SGZ est un forum RPG, c'est-à-dire que vous incarnez un personnage avec une vie, un passé, des émotions, des envies, des manies, etc ...
Vous le faites vivre, parler et tout ça par écrit.
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« - Si elle n’est pas capable de comprendre tes explications, gronda Nadja, je m’occuperai de lui expliquer à nouveau. Discrètement et explicitement.»
Elle voulait bien le laisser gérer ça, mais il ne fallait pas trop la chatouiller sur le sujet non plus.
En écoutant la réponse du barman, Nadja ne put s’empêcher d’éclater de rire.
« - Je suis sure que tout ce qui se passe dans vos chambres est totalement légal, en effet. »
Elle haussa les yeux au ciel en écoutant la suite mais n’intervint pas. Elle préférait le Zander Hayes président que star de film pour adulte. Mais si ils pouvaient être logé ici, ça lui convenait parfaitement.
Par plus que Zander, la pensée de devoir un contrat au barman sans savoir ni quoi ni comment ne lui plaisait pas du tout. Il allait falloir en passer par ce fichu combat. Elle haussa les épaules à l’annonce des conditions posées par le propriétaire des lieux.
« - Va pour trois round de trois minutes. Je ne voulais pas être trop méchante avec votre personnel. Et open bar donc. Je vous promet de ne pas abuser. Il n’y a que mon mari qui trouve que j’ai des goût de luxe.»
Voila qui allait à nouveau la faire réagir mais c’était de coutume pour de futurs adversaires de se chercher des noises. Il fallait juste faire attention à ne pas laisser dégénérer les choses.
Zander se dit qu'il avait intérêt à s'occuper de Trixie. Il ne voulait pas d'histoires avec Az ou avec les autorités.
« - Évidemment que tout est légal ici. C'est un établissement respectable, ma chère. »
Nadja choisit l'une des deux options que proposait Az qui sourit.
« Vendu ! Avec l'open bar… Il va me falloir quelques heures pour rassembler et vérifier les informations que tu veux. EnN attendant, faites comme chez vous. » dit-il à contrecœur. Mais les gains qu'il allait récolter couvriraient certainement ce qu'ils allaient consommer. Et il allait faire en sorte d'attirer autant de monde que possible.
Zander sourit largement à la remarque de Nadja. Trixie lui jeta un regard mauvais auquel il répondit par un sourire narquois. Il était pratiquement fauché à l'époque où il avait débarqué ici. Il ne se souvenait pas lui avoir offert quoi que ce soit et à vrai dire, il s'en fichait.
« - Oui, tu vas finir par me ruiner. Mais rien n'est trop beau pour toi. - Vous allez me faire vomir, dit la barmaid avant de s'éloigner. - Et ici, tu vas malheureusement devoir revoir tes standards à la baisse. Pas de suite présidentielle avec personnel aux petits soins ici. C'est pas le genre de la maison. Et je ne te parle pas de la cuisine locale… Tu as dis que tu avais des chambres de libre, Az ? - Oh ? Parce que mes chambres miteuses t'intéressent ? Tu es sûr qu'elles sont dignes de vous ? commença Az avant de s'interrompre devant le regard noir de Zander. Ouh là, tu es bien susceptible, mon chou. Oui, celle que tu occupais à l'époque est justement libre. - Celle avec la salle de bain privée, j'espère. Sinon, je préfère encore rentrer sur mon vaisseau. - Que tu es exigeant… Oui, oui celle-là. Et quelque part, je dois avoir une boîte avec tes effets personnels, vu que tu es parti sans prévenir et sans laisser d'adresse. Tu restes combien de temps ? - Pas sûr qu'il y ait quoi que ce soit qui m'intéresse dedans. Quelques jours, je dirai, le temps de boucler le contrat et de faire le combat. Ce sera plus pratique que de faire des allers-retours au spatioport. - Eh bien, je te laisserai décider de ce que tu veux en faire quand je l'aurai retrouvé. Je te fais un prix d'ami pour la chambre. fit-il en lui donnant une carte d'accès. - Merci, répondit-il un peu sèchement. »
Il se leva et se dirigea vers les escaliers qu'il monta jusqu'au troisième étage. Il parcourut tout le couloir jusqu'au bout et ouvrit la dernière porte. L'appartement faisait l'angle du bâtiment et bénéficiait d'un petit balcon et d'un petit coin cuisine. La pièce n'était pas très grande et contenait un mobilier qui avait vécu, mais le tout était propre et entretenu. Il désigna la salle de bain, à peine plus grande que celle de Stella.
« Ça, c'est un grand luxe ici… La toute première que j'ai occupé n'en avait pas. Je devais utiliser la salle de bain commune de l'étage... Et si ça ne va pas, on pourra toujours retourner à bord. »
Il fit nerveusement le tour de la chambre puis il s'approcha de la fenêtre et regarda au travers. Il n'y avait pas eu de grand changements depuis dix ans. Tout ce qu'il voyait, c'était les toits des autres bâtiments qui semblaient s'étalaient plus loin que dans son souvenir. Le bruit de la rue était atténué et ne constituait qu'un léger bourdonnement de fond, l'appartement se trouvant sur l'arrière du bâtiment, ce qui était un autre avantage non négligeable, car ils ne seraient pas trop importunés par l'éclairage et les néons.
C’était fait. Elle allait se donner en spectacle devant cette bande de dégénérés, démolir une serveuse et risquer de prendre un mauvais coup au passage.
« - Et bien, vu que vous êtes d’accord, commencez donc par me servir une bière. »
En d’autres circonstances, elle aurait apprécier Trixie. Elle avait un sale caractère mais était entière et ressemblait beaucoup à pas mal de soldats qu’elle avait pu côtoyer. En fait, elle n’était pas forcement très différente à une époque, avant de devenir ce monument de douceur et de délicatesse qu’elle était devenue aujourd’hui.
« - Pas de personnel ? demanda Nadja d’une voix faussement outrée. J’espère qu’il y a au moins un jacuzzi. Ou ce truc que tu m’a fait essayer l’autre fois… un spa, c’est ça ? »
Elle devrait se contenter visiblement d’une salle de bain privative, ce qui n’était déjà pas si mal. L’ex-marine suivit son mari dans les étages et entra dans ce qui serait leur domaine dans les jours à venir. Elle avait clairement connu pire et ça remarque la fit rire.
« - Ca ira très bien. Mes goûts du luxe s’accommoderont de cette baisse flagrante de qualité pour un temps. Mais je doute de mettre une bonne note à l’établissement. »
Elle se rapprocha de lui et lu prit les mains doucement.
« - Ca va toi ? Je t’ai trouvé particulièrement… agressif en bas. »
Les dernières remarques de Nadja poussèrent Trixie à retourner dans la salle s'occuper des clients, ce qui tira un sourire à Zander.
*****
Lorsque Nadja lui prit les mains, il l'attira contre lui avant de regarder au loin. Il était tendu à bloc et tenait difficilement en place.
« C'est cet endroit… Il me tape sur les nerfs et réveille plein de souvenirs et de choses désagréables. Je ne pensais pas que ce serait aussi difficile ou que cela ferait remonter cette partie de moi-même que je croyais avoir enterrée. Je n'aurais jamais dû accepter ce contrat… »soupira-t-il.
Autant Harlan avait été une planète honnie sur laquelle il n'avait pas voulu remettre les pieds, autant il n'avait pas ce genre de problème avec celle-ci, même s'il préférait l'éviter pour des raisons évidentes. Il ne pensait tout simplement pas y revenir, car il n'avait rien à y faire et ne faisait pas d'affaires avec ce secteur. Ce n'était pas, enfin plus, son style de clientèle.
