visite sous-marine se poursuivit avec l'exploration d'une épave. Zander ne fut pas surpris d'entendre qu'un bateau ait pu être coulé par une tempête, celles-ci pouvant s'avérer particulièrement violentes. Il était cependant intrigué par le navire lui-même et il ne se gêna pas pour aller explorer l'intérieur, dérangeant la faune qui avait réussi à y élire domicile, continuant à prendre des photos de ce qu'il voyait, mais pas seulement.

Il fut à la fois heureux et déçu quand ils durent finalement remonter à la surface, la fin de la visite approchant. Heureux, parce qu'il commençait à sérieusement fatigué et déçu, car il aurait aimé rester plus longtemps sous l'eau. Il ne s'était pas attendu à ce que cela soit si épuisant, mais il était déjà relativement moulu avant de commencer et cette séance n'allait certainement pas l'aider à aller mieux.

« Hum, j'ai bien peur de ne pas être assez riche pour te convaincre, malheureusement... » fit-il en poussant un soupir exagéré de dépit.

Il appréciait la Terre, mais Hébrida restait sa planète natale et ce n'était pas spécialement elle qui cherchait à éviter. Et ses perspectives professionnelles étaient aussi bonnes ici que là-bas, même s'il décidait de se reconvertir.

« Je vais devoir me résoudre à chercher un logement sur place ou à négocier un arrangement pour un hébergement de longue durée à l'hôtel. Ce sera vraiment une vie horrible. Quel dommage de ne pas pouvoir retourner sur Terre... » termina-t-il sur un ton qui laissait clairement entendre qu'il n'était pas le monde du monde désolé par cette perspective.

Il souriait en regardant au large, sachant pertinemment que cela n'arriverait pas. Ou pas tout de suite du moins. Personne ne savait ce que l'avenir leur réservait après tout et rien ne leur interdisait de rêver un peu et de faire des plans sur la comète.

« Ceci dit, il faudrait tout de même rentrer à l'hôtel pour se changer et manger avant d'aller au match. On aura le temps de profiter un peu de la plage demain. Enfin, en théorie. » dit-il.

Une vingtaine de minutes plus tard, ils étaient de retour dans leur chambre. Ils se préparèrent et allèrent manger. Il opta pour un plat de crustacés et de la glace.

Le trajet pour le stadium leur prit une trentaine de minutes avec un changement. Une bonne partie des gens semblaient converger dans la même direction qu'eux et une foule compact progressait lentement aux différents points d'accès du dôme sportif. Ils finirent par entrer et s'installer sur des sièges relativement bien placés et leur permettant d'avoir une vue d'ensemble du "terrain".

Un hébergement longue durée à l’hôtel. Elle ne savait même pas que c’était possible… mais s’accommoderai parfaitement d’un buffet comme le proposait le restaurant ou ils étaient allés la veille au soir.

« - Oui, vraiment dommage. »

Depuis le temps qu’elle parlait de prendre sa retraite… Depuis son arrivée à cette époque, elle supposait qu’elle ferait ça sur Terre, mais finalement cette planète pouvait être une solution tout à fait envisageable. Il ne restait plus qu’à trouver quoi y faire, mais vu le caractère des locaux, il y aurait sans doute toujours de quoi faire pour une fille plus adroite de ces mains que de sa tête.

Ils rentrèrent finalement à l’hôtel pour se changer et manger. Nadja s’aperçu qu’elle était affamée et profita donc allègrement du buffet. La perspective d’assister à un match professionnel de Gliding-Ball la faisait presque sauter sur place.

Et la demi-heure de voyage n’arrangea pas son impatience enfantine. Finalement, ils s’installèrent sur les gradins du stade et elle put détailler l’immense cuve en verre transparent devant eux. Cinquante mètres de long, quinze de large et vingt de haut se souvint-elle. A l’intérieur, tous les dix mètres, des poutres métalliques, disposée en diamant permettaient aux joueurs de prendre leur élan et faire rebondir la balle. De chaque côté de l’aire de jeu, la zone d’embut semblait minuscule a cette distance même si elle mesurait deux mètres de large. Quand le match débuterait, les demi sphère d’exclusion se créeraient autour de ces zones. Aucun joueur ne pouvait y rester plus de trois secondes sous peine de voir la balle remise à l’équipe adverse.

