The hurting time

Zander pouffa en la voyant sortir de la petite salle de bain avec sa tenue de nuit, informe et d'une couleur neutre, qui ne révélait absolument rien de son corps.

« Très sexy, y a pas à dire. Et cela te va à ravir… Si le but est de faire en sorte que rien ne se produise dans un couple, c'est réussi. C'est aussi excitant qu'un règlement terrien. Est-ce que tout est codifié jusque dans la chambre à coucher dans cette société ? »

Heureusement que les deux couchettes pouvaient être rapprochées pour former un seul grand lit. Visiblement, tous les couples n'étaient pas adeptes de cette séparation nocturne. Il la laissa s'installer avant de sourire.

« Oh ? Tes compensateurs inertiels ont besoin d'une vérification ? Lesquels précisément ? Parce que je me ferai une joie de m'en occuper. » demanda-t-il, amusé.

La nuit ne fut pas aussi pire qu'il l'avait redouté, mais il fut tout de même réveillé deux ou trois par les mouvements et les bruits du train. Il ne manqua pas aussi la différence lorsque Nadja se débarrassa de son horrible chemise de nuit. Quand à lui, il finit par enlever le haut de pyjama. Mais qui pouvait dormir avec des vêtements à boutons franchement ?

Il se réveilla relativement reposé et suivit le mouvement jusqu'au restaurant, vêtu d'un costume trois pièces sobre et élégant, mais pas vraiment adapté à la course, même si c'était beaucoup mieux que la tenue de soirée. Malheureusement, il n'avait pas vraiment le choix, devant respecter le standard de sa classe.

Le restaurant était tout aussi luxueux que la suite et s'attira les compliments de Nadja

« - C'est certain. Je suis sûr que je dois pouvoir te trouver ça quelque part. Tu aimes les croisières sinon ?
- Il existe des trains de luxe sur Terre qui proposent des séjours de plusieurs semaines à leur bord, offrit Stella.
- Peut-être que je pourrais aussi réaménager la zone de vie de manière semblable. répondit-il.
- Je ne suis pas un yacht de luxe destiné aux voyages d'agrément, fit l'intéressée.
- Un nouveau canapé et des fauteuils plus confortables ne seraient pourtant pas du luxe. Ce sont les seuls éléments de bord qui n'ont encore jamais été changés, comme tous les aménagements destinés aux passagers. Il serait peut-être tant d'y remédier. » fit-il remarquer, conscient que certaines règles devaient être respectées.

Cela n'empêchait pourtant pas d'améliorer les choses et de trouver un juste milieu entre équipements de base strictement fonctionnels et grand luxe.

Le petit-déjeuner était plutôt bon et la salle à manger se remplit petit à petit. Il observait les différents arrivants, mais le voleur ne se trouvait pas parmi eux.

Il sourit poliment à la jeune fille qui le déshabillait du regard, la faisant rougir. Il s'attira par la même occasion les foudres de sa gardienne à qui il sourit aussi, mais celle-ci le foudroya du regard de plus belle. Visiblement, cela ne se faisait pas.

« Je crois que je n'ai pas la cote auprès d'elle… Et si nous allions voir la deuxième classe ? Peut-être que notre homme s'y trouve après tout. » dit-il en se levant.

Sans doute n'avait-il pas les moyens de s'offrir la première classe et puis il devait avoir eu du temps pour planifier son coup et sa fuite. Voyager dans le luxe n'était pas forcément la plus discrète façon de voyager.

« Est-ce que tu as repéré les boutiques ? Ça pourrait aussi nous donner une raison de nous balader dans le train. » dit-il.

Il n'avait pas l'intention d'acheter quoi que ce soit, mais il devait reconnaître que sa curiosité le titillait un peu pour voir à quoi cela ressemblait et ce qu'on y trouvait.

Impossible de ne pas pouffer quand la vielle rombière lui fit de gros yeux. En voila une qui ne succomberait pas au charme légendaire du pilote. A voir sa tête, elle n’avait pas du succomber à beaucoup de charme récemment.

