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Everybody hurts

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descriptionEverybody hurts - Page 2 EmptyRe: Everybody hurts

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Quand il s’excusa, Nadja secoua la tête en souriant. Il mettait le doigt sur le point qu’elle essayait de souligner.

« - Tu n’as pas à t’en vouloir. Tant que je me souviens d’eux, ils sont encore un peu là, avec moi. »

Elle le laissa réfléchir tranquillement à sa situation espérant qu’il continuerait à parler. Il reprit finalement la parole en lui confiant son envie de souffrir. Elle était passé par là, comme elle le lui avait dit et ne pouvait guère lui jeter la pierre.

« - Pas le truc le plus sain auquel je puisse penser, non. Mais j’ai vu un ou deux endroits de ce type sur la station ou on a récupéré Prius. Tu pourras toujours me payer un verre là-bas au retour. On verra bien ce qu’il s’y passe. »

Elle écouta la suite patiemment. Entre les quelques bribes lâchées par le pilote et ce que lui avait raconté Prius, Nadja avait reconstituée cette partie de l’histoire. L’entendre vocalisée ainsi n’était cependant pas facile et elle lui serra la main autant pour le réconforter que pour l’encourager.

« - Je pense qu’il t’aide parce qu’il en pince un tantinet pour toi. Je suis d’ailleurs un tout petit peu jalouse… Je comprends que tu ais peur de replonger, mais il est là pour t’en empêcher et moi aussi. Et puis tu as conscience du problème. Ça fait une grosse différence. »

La dernière question était bien plus complexe qu’il ne le pensait sans doute et elle opta pour la franchise pure et dure.

« - Non, elle ne disparaît pas. Elle s’atténue avec le temps, bien sûr, mais elle sera toujours là. Tu vas juste apprendre à la gérer. Tu te souviens de ma grand-mère ? Cette fillette qui me ressemblait tant. Quand je l’ai vu, j’ai vu ma petite sœur. Elle venait de se marier quand elle est morte. Elle voulait que je sois la marraine de leur bébé qui allait naître. Tout m’est revenue dans la figure à ce moment-là et il m’a fallu un peu de temps pour me remettre la tête droite. Mais ça ne m’empêche pas de chérir chaque souvenir que j’ai d’elle, y compris la robe ignoble que j’ai dû porter à son mariage. Ça fait partie de moi, de ma vie et je me rappelle pourquoi je l’aimais tant. Tu comprends ? »

Elle écrasa une nouvelle larme et l’attira contre elle autant pour le réconforter que de profiter de sa présence. Finalement, elle se leva et l’amena vers leur chambre.

« - Allonge toi et ferme les yeux. Si tu vois arriver ce souvenir, tu vas essayer de te concentrer sur autre chose. N’importe quoi. Un bon souvenir avec elle par exemple. Et essaye de te laisser aller. N’ai pas peur de t’endormir, je serai juste à côté. Stella, si tu pouvais nous mettre un bruit de vague, s’il te plait. »

Le bruit de la mer emplit soudain la pièce et Nadja sourit. Elle récupéra un peu d’huile de massage dans leur chevet et se mit à lui malaxer le dos, le cou, les bras. Le savoir perdu dans les souvenirs d’une autre lui grattait l’arrière de la tête mais elle rangea sa jalousie dans un coffre et s’installa dessus. Ça n’était vraiment pas le moment de penser à ca.

descriptionEverybody hurts - Page 2 EmptyRe: Everybody hurts

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Zander regarda Nadja, un peu surpris.

« Tu m'accompagnerais vraiment dans un bar miteux pour boire un alcool bas de gamme et pour que je me fasse taper dessus ? J'avais pas mieux à l'époque... mais il doit bien exister des alternatives plus saines et moins douloureuses pour obtenir un résultat semblable, non ? Et puis tu laisseras vraiment quelqu'un me frapper sans réagir ? » demanda-t-il.

Prius en pinçait pour lui... Ça, il le savait depuis longtemps. Le prêtre le lui avait fait comprendre une fois, mais il n'avait plus jamais abordé le sujet après.


« Jalouse de Prius ? Pourtant tu n'as pas grand-chose à craindre. Je l'aime bien, mais pas comme ça. Et je ne pense pas qu'il m'ait sauvé uniquement pour cette raison. »

Le prêtre avait dû voir qu'il restait une chance qu'il s'en sorte, alors il l'avait saisi et n'avait pas baissé les bras. Il aimait bien s'occuper des causes perdues. La suite le laissa songeur un moment.

« En être conscient ne signifie pas que je ne le referais pas. Les gens ont tendance à refaire les mêmes erreurs, même s'ils connaissent parfaitement les conséquences et de l'inutilité de la chose. Mais même en sachant que vous serez là pour me rattraper et m'empêcher de sombrer, j'ai peur de ce que je pourrais vous faire à tous les deux, si je perdais complètement la tête. Je n'ai pas envie de vous blesser et puis que vous décidiez de... partir une fois que j'aurais repris mes esprits. » admit-il avec une toute petite voix.

Il écouta la suite et se contenta de hocher la tête. Il n'était pas certain de comprendre, mais il se souvenait de sa réaction à ce moment-là. Peut-être que cela viendrait avec le temps. Mais l'idée d'avoir à composer avec cette douleur lui semblait pour le moment impensable et les propos de Nadja ne le rassurait pas vraiment. Il se serra contre elle avant de se remettre debout et de la suivre dans la chambre. Il s'allongea et le bruit des vagues lui tira cependant un petit sourire. Il n'osa cependant pas fermer les yeux. Ses souvenirs de Leïla étaient souvent emplis de douleurs, de sang et d'agonie. Pas les leurs, mais celles des gens qu'ils avaient transportés et qu'elle avait soigné. Pour le moment, aucun "bon" souvenir ne semblait vouloir venir.

Mais les vagues l'apaisèrent progressivement et l'amenèrent ailleurs, dans un endroit où il se sentait bien et en sécurité : Serain. Le roulement calmant ajouté au massage et à la fatigue finirent par avoir raison de lui malgré sa résistance et il s'endormit.

********

Prius fit le tour de la salle. Il n'avait jamais vu de photos de Leïla jusqu'ici ni aucun cliché de cette période de la vie de Zander, aussi en profita-t-il. Il y découvrit un Zander souriant et épanoui, comme il ne l'avait jamais encore vu. Non, ce n'était pas tout à fait vrai, il l'avait entrevu ainsi cet été, lorsqu'il les avait croisés sur Hébrida, ce qui le fit sourire. Oh oui, son ami était sur voie de la guérison et son travail auprès de lui serait bientôt terminé.

Pétrarque lui avait expliqué que tout ce qui se trouvait ici serait remis au pilote avant son départ, ainsi que les effets personnels de la médecin et ses propres affaires qu'il avait laissé lors de son départ précipité. Tout lui revenait selon les souhaits de cette dernière qui n'avait pas voulu que sa famille mettent la main sur quoi que ce soit lui appartenant.

Ne voyant pas le couple venir, il en conclut que Zander n'était pas encore prêt et se demanda comment les choses avait tourné. Il espérait sincèrement que Nadja saurait le rassurer suffisamment pour le convaincre de franchir le pas. À ce stade, elle était la seule qui pouvait y parvenir. Il finit par retourner dans le vaisseau, aussi discrètement que possible. Il n'entendit pas un bruit, ce qui pouvait être un bon ou mauvais signe, et alla s'installer au salon avec un livre en attendant que quelqu'un se manifeste. Il décida aussi de faire du café, le breuvage ayant tendance à attirer les occupants des lieux.

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Les yeux bleus de Nadja passèrent un instant au gris d’orage quand il évoqua la possibilité d’une bagarre ou elle ne réagirait pas.

« - Tu m’a mal compris. Je n’ai pas passé des jours à t’entrainer pour te voir te faire démolir ta gueule d’amour sans réagir. Tu es parfaitement capable de riposter dans la plupart des bagarres et de t’en sortir sans trop de casse. Et je serai là pour couvrir tes arrières et niveler ce bouge, s’il le faut. »

Elle se contenta de sourire ensuite. Elle n’était pas vraiment jalouse du prêtre et n’avait fait que plaisanter à moitié. Elle savait pertinemment ne rien risquer du côté de Zander mais il avait besoin de se souvenir qu’elle tenait à lui.

Elle n’avait pas cherché à le rassurer quant à la douleur. Lui mentir n’était pas dans ses habitudes et il la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle serait directe dans ses réponses.
« - Chéri, on t’a emmené ici en sa chant pertinemment qu’elle serait ta réaction. Nous savions que tu pouvais très mal le prendre mais nous avons pris le risque. C’est franchement plus moi qui suis terrifiée à l’idée que tu ne veuille plus m’adresser la parole ensuite. »

Mais ce spectre terrifiant s’était un peu éloigné à présent et la suite montra qu’il lui faisait toujours confiance. Alors qu’elle lui torturait les muscles du dos et des bras, elle le senti se détendre doucement et finalement s’endormir, à son plus grand soulagement.