« - Quand je jouais, le coach nous avait fait voir des vidéos de match joués ici. On avait piqué quelques techniques très efficaces. La première fois que j’ai jeté Clara depuis le milieu de terrain jusqu’à la zone d’exclusion, personne à rien comprit. On a marqué mais elle s’est déboité l’épaule sur la paroi. Ces parents m’en ont pas mal voulue, je crois.»

Zander regarda Nadja en souriant tout le long du trajet, un sourire aux lèvres. Cette dernière ne tenait pas en place depuis qu'ils étaient rentrés à l'hôtel. Elle était excitée comme une puce par la perspective de voir ce match de gliding-ball, probablement autant que lui plus tôt à la perspective d'aller plonger.

Une fois assis, il contempla le terrain d'un œil circonspect. Cela faisait remonter des souvenirs désagréables. Il n'avait pas vraiment passé de bons moments là-dedans et bien sûr, ces petits camarades ne s'étaient pas forcément montrés très compréhensifs. Il était devenu la risée de sa classe, même s'il n'avait pas été le seul dans ce cas, et alors qu'il mourrait d'envie de rejoindre les autres sur le terrain. Il finissait souvent sur le banc de touche, parce que personne ne le choisissait, et pour cause.

Il essayait d'extirper du fond de sa mémoire les règles tout en écoutant l'anecdote de Nadja et ne put s'empêcher de secouer la tête. Cela lui ressemblait tellement de recourir à des techniques sorties de derrière les fagots pour surprendre ses adversaires.

« Je me rappelle surtout être resté accroché aux poutres en essayant de ne pas être malade ou assis à l'extérieur du terrain à regarder les autres jouer... Pas les moments les plus glorieux et joyeux de mon existence. Mais du peu que je me souvienne, ce n'est pas censé être un sport violent où tu jettes tes coéquipiers à travers le terrain. » fit-il en souriant.

Mais il était bien incapable de se souvenir de comment on jouait précisément.

« D'ailleurs, tu peux me rappeler les règles vite fait avant que ça commence ? En dehors du fait évident qu'il faut marquer dans les buts adverses... » lui demanda-t-il.

Décidément, les expériences sportives de Zander ne s’étaient pas bien déroulées dans son enfance. Pourtant, il n’avait pas fallu grand-chose pour qu’elle le remette en confiance. Il pratiquait maintenant quotidiennement et semblait plutôt heureux de transpirer avec elle, tant sur un tatami que sur un chemin de footing.

Nadja éclata de rire quand il lui fit part de ses doutes quant à l’orthodoxie de la tactique mise au point avec son amie d’enfance.

« - On ne l’avait pas inventé. Mais ça ne se fait pas beaucoup, essentiellement parce que si tu rates ton coup, tu t’expose à une contre-attaque qui peut être fatale. Et puis soyons franc, c’est quand même dangereux. Mais nous étions deux futures marines, le terrain était propice. »

Elle leva le bras pour commander deux bières à un mignon jeune homme qui passait dans les tribunes puis se lança dans les explications.

« - Faut mettre la balle dans le but adverse, en effet. Aucun joueur n’a le droit d’être dans la zone d’exclusion autour de l’embut plus de trois secondes, même lancé. L’autre règle importante est que tu ne peux pas tenir la balle plus de trois secondes si tu es en appuis sur une surface solide. Et pas de passe vers l’avant bien sûr, sauf avec un rebond. »

Soudain la foule s’anima autour d’eux. Les joueurs entraient sur le terrain. Les équipes étaient mixtes et tous les joueurs en armure et casqué. Si le jeu en lui-même n’était pas violent et proscrivait les contacts entre joueurs, les impacts sur les surfaces solides de l’arène pouvaient être extrêmement violents.

Une fois les présentations terminées, les équipes se mirent en position sur les diverses poutrelle et la gravité se coupa, signifiant le coup d’envoi.

