Knightfall

Zander dut masquer sa déception lorsque Sarah lui annonça qu'elle préférait qu'il reste ici. Il comprenait la logique, mais l'explorateur en lui criait de frustration. C'était typiquement pour ce genre d'aventures qu'il vivait. Se rendre dans Pégase figurait haut dans la liste des choses qu'il aimerait faire un jour. Puis retrouver Atlantis et la rendre opérationnelle à nouveau ? C'était un objectif fabuleux à remplir qui rendait la mission d'autant plus intéressante et attirante à ses yeux. C'était dans ces occasions qu'il regrettait de ne pas être entièrement libre de ses mouvements. C'était aussi une des raisons pour laquelle il rechignait tant à devenir un représentant officiel de son gouvernement. Il ne voulait pas perdre sa liberté et que quelqu'un se mette à lui dicter en permanence ses faits et gestes, quoi faire, comment, où et quand.

Il mourrait également d'envie de piloter à nouveau Atlantis au lieu de simplement en arpenter les couloirs. À son grand regret, il avait dû faire l'impasse sur la dernière occasion de le faire, mais il n'avait pas l'intention de laisser passer une autre opportunité si elle se présentait. Par ailleurs, piloter la Cité représentait un défi d'un tout autre niveau comparé à un vaisseau classique en raison de l'interface neurale. Tout le monde n'était pas taillé pour le faire et surtout pas un néophyte en technologie ancienne, surtout s'il n'était pas pilote en prime.

« Je ne parle pas nécessairement que de troupes, mais aussi de vaisseaux bien armés et avec des boucliers solides. Il y a dans Pégase des peuples dotés de flottes spatiales équivalente à celle des Goa'uld. Elles aussi ont dû s'améliorer par rapport à ce que la Terre a déjà affronté et de nouvelles ont pu émerger. C'est pour cela qu'il me semble nécessaire qu'il y ait avec eux des personnes capables d'utiliser les capacités offensives et défensives de la Cité dès leur arrivée ou de la faire décoller pour la rapatrier ici au besoin. Parce que la trouver est une chose, la conserver en est une autre. Elle a toujours attiré les convoitises. Sans oublier que nous ne saurons pas ce qu'il se passe une fois qu'ils seront partis. Pas avant qu'ils établissent une connexion avec la Voie Lactée ou ne reviennent. » fit-il remarquer.

La mission ne consistait pas juste à dépêcher quelques vaisseaux civils et à les lancer dans une chasse au trésor. Ils auraient besoin de savoir quoi faire une fois qu'ils auraient mis la main dessus, tout comme ce qui serait fait dans cette galaxie. Tout cela devait être discuté et organisé avant le départ.

Il se renversa dans son fauteuil et regarda le plafond quand Sarah demanda s'ils se souvenaient d'endroits où ils avaient trouvé des E2PZ.

« Je me souviens des coordonnées d'une planète qui abritait une sorte d'usine de fabrication d'E2PZ. Nous avions pris Stella pour nous y rendre. » dit-il.

Il ignorait cependant si elle existait dans cette réalité. Le seul moyen de vérifier serait de se rendre sur place, mais cela n'aurait rien d'évident tant que le vaisseau ennemi leur collerait au train.

La nuit avait été rude... et très courte pour Aaron. Il s'était retrouvé assigné à des quartiers en compagnie de Kouznetsov, mais il était bien trop stimulé par les derniers évènements pour s'endormir. Son esprit bouillonnait, il aurait eu besoin de chevaucher sa moto et de faire péter le compteur pour se calmer un peu. A défaut de pouvoir taper un sprint dans les couloirs du vaisseau, il fit une petite séance de sport dans l'espace réduit entre le lit et le mur. Puis il fila sous la douche à la suite du militaire russe. Aaron ferma les yeux, appréciant la chaleur de l'eau lui couvrant le corps, essayant de calmer cette agitation intérieure. Mais tout ce qu'il s'était passé était bien trop nouveau, trop inconcevable, trop irréaliste pour lui. Il avait l'impression minuscule, insignifiant, et pourtant, au coeur d'un évènement important. Lorsqu'il coupa l'eau, il enroula une serviette autour de sa taille et alla s'asseoir sur son lit. Il vérifia pour la quinzième fois le contenu de son paquetage médical. Satisfait, il se leva et sans aucune gêne, se changea devant le russe. Il se glissa dans son lit et sortit un livre corné de son paquetage. Il lu longtemps, jusque tard dans la nuit, incapable de trouver le sommeil.

Pourtant, à l'aube, il sauta du lit pour faire sa séance de sport matinale avant de se changer et de rejoindre ses cooéquipiers. Il fit un salut réglementaire à ses supérieurs avant de saluer Aeryn et Zander d'un geste plus décontracté. Il reconnu évidemment le Docteur Teoh, qui leur avait fait, cette fois, l'honneur de sa présence. Il la salua.
" Major Teoh, je suis le Caporal Baker, le médecin urgentiste de AT-2. Ravi de vous voir saine et sauve. "

La discussion s'axa rapidement sur l'équilibre mission / coup de main nécéssaire.
" Je peux volontiers aider à l'infirmerie si nécéssaire." se proposa t-il.
Mais lorsque Teoh parla d'un centre de loisir ancien (avec euphorisants !) abritant de potentiels E2PZ, il hocha la tête dans sa direction.
" Changement de plan, je veux bien aller là-bas." déclara t-il sur un ton très sérieux de pince sans rire.

Mei hocha la tête en réponse à Baker. Un urgentiste… Elle ne pourrait pas s'occuper de lui, car ils n'avaient pas les mêmes spécialités. Elle ne savait toujours pas ce qu'elle allait faire de lui ni à qui elle allait le confier, mais elle résoudrait cela plus tard.

« Major ? » demanda-t-elle platement.

Sa tenue de l'Achilles, soigneusement rangée, affichait le grade de capitaine. Cette prise de galon ne la surprenait pas à tout bien réfléchir. Elle devait avoir été déclarée KIA au vu des circonstances et promue à titre posthume. Elle aurait dû être ravie, mais elle s'aperçut que cela la laissait... indifférente. Elle n'avait plus l'habitude d'être traitée, ni d'agir en permanence, comme une militaire et cela ne lui manquait vraiment pas.

Elle avait fait le choix de s'intégrer ici et d'embrasser cette nouvelle vie plutôt que de s'accrocher à l'ancienne et de pleurer sur son sort en attendant vainement un hypothétique renvoi chez elle qui ne lui avait jamais été garanti. Et leur arrivée ne le lui garantissait pas non plus pour l'instant. Sauf que contrairement à eux qui ne faisaient que "passer", elle faisait maintenant partie de cet univers et de cet équipage.

« J'apprécierais que vous ne vous adressiez pas à moi avec mon grade militaire terrien. Ici, je suis un membre civil de cet équipage sous les ordres du commandant Sincet. J'aimerais que cela reste ainsi et que vous me traitiez en conséquence pour ne pas semer la confusion quant à ma place et mon rôle à bord. » expliqua-t-elle, s'adressant à l'équipe.

Peut-être que ses propos en surprendrait quelques-uns, mais à ses yeux, il n'y avait aucune raison que les choses changent. Sinon, cela ne ferait que compliquer un travail déjà ardu et stresserait son personnel un peu plus. Et avec le poste qu'elle occupait désormais, elle se devait de remplir ses obligations en obéissant aux règles et à ses supérieurs hiérarchiques de cette époque.

« Ce centre n'a rien de divertissant pour les humains. Il n'est pas conçu pour nous. S'il était décidé de s'y rendre, il serait souhaitable, que comme lors de notre mission, des mesures soient prises pour éviter toute exposition aux substances présentes dans l'air, à supposer qu'elles soient toujours actives, pour ne pas nuire au bon déroulement des opérations. Si les conditions sont les mêmes, il ne sera pas forcément nécessaire d'envoyer un détachement complet. Il y a ici plusieurs personnes qui savent exactement où aller et comment récupérer des E2PZ, ce qui devrait permettre de faire le travail en un minimum de temps. » ajouta-t-elle après la réflexion d'Aaron.