Nadja se releva le plus doucement possible et fit rouler ses épaules pour les détendre un peu. La tension ambiante de ces derniers jours commencer à se faire sentir physiquement. Une douce odeur de café vint soudain lui chatouiller les narines et elle sourit en se dirigeant vers la porte.

« - Merci, dit-elle en revenant vers le salon après s’être servi un mug plein. J’en avais bien besoin. Il dort, la. Il est stressé mais je crois qu’il commence à se faire à l’idée qu’on est pas là pour le torturer et qu’il doit faire la paix avec son passé. »

Et c’était tant mieux, parce qu’elle ne pourrait pas tenir ce rythme d’ascenseur émotionnel très longtemps.

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Prius poussa un soupir de soulagement intérieur. Dormir ferait du bien à son ami.

« C'est rassurant à entendre. Je redoutais vraiment des réactions extrêmes de sa part, notamment à notre encontre, et que nous soyons obligés de recourir à des méthodes plus radicales pour le garder sous contrôle. Pour l'instant, il réagit de manière plutôt... mesurée, en dehors de sa réaction initiale. » dit-il franchement.

C'était bien pour ça qu'il avait prévu un injecteur de sédatif lorsqu'ils lui avaient annoncés leur intention. Il en gardait d'ailleurs un sur lui au cas où, car il ne savait pas du tout à quoi s'attendre de sa part.


« Mais cela reste éprouvant, autant pour lui que pour vous, n'est-ce pas ? » lui demanda-t-il.

Il craignait également ce qui arriverait après, une fois qu'il aurait traversé le plus dur sur Harlan. À ses yeux, le pilote restait imprévisible et ses réactions potentiellement destructrices et dangereuses. Il pourrait très bien se retourner contre eux lorsqu'il aurait à nouveau la tête sur les épaules. Mais une chose à la fois.


« Aller dans cette salle va probablement se révéler tout aussi difficile, voir plus, que se rendre sur la tombe. Attendez-vous à un autre moment de détresse de sa part. Vous vous souvenez des plans des lieux, j'imagine ? Le logement situé derrière la salle est prêt, je m'en suis personnellement assuré. » lui annonça-t-il.

Au bout d'un moment, il s'excusa et lui annonça qu'il avait une réunion avec les membres du Bergers locaux. Il l'informa qu'il les attendrait en bas, mais de ne pas hésité à l'Appeler en cas de souci. Puis il se leva et partit.

*********

Zander se réveilla à nouveau en sursaut. Il se sentait toujours aussi fatigué et pas vraiment dans son assiette. En revanche, il avait faim. Le réveil indiquait 17h23. Pas étonnant, il n'avait rien avalé depuis le matin. Il se leva et décida de s'occuper un peu l'esprit en cuisinant quelque chose de rapide du nom de brunch, après avoir demandé à Nadja si elle avait aussi faim, et se prépara du thé par la même occasion. Il mangea silencieusement, retournant les propos de la militaire dans sa tête.

Un peu plus tard, il se tenait debout sur la rampe d'accès, observant le bâtiment à 300 mètres de là, pensif. Un vent glacial soufflait et l'avait contraint à enfiler un manteau. Maintenant ? Plus tard ? Ce serait difficile, peu importait le moment. En fait, plus il retardait l'inévitable, pire cela serait. Il prit son courage à deux mains et descendit de son vaisseau, certain de ne pas vouloir atteindre sa destination.

Arrivé à 50 mètres de la porte, il se figea, hésitant. L'idée de se retrouver face à des photos ou des objets lui ayant appartenu lui flanquait encore plus la frousse que la pierre tombale. La météo décida pour lui, lorsqu'un déluge s'abattit et le contraint à reprendre sa marche. Fichu climat...

Il fit les derniers pas, réticent. Si Nadja n'avait pas été à ses côtés, il aurait probablement fait demi-tour depuis longtemps. Il ne serait probablement même pas descendu de Stella. Il ouvrit la porte avec méfiance, son instinct aux aguets, comme si quelqu'un s'apprêtait à lui sauter dessus. Il fit appel à toute sa volonté pour franchir le seuil et fit quelques pas à l'intérieur avant de piler net. Il avait déjà vu des salles du souvenir, il aurait dû être préparé à ce qu'il allait voir, mais non. Comme toujours, savoir ne préparait pas à la réalité. Il balaya la salle du regard, tétanisé. Trop de souvenirs d'un seul coup… Une des tenues de travail de Leïla, sa trousse de médecin, son équipement, une statuette qu'elle adorait, un collier qu'il lui avait offert et les photos retraçant sa vie. Il en connaissait la plupart. Il vacilla et se raccrocha à Nadja autant pour se stabiliser que ne pas fuir à toutes jambes.

Son regard accrocha une photo. C'était l'une des dernières du mur. Il se souvenait de ce jour-là. Leïla et lui étaient assis au comptoir d'un bar à l'occasion de son propre anniversaire, tout sourires. Elle avait été prise quelques semaines avant la mort du médecin. Il sentit ses jambes céder à nouveau.

« S'il te plaît, sors-moi de là… Je peux pas rester ici, c'est trop… » l'implora-t-il.

Prius, qui observait la scène, apparut à ce moment-là au fond de la salle et lui fit signe de le rejoindre.

Le logement faisait l'angle du bâtiment. La porte débouchait sur le salon et une baie vitrée donnant sur un petit lac entouré d'arbres. Il y avait également un accès direct à l’extérieur. Un petit espace cuisine était aménagé sur la gauche. À droite, se trouvait un couloir donnant sur une autre porte relié au couloir principal ainsi qu'à une chambre et une salle de bain. Le prêtre ayant pensé à tout, on pouvait entendre un bruit de vagues en fond sonore.

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« - Je le redoutais aussi, pour être franche. Je ne sais pas trop comment j’aurai réagit. »

Aurait-elle ripostée pour se défendre, se serait-elle laissé faire au contraire ? Sans doute pas. Mais pas certain qu’elle aurait pris le risque de le blesser.

Elle but une longue gorgée et ferma un instant les yeux. La question de Prius était assez évidente et elle hocha la tête.

« - Je crois que j’ai toujours pris soin de mon entourage. Que ça soit ma famille ou mes hommes. Faire tout ce qui est en mon pouvoir pour les protéger est profondément enraciné. Aujourd’hui, je me sens quasi impuissante à aider l’homme que j’aime et ça me rend dingue. Pire, c’est moi qui l’ai emmené ici et j’ai l’impression de le faire souffrir intentionnellement. Je sais bien que c’est irrationnel et qu’on est la pour son bien. Mais allez dire ça à mon instinct de mère poule. »

Elle savait bien que la prochaine étape serait difficile. Elle se contenta de hocher à nouveau la tête. Le plan du bâtiment était parfaitement mémorisé, mais inutile de lui dire qu’elle avait surtout songé aux divers angles de tirs possible ainsi qu’aux sortis de secours.


Finalement, Zander se réveilla et après leur avoir préparé un petit repas terrien, il finit par se décider à aller dans ce fameux mémorial. La tentative ne fut cependant guère probante. Malgré son soutien moral, il lui fallut un long moment pour y rentrer et un très court pour en ressortir. Heureusement, Prius avait prévu un appartement, ce qui leur permit de ne pas ressortir sous la pluie qui s’était mise à tomber.

Zander était peut être encore plus secoué qu’après sa visite sur la tombe et elle resta prés de lui, tout en fustigeant les Gris. Il s’attendait à quoi ? Une telle avalanche de souvenir ne pouvait que provoquer une telle réaction épidermique.

« - Ca va aller, demanda-t-elle enfin, tout en sachant pertinemment que ça ne serait pas le cas. »

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Zander se laissa entraîner par Nadja qui ne rebroussa pas chemin. Vu le déluge qui tombait dehors, cela n'était pas surprenant. Quand il regarda autour de lui, il reconnut un des logements adjacents aux salles du souvenir. Ces hébergements étaient mis à disposition des familles en deuil pour qu'elles puissent s'isoler et rester sur place autant de temps que nécessaire.

Il resta debout et regarda dehors, mais comme il faisait nuit, il ne put distinguer le paysage. Il s'approcha de la vitre et posa son front dessus. C'était frais, ça faisait du bien. La déclaration de Nadja lui tirait un petit rire nerveux. Il sentit un brusque accès de colère flamber et le réprima.


« Non, ça ne va pas. J'ai le moral dans les chaussettes, je n'arrive pas à aligner deux pensées cohérentes et j'ai mal à la tête.
- Zander, est-ce que tu te sens bien ? s'inquiéta soudain Prius qui l'observait.
- En fait, j'aimerais qu'on me fiche la paix juste cinq minutes, fit-il en se retournant brusquement, mais la pièce, elle, ne s'arrêta pas de tourner en même temps que lui. »


Prius le rattrapa au vol tandis qu'il perdait connaissance.

« Zander ? Tu m'entends ? »

Il grimaça en lui touchant le front.