Zander soupira lorsque Nadja poursuivit sur leurs techniques de jeu peu orthodoxes. Il n'était pas franchement surpris d'apprendre qu'elle était déjà casse-cou plus jeune.

« Vous n'aviez effectivement pas l'air d'avoir froid aux yeux avant même de vous engager. Je me demande si l'armée n'a pas aggravé les choses au final... » fit-il en secouant la tête.

Il ne trouvait pas ça spécialement rassurant, mais il n'y pouvait absolument rien, il le savait parfaitement. Il ne pouvait que l'accepter et faire avec, même si ce n'était pas facile.

« Dis, si je ne te suffis pas, il faut le dire, hein. » plaisanta-t-il après avoir vu son coup d’œil au serveur. Il ne se sentait pas particulièrement menacé de ce côté-là et vu son sens aigu de la famille, il doutait d'avoir à redouter ce genre d'écart de sa part. Mais il pouvait s'empêcher de la taquiner un peu, vu que c'était la deuxième fois de la journée.

Il écouta ensuite les règles. Cela lui revenait vaguement. Il restait cependant totalement ignare des tactiques et autres subtilité propre à ce jeu.

« Ça a l'air si simple, présenté comme ça... si on oublie l'absence de gravité... »

Avec le recul, il ne regrettait pas du tout cette lacune vis-à-vis du sport national ou son incapacité à évoluer sans gravité. À ses yeux, il avait gagné au change, puisqu'il avait fait de la natation à la place. Ce n'était pas de la 0G, mais c'était ce qui s'en rapprochait le plus. Là aussi, il existait un sport d'équipe, vu que le but non avoué de ces pratiques sportives étaient, entre autres choses, de leur apprendre à travailler ensemble, mais quasiment inconnu de tous.

Il regarda les équipes tout équipé se présenter puis se mettre en position.

« Ça ne m'a l'air très pratique tout ce barda tout de même... » remarqua-t-il.

La partie débuta et il eut du mal à suivre. Il avait mal au cœur rien qu'à regarder virevolter les joueurs en 0G, tout en étant émerveillé. Il aurait vraiment aimé pouvoir en faire autant. Dire que lui essayait d'avoir les trajectoires les plus rectilignes possibles pour s'ancrer au sol le plus rapidement possible...

Même si les joueurs évoluaient lentement, les échanges de balle restaient rapide. Il essayait de comprendre le rôle de chacun et s'il y avait une stratégie générale, sans grand succès. Puis il y eut soudain un but de marquer par l'une des équipes qui provoqua une éruption d'applaudissement dans le stade. Si l'action avait été extraordinaire, il était incapable de le dire...

« - Aggravé… Je ne sais pas. Mais le recruteur qui était dans les gradins, a apparemment apprécié ce qu’il voyait. Esprit d’équipe et sens réduit du danger. Du vrai pain béni pour les militaire."

Quand il lui fit la remarque sur le jeune homme qui venait de leur apporter à boire, elle éclata de rire.

« - Un peu trop jeune tu crois pas ? Il doit avoir avoir quoi ? Vingt ans ? Non c’est gentil de proposer, mais ça me tente pas. Enfin en décoration peut être ? On pourrais toujours le mettre dans le salon. »

Elle se serra un peu plus contre Zander et posa sa tête sur son épaule en l’écoutant commenter les règles du jeu.

« - C’est un peu encombrant. Mais une fois en 0G, tu l’oublie vite. Après nos protection a nous étaient plus sommaire. C’était déjà bien beau d’avoir une cuve. Des gants, un casque et des vêtements un peu épais pour l’essentiel. Mais les bleus et les bosses, c’était rien au final. On s’éclatait trop. »

Puis le match commença et elle fut hypnotisée par ce qu’elle voyait. Les joueurs décrivaient des trajectoires complexe pour se retrouver toujours en possession du ballon et avancer vers le terrain adverse. Quoi qu’elle en dise, elle n’était pas une spécialiste, mais arrivait a se aire une bonne idée de la situation et du niveau fantastique des deux équipes par rapport a ce qu’elle avait connu. Dire qu’elle s’était crue plutôt douée...