« Tu m'as trouvé agressif ? Parce que pour les standards locaux, j'étais au contraire gentil. Trop. Et surtout, ce n'est pas l'image qu'ils ont de moi. J'étais une véritable enflure avec la réputation du type à qui on ne cherche pas d'ennui à moins de vouloir la bagarre, même si j'étais celui qui les déclenchais la plupart du temps. À l'époque, je serai allé mettre mon poing dans la figure dans le premier qui me regardait de travers. Et j'ai l'impression que ce côté sombre essaie de ressortir. Et le fait que Trixie te cherche des noises n'aide pas du tout. »
Il ne l'avait pas, et ne pouvait pas, le montrer. C'était le genre de faiblesse que quelqu'un d'autre pourrait utiliser ici. Mais il ne pouvait pas duper Trixie.
« Il va falloir qu'on ressorte chercher nos affaires sur Stella. Je préfère ne pas utiliser la téléportation, sauf en cas d'absolue nécessité. Ce n'est pas le genre de technologie qu'on voit par ici et cela pourrait attirer les convoitises. Et il faut que je me défoule un peu… »
Il avait besoin de bouger avant de se mettre à taper sur quelque chose… ou quelqu'un.
*****
Un peu plus tard, il descendait chercher deux bières quand il tomba sur Trixie sur le palier du deuxième étage. Cette dernière le poussa dans le couloir de service, lui bloquant le passage.
« - Tiens, tiens. Ne serait-ce pas mon playboy favori ? Ton garde du corps te laisse te balader tout seul ? Ou tu l'as épuisée ? -Lâche-moi, Trix. - Et pourquoi ferais-je ça ? Ce ne serait vraiment pas marrant. - Parce que je te le demande ? - Tss, tss, ça ne marche pas comme ça, tu le sais. Si tu veux que je te fiche la paix, va falloir le mériter. - Je ne me battrais pas contre toi. - Parce que tu crois que je vais te laisser le choix peut-être ? »
Cette fois il ne la laissa pas s'approcher et la repoussa violemment, bien plus qu'il ne l'aurait voulu.
« - Ahhh, voilà qui est mieux. Tu sors enfin tes griffes. J'ai vraiment cru que tu t'étais ramolli. sourit-elle. - Laisse-moi tranquille. - Oh non, je commence tout juste à m'amuser. Si tu veux que je parte, tu vas devoir me faire partir. - Je n'entrerai pas dans ton jeu, Trix. Il en est hors de question. Je ne suis plus comme ça. Et ça te ferait trop plaisir. - Effectivement, j'adore quand tu deviens comme ça. Et c'est une partie de toi-même, que tu le veuilles ou non. Il faut juste que tu la laisses s'exprimer, surtout si tu veux survivre ici. L'espèce de limace que t'es devenu n'a aucune chance. Tu vas te faire bouffer tout cru dehors et tu le sais. À moins que tu comptes la laisser te protéger ? Tu es devenu trouillard à ce point ? Je peux t'offrir bien mieux, minauda-t-elle - Laisse-la en dehors de ça. Et non, il ne se passera rien en nous, ni maintenant ni jamais. Quoiqu'il y ait eu entre nous par le passé, c'est terminé. Il n'y ai d'ailleurs jamais rien eu de séreux et tu le sais. cracha-t-il. - Arrête de te mentir à toi-même, tu adorais ça. Et je sais qu'au fond de toi, tu en meurs d'envie, rétorqua-t-elle. - Ça suffit. Fiche-moi la paix et dégage ! siffla-t-il. »
Sa remarque avait fait mouche et le fit serrer le poing. Il était en train de perdre le contrôle de la situation. La barmaid le provoquait volontairement pour le faire sortir de ses gonds et savait exactement comment s'y prendre. Il sentait qu'elle n'était pas loin d'y arriver, comme d'habitude. Il ne devait pas s'énerver, sinon cela reviendrait à lui donner satisfaction. Le pilote cherchait une échappatoire, mais il n'y en avait pas. Elle En son for intérieur, il réalisa qu'il allait devoir passer en force, même si c'était la dernière chose qu'il voulait.
Lorsqu'elle s’avança à nouveau vers lui et leva la main pour le toucher, il lui saisit le poignet et lui imprima une violente torsion qui la mit à genou, à sa grande surprise, avant qu'elle ne se mette à sourire.
« - Pour la dernière fois, laisse-moi tranquille. - Je vois que tu as appris deux ou trois petites choses intéressantes. - Si je le voulais, je pourrais te briser le poignet, mais je ne veux pas te faire mal. - Quel seigneur tu fais… - Alors maintenant, laisse-moi passer et restons-en là… Et ne t'approche plus de moi. fit-il en la lâchant avant d'essayer de passer. - Je n'ai pas envie. Et puis sinon quoi ? Tu enverras ton garde du corps s'occuper de moi ? Tu n'es donc plus capable de régler tes propres problèmes tout seul comme un grand ? fit-elle en essayant de l'attraper. »
Mû par des réflexes acquis à l'entraînement, il l'envoya valser à l'aide d'une projection. Trixie atterrit lourdement sur le sol avant de le regarder, éberluée et un peu sonnée. Elle ne s'attendait pas du tout à ça.
Cette fois, l'Hébridien détala dans les escaliers sans demander son reste avant de sortir du Lux et sans prêter attention à ce qui se passait autour de lui. Il était profondément secoué et perturbé par ce qu'il venait de se passer et d'avoir réagi de la sorte. Oui, il voulait mettre les points sur les i, mais certainement pas de cette manière...
Dernière édition par Zander Hayes le Mar 7 Mai 2019 - 23:13, édité 1 fois
Zander avait commis une erreur de débutant et s'était fait avoir comme un bleu en oubliant la première règle fondamentale de Lamine : toujours rester vigilant et surveiller son environnement pour éviter de se faire surprendre par une mauvais coup, ou quoi que ce soit d'autre.
Il avait été intercepté par trois petites frappes probablement aux ordres d'un caïd du coin. Il ne les avaient pas vu venir, trop déboussolé et perdu dans ses pensées pour prendre la précaution la plus élémentaire pour sa survie. L'un des trois l'avait bousculé, pendant qu'un second l'attirait dans la ruelle et que le troisième lui assénait un coup de poing dans les côtes suivant d'un second en pleine figure qui le mit à genoux. Il réalisa que le poing en question était beaucoup plus dur qu'il ne l'aurait dû, probablement en raison du poing américain qui l'ornait, quand il y regarda de plus près. Il sentait un liquide chaud et épais lui couler dans l’œil.
*Merveilleux... *
Trixie avait raison lorsqu'elle disait qu'il s'était trop ramolli pour son propre bien, ce qui l'agaçait prodigieusement. Il s'était habitué à travailler en équipe et à se reposer sur les autres, et non plus uniquement sur lui-même et son instinct. Sur une planète comme celle-ci, ce type d'habitude était mortel. Pour survivre, il ne fallait compter que sur soi. Il ne pouvait pas se fier uniquement à Nadja pour le protéger à chaque seconde. Il fallait aussi qu'il se débrouille tout seul. Mais il ne voulait pas non plus redevenir celui qu'il était à l'époque et il se sentait tirailler entre les deux. Et si sa marine d'épouse avait été là, elle lui aurait probablement passer un savon pour avoir été aussi inattentif.
« Les rumeurs étaient donc vraies. Le Playboy est de retour. »fit le type à la tête de fouine qui devait être le chef du petite groupe.
Quelque chose en lui céda et il ricana méchamment en se relevant péniblement. Ces trois andouilles tombaient à pic.