« - Je crois avoir aperçu ses fameuses boutiques dans le prochain wagon. Çà doit permettre aux domestiques de s’y rendre sans compromettre leur patron. Tu me laisse finir mes crêpes ? Elle sont délicieuses. »

Avec toute la confiture qu’elle avait mise dessus, le contraire aurait été étonnant de toute façon. L’appétit de l’ex marine leur permit finalement d’avancer dans leur recherche. L’homme à la canne rentra dans le wagon, accompagné d’un autre, en costume au visage patibulaire. Le regard du voleur tomba sur la table occupé par le couple et il pâlit avant de tourner les talons, toujours flanqué de son compagnon.

Ce dernier ne perdit pas son sang froid et bouscula un des serveur qui s’affala sur une table déclenchant un début de panique.

Alors que Nadja se ruait à leur poursuite, une assiette particulièrement bien lancée l’atteignit pile sous le nez et la jeta au sol.

« - Humphh, ca va se payer ça ! M’attend pas, je suis juste derrière toi. »

Il lui fallut quelques secondes pour se remettre sur pied, le nez en sang. Déjà un des serveurs venait vers elle avec une serviette humide qu’elle intercepta au passage avant de sortir à son tour.

Dans le couloir des premières c’était l’effervescence mais elle trouva bien vite la raison. Une des portes extérieure était ouverte et les fuyards étaient monté sur le toit du train pour tenter de leur échapper.

Zander secoua la tête d'un air dépité.

« Mais que vais-je faire si mon charme légendaire ne fait plus recette ? C’est une catastrophe ! » s'exclama-t-il sur un ton faussement choqué quand elle pouffa à sa remarque.

Ce fut à son tour de pouffer quand Nadja dit qu'elle voulait d'abord finir son assiette. Voilà une demande qui était très surprenante venant d'elle.

« Eh bien je n'ai malheureusement pas eu le temps d'emmener notre suite de serviteurs. Nous allons donc nous-mêmes devoir nous charger d'aller dans ces boutiques qu risque de fréquenter le bas peuple... Et tu es sûre que ce n'est pas plutôt la confiture qui est délicieuse ? » lui demanda-t-il amusé.

Puis leur homme entra avec une armoire à glace qui avait la tête typique du garde du corps ou assimilé, et les repéra presque aussitôt. Ils se figèrent tous un instant avant que le premier réagisse et fasse demi-tour tandis que son sbire bousculait, volontairement, un pauvre serveur. Il se leva avec un temps de retard pour se lancer à leur poursuite. Sans surprise, Nadja avait été plus rapide, ce qui lui fallut malheureusement une assiette en pleine figure, la faisant choir. Il allait s'arrêter et s'occuper d'elle quand il vit qu'elle saignait du nez, mais elle lui intima de continuer. Il hésita une seconde avant de reprendre sa course. Il la soignerait dès que possible avec du matériel hébridien. Pas question de se fier à la médecine locale...

Il régnait un certain chaos dans les couloirs du wagon suivant dans lesquels le sbire avait continué à bousculer des gens et renverser des chariots et des valises, lui compliquant la tâche et le ralentissanr. Il finit par rejoindre un attroupement devant une porte ouverte. Cela lui rappela soudain certains films terriens, vieux ou non, où gentils et méchants se poursuivaient sur le toit des trains, au mépris du danger. Visiblement, certains le faisaient aussi dans la vraie vie, aussi fou que cela puisse être, et il allait rejoindre ce groupe.

Il s'approcha et se pencha prudemment pour regarder et évaluer la situation. Il y avait une échelle qui menait sur le toit. Il se demandait où les deux compères comptaient aller comme ça et décida de les suivre, même si ce n'était pas la plus lumineuse des idées et que c'était aussi relativement dangereux, à tout bien réfléchir. Il ne pouvait cependant pas les laisser s'échapper.

« - Stella, assure mes arrières et verrouille le téléporteur sur moi. Prépare-toi à me téléporter, dans notre cabine si possible, en cas de problème. Fais de même avec Nadja si elle me suit. fit-il doucement.
- D'accord. Puis-je te faire remarquer que…
- … c'est risqué et complètement insensé ? Non, pas la peine, je suis au courant. » répondit-il tout en attrapant l'échelle pour se mettre à grimper.

Son IA serait probablement plus rapide que lui à réagir et le sortir d'un mauvais pas, s'il venait à tomber du train par exemple, surtout si elle était en mode Intervention d'urgence. Elle n'attendrait pas forcément son signal pour agir s'il y avait un danger imminent pour sa vie. Et il préférait se retrouver dans le train que de disparaître soudainement, mais si elle n'avait pas d'autre choix que de les ramener à bord, il ferait avec. Devait-il lui demander de faire la même chose pour les deux gugusses au cas où ils auraient l'objet sur eux ?