Soudain un tir formidablement ajusté trompa la défense locale et l’équipe de la capitale ouvrit le score. Dans la seconde elle était debout et participait aux vivats du public.

« - Bordel, c’est quelque chose, dit-elle en se rasseyant. »

Le match continua, équilibré. A la mis-temps, le score était de deux buts partout et Nadja avait quasiment une extinction de voix à force de crier.

« Sens réduit du danger… Ben voyons, tu m'en diras tant... Je ne comprends pas où il est aller chercher ça. » soupira-t-il.

Il rit doucement à sa réponse sur le serveur.

« Ah, mais les petits jeunes sont les plus... endurants et créatifs. Mais je suis pas sûr que j'en veuille dans le salon. Ce serait perturbant. À moins de lui adjoindre une compagne tout aussi ravissante. Juste pour qu'il ne s'ennuie pas tout seul, bien sûr. » dit-il, faisant mine d'en chercher une dans la foule.

Il continua à regarder le match, mais cela finit vite par perdre son intérêt à ses yeux. Il n'y comprenait pas grand-chose de toute façon. Ce qui n'était pas le cas de Nadja qui était aussi enthousiaste et démonstrative que le reste des spectateurs face aux actions des sportifs. Il sirota sa bière en observant ce qui se passait autour du terrain.

Il ne put s'empêcher de rire en constatant qu'elle n'avait presque plus de voix à force de s'époumoner que ce soit pour encourager une équipe, vitupérer contre une autre ou féliciter bruyamment les actions d'un joueur, peu importait son camp.

« Oh, une Nadja sans voix. Je n'aurais jamais cru que quelque chose comme ça se produirait un jour. Est-ce que ça veut dire que je vais passer la soirée à profiter du silence et du bruit de la mer pour moi ? Le rêve... » la taquina-t-il.

La deuxième mi-temps débuta sur les chapeaux de roue avec un but dans les secondes qui suivirent la reprise du match, prenant tout le monde de court avec la manœuvre décrite un peu plus tôt par Nadja. Malgré l'intensité des échanges, son intérêt ne fut pas vraiment renouvelé par ce qu'il se passait dans la cuve et il continua donc à regarder autour de lui.

La fin du match approchait et la Capitale menait par un point. L'équipe locale ne baissait cependant pas les bras et faisait preuve d'une admirable ténacité face à son adverse qui semblait pourtant meilleur.

« - Une compagne ravissante, hein… mais je suis sure que c’est toi qui la lui choisira. »

Elle s’amusa à regarder avec lui tout en le taquinant sur son goût pour les jeunettes. Malgré la réputation de joli cœur de Zander, elle ne se sentait pas inquiète un instant d’une éventuelle infidélité.

Une fois à la mis-temps, elle se sentait presque vidée et sa gorge était en feu.

« - Faut croire que je suis plus douée pour brailler sur la bleusaille, croassa-t-elle, que pour encourager une équipe. Mais j’aurai pensée que ma voix ne te déplaisait pas à certain moment. Enfin si tu préfère vraiment le bruit de la mer, tu pourras toujours dormir sur le balcon. »

Elle en fut quitte pour troquer du thé chaud contre le verre de bière qui lui faisait de l’œil, mais le liquide chaud fit son effet et lorsque l’équipe de la capitale marqua en utilisant une technique qu’elle connaissait bien, elle hurla à nouveau sa joie. La seconde période fut moins équilibrée et le locaux encaissèrent deux but quasi coup sur coups avant de revenir péniblement au score.

Cinq minutes avant la fin, un tir fulgurant les ramena à égalité, relançant l’intérêt du match. Les joueurs épuisés tentaient des passes mais la fatigue jouait sur leur précision. Un interception impressionnante d’une joueuse de la capitale fit naître soudain des rugissement dans la foule. La jeune fille avait pris appuis sur une des poutrelle les plus haute de la cuve et fondait maintenant sur la zone d’exclusion avec un angle qui la placerait sûrement hors jeu. Sauf si elle marquait avant.