« Je vais chercher Pétrarque. Nadja, vous pouvez le mettre au lit ? Monsieur a décidé de nous faire un joli accès de fièvre... » fit-il.

*************

Pétrarque termina son examen.


« - 40 de fièvre et sa tension est basse. Il est épuisé à tous les niveaux et il a besoin d'une bonne nuit de repos, mais il n'y a rien d'inquiétant. Je vais faire une analyse de sang pour vérifier qu'il n'a pas attrapé quelque chose, par précaution. Il était assez sensible à l'un de nos virus communs et c'est justement le début de la saison.
- J'imagine que sa douche de l'autre soir ne l'a pas aidé.
- Probablement pas, non. À mon avis, c'est surtout le contrecoup physique des chocs émotionnels. Ce genre de réaction n'est pas rare. Mais vous vous en doutiez déjà, j'imagine. Je lui ai administré quelque chose pour la fièvre et pour qu'il dorme. Je vous recommande de le laisser se reposer pendant les prochaines 24 heures. Je repasserai dans une heure voir si ce que je lui injecté stabilise sa température. N'hésitez pas à m'appeler en cas de besoin, fit-il sur un ton professionnel. »


Il finit de poser la perfusion que venait d'amener une infirmière avant de les saluer et de quitter l'appartement.

************

Quand Zander rouvrit les yeux, le paysage avait radicalement changé, mais il le reconnaissait. Quand il se retourna, il vit le refuge du Gris un peu plus haut, tandis qu'un lac de montagne se trouvait en contrebas. Le soleil brillait dans un magnifique ciel bleu. Belle météo trompeuse lorsque l'on savait qu'une violente tempête ferait rage sous peu pendant presque deux jours...


« - Salut blondinet. Ça faisait un bail. » lança gaiement une voix reconnaissable entre mille à ses côté.

Zander se tourna brusquement et se figea de surprise en voyant sa propriétaire allongée dans l'herbe, un grand sourire espiègle sur le visage.


« - Leïla ? Mais... qu'est-ce qu'il se passe ?
- C'est bien moi. Mais simplement en esprit. Je crois que ton cerveau délire en raison de la fièvre carabinée dont tu es actuellement victime. Voilà ce qui arrive à se balader sous une pluie battante et glaciale et dans le vent avec un simple t-shirt sur le dos. Mais j'apprécie ta visite, cela dit. Il était plus que temps que tu viennes me voir.
- Quoi ? fit-il, un peu perdu.
- Oh, ne t'en fais pas. Rien de grave. Pétrarque s'occupe déjà de ton cas, en compagnie de tes deux autres amis. Tu ne devrais vraiment pas leur causer autant de frayeurs, tu sais. Ce n'est vraiment pas sympa de ta part.
- Qu'est-ce qu'on fait là au juste ?
- À toi de me le dire. C'est toi qui m'as fait apparaître. Quand au cadre, tu n'aimes pas ? Si c'est le cas, libre à toi de le changer. Tu préfères celui-là peut-être ? »


Le décor changea brusquement et il se retrouva encore une fois au moment de son exécution. Il vira au blanc et commença à s'agiter. Puis la montagne refit son apparition.

« - C'est bien ce qui me semblait. Et arrête de paniquer comme ça, veux-tu. Il ne t'arrivera rien ici. Tout cela, c'est du passé et tu ne peux rien y faire. Ah si, te torturer. Tu es vraiment très fort pour ça, je dois le reconnaître. Ça fait quoi ? Dix ans que tu te flagelles et que tu t'interdis de vivre, c'est ça ? Tu ne crois qu'il serait temps de passer à autre chose ?
- Non. Je suis désolé pour... Ouch. fit-il alors qu'elle lui donnait un coup de poing amical dans l'épaule
- Tu recommences.
- J'aurais dû...
- Très bien, si tu veux parler de ça, allons-y, rétorqua-t-elle en soupirant. Faire quoi au juste ? Te sacrifier et mourir en premier ? Tu crois que cela aurait changé quelque chose ? Nous serions morts tous les deux. Enfin, c'est d'ailleurs ce qui aurait dû arrivé, mais tu as eu de la chance. Ah oui, tu ne souffrirais pas, c'est vrai. Mais c'est toi qui t'infliges ça tout seul comme un grand, personne d'autre.
- J'aurais dû leur avouer que c'était moi qui servais d'intermédiaire pour aider les pourparlers entre les deux camps. Tu aurais au moins su la vérité avant de mourir. C'est de ma faute.
- Ça n'aurait rien changé, tu t'en rends compte ? Nous aurions juste subi plus de souffrances avant de mourir. Et imagine ce qu'ils m'auraient fait subir s'ils avaient découvert la vérité et que les rôles avaient été inversés... Et ce n'est pas de ta faute. Tu as vu l'occasion de mettre un terme à ce conflit et tu l'as saisie. Peu aurait fait cela. Tu le sais ? J'aurais fait pareil. Je ne vais pas te blâmer pour ça, ni pour en m'avoir rien dit. Je comprends. Tu as payé le prix fort pour ton engagement. Et si je n'étais pas morte, les choses se seraient certainement fini bien différemment pour Harlan.
- De quoi tu parles ?
- C'est vrai que tu ne sais pas, vu que tu vis enfermé dans ta bulle de misère et que tu refuses d'entendre parler de cette maudite planète, pour te citer. Quand tu seras de retour parmi les vivants, renseigne-toi un peu et tu comprendras.
- Ça ne change rien au fait que je suis responsable. Ils ne nous auraient pas attaquer si...
- Tsss, arrête de ressasser et de t'apitoyer, veux-tu. Tu n'en sais rien. Ce qui est fait est fait et tous les regrets de l'univers n'y changeront rien. Comme dirait ton prêtre, accepte ce qu'on te donne, y compris le pire. Rentre-toi ça dans le crâne une bonne fois pour toutes et avance.
- Je ne peux pas. C'est trop difficile. Et ça fait mal.
- Bien sûr que si tu le peux. Et bien sûr que ça fait mal. C'est normal. Mais il te faut en passer par là pour aller mieux. Tu dois te pardonner, blondinet. Et moi, je ne t'ai rien à te pardonner, l'interrompit-elle avant qu'il ouvre la bouche. Je ne t'en veux pas de ce qui est arrivé. C'était simplement mon heure. Certes, j'aurais préféré couler des jours heureux en ta compagnie entourée d'une ribambelle d'enfants et j'aurais aimé pouvoir te féliciter et te dire combien je suis fière de ce que tu as fait pour ma planète, mais le destin en a décidé autrement... »


Elle se leva et il fit de même. Elle l'embrassa tendrement avant de l'enlacer. Dieu que ça faisait du bien de la prendre dans ses bras. Ils restèrent ainsi un long moment.

« Dis-moi au revoir et laisse-moi partir, Zand. Pour ton bien et celui de ceux qui t'entourent. Tu as une formidable opportunité de connaître à nouveau le bonheur, alors ne la gâche pas bêtement à cause de moi et du boulet que tu t'es accroché au pied. Libère-toi de tout ça. Vis ta vie, profite de ce que tu as et surtout, bats-toi pour le garder quoi qu'il arrive. » fit-elle avant de reculer de quelques pas et de commencer à s'estomper à la faveur d'un coup de vent.

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Comme elle l’avait supposé, il prit mal sa question, même s’il dirigea surtout sa colère sur Prius. Elle allait protester gentiment quand elle le vit tournoyer sur lui-même et le rattrapa in extremis.

« - Zander, Zander ?? »

Ne pas s’affoler… rester pro, garder la tête froide… Plus facile à dire qu’à faire quand c’est un proche. Il avait perdu connaissance et était pale comme la mort. Pas besoin d’être médecin pour voir que ça n’était pas bon du tout. Elle el déposa sur le lit el plus délicatement possible alors que le doyen venait l’ausculter.
L’avis fut sans appel. Entre l’épuisement physique et mental et avec les conditions climatiques locale, il avait attrapé un virus local qui avait eu raison de ses résistances en un temps record. Son état n’était soi-disant pas inquiétant, quoi qu’en pense l’ex marine et, après une prise de sang de routine, il les laissa tranquille.

Sauf que Nadja, elle, s’inquiétait. Zander lui avait confié hier soir qu’il voulait souffrir et avoir mal. Etait-il assez têtue pour convaincre des microbes de s’attaquer à lui ? C’était évidemment complètement irrationnel comme raisonnement mais elle ne raisonnait plus très rationnellement de toute façon.

Elle s’affala lourdement dans un fauteuil proche en essayant de calmer sa crise de panique. Elle-même épuisée, elle finit par basculer dans un sommeil agité auquel l’accoudoir du fauteuil ne survivrait probablement pas.

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Prius hocha la tête à la réponse de Pétrarque. Cela ne faisait aucun doute que l'état d'agitation actuel de Zander le rendait plus vulnérable physiquement. Il sourit au doyen quand il partit. Nadja semblait aussi au bout du rouleau.