« - Sérieux les gars, vous avez franchement très mal choisi votre moment. Je suis vraiment de très mauvais poil et j'ai très très envie de taper sur quelque chose, ou quelqu'un. - Quoi ? Ta copine t'a envoyé promener et t'es frustré ? - Qu'est-ce que tu veux, l'affreux ? - Te faire passer un message de la part du boss qui aimerait savoir ce que tu fous ici et que tu lui rembourses ce que tu lui dois. - Des dettes ? Non, je crois pas, je n'en ai jamais eu auprès de quiconque. Et quand bien même, il peut se les enfoncer bien profond. Je peux l'aider s'il veut. Quand à ce que je fais ici, cela ne regarde que moi et personne d'autre, rétorqua-t-il, sur un ton provocateur. - Toujours aussi grande gueule. Il va falloir qu'on te donne une leçon pour te rappeler les règles du jeu. - Alors arrête de bavasser et amène-toi qu'on en finisse. »
Il se mit en position et attendit. Cette fois, il décida de les laisser venir et de laisser faire son instinct et ses réflexes plutôt que que de prendre l'initiative et d'essayer d'anticiper. Et il avait l'intention de faire mal. Contrairement à il y a dix ans, il pouvait riposter et infliger des dégâts. Il le devait pour adresser le message clair au reste des criminels du coin qu'il était de retour et qu'il ne se laisserait pas marcher sur les pieds sans réagir.
Un sourire vicieux s'étira sur son visage lorsque le premier s'approcha de lui. Au moment où il lui envoyait son poing en pleine figure, il se décala pour éviter la frappe et lui saisit le bras en appliquant une clé. Contrairement à celle faite à Trixie, il ne s'arrêta pas et aller jusqu'au bout du mouvement, brisant net le bras de son attaquant qui couina avant d'aller s'écraser au sol.
« - Il m'a cassé le bras ! - Ouais. Et estime-toi heureux, je pourrais faire bien pire comme te briser la nuque ou te coller une balle entre les deux yeux. - Espèce d'enflure ! - En effet. À qui le tour ? fit-il avec un sourire mauvais en regardant le copain du premier type. »
Encore une fois, il ne bougea pas et attendit que l'autre vienne à lui. Celui-ci ne fonça pas tête baissée. Ils échangèrent quelques coups qu'il bloqua facilement avant de franchir sa garde et de lui saisir un bras. Il pivota et le projeta par-dessus son épaule, l'envoyant au sol.
Mais il n'avait pas compté sur le dernier larron. Il n'était pas encore familier des combats contre plusieurs adversaires en même temps ou avec des armes. Il lui faudrait y remédier un de ces jours. Celui-ci profita du fait qu'il s'était découvert pour le frapper dans ses côtes déjà fragilisées par deux autres coups. Il sentit une violente douleur qui lui coupa le souffle. Il réagit par réflexe en envoyant son coude dans le visage de son adversaire et le sentit s'enfoncer dans son nez. L'autre recula, en sang, lui laissant la place de pivoter sur son genou. Il en profita pour le frapper au diaphragme avant de se relever. Il le saisit à la gorge et recula jusqu'à le plaquer violemment au mur derrière lui.
« Moi aussi, j'ai un message pour ton boss. »
Il vit du coin de l’œil l'autre se remettre debout pour revenir à la charge. Il dégaina son arme et tira sans hésitation, l'envoyant au pays des rêves. Même de la main gauche, impossible de rater sa cible de si près. Il bascula le réglage de son arme sur mortel, sous le regard effaré de son prisonnier avant de lui appliquer sur la tempe.
« Oui, je suis de retour en ville et personne n'a intérêt à me chercher des noises pendant que je vaque à mes occupations. Je suis chasseur de primes et je n'ai de compte à rendre à personne, à part à la Régulation. La prochaine fois, je serai beaucoup moins clément et c'est dans un sac que je renverrai ses larbins à son patron. Ou en morceaux. Compris ? Alors, récupère tes potes et tirez-vous de là avant que je change d'avis. »
Il les regarda détaler comme des lapins. Il y a dix ans, ils lui auraient infligé une bonne correction, à n'en point douter. Il aurait voulu s'adosser au mur quelques secondes, voir s'asseoir, mais il en était hors de question. Il ne faisait pas l'ombre d'un doute que le moindre de ses faits et gestes étaient observés avec attention. S'il voulait que son message passe, il allait devoir continuer son chemin la tête haute, comme si de rien n'était.
Il était vraiment perturbé et terrifié par la facilité avec laquelle il s'était à nouveau glissé dans ce rôle et se détestait pour ce qu'il venait de faire, même s'il avait conscience que c'était un mal nécessaire. Il n'y avait qu'avec une démonstration de ce genre qu'il pouvait affirmer son retour aux autres et indiquer qu'il ne faisait pas bon de vouloir lui marcher sur les pieds.
Il se demandait encore comment il allait pouvoir expliquer ça à Nadja. Ce n'était pas un aspect reluisant de sa personnalité et il préférait autant qu'elle ne le voit pas. Encore fallait-il qu'il arrive à se comporter plus ou moins comme d'habitude, ce dont il n'était pas convaincu. Il allait lui être difficile de remettre tout ça dans sa boîte pour l'y renfermer tant qu'il serait ici. S'il passait sur Stella, il pourrait soigner son entaille puis toujours dire que sa côte résultait du coup envoyé par Trixie lorsqu'ils étaient arrivés au Lux...
[HRP : C'était tellement long que j'ai préféré faire un deuxième post plutôt qu'éditer le précédent.]
Zander était secoué, plus qu’il ne voulait bien l’admettre. Elle els erra contre elle un moment avant de lui faire un petit sourire.
« - Relax, c’est sexy les badboys. Et tu sais bien que tu devais l’accepter ce contrat. C’était la bonne chose à faire. On la récupère et on s’en va. C’est tout. »
Oui elle l’avait trouvé bien plus agressif que d’habitude. Et ça l’inquiétait bien plus qu’elle ne voulait l’avouer. Elle l’avait déjà vu ainsi et ça n’était jamais un bon signe.
« - Ce n’est pas de Trixie que je m’inquiète mais pour toi. Je n’ai pas envie que tu te retrouve à enchaîner les bagarres juste pour prouver que tu es toujours toi-même à ces bas du front. Au pire laisse moi faire. Après un ou deux exemples, on devrait nous fiche la paix. »
Et il valait mieux que ca soit sa virilité qui en prenne un coup, plutôt que sa tête.
Elle faillit lui proposer de l’accompagner quand il descendit chercher du ravitaillement mais compris qu’il avait besoin d’espace. Il ne lui fallut pas très longtemps à Nadja tourner en rond. La chambre était petite, la vue limité et l’écran de TV ne diffusait rien d’intéressant. Elle finit par redescendre dans la grande salle pour voir ce que pouvait leur offrir ce fameux open bar.
Comme précédemment, son arrivée fut accompagnée de regard assez insistant dont elle se moquait éperdument. Elle se fit servir une bière, manqua encastrer dans le bar un type qui louchait d’un peu trop près dans son décolleté et alla s’installer à une table, dos au mur. Zander n’était nulle part en vue et elle se demanda si il n’était pas parti sur Stella pour récupérer ses affaires.
Sans lui dire ? Peu probable. Au moins n’était_il pas avec la serveuse désagréable vu que celle ci était en vue. Elle nota que sa future adversaire boitillait très légèrement alors que ça n’était pas le cas précédemment. Était-elle tombé sur Zander ou un autre prétendant entre temps ? En tout cas, elle l’évitait totalement à présent, ce qui lui convenait parfaitement.
Inquiète, elle sortit sans même finir son verre et remarqua immédiatement un petit attroupement devant une ruelle. Elle fut à l’entrée en quelques enjambées et croisa trois homme patibulaire qui avait du connaître des jours meilleurs. Elle avait eut le temps d’entendre les derniers mot prononcé par Zander et serra les dents. Non décidément, ca ne lui plaisait pas de le voir ainsi.
« - Tout va bien ? demanda-t-elle en vérifiant que personne n’avait envie de jouer au justicier.