« - Elle y arrivera jamais, elle a trop d’angle... »

Le tir parfaitement ajusté rebondit à quelque centimètre à peine de son objectif. Un instant plus tard la zone d’exclusion devenait rouge et la balle filait automatiquement dans la main du joueur adverse le plus proche. Une minute plus tard, la partie se terminait sur un match nul. Si la plupart des présent signifièrent leur joie devant ce match de haut niveau, d’autres étaient plus amer.

« - C’est bien la peine de payer des fortunes pour des joueuses qui ne savent pas tirer.
- C’était débile son action... »

Et ainsi de suite. Les oreilles de l’ex marine commençaient à lui chauffer. Tout ce qu’elle avait vu, c’était une formidable tentative malheureusement pas couronnée de succès. Mais la joueuse, dont elle ignorait tout, avait essayée et c’était de son point de vue le plus important.

Zander lui fit un grand sourire.

« J'ai très bon goût en la matière. Il ne devrait donc pas avoir à se plaindre de mon choix, mais il aurait quand même le droit de s'exprimer sur le sujet. Mais je garde un droit de veto. Y a pas de raison qu'il n'y ait que toi à avoir quelque chose de joli à regarder.» répondit-il sur un ton espiègle avant de l'embrasser rapidement.

Il pouffa quand elle continua concernant sa voix.

« Oh oui, je l'aime beaucoup. Mais parfois, le silence, c'est bien aussi. Dormir sur le balcon ? Et regarder les étoiles en écoutant clapotis de l'eau juste en dessous ? C'est très tentant en fait... En plus, la température le permet amplement. » dit-il doucement.

Sans problème même. Il avait dormi à la belle étoile dans de pires conditions que ça. Et là, le cadre était vraiment idyllique et le temps plus que clément.

Une fois sa bière finie, il opta pour du thé aux agrumes locaux. Le match s'était intensifié pendant un temps, mais leurs passes finirent par devenir de moins en moins précises trahissant clairement que la fatigue des équipes. Mais la joueuse de la Capitale tenta une dernière action qui lui sembla impossible et qui ne réussit pas.

Il applaudit après le coup de sifflet final. Le match se soldait par un nul, mais le public semblait avoir apprécié. À part quelques abrutis critiquant la manœuvre de la joueuse à la dernière minute. Il vit aussi que cela ne plaisait pas du tout à Nadja. Il lui passa un bras autour de la taille.

« Allez, viens. Ne les écoute pas. Ce sont juste de mauvais perdants qui ne savent pas apprécier une belle action de quelqu'un qui tentait le tout pour le tout pour essayer de décrocher la victoire. Ça n'a juste pas payé. » lui murmura-t-il à l'oreille.

Il n'avait pas envie de déclencher une bagarre pour si peu. Même lui, qui n'y connaissait pas grand-chose l'avait vu. C'était tout ou rien à ce moment-là et il devait reconnaître que c'était bien tenté.

Il l'attira doucement à lui avant de l'embrasser et de la guider vers la sortie. Il avait hâte de rentrer et commençait à se sentir un peu oppressé par le bruit et la foule. Et la fatigue commençait aussi à le rattraper. Il avait un besoin urgent de calme et il aurait donné n'importe quoi pour être sur le balcon de leur chambre d'hôtel, et surtout dans la mer.

Le pire, c’est qui avait raison. Dormir sur le balcon pourrait être des plus agréable. Peut être que s’il déménageaient le matelas… Sa pensée fut interrompue par une nouvelle action et la rangea pour plus tard.

Une fois le match terminé, Zander l’empêcha, a raison de faire une bêtise en se mêlant d’une conversation qui ne la regardait pas. Ça n’était pas le moment de se faire gâcher un excellent moment par deux abrutis.

« - T’as raison, murmura-t-elle en se pelotonnant contre lui et marchant vers la sortie au milieu de la foule. C’était vraiment génial. Merci de m’avoir emmené ici. Ça a rien à voir avec voir un vieil enregistrement. J’espère que tu t’es amusé aussi. »

Elle avait bien vue qu’il était moins enthousiaste qu’elle, après tout, il avait toujours une voix normale, mais ca ne voulait pas dire qu’il s’était ennuyé. Enfin elle l’espérait vraiment.