Monter sur le toit d’un train en marche n’est sans doute pas l’idée la plus prudente de l’univers. Même si on parle d’un train à vapeur roulant « à peine » à soixante kilomètres par heure. A se demander pourquoi les fuyards avaient opté pour cette solution qui ne les mènerait pas bien loin.

En tout cas, ils semblaient bien décidé à se diriger vers l’arrière, aussi vite que possible, tout en restant un minimum prudent. Zander pouvait se permettre d’aller légèrement plu vite, se sachant protégé par Stella. Pas trop vite cependant, s’il voulait éviter de glisser et de risquer de les perdre.

Derrière lui, Nadja n’appréciait que très modérément l’expérience. Elle s’était hissée aisément sur le toit mais courir en robe longue sur le toit d’un wagon n’avait rien de pratique. De rage,elle finit par la fendre quasiment jusqu’à la hanche et reprit sa course, bien plus aisément. Stella l’avait informée de la mesure de protection mise en place par Zander et elle avait accélérée sa foulée, tout en restant la plus prudente possible.

Se voyant lentement rattrapé, le garde du corps se retourna et sourit en voyant le pilote venir vers lui.

« - On a un compte à régler lui et moi, vrai Nadja en lui sautant littéralement dessus. Occupe toi du voleur ! »

Surpris, le malabar esquiva le premier assaut de l’ex-marine par un coup de chance pendant que son mari passait à coté une fois de plus. Le second fuyard fonçait vers l’arrière du train en protégeant une sacoche. Un wagon, deux, trois… que ce train pouvait être long !

« - Zander je détecte une fluctuation d’énergie devant... »

L’air ondula soudain devant lui et un Tel’Tak se désoculta soudain devant eux, planant à quelques centimètres du toit du wagon. Le voleur ne se détourna pas un instant et fonça vers le sas ouvert.

Zander se redressa prudemment autant que possible une fois sur le toit puis se mit à avancer aussi vite qu'il pouvait se le permettre. Même avec Stella pour assurer ses arrières, il devait faire attention à ne pas glisser ou tomber, ce qui le ralentirait considérablement et pourrait permettre aux deux fuyards de s'échapper. Et se déplacer sur un véhicule en mouvement n'avait rien de simple, aussi primitif qu'il fut.

Il évita de se retourner pour voir où se trouvait Nadja. Il ne doutait pas une seule seconde qu'elle n'était pas loin derrière lui. Il ralentit quand l'armoire à glace se retourna avec l'intention claire de s'occuper de son cas. Il ne savait pas exactement quelle conduite adopter ou ce qu'il allait bien pouvoir faire pour se défendre dans la situation présente. Le problème fut résolu quand son épouse sauta sur le type tout en lui intimant de continuer.

Il ne se le fit pas dire deux fois et passa autant au large de l'homme que possible et reprit sa course pendant que Nadja se chargeait de neutraliser le malabar. Le voleur, lui, ne semblait pas vouloir s'arrêter, ni même ralentir, et continuait son chemin vers le bout du train. Mais que comptait-il faire une fois l'extrémité atteinte ?

Stella l'avertit qu'elle détectait une pointe d'énergie, ce qui le mit sur ses gardes et le fit légèrement ralentir. Il crut pendant une seconde qu'il allait se servir de la même arme que la veille au soir, mais la vérité se révéla bien pire et beaucoup plus problématique...

L'apparition soudaine du tel'tac expliquait pourquoi les deux larrons étaient montés sur le toit. Cependant, il doutait que cela ait fait partie du plan d'origine. C'était leur présence à eux deux qui avait dû chambouler leurs plans et les pousser à recourir à cette solution extrême, au risque d'être vu par tous ceux à bord du train.

« Stella, est-ce que tu peux intervenir d'une manière ou d'une autre ? Et essaie de ne pas perdre ce vaisseau maintenant que nous savons qu'il est là. Utilise tous les moyens à ta disposition pour le traquer. » lança-t-il.