Évidemment Nadja arriva sur ces entrefaites. Il avait été absent plus que ne le justifiait sa raison pour sortir de la chambre, à savoir chercher des bières. Il était douloureusement conscient des spectateurs dont aucun ne bronchait ou ne manifestait l'envie d'en découdre avec lui. Mal lui en aurait pris, car Nadja n'aurait pas laissé faire sans réagir.
« Je ne peux pas te laisser faire, Nadja. Il faut qu'ils sachent que je suis toujours capable de me défendre et de me protéger. C'est important ici. Je ne peux pas me permettre d'avoir l'air faible et de me réfugier derrière toi à chaque embrouille. C'est le meilleur moyen pour qu'on me saute dessus dès que je serait seul. Et ne t'inquiète pas, je ne vais pas chercher la bagarre à tous les coins de rue, cette fois. La situation n'est pas la même qu'il y a dix ans et j'ai changé, beaucoup. Puis tu t'es assurée que je sache me battre et riposter. » lui avait répondu Zander avec un sourire un peu tendu lorsqu'elle avait dit s'inquiéter pour lui.
Si l'un des spectateurs bronchait, il la laisserait s'en charger, estimant qu'il avait prouvé qu'il avait toujours son mordant et son répondant. Mais la petite foule se dispersa assez vite maintenant que le spectacle était terminé Et la carrure de Nadja ne devait pas non plus être étrangère à leur réaction.
« Très bien. Si on retournait au vaisseau chercher ce dont on a besoin ? »répondit-il un peu sèchement, son ton indiquant clairement qu'il ne lui laissait pas vraiment le choix.
Il s'était bel et bien glissé dans la peau de son ancien personnage, à sa grande horreur, et son attitude avait complètement changé. Mais contrairement à d'habitude, il était parfaitement maître de lui-même. Visage fermé, il sortit de la ruelle avec une démarche raide et se retint de grimacer à cause de ses côtes endolories et l'entaille qui pulsait et saignait toujours, mais beaucoup moins, au dessus de l'arcade sourcilière. Il avançait d'un pas sûr et tous ceux qui se trouvaient sur son chemin s'écartaient précipitamment. Quand il il croisait de quelqu'un, celui-ci détournait rapidement les yeux, incapable de soutenir son regard implacable et glacial. Il ne décrocha pas un mot de tout le trajet.
Une fois à bord, il se laissa tomber plus qu'il ne s'assit sur l'un des sièges le long de la paroi, laissant apparaîtra pour la première fois sa douleur avec une grimace avant d'expirer lentement.
« - Tu as deux côtes fêlées. annonça Stella qui était restée coite jusqu'à présent. - Quelle bonne nouvelle, je n'avais pas deviné... rétorqua-t-il. - Je te conseillerai d'éviter de te retrouver mêler à d'autres bagarres comme celle-là pendant quelques jours, continua l'IA, imperturbable. - Tu en as d'autres des conseils du genre ? Ce n'est pas comme si je faisais exprès de me battre, cette fois. C'est eux qui sont venus me chercher. - Oui un autre. Tu devrais t'occuper de soigner ton entaille. Tu es en train de mettre du sang partout. Tu comptes nettoyer avant de partir ? - Même pas en rêve. »
Cette fois le vaisseau ne répondit pas, estimant que ce n'était pas nécessaire d'insister pour le moment. Il avait espéré que marcher lui viderait la tête et permettrait de retrouver son calme et redevenir lui-même, mais c'était plutôt le contraire qui s'était passé. Chaque pas avait un peu plus ancré cette personnalité qu'il exécrait. Il allait lui falloir quitter cette planète pour s'en débarrasser et ce qui allait se passer pour la suite du séjour l'inquiétait énormément, notamment lorsqu'il se retrouverait à nouveau face à Trixie et que celle-ci le provoquerait encore une fois, parce qu'il savait qu'elle n'arrêterait pas. Elle aimait trop ce genre de jeu...
« - Il faut aussi qu’ils sachent que tu te bas aussi avec ta cervelle, asséna Nadja exaspérée. Et en équipe. »
Elle n’eut pas à dire quoi que ce soit pour que la foule se disperse et le suivit en ruminant vers Stella. Elle le regarda boitiller mais se garda bien de le soutenir. Apparemment son égo avait pris le relais sur à peu prés tous le reste.
Une fois à bord, elle laissa le scanner de l’infirmerie confirmer les dégâts et passa dans le salon pour réunir les deux fusils qu’ils avaient préparé précédemment, plusieurs chargeurs, un kit de premier secours et un sac de quantité respectable avait plusieurs rations de survie.
« - Stella, ceci constituera le paquet numéro un, que je pourrais te demander de téléporter à un moment ou un autre. Si je venais à te demander le numéro deux, je parlerai d’Emy. »
Et ça voudrait dire qu’elle serait prête à raser la moitié de la ville. Mme si elle n’avait que peu de sympathie pour les locaux, elle n’avait aucune intention de commettre un massacre pour retrouver une gosse de riche en fugue.
Mais bon, si elle avait survécu à prés de vingts années de guerres, c’était bien en étant prête à tout.
Elle se constitua un petit sac de vêtements et le déposa dans le salon.
« - Tu es prêt ? »
Vu qu’il voulait jouer au gros dur avec ces blessures, autant lui rendre la politesse et faire de même.
Zander se dirigea vers le coin infirmerie et récupéra le régénérateur dermique puis s'occupa de l'entaille qui ne fut bientôt plus qu'un mauvais souvenir. Pour les côtes, il ne pouvait pas grand-chose. Il n'avait pas encore réussi à se procurer de quoi soigner ce genre de blessures sur Hébrida. Il se contenta donc de prendre un antidouleur et d'appliquer un pack de froid.
Il s'occupa ensuite de jeter quelques vêtements et autres objets de première nécessité dans son sac. Il se rendit ensuite sur la passerelle où il récupéra quelques chargeurs supplémentaires pour son arme de poing, aussi bien des munitions mortelles que non mortelles. Il rajouta son kit médical plus un pack de froid puis fixa un couteau à sa ceinture avant de redescendre dans la cale où il entendit Nadja donner des instructions à Stella.
Il grimaça à sa question. Il aurait préféré rester à bord où il se sentait en sécurité jusqu'à recevoir les informations qu'Az récolterait, mais cela ne fonctionnait pas ainsi.
« Oui, on peut y retourner. Et il va falloir acheter de quoi manger aussi en passant. Je ne pense pas que nous aurons des informations ce soir, malheureusement. » répondit-il.
Sur le chemin du retour, il se détendit légèrement, mais restait toujours extrêmement vigilant et sur ses gardes, affichant toujours un visage fermé et peu aimable. Il savait qu'elle était derrière lui à veiller et maintenant qu'il avait fait ses preuves auprès des locaux, il pouvait se reposer un peu sur elle pour sa sécurité. Il ne devait cependant pas complètement se relâcher et se fier uniquement à elle.
Il emprunta un chemin un peu différent qui les mena dans une artère pleine d'étals qui ne payaient pas de mine et qui présentaient des nourritures variées, plus ou moins attirantes. Il s'arrêta et se retourna :
« Tu me fais confiance pour choisir ? Si tu vois quelque chose qui t'intéresse, demande-moi avant. »
Il valait mieux éviter certaines choses et certains stands pour ne pas être malade... Sur un premier stand, il acheta ce qui ressemblait à des petits pains, sur un autre des grands bols de soupes semblables à des ramens terriens avec des pâtes, des boulettes de viande et quelques légumes, accompagné avec des rouleaux frits à côté. Le tout venait avec différentes sauces dans des petites boites. Trouver un dessert s'avéra plus compliqué et il opta pour des gâteaux ronds fourrées d'une pâte à base de fruits locaux.