Quand il la vit s'endormir, il alla chercher une couverture et lui la posa délicatement dessus en secouant la tête.

Pétrarque revint une heure plus tard et il lui fit signe de le suivre dans le salon pour ne pas les réveiller.


« - Ce n'est pas juste une réponse au choc émotionnel. C'est bien le virus. J'aurai préféré que ce ne soit pas le cas, mais il ne fait jamais les choses à moitié, n'est-ce pas ? Il en va de même pour ça. Ce qui est pour nous banal prendre une forme plus agressive chez lui. Il y est déjà très sensible, mais le fait qu'il soit affaibli par ce qu'il traverse a certainement aggravé les choses. Je vais lui administrer un traitement différent qui sera plus efficace pour la fièvre et un autre pour doper son système immunitaire.
- Est-ce que c'est dangereux pour lui ?
- Non. Il en sera quitte pour une grosse fièvre, des maux de tête et beaucoup de fatigue. Le plus grand risque, c'est la déshydratation. C'est pour cela qu'il est sous perfusion. Nous allons le surveiller de près. Je vous demanderai cependant de le laisser tranquille concernant Leïla. Il a besoin de calme et de repos. Je ne pense pas avoir besoin de vous expliquer à quel point l'état d'esprit d'un patient est crucial.
- D'accord. Mais je ne peux pas non l'empêcher d'aller se recueillir s'il le souhaite. Ce serait contre-productif.
- Si c'est de sa propre initiative, effectivement, vous ne pouvez pas l'en empêcher. Abstenez-vous juste de le pousser à agir. Je repasserai plus tard. termina-t-il avant de sortir à nouveau. »


Prius décida ensuite de s'occuper de Nadja qui en avait au moins autant besoin que le pilote. Il alla la voir avec une tasse fumante. Il espérait qu'elle ne serait pas aussi récalcitrante que son mari et qu'elle se montrerait raisonnable.

« Buvez ça. Ceci va juste vous aider à vous détendre un peu pour vous endormir en étant calme et pas stressée comme vous l'êtes pour l'instant. Nadja, écoutez-moi avant de protester. Je sais que vous êtes réfractaire à ce genre de choses, mais vous avez besoin de quelques heures de vrai sommeil. Vous ne lui serez d'aucune utilité si vous ne tenez pas debout ou si vous tombez vous aussi malade. Puis la fatigue est mauvaise conseillère. Elle rend plus susceptible et plus prompte à réagir au quart de tour et de manière disproportionnée. Zander n'ira nulle part pour l'instant. Alors, allez dormir. Et je vous recommande le canapé qui est beaucoup plus confortable que ce fauteuil. Je vous réveillerai s'il y a quoi que ce soit. »

**********

Quelques heures plus tard, Pétrarque était de retour pour une nouvelle injection et changer la perfusion. La fièvre mettait du temps à se stabiliser et ses constantes vitales restaient toujours basses. Il sortit dans le couloir pour discuter deux minutes avec Prius afin de ne déranger aucun des deux membres du couple.

******************

Zander regarda Leïla disparaître, désespéré.


« Leïla ! Attends ! Ne me laisse pas ! »

Mais il était trop tard. Elle était partie, l'abandonnant encore une fois. Il entendit des voix derrière lui, ce qui n'était pas normal. Il se retourna et fut ébloui par le solei, qui le força à cligner des yeux.

Il les rouvrit. Il lui fallut quelques secondes pour se rappeler où il se trouvait. Il faisait toujours nuit, mais il ne voyait personne autour de lui. Il entendait la pluie tambouriner contre les vitres. Il avait l'impression que son corps était fait de plomb et il avait mal à la tête. Il se passa une main sur le visage et vit la perfusion. Il tourna la tête et remarqua la poche de solution saline accroché au-dessus du lit. Il se leva avec précaution et arrêta la perfusion avant de la débrancher. Il avait besoin de faire quelque chose maintenant et il n'allait pas s'encombrer de ça.

Il sortit de la chambre en s'appuyant contre le mur et traversa silencieusement le salon pour se rendre dans la salle du souvenir. Il se dirigea vers la photo de son anniversaire et se planta devant. Il éprouvait le besoin impérieux de répondre à l'apparition. Il ferma les yeux quelques secondes et chercha ses mots qui commencèrent à sortir, désordonnés.


« - Si tu savais comme je suis désolé de ne pas avoir pu te protéger… ou te dire à quel point tu comptais pour moi… ou ce que je faisais pour ta planète et un éventuel futur ici… Mais je n'ai rien fait ou dit… Je suis resté là, tétanisé par la peur, à subir… inutile… incapable de tenter quoi que ce soit pour te sauver… responsable de ce qui arrivait… Je ne crois pas… que je serai un jour capable... de me pardonner ta mort… Quoi que les autres puissent dire ou penser, à mes yeux… c'est de ma faute…
- *Tu radotes...*»


Il s'interrompit, ne sachant pas comment dire ce qu'il ressentait. Il détacha la photo et s'assit par terre. Les mots lui échappaient, comme à chaque fois.

« - Je voulais mourir, tu sais, pour te rejoindre. Ma vie s'est arrêté au moment de ta mort. Il me semblait impossible de vivre sans toi.
- *Je ne suis pas sûre que je voudrais t'avoir à mes côtés pour t'entendre t'excuser pour le reste de l'éternité.*
- La culpabilité et la douleur était insupportables. Elles le sont toujours. J'ai beau essayé de tout enfermer, cela ne marche pas. Quoi que j'essaie, tu me hantes… Ta mort surtout… Encore et toujours en boucle… dans mes cauchemars…
- *Oui, tu aimes bien te torturer inutilement. Si j'avais su que tu étais masochiste à ce point...*
- Mais je ne sais pas quoi faire pour avancer…
- *Laisse-toi aller et accepte tout ça, Blondinet… Cesse de te battre...*
- J'ai peur de me noyer…
- *Il y quelqu'un pour te sauver. Tu le sais, non ?*
- J'ai peur d'avancer et de tout perdre encore une fois.
- *C'est un risque à prendre. Ça fait partie de la vie. Elle en a pris un gros aussi en t'amenant ici.*
- Je ne mérite pas une seconde chance.
- *Tu veux vraiment que je revienne d'entre les morts pour te botter les fesses ?*
- J'aurais l'impression de te trahir une deuxième fois.
- *C'est en tenant ce genre de discours que tu me trahis, Blondinet. Je ne veux pas que tu termines ta vie tout seul en te servant de moi comme prétexte. C'est quelque chose que je ne te pardonnerai pas. Je veux que tu sois heureux, peu importe ce que cela implique. Avance…* »


Il regarda la photo et le sourire de Leïla.

« Tu détesterais me voir comme ça, pas vrai ? Tu me dirais que la meilleure manière d'honorer ta mémoire serait de continuer à vivre, qu'elle vaut la peine d'être vécue, même si elle peut aussi être violente, injuste et douloureuse et qu'il faut savoir saisir les occasions quand elles se présentent…Tu me manques… »

Quelque chose céda, mais plutôt que de lutter contre, il laissa faire, et sa vision se brouilla. Un immense chagrin l'envahit. Quand il regarda à nouveau la photo, il vit un cliché différent, plus récent, Nadja et lui sur une plage, mais ils étaient tout aussi souriants. Son cœur se tordit à cette prise de conscience avant que l'image reprenne sa forme initiale.

« - Tu crois vraiment que j'ai le droit d'être à nouveau heureux ? Parce que je crois que je le suis... Mais alors, pourquoi je me sens aussi coupable...
- *Tu peux. Il était temps que tu le réalises. Et c'est parce que tu t'accroches toujours à moi. Mais ça va aller maintenant. Tu es prêt à aller de l'avant et à me dire au revoir. Ça ne sera pas rose, il y aura des moments difficiles, mais c'est la vie.* »

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Le retour de Petrarque l’avait éveillé. Elle le laissa s’occuper de son mari. Les nouvelles n’était aps mauvaise mais elle n’en comprenait que la moitié. Le reste s’était perdu en blabla médical d’où elle en tirait que Zander était épuisé et qu’il faudrait lui lâcher la grappe avec son ex pour un moment. Pa besoin d’avoir fait de grandes excuses pour ça.

Finalement, Prius vint lui proposer une boisson chaude qu’elle accepta avec plaisir. Elle l’écouta tranquillement et ne put s’empêcher de sourire.

« - Susceptible et et réagissant de manière disproportionnée ? Vous voulez dire que je suis fatiguée en permanence ? Merci Prius, je vais essayer de dormir un peu. Et ce canapé à l’air intéressant en effet. »

Persuadé qu’elle ne dormirait pas du tout, elle s’effondra et ferma l’œil en quelques secondes.


