Zander avait planifié une surprise de taille pour l'anniversaire de Nadja. La seule chose qu'elle en savait, c'est qu'il s'agissait de vacnaces d'une durée totale de deux semaines dont 6 jours de voyage. Même Stella n'avait pas été avertie de la destination jusqu'au moment du départ pour ne pas qu'elle communique l'information à Emy et que la mèche soit vendue par inadvertance. Lorsqu'elle l'avait appris, il lui avait formellement interdit de le révéler de quelque manière que ce soit à quiconque, être vivant ou machine.
Ils étaient partis le 20 juillet, dès qu'ils avaient obtenu le feu vert de l'infirmerie suite à leur visite sur la planète des métamorphes. Voilà une mission qui avait été pour le moins bizarre…
Ils étaient désormais le 23 au matin et il leur restait encore une demi-douzaine d'heures de vol avant d'atteindre Hébrida. Il se trouvait dans son siège de pilote pour faire quelques vérifications d'usage. Mais en réalité, il était surtout là pour préparer la petite escale en espace normal qu'il avait prévue. Bien entendu, la principale intéressée ignorait ce qui l'attendait dans les prochaines minutes.
« Stella, on émerge de l'hyperespace dans 5 secondes… »fit-il.
L'IA entama le décompte et le transfert se passa sans anicroche. S'il ne se trompait pas, Nadja devrait débarquer rapidement dans le poste de pilotage pour savoir ce qu'il se passait... Sinon, il l’appellerait.
« - Tout est prêt ? - Affirmatif. - Parfait. Y a plus qu'à attendre la reine du jour dans ce cas. »dit-il, tout sourire.
Deux semaines de vacances, pour une destination inconnue… Il fallait vraiment qu’elle lui fasse confiance pour accepter un truc pareil. Bon évidemment, avec son anniversaire au beau milieu, elle supposait que Zander lui préparait quelque chose. Et son nez en frétillait de curiosité.
Personne n’avait voulu lui dire ou ils allaient. Ni son mari, bien évidemment, ni Stella… et même pas Emy qui semblait aussi dans le coup mais se faisait un malin plaisir de ne rien lui révéler. En râlant pour la forme, elle s’était réfugiée dans le salon et dessinait tranquillement en essayant de se concentrer pour une fois sur les paysages et un peu moins sur les visages. Après une demi-douzaine de pages froissées et jetées au sol, elle finit par renoncer à dessiner son nouveau quartier dont les lignes refusaient obstinément de s’agencer correctement.
L’ex marine positionna ses jambes sous elle et inspira profondément à plusieurs reprises en convoquant de vieux souvenirs. Presque d’elle-même, sa main se mit en mouvement et, et en quelques minutes, elle avait composé la vue de New Paris qu’elle observait depuis la pièce principale de l’appartement ou elle avait grandi. La rue encombrée de véhicules miteux, des jeunes en train de harceler un marchand itinérant, une vielle prostituée au coin d’un autre immeuble et, au-dessus de tout ça, le dôme protecteur de la ville. En contemplant le résultat, elle frissonna malgré elle. C’était un peu trop réaliste à son gout et faisait remonter des souvenirs pas forcements agréables.
Après avoir déposé le dessin sur la table, elle se leva pour se faire couler un café et en fit un second pour Zander. Il saurait chasser son soudain vague à l’âme en quelques minutes, elle n’en doutait pas une seconde.
En chemin vers la cabine de pilotage, Nadja sentit soudain le vaisseau sortir de l’hyperespace et son sourire revint tout seul. Allait-elle enfin savoir ce qu’il se tramait ? Elle se hâta de rejoindre son mari et lui tendit le café qu’elle venait de préparer.
« - Alors fin du suspense, ou tu comptes me faire mariner encore un peu, s’amusa-t-elle."
Zander ne s'était pas trompé. Nadja arriva quelques secondes plus tard et lui tendit une tasse de café.
« Bon anniversaire, belle brune ! Merci. Et non, tu vas devoir patienter encore quelques heures, mais j'ai quelque chose d'autre pour t'occuper en attendant. Un premier cadeau. »lança-t-il joyeusement en l'embrassant et la poussant gentiment dans le siège du copilote, mais pas pour faire ce qu'elle pensait probablement, ce qui n'aurait pas était une première.
« - Stella, s'il te plaît ? - Tout de suite. Transfert des commandes manuelles au copilote. - Et voilà. À partir de maintenant, c'est toi qui pilotes. Moi, je vais manger quelque chose. »dit-il en se reculant.
Quand il vit sa tête incrédule, il lui fit un grand sourire rassurant et se retint de rire. Il s'appuya contre le tableau de bord.
« Oui, oui, je suis sérieux, il est temps que tu apprennes à piloter. Ou du moins, les bases, histoire que tu puisses me remplacer si nécessaire. On ne sait jamais, mais ça pourrait servir un jour. Et ne t'inquiètes pas, tout va bien se passer. Stella va te guider et reprendra la main en cas de souci. Puis ce n'est pas comme si je te demandais de faire cuire quelque chose. On sait tous les deux que cela ne finirait pas très bien, même si tu t'améliores. Mais ça, c'est dans tes cordes, j'en suis certain. Tu arrives bien à contrôler une armure, alors un petit vaisseau... Je te fais confiance pour ne pas abimer la peinture. »lui expliqua-t-il.
Un peu plus tard, il prévoyait de lui donner un peu plus de détails sur le tableau de bord et les différents instruments essentiels.
« Maintenant, pose tes deux mains sur les commandes. Parfait. Stella, je te confie notre pilote en herbe. » fit-il en posant un baiser sur son front et en s'éloignant.
Il avait décidé de laisser son IA se charger de la formation pour ne pas la déconcentrer et ajouter de la pression sur ses épaules. Et puis c'était la première fois qu'il confiait les commandes de son vaisseau à quelqu'un d'autre, et même s'il ne l'avait pas montré, cela le stressait un peu, raison pour laquelle il ne voulait pas rester. Il ne se sentait pas capable de dispenser les instructions nécessaires tout en restant parfaitement calme.
Il traversa le couloir pour rejoindre le salon. Il secoua la tête et posa sa tasse pour ramasser les papiers froissés qui traînaient et les mettre dans la boîte prévu à cet effet. Il la laisserait en faire ce qu'elle voulait plus tard. Il s'installa dans le canapé, les minutes qui allaient suivre risquant d'être un peu mouvementées, le temps qu'elle prenne la mesure des commandes et de leur réactivité. Il prit le dessin posé sur la table et l'examina avec attention tout en buvant son café, intrigué. Il faudrait qu'il lui demande ce que cela représentait.
« - Merci, ronronna Nadja en s’installant sur le siège du copilote. »
Elle n’était pas spécialement venue pour faire des galipettes mais après tout, il y avait de pire façon de fêter son anniversaire et…
« - Attend, quoi ? Non mais atteeeeeeend. »
Complètement paniquée, elle mit la main sur la manette devant elle, en regardant les diverses informations devant elle sans rien y comprendre. Il lui donna quelques explications sommaires avant de l’embrasser gentiment et de disparaitre dans le ventre du petit vaisseau. Une floppée de juron s’échappa de sa bouche, vouant son mari aux gémonies.
