Quitter l'hiver de Grande-Bretagne avec un sacré rhume, pour arriver en plein Nevada où il régnait une chaleur insupportable, c'était terrible pour la jeune femme. De base, elle ne s'était pas spécialement préparée psychologiquement, puisque Mary était partie avec un sac de voyage et sa propre sacoche alors qu'elle n'était même pas certaine de survivre à l'hiver et à son rhume. Il faut dire, passer des -5 degrés aux 30 minimum... ça faisait beaucoup, même pour elle. Plusieurs milliers de kilomètres la séparait désormais de son pays et de sa mère, alors qu'elle observait les étendues désertiques du Nevada depuis l'arrière de la voiture. Elle éternua alors, sortit un mouchoir et s'en servit.
Où pouvait-on bien la mener ? Son chauffeur, et l'homme assis sur la banquette arrière avec elle, n'étaient pas des plus bavards. Par politesse, elle avait essayé d'engager un peu la conversation avec eux, mais elle s'était heurtée aux phrases du genre « nous ne pouvons rien vous divulguer, désolé ». Le chauffeur avait d'ailleurs un horrible accent texan, ce qui ne plaisait pas forcément à Mary. Elle n'était peut-être pas spécialement bien placée pour dire ça, avec son accent anglais très prononcé, mais quand même. Elle avait hâte de savoir ce qui allait se passer par la suite.
La réponse à la grande question du voyage vint environ une heure plus tard, alors qu'elle sentit la voiture s'arrêter. On lui ordonna de descendre, ce qu'elle fit le plus lentement possible. Car dehors, il faisait toujours aussi chaud, en plein après-midi, et c'était véritablement insupportable. Elle se protégea le visage d'une main, s'assurant qu'elle avait encore sa sacoche avec elle. Elle aperçut alors une pancarte, à l'extérieur du parking où ils se trouvaient désormais. Dessus était inscrit Zone 51. Elle eut un petit moment de stupeur, sans bouger, avant qu'on la ramène à la réalité.
« Mademoiselle ? Par ici s'il vous plaît. On garde votre sac. » lui dit l'homme qui était assis avec elle auparavant.
Docilement, elle le suivit, plus intriguée qu'inquiète. Nouvel éternuement, nouveau mouchoir. Pitié, que ce rhume passe rapidement maintenant qu'elle avait chaud. L'homme la conduisit à l'intérieur, où les températures étaient plus appréciables, et lui montra une sorte de grande salle d'attente. Il y avait deux soldats de faction, derrière une vitre, qui discutaient entre eux. Ils saluèrent son guide d'un signe de tête, tandis que ce dernier continuait de marcher. Il lui indiqua finalement un siège, aimablement, mais sans un mot. Inutile de faire un dessin, elle avait compris.
Elle s'assit, gardant sa sacoche avec elle, et patienta donc seule. Nouvel éternuement. Bordel. Saleté de rhume à la... Encore un éternuement. Décidément !