Puis faisant fi de toute prudence, il accéléra pour tenter de rattraper le voleur, ou du moins sa sacoche. Dans le pire des cas, il tenterait de monter à bord du tel'tac. Ça non plus, ce n'était peut-être pas la plus lumineuse des idées étant donné qu'il n'était pas armé et qu'il n'avait aucune idée d'à qui il avait à faire au juste. Il se fit la réflexion qu'il n'était peut-être pas nécessaire d'en faire autant pour un objet dont il ignorait tout, alors qu'il devait être possible de trouver l'endroit dont il provenait et qu'il pouvait très bien y en avoir d'autres là-bas. Sauf que cela pouvait prendre des années avant de le trouver et il qu'il ne disposait pas de tout ce temps. Puis il n'était plus à ça près et il était déjà allé trop loin pour reculer maintenant. Il continua sa course sans hésiter. Il adviendrait ce qu'il adviendrait.

Se voyant opposé à une femme, le garde du corps fit l’erreur de ne pas prendre son adversaire au sérieux. Ce n’est que quand il vit son premier coup être contré et suivi immédiatement d’un direct dans les cotes qu’il réalisa son erreur. Trop tard, malheureusement. Nadja ne lui laissa pas la moindre chance de se reprendre et son dernier coup éjecta le malabar loin du wagon.

De son coté, Zander décida d’accélérer vers le petit vaisseau

« - J’ai verrouillé sa signature, Tant qu’il reste visible, je peux le détruire en un seul tir. Mais je préférerai que tu sois à une meilleure distance pour cela. »

Et le wagon sous eux n’y survivrait sans doute pas non plus.

Le fuyard rentra par la passerelle et Zander se rua derrière lui. A l’intérieur, il eut le temps de voir le père Honey, les yeux illuminés qui attendait juste derrière. Celui-ci leva le bras et un champ de force repoussa l’hébridien hors du vaisseau avec la force d’un camion poids lourd.

L’impact le rejeta sur le toit du wagon et il glissa vers le bord avant de s’accrocher in extremis à une barre d’acier judicieusement placée. Le vaisseau goa’uld s’évanouit dans les airs, et Stella annonça avoir perdue sa solution de tir mais pouvoir traquer néanmoins le TelTac.

« - Besoin d’une main secourable, beau gosse ? »

L’ex marine le hissa sur le toit du wagon mais n’eut pas le temps de lui poser la moindre question avant que Stella ne les interrompe.

« - J’ai un objet volant qui arrive vers vous. Lentement on va dire... »

C’est un avion, à l’air particulièrement rustique et au moteur pétaradant et fumant qui les survola à basse altitude. Le pilote leur fit un signe amical puis leur signala une ville qui approchait avant de se diriger dans cette direction.

« Évite de le détruire, s'il te plaît… Cela pourrait endommager le train et blesser ou tuer des passagers et il ne faut pas que cela arrive. S'il fallait recourir à une telle solution, il faudra tenter de minimiser au maximum les dégâts et les victimes en l'attirant d'abord vers une zone aussi déserte que possible. » répondit Zander en atteignant la passerelle et espérant qu'elle n'aurait pas à faire feu.

Il réussit à monter dans le tel'tac et se figea de stupeur en voyant le père Honey dans l'appareil. Voilà une chose à laquelle il ne s'attendait absolument pas et à plus d'un titre. C'était surtout ses yeux qui l'arrêtèrent et lui donnèrent des sueurs froides. Puis il eut l'impression d'être heurté par un mur, probablement un camp de force goa'uld, qui le projeta hors de l'appareil.

Il s'écrasa lourdement sur le toit du train et se sentit glisser. Il s'agita frénétiquement à la recherche d'une prise pour ne pas tomber, oubliant que Stella ne laisserait pas cela se produire. Il était un peu trop choqué et affolé pour penser clairement. Par miracle, il réussit à saisir une barre, mais il était toujours en mauvaise posture et ne tiendrait pas longtemps comme ça. Il fallait qu'il se calme avant toute chose.

C'est à ce moment-là que Nadja fit son apparition et lui proposa un coup de main.

« Ce n'est pas de refus. » fit-il en saisissant la main qu'elle lui tendait.

Il fut à peine soulagé une fois qu'il eut retrouvé la sécurité, relative, du toit. Le sbire n'était nulle part en vue et il supposa que Nadja l'avait éjecté.

« Merci... » commença-t-il, mais il n'eut pas le temps de dire quoi que ce soit, car Stella les interrompit. Il tourna la tête et observa l'appareil en approche avec une curiosité toute professionnelle.