« - Du calme, expliqua posément Stella, je t’empêcherais de faire des bêtises. - T’en a de bonne… J’ai pas la moindre idée de ce que je dois faire. - Pour l’instant rien. Tu es sur un vecteur d’approche standard. Nous flottons dans l’espace avec une vélocité faible et sans obstacle a moins de vingt millions de kilomètres. - Super, donc je sers à rien, je peux y aller ? »
Entendre rire Stella était toujours étrange. Programmer l’humour d’une IA devait être une expérience curieuse mais Nadja avait d’autres chose en tête. Devant ses yeux, en surimpression sur le cockpit s’affichèrent des traits lumineux qui préfigurait une sorte de route.
« - Incline le manche légèrement pour suivre le chemin, voilà comme ça. Doucement, les commandes sont sensibles. »
Concentrée, transpirante de tout son corps, Nadja suivit les indications que lui donnait son instructeur électronique pendant les minutes qui suivirent. Tangage, roulis, lacet, tous ces termes étaient pour elle incompréhensible mais elle arriva au bout de la première leçon sans casse.
« - Je pense que ça ira pour aujourd’hui, fit finalement Stella. Tu ne t’en sors pas si mal que ça. - Si tu le dis… mais je suis bonne pour une nouvelle douche, j’avais pas transpiré comme ca depuis… - Cette nuit ? - Oui bon ca va ! »
Zander reposa le dessin au premier virage et se renversa la moitié de son café dessus au deuxième. Il soupira et secoua la tête. Les mouvements brusques n'étaient pas une surprises et ils finirent par devenir plus souples et plus fluides au fur et à mesure que les minutes s'écoulèrent et que Nadja se familiarisait avec le vaisseau, tout en restant malgré tout un peu sec. Mais il n'y avait rien de surprenant à cela vu que c'était la première qu'elle touchait aux commandes et qu'elle devait être tendue comme une corde de violon, ce qui n'aidait pas.
Il suivait sa progression sur le trajet élaboré par Stella que celle-ci avait affiché sur l'écran du salon. Il relâcha sa respiration qu'il n'avait pas réaliser retenir quand elle arriva au bout, voyant qu'ils étaient toujours entiers.
Il n'était pas sûr que lui avoir forcé la main de la sorte ait été la meilleure des façon de faire et qu'elle voit vraiment cela comme un cadeau. Et il s'en voulait un peu d'avoir agi ainsi. Mais il n'était pas certain qu'elle aurait accepté s'il lui avait simplement demandé, ou alors cela aurait probablement requis beaucoup de discussions et de persuasion.
Il se leva et retourna dans la cabine de pilotage et posa une main sur son épaule avant de s'asseoir.
« Relax... Tu vois, tout s'est bien passé. Ça manque juste un peu de souplesse dans les manœuvres, mais ça viendra avec la pratique. »fit-il en souriant.
Il ne lui en voudrait pas si elle ne voulait pas recommencer l'expérience, mais il était convaincu que ce serait une bonne chose d'avoir une autre personne un minimum formée au pilotage à bord dans le cas improbable ou ni lui ni Stella ne serait disponibles. Et surtout, il n'avait personne d'autre à qui il faisait suffisamment confiance pour cela.
« Stella, on reprend notre trajet initial. Passage en hyperespace dans 30 secondes... Encore environ six heures et nous arriverons à destination. »dit-il, une pointe de crispation dans la voix, qui n'avait rien à voir avec la leçon de haute-voltige qui venait d'avoir lieu.
À dire vrai, plus ils approchaient de la fin du voyage, plus il se disait qu'aller sur Hébrida n'était pas une aussi bonne idée que ça et qu'il aurait dû choisir une autre destination. Il commençait à sérieusement avoir envie de taper dans quelque chose depuis qu'il s'était levé.
« - Bon, je vais aller prendre une douche et me changer. Stella, je te repasse les commandes. Avertis-moi quand il restera une heure de trajet. - Compris. Pilotage automatique engagé. »
Il se disait qu'il ferait peut-être mieux de lui dire où ils allaient avant d'arriver, histoire de ne pas lui causer un deuxième choc dans la journée et qu'elle est le temps de se préparer un minimum à ce qui l'attendait. Parce qu'une Nadja tétanisée et paniquée n'était pas nécessairement une bonne chose pour ce qui allait suivre. Mais le serait-elle moins en l'apprenant avant ?
Quand Zander refit son apparition dans la cabine de pilotage, Nadja était affalée sur le fauteuil et essayait de reprendre ses esprits. Quand il fut à sa portée, elle l’attrapa par le col pour l’attirer sans ménagement à quelques centimètres de son visage.
« - Refais moi un coup comme ça et je te promet que, marié ou pas, tu le regretteras. »
Elle laissa passer une seconde mais ses yeux bleu clairs la trahissaient déjà. Finalement, incapable de tenir plus longtemps, elle parcouru les derniers centimètres et l’embrassa passionnément.
« - Merci… Je sais que ca a pas du être facile pour toi de me la laisser. J’avais pas autant flipper depuis un moment mais c’était vraiment chouette. Et si j’en juge pas l’odeur de café qui émane de ton pantalon, tu as fais les frais de… manque de souplesse. »
Elle l’écouta faire repasser le vaisseau en pilotage automatique et la suivit, les jambes légèrement tremblante, dans les quartiers d’habitations. Elle le suivit dans la douche et ce qui n’aurait du être qu’une simple rinçage pris un temps bien plus long. Stella allait encore protester contre la surcharge de travail du système de recyclage.
Plus tard, quand il fut temps de se rhabiller, Nadja hésita devant le coin de penderie qui lui était attribué.
« - Dis, je dois mettre quoi ? J’ai bien compris que tu ne voulais rien me dire et je veux bien jouer le jeu. Mais je ne voudrais pas me retrouver en robe de soirée au milieux d’un bar à docker. »
La ficelle était sans doute un peu grosse, mais après ce qu’il venait de lui faire vivre, elle était encore plus curieuse de la suite.
Zander fut soulagé d'entendre Nadja lui dire qu'elle avait vraiment aimé ça. Pendant une seconde, il avait cependant cru qu'elle allait lui passer un savon pour lui avoir joué un coup pareil. Il se contenta de sourire et lui rendit son baiser. Il rit doucement quand elle évoqua l'accident de café.
« Vu tout le temps que tu passes à bord, il me semblait normal de t'apprendre le BA-B.A. Pour le café, ce n'est pas grave et pas entièrement inattendu. Et comme c'est le seul incident à déplorer, tu t'en es vraiment bien sortie pour une première fois. On planifiera quelques séances de plus au retour, si tu le veux, pour que tu maîtrises correctement les bases. Quand à la souplesse... » fit-il avec un grand sourire.
La douche prit une tournure des plus agréables et dura bien plus longtemps que ce qu'il pensait. Mais autant profiter encore un peu de l'intimité que leur offrait le vaisseau avant qu'ils arrivent et que les choses ne changent.
Il s'arrêta, son t-shirt à la main, en entendant la question de Nadja. Il pouvait répondre simplement à sa question sans lui donner de plus amples informations ou alors mordre à l'hameçon, qu'elle avait lancé de manière pas du tout subtile, et cracher le morceau.