Comme il n'avait pas du tout envie de recroiser Trixie, il les fit rentrer au Lux non pas par la porte principale, mais en contournant le bâtiment pour rejoindre la cour arrière et l'escalier de secours, qu'ils grimpèrent jusqu'à leur étage avant de réintégrer leur chambre.
« - J’aurai pensé que ton barman nous nourrirai. Mais bon je suppose qu’il vaut mieux éviter de manger quelque chose qui n’aura pas été préparé un minimum devant nous. »
Trixie serait-elle capable de les empoisonner ? Sans doute pas. Enfin peut être… Nadja n’avait pas foncièrement envie de tester ces chances.
Elle le suivit jusqu’à un marché, notant qu’il avait pris sa tête des mauvais jours. Décidément, il faisait bon vivre ici. Il y avait de tout ici. A manger, à boire, a sniffer… entre autre.
« - Je t’en pris, ne te gène surtout pas pour choisir à ma place. »
Pendant qu’il essayait de trouver quelque chose de comestible, elle laissa errer son regard sur les différends étals. Soudain sa respiration se bloqua et sa main chercha machinalement la crosse de son arme avant de la relâcher en soufflant doucement.
« - Je t’expliquerai plus tard, siffla-t-elle entre ses dents en guise d’explication. »
Finalement, ils revinrent dans leur chambre, en passant par un chemin détourné qui lui convenait parfaitement. Sa réserve de patiente et d’humanité venait de s’épuiser subitement.
« - Tu ne m’avais pas dit que cette planète faisait aussi dans l’esclavage ! J’ai reconnu un emblème tout a l’heure. Un poignard planté dans un crane. Un clan de fumier que j’ai déjà croisé. »
Elle avait fait plus que les croiser en fait mais il n’avait peut être pas envie de savoir.
La remarque de Nadja sur Az et les repas lui avait tiré un très discret sourire avant de descendre de Stella.
« Az tient un bar, pas une cantine, puis il ne fait rien gratuitement. Et tu as raison. Honnêtement, je préfère choisir moi-même ce que je mange, car il serait capable de se contenter de nous fournir le strict minimum de ce qui est considéré comme mangeable ici. » avait-il répondu.
Alors qu'il choisissait leur repas, il la vit se raidir et porter la main à son arme. Instinctivement, il chercha autour de lui des signes de danger, mais ne vit rien. Il se contenta de hocher la tête quand elle lui dit qu'elle lui expliquerait et poursuivit ses emplettes.
Il déposa le repas sur la table tout en l'écoutant et leva la tête, surpris. C'était la première fois qu'il entendait parler de ça ici.
« Des esclavagistes ? Je ne peux pas te parler de ce que j'ignore. Il n'y en avait pas il y a dix ans. Enfin pas que je sache. J'ai peut-être entendu une rumeur ou deux, mais cela ne concernait jamais cette planète. Et je n'ai jamais vu cet emblème non plus. Ce groupe n'existait pas lorsque j'étais ici. Ils sont actifs à ton époque ? Tu connais un peu leur histoire ? »
Il fouilla le petit coin cuisine à la recherche de vaisselle et réussit à dénicher des couverts, des assiettes et des bols fatigués, mais propres et toujours fonctionnels. Il se servit un verre d'eau et l'analysa par mesure de précaution.
« Au moins, ils ont fait des progrès sur l'eau. Il y a dix ans, elle était à peine potable et tu avais une chance sur deux de tomber malade en la buvant. »fit-il avant de boire une gorgée.
Il revint et s'assit à la table et ne put retenir une grimace de douleur. Il allait déguster dans les jours à venir et cela risquait de s'avérer problématique passé un certain point. Peut-être qu'il trouverait un régénérateur osseux au bazar pour soigner ses côtes.
« - Jheosmin n'est peut-être pas très reluisante, mais la traite des humains était l'une des rares choses, avec les meurtres, qui n'étaient pas bien vu des autorités et de la population. Il y avait des trafics en tout genre, mais pas d'esclaves. Du moins à mon époque. Az pourra certainement nous renseigner là-dessus si ce n'est plus le cas. Mais si tu as raison, il y a de quoi s'inquiéter pour celle que nous recherchons… Elle ferait une prise de choix et de très grande valeur, sans compter la possibilité d'extorsion envers son père. Stella ? - Oui ? - Tu au réussis à te... connecter au réseau de Kilnaphus ? Tu peux faire des recherches approfondis sur le petit ami de Clary, la fille de Nyx ? C'était quoi son nom déjà ? Jared Fox ? Et vois si tu trouves quoi que ce soit sur des esclavagistes ou un groupe avec l'emblème mentionné par Nadja dans le secteur. - Je m'y mets, mais ça risque de prendre du temps. Leur réseau est primitif et chaotique. - On a toute la nuit. Je fais confiance à Az pour nous dégoter les informations dont on a besoin pour trouver la fille sur la planète, mais ça ne fait pas de mal de nous informer aussi de notre côté. » fit-il à Nadja, tout en regardant les plats devant lui, pas sûr d'avoir envie de manger au final.
Le patron n'en attendait probablement pas moins de lui. Le pilote n'avait jamais été du genre à attendre que tout lui tombe tout cuit dans la bouche lors des contrats. Puis Nyx avait été avare en détail sur le soi-disant petit-ami de sa fille, alors peut-être serait-il bon de s'y intéresser de plus près pour en apprendre plus sur qui il était et par extension, à qui ils avaient vraiment affaire. S'il avait fait une enquête approfondie sur le garçon, il avait omis de la lui communiquer.
Ainsi c’était un phénomène récent. Pourquoi pas après tout ? Il était envisageable qu’a cette époque le clan du Jolly Roger n’en soit qu’a ses début. Peut etre avait-ils une chance de le détruire dans l’œuf avant qu’il ne soit une véritable nuisance.
« - Je ne connais que leur histoire récente… enfin récente pour moi. Ils écumaient les colonies isolées et sans défenses pour y récupérer leur… marchandise et la revendre au plus offrant. Si la plupart de leur vaisseau pouvaient passer pour de simples marchands, d’autres étaient bien armés et capable de faire beaucoup de dégâts. Les jafas que nous affrontions se battaient pour une croyance, un honneur, aussi tordu soit-il. Ces pirates ne cherchent que le profit facile, au mépris de leur propre race. Ce n’est pas un hasard si la première fois que j’ai tué, c’était l’un d’eux. Et j’ai été félicité pour ça.»
On pouvait se demander si congratuler une gamines de dix sept ans qui venait d’éviscérer quelqu’un était une éducation acceptable. Mais c’était sans doute ces deux derniers deux années qui l’avait un peu trop adoucie.
Elle écouta Zander donner des instructions de recherche à Stella et s’amusa d’entendre l’avis de l’IA sur le réseau local. Primitif était un qualificatif qui revenait aussi souvent dans sa bouche. Elle mangea sans grand appétit et conseilla à son mari de faire de même. Qu’ils aient faim ou nom, il leur fallait se nourrir en prévision du lendemain.
Zander hocha la tête à son explication. Ils allaient vraiment devoir vérifier auprès d'Az ce qu'il en était.
« Se faire féliciter pour avoir tué quelqu'un… J'imagine que c'est quelque chose de propre à l'armée. Remarque si c'était la première fois, cela leur montrait que tu en étais capable. Tout le monde n'y arrive pas. Toujours est-il que cela ne me dit rien qui vaille... »
Il préférait éviter de creuser le sujet. La force de sécurité d'Hébrida était entraînée à tuer, mais il doutait que quiconque ait réellement eu à la faire depuis très longtemps. Cela lui était déjà arrivé à quelques occasions pour se défendre, mais là encore, il ne voulait pas trop y penser.