« - Je me demande comment c'est de piloter une de ces machines. dit-il, même si sa voix manquait de l'enthousiasme qu'elle aurait avoir.
- Tu veux dire cette antiquité primitive sans aucune assistance et sans la moindre sécurité ? fit son IA d'un ton qui aurait été dédaigneux chez un humain.
- Ça ne m'empêchera pas d'essayer si on me le propose. Je n'ai pas vu qui était le pilote, mais je crois qu'il veut qu'on le retrouve à la prochaine ville. Retournons dans notre cabine récupérer nos quelques affaires et descendons à la prochaine gare. Oh, ma grande, tu crois que tu peux m'envoyer une trousse de secours pour que je soigne le nez Nadja ? » demanda-t-il sans obtenir de réponse.

Ils regagnèrent plus ou moins discrètement leur cabine en passant par le dernier wagon, la foule étant concentrée bien plus haut dans le train. Une fois dans leur compartiment, il verrouilla la porte et alla se servir un verre d'alcool qu'il but cul sec. Peu importait qu'il fut un peu trop tôt pour ça, mais après tout ça, il avait besoin d'un remontant. Il se versa un deuxièmes verre puis en tendit ensuite un à Nadja avant de s'asseoir en grimaçant dans un fauteuil.

« Dans le tel'tac, il y avait le père Honey. Et ses yeux brillaient, comme ceux d'un Goa'uld. Il m'a éjecté de l'appareil d'un simple mouvement de la main… » fit-il doucement en frissonnant, essayant de donner un sens à tout ça, ce que son esprit refusait obstinément de faire pour le moment.

En retournant vers les premières, le couple ne put éviter quelques regards, principalement Nadja dont la jupe fendue devaient être déplacée dans toutes les strates de la société. Finalement, une fois arrivé dans leur compartiment, Zander se servit un verre et l’ex marine lui fit signe de lui en verser un aussi avant de s’asseoir.

« - Honey est un goa’uld ? Celle-là c’est la meilleure. Mais alors pourquoi nous a t-il appelé à l’aide? Et qu’est-ce qu’il fiche ici ?»

Quelque chose leur échappait, décidément.

Nadja se changea avant d’arriver à la gare et ils descendirent à la gare en se demandant bien comment ils allaient reconnaître le pilote. Au final, ce ne fut pas bien compliqué. Le duc de Courtois et le professeur Simon les attendait sur le quai.

« - Et bien mes amis, que d’aventures, lâcha joyeusement l’aristocrate. Nous ne nous attendions pas à vous voir sur le toit de ce train. Mais venez, nous avons beaucoup de chose à nous dire.»

Il les entraîna vers un restaurant doté de box privatif ou ils s’installèrent autour d’une table.

« - Vous l’avez vu, n’est ce pas, demanda le duc avec des étoiles dans les yeux. Cette chose volante qui apparaît et disparaît à sa guise. C’est la preuve que nous ne sommes pas fou. »

Le professeur leur lança un regard d’avertissement avant de prendre la parole à son tour.

« - Ça n’est pas la première fois que nous entendons parler de cette chose, voyez vous, mais la première qu’elle interagi directement. Je sias que cela va vous paraitre stupéfiant, mais nous pensons que cette chose n’a pas été construite sur cette planète. Nous pensons qu’elle viendrait de Galen. »

Un petit effort de mémoire fut nécessaire pour remettre le nom local d’une autre planète de ce système. De ce qu’ils en savait, cet astre avait une activité volcanique intense et était constamment recouvert de lave. Stella n’y avait pas trouvé le moindre signe de vie, bien entendue.

Zander regardait son verre vide en réfléchissant et hésitant à s'en resservir encore un.

« Ça n'a aucun sens. Peut-être qu'il ne pouvait tout simplement pas refuser la demande de Prius au vu de son rang et qu'il a simplement jouer le jeu. Il a dû se dire que notre intervention ne changerait pas grand-chose, même si nous étions une inconnue dans son plan. Voler l'objet était probablement une solution de dernier recours et qu'ils ne s'attendaient pas à être poursuivis. »

Il se changea lui aussi, son costume ayant quelque peu souffert de son escapade, pour revêtir sa dernière tenue qui se révéla beaucoup plus confortable et mois guindée que les deux autres. Préoccupé, Il prit le temps plus de temps que nécessaire pour bien plier et ranger toutes ses affaires dans le sac. Il embarqua le peignoir et les serviettes et les autres petits plus offerts avec les billets. Pourquoi se priver ?