Parce que cette fois, il serait possible d'éviter toutes les "distractions" rencontrées précédemment pour aller droit au but...

Adam posa un coude sur la table et s’appuya la tête sur sa main levée en soupirant doucement. Les nouveaux arrivants étaient forces de propositions mais le vieillard avait l’impression de faire perdre son temps en explications. Pourtant, il ne pouvait pas leur en vouloir et tâcha de conserver toute sa patience lorsqu’il s’adressa à eux.

"Vous le dîtes vous-même. Aller dans Pégase, c’est dangereux. Atlantis, c’est dangereux. Il faut des forces armées, des connaisseurs, des combattants. Est-ce que c’est l’impression que vous avez eu en traversant ce vaisseau ? Je ne peux pas y engager mon appareil. On parvient tout juste à se maintenir à flots. Je n’ai ni le temps, ni les moyens de nous lancer dans une expédition de ce genre. J’en suis désolé."

L’homme redressa la tête lentement et se tourna vers Zander.

"Comme je vous l’ai dit. Je vous aiderai de mon mieux. Mais ma priorité reste mon équipage. Et ce ne sont pas des vétérans. Et ce n’est pas une poignée de nouveaux arrivants compétents, aussi spécialisés qu’ils soient, qui changera ça. Nous ne sommes pas dans un film de science-fiction où les héros arrivent et sauvent la galaxie en une semaine. C’est la réalité et je ne mettrai pas la vie de mes hommes en danger dans une quête chimérique."

Son regard glissa sur sur Lawrence et s’adoucit un peu.

"Loin de moi l’idée de penser que vous êtes "à la masse", comme vous dîtes. J’estime vos compétences et, croyez-moi, elles sont les bienvenues ! Mais seuls, vous manquerez d’informations à jour. "

Sarah souligna l’existence d’autres forces armées dans la galaxie. Adam acquiesça lentement.

"Elles existent. Mais elles sont toutes débordées. Ne croyez-vous pas que j’aurai demandé de renforts et rapatrié mon appareil si j’avais pu le faire ? Je ne me balade pas au hasard dans l’espace avec un ennemi aux trousses pour mon propre loisir. Les contacts avec les autres forces armés sont difficiles et les remobiliser est de l’ordre de l’impossible."

C’est cet instant que choisit Aeryn pour intervenir.

"Et si n’avions pas forcément besoin d’Atlantis ? Ce serait un grand plus, évidemment mais, on doit envisager la possibilité de ne jamais la trouver. Les premiers voyages temporels se sont fait uniquement via la porte des étoiles. On sait qu’il y a un rapport entre les éruptions solaires et le voyage dans le temps par la porte. Avec de solides données et un peu de temps, je pourrai nous trouver un créneau."

La jeune femme se tourna vers son fils paradoxalement bien plus âgé qu’elle.

"Est-ce qu’il reste des portes ?"

Adam acquiesça lentement.

"Pas ici. Nous n’en utilisons plus depuis bien longtemps. Mais il doit en rester, oui. Cela devrait être plus facile à trouver."

Aeryn sourit. Restait la question du voyage interdimensionnel mais mieux valait prendre les problèmes l’un après l’autre.

L’idée d’utiliser des E2PZ émergea.

"Si vous disposez d’informations nous permettant d’en trouver, ce serait dans nos cordes. Avec une telle énergie, nos possibilités seraient accrues."

Deux planètes furent évoquées en le commandant de bord écouta attentivement. C'était sans doute possible. En tout cas, c'était un coup à tenter.

"Très bien. Je vais donner l'ordre de chercher un nuage cosmique pour tenter votre idée, Colonel, et voir si nous pouvons nous y cacher le temps de réparer correctement et d'établir un plan d'action. Je vous laisse aller vous restaurer et vous préparer. Colonel, si vous voulez bien rester un peu pour organiser les affectations de votre équipage ?"

Adam se leva et laissa tout de monde sortir, ne gardant que Sarah dans la pièce avec lui. Il était bien plus facile d'être efficace en petit comité et Lawrence était responsable de son équipe. Elle pouvait prendre des décisions pour ses membres.

"Je ne vous garderai pas longtemps. C'est promis."

Il lui fit de nouveau signe de s'assoir et en fit de même

"Je pense pouvoir dire que je connais assez bien les compétences de ma mère. Pour ce qui est de vous-même, j'aimerai que vous partagiez votre temps entre le chef Cook qui vous permettra de comprendre le fonctionnement de notre univers et ses règles militaires, et moi-même, afin de définir une stratégie. Si vous êtes d'accord."

Il attendit quelques secondes la réaction de la concernée avant de reprendre.

"Que pouvez-vous me dire sur celle des autres membres. Où seront-ils les plus efficaces ?"

Il fallait se rendre à l'évidence. Les membres d'AT-2 allaient passer un sacré bout de temps avec eux. Autant l'accepter tout de suite et agir en conséquences.




Une fois hors de la pièce, Aeryn regarda autour d'elle, sans savoir vraiment que faire.

"On est là pour un moment…"

Son esprit réfléchissait déjà à un moyen de franchir les dimensions sans l'aide d'un E2PZ. Pendant une seconde, elle se demanda si le vaisseau ennemi ne pourrait pas contenir les éléments qui leur manquait mais, bien vite, elle balaya cette idée. Trop dangereux. Ce serait comme essayer de réparer un barrage au ruban adhésif en pleine inondation.

La jeune femme suivit Cook jusqu'au réfectoire en scrutant la moindre parcelle de vaisseau sous ses yeux. De nombreuses réparations manquaient de matériel et ressemblaient plus à du rafistolage qu'autre chose. Il y avait beaucoup de travail. Pour se changer les idées, elle s'approcha de Baker.

"Alors comme ça les planètes aux atmosphères chimiques ne vous rebutent pas ?"

Un léger sourire étirait ses lèvres alors qu'ils approchaient de leur petit déjeuner. Si on pouvait appeler ça comme ça.

Zander écouta Adam quand celui-ci doucha net tout espoir de monter une expédition pour trouver Atlantis.

« Je comprends, monsieur. » répondit-il.

C'était vraiment le cas. Le vieil homme avait d'autres priorités que de se lancer dans une quête chimérique, à commencer par la survie de son vaisseau et de son équipage. Tout cela n'était qu'une idée un peu irréaliste dès le départ, il le savait. Il la rangea dans un coin de son esprit sans pour autant l'abandonner complètement.

Il ne s'était pas trompé concernant les portes. Cette époque ne s'en servait plus, ce qui expliquait pourquoi Nadja n'avait jamais vraiment évoqué le sujet. Mais visiblement, il en restait, ce qui était une bonne nouvelle pour eux. Il grimaça à l'invocation des voyages dans le temps au moyen de ces dernières. Il en avait fait les frais à une occasion qui l'avait envoyé à Paris dans les années 1900 alors que Tonatiuth avait pris le pouvoir sur place et il n'en gardait pas un bon souvenir, d'autant qu'à ce moment-là, il subissait toujours les effets du bracelet nuptial célestien.

Mais il lui semblait qu'il restait cependant un problème qu'il allait devoir évoquer. Adam se montra plus réceptif pour mener des missions de recherche et de récupération d'E2PZ. Cela était plus dans ses cordes et aurait au moins le mérite de garder le vaisseau en mouvement.