Pour une fois, Zander la réveilla en passant prés d’elle. Elle le vit ouvrir la porte du musée et se leva aussitôt. S’il y a bien une chose qu’elle avait appris chez les marine, c’était être instantanément alerte au lever. Elle le suivit doucement, craignant une nouvelle crise mais finalement, il se mit à discuter avec une photo et elle resta dans l’embrasure de la porte pour l’écouter. A plusieurs moment du monologue étrange, elle faillit faire un pas pour le serrer contre elle mais il ne fallait pas l’interrompre. L’ex marine serra donc les dents jusqu’au bout et ne put retenir ses larmes à la dernière phrase.

Nadja se reprocha un instant d’être la. C’était un moment très intime pour son mari et il aurait peut être voulu le garder pour lui. Trop tard de toute façon.

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Zander ne sut pas combien de temps il resta là à pleurer tout seul sur cette photo. Il avait l'impression que cela faisait une éternité, mais cela ne devait pas faire plus de quelques minutes. Il se sentait vidé et franchement pas bien du tout. Il fallait qu'il retourne se coucher. Il se leva péniblement tout en gardant la photo dans la main. Il traversa lentement la salle, se demandant s'il arriverait jusqu'au bout. La porte lui semblait soudainement très loin. Il finit par l'atteindre et sentit quelqu'un l'attirer pour l'étreindre. Il reconnut sans peine Nadja. Il se laissa aller dans ses bras et se remit à pleurer. Malgré toutm c'était réconfortant et il n'avait pas envie de bouger.

****

Prius observait la scène depuis le couloir avec Pétrarque, qui affichait un air réprobateur. Lorsqu'ils avaient découvert que Zander s'était fait la belle pendant les quelques minutes où ils l'avaient laissé sans surveillance, ils s'étaient tous les deux inquiétés, redoutant qu'il sortit et ne fasse quelque chose de stupide dans son état, jusqu'à ce que le Berger repère Nadja à côté de la salle du souvenir. Encore une fois, son ami les avait pris au dépourvu. Il avait fait signe au doyen d'attendre, ce que ce dernier n'avait pas apprécié.


« - Il est contrariant, n'est-ce pas ? Pire qu'un enfant...
- Il est effectivement loin d'être un patient modèle. Il ne l'a jamais été. Mais cela va aggraver son état.
- Oui et non. Je crois qu'il a franchi une étape sur le plan moral. Sur le plan physique, c'est une autre histoire.
- À quel prix, dites-moi ? Je vais chercher un sédatif pour m'assurer qu'il dorme. »


Le prêtre attendit sagement que Nadja raccompagne la brebis égarée à la bergerie. Le pilote avait vraiment une mine affreuse et semblait à peine conscient. Il rebranchait la perfusion lorsque le doyen fit son entrée. Il allait faire une remontrance à Zander concernant son escapade, mais il un instant s'arrêta en voyant son patient et décida d'adoucir le ton.

« - Zander, tu as besoin de repos. Vraiment. Si tu continues à t'agiter de la sorte, ton état va empirer. Tu devrais le savoir mieux que quiconque pourtant, surtout avec ce virus local. Je suis désolé, mais je vais devoir te donner un sédatif pour m'assurer que tu ne bouges pas pendant les prochaines heures, fit le médecin en l'examinant à nouveau.
- Je ne crois pas qu'il vous entende. Il m'a l'air totalement… ailleurs, fit remarquer Prius.
- Pas étonnant… Sa fièvre a de nouveau grimpé au cours du dernier quart d'heure, alors qu'elle était stabilisée. Si ça continue comme ça, je vais devoir le faire admettre dans l'aile médicalisée pour le placer en observation, ne serait-ce que quelques heures. Stella ? Je suppose que tu le surveilles ?
- Oui. Je vous avertirai tout de suite si l'un de ses paramètres vitaux passent dans le rouge.
- Merci. Je repasse dans une demi-heure et j'aviserai à ce moment-là. »


Le doyen sortit, contrarié, mais aussi soucieux. Prius observa Nadja.

« - Votre mari a l'art et la manière de ne pas faire ce qu'on lui demande en tant que patient... Il a fini par craquer, n'est-ce pas ? » lui demanda-t-il doucement.

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Nadja serra longuement son mari dans ses bras, le laissant pleurer tout son saoul. Il était la pour ça après tout. Elle dut quasiment le porter à nouveau dans sa chambre pour le coucher et l’allongea délicatement. Prius et son confrère arrivèrent la dessus et elle en profita pour aller sécher ses yeux et se redonner un minimum de contenance.

En revenant, elle croisa e médecin qui la rassura rapidement quand à l’état de Zander, même si cela sonnait un peu plus faux que la fois précédente. Cette nouvelle excursion n’avait pas du aider à améliorer son état.

Nadja se réinstalla dans le fauteuil prés du lit et répondit à Prius avec un petit sourire.

« - Je suppose que ça fait parti de son charme. On ne sait jamais ce qu’il nous réserve. Mais ça n’est pas tous les jours facile, en effet. Et oui, je crois que la digue à rompue, finalement. Je l’ai trouvé devant cette photo dans un bar. Je crois qu’il lui parlait et s’excusait. Mais ça ressemblait enfin au discours qu’on peut avoir avec un défunt, ce qui voudrait dire qu’il accepte enfin ce décès. Mine de rien, c’est un gros pas en avant. »

Et l’avoir entendu parler seul à un mort ne l’effrayait pas outre mesure. Pas comme si ça ne lui était pas arrivé non plus en fait. Elle avait finit par trouver son équilibre dans ses dessins mais c’était finalement un autre moyen de les mettre en scène et de ne pas les laisser partir.

« - Et maintenant ? Vous croyez que ça va aller ? »

Parce qu’aucun d’eux ne tiendrait longtemps ce rythme. Même Prius commençait à montrer des signes de fatigues évidents.

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Prius écouta attentivement Nadja, adossé au mur. Il fut vraiment soulagé d'apprendre que leur plan avait finalement porté ses fruits.

« Voilà une bonne nouvelle. Il était plus que temps. Il va enfin pouvoir avancer. Et oui, ça devrait aller, avec le temps en tout cas. Il faut maintenant qu'il fasse son deuil, comme tout le monde. Mais je ne peux pas vous dire exactement comment il va le faire, parce que je n'en sais rien. C'est aussi l'inconnu pour moi. De toute façon, il faut d'abord qu'il se remette sur pied. On devrait avoir quelques heures de tranquillité avant qu'il se réveille, ceci dit. Il avait vraiment l'air à bout quand vous l'avez ramené. Par contre, mieux vaudrait éviter de le laisser faire une autre escapade de ce genre, sinon le doyen l'attachera sur son lit. Et si vous y voyez pas d'inconvénient, je vous remplacerai sur le canapé une fois que Pétrarque sera repassé. Contrairement aux idées reçues, j'ai aussi besoin de quelques heures de sommeil de temps à autre... » fit-il avec un petit sourire.

Trente minutes plus tard, l'intéressé était de retour. La fièvre semblait stabilisée, aussi décida-t-il de laisser Zander où il se trouvait, mais il enverrait quelqu'un vérifier son état toutes les deux heures.

***********


Zander ouvrit les yeux. Encore une fois, cela lui prit quelques secondes pour se rappeler où il se trouvait. Il ne se sentait pas vraiment en forme. Une perfusion était toujours accrochée au-dessus de sa tête, presque vide. Dehors, il faisait jour et il devinait le soleil derrière le store baissé et il pouvait entendre les oiseaux. En tournant la tête, il vit Nadja qui somnolait dans le fauteuil.

« Salut, belle brune… » fit-il d'une voix rauque, sachant que cela suffirait à la réveiller. Il avait la gorge sèche et il mourrait de soif.

« Tu crois que ce serait possible d'avoir un verre d'eau ? »

Il avait aussi envie de se lever, mais quelque chose lui disait qu'il ferait mieux d'attendre quelques minutes avant de tenter l'aventure. Une voix se fit soudain entendre.

« - Ah, je vois que tu t'es enfin décidé à revenir parmi nous, fit Pétrarque.
- Doyen…
- Pétrarque, pour toi, Zander. Tu nous as fait vraiment peur, tu sais, dit-il en l'examinant. Mais le pire semble être derrière toi. Tu as toujours un peu de fièvre, mais le fait que tu te sois réveillé est bon signe, surtout après plus de douze heures de sommeil. Comment tu te sens ?
- J'ai mal à la tête et j'ai l'impression que mon corps pèse trois tonnes. Et j'ai faim.
- Rien d'anormal. Et encore un bon signe. Je vais demander à ce qu'on apporte à manger. Et tu vas garder la perfusion jusqu'à ce que la fièvre soit complètement tombée, d'accord ? fit-il en la changeant et en y injectant un produit. Tu peux te lever, mais reste à l'intérieur et n'en fais pas trop pour lle moment. Sinon, je te remets sous sédatif jusqu'à demain. Il n'est pas question que tu rechutes tout de suite. Pour l'instant, c'est repos. Compris ?
- Oui, monsieur, répondit-il sagement. »


Le doyen fit demi-tour pour partir et son regard tomba sur la photo qui était posée là. Il rit dans sa barbe et lui fit à nouveau face.