Il mangea un peu, parce qu'il le fallait bien et qu'il aurait besoin de toutes ses forces dès qu'ils auraient les informations. Se connaissant, il aurait probablement faim plus tard, genre en plein milieu de la nuit. C'était aussi quelque chose dont il avait l'habitude et qui arrivait régulièrement en période de stress intense. Et quelque chose lui disait que le reste de cette mission ne serait pas une promenade de santé.
Il lui souleva les cheveux et appliqua quelque chose derrière son oreille. C'était quelque chose qu'il aurait dû faire beaucoup plus tôt, mais cette mission nécessitait de recourir à des mesures supplémentaires pour leur propre sécurité et efficacité.
« Et voilà. C'est une puce temporaire. Technologie hébridienne. À moins de le chercher, c'est indétectable. Tu la touches une fois pour l'activer, deux fois pour la désactiver. Elle te permettra de communiquer directement avec Stella et moi sans passer par un communicateur. Stella pourra aussi te localiser en permanence, te suivre et t'assister en cas de besoin. Un de ces jours, il faudra peut-être songer à te faire poser un implant permanent. » fit-il doucement en volant un baiser.
Mais il fut interrompu par un claquement qui le fit se retourner et dégainer. Il visa la porte dans l'attente de quelque chose. Il ne s'agissait de rien d'autre d'une porte claquée sans aucune délicatesse, mais avec ses nerfs à fleur de peau, le moindre bruit lui semblait suspect et le faisait réagir au quart de tour.
« Nadja ? Tu m'entends ? fit Stella. Il n'y a aucun danger dans ou autour du bâtiment. Il n'y a que vous à cet étage pour l'instant et la majeure partie des clients se trouvent dans le bar. Mais je doute que Zander m'écoute. Il m'ignore ostensiblement depuis que vous êtes sur la planète. Je m'inquiète vraiment pour lui. Sa tension et son pouls sont bien plus élevés que d'habitude, et ce quasiment en permanence, depuis qu'il a mis les pieds dans le bar. »
Zander eut la délicatesse de ne pas lui poser de question et elle lui en fut gré. Ca n’était pas un souvenir sur lequel elle voulait s’étendre.
Ils terminaient le repas quand il se souvint de quelque chose, fouilla dans son sac et passa derrière elle en lui soulevant les cheveux. Elle cru un instant qu’il allait lui passer un collier (ce qu’elle n’aurait pas détesté mais qui semblait totalement hors de propos) mais il se contenta de lui appuyer derrière l’oreille avant de lui donner quelques mots d’explications. « - Ton romantisme te tuera, s’amusa-t-elle. Mais merci. Une bonne communication, c’est important. Et je n’ai rien contre un implant de plus. »
Elle sursauta en le voyant se retourner, arme en main quand un volet claqua. Lentement, elle se leva et lui pris l’arme des mains en remettant en place la sûreté.
« - Tu vas te tenir loin de toute arme jusqu’à demain matin, d’accord ? Personne n’est la pour nous voir, alors laisse moi m’occuper de ça. »
Elle parlait doucement mais son ton montrais bien qu’elle ne lui laisserait pas le choix. Sinon il était bien du genre à dormir avec son flingue sous l’oreiller et lui envoyer une balle dans la tête pendant son sommeil. Elle ne fut guère surprise par les paroles de Stella, s’étant déjà rendu compte de l’essentiel.
« - Je vois bien que cette planète te tape sur le système. Il faut que tu gardes la tête froide. Nous avons une fille a retrouver. Concentre toi la dessus ! »
Zander fit son premier sourire franc de la journée.
« Oh je suis sûr que je pourrais organiser une soirée romantique si tu considères les bagarres de bar et l'alcool bas de gamme comme acceptable. Je dois même pouvoir trouver un endroit avec la musique potable permettant éventuellement de danser, mais des trucs du genre très, très sensuel. »dit-il sérieusement.
Une seconde il lui parlait, la suivante, il se retrouvait avec son arme braquée sur la porte, prêt à tirer sur celui qui essaierait de l'ouvrir. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre contact avec la réalité et entendre les paroles de Nadja. Il ferma les yeux et expira lentement avant d'ouvrir sa main crispée sur la crosse et de la laisser la lui prendre. Il ne lui répondit pas tout de suite, se contentant d'inspirer et d'expirer lentement pour reprendre le contrôle et se détendre un peu. Il ne pouvait pas réagir comme ça au moindre bruit. Il rouvrit les yeux doucement.
« Tu as raison, c'est plus sage. Je serai fichu de commettre une énorme bourde en tirant sans même m'en rendre compte. Si tu savais comme j'ai envie de taper sur quelque chose, là tout de suite… Pas de me faire taper, hein, juste pour me défouler. »
Mais ses côtes fêlées l'en empêchaient. Et il était bien trop agité pour espérer faire des katas pour l'instant.
« Je n'arrive pas à être simplement vigilant, si tu vois ce que je veux dire. Mon instinct me hurle de quitter cet endroit au plus vite et je suis en permanence sur le qui-vive. »
Il n'avait pas besoin de lui dire qu'il réagissait au quart de tour au moindre élément suspect, il venait de le lui montrer. Et cela le rendait dangereux.
« J'ai l'impression que tout le monde veut me faire la peau et du coup, je suis hypervigilant. Ça marchait il y a dix ans quand je répondais à la moindre provocation avec joie. Je n'avais rien à perdre et c'est ce que je voulais. Mais ce n'est plus le cas maintenant. J'ai changé. Je tiens notamment à ma peau et j'ai beaucoup à perdre désormais. »
Il lui sourit doucement avant d'aller s'asseoir sur le lit. Il savait pourtant pertinemment qu'il n'avait pas besoin de surveiller ses arrières. Elle était là pour ça et elle ne le laisserait pas tomber. Mais les vieilles habitudes avaient la vie dure et dans un endroit comme Lamine, mieux valait être deux fois plus prudent que d'habitude. Il se releva pour aller chercher le pack de froid, conscient que son incapacité à rester en place trahissait son anxiété et sa nervosité, mais cela ne s'évaporerait pas en quelques secondes.
« Je n'arrive pas à me concentrer juste sur notre affaire. Mon attention revient sans cesse se focaliser sur ce qui l'entoure à la recherche du moindre signe de danger. Peut-être que ça ira mieux demain. Si j'arrive à dormir, parce que ça non plus, ce n'est pas gagné. » soupira-t-il, agacé.
Il fallait d'abord qu'il se sente un minimum en sécurité pour ça et ce n'était pas le cas pour l'instant. Il se rassit sur le bord du lit face à la fenêtre, raide, se forçant à ne pas bouger. Il laissa son regard errer au loin, tout en appliquant le pack de froid sur la zone douloureuse. Il était frustré par son incapacité à garder la tête froide et à rester maître de lui-même comme elle, ce que requérait pourtant la situation. Mais il n'était pas militaire et il n'avait pas fait ce genre de choses pendant aussi longtemps qu'elle.
« - De l’alcool, de la musique et des danses lascives ? Qu’est ce qu’une fille peut rêver de mieux ? »
La conversation, tout en sous entendues, aurait pu réussir à le détendre un peu mais ce foutu volet en décida autrement.
« - Hum, c’est un peu tard pour une séance d’entraînement improvisée. Et je ne suis pas sure que le mobilier y survivrait. »
Mais vu comme il grimaçait à chaque mouvement, ça n’aurait de toute façon pas été possible.
Les symptômes qu’il lui décrivait, elle les connaissait bien. Elle le força à s’allonger et comme souvent lui malaxa les épaules doucement en prenant grand soin de ne pas toucher à ses cotes douloureuses.