« Il ne suffit pas de trouver des Portes pour pouvoir s'en servir. Il faut pouvoir en déterminer leurs adresses, fit-il remarquer. Celles dont nous pourrions nous souvenir auront pour point d'origine la Terre ou la planète qui a accueilli Atlantis dans la Voie lactée. Il sera donc nécessaire de les corriger pour obtenir les bonnes combinaisons de symboles. Disposez-vous d'un logiciel ou de quelque chose qui permette cela ? demanda-t-il. Dans tous les cas, avoir accès au réseau des Portes devrait nous permettre d'élargir le champ de recherche pour les E2PZ. »

Il sortit de la pièce avec les autres lorsqu'Adam les congédia et les envoya manger, à l'exception de Sarah qu'il retint. La perspective de se restaurer ne l'enchantait pas vraiment, mais il allait devoir s'y faire, vu qu'ils allaient vraisemblablement rester ici un moment.

« Oh joie, des chips protéinées aromatisées trois fois par jour jusqu'à notre retour… » soupira-t-il, dépité.

Il aurait pourtant voulu préparer un repas digne de ce nom à Nadja pour fêter dignement leurs retrouvailles. Mais il doutait pouvoir faire des miracles avec les ingrédients à sa disposition, même s'il en avait l'opportunité. Il se plaça à ses côtés, prenant garde à se tenir à une distance respectueuse et à rester professionnel. Il écouta ses explications tout en posant des questions tandis qu'elle les guidait jusqu'au réfectoire.

Tout ce qui comptait à ses yeux, c'était qu'il l'avait retrouvée et tant qu'il était avec elle, peu lui importait où et quand il se trouvait. Il voulait passer autant de temps que possible avec elle et il espérait qu'ils trouveraient un arrangement pour qu'ils puissent être ensemble lorsqu'ils ne seraient pas de service.

Donc le Lieutenant Vladimir Illich  Kouznetsov allait retourner à l'école. Ce qui est tout t'a fait normal quand on assigne à un Pilote une nouvelle mission.
Avant de pouvoir être lancé par une Souyouz, le Russe avait subit deux années complètes de formations à la cité des étoiles, avant d’être qualifier. Et une fois qualifié, il avait attendu encore un certain temps avant de pouvoir, s'envoyer en l'air. Il avait apprit comment piloter un véhicule spatiale, de nouvelles procédures, de nouvelles habitudes pour vivre six mois dans le cosmos, ainsi qu'améliorer son Anglais, et cela avait duré deux ans. Dans l’Aéronaval Russe, même un Pilote confirmé mettait du temps à ce qualifier, sur un nouvelle appareil, ou bien sur un nouveau genre de mission, et cela pouvait durer des semaines, sinon des mois! Et en Russie la redondance dans le cockpit d'un avion était elle, qu'on avait l’impression qu'il y avait peut de changement entre un MIG-15 et un MIG-31, cela aurait du être plus facile? En faite non.

Mais il devait se former très rapidement, cela allait être sioux! Et se former ici était peut être une question de jours sinon d'heures. Ici le Militaire se demandait combien de temps, cela allait prendre. Car le technologie devait avoir fait un bon en avant. Il n'y avait qu'a voir Adam pour comprendre que de l'eau avait passé sous les ponts, depuis la dernière fois qu'il l'avait vu. Il se demandait si par hasard, en fouillant dans les mémoires de l'appareil, il trouverait son histoire? Mais il savait déjà qu'il ne le ferrait pas, car cela pourrait être totalement différent avec sa réalité....... Autant ne pas savoir!

Il quitta sa chambre qu'il partageait avec le Docteur Aaron Baker. Ils allaient encore moins ce voir, et donc ils allaient se croiser rarement. Le Pilote se demandait si il ne ferrait pas mieux de s'installer, chez ces nouveaux hôtes..... *Mais non!* Pensa t'il, si il faisait cela, il risquait très rapidement d’être complètement coupé des autres rapidement. Il appartenait à une autre réalité, même si cela si risquait d’être la sienne définitivement. Pour le moment il devait faire corps avec AT-2. Mais rester dans cette alternative en fin de compte ne le dérangeait pas trop, personne ne l'attendait, et ici il y avait de nouvelle perceptive de découverte intéressante, comme cette petite brune.........

Aeryn sourit à Sarah.

"Oui, on peut. Et les premières fois étaient loin d'être programmées !"

L'irlandaise secoua ensuite la tête à la remarque de Zander.

"Non. Tout ce qu'il nous faudra, c'est le point d'origine et une adresse de destination pour que la porte s'ouvre. Si on calcule bien notre coup, la porte d'arrivée n'aura pas d'importance. Et pour ce qui est des points d'origine, il nous faudra un peu de patience mais je suis assez confiante. Plus que de pouvoir reproduire un jumper, pas vous ?"

Il fallait garder un minimum d'espoir et, surtout, ne pas le faire perdre aux autres. Le moral était essentiel.

"Jouer avec le temps n'est jamais une bonne solution, Colonel."

Adam congédia finalement tout le monde sauf Lawrence et l'écouta en hochant lentement la tête. Il sourit à sa dernière phrase.

"Je comprends pourquoi ma mère vous aimait bien."

Finalement, il se leva et posa les deux mains sur la table.

"On fera comme vous venez de me le conseiller. Et je vous assure que je ferai mon possible pour vous renvoyer rapidement chez vous."

En disant cela, il eut un voile dans le regard l'espace d'un instant, mais n'ajouta rien de plus.

"Vous pouvez rejoindre les vôtres. Merci Colonel."






Presque deux mois avaient passé depuis leur arrivée sur le Bruce Wayne et l'équipe ne manquait pas de travail. Chacun avait reçu une affectation en lien avec ses compétences, suivant les suggestions de Sarah et le temps passait entre formation, entrainement, réparation et fuite. L'équipage avait découvert que l'idée de se cacher dans un nuage cosmique était efficace à un certain point. Cela leur donnait en général quelques heures, rarement quelques jours, de tranquillité, avant d'être de nouveau repérer. Mais, plus le temps passait, plus l'ennemi anticipait ce genre de manoeuvre. Cela ne fonctionnerait plus très longtemps.
Leurs tentatives pour récupérer les E2PZ s'étaient toutes soldées par des échecs. La planète de détente n'existait tout simplement plus alors que le secteur de l'usine à E2PZ grouillait tellement d'ennemis qu'il était impossible de s'en approcher. Les recherches continuaient pourtant, sans rien donner pour l'instant.
Plusieurs portes des étoiles avaient été trouvé mais elles étaient toutes déconnectées. C'était comme si tout le réseau avait été mis sur pause et, pour l'instant, rien n'était parvenu à le remettre en route.

"Commandant. On a quelque chose !"

Adam s'approcha de la console du navigateur et se pencha sur les écrans.

"On dirait une structure. Faites-moi un scan."

La jeune femme aux commandes s'exécuta immédiatement.

"Aucune forme de vie. Aucune énergie. Ca a l'air abandonné."

Adam réfléchit un instant. L'architechture qu'il voyait n'était pas habituelle.

"Faites venir AT-2."

Le groupe de voyageurs temporel avait rapidement été connu sous cet acronyme. Cela facilitait grandement les échanges.

Un appel fut rapidement lancé par les haut parleurs du vaisseaux, appelant les membres de AT-2 au poste de navigation.

Aeryn fronça les sourcils en entendant son nom. Elle finit de sécuriser les branchements qu'elle était en train de réparer au niveau du sas extérieur et se tourna vers une jeune femme brune qui travaillait à côté d'elle.

"Je te laisse finir, Naya. N'oublie pas de de bien refermer la trappe quand tu auras fini. On se voit tout à l'heure !"

L'irlandaise posa les outils en trop dans la caisse non loin et prit la direction de la salle de navigation. En chemin, elle croisa certains membres de son équipe.

"Vous croyez que c'est quoi cette fois ?"

Les semaines avaient passées, en études de toutes sortes. Vladimir Illich, n'était pas encore confirmer dans le Pilotage opérationnel des engins, pour lui, du future. Mais comme on manquait de Pilote, sur le "Bruce Wayne", il avait été rapidement été bombardé ailier, c'est à dire, dans un groupe de deux chasseurs, celui qui est en deuxième position, chargé de suivre comme son ombre l'appareil du chef de groupe. La plus mauvaise place. Il devait surveiller, protéger, l'appareil devant tout en contrôlant si le circuit était claire.... C'est à dire vérifier constamment au radar les positions des appareils, amis et ennemies, dans le secteur, et écouter les communications. C'était aussi le deuxième qui était statistiquement prit pour cible, le premier ayant déjà passé la zone dangereuse......