« - Je me souviens de ce soir-là… Et du fait que nous n'avons pas trop été de deux pour te ramener à bon port. Et du lendemain pas triste avec Leïla en train de te maudire toute la journée pendant son service.
- Je me rappelle surtout de la migraine carabinée… Et de Leïla en train de rouspéter, oui.
- Zander... la cérémonie de commémoration a lieu demain après-midi. Si ton état te le permet et que tu te sens assez en forme, tu pourras y assister si tu le souhaites, lui dit-il doucement en lui serrant l'épaule. »


Le pilote se contenta de hocher silencieusement la tête. Alors que Pétrarque sortait, il l'interrompit.

« Pétrarque, que s'est-il passé après… » commença-t-il sans finir sa phrase.

Le doyen se retourna, hésitant. Il croisa le regard de Prius qui se trouvait là et qui acquiesça d'un signe de la tête. C'était Zander qui demandait après tout. Ça aussi, c'était plutôt une bonne chose, tout bien considéré. Il s'approcha à nouveau et s'assit sur le lit.


« Les combats ont redoublé pendant environ trois mois avant qu'une trêve soit signée. Un cessez-le-feu officiel a suivi quatre mois plus tard, même s'il y a eu des escarmouches à droite et à gauche et des poches de résistance. La paix a été signée un an après sa mort. Les accords portent d'ailleurs son nom en sa mémoire, les accords de paix Simms. Tu es aussi mentionné dans le document à titre d'artisan de la paix, Zander. Cet événement tragique a servi de catalyseur pour mettre un terme au conflit et a permis de parachever ce que tu avais permis de commencer. » résuma-t-il. Il aurait aimé lui offrir les remerciements qu'il méritait, mais ce n'était pas le moment pour cela.

Le pilote resta coi encore une fois et Pétrarque sortit sans ajouter un mot de plus, suivi par Prius, qui estima que son ami avait probablement besoin d'un peu de temps pour digérer tout ça. Zander regarda Nadja qui se tenait dans un coin.


« Tu peux m'aider à me lever s'il te plaît ? » lui demanda-t-il avant de se laisser guider jusqu'au salon où il put contempler la vue sur le lac depuis le canapé. Comme souvent, il trouvait cela apaisant, mais il aurait préféré pouvoir aller plus près que ça. Il ne comptait cependant pas enfreindre les instructions du médecin et s'attirer ses foudres, et encore moins celles de Nadja qui l'en empêcherait certainement s'il suggérait une telle chose.

Une infirmière du Gris arriva dix minutes plus tard avec un plateau contenant une assiette de ce qui ressemblait à de la soupe de poulet, du pain, un morceau de fromage, une sorte de flan et ce qui devait être une salade de fruit. Il ne savait pas s'il arriverait à tout manger, mais il ne put échapper aux deux comprimés qui lui furent donnés.

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« - Vous ? Fatigué ? Je finissais par croire que vous étiez une machine. Le canapé est a vous, vous l’avez bien mérité. »

Nadja était elle aussi épuisée mais le prêtre veillait sur Zander depuis des années, il avait gagné sa sieste. Elle se réinstalla dans le canapé en posant ses pieds sur une chaise récupérée au salon. Un plaid posé sur sus cuisses lui tenait chaud et elle pouvait ainsi couver Zander du regard.

Sauf qu’elle sombra à nouveau, largement plus fatiguée qu’elle ne l’aurai cru. Dormir si longtemps ne lui était pas arrivé depuis longtemps. Quand il la réveilla, elle sursauta presque et ouvrit ses yeux bleus, instantanément vigile.

« - Salut beau gosse, fit elle en essayant de calmer son cour qui battait à tout rompre. »

Elle alla lui chercher de l’eau et revenait s’asseoir prés de lui.

« - Tu nous a fait une sacré trouille hier soir. Mais t’as une meilleure mine ce matin. »

Elle aurait aimé discuter un peu plus avec lui mais le doyen entra à ce moment la. A croire qu’il avait mis une alarme dans la chambre pour surgir au moment opportun. Nadja le laissa ausculter son patient. Les nouvelles étaient rassurantes même s’il lui lui enjoignit de rester dans la bâtiment.

La conversation dériva ensuite sur ce qu’étais devenu la planète depuis son départ. Tout cela lui rappelait le futur de Zander. Un traités négocié chèrement mais couronné de succès. Elle avait facilement tendance à l’oublier de plus en plus, mais le futur président Hayes n’était pas si loin.

Après le départ du médecin, elle l’aida à se relever pour l’emmener prés de la baie vitrée. Le pilote était encore faible et Nadja devait le soutenir à moitié. Heureusement, son repas arriva à ce moment et elle l’emmena vers la table pour qu’il puisse se restaurer. Le ventre de l’ex marine gronda soudain et elle se rappela qu’elle n’avait rien mangé depuis la veille.

« - Je vais vous trouvez quelque chose, s’amusa l’infirmière avant de sortir.
- Vaudrait mieux, marmonna l’ex marine. J’ai vu un prêtre bien dodu hier soir et je suis pas sure d’avoir le temps de le faire rôtir. »


Heureusement, elle n’eut pas à en arriver à ses extrémités et un nouveau plateau arriva chargé celui la d’un repas bien plus consistant, à son grand soulagement. Le café fut principalement apprécié et elle se sentit définitivement réveillée après en avoir absorbé un demi litre. Si Zander retournait se coucher, elle irait sans doute faire un peu de footing à l’extérieur.

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Zander fit un petit sourire en entendant Nadja dire qu'elle avait faim et ce qu'elle mangerait si on ne lui apportait pas à manger. Elle eut droit à un plateau bien mieux garni que le sien, mais en même temps, elle n'était pas malade.

Il s'aperçut qu'en fin de compte, il n'avait pas si faim que ça. Il picora dans les différents plats de son plateau plus par obligation que par appétit. Il regarda dehors et son regard se perdit dans la contemplation d'un oiseau solitaire pendant quelques secondes. Il se prit la tête entre les mains et respira profondément pour endiguer la vague de tristesse. Il était plus habitué à devoir maîtriser l'angoisse et la panique que cette sensation-là. Jusqu'à présent, il l'avait toujours repoussée et enfermée, et maintenant, il ne savait pas trop quoi en faire. Il n'allait tout de même se mettre à pleurer toutes les cinq minutes pour un oui ou pour un non, tout de même.

« Désolé, j'ai plus faim. Je vais aller prendre une douche. » fit-il en se levant avec précaution, et pas aussi vite qu'il l'aurait voulu, et embarqua la perfusion qui faisait aussi office de soutien.

Il s'arrêta devant la salle du souvenir quelques secondes. Il lui faudrait probablement y retourner pour regarder les objets et les photos qui s'y trouvaient, mais pas tout de suite. Il ne s'en sentait pas vraiment le courage. Peut-être plus tard ou demain. Pour le moment, il avait juste envie de disparaître dans un trou et qu'on l'y oublie.

Arrivé dans la chambre, il eut l'impression d'avoir couru dix kilomètres avec Nadja, alors qu'il n'avait parcouru que quelques mètres. Décidément, tout cela l'avait affaibli plus qu'il ne le pensait. Il découvrit qu'un sac avec ses vêtements avait trouvé son chemin jusqu'ici. Il fouilla dedans et réussit à en extraire sa tablette et une tenue de rechange. Il s'assit, ou plutôt se laissa tomber, sur le lit et réalisa qu'il n'avait plus vraiment l'énergie nécessaire de faire quoi que ce soit pour le moment. Il détestait se sentir ainsi. Dans tous les cas, la douche allait devoir attendre. Il soupira, agacé et frustré.

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On pouvait dire ce qu’on veut sur ces moines, mais ils savaient cuisiner et s’occuper de leurs hôtes. Nadja dévora le contenu de son plateau en un temps record tout en gardant un œil sur Zander. Il n’était pas au mieux de sa forme et pas vraiment bavard et elle le laissa digérer à sa manière ces émotions.

Il se leva finalement en annonçant son intention de prendre une douche la laissant avec un dilemme sous les yeux… devait-elle finir son dessert ? Mais aucune eau ne se mit à couler et il ne lui fallut pas longtemps pour s’inquiéter. Elle se leva et suivit le même chemin que le pilote pour le trouver sur le lit, déjà à moitié endormi.

« - T’as tiré sur la corde, chéri. Repose toi. Je sais à quel point c’est agaçant de ne rien pouvoir faire mais écoute l’infirmier en toi. Si nos roses étaient inversé, tu me dirais quoi ? Je ne serai pas loin si tu as besoin de quoi que ce soit.»

Elle le laissa tranquille mais se rendit vite compte qu’elle tournait en rond dans ce salon sans rien avoir à faire. Après s’être assurée que Zander s’était bel et bien rendormi, elle retourna vers Stella chercher quelques affaire dont son carnet à dessin. Sur le chemin du retour, elle croisa un petit groupe de Gris qui n’avait rien à envier à des militaires de sa connaissance et leur chef de section s’arreta en la voyant.