Il y avait beaucoup de monde sur le parvis du stadium et les transports en communs étaient bondés. Comprenant que la foule pesait sur la tension de son mari, elle lui prit la main et se mit en marche tranquillement.

« - Deux kilomètres jusqu’à la prochaine station, si je lis ce panneau correctement. Ça fera passer le gros du flot. »

Il faisait encore très bon a cette heure de la nuit et le trajet passa plus rapidement qu’elle ne l’avait crut. Le métro aérien restait plein mais la foule avait déjà diminué et le trajet passa rapidement.

Une fois à l’hôtel, elle l’attira contre elle des la porte fermée et l’embrassa longuement.

« - Merci, murmura-t-elle enfin. Je suis pas prête d’oublier cette journée. C’était vraiment important pour moi. »

Zander sourit. Il lui était impossible de douter du fait que cela lui avait plu et qu'elle s'était vraiment amusée.

« Ah ça, c'est sûr que cela n'a rien à voir avec un match sur un écran. Et oui, c'était intéressant. Je ne me rappelais plus de l'ambiance et de la passion que cela pouvait soulever chez les gens. » fit-il en riant doucement au souvenir de Nadja hurlant à tue-tête pour encourager les joueurs.

Il fut soulagé lorsqu'ils réussirent à s'extraire de la foule compact qui se dirigeait vers la station et il se détendit après quelques minutes de marche. Peu lui importait la distance à parcourir, mais il était mal à l'aise et il ne se sentait pas en sécurité au milieu d'autant de gens. Les vieilles habitudes…

Le train était bondé et cela ne lui plut pas vraiment, mais il leur était impossible de rentrer à pied jusqu'à l'hôtel. Alors il prit son mal en patience, ses sens aux aguets malgré lui. Il fut vraiment content quand ils arrivèrent enfin à destination. Il lui rendit son baiser.

« J'espère bien. Et tant mieux. C'est un peu le but de ce voyage justement. Que tu découvres un peu de tes origines. Et j'ai bien l'intention de revenir ici, dans ce cas. En attendant, concernant ton idée de dormir sur le balcon… »

Il alla fouiller dans un des placards se rappelant avoir lu quelque chose et fini par trouver ce qu'il cherchait. Il brandit fièrement sa trouvaille de tissu.

« Tadam ! Figure-toi que toutes les chambres contiennent des hamacs à accrocher sur la terrasse pour les clients qui préfèrent ça aux chaises longues. Tu veux bien m'aider à l'installer ? » lui demanda-t-il.

Il sortit sur le balcon et repéra les points d'attaches sur les poteaux. Une fois qu'ils eurent terminés, il regarda l'eau en souriant.

« Et maintenant, je crois que je vais aller piquer une tête et observer les étoiles en même temps avant d'aller dormir. » annonça-t-il avant de l'embrasser de rentrer pour se changer rapidement,

Il ressortit à peine une minute plus tard et plongea dans l'eau. Il nagea quelques minutes puis se mit sur le dos pour regarder le ciel.

L’apparition du hamac fit hausser un sourcil curieux à l’ex-marine mais il ne fallut pas beaucoup d’explications pour la convaincre. Elle accrocha les mousquetons à deux anneaux prévus à cet usage et testa rapidement de s’asseoir dedans, avant de s’y allonger avec un soupir d’aise. Zander opta pour aller se baigner et, bien qu’elle fut tentée de le rejoindre elle préféra rester allongée et s’effeuilla sans gène.

Il était frais quand il revint finalement se blottir contre elle et elle se chargea de le réchauffer rapidement. Ils découvrirent ainsi que faire des acrobatie dans un hamac n’est pas chose aisée, ce qui leur valut un beau fou rire. Ils s’endormirent finalement, repus et ravis serre l’un contre l’autre.

C’est le froid qui réveilla Nadja. Un froid glacial qui remontait le long de son bras jusqu’à son épaule. Elle sentait le bras de Zander passé autour de taille, chaud et rassurant, mais au dessus de la glace semblait s’insinuer dans ses os et la paralysait lentement.