« Des vêtements normaux suffiront amplement. On a encore un tout petit peu de chemin à faire une fois arrivés sur Hébrida et une robe de soirée ne serait pas très pratique. Sans compter que tu détonnerais dans le paysage, ce que tu n'aimes pas trop, il me semble. Et la tenue de soirée n'est pas non plus exigée chez mes parents. »répondit-il en optant pour la deuxième solution. Pour sa propre tranquillité d'esprit, il préférait la mettre au courant. De toute façon, le secret serait éventé sous peu, dès qu'ils sortiraient de l'hyperespace.
Le fait d'évoquer leur arrivée sur place fit monter une pointe d'angoisse. Dire qu'il appréhendait la rencontre entre elle et ses parents était un euphémisme. S'il avait pu se contenter de l'emmener sur la planète sans passer par la case maison et famille, il l'aurait fait. Mais à moins de venir par un autre moyen de transport, c'était tout bonnement impossible, ses parents étant automatiquement informés lorsque que Stella rentrait au bercail.
Zander avait sans doute raison de penser qu’elle pourrait être amener à piloter. Après tout, elle l’entraînait bien au combat, c’était un juste retour des choses. Mais on lui avait tellement rabâché qu’elle ne pouvait pas le faire, que ça n’était pas pour elle…
*Oui Mei, je sais, j’arrête. *
Après cet échange intérieur aussi rapide que douloureux pour son postérieur, elle se concentra ce qui était vraiment important, à savoir remercier son mari pour ce moment.
La petite provocation sur les vêtements fonctionna bien mieux que prévu et il lui révéla, tout de go leur destination. Paralysée, elle resta à ouvrir et fermer la bouche pendant de longues secondes en le regardant fixement. Trop d’idées se bousculaient dans sa tête simultanément et l’empêchait de bouger, parler, respirer.
« - Oh bordel ! fit-elle finalement en s’asseyant sur le lit. »
Elle regarda son t-shirt multicolore fixement. Il lui paraissait soudain ridiculement inadapté, comme à peu prés tout ce qu’elle avait emporté. Et puis elle avait les cheveux en bataille et… et…
« - Tu vas trouver ça idiot mais c’est la première fois que je fais un truc pareil… Et j’ai pas la moindre idée de comment m’y prendre. T’as décidé que cet anniversaire serait le jour des nouvelles aventures c’est ça ? »
Elle renonça au short qu’elle avait compté porté pour un jean plus classique. Pour le haut, par contre, elle n’avait pas grand-chose d’autre que ces t-shirts. Elle opta finalement pour un débardeur simple et unis. En espérant qu’ils ne s’offusque pas de ses tatouages, mais c’était clairement le vêtement le plus neutre qu’elle avait.
« - Je… dois savoir quelque chose sur eux ? Des choses à ne pas faire ou dire ? Tu leur a dit quoi sur moi au fait ? »
Dernière édition par Nadja Cook le Sam 13 Oct 2018 - 23:36, édité 1 fois
Zander regarda la réaction de Nadja avec un grand sourire amusé. Sa tête valait, encore une fois, vraiment le détour.
« Je crois que j'ai bien fait de te le dire avant qu'on arrive. »
Quand elle admit que c'était une première pour elle, il hocha la tête. Il était logé à la même enseigne qu'elle à ce niveau.
« Je ne trouva pas ça idiot du tout. Figure-toi que c'est aussi la première fois que je ramène quelqu'un à la maison pour la présenter à mes parents. Alors cette fois, je ne vais pas vraiment pouvoir te fournir de conseils, à part de rester toi-même. Et oui, j'ai décidé de bien marquer le coup pour ton anniversaire pour qu'il soit mémorable. »
Il n'avait en réalité ramené personne chez lui depuis la fin de sa scolarité et ce genre de flirt ne comptait pas vraiment. Enfin, ce n'était pas tout à fait vrai, ses parents ayant rencontré Prius une ou deux fois. Mais il ne leur avait jamais parlé de Leïla. L'amener sur Hébrida avait été l'un de ses projets lorsqu'elle était morte. Inconsciemment, il se mit à malmener son t-shirt. Les questions de Nadja le ramenèrent au moment présent avant qu'il n'aille se perdre dans un coin de sa mémoire qu'il ne voulait pas explorer.
« Ils savent que tu es une militaire humaine qui partage ma vie. Je ne leur ai rien dit sur le mariage, ni sur tes origines exactes. Je ne voulais pas me lancer dans ce genre de discussions par messages interposés. Comme ce sont des scientifiques, attends-toi à devoir parler technologie et autre pendant des heures et des heures lorsqu'ils sauront d'où tu viens. Et ils ne trouveront rien à redire à tes t-shirt multicolores. »ajouta-t-il après l'avoir vu retourner ses affaires pour trouver des vêtements relativement neutres.
Quand à quelque chose à ne pas dire, il y avait un sujet qu'il ne voulait surtout pas voir aborder avec eux.
« Ils ne savent rien de ce qu'il s'est passé pour Harlan et sur Leïla. Je souhaite qu'il en reste ainsi. »fit-il doucement.
Ses parents savaient sans l'ombre d'un doute qu'il s'était passé quelque chose de grave à cette époque-là, mais qu'il refusait d'en parler. Sa mère n'avait jamais insisté sur la question, mais ce n'était pas le cas de son père, ce qui créait certaines tensions entre eux.
Nadja hocha la tête quand le pilote se fit la réflexion qu’il avait bien fait de la prévenir. Oui, il avait bien fait, elle n’aurait sans doute pas apprécié la plaisanterie dans le cas contraire. Mais maintenant elle devait gérer son stress.
« - Ça pour marquer le coup… tu sais qu’un gâteau et des bougie, c’était bien aussi. »
Elle passa le débardeur et s’observa dans la glace. Il ne faudrait pas que son « beau-père » commence à loucher dans son décolleté et… Calme toi Nadja, respire un grand coup. Tout va…
« - Attend, ils savent pas qu’on est marié ? Et tu comptes leur dire aujourd’hui ? Ou juste pas du tout. Je veux dire, je comprend que t’es pas envie d’expliquer comment c’est arrivé et tout ce qui s’ensuit. Mais bon, ce sont tes parents... »
C’était limite vexant qu’il ne leur en ai jamais parlé. Mais d’un autre coté, il leur avait parlé d’elle, ce qui était au final le plus important. Malgré ce qu’il pouvait bien dire, elle cherchait des yeux quelque chose à se mettre, essentiellement pour s’occuper les mains et ne pas succomber à la panique qui menaçait de la submerger.
« - Je comprend, t’en fais pas. Je suis désolée, je pensais pas que ça me ferai flipper comme ça. Je veux pas t’embarrasser et tu sais comme je peux être maladroite parfois. Et s’ils me demandent qui tu étais dans le futur, je peux leur dire ? »
« Mais il y a un gâteau avec des bougies… un gâteau au chocolat même, fait par mes soins. Avec le reste du repas. Tout ça nous attend gentiment pour le repas. »fit-il en souriant. Il s'était levé bien avant elle pour préparer le tout.
Il soupira à sa réaction quand il parla de comment il l'avait présentée. Il comprenait, mais elle ne connaissait pas ses parents ni comment ils auraient réagi, aussi décida-t-il de l'éclairer sur le sujet pour qu'elle comprenne les raisons de sa décision.