« - Vous êtes madame Hayes, c’est bien ca ? Je suis le frère sergent Eole, nous avons échangé un peu avant votre arrivée.
- Oh, ravie de vous rencontrer en personne, ferre sergent. Et mes excuses si j’ai pu vous paraître exigeante. Les services de votre ordre sont louables. Je n’ai que peu d’occasion de remettre ma sécurité à d’autre et je suppose que cela me rend très nerveuse.
- Je peux comprendre cela madame. J’ai compris que votre mari participerait à la cérémonie demain ?
- Je l’espère en tout cas.
- J’en suis heureux. Souhaitez vous voir ce que nous avons prévue ? Frere Prius s’est porté garant pour vous et…
- ...et vous ne me montrerez pas tout de toute façon. Je ferai de même, ne vous en faite pas. Je vous suis Frère sergent. »


C’était tout aussi bien que dessiner, au final et elle passa les heures suivantes en compagnie de la compagnie de soldat locales à les regarder s’entraîner tout en revoyant les mesures -impeccables- de sécurité pour le lendemain.

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Zander rouvrit les yeux en entendant Nadja lui parler. Il n'avait même pas réalisé qu'il était qu'il les avait fermés. Il se contenta de hocher la tête et se rendormit à peine Nadja sortie de la chambre. Il passa d'ailleurs la plupart du reste de la journée à dormir, à la grande satisfaction de Pétrarque, se réveillant de temps à autre pour prendre cette fameuse douche ou manger et se rendormant rapidement après.

******

Le lendemain matin, il endurait stoïquement une énième auscultation du médecin. Il se sentait encore patraque et d'humeur morose.


« - Ta fièvre est quasiment tombée. Il va te falloir plusieurs jours pour récupérer. Et tu sais que les risques de rechute sont importants pour l'instant, donc pas d'activités physiques intenses. Cependant, tu peux aller faire un tour dehors, accompagné. Un peu d'air frais et d'exercice léger devraient te faire du bien. Si tu veux aller à la cérémonie tout à l'heure, nous t'enlèverons la perfusion, mais je souhaiterais que tu la gardes jusque-là et cette nuit.
- Oui, monsieur, répondit-il laconiquement. »


Devant l'absence de protestation dont son patient était pourtant coutumier, Pétrarque l'observa plus attentivement. Le pilote avait l'air plus éprouvé qu'il ne le pensait, et pas seulement physiquement.

« Et il faut que tu manges. Tu as besoin de reprendre des forces. » fit-il en secouant la tête devant l'apathie apparente du pilote avant de se rapprocher de Nadja et Prius pour leur faire ses recommandations, afin d'être certain qu'elles soient suivies.

« Vous pouvez veiller à ce qu'il se nourrisse correctement ? Sinon, je serai contraint de le garder sous perfusion plus longtemps. Il faudra aussi garder un œil sur sa température, surtout s'il sort prendre l'air. Et il risque de beaucoup dormir dans les jours à venir. Le virus sape déjà beaucoup son énergie en temps normal, mais son état mental ne l'aide pas du tout. Cela m'inquiète un peu d'ailleurs. Il a tendance à rechuter facilement, mais là, les risques sont plus grands que d'habitude. Je vais espacer les visites à partir de maintenant. Je vous revois tout à l'heure à la cérémonie ? »

Puis il sortit, les laissant tous les trois.

******

Le soleil brillait, mais il faisait frais. Zander avait enfilé un costume noir, ce qui ne changeait pas vraiment, et était emmitouflé dans un long manteau. Il se tenait immobile et raide, encadré par Prius et Nadja sur laquelle il s'appuyait, au premier rang, en raison de ses liens avec Leïla. Il n'avait pas pu l'éviter, alors qu'il aurait préféré rester loin, au dernier rang, même si la cérémonie était plutôt intime. Il avait par contre refusé net la proposition de dire quelques mots. Il en était incapable pour le moment. Ce fut donc Pétrarque qui s'en chargea, le remerciant de sa présence, ce dont il se serait bien passé. Il essayait de garder un visage neutre, mais il trouvait cela de plus en plus difficile et il commençait à s'agiter. Il voulait partir, mais il ne le pouvait pas et se sentait piégé. Ce sentiment s'accrut lorsqu'il vit le doyen s'approcher de lui avec une boîte, posée sur une étole grise et noire. Il se réfugia derrière Nadja, comme si celle-ci pouvait le protéger de ce qui allait se passer.

Pétrarque regarda la réaction du pilote et soupira intérieurement. Il avait hésité à effectuer cette partie de la cérémonie, mais cela faisait trop longtemps qu'elle était reportée, faute de membres de la famille présents. Surtout, il ne savait pas quand le pilote reviendrait sur Harlan, s'il revenait un jour, ce qu'il espérait pourtant. Il s'arrêta à quelques pas de Nadja, l'air interrogateur. Elle devait certainement comprendre mieux que quiconque la signification de l'événement. Il fallait que ce soit Zander qui accepte la médaille de Leïla, mais il ferait une exception, s'il n'était pas possible de convaincre ce dernier. L'important était surtout qu'elle revienne à qui de droit et selon les souhaits de la défunte, cela ne pouvait être que lui.

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Nadja passa une grande partie de sa journée avec l’équipe de sécurité locale. Le sergent était un professionnel aguerri et échanger avec lui fut rafraîchissant pour l’ex marine sur laquelle les dernières heures avait été particulièrement difficiles.

Ce n’est que le lendemain que Zander revint un tant soit peu parmi les vivants et elle l’aida à prendre un petit déjeuner un rien plus conséquent que ce qu’il avait absorbé la veille. Elle l’emmena ensuite dans la cour intérieure pour qu’il prenne un peu le soleil et répété avec lui quelques katas simple et peu exigeant simplement destiné à lui dérouiller les muscles et lui occuper l’esprit jusqu’a cette fameuse cérémonie.

Une fois l’heure arrivée, ils se changèrent tous les deux. Il passa un costume noir qui lui allait parfaitement et elle revêtis l’uniforme de parade. Elle n’appréciait que modérement la casquette blanche qui allait avec, y préférant le béret noir de son époque, mais n’avait évidement pas eu son mot à dire.

Finalement, ils se présentèrent à la cérémonie et écoutèrent le discours de remerciement de Pétrarque. Nadja serra doucement la main de son mari alors que le malaise de celui ci croissait. Lorsque l’orateur s’avança finalement pour leur remettre une boite contenant sans doute une médaille, il se réfugia derrière comme un enfant, ce qui eut le don de l’agacer.

« - C’est le symbole de pourquoi ton amie à donné sa vie ! Je sais que c’est dur de rester derrière mais si tu honore ce pour quoi elle se battait, tu vas prendre dignement ce qu’on t’offre. »

Il le regretterait le reste de sa vie, sinon, elle le savait pertinemment. Il avait bien assez de raisons pour se mortifier sans en rajouter de nouvelles.

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Tout ce que Zander entendit dans les mots de Nadja fut son agacement. Cela lui hérissa le poil et lui donnait envie de partir sur-le-champ. Il sentit sa colère resurgir, mais il la maîtrisa suffisamment pour ne pas causer d'éclat.

« Je n'ai pas besoin d'un bout de tissu et de métal pour honorer sa mémoire ou ce qu'elle a fait. » murmura-t-il froidement à Nadja.

Non, ce qu'il y avait dans la salle du souvenir était suffisant et surtout, plus personnel. Tout ce qui s'y trouvait avait un sens. La médaille symbolisait pour lui la mort inutile de Leïla, même si cela avait conduit à la paix. Cela n'aurait pas dû être nécessaire. Il n'était même pas sûr que cette dernière aurait apprécié tout cela. Elle aurait préféré être honorée pour son dévouement et son travail, plutôt que pour être morte pour un prétexte fallacieux.

Il fit ce qu'on attendait de lui et prit la boîte en murmurant un merci sur le ton de circonstance, regardant à peine ce qu'on lui remettait.

Pétrarque continua à suivre le protocole comme si de rien n'était, mais sans prononcer les quelques mots plus personnels qu'il avait prévus. Cela n'aurait servi à rien, son destinataire ne les aurait pas entendus. Il réalisa qu'il aurait mieux fait de donner la boîte à Nadja. Il aurait préféré un Zander au bord des larmes, mais réceptif, plutôt que de se heurter à cette colère froide qui le rendait hermétique à ce qui l'entourait. Il avait déjà vu ça plus d'une fois et cela le désolait profondément. Il faudrait vraiment du temps au pilote pour qu'il fasse la paix avec la mort du médecin.

Dès que la cérémonie s'acheva, Zander partit sans attendre quiconque. Prius le rattrapa en quelques foulées.