« Tu sais que c'est la première fois que je me retrouve devant un Goa'uld et que la perspective de me retrouver à nouveau face à lui me terrifie ? Je me suis complètement figé en le voyant tout à l'heure... » dit-il soudain alors que le train ralentissait pour entrer dans la gare.

Ils descendirent et furent accueillis par le comte et le professeur. Il sourit à la remarque du premier.

« C'était vous dans l'avion ? Très bel appareil. J'espère avoir l'occasion de le voir de plus près. » fit-il en les suivant jusqu'au restaurant.

Il vit le regard que leur lança Simon. Il était en train de servir un joli mensonge au comte. Décidément, une discussion en l'absence du noble allait s'imposer sous peu pour lui demander ce qu'il savait exactement sur la situation et sur eux. Il ne réagit pas aux propos du professeur et décida d'opter pour une version revue des événements.

« Je poursuivais le voleur d'hier soir qui a filé dès qu'il nous a vu et il s'est volatilisé sur le toit. Je ne sais pas comment, j'étais trop occupé à essayer de ne pas lâcher la barre à laquelle j'étais cramponné pour ne pas tomber du train. » répondit-il prudemment et assez vaguement.

Il n'était pas trop certain qu'évoquer le deuxième homme devant le comte soit une bonne idée. Mais s'il était vivant, il faudrait le retrouver. Il regretta soudain de ne pas voir demandé à Stella de le pister aussi. Il n'y avait pas vraiment pensé sur le coup. Et il espérait que son IA traquait toujours le tel'tac sans trop de difficulté.

L’argument de Zander se tenait. Prius avait du poids au sein des bergers et refuser une enquête qu’il aurait demandé paraîtrait franchement suspicieux.

« - C’est sans doute pour ca qu’il ne t’avait pas donné assez d’argent. Mais quand tu t’es accroché, il est passé au plan B. Pas très subtil mais efficace. Et il ne devait pas se douter que nous nous accrocherions jusqu’à monter dans ce train.»

L’ex marine grinça des dents quand i lui avoua ce qu’il avait ressenti. Elle n’avait pas réalisé jusqu’alors à quel point ils étaient passé loin de la catastrophe.

« - Je… préfère ça. Si tu avais voulu le combattre, ça se serait peut être bien plus mal terminé. Si nous retombons sur lui, laisse moi passer en premier, d’accord. »

Seule et sans armure, elle n’était pas sure d’être de taille. Mais c’était son job pour encore un petit moment. Sans parler de sa nature profonde. Elle se demandait parfois si être marines avait déteint sur sa personnalité ou si cette dernière avait influencé son choix de carrière. Ca n’avait pas beaucoup d’importance, au final.

Une fois installé dans le restaurant, un verre de vin devant chacun d’eux, ils échangèrent quelques explications et Nadja essaya de paraître surprise quand le dic parla de visiteur d’autres monde.

« - Pour vous dire la vérité, reprit le duc, la vente était une sorte de piège. Nous voulions les forcer à se révéler. Je sais que ça paraît complètement fou mais nous pensons que ces visiteurs d’un autre monde interférent avec nous régulièrement et s’intéressent, pour une raison que nous n’expliquons pas, à nos ruines archéologiques. Notre tentative a été couronné de succès, bien plus que nous l’espérions. Je suis navré, messieurs dame, de vous avoir melé à une telle aventure mais vous avez beaucoup de ressources. Vous pourriez nous aider dans notre lutte. » 

Le professeur se leva à cet instant et s’éclipsa, prétextant un besoin naturel. Il fit un signe discret dans la direction de Zander, sans doute pour lui parler en privé.

Zander approuva du chef l'explication de Nadja. Ce qui venait de se passer était soudain beaucoup plus logique.

« Oui. Il a essayé de nous faire échouer discrètement avec les quelques moyens à sa disposition sans y parvenir pour ne pas avoir à se révéler. » conclut-il.