« Non, ils ne le savent pas. J'ai l'intention de leur dire pendant le séjour, mais pas forcément aujourd'hui. Si je leur en avais parlé dès le départ, ils auraient exigé que nous venions sur Hébrida. Ils n'auraient pas hésité à envoyer un vaisseau et une escorte pour nous faire venir. Et nous aurions fini enfermer dans un laboratoire pendant plusieurs semaines, jusqu'à ce qu'ils s'avouent vaincu. Et même dans ce cas, nous y serions peut-être toujours à l'heure actuelle. Et ça, je ne l'aurais pas supporté. Notre relation aurait évolué différemment et nous n'en serions pas là où nous en sommes aujourd'hui si nous nous étions retrouvés ici, plutôt que sur le JPS. On nous a laissés notre liberté là-bas et les choses ont suivi leur cours. Mais je les aurais contacter si jamais nous ne nous entendions pas du tout ou si cela avait mis nos vies en danger. »
Il lui attrapa la main et la fit s'asseoir sur le lit avant de l'embrasser doucement.
« Hé, du calme. Tout va bien se passer. Tu ne vas pas m'embarrasser. Puis tu n'as pas idée d'à quel point moi aussi, je stresse en ce moment à la perspective de cette rencontre. Quand à mon futur de président, oui tu peux le leur dire, si tu veux. Et tu n'es pas obligée de tout leur dire à ton sujet non plus... »
Il disait cela pour la rassurer, mais il ne pouvait s'empêcher de penser que tout allait virer à la catastrophe. Que ferait-il si ses parents ne l'aimaient pas ?
« Allez, allons manger. Après, il va falloir se préparer pour l'arrivée et vérifier que tout ce qui doit être sécurisé, notamment les armes et Emy, le soient correctement. Et il me faudra ton autorisation pour communiquer les données techniques de ton armure aux douanes… »
Ils mangèrent puis Zander s'attaqua aux vérifications de la paperasse pour l'arrivée.
******
Ils sortirent de l'hypersespace un peu plus de trois heures plus tard. Le trafic autour de la planète était léger et l'attente ne fut pas très longue avant que le contrôle spatial les prennent en chargent. Ils furent dirigés vers les docks spatiaux d'une société de chantier privé qui était relié à la station spatiale principale répondant au nom de Centrex. Après une inspection de Stella et des armes qu'ils avaient déclarées, ils furent autorisés à débarquer et Nadja se vit remettre un visa. Le tout leur prit deux bonnes heures. Ils se dirigèrent ensuite vers les navettes qui faisaient la liaison entre la station et la planète et embarquèrent pour celle en direction de Valmeera.
La ville côtière s'étalait à perte de vue, telle une forêt d'immeubles. Une fois sur la terre ferme, Zander les orienta vers l'un des trains aériens qui traversait toute la ville. Curieusement, il ne semblait pas y avoir de moyen de transport individuel à part ce devait être des taxis. Des gens se déplaçaient à pied entre les bâtiments. Le temps était au beau fixe et la température flirtait avec les 25 degrés, mais le léger vent était chargée de l'humidité de la mer.
Vu la longueur de leur trajet, ils disposaient d'un compartiment pour eux tout seuls, mais la moitié du wagon accueillait une foule bigarrée d'étudiants, de personnes en blouses discutant entre eux ou de simples civils, les yeux rivés à leurs tablettes. Deux agents des forces de sécurité, reconnaissables à leur uniforme bordeau et noir, se tenaient dans un coin.
« Mes parents habitent en périphérie de la ville dans une zone surnommée le Dôme. Il s'agit de l'une des multiples expériences à grande échelle menée dans la ville. Celle-là relève du département de biologie.Tout y est est principalement dédié à l'étude de la flore locale et extraplanétaire. C'est l'un des rares espaces verts de la ville. Le dôme est divisé en plusieurs sections dont l'atmosphère peut être contrôlé en tout temps pour reproduire certains types de climats spécifiques. Nous habitons dans le secteur primaire dont le climat correspond à celui de la planète et où sont étudiées des méthodes de cultures... traditionnelles. Ma mère y participe à titre de bénévole en cultivant des fleurs, des légumes et autres plantes comestibles ou en effectuant d'autres tâches sur son temps libre. C'était l'une des conditions pour pouvoir y obtenir un logement. Sinon, nous habiterions probablement dans l'un de ces immenses immeubles dernier cri. Tu aurais dû la voir avec Prius… Ils passaient quasiment leur temps dehors avec elle lui expliquant chacune des plantes qu'ils croisaient. Autant te dire qu'ils étaient aux anges tous les deux. » lui expliqua-t-il avec un sourire en regardant dehors.
Pour une fois, la mention a des sucreries n’emmena qu’un pale sourire sur le visage de l’ex marine. Elle avait bien d’autre soucis en tête à ce moment la. Il lui expliqua ensuite comment ses parents aurait régit selon lui et cela ne lui plut pas du tout.
« - Tu veux dire qu’ils nous auraient kidnappé ? C’est un peu violent comme réaction non ? »
Et elle n’aurait sans doute pas accepté d’être ainsi séquestré, ce qui aurait pu avoir des conséquences assez dramatiques. En songeant à leur activité principal le premier mois de leur mariage, elle se demanda cela se serait passé en présence de témoin, les parents de Zander en particulier. Vu sous cet angle, il avait vraiment bien fait de ne rien dire.
Il s’installa prés d’elle et l’embrassa tout en essayant de la rassurer, ce qui lui fit d bien sans réellement la calmer. Elle resta un moment dans se bras avant de se redresser en essayant de sourire.
« - Bon, si tu me vois m’approcher de la cuisine, tu m’assommes, OK ? Et je vais me contenter de répondre aux question au début, ça sera plus sur. Après ça peut pas être plus dur que de prendre d’assaut un vaisseau mère à dix, non ? »
Ils passèrent à table, même si le cœur n’y était pas vraiment. Et pourtant, Zander s’était surpassé, une fois de plus. Une fois le repas terminé, et la troisième part de gâteau avalée (parce que bon, on se refait pas) ils s’installèrent dans la cabine de pilotage pour ne rien perdre de l’arrivée dans le système d’Hebrida.
*** Une fois les formalité accomplie, ils purent enfin descendre sur la planète grâce à une navette taxi, puis ils prirent un train aérien qui permis à Zander de lui faire les honneurs. Elle l’écoutait d’une oreille tout en contemplant la planète avec des sentiments mitigés. Elle était heureuse d’être la, c’était certain, et mourrait d’envie de toute visiter. Mais elle reconnaissait certains endroit d’après des photo que lui avait montré sa mère quand elle était enfant et se souvenait de ce qu’ils étaient devenue par la suite.
Pourquoi fallait-il qu’elle est ce genre de pensées sinistres ? Elle se secoua et en revint au présent avec une nouvelle question.
« - Au fait, tu leur a dit qu’on venait ou tu compte leur faire la surprise ? »
Zander réfléchit à la question de Nadja. Ces parents avaient toujours été très protecteur à son endroit dès qu'il avait des problèmes, raison pour laquelle il avait fini par quitter la planète et il savait qu'ils avaient un certain contrôle sur Stella. Serait-elle rentrée avec eux à bord s'ils lui en avaient donné l'ordre ? Le pire, c'est qu'il était incapable de répondre avec certitude.