« - Zander, attends...
- Fiche-moi la paix. En ce qui me concerne, nous en avons terminé ici. J'ai fait ce que vous vouliez. Nous quittons cette planète maudite demain, avec ou sans l'accord de Pétrarque, rétorqua-t-il sans s'arrêter. »


Prius se figea net au ton employé par le pilote et le laissa continuer son chemin en solitaire. Son ami s'était réfugié derrière ses barricades et il n'écouterait rien pour l'instant. Il secoua la tête. Il avait vu le malaise et l'agitation de son ami augmenter au fur et à mesure de la cérémonie avant qu'il ne retombe dans les bras de la colère pour ne pas s'effondrer et se protéger. Il espérait qu'il retrouverait son calme rapidement. Mais cela n'augurait rien de bon pour la soirée.

Le pilote poursuivit son chemin et rentra dans le logement qu'ils occupaient. Il déposa la médaille et l'étole sur un meuble et alla s'enfermer dans la chambre pour être seul. Il s'apprêtait à enlever son manteau quand il remarqua la porte menant à l'extérieur. Il ressortit immédiatement et suivit le sentier sur la droite qui descendait vers le bois tout en lui évitant de passer devant les fenêtres du salon et d'être vu depuis le cimetière. Au bout de dix minutes, il trouva un banc isolé, au soleil, et s'y assit pour contempler les lieux et profiter du calme qui régnait. Quand le stress généré par la cérémonie finit par retomber, il se remit à pleurer sans pouvoir s'arrêter.

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Nadje ne répondit pas à la provocation et se contenta de regarder le pilote dans les yeux, calmement, comme elle s’y serait prise avec une nouvelle recrue récalcitrante. Ce fut efficace et Zander récupéra l’écrin avant de se ferme comme une huître au reste de la cérémonie. Agacée, Nadja ne fit rien pour l’aider cette fois. Cette cérémonie n’était pas pour lui mais pour son celle qui avait donnée sa vie pour cette planète.

A peine les dernier mot prononcés, Zander tourna les talons et envoya vertement paître Prius. L’ex marine serra les dents pour ne pas lui hurler dessus en public et pris le temps de remercier Petrarque pour ces efforts avant de remonter vers leur chambre en compagnie de Prius.

« - Vous n’y étes pas allée de main morte avec lui, ce coup la.
- Ca m’a foutu hors de moi. Tout el monde se donne la peine d’être la pour honorer cette fille et monsieur fait un caprice.
- Je n’appellerai pas ca un caprice… Plutot une crise de panique.
- Une de plus. C’est bien beau d’essayer de le soutenir mais il fera quoi le jour ou…
- Le jour ou ça sera vous à la place de Leila, termina doucement le prêtre. »


Nadja ne répondit rien. Il avait bien sur raison. Elle avait enterré et honoré tellement de proches qu’elle avait finit par acquérir la certitude qu’un jour son tour viendrait. Et imaginer son mari dans un tel état ce jour là la désespérait.

En arrivant à l’appartement, ils constatèrent que celui-ci était vide. Stella leur confirma immédiatement la position de son propriétaire et Nadja, seule emprunta la sentier pour le suivre. Il ne fallut que quelques minutes pour le retrouver, seul sur un banc en train de sangloter. Les restes de colère de Nadja fondirent au soleil et elle alla s’assoira a coté de lui et entoura ses épaules d’un bras protecteur, s’il ne la repoussait pas.

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Prius s'adressa à Nadja avant qu'elle parte.

« La colère est juste sa façon de se protéger quand il est dépassé et n'arrive pas à gérer à ses émotions. Et c'est mauvais signe. Ne le laissez pas emprunter cette voie-là et s'enfermer encore une fois dans sa douleur. Et n'oubliez pas qu'il commence à peine à accepter la mort du Dr Simms après avoir enfoui tout ça pendant 10 ans. Faire son deuil va être difficile et lui demander du temps et il n'est pas encore tout à fait engager sur cette voie... Peut-être que cette cérémonie était de trop pour lui... » lui dit-il.

Oui, sans doute l'avaient-ils trop poussé, trop vite, sans lui laisser suffisamment de temps. Et le pilote avait toujours détesté qu'on lui force la main pour quoi que ce soit au lieu de le laisser avancer à son rythme et à sa manière.

Et le prêtre redoutait aussi ce qu'il se passerait et la réaction du pilote si la militaire venait à mourir. Mais la situation serait bien différente.

******

Zander aurait dû se douter qu'on ne le laisserait pas en paix et qu'on le chercherait dès que son absence serait remarquée. C'était normal. Il n'était pas censé être dehors tout seul à s'agiter au cas où il ferait un malaise. Pourtant, il aurait continué à marcher, mais il ne pouvait pas. Il n'avait plus de forces pour l'instant. Il voulait être tranquille et il aurait pu lui demander de partir. Il savait qu'elle l'aurait fait. Mais à l'instant où elle passa son bras autour de ses épaules, sa colère qui refaisait surface suite à son intrusion commença à refluer. Il essuya ses larmes, tâchant de mettre un peu d'ordre dans son esprit.

« Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? Pourquoi je veux me battre et que je fais en sorte de provoquer les autres pour que ça arrive ? Parce que là, tout de suite, c'est ce que je meurs d'envie de faire. J'ai besoin de me défouler, de bouger, n'importe quoi, mais je ne peux pas. C'est frustrant… Si seulement il y avait une piscine… quoique Pétrarque m'interdirait probablement d'en profiter. »

Il s'interrogeait sérieusement sur le sujet tout en regardant le lac, se demandant un instant s'il pouvait se baigner.

Non, ce n'était pas une bonne idée, l'eau devait être glaciale. Il avait beau avoir besoin d'évacuer sa tension, il n'était pas non plus désespéré au point de risquer la pneumonie ou pire. Son état ne lui permettait pas tout simplement. Il se sentait déjà épuisé par le peu d'exercice fait ce matin et encore plus par la cérémonie, mais paradoxalement, il avait besoin de bouger.

Il bascula et posa sa tête sur ses genoux et expira lentement.


« Tu crois que tu pourrais organiser une de tes fameuses fêtes ce soir ? Même si nous ne sommes que trois et que cela ne dure pas longtemps, ce n'est pas grave. Mais ça correspondrait plus à ce qu'elle aurait voulu, qu'on célèbre la vie plutôt que sa mort. C'est pour ça qu'elle était médecin, pour que les gens vivent. Elle aurait aussi préféré quelque chose de plus privé et que j'aille boire un verre sur sa tombe, plutôt que cette remise de médaille et cette cérémonie solennelle, en guise d'hommage. Je crois que c'est ce que j'aimerais faire pour lui dire au revoir… » fit-il doucement.

Boire, il pouvait. Pétrarque n'apprécierait pas, mais il comprendrait. Et lui en serait quitte pour une gueule de bois le lendemain. Mais il ne faisait pas ça pour oublier, au contraire. Il se redressa lentement.


« J'ai envie de marcher un peu… Tu m'accompagnes ? » demanda-t-il.

Il ne pouvait ni aller dans un bar mal famé ni nager, mais marcher, il devrait y arriver pendant quelques minutes au moins. Mais il ne pouvait pas y aller seul, même s'il aurait préféré.

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Évidemment que cette cérémonie avait été de trop. Il n’avait manqué que l’hologramme grandeur nature pour parfaire le tout. Sans répondre partie rejoindre Zander inquiet de l’état dans lequel elle allait le retrouver.

Et ça n’était pas beau à voir. Dire que ce matin, elle avait pu faire quelques exercices avec lui. Au moins ne la repoussa-t-il pas. Il accepta la coquille de protection qu’elle lui offrait et essaya de mettre des mots sur ce qu’il ressentait.

« - Ce type est un empêcheur de s’amuser en rond, si tu veux mon avis, répondit-elle au sujet de Petrarque. Peut être y a t’il une piscine chauffée quelque part dans ce complexe ? »

Elle ne répondit pas sur ces envies de violence. C’était un démon qu’elle connaissait bien pour y avoir succombé plusieurs fois et n’avait jamais trouvé de véritable moyen de l’expliquer. Le connaître lui avait simplement permis de savoir quand s’arrêter pour ne pas être dangereuse pour son entourage.

Elle passa la main machinalement dans les cheveux du pilote quand il posa la tête sur ses genoux, surpris du mouvement, mais aussi soulagée de cette complicité retrouvée.

« - Ca devrait pouvoir se faire, répondit elle à son étonnante demande. Mais il faudra être plus de trois pour ça est du sens… Mais bon, j’ai pas mal discuté avec mes homologues locaux hier. Certains la connaissait, tu t’en doute. Si tu te sens prêt à te retrouver dans une salle avec une dizaine de personne, je pense que la soirée aurait vraiment du sens. Et tous le monde comprendra si on s’éclipse plus tôt, vu ton état. »

C’était même de son point de vue, une excellente idée. Et si le doyen avait quelque chose à y redire, il n’avait qu’a venir le lui dire en face… avec un protège dents.

Quand il se redressa et lui proposa d’aller marcher, elle lui sourit doucement et lui prit doucement la main.

« - Toujours, répondit-elle simplement. »

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