Koutnesov avait aussi commencer à donner des cours opérationnels, et commencé en salle de "Nav & Com" à faire des simulations d'attaques et de défenses, pour entraîner aussi bien les Analystes que les Pilotes, pour le jour du grand chambardement.

Les horaires du Russe étaient complètement décalé, par rapport à ses collègues d'AT-2, Vladimir Illich avait passé la nuit en "alerte décollage" à deux minutes, et il prenait sa douche avant d’aller dormir, quand les hauts parleur appelèrent AT-2 au poste de navigation......

" - Par la barbe du petit père du peuple, il faut toujours que cela soit à ce moment là!"

Quand il chemina, quelques instant plus tard, les cheveux encore légèrement humides, dans un couloir, à sa question le Pilote fit un signe de dénégation à Madame Sincet!

Quelques jours après la réunion, suite à une réévaluation de la situation, Zander fut transféré sur la passerelle auprès de l'équipe de timoniers et de barreurs où son expérience avait été jugée plus utile. Ce changement lui convenait bien mieux que de former les pilotes de reconnaissance avec qui il avait commencé à étudier les procédures en vigueur et la navette de reconnaissance. Il lui été vite apparu qu'ils en savaient plus long que lui qui n'avait jamais été un pilote militaire et qui n'avait jamais rien fait de tel.

De plus, il partageait les craintes exprimées par les pilotes qui redoutaient de quitter le vaisseau et de se faire abattre instantanément par l'ennemi qui les poursuivait sans relâche et qui apparaissait lorsqu'ils sortaient de l'hyperespace. Ils redoutaient encore plus de devoir s'éloigner et d'être traqués sans qu'ils sachent comment puis abattus au loin ou au retour ou de revenir pour découvrir le vaisseau détruit ou parti sans être en mesure de le retrouver. Non, la passerelle lui semblait vraiment bien plus intéressante à tous points de vue.

******

Nadja et lui faisaient désormais faire quartiers communs après avoir parlé leur situation matrimoniale et obtenu l'autorisation d'emménager ensemble. Personne n'aurait pu les empêcher de le faire en douce, mais mieux valait que ce soit officiel. Ils en avaient également profité pour demander à ce que leurs quarts de service soient synchronisés, pour des raisons évidentes.

Le seul problème était qu'il n'y avait rien de prévu pour les couples et qu'ils durent improvisés. Ils décidèrent de s'installer dans les quartiers occupés par Zander, plus petits que ceux de Nadja, mais qui contenaient deux lits. N'aimant pas l'organisation des lieux, Nadja avait littéralement pris les choses en main en déplaçant "délicatement" l'un des lits pour le coller à l'autre. Elle avait ensuite appelé un technicien pour refixer le mobilier là où elle le voulait. Ce dernier n'osa rien dire lorsqu'il croisa son regard et s'exécuta sans piper mot.
En revanche, le pilote crut qu'elle se payait sa tête quand elle lui expliqua que chacun n'avait droit qu'à 30 secondes d'eau chaude par jour pour se doucher, pas plus. Il était toutefois possible d'être récompensé par du temps de douche supplémentaire en se distinguant en service. Il déchanta vite quand elle se lança dans une explication très complète sur la meilleure manière d'optimiser le temps alloué et qu'il eut lui-même expérimenté la chose…

L'autre point avec lequel il dut composer fut son statut, ou plutôt comment il était perçu par l'équipage. Visiblement, son homologue était presque adulé et l'équipage le traitait avec une déférence mêlée de crainte, comme s'il était sa réincarnation. Cela l'ennuyait un peu, mais il décida de jouer le jeu, conscient de son importance à leurs yeux et de l'effet sur leur moral. Il prit donc systématiquement le temps de discuter avec ceux qui osaient l'aborder et lui adresser la parole et accepta toutes les invitations destinées à lui présenter leur travail à bord. Cela lui permit ainsi de visiter le vaisseau de long en large et d'apprendre tout ce qu'il y avait à savoir dessus dans les moindres détails ainsi que sur l'univers où il se trouvait, ce qu'il compléta par des lectures et des recherches personnelles dans les bases de données.
Il dut aussi en décliner tout autant de plus… personnelles. Mais Nadja fit très rapidement comprendre à l'équipage que l'Hébridien était sa chasse gardée et que quiconque l'approcherait d'un peu près aurait droit à un tête-à-tête avec elle, ce qui eut pour effet de doucher les ardeurs même des plus enthousiastes. Même si l'équipage finit par comprendre qu'il n'était par leur Zander et se détendre en sa présence, ils continuaient à faire montre d'un grand respect à son égard, probablement pour éviter de s'attirer les foudres de son épouse.

******

Lorsque la convocation pour le reste de l'équipe arriva, il venait d'entrer sur la passerelle pour prendre son poste de navigateur qu'il occupait deux mois, en alternance avec la barre. Il avait maîtrisé les deux rapidement, car les principes restaient les mêmes. Seule la technologie, les règles et les procédures changeaient.

« Hayes au rapport, monsieur. » annonça-t-il à Adam en s'installant à sa console de navigateur d'où il se mit à observer la structure avec curiosité tout en écoutant les discussions autour en attendant le reste du groupe.

Mei n'avait rien dit pendant la réunion, mais elle ne comprenait pas qu'Adam se soit montré aussi conciliant avec les nouveaux arrivants, alors qu'ils ignoraient tout de la réalité et de l'univers dans lesquels ils venaient de débarquer. Ils n'étaient certainement pas les mieux placés pour lui dispenser des conseils et lui dire où ils seraient utiles. Était-ce la présence de sa mère qui le ramollissait ainsi et le rendait complaisant ?

À peine sortie de la réunion, elle fut convoquée au bureau du personnel pour régler les derniers détails de sa promotion. Avec son changement de statut définitivement approuvé, elle n'était plus un médecin en formation, mais médecin titulaire en bonne et due forme. Ses nouvelles accréditations et ses nouveaux privilèges étaient désormais permanents et elle pouvait dès à présent emménager dans les quartiers de médecin-chef. Et elle devrait se faire implanter la radio réservée aux membres clés de l'équipage pour remplacer le communicateur du personnel médical le jour même.

*****

Quand Aaron se présenta à son bureau, elle décida de ne pas prendre de gants et lui annonça d'emblée qu'il lui faudrait plusieurs mois pour se mettre à niveau. La médecine avait été bouleversée par la perte de la Terre et avait subi une transformation radicale au fil des ans. Cela avait débuté par une concentration des disciplines résultant du faible nombre de médecins ayant survécu à la catastrophe. Ces derniers durent élargir considérablement leur champ de pratique pour pallier les spécialités manquantes. Cette réduction des spécialités et la pluridisciplinarité des médecins s'étaient consolidées avec le temps et les avancées de la médecine. Par exemple, les spécialistes cardio-thoraciques étaient à la fois cardiologue, pneumologue et chirurgien cardio-thoracique tandis que les traumatologues avaient ainsi pris en charge l'urgentologie et que les urgentistes étaient devenus généralistes, entre autres.

Dans un deuxième temps, elle avait fait un bond en avant technologiquement en recourant à la technologie d'Hebrida, qui avait accueilli les survivants, pour remplacer ce qui avait été perdu. La priorité avait porté sur les médicaments qui s'épuisaient rapidement. Cela avait mené au développement de nouveaux médicaments beaucoup plus efficaces et sans effets secondaires qui s'étaient entièrement substitués à la pharmacopée de la Terre.