« Ce sont des parents prêts à tout pour aider leur enfant qui est dans la panade, Nadja. Et nous kidnapper ? Non, je ne pense pas. Mais le gouvernement d'Hébrida serait probablement intervenu au niveau diplomatique pour exiger le rapatriement de l'un de ses citoyens en difficulté en arguant qu'ils disposent de technologies plus avancées. Je ne crois pas que le SDT aurait refusé une telle requête et risquer un incident diplomatique pour ça, surtout avec leurs scientifiques n'ayant rien trouvé. Je suis sûr qu'ils seraient parvenus à un compromis et qu'ils nous auraient convaincus que c'était dans l'intérêt de tout le monde. Personne n'aurait rien eu à perdre à laisser les scientifique d'Hébrida se pencher sur la question s'ils avaient eu une chance de succès, non ? Enfin, à part nous, en tout cas. »
Il sourit à la mention de la cuisine.
« Cela va sans dire. Mais je ne t'assommerais pas. Je trouverai un autre moyen de t'empêcher de commettre un désastre. En fait, je commence vraiment à me demander si une attaque ne serait pas plus facile à gérer… »fit-il d'un ton pensif.
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Il observait discrètement les réactions de Nadja qui semblait perdue dans ses pensées et il sourit à sa question.
« Ils sont au courant que nous venons. Ils savent d'ailleurs que nous sommes là. Ils ont été avertis dès que Stella a été identifiée par Centrex. Même si je l'avais voulu, la surprise aurait été découverte à ce moment-là. C'est aussi pour cela raison que nous sommes amarrés dans des chantiers privés et pas dans une zone publique. Ils ont planifié une révision complète pour Stella et des mises à niveau et des réparations de plusieurs de ses systèmes pendant notre séjour. Les technicien terriens travaillent peut-être bien, mais rien ne vaut des travaux effectués à la maison. »expliqua-t-il
Quand il entendit le nom de l'arrêt, il se leva et récupéra leurs sacs avant de se diriger vers la porte la plus proche. Le wagon était désormais désert.
« C'est ici qu'on descend. Est-ce que ça va ? »
Ils sortirent de la station et s'engagèrent dans une allée bordée d'arbres. Il n'y avait presque personne, ce qui était normal au vu de l'heure. C'était le milieu de l'après-midi et la plupart des gens vaquaient à leurs occupations en ville. Ils passèrent à côté d'un bâtiment où des cris d'enfants se faisaient entendre.
Au bout d'une dizaine de minutes de marche, il tourna dans une petite allée déserte. Un petit bâtiment de trois étages se trouvait au bout. Il ne dépassait pas le faîte des arbres et arborait des tons naturels pour se fondre dans le décor.
« - Zand, j'ai transféré les données biométriques de Nadja à Sid pour qu'elle puisse entrer à titre d'invité. - Merci, ma grande. Sid est l'IA de la maison, fit-il à l'attention de Nadja. »
Il posa sa main sur une plaque et indiqua à Nadja de faire de même, puis ils attendirent quelques secondes avant qu'une voix masculine ne les accueille.
« - Bon retour parmi nous, Zander. Bienvenue sur Hébrida, madame Cook. Tes parents… - … vont aller voir Stella pour faire un état des lieux et finaliser le planning d'entretien une fois qu'ils auront terminé leur travail ? - Exactement. Ils vous envoient leurs salutations et se joindront à vous dès que tout cela sera fait. En attendant, ils vous prient de faire comme chez vous. - Aucune surprise là-dedans et trop aimables de leur part, fit-il en ouvrant la porte. Stella ? Tu pourras leur transmettre ma dernière requête et leur rappeler de ne pas toucher à Emy sans avoir d'abord demandé la permission à Nadja ? - Oui, oui, Zand. Je leur communiquerai tout ça quand ils seront là. - Ils vont vouloir l'examiner sous toutes les coutures et discuter avec ton IA, dit-il, un air désolé sur le visage, à Nadja. »
Le rez-de-chaussée était constitué des pièces de vie commune. Un grand salon, une cuisine une salle à manger et un vestibule assez grand pour accueillir quatre personnes à la fois. La température intérieure était agréable et la lumière juste tamisée comme il fallait. La baie vitrée du salon donnait sur la forêt. Derrière la cuisine, on pouvait apercevoir un potager d'une taille respectable et fort bien entretenu. Une porte donnait accès à ce qui ressemblait à s'y méprendre à un atelier avec des outils et des objets en tous genres.
« On monte au troisième étage. Au deuxième, se trouvent la chambre et les bureaux de mes parents. Nous n'avons pas spécialement de raisons d'y aller et je ne pense pas qu'on puisse y accéder de toute façon. »
Encore fois, l'accès était restreint par une plaque. La porte s'ouvrit sur un large couloir débouchant sur une porte à l'autre bout. Immédiatement sur la droite, se trouvait la salle de bain. Zander toucha une petite plaque et les murs devinrent translucides, à l'exception de ceux de la salle de bain. L'étage était organisé en différentes zones : à gauche, la chambre avec un grand lit orienté vers les fenêtres avec une vue imprenable sur la forêt qui descendait doucement et au loin, un lac, ainsi que des placards. Vers le fond se trouvait un bureau et des étagères et un espace salon, avec canapé et écran. Un petit espace cuisine avait été aménagé au fond à droite. Ce qui devait être une machine à café trônait sur un comptoir avec ce qui ressemblait à un micro-ondes et un petit frigo. Un balcon ceignait l'étage. Une table et des chaises s'y trouvaient au niveau de la chambre.
« Tu peux opacifier chaque paroi comme tu l'entends. Au fond à droite, il y a un escalier qui permet d'accéder directement à l'étage sans avoir à passer par l'intérieur de la maison. Mais je devais bien te faire faire le tour du propriétaire. »fit-il après avoir déposé leurs sacs à côté des placards.
En débarquant du train, cNadja s’était attendue a être accueillit par la famille de son mari mais elle fut surprise de ne voir aucun comité d’accueil et la suivit, sac sur l’épaule et chapeau sur la tête dans une petite allée agréablement friche.
Il l’avait un peu rassuré à leurs sujets mais elle appréhendait encore la rencontre mais devait reconnaître que l’environnement était des plus agréable. La maison devant laquelle ils s’arrêtèrent était discrète et belle. Dire que ce matin elle dessinait le taudis dans lequel elle avait grandi. Leurs enfances avaient dû être bien différente. Après les vérifications de sécurité d’usage, ils rentrèrent sur la propriété et il lui fit visiter. L’IA locale leur appris que leurs hôtes n’arriveraient que plus tard, à sa grande surprise.
« - Tes parents vont voir Stella avant toi ? ne put-elle s’empêcher de demander. »
A chacun de ses retours, sa famille faisait le pied de grue devant le train et leur manifestation de joie faisait tourner toutes les têtes. Oui, ils avaient dû avoir des enfances très différentes, décidément.
Il lui fit visiter l’intérieur qui était des plus impressionnant et elle se perdit un instant dans la contemplation de la forêt un peu à l’extérieur de la propriété.
« - C’est magnifique ici. On pourra y aller ? Mais oui, je veux bien que tu me fasses visiter un peu. »
Zander haussa les épaules à sa question. Il avait l'habitude et cela ne le choquait pas plus que ça. Il était au contraire content d'avoir un peu de temps et de tranquillité pour lui faire visiter les lieux.