Il ne lui vint pas à l'idée de la contredire quand elle lui dit de la laisser passer en premier s'ils devaient de nouveau affronter Honey. D'abord, même si cela ne le réjouissait pas, elle restait la professionnelle dans ce domaine, en dépit de son état de santé, mais surtout, il ne savait pas comment lui réagirait. Puis il ne ferait que la gêner dans un combat rapproché.

« Le fait que ce soit un Goa'uld change la donne. Je sais que nous devions laisser nos armes sur Stella et ne blesser personne de ce monde, mais il va peut-être nous en falloir des plus mortelles que le neutralisateur. Ou alors nous devrons l'embarquer avec nous en partant. Qui sait, il pourrait avoir des informations sur Tonatiuth ou d'autres sujets qui pourraient nous être utiles. Une chose est sûre, il ne faut pas le laisser ici et il devra partir, d'une manière ou d'une autre. » déclara-t-il.

Si seulement le duc savait à quel point il avait raison quand à l'ingérence d'extraterrestres sur son monde... Les Bergers étaient peut-être des bienfaiteurs, même si le pilote n'approuvait pas leurs actions. Mais les Goa'ulds, c'était autre chose. Les conséquences pourraient s'avérer bien plus désastreuses pour la planète. Son petit doigt lui disait que celui-ci s'intéressait aussi à la technologie des Nox, mais probablement pour se l'approprier et l'utiliser à son profit et certainement pas pour les bénéfices des locaux.

« Si ce que vous dites est vrai, ils s'intéressent probablement à cette civilisation disparue et à leurs objets pour une raison qui nous échappe encore. répondit-il prudemment. Oh, ne vous excusez pas. J'ai toujours aimé l'aventure et j'ai tendance à foncer tête baissée sans réfléchir et à souvent m'Attirer des ennuis par la même occasion. Mais qu'est-ce que la vie serait ennuyeuse si je ne le faisais pas. » dit-il en souriant.

Cela ne faisait guère de doute vu leurs actions, mais cela ne faisait certainement pas de mal de donner son avis et de le dire haut et fort..

Le professeur se leva et lui fit un signe. Quelque chose lui disait qu'il allait enfin en apprendre un peu plus, mais il allait tout de même rester sur ses gardes, juste au cas où.

« Si vous voulez bien m'excuser… fit-il en se levant. Tâche de ne pas dévisser la tête du professeur s'il se met à discuter de sujets qu'il juge plus digne d'une dame... » lui murmura-t-il sur un ton amusé avant de suivre le même chemin que le professeur.

Il le rejoignit, mais décida de le laisser ouvrir la discussion.

Nadja ne pouvait qu’être d’accord sur le fait de ne pas laisser la un goa’uld. Qui sait les ravages qu’il pouvait causer.

« - Il y a des paquetage complet à bord de Stella prêt à être téléporté en cas d’urgence. Si nous devons y l’affronter, nous n’irons pas avec des armes locales, fait moi confiance. »

Une fois attablée, Nadja écouta son mari parler de son goût de l’aventure et eut bien du mal à ne pas rire. C’était en général elle qui fonçait tête baissée et lui qui réfrénait ses instinct belliqueux. L’histoire que racontait le duc s’insérait plutôt bien dans leur déduction mais il leur manquait toujours quelques éléments. Le manégé du Docteur ne lui avait pas échappé quand il se leva. Peut être Zander apprendrait-il les élément qu’il leur manquait encore.

Restée seule avec l’aristocrate, elle se demanda un instant ce qu’elle allait pouvoir lui raconter. En le regardant à la dérobée, l’ex marine se rendit compte qu’il devait être aussi gêné que lui.

« - Vous avez été militaire n’est ce pas? demanda-t-elle. Dans quelle arme serviez-vous ? »

De son coté, Zander rejoignit le professeur à l’arrière du restaurant qui devait servir de toilette.

« - Nous n’avons pas beaucoup de temps. C’est moi qui est fait sortir l’information de la vente par un novice du temple. Il venait d’arriver, c’était le seul en qui je puisse avoir confiance. Je ne sais pas vraiment qui vous êtes mais nous avons vraiment besoin d’aide. Avec la plaque, il ne faudra pas longtemps à notre adversaire pour trouver la cité Nox. Quand à ce qu’elle contient, c’est une autre affaire mais ils sont au moins aussi évolué que les Asgard. Cela peut donc être n’importe quoi. »

Zander soupira et approuva encore une fois. Il n'avait pas spécialement envie de recourir à la violence. Et pourquoi fallait-il toujours que les choses en arrivent là ou que leurs sorties tournent au vinaigre ?