« - Nadja... »

La voix sinistre s’insinua dans sa tête. Elle la connaissait, l’avait déjà entendue… mais ou ? Elle tenta de se débattre mais était prisonnière de la glace, de cette conscience qui s’insinuait dans la sienne et lisait ses pensées les plus intimes.

« - Laisse moi tranq…. »

Le contact brutal avec le sol la réveilla. Elle avait atterrie sur l’épaule et se rendit compte que son bras était complètement engourdie, d’où la sensation de froid intense. Au moins elle n’avait pas mal mais n’allait pas tarder a retrouver des sensation et la douleur de la chute allait la faire chanter.

Constatant que le jour se levait, elle opta pour la douche afin de chasser les derniers derniers restes de cauchemar qui s’agrippait encore a sa conscience et qui l’avait plus perturbé qu’elle ne voulait bien l’admettre.

Zander fut quelque peu déçu que Nadja ne vienne pas nager avec lui tout en appréciant en même temps ce moment de solitude. Après le stadium et sa cohue, celui lui fit vraiment du bien. Par contre, l'accueil qu'il reçut quand il sortit de l'eau et la rejoignit fut des plus agréables tout comme la nuit, le hamac offrant quelques intéressantes opportunités.

Le réveil fut en revanche assez désagréable et il faillit se retrouver par terre en même tant que Nadja. Elle s'était mise à s'agiter au point de choir et avait manqué de l'entraîner avec lui. Il papillonna des yeux et la regarda se relever, s'interrogeant sur les raisons de sa soudaine agitation. Elle n'était habituellement pas sujette aux cauchemars. C'était plutôt son rayon à lui, mais elle devait aussi avoir ses propres démons qui devaient venir la hanter de temps à autre.

« Est-ce que ça va ? » lui demanda-t-il en réprimant un bâillement.

Il la suivit du regard tandis qu'elle allait à la salle de bain. Il rêvait pour sa part de se rendormir. C'était un poil trop tôt à son goût. En plus, ils devaient partir un peu plus tard dans la matinée pour rentrer à Valmeera et c'était la dernière chose dont il avait envie.

Il se leva et jeta un œil à la mer. Non, pour une fois, plonger et nager ne lui disaient rien pour l'instant. À la place, il commanda le déjeuner et alla se jeter dans le lit en attendant le service d'étage… qu'il n'entendit jamais arriver.

Non, ca n’allait pas bien. Quelque chose lui grattait derrière la tête. Un souvenir qui tentait de se frayer un chemin jusqu’à sa conscience mais qui se perdait en route au fur et à mesure que le rêve s’effaçait. Comme un gout amer sur sa langue qui refuse de se laisser identifier.

La douche brulante chassa les restes de sommeils et comme elle l’avait prévue, la douleur dans son épaule se réveilla en même temps que la circulation sanguine se rétablissait.
Elle se regarda dans le miroir en sortant et constata que le haut de son bras s’était déjà coloré d’un bleu violet du plus bel effet. Adieu débardeur…
Surprise que l’on frappe à la porte, elle enfila un t-shirt rapidement et découvrit que Zander avait commandé un petit déjeuner, ce qui était une plutôt bonne idée mais qu’il avait eu le malheur de se recoucher et qu’il dormait à nouveau à poings fermés.

Après avoir remercié le garçon d’étage, Nadja referma la porte et posa le plateau sur la table. Elle était affamée constata-t-elle et se fit une tartine sans attendre tout en se servant une tasse de café brulant. L’odeur suffirait-elle à le réveiller ?

Apparemment pas !

Amusée, elle servit une seconde tasse et se rapprocha du lit pour le lui faire renifler de près.

« - Coucou, murmura-t-elle… le café de sa majesté est prêt… »

Zander grogna en entendant Nadja lui parler, plus qu'en sentant le café et se retourna de l'autre côté.

« Veux pas… Encore cinq minutes... » grommela-t-il en enfouissant sa tête sous un oreiller.

Il était fatigué, il avait mal partout et il n'avait qu'une envie, rester là à dormir quelques heures de plus. Se lever le rapprocherait inexorablement du moment du départ. Il devrait s'y résoudre tôt ou tard. Mais mieux valait le plus tard possible que tôt.