« Question d'efficacité et d'organisation. Je ne savais pas quand j'allais arriver précisément, alors ils sont partis travaillés plutôt de que m'attendre toute la journée à ne rien faire. Même s'ils étaient venus nous accueillir sur la station, ils seraient allés voir Stella dans la foulée pendant que nous serions rentrés de notre côté. Pour le moment, il sont plus près de Stella que de la maison. Et plus vite ils valideront le planning des réparations et le débuteront, plus ils pourront en faire pendant ma visite. »
Il sourit à sa réaction en voyant la forêt. Il ne comprenait que trop bien. S'il y avait une chose qui lui manquait lorsqu'il n'était pas ici, c'était bien la vue.
« Tu comprends pourquoi j'ai besoin d'arbres autour de la maison ? Mais nous n'avons pas toujours habité ici. Quand je suis né, mes parents vivaient dans une tour au centre de la ville, près de leurs laboratoires respectifs. Beaucoup plus petit et le cadre n'était pas aussi agréable. Il n'était pas non plus possible d'aller courir dans les bois et de grimper aux arbres ou d'observer des animaux évoluant en liberté. Ma mère a fait des pieds et des mains pour obtenir un logement ici et nous avons fini par emménager quand j'avais neuf ans. Ça a été un changement radical. Et au début, je n'avais pas cet étage pour moi. Je dormais dans une chambre au deuxième. J'ai dû attendre quelques années pour ça. »
Il sourit à sa demande. Il n'avait pas l'intention de rester enfermé ici pendant le séjour ou de passer son temps en ville.
« Bien sûr qu'on va aller dans la forêt. On peut même y aller tout de suite si tu veux. Tu peux aussi aller y faire ton footing matinal. Stella pourra même te faire des trajets sur mesure si tu lui demandes. Peut-être même que je t'accompagnerai. »
Il réfléchit quelques secondes et se demanda s'il avait le temps d'aller faire un tour dans un endroit très particulier.
« - Sid, je suppose que nous avons quelques heures devant nous ? - Oui, au moins trois. Tes parents vont partir sous peu de leurs laboratoires, mais la visite sur Stella et la discussion avec le maître d'œuvres va leur prendre un petit moment. Je t'avertirai lorsqu'ils seront dans le train du retour. - Parfait ! Il faut que je t'emmène voir quelque chose. Mais cela requiert que tu te changes et que tu enfiles ton maillot de bain. » fit-il en souriant.
Il s'approcha de son bureau et ouvrit l'enveloppe qui s'y trouvait. Il contenait une petite tablette, objet indispensable sur Hébrida.
« Tiens, garde ça avec toi. Ça permet d'accéder au réseau d'Hébrida et d'y obtenir des informations si tu en as besoin. C'est un peu comme nos Bells. »
Il se changea également, puis ils sortirent via le balcon et l'escalier de l'étage. Là aussi, une plaque d'identification était présente. Il décida de la faire passer dans le potager avant de s'engager sur un sentier qui s'enfonçait dans la forêt. À part des oiseaux qui chantaient, il n'y avait pas de bruit. De temps à autres, ce qui ressemblait à des écureuils traversaient le sentier, sans prêter attention aux bipèdes.
« Nous sommes dans une zone dont l'accès est restreint aux chercheurs et aux résidents du secteur primaire de Silvestra. C'est le nom officiel du dôme. Il existe plusieurs secteurs comme celui-là ainsi que des secteurs publiques, qui se trouvent plus loin et sont beaucoup plus fréquentés. En tant qu'invité de résident, tu y as un accès libre. Jusqu'à il y a une soixantaine d'années, il n'y avait aucun espace vert à Valmeera. Ce projet a vu le jour afin de restaurer une partie de l'écosystème originelle du secteur. Ils ont commencé avec la flore puis ont continué avec la faune dans les secteurs restreints. Les personnes qui ont accès à ces zones protégées acceptent de veiller sur les lieux et de participer aux observations et à l'entretien lorsque cela est nécessaire. »
Après moins d'une dizaine de minutes de marche, ils débouchèrent sur un grand bassin d'eau limpide. Des cabines étaient discrètement dissimulées dans ce qui ressemblait à un rocher avec à l'intérieur un petit banc et une espèce d'armoire contenant des casiers pour déposer ses affaires.
« C'est ici que j'ai appris à nager. Si je me souviens bien, ce bassin était une sorte de réservoir naturel dans lequel les scientifiques testaient un système de filtration de l'eau avant d'être réaménagé pour que le public puisse s'en servir en toute sécurité à la fin de l'expérience. Si tu viens tôt le matin, tu pourrais observer des sortes de cervidés venant boire dans le point d'eau en contrebas. Les casiers dans les cabines sont verrouillés par empreinte, comme les serrures de la maison. Tu poses tes affaires dedans, tu appliques ta main sur le casier et personne d'autre que toi ne pourras l'ouvrir. »
Il entra dans l'une d'elles et en ressortit rapidement avant de plonger sans aucune hésitation dans l'eau qui, étonnamment, n'était pas froide.
L’explication de l’absence des parents de Zander était curieuse mais elle ne releva pas. Ça n’était pas vraiment son problème et au final ça l’arrangeait de passer un peu plus de temps sans eux. Il sentit ensuite son enthousiasme au sujet de la forêt et lui confirma qu’il pensait bel et bien la même chose.
« - Un footing dedans ? Ça doit être génial ! Surtout si tu viens. Départ à cinq heures demain matin ? »
La, elle était quasi sûre de sa réponse mais elle aimait bien le taquiner. Et elle pourrait attendre un peu si ça signifiait qu’il viendrait avec elle.
Elle empocha la tablette avec un petit sourire de remerciement. Il y avait bien un sujet sur lequel elle voulait faire quelque recherche mais se demandait toujours si c’était une bonne idée. Elle n’eut guère le temps d’y réfléchir que Zander, visiblement ravi de lui faire découvrir cet environnement, lui fit une nouvelle proposition. Les mots magiques « maillot de bain » furent prononcé et il n’eut pas à insister plus.
Quelques minutes plus tard, il la guidait à travers la forêt en lui donnant quelques explications sur la raison d’être de cette réserve naturelle particulièrement agréable. Nadja sursauta en apercevant un écureuil mais l’animal n’avait pas l’air dangereux, malgré la noisette dégoupillée qu’il tenait entre ses mains. Elle lui laissa donc le bénéfice du doute, se sentant franchement étrangère dans cet environnement.
Mais à l’orée de la forêt se tenait un lac qui lui arracha un petit cri de contentement. Après avoir enlevé ses vêtements, elle sauta à son tour dans l’eau et pris rapidement de la vitesse avant de décrire un cercle plus paresseux, gouttant la douce chaleur de l’eau.
« - C’est profond ? s’enquit-elle après plusieurs minutes de nage silencieuse et énergique. »
Zander leva les yeux au ciel quand Nadja lui annonça l'heure pour le footing, mais elle semblait en tout ravie de la perspective de courir dans les bois et en sa compagnie. Il se demandait bien ce qui lui était passé par la tête pour lui proposer de l'accompagner.
« Cinq heures du matin ?! »s'exclama-t-il.
Il aurait dû s'y attendre. Même en vacances, elle semblait décidée à se lever aux aurores. Mais pourquoi avait-il dit ça... Tout simplement parce qu'il avait vraiment envie de le faire, se rendit-il compte. Il était donc prêt à faire quelques sacrifices pour la bonne cause.