De nombreux tabous présents sur la planète bleue disparurent également devant la nécessité impérieuse d'assurer la survie des rescapés. Cela mena à une révolution majeure : l'utilisation de la thérapie génique à des fins préventives et à la mise au point d'un "vaccin génétique", une manipulation de l'ADN pratiquée in utero de manière systématique. Cela permit d'éradiquer toutes les maladies terriennes classiques, signant de facto la disparition définitive de nombreuses spécialités et de médicaments. Et cela aboutit également au recours aux manipulations génétiques pour améliorer les Terriens afin de les aider à s'adapter à certains environnements où ils souhaitaient s'installer.

Le matériel médical n'était pas en reste. Il était méconnaissable pour quiconque fraîchement débarqué de 2020. Là encore, il avait été développé à partir de celui d'Hebrida avant d'évoluer. Il était désormais plus compact et plus avancé ou utilisaient des matériaux plus performants. Par exemple, le fil et les aiguilles des sutures avaient étaient remplacés par des régénérateurs et des cautérisateurs, les seringues par des injecteurs transcutanés, les scalpels par des scalpels laser. Certains appareils remplissaient plusieurs fonctions, comme les électrodes cardiaques qui avaient la taille d'un petit bouton et servaient aussi de défibrillateur.

La chirurgie se pratiquait avec des instruments de précision contrôlés à distance et un chirurgien n'avait que rarement besoin de mettre les mains dans le patient. Le recours au clonage pour remplacer les organes défectueux était monnaie courante tout comme le remplacement des membres. Plutôt que de s'acharner à sauver une jambe ou un bras mal en point, ils étaient amputés et remplacés par des nouveaux, copies quasi identiques aux originaux. L'animation suspendue était aussi une technique fréquemment utilisée pour permettre d'avoir le temps de soigner les cas les plus graves.

Tout cela n'était que quelques exemples qu'elle cita à Aaron pour illustrer le gouffre entre la médecine qu'il connaissait et celle pratiquée ici.

« Des questions ? lui demanda-t-elle quand elle eut terminé. J'en ai pour vous afin de déterminer exactement ce que vous savez faire et ce que je vais pouvoir vous faire faire. Mais quoi qu'il en soit, cela passera nécessairement par une longue période d'études et d'apprentissage. Je vais vous indiquer les manuels à consulter dans le système pour que vous puissiez commencer. Pour le moment, je vais vous assigner un mentor et vous serez cantonné à observer. Dans tous les cas, vous n'avez pas le droit de vous charger seul des patients et vous devrez suivre à la lettre les consignes de votre mentor s'il vous demande de l'assister. » fit-elle.

********
[2 mois plus tard]

Mei entendit la convocation des membres d'AT-2 via le système de communication générale, mais l'ignora. Après tout, elle ne faisait pas partie de l'équipe et elle était sur le point d'opérer un patient.

Deux mois étaient passés.

Le lieutenant colonel Lawrence n'avait pas perdu de temps et s'était soumise à une formation intensive auprès de Nadja. Elle avait passé plusieurs jours à intégrer les cours théoriques de stratégie concernant les opérations de marines. Cette partie de sa formation avait été la plus simple. Les deux femmes avaient déjà longuement échangé pendant les années de service du Major à bord de l'Achilles à ce sujet.
Les choses étaient devenues un peu plus complexe quand il fallut aborder le fonctionnement théorique des armures de combat. Ces appareils étaient un concentré de technologies et une plateforme multi-rôle pour une opération. Elles étaient destinées à des actions brutales en prenant l'adversaire de front. Lawrence était familière avec le concept. La violence de l'action était supposée permettre la saisie de l'initiative sur l'ennemi, le choc initiale et la poursuite d'une action brutale devait empêcher l'adversaire de réagir correctement à une opération. Lawrence avait une compréhension sommaire de l'armure, elle avait lu les rapports du SDT sans en comprendre tous les détails. Il lui était impossible à l'époque de s'y essayer car l'exemplaire était encodée génétiquement pour Nadja. Les semaines qu'elle eut à disposition lui permirent de comprendre un peu mieux le fonctionnement de la machine et de participer à une formation de base sur l'engin. Après un mois et demi elle fut en mesure d'utiliser une armure de façon convenable. L'engin qui lui avait été attribué se vit mystérieusement redécoré de graffitis aux couleurs du texas. Lorsqu'elle fut questionnée à ce sujet Lawrence s'était contentée de hausser les épaules " P't'être que ce vaisseau et hanté et que des fantômes se manifestent pendant le cycle de nuit..." avait-elle finit par répondre.
Au fur et à mesure de sa formation l'officier avait apporté son analyse en retour des pratiques en vigueur chez les marines. Elle avait partagé l'idée d'insérer des équipes plus légèrement équipées pour servir d'équipe d'infiltration avant d'envoyer les armure en seconde vague en cas d'accrochage plus solide. Le lieutenant colonel avait argumenté sur le faible taux de pertes qu'avait connu le SDT lors de telles manœuvres alors qu'ils étaient bien moins équipés.

Le temps qu'elle ne passait pas avec le Nadja elle le partageait avec le commandant Sincet. Elle avait passé une nouvelle fois du temps à étudier les systèmes du vaisseau et les tactiques en vigueur dans cette flotte. Afin de gagner du temps elle se faisait régulièrement vulgariser le fonctionnement d'Aeryn pendant les pauses déjeuner." Est-ce que je peux m'en servir pour faire exploser des choses ? ", " C'est quoi la limite de vitesse de ce vaisseau ? ", " Qui le plus fort, l’hippopotame ou l'éléphant ?"
Lawrence passait son temps à challenger les idées du commandant et émettre des hypothèses d'actions. Elle avait conscience que l'exercice ne devait pas être simple pour le maître de bord mais elle était persuadée qu'ils trouveraient ainsi une solution à leur problème. Les choses se jouaient souvent à un détail infime. Il suffit parfois d'un détail pour emporter la partie. Ils n'avaient pas eu de succès jusque là mais l'américaine n'abandonnait pas. Elle faisait son possible pour soutenir le commandant en lui assurant qu'ils finiraient par trouver une solution.

La vie à bord pour Lawrence était loin d'être facile. Si elle avait l'habitude de vivre à bord d'un espace fermé comme un vaisseau elle n'était cependant pas prête à être considérée comme épouvantail de service. La où Zander était considéré avec déférence et admiration elle inspirait essentiellement la crainte et la défiance. Les gens s'écartaient sur son passage et les regards en coin auxquels elle avait le droit ne lui échappait pas. Elle avait capté une fois un échange de jeunes recrues à une table du mess sur les capacités surnaturelles qu'on luit prêtait." Il paraît que si on prononce trois fois son nom en se regardant dans le miroir elle apparaît ! " Avait-elle chuchoté en faisant sursauter les quatre jeunes qui eurent tôt fait de se disperser. Elle avait pris leur place en soupirant.

La blonde était en train de participer à un exercice avec les marines du bord quand elle reçu l'appelle de la passerelle. Elle quitta la zone d'exercice en laissant son armure derrière elle. La jeune femme fit une toilette sommaire à l'aide d'une serviette et d'un bol d'eau avant d'enfiler une veste de bord et de se mettre en chemin. A proximité de la passerelle elle retrouva Aeryn et Vladimir qu'elle accueillit d'un signe de tête.

" Peu importe ce que c'est j'espère juste qu'ils ont un drive. Un cheese sans oignons, une frite et un coca s'il vous plaît. " Lançat-telle en plaisantant.

Elle adressa un bref salut au commandant de bord avant de s'intéresser à ce qu'ils avaient trouvé. Elle fit la moue après quelques instants :

" Hum...pas de burgers alors ? "

Aeryn commença à sourire et finit en grimaçant à la réflexion de Lawrence. L'humour du colonel était, le plus souvent, rafraichissant. Mais, cette fois-ci, l'effet ne fut pas si agréable.

"Maintenant j'ai envie d'un burger, … merci bien !"