« J'espère que nous n'en aurons pas besoin, mais s'il le faut, il faudrait s'assurer autant que possible d'y recourir sans témoin autour... » termina-t-il alors que le train s'arrêtait.

*****

Le pilote s'était attendu à devoir tirer les vers du nez au professeur, mais il n'en fut rien. Simon cracha le morceau tout de suite. Ainsi il avait volontairement laissé filtrer l'information. Intéressant. Il n'avait cependant pas l'air au courant de la véritable idée d'Honey.

« L'information n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd, d'où notre présence. Et comme vous vous en doutez, nous ne sommes pas plus natifs de ce monde que vous. Quand à qui nous sommes exactement, disons que nous avons tous les deux une certaine archéologue. Il est aussi évident pour moi que les autres s'intéressent aux Nox et à leur technologie. Nous n'avons d'autres choix que de continuer, pas pour vous, mais parce qu'un Goa'uld est impliqué. Le saviez-vous ? Il est impératif de le neutraliser au plus vite, tout en minimisant au maximum la contamination de ce monde. Il faut l'empêcher d'accéder à cette cité perdue, mais elle reste en même temps notre meilleure chance de lui mettre la main dessus, malheureusement. Savez-vous où elle se trouve exactement ?» expliqua-t-il à son tour.

Il n'allait pas y aller par quatre chemins non plus, et plus vite ils seraient sur quel pied danser l'un avec l'autre, mieux ce serait. Mais il n'avait pas non plus l'intention d'abattre toutes ses cartes tout de suite. Il clarifierait le rôle exact de Nadja plus tard et n'évoquerait Stella qu'en cas de nécessité.

« Il faudrait en revanche faire en sorte que le comte ne nous suive pas... » suggéra-t-il.

« - Je craignais que ça soit un goa’uld mais n’en avait pas encore eut la preuve. Vous l’avez vu ? Non je ne sais pas ou est la cité. J’ai besoin de décoder la plaque et j’ai besoin d’une meilleure capacité de calcul. Sinon nous allons y passer des mois. »

Le professeur soupira quand le pilote évoqua une mise à l’écart du Duc.

« - Ca ne va pas être simple. Il est très impliqué et dispose de ressources locales très importantes. L’armée par exemple qui pourrait nous être un support non négligeable. Et puis il y a son avion qui permet de se déplacer tres vite. Je doute qu’il nous le prête. »

Un autre client sorti et le professeur fit signe à Zander qu’il était temps de rentrer. Il retrouvèrent Nadja et le duc en grande conversation. Celui-ci racontait une bataille qu’il avait mené quelques années plus tôt, un peu avant sa retraite. Ils avaient transformé la table en reconstitution et bougeaient salière et verre à un rythme effréné au fil du récit. L’ex marine n’était pas en reste et commentait chaque manœuvre avec un grand sourire.

« - Vous auriez du me dire que votre épouse avait eut une instruction martiale. C’est impensable ici mais le nouveau monde est décidément plein de surprise. »

Les plats, simples mais excellent étaient arrivés et ils purent déjeuner avec appétit.

« - Et maintenant, demanda finalement le duc. Comment allons-nous pourvoir les retrouver ? »

Zander hocha la tête.

« Oui, je l'ai vu. Impossible de me tromper sur ce point. Pour la capacité de calcul, je peux peut-être vous aider, mais j'aurais besoin de la copie que vous avez réalisée. Nous n'avons pas des mois devant nous et cela ne leur en prendra certainement pas autant non plus. » dit-il

Il pouvait en charger Stella, ce qui devrait leur faire gagner du temps, car ils ne pouvaient vraiment pas attendre. Honey et son comparse disposaient aussi de moyens plus sophistiqués qu'ici-bas qui allaient leur faciliter les choses.

Il soupira en entendant la suite, sans être vraiment surpris. Le transport aurait pu ne pas être un problème sans lui, même s'il préférait garder quelques atouts dans sa manche vis-à-vis de Simon, ne sachant pas encore à quel point il pouvait lui faire confiance.

« Vous savez le piloter ? Je suis pilote, mais je ne maîtrise pas ce genre d'appareils, enfin pas encore. Puis il ne pourra pas tous nous