« Tu es sûre de toi ? Parce qu'au cas où tu ne le saurais pas, les journées sont un peu longues ici et comptent 26 heures. Remarque, je pourrai profiter de ces deux heures de rab pour dormir et récupérer de toute cette activité physique. » fit-il en secouant la tête.
Une fois dehors, il ne put s'empêcher de rire à sa réaction face à l'écureuil.
« Alors comme ça, notre marine de l'espace a peur des petits animaux ? Si ça peut te rassurer, celui-là ne mange que des noix, des graines et des fruits. Tu ne trouveras aucune espèce carnivore dans cette zone du Dôme, uniquement des herbivores ou autres. Les espèces considérées dangereuses pour la population sont confinées dans des zones interdites aux personnes autres que des chercheurs ou dans des zones conçues pour les observer en toute sécurité. »lui expliqua-t-il.
Il se mit dans un coin du bassin et la regarda nager avec un grand sourire. Le fait de parler de maillot de bain à la maison avait mouche. Il savait que ce coin lui plairait, avant même qu'ils y arrivent sur la planète. C'était le premier endroit qu'il voulait lui faire voir depuis qu'il avait décidé d'organiser ce voyage. Elle aimait l'eau autant que lui, sinon plus.
« Hum... je sais qu'on a pieds sur les bords et qu'il est possible de plonger au centre, mais après je ne connais pas la profondeur exacte. Pourquoi ? »
*******
Deux heures plus tard, ils étaient de retour à la maison. Ils avaient poursuivi leur balade dans la forêt après avoir passé un long moment tranquille dans le bassin. Il s'était arrêté quelques instants devant une maison inhabitée à deux étages qui ressemblait beaucoup à celles de ses parents avant de poursuivre leur chemin, sans rien dire. Voilà un autre projet avorté... Cette maison, ou une similaire, il aurait bien aimé l'acquérir un jour et être vraiment indépendant de ses parents. Mais il ne passait pas assez de temps sur Hébrida pour cela. Il était malgré tout inscrit sur une liste d'acheteurs potentiels pour tout domicile qui se libérerait pour lesquels il était prioritaire en tant que natif de la planète et résident du secteur.
« - Tes parents quittent le chantier, annonça Sid. Ils seront là dans une heure environ. - Compris, répondit-il machinalement. Tu as entendu ? demanda-t-il à Nadja. »
Il alla rapidement prendre une douche avant d'enfiler des vêtements propres. Il attendit ensuite le moment fatidique et ne put s'empêcher de se mettre à faire les cent pas sur le balcon.
Sid les avertit à nouveau quand ses parents arrivèrent à la gare. Ils descendirent alors dans le salon pour aller les accueillir à leur arrivée.]
Ce fut sa mère qui ouvrit la porte et traversa le vestibule pour le prendre dans ses bras. [/i
« Zander ! Bon retour à la maison ! Ça me fait plaisir d'enfin te voir. Tes visites sont bien trop espacées. Mais tu as l'air de bien te porter. C'est moi ou tu es plus musclé qu'avant ? Tu t'es mis au sport ? »
[i]Il roula des yeux et secoua la tête avant de sourire. Sa mère, une petite femme brune dont les longs cheveux viraient désormais à l'argenté avait toujours été plein d'énergie et de bonne humeur.
« - Ça me fait plaisir aussi de te voir et d'être rentré. Et je crois que oui. Vivre avec une militaire à ces inconvénients... Mais c'est aussi une exigence de mon travail et pour aller sur le terrain. D'ailleurs, voici Nadja. Nadja, ma mère, Neela. - Ravie de faire votre connaissance, lança-t-elle avec un très large sourire avant de la prendre à son tour dans ses bras. »
Son père avait pris le temps d'enlever son manteau avant de les rejoindre. Le contraste avec sa mère était pour le moins saisissant. Il avait l'air d'un géant à ses côtés et ses cheveux autrefois blonds étaient désormais poivre et sel tout en étant beaucoup plus posé dans ses manières et moins expressif, presque austère.
« Fils. dit-il en lui serrant la main. - Papa. Nadja, voici Démos, mon père, fit-il, sans pouvoir totalement dissimulée la tension dans sa voix. - Enchanté. »
Son sourire et sa poignée de main furent beaucoup plus chaleureux que ceux qu'il avait adressés à son fils et il la détailla de la tête aux pieds avec curiosité non dissimulée sans s'attarder de manière inappropriée.
L’ex marine ne put s’empêcher de rire quand la mine de son mari s’allongea quand elle annonça l’heure du début des exercices.
« - Je te taquine. Nous sommes en vacances après tout. Ça pourra attendre six heures. Peut-être même six heure trente, si on se laisse aller. »
Les deux heures de plus ne la perturbait pas particulièrement mais elle enregistra l’information néanmoins. Son corps devrait s’adapter sans trop de problème mais cela occasionnerait une fatigue supplémentaire.
Une fois dans le bois ce fut lui qui se moqua gentiment d’elle à cause de la bestiole qui l’avait fait sursauter. Elle avait eu la même réaction avec la bestiole que transportait Plume un peu partout avec elle.
« - Ouais, bon ça va, bougonna-t-elle. J’aime pas ces bestioles, c’est tout. Je suis sûre que c’est fourbe à l’intérieur. »
La baignade lui fit bien vite oublier le danger des rongeurs et elle s’enquit de la profondeur du bassin avec une idée précise derrière la tête.
« - Quelqu’un m’a parlé de plongée sous-marine il y a quelques semaines. Ça pourrait être un environnement intéressant pour débuter, tu crois pas ? »
Une fois la baignade terminée et après une nouvelle promenade particulièrement agréable, ils revinrent vers la maison alors que l’arrivée de leurs hôtes était enfin annoncée. Elle assista aux premières embrassade un pas en retrait, souriant mentalement à la remarque sur le sport, avant que Zander ne la présente officiellement.
« - Bonjour madame, merci de votre accueil. »
L’accueil de son père fut moins démonstratif, sans être hostile. Sans doute se demandait-il qui pouvait bien être cette femme qui avait mis le grappin sur son coureur de fils. A moins qu’il ne se demande ce que Zander pouvait bien lui trouver, évidemment.
« Va pour six heures et demie alors... Je dormirai plus tard. » fit-il sur un ton résigné.
Il continua à rire en entendant sa réponse sur les écureuils.
« Derrière leur apparence toute mignonne se cachent en réalité les être les plus vils, les plus intelligents et les plus retors de l'univers, c'est certain. » Il réfléchit à sa question sur la plongée. Il savait qu'il était possible d'en faire, mais sans plus.
« Je ne pense pas que ce lac soit assez profond pour en faire, ou qu'il y ait grand-chose à voir ici. Et mieux vaut faire ça avec un instructeur les premières fois. Mais je pense ce doit être possible sur la côte ou peut-être même dans le lac principal. Il faudra se renseigner, si ça t'intéresse vraiment. »
******
« Et si nous allions nous passions dans le salon. Je suppose que Zander vous a fait faire le tour du propriétaire ? »proposa Neela, une fois les présentations terminées.
Son père saisit au vol la réponse précédente de son fils.