Plus tard, quand il fut enfin debout, pas forcément très réveillé ni d'humeur joyeuse, il s'intéressa à ce qui était arrivé ce matin.

« Comment va ton épaule au fait ? Comment tu as fait pour te retrouver par terre d'ailleurs ? » lui demanda-t-il avant d'y jeter un œil.

« Joli... Tu ne t'es pas raté... Je dois avoir ce qu'il faut dans mon sac pour soigner ça. » fit-il sans pour autant se lever. Le matériel médical de base d'Hébrida permettait de soigner ce genre de choses en quelques minutes.

Il alla refaire un tour dans la mer une dernière fois avant de prendre une douche et de refaire son sac pour partir, à contrecœur.

******

Quelques heures plus tard, ils étaient dans le train du retour. Celui-ci longeait la côte jusqu'à Valmeera. Le compartiment privé était certes petit, mais très confortable. Les sièges pouvaient se convertir aisément en couchette pour ceux qui voulaient dormir au cours du trajet qui durait plusieurs heures.

Coude sur le bord de la fenêtre et menton sur la main, Zander regardait dehors d'un air absent, sans vraiment voir le paysage pourtant magnifique qui défilait.

Il sentait sa bonne humeur s'envoler et s'assombrir au fur et à mesure où ils se rapprochaient de leur destination finale. Il appréhendait de rentrer chez ses parents. S'il était vraiment honnête avec lui-même, il n'en avait même pas du tout envie et aurait préféré rester à Serain ou encore aller dormir ailleurs. Il redoutait de croiser son père et que les choses dégénèrent pour de bon, mais il ne pouvait pas non plus laisser les choses en l'état. Il était beau le soi-disant négociateur et futur président, incapable de discuter et résoudre un différend avec son propre père. Puis il ne voulait pas non plus que sa mère fasse les frais de tout ça.

À leur arrivée, il devait aller récupérer les ingrédients pour son repas, puisqu'ils avaient reçu le feu vert de la part de l'administration, probablement après avoir été analysé et catalogué dans différentes bases de données, ce qui prendrait un peu de temps malgré tout, ce qui n'était pas vraiment pour lui déplaire. Mais il avait hâte de cuisiner. Ça lui changerait les idées, du moins temporairement.

Nadja ne put s’empêcher d’éclater de rire quand il lui fit une imitation parfaite d’un enfant refusant de se lever pour aller à l’école. Un de ses hommes lui aurait fait un coup pareil, il se serait retrouvé avec le lit à la verticale en moins de temps qu’il ne faut pour dire « maman ». Mais Zander n’était pas un militaire et encore moins sous ses ordres. Elle opta donc pour une technique plus douce à base de baisers, de caresses et de paroles qui s’avéra payante sur le long terme.

Un peu plus tard, le petit déjeuner passé, il lui regarda l’épaule et appliqua un baume qui s’avéra particulièrement efficace.

« - Je pense que j’ai dû dormir sur le bras et couper la circulation. Doublé avec un cauchemar particulièrement vivace, j’ai essayé de me débattre mais j’ai évidemment perdu l’équilibre et mon premier réflexe a été de rouler… sauf qu’avec un bras en moins ben ça suit pas et l’épaule a encaissé le tout. Et ça fait du bien ton truc, je sens quasi plus rien. »

Douleur oubliée, ils quittèrent la chambre à regret quelques minutes plus tard. Le voyage retour fut bien moins joyeux que l’allé. Zander était d’humeur maussade et elle avait une assez bonne idée du pourquoi. Une nouvelle confrontation avec son père serait peut-être un point de non-retour.

« - J’ai un peu réfléchie, ce matin, commença-t-elle en espérant le faire penser à autre chose. J’ai vraiment apprécié ces deux jours et la ville. On en plaisantait hier, mais l’idée de s’y installer me semble de plus en plus séduisante. Quand je serai satisfaite de l’équipage de l’Achille et que j’aurai un successeur formé, je crois que c’est quelque chose qu’on pourrait réellement envisager. »

Elle se jetait un peu à l’eau, la, mais il fallait bien débuter quelque part.