« - Je t’ai déjà parlé du caporal Brin ? Sans doute pas. Excellent dossier, bon tireur… sur le papier, un futur marines sur lequel on pourrait compter. On a été déployé en maintien de paix sur une planète qui aurait pu ressembler à celle ci, sauf qu’elle avait été occupé pendant des années par des jaffas. Au fil des jours, il s’est enfoncé dans la paranoïa. Tous le monde voulait sa peau, ces patrouilles étaient émaillées d’incidents qu’il n’arrivaient pas à gérer… Au final, le jour ou il y a eu un véritable accrochage, il s’est effondré. Il ne pouvait plus bouger, encore moins tenir son arme. J’ai quasiment du le porter jusqu’à notre place forte. Une semaine plus tard, il quittait les marines.»
Elle s’interrompit un instant, pour se concentrer sur ce qu’elle faisait avant de reprendre.
« - Gérer le stress du danger, c’est pas facile. On a tous nos petit trucs. La violence, l’alcool, le cul… Avec le temps, on apprend à encaisser mieux, c’est vrai, mais jamais totalement. Mais y a un truc qui aide vraiment, c’est savoir sur qui on peut compter en cas de coup dur. Je me suis jamais autant senti en sécurité qu’avec mes compagnons d’armes. Faut juste que t’accepte de t’en remettre à eux, comme il s’en remette à toi. Et me dit pas : oui je sais, t’as raison, Nadja. Je sais que tu sais. Mais faut aussi l’accepter, l’intégrer, le digérer. Que ca devienne naturel. »
C’était rare qu’elle parle autant. Pourvu qu’il se soit pas endormi.
Zander hocha la tête quand elle parla de l'état dans lequel le mobilier pourrait finir s'ils entraînaient ici.
« Ne fournissons pas à Az une raison de nous refiler un contrat ou de nous extorquer une somme rondelette pour sa peine pour réparer les dégâts et en profiter pour refaire toute la chambre. »
Il se laissa faire quand elle le fit s'allonger et essaya de s'installer aussi confortablement que possible. Il était bien trop tendu pour s'endormir. Il secoua la tête négativement lorsqu'elle lui demanda si elle lui avait déjà parlé d'un certain Brin. Ce nom ne lui disait absolument rien. Il l'écouta attentivement ce qu'elle lui raconta. Il était toujours surpris par ses histoires, mais elle ne les racontait jamais par hasard. Il resta silencieux un long moment, réfléchissant à ses paroles. Il se détendit un peu sous l'effet conjugué du massage et du fait que son cerveau était occupé par autre chose. Il n'avait pas besoin de lui demander comment elle gérait ça et se doutait que c'était une mélange des trois. Il finit par se retourner.
« On en a déjà parlé, mais c'est quelque chose qui m'est très difficile. J'ai évolué en solo pendant très longtemps. Je n'ai jamais travaillé en équipe comme toi ou vraiment appris. Me reposer sur mes équipiers, ce n'est pas quelque chose de naturel et je ne sais pas faire. Pourtant, j'ai confiance dans les membres. Mais pas complètement. Il y a toujours une petite partie de moi qui reste méfiante et vigilante, de peur d'être poignardé dans le dos. Parce que cela m'est déjà arrivé. Littéralement. Après un truc comme ça, il est très difficile de faire à nouveau confiance aux gens et de leur confier ta vie. Ça s'améliore doucement, mais je ne suis pas certain que je serai un jour en mesure d'avoir une confiance totale et aveugle en mes coéquipiers. »
Que se passerait-il si un jour il se retrouvait emmêler dans une histoire sans rapport au cours d'une mission ? Se reposerait-il sur ses équipiers ou se la jouerait-il solo ? Il devait admettre qu'il n'en savait rien, mais il avait tendance à pencher pour la deuxième option. Du moins pour l'instant.
« Je n'ai jamais flanché en mission ou laisser tomber mes coéquipiers. Si tu me dis qu'il faut qu'on s'en aille, je t'obéirai sans discuter, parce que j'ai confiance en toi et que je t'ai vue à l'oeuvre. Je crois que c'est plutôt lié à cet endroit et à ce que j'y ai vécu. Il fait ressortir un aspect de moi que j'avais oublié. Mais c'est aussi une nécessité pour survivre ici. Tu ne seras pas forcément toujours à mes côtés, peu importe la raison. Il faut que je sache que je suis capable de me débrouiller tout seul et que je peux faire confiance à mon instinct. Pour le premier point, je n'ai pas vraiment de doute là-dessus avec ce que j'ai appris. Pour le deuxième, j'en suis un peu moins certain. Je ne suis même pas sûr de me faire confiance pour l'instant. Et comme tu dis, je dois garder la tête froide. Mais on sait tous les deux que ce n'est pas vraiment mon point fort… »
Il avait toujours cru que c'était le cas, mais son travail et les situations qu'il avait affrontées depuis qu'il était sur le JPS lui avait prouvé le contraire. Il avait tendance à paniquer et à craquer rapidement sous la pression ou lorsqu'il se trouvait pris dans une bataille rangée. Au fur et à mesure de la discussion, il devenait un peu plus serein. Il commençait à baisser un peu sa garde et à se sentir un peu plus en sécurité.
Zander écouta son histoire sans l’interrompre, ce dont elle lui fut gré. Parfois, elle se demandait si ces anecdotes ne devenaient pas lassante avec le temps. Ou s’il ne finissait pas par croire qu’elle les inventait pour l’occasion.
Elle aurait pu se vexer quand il expliqua qu’il ne faisait confiance totalement en ces coéquipiers, le prenant pour elle. Mais il parlait essentiellement de JP1, elle le savait bien. Il le lui confirma d’ailleurs rapidement et elle sourit discrètement, même s’il ne pouvait pas le voir.
« - C’est vrai ca n’est pas ton point fort. Mais ça ne veut pas dire que tu ne doit pas t’y entraîner. Comme tu le dis toi même, tu as l’entraînement pour voir venir et réagir à beaucoup de situations dangereuses. Ce qu’il te manque aujourd’hui, c’est l’expérience pour t’en servir. Ce qui revient grosso modo à désapprendre une grande partie de tes anciens réflexes de fuite ou de violence aveugle. Et je veux bien admettre que ça ne doit rien avoir de facile. »
Encore fallait-il qu’il en ait le temps. Vu comme cette planète faisait justement ressortir ces anciens comportement, il allait devoir faire la part des choses s’il voulait surmonter cette épreuve. Et elle ne pouvait pas faire grand-chose pour lui sinon l’accompagner… et l’assommer s’il perdait les pédales.
Zander grimaça et soupira en entendant le constat de Nadja. Elle avait parfaitement raison et il le savait. Mais la mise en pratique était beaucoup plus compliquée.
« C'est ça. La plupart du temps, je n'ai pas de problème, mais ici, c'est vraiment très particulier. Est-ce que ça vaut vraiment le coup de faire tous ses efforts pour chasser mes vieux réflexes ? Je veux dire, je ne vais pas travailler éternellement sur le JPS ou en équipe. Une fois que nous partirons, je ne compte pas forcément me retrouver dans des situations aussi dangereuses aussi souvent. Je comprends la nécessité d'apprendre à garder la tête froide pour analyser une situation donnée afin de réagir de la manière la plus appropriée possible. Mais surtout, est-ce que je peux arriver à corriger ça ? » fit-il, exprimant à haute voix ses doutes.
La discussion se poursuivit et il se fit plus calme au fur et à mesure. Il finit par s'endormir, mais son sommeil était malgré tout léger et agité. La gêne occasionnée par ses côtes l'empêchait de trouver une position confortable et les bruits de la vie nocturne dans les rues alentour et dans le bâtiment le réveillèrent plusieurs fois brusquement. La présence rassurante de Nadja à ses côtés le tranquillisait suffisamment pour qu'il arrive à se rendormir plus ou moins rapidement à chaque fois. Comme il le lui avait dit, il lui faisait confiance pour assurer leur sécurité. Seul, il n'aurait probablement pas fermé l’œil et il aurait passé la nuit au bar ou dehors pour éviter de tourner comme un lion en cage.