Après deux mois d'alimentation sans saveur, le pire des fast food avait des airs de palace pour l'irlandaise. Cela dit, la situation sur la passerelle lui changea bien vite les idées.

"Bonjour tout le monde. On a une structure étrange sur les radars. Monsieur Hayes ?"

Adam laissa Zander afficher les données de la structure et transmettre les informations qui s'affichaient en même temps.

La planète ne comportait aucune trace de civilisation active. Un grand bâtiment se voyait au centre de l'image, entouré d'un désert de roches. La température avoisinait les vingt-trois degrés Celsius en dessous de zéro et quelques signes de vie étaient fragmentés sur la zone. Sans doute des insectes ou petits reptiles, à en croire leur intensité. Aucune source d'énergie n'était visible et rien de vivant ne se trouvait dans la structure. Mais la forme de celle-ci rappela quelques souvenir à certains membres d'équipage.

"On dirait de l'architecture ancienne, …"

Puis, une idée germa dans l'esprit de la scientifique.

"Est-ce que vous pouvez savoir s'il y a une porte là-dedans ?"

C'était sans doute un espoir fou mais cela faisait deux mois qu'ils étaient présents et, si Aeryn était ravi de passer du temps avec la version adulte de son fils, la version qu'elle pouvait portait dans ses bras lui manquait cruellement.

"S'il y a une porte, il y aura peut-être un moyen de réactiver le réseau. Et il y a plus de chance aussi de trouver un jumper. Ou un E2PZ."

Mais tout cela reposait sur une hypothèse très fragile. Dans tous les cas, s'il s'agissait vraiment d'un bâtiment ancien, il y aurait des bases de données et des informations qui pourraient se révéler importante.

Partir en mission, sur une planète ? L'idée prit de cour Vladimir Illich, depuis un moment, il avait surtout l'habitude des missions spatiales. Oh il avait fait il y avait déjà, un bon moment, mais la présentement il était très surpris. Surtout qu'il n'avait pas anticipé, ce type de sortie. Il n'avait pas, depuis qu'il était sur ce vaisseau, été faire un tour à l'armurerie du bord, voir les armes qu'ils pouvaient lui donner, qu'il aurait pu essayer au stand de tire? Il aurait pu préparer un sac à dos d’expédition, avec une gourde d'eau, des rations, quelques vetements, un casque, une lampe, un appareil photo,  et un duvet.
Non Kousnesov avait passer son temps à potasser les manuels de voles, de se mettre dans un simulateur de vole, à préparer différent type de mission pour ce vaisseau, qui les abritait dessolait........

" - Par la moustache du petit père du peuple, il faut que je me prépare pour cet expédition, je n'ai rien fait pour le matériel, il faut que je le rassemble rapidement, et je serrais heureux de partir avec vous."

Déjà le Russe voyait déjà ce qu'il allait faire, emprunter du matériel aux gardes qu'il côtoyait tous les jours, un casque par ci, une couverture par là, il savait qu'il y arriverait rapidement, mais il restait l'arme....... Y avait 'il des P-90 ou mieux encore, un bon AK-47 des familles, qui traînait sur un râtelier????

Dés que la réunion, serait fini, il irait voir à l’armurerie ce qui pourrait trouver,  du matériel qu'il pourrait utiliser.

Zander avait également rapidement noté la ressemblance avec l'architecture ancienne et il avait donc demandé s'il pouvait participer aux scans et à l'analyse des données en attendant le reste de l'équipe. Quand Adam lui laissa la parole, il donna les quelques informations qu'il avait pu récolter jusque-là qui étaient assez limitées.

« Oui, je confirme, c'est une structure ancienne. Il y a des traces de vie autour, mais vu la taille, il s'agit vraisemblablement de la faune locale. Aucune trace de civilisation en dehors de ce bâtiment. Pas de source d'énergie détectable non plus. Le climat est hostile. La température est de -23 °C actuellement. » annonça-t-il.

Vu l'aspect inhospitalier des lieux, il était possible que la population, s'il y en avait une, vivent sous terre et que les scans de surface aient juste été incapables de pénétrer la couche de roches pour les repérer. Il lança un autre scan plus en profondeur pour voir s'il trouvait quelque chose ainsi qu'une analyse se concentrant sur la structure afin d'en dresser un plan.

« Il y a une porte, effet. Inactive comme le reste. Il est possible que les systèmes soient simplement en sommeil, comme sur la Cité lorsqu'elle est inhabitée, pour économiser l'énergie. Cependant, je rappelle que depuis la destruction du réseau par Tonatiuth, les portes sont extrêmement instables et que les activer provoque une surcharge les faisant exploser. Vouloir s'en servir est donc très risqué. Après, les jumpers sont des navettes propres à Atlantis qui ne se trouvent que là-bas. Bien sûr, rien n'empêche que l'un d'eux ait été envoyé dans cette galaxie, peut-être avec la Cité d'ailleurs, mais activer une simple porte, ou même le réseau, ne nous le dira pas, malheureusement. » fit-il.

Et tomber sur la planète exacte où il y aurait un jumper serait plus qu'un heureux hasard… Pour les E2PZ, c'était une autre histoire. Il pouvait très bien y en avoir un ou plusieurs quelque part dans le bâtiment. Ce qui l'intéressait surtout, c'était de pouvoir mettre la main sur une console fonctionnelle et une base de données pour y chercher des informations.

« Si jamais une mission était autorisée, il faudra prévoir des tenues et le matériel adéquat pour rester sur place plusieurs jours et pour des températures plus froides que celles observées actuellement, au cas où l'ennemi vous obligerait à temporairement vous replier. » dit-il en s'adressant à la fois à Sarah et Adam.

L'idée de descendre dans ce froid glacial sans en savoir plus sur la planète ne l'enchantait pas plus que ça. Il pouvait y avoir des dangers qu'ils étaient incapables de détecter et ils risquaient de ne pouvoir compter que sur eux-mêmes pour y faire face. Ils n'avaient aussi aucune idée de l'amplitude des températures ou du temps qu'ils pouvaient faire et il ne semblait rien y avoir pour leur permettre de survivre par leurs propres moyens. Mais cette structure était une piste, la première concrète depuis leur arrivée, qui ne pouvait être ignorée.

Sa formation au pilotage des navettes qu'il avait faite avant d'être transféré à la timonerie allait peut-être lui être utile si Adam n'envoyait aucun de ses hommes avec eux. Ils pourraient d'ailleurs probablement s'y abriter au besoin, mais il faudrait sans doute faire attention à la consommation d'énergie pour le cas où elle deviendrait leur seul moyen de transport pour quitter les lieux. Il lança un scan longue portée secteur à la recherche d'une planète plus hospitalière qui pourrait les accueillir si nécessaire.

Ces deux mois étaient passés à une vitesse folle et Aaron les avait passés en grande partie à l'infirmerie. La technologie à disposition ici était fascinante et il s'y était rapidement fait, prenant ses marques dans ce nouvel univers. Malgré cette stimulation intellectuelle et professionnelle, Aaron avait du mal à vivre l'enfermement permanent. Il avait besoin d'espace. Et même s'il courrait souvent dans les couloirs et consacrait beaucoup de temps au sport et à l'entrainement, le confinement permanent le pesait. Malgré tout, il prenait sur lui, cachait ce mal-être au fond de lui et affichait continuellement un sourire apaisé. Son masque permanent depuis plus d'un an maintenant...