« J'ai cru comprendre que tu étais devenu infirmier. Tu es enfin revenu à la raison pour travailler dans une branche digne de ce nom, à ce que je vois. Tu sais que je pourrais t'obtenir sans problème une place dans l'un des instituts de formation pour médecins ici. » suggéra-t-il.
Les épaules du pilote se raidirent à ce commentaire et il afficha un sourire crispé en s'asseyant.
« C'est vrai. Toutes les missions auxquelles je participe ne requiert pas un pilote. Alors j'ai cherché quelque chose pour me rendre utile pour ces cas-là. Et comme j'ai souvent travaillé avec des équipes médicales dans le passé, j'ai demandé s'il y avait une formation que je pouvais suivre dans ce domaine. Et j'ai eu beaucoup plus que je demandais, en fait. J'ai été formé en tant qu'infirmier de terrain par l'armée. Et pour l'instant, cela me suffit amplement. Je n'ai pas l'intention d'y faire carrière. »répondit-il, tendu.
Et même s'il le voulait, ce ne serait certainement pas ici, sous l'égide de son père.
« L'organisation pour laquelle je travaille vient de me proposer d'apprendre à piloter leurs appareils de chasse, ce que j'ai accepté. Cela reste mon domaine de compétence principal et de prédilection. »
Apparemment, le SDT commençait à manquer de pilotes qualifiés pour leur F-311 et comme il avait déjà une formation, on lui avait proposé un programme en vue de se familiariser avec les appareils de la Terre et d'obtenir une qualification. Depuis le temps qu'il attendait une telle opportunité, il l'avait immédiatement saisie.
« Je vois. » répondit froidement son père.
En bonne hôtesse, Neela intervint pour dissiper la tension ambiante.
« Je vous sers quelque chose à boire ? Nous avons de la bière brassée par tes amis Bergers avec des céréales cultivées ici et d'autres alcools légers. Je crois que l'on va garder la pourpraline pour le dessert. » proposa-t-elle.
Zander secoua la tête en souriant. Décidément, Prius le poursuivait où qu'il aille, mais il n'était pas surpris outre mesure. Cela ressemblait bien à l'Ordre d'agir ainsi pour mettre le pied sur une planète. Il croisa le regard de Nadja à la mention du fameux alcool.
« Je crois que je vais faire l'impasse sur la pourpraline. Mais je goûterai bien la bière des Bergers. »
Sa réflexion lui valut un regard surpris de sa mère. Un toast avec était une tradition à chacune de ses visites. Il interrogea Nadja du regard. Maintenant était un aussi bon moment qu'un autre pour leur en parler. En fait, non, il n'y aurait jamais de bon moment, alors autant le faire maintenant, même si cela allait gâcher la soirée. Quoiqu'il dise ou fasse, cela déplairait à son père.
« La pourpraline est à l'origine de notre relation, en quelque sorte… En réalité, nous sommes mariés… »
Ces deux parents en restèrent bouches bées et il ne leur laissa pas le temps de réagir en continuant immédiatement. Il raconta donc l'histoire de cette première soirée en laissant de côté les raisons. Ce serait à Nadja de parler de cela. Quand il eut terminé, il sentit le regard glacial et désapprobateur de son père fixé sur lui. Dans d'autres circonstances, il se serait levé et aurait simplement quitté la pièce, mais il ne pouvait pas faire ça. Il prit sur lui et se contenta de baisser les yeux, se forçant à respirer lentement et à desserrer les poings. Le silence de Demos laissait augurer une discussion ultérieure sur le sujet, qui se finirait mal, comme toutes les fois où il lui reprochait de garder pour lui ses problèmes.
« C'est une manière originale de commencer une relation… Tu as l'art et la manière de faire les choses à l'envers et de te mettre dans des situation extraordinaires, Zand. Et vous vous entendez malgré tout ? C'est remarquable… Nos félicitations les plus sincères et tous nos vœux de bonheur, même si c'est un peu tard. Il faudra vraiment que nous portions un toast. Mais je suis d'accord, on va peut-être éviter la pourpraline, m¸eme si vous ne devriez courir aucun risque. Nous trouverons bien autre chose. » dit-elle gaiement sans poser de questions. Elle connaissait trop bien son fils pour ne pas insister.
« Il faudra que je vous emmène dans l'un de nos laboratoires pour faire examiner ces bracelets. Enfin, si vous le souhaitez. Chéri, tu peux venir m'aider dans la cuisine pour les boissons et le reste, s'il te plaît ? »ajouta-t-elle, parfaitement consciente de ce qui était en train de se passer entre les deux hommes et cherchant à désamorcer la situation.
« Et vous Nadja, d'où venez-vous ? Est-ce que vous avez une histoire tout aussi extraordinaire à nous raconter ? » lui demanda-t-elle.
« - Oui, nous nous sommes surtout promenés à l’extérieur. Vous avez un environnement superbe, répondit Nadja en suivant son hôtesse dans le salon. »
Ils venaient à peine de s’installer que le père de Zander entra dans le vif du sujet, avec la diplomatie d’un pulseur mitrailleur. Par reflexe, Nadja lui saisit la main et la serra doucement mais il n’avait pas besoin d’elle, pour l’instant pour rester calme, même si sa réponse charriait un certain nombre de glaçons.
Elle opta pour la bière avec plaisir mais le sujet alcool en amena un autre sur le tapis. Elle l’écouta donner une version légèrement édulcorée de leur première soirée. La tension monta encore d’un cran ou deux (ou vingt-cinq) mais une fois encore, le pilote réussit à garder son calme. Sa mère, décidément douée pour détourner l’attention intervient et Nadja tenta de faire de même.
« - Nous nous entendons très bien oui. Je pense que personne sur Terre ne nous donnait une chance, tellement nous sommes différend. Mais justement, ces différences nous ont attirés et nous ont permis de trouver un équilibre. Mais oui, je préférerais éviter la pourpraline même si j’en ai un excellent souvenir. »
Le couple disparu dans la cuisine un moment, ce qui lui permit de se serrer dans les bras de Zander.
« - Je comprends mieux, murmura-t-elle. Tu t’en sors bien. Reste calme et ca va aller. Et si t’as envie de te coucher tôt… ça me va aussi. »
Elle avait à peine eut le temps de déposer un baiser sur ses lèvres que les parents de Zander revinrent avec une question qu’elle redoutait un peu.
« - Et bien… oui, je suppose qu’on peut dire ça. Mais cette histoire pourrait me faire passer pour une folle furieuse. Cela dit, je pense qu’il vaut mieux que vous soyez au courant, en effet. »
Elle s’interrompit en se mordillant la lèvre nerveusement. Un regard à Zander pour se donner du courage puis elle se lança.
« - Comme l’a dit votre fils, je suis militaire. Vous avez dû voir mon armure à bord de Stella. L’an dernier, pendant une mission, j’ai été téléporté à travers une singularité. Je pense que vous comprenez mieux que moi ce genre de chose mais le résultat a été que je me suis rematérialisé sur Terre, quatre-vingts ans dans le passé… Votre époque. »
Elle avait depuis appris que l’époque d’arrivée n’était pas du tout liée au hasard mais jugea plus simple de ne pas entrer dans les détails. C’était déjà assez difficile à avaler comme ça.
« - Ce… heu… détail mis à part, je suis un sous-officier assez ordinaire. Je me suis engagée à dix-sept ans et j’ai passé la plus grande partie de ma vie sur des croiseurs de combat. »