****
Aux aurores, les activités à l'extérieur et à l'intérieur du bâtiment cessèrent presque complètement, laissant la place à un silence relatif. Il y eut du mouvement dans le couloir et derrière la porte. Le pilote ne réagit pas. Un peu plus tôt, le contrecoup de la journée et la fatigue avaient fini par avoir raison de lui et il dormait profondément.
Le massage terminée, Nadja s’allongea près de Zander, prenant bien garde de ne pas trop le serrer.
« - Tant que les Goa’ulds ou les Jolly Rogers seront dans la galaxie, nous devrons rester vigilant. Alors oui, ça vaut le coup, même si ça n’est que pour travailler avec moi. »
Songeuse, elle continua, en jouant avec ses boucles sur sa nuque.
« - A l’inverse, il faudra que tu m’apprennes à ne pas réagir en combattant à tout bout de champ quand je serai à la retraite. Et ça va être coton aussi. »
Ils s’endormirent finalement, même s’ils restaient vigilants. Nadja avait accroché le holster de son pistolet au montant du lit. Il ne lui faudrait que quelques secondes pour dégainer en cas de danger. Elle avait beau dire, la méfiance restait de mise ici.
C’est le silence qui la réveilla au petit matin. Une impression de présence se diffusa en elle et lui fit ouvrir les yeux, parfaitement réveillée et aux aguets. Elle se glissa hors du lit, l’arme à la main. Ses pieds nus ne faisaient aucun bruit alors qu’elle se rapprochait de la porte. Il y avait quelqu’un derrière, elle en était sûre à présent. Le temps de compter jusqu’à trois, elle ouvrit brusquement la porte et posa le canon de son pistolet sur la nuque du barman agenouillé, un papier à la main.
« - Vous aimez décidément vivre dangereusement, Az. - De mon point de vue, ça valait largement le coup, sourit-il en se redressant. Tenez, et bonne journée. »
Ce n’est qu’après avoir refermé la porte, papier en main, qu’elle comprit ce qu’il voulait dire. Elle ne portait qu’un mini short et un t-shirt léger et il avait bien dû profiter du spectacle. Cette planète et ses habitants commençait vraiment à lui courir…
Ce fut le soleil et et le bruit de la douche qui réveilla Zander. Il ne se sentait pas spécialement reposé, mais au moins n'était-il pas épuisé grâce aux quelques heures de sommeil qu'il avait réussies à grappiller.
Il se leva silencieusement et décida d'appliquer une partie de sa routine habituelle. Il avait besoin de ces rituels pour l'aider à rester plus ou moins calme. L'alternative était de prendre des comprimés, mais ce n'était pas forcément la plus recommandée et devait rester le dernier recours. Il n'était pas non plus certain que Nadja approuverait. Et cela ne résoudrait pas le problème à long terme.
En passant devant la table, il remarqua la note et reconnut l'écriture d'Az, mais décida de l'ignorer pour l'instant. Chaque chose en son temps. Il sortit sur le balcon et inspira un grand coup avant de froncer les sourcils et de grimacer. L'air était loin d'être aussi pur et vivifiant que sur Terre et il allait devoir faire un peu plus attention avec ses côtes. Il devait absolument aller faire un tour au bazar pour solutionner ça.
Il se mit à enchaîner quelques séquences de deux arts martiaux que lui avait appris Ethan et qui imposait des mouvements lents. L'instructeur lui avait expliqué que se défouler était certes une solution, mais qu'il fallait aussi qu'il apprenne à prévenir ce genre de situation en agissant avant que la coupe soit pleine. En somme, cela rejoignait ce que lui avait dit Nadja la veille sur le fait de garder la tête froide. Et ces exercices-là, comme la méditation, lui posait toujours des problèmes, car il se laissait facilement distraire et qu'il était parfois incapable de se concentrer.
Quand il rentra, il sourit à Nadja qui était sortie de la douche. Il était toujours un peu tendu, mais au moins il se sentait plus lui-même que la veille. Il lut rapidement la note et soupira.
« Az ne sera pas au bar avant deux bonnes heures... » dit-il simplement après avoir regardé l'heure.
Il alla prendre une douche puis grignota en guise de petit-déjeuner, rongeant son frein.
*****
Az les vit descendre sur les coups de 10 heures alors que lui-même venait d'arriver pour réceptionner les livraisons qui n'allaient pas tarder. Trixie n'était nulle part en vue. Elle ne prenait son service qu'en fin d'après-midi et c'était tant mieux. Vu la volatilité et l'instabilité que le pilote avait montré la veille, mieux valait ne pas trop le titiller, surtout qu'il avait l'air d'avoir retrouvé un minimum de self-control, et Trixie n'aurait pu s'empêcher de le provoquer.
« - Bonjour vous deux. Je vous sers un verre ? - C'est un peu tôt... - Pfff, tu n'es vraiment pas drôle. Avant ça ne te posait pas de problème. - C'était avant. Tu as quelque chose d'autre ? - Du thé ? - Parfait. »
Az prit le temps de préparer la boisson en se servant du meilleur mélange qu'il avait en réserve. Il était tout aussi fin connaisseur d'alcools que de thé, même si rien ne le montrait. Au bout de quelques minutes, il les servit et entra dans le vif du sujet.
« - J'ai retrouvé la trace de votre type, mais pas de la fille. Mais quelque chose me dit qu'elle ne doit pas être loin de lui. - Où ? »
Le barman hésita, se demandant comment le pilote allait réagir.
« - Allez, crache le morceau. - Perdition... »
Zander se raidit avant de se lever pour faire les cent pas dans un coin du bar.
*Au moins ne s'en prenait-il pas au mobilier ou au messager...*se dit Az en secouant la tête.
Il regarda Nadja et se fit un devoir de lui expliquer.
« Perdition est une ville perdue au milieu des Badlands, à proximité de la mine la plus dangereuse de la planète. Les autorités y envoyaient autrefois une partie des condamnés purger leur peine là-bas. Mais la mine a été jugée trop dangereuse et peu rentable, alors elle a été fermée il y a environ cinq ans. Les autorités ont fait ce qu'elles pouvaient pour la population locale, mais, faute d'effectifs suffisants, elles ont perdu le contrôle de la ville à la faveur d'un gang qui gère désormais les lieux et tous les trafics illégaux de la planète. C'est devenu une zone plus ou moins de non droit où se réfugient la lie du secteur et ceux qui ne veulent pas être trouvés. Les autorités se contentent de confiner tout ce petit monde dans un périmètre bien précis et de contrôler les entrées et les sorties. De temps en temps, ils font une descente en force lorsque les activités illégales deviennent un peu trop… sanglantes ou voyantes. Ce fameux gang cherche désormais à étendre son influence sur Lamine et y a fait son apparition il y a un peu moins d'un an à peu près. Mais les Interlopes, les forces de sécurité, ainsi que la population, ne l'entendent pas de cette oreille et toutes leurs tentatives ont échoué jusqu'à présent. »
Soucieux, Az regarda le pilote qui s'était adossé les bras croisés à un mur à l'autre bout de la pièce, le plus loin possible du bar.
« Les chasseurs de primes ne se rendent à Perdition qu'en groupe et lourdement armés, jamais en solo, alors que c'était possible avant, même si cela demeurait risqué. C'est le seul endroit où ils collaborent pour remplir plusieurs contrats en même temps. La protection qu'est censée leur fournir leur statut et les mandats est pour le moins fluctuante. Un dernier détail… Les gars qu'il a corrigés de manière flamboyante hier soir ? Ils appartiennent à ce gang. Il va falloir qu'il surveille ses arrières. S'il y a une fois où il aurait mieux fait d'encaisser les coups et de riposter juste pour donner le change, c'était bien hier... Il s'est fait remarqué et ce n'est pas bon. » fit-il, fataliste.