" Mais du coup, tu as vraiment navigué sur un ... bateau ? sur la MER ? " s'étonne Jesse.
Jesse, c'était un gamin de 16 ans, qui travaillait aux cuisines mais qui rêvait de devenir médecin. Il avait développé un attachement profond pour Aaron qui l'avait trouvé de prime abord très exaspérant avec ses nombreuses questions. Mais au bout de deux mois, le petit était continuellement collé à ses basques et Aaron avait fini par s'attacher lui aussi.
Il rit à la question de Jesse alors qu'il passait en refus quelques dossiers de patients sur une tablette, accoudé à un petit bureau à l'infirmerie. Théoriquement, il avait terminé ses heures de service, mais il trainait toujours un peu pour finir ce qu'il n'avait pas eu le temps de faire.
" Mais c'est pas dangereux ?" continue Jesse.
" Plus dangereux que de naviguer dans l'espace à ton avis ?" lui répondit-il.
" Bah nous on est protégé de partout, en haut, en bas, mais un bateau, si il se retourne, splof l'eau elle rentre ! "
Le gamin s'était assis à califourchon sur une chaise retournée, les bras croisés sur le dossier. Il gratifiait toujours Aaron de ce regard immense, plein de surprise et de curiosité. Il avait fallu des semaines à Aaron pour accepter ce qui le troublait le plus chez Jesse : c'était sa ressemblance avec Justin, son fils disparu. Si les premiers temps il était très mal à l'aise en sa compagnie, il avait fini par l'accepter à présent.

Aaron échangea un moment avec Jesse sur le principe de navigation maritime. Le médecin parlait tout en survolant ses dossiers, et en levant parfois les yeux sur la descente de reins d'une infirmière qui rangeait des ustensiles en face de lui.
C'est alors qu'il reçu un appel radio. Il lança la tablette qui tomba sur le bureau avec un "pok" sonore et se leva.
" C'est quoi ? Tu vas où ? " demanda le gamin.
" Une réunion, probablement très inintéressante, retourne en cuisine Jesse."
Et il quitta l'infirmerie.

Il fut le dernier à arriver sur la passerelle, salua tout le monde et arriva à temps pour écouter les informations que Zander avait recueillit sur une étrange structure. Zander termina sa parlotte par des recommandations à prendre en compte si mission il y avait. Tout ce que Aaron retînt de sa dernière phrase était le mot "mission". Il se tourna immédiatement vers Lawrence et Sincet.
" Je suis volontaire pour une éventuelle mission " dit-il avec entrain.
Que ce soit une planète désertique, aquatique, arctique, karstique, post-apocalyptique, christique, asiatique, agnostique, monastique, charismatique, dichromatique, il s'en foutait royalement. Il avait un besoin intergalactique de se dégourdir les jambes.

Zander ne semblait pas ravi d'activer le réseau de porte des étoiles. Ne voulait-il pas rentrer chez eux ?

"Difficile ne veut pas dire impossible. On a déjà eu à travailler sur des portes instables et c'est la seule pistes envisageable pour rentrer dans notre univers et à notre époque, pour l'instant."

Quoi que, techniquement, ils pourraient changer d'univers en premier, en espérant que le suivant aurait des portes fonctionnelles, et remonter dans le temps ensuite. Mais cela nécessitait beaucoup plus de variables impossible à anticiper.

"Une seule porte ne nous donnera pas Atlantis, mais ça peut nous permettre de remonter le temps. Je ne veux pas voyager, je cherche un moyen de rentrer."

Parfois, Aeryn avait l'impression que certains de ses coéquipiers perdaient cet objectif de vue. Elle était la première à profiter du temps exceptionnel à passer avec son fils adulte mais gardait en tête de vivre avec lui les grands évènements de sa vie. Elle voulait revoir son petit garçon. Elle croisa le regard du vieil homme, presque coupable de vouloir partir mais le sourire qu'il lui rendit prouvait qu'il comprenait.

"Mais le plus important restent les informations. J'espère trouver un moyen de changer de dimension dans leur base de données. J'ai le dispositif général en tête mais il me manque les plans de base. A partir de là, je devrais pouvoir reproduire les modifications qu'on y avait effectuées."

Même si ça risquait de prendre du temps, ce serait déjà un pas dans la bonne direction.

L'idée de l'envoie d'une équipe se profila à l'horizon et l'irlandaise devait avouer que la perspective de quitter le vaisseau et d'aller sur la terre ferme ne lui déplaisait pas. Zander donna quelques renseignements peu encourageant quant à l'environnement local mais cela ne changeait rien.

"Il faut tenter le coup."

Aaron et Vladimir étaient visiblement partant eux aussi et Sarah étaient de leur avis.

"Très bien. Mais je ne pourrai pas vous allouer de personnel supplémentaire. Ils ne sont pas formés pour ça et on arrive déjà à peine à tenir avec notre effectif. On restera en contact radio tant qu'on le pourra. Si on est contraints de partir, nous reviendront dans 3 jours. Equipez-vous en conséquence. Si on n'est pas au rendez-vous, …"

Adam ne finit pas sa phrase. Tout le monde avait compris. Il envoya un rapide message à l'armurerie pour signifier qu'AT-2 était autorisé à prendre le matériel nécessaire et congédia l'équipe afin de les laisser se préparer.

Le groupe composée de l'équipage d'AT-2 partirait avec une navette pilotée par Zander dans une heure. Mei-Ling et Nadja resteraient à bord. La première n'était pas essentiel à la mission et la seconde n'était pas en assez bonne forme pour y participer sans risque. Et puis, cela donnait une garantie supplémentaire à l'équipe. Elles s'assureraient que le vaisseau reviennent les chercher.

Ils s'équipèrent tous des armes et équipements contemporains dont ils avaient reçu des formations au cours des semaines passées. Ils étaient, bien sûr, libres de prendre également le matériel qu'ils avaient sur eux au moment de leur arrivée.

Prêt à partir à l'heure hache!

Vladimir Illich trouva l'armurerie, et demanda au jeune homme, qui la gardait si par hasard il disposait d'armes comme un bon P-90 des familles ou mieux encore un AK-47 de derrière les fagots. Un quoi fit l'armurier ? le regard étonné. Alors le Russe demanda, de quelle autre arme, il pouvait disposer? Le Caporal partie dans son entre et revient bien vite et fièrement avec un fusil pulser NG3000 électromagnétique, dont les projectiles n’ont pas d’amorces comme les cartouches anciennes, et pouvait lancer des dards métalliques à prés de 2000 mètres par seconde......

" - Par la barde du Petit Père du Peuple,.....!"

Alors Kounesov, leva les yeux au ciel, et demanda si il n'y avait pas autre chose dans ce truc du future...A force de discussion et de diplomatie. L'armurier lui fournit trois grenades incapacitantes, des ZTS-6633, deux grenades fumigènes PCR-29, et un bloc de T-34, une sorte de C-4 du future, avec deux minuteurs, détonateurs et et une hache rouge de pompier...... Le jeune jeune se demandait d’ailleurs ce que faisait la hache parmi le matériel qu'il conservait.

Vladimir Illich alla chercher son sac d'alerte, dans sa chambre, vérifia qu'il avait bien, un duvet, des rations pour trois jours, et il remplit la gourde d'eau. Il mit les grenades et le T-14 dans son sac. Mais le pilote attachât à son treillis, une grenade fumigène et une grenade incapacitante, et il partie vers le lieux de rendez vous avec la hache à la main. Hache qu'il avait prit soin de camoufler avec du scotch noir.

« Je ne fais que vous le signaler pour que vous puissiez vous préparer en conséquence. » répondit-il à Aeryn.

Il ignorait si le fait que la porte soit instable nécessitait quelque chose de particulier qu'elle n'aurait pas emmené en temps normal. Certains semblaient très pressés de rentrer, ce qu'il comprenait, mais il ne fallait pas pour autant se précipiter à la première occasion sans prendre la moindre précaution et en ignorant des informations au risque de gâcher leurs chances.

Surtout, il y avait un autre élément qui l'inquiétait bien plus que cette instabilité et qu'il ne mentionna pas, sachant que c'était un sujet confidentiel. Quand Adam les congédia, il se leva et s'approcha de lui.

« Monsieur, un mot en privé s'il vous plaît ? Ne craignez-vous pas qu'un incident similaire à celui du Lovecraft se produise si nous activons la Porte ? Oui, je suis au courant, et j'ai eu affaire à ces créatures deux fois chez nous. Je ne souhaite à aucun univers d'avoir à en affronter une.» dit-il lorsqu'ils furent dans son bureau.

C'était sur le Lovecraft que Nadja avait rencontré pour la première fois l'Hérésiarque, nom des Anciens pour le Titan, après une tentative de réactivation du réseau. S'il parvenait à se libérer grâce à la porte, cela signerait la fin de toute vie dans cet univers. Les Anciens n'avaient pas réussi à le détruire et n'avaient pu que l'exiler sur un autre plan, chose qu'eux seraient sans doute incapables de faire.

Une fois sorti, son premier arrêt fut l'infirmerie. Mei lui annonça qu'elle s'occupait déjà de leur préparer des trousses médicales et une caisse de matériel de campagne avec de quoi traiter l'hypothermie et les engelures en plus. Cette dernière s'était personnellement assurée de sa formation en soins d'urgence qu'il n'avait pas trouvé trop compliquée, la plupart de l'équipement ressemblant à des évolutions du matériel médical ou de médicaments hébridiens.

Puis il alla à l'intendance pour réquisitionner un paquetage avec cinq jours de nourriture, des vêtements et le matériel de camping appropriés, un nécessaire de toilette, un carnet et un stylo, une corde, une radio, une mini caméra corporelle, une lampe torche et une frontale ainsi que deux gourdes avec filtres intégrés et des chaufferettes. À l'armurerie, il récupéra une arme de poing local avec des chargeurs de réserves ainsi qu'un couteau multifonction.

Il retourna dans ses quartiers pour se changer et prendre une de ses armes, l'armure de Prométhée, le détecteur des Anciens et son scanner médical plus le gilet tactique. Nadja l'y attendait, quelque peu contrariée de ne pas faire partie de la mission. Troquer sa tenue de bord contre une tenue plus adaptée pour la mission lui prit un tout petit plus de temps que prévu…

Il rejoignit la navette légèrement en retard alors qu'il avalait une chips au goût de fraise chimique. Il était vêtu de vêtements thermorégulateurs sous une veste et un pantalon conçus pour le froid. Il avait accroché à son sac la parka qui complétait la tenue, sans oublier le passe-montagne, des gants et des lunettes. Les matériaux étaient plus fins et légers tout en étant plus chauds et efficaces que leurs homologues terriens du passé.

Il écouta les instructions de Sarah avec attention. Il ne voyait pas trop comment il pourrait aider Aeryn. Il savait comment fonctionnait la Porte comme n'importe quel membre lambda du SDT, mais il n'était ni ingénieur ni technicien en dehors de quelques notions de mécanique nécessaires pour entretenir son vaisseau.

« Madame, avant d'assister le Dr Sincet, j'aimerais pouvoir utiliser une console, s'il y en a une qui fonctionne. Je devrais pouvoir réactiver les systèmes du bâtiment à partir de là et trouver des informations sur les lieux et la planète et tout ce qui pourrait nous être utile. » fit-il.

Il n'était certes pas linguiste, mais il se débrouillait suffisamment bien pour comprendre les interfaces, les plans, les schémas ou autres documents techniques et saisir l'idée générale d'un texte et un peu plus, pour peu qu'on lui laisse quelques minutes.

Une fois les vérifications d'usage faites et tout le monde installé, il décolla et se dirigea vers la planète. Il tenterait de se poser le plus près possible du bâtiment après un survol des lieux et un scanner des environs.

Mei observait le personnel vaquer à ses occupations, satisfaite. En presque trois mois, les lieux fonctionnaient maintenant comme une infirmerie digne de ce nom, en dépit du sous-effectif. Ils avaient tous gagné en assurance et travaillaient comme de vrais professionnels aguerris. La seule chose qui leur manquait était quelques médecins expérimentés qui auraient pu partager leur expérience et les guider. Elle était désormais sereine quant à leur avenir. Ils s'en sortiraient très bien si elle devait partir et à ce moment-là, elle ferait ses recommandations à Adam concernant son remplaçant.

Elle vit Nadja entrer. Elle s'attendait à la voir débarquer pour une visite impromptue suite au départ en mission d'AT-2 à laquelle elle ne pouvait pas participer. Elle non plus, mais cela ne la chagrinait pas le moins du monde. Sa présence ici était plus importante que sur le terrain. Elle la rejoignit dans son bureau. Elle l'écouta évacuer sa frustration pendant qu'elle faisait les cent pas.

« Nadja, assieds-toi s'il te plaît. Je sais que tu es frustrée par la situation et la lenteur de tes progrès. Mais tu n'es pas prête à retourner sur le terrain et tu le sais. » lui dit-elle.

Elle roula des yeux en écoutant la nouvelle salve de vitupérations. La médecin se disait que le sergent éprouvait aussi probablement une pointe d'inquiétude pour son mari, même si elle ne l'avouerait pas.

« Je te rappelle que tu étais mourante à notre arrivée il y a huit mois, Nad. Les médecins n'étaient pas du tout optimistes quant à tes chances de survie, tu le sais. Vu ton dossier et ton état, ils ont dû procéder lentement et avec beaucoup de précaution. Tu as passé la majeure partie des quatre premiers mois en animation suspendue et tu as subi plusieurs chirurgies majeures pour remplacer certains de tes organes, dont ton cœur et tes poumons, au fur et à mesure qu'il les clonaient. Pour la deuxième fois. La médecine a beau avoir énormément progressé, il y a des conséquences inévitables après ce que ton corps a traversé et une immobilisation aussi longue. Tu dois te remettre en forme physiquement. Cela ne se fera malheureusement pas en un jour. Oui, je sais, ça ne va pas assez vite à ton goût, mais encore une fois, je n'y peux absolument rien et je n'ai pas de remède miracle à te proposer. Et râler n'y changera rien non plus. » lui expliqua-t-elle une nouvelle fois, provoquant des grognements en réponse.

Elle récupérait malgré tout plus vite qu'elle ne l'aurait fait sur Terre. Mais les événements avaient sérieusement mis à mal sa convalescence. L'attaque surprise sur Aurora avait coupé court à son séjour au centre de rééducation et entraîné leur affectation prématurée sur l'ancien vaisseau-école lors de l'évacuation.

« Un peu de patience. Tu finiras par réussir les tests d'aptitude physique pour reprendre du service. Tu y es presque, mais tu dois encore persévérer un peu avec ton programme de rééducation. À terme, tu passeras aussi ceux des Marines et tu pourras remettre ton armure. En attendant, tu as toujours la formation des recrues à superviser. C'est tout aussi important. Puis ça t'occupe et ça t'évite de me casser les pieds. » dit-elle avec un grand sourire.

Elle savait pertinemment que celle-ci faisait plus que les exercices prévus, mais ce n'était pas grave, car ce facteur avait été pris en compte. Son mari la gardait aussi à l'œil pour s'assurer qu'elle n'en faisait pas trop, trop vite. En tout cas, son moral se portait mieux depuis l'arrivée de Zander avec qui elle devait régulièrement s'entraîner d'une toute autre manière, à n'en point douter…

« En revanche, ton corps a beaucoup souffert et il est fatigué. Il y a donc de très fortes chances que tu ne retrouves pas ta forme d'antan. Il va falloir que tu te fasses à l'idée que tes performances seront inférieures à tes précédentes ou que tu mettras plus de temps à te remettre des missions. Il n'y a rien à faire contre ça malheureusement. Si nous rentrons sur Terre, je te suggère de sérieusement songer à aller profiter de ta maison sur la plage sur Hébrida et à te faire chouchouter par ton mari comme prévu, même si tes jours ne sont plus comptés. » dit-elle en souriant.

Elle se doutait que cela ne durerait qu'un temps. Nadja n'était pas du genre à se prélasser indéfiniment. Elle finirait par avoir besoin de s'occuper, peut-être en ouvrant enfin une boutique de tatouages. Ou plus probablement, le couple finirait par repartir en vadrouille pour quelques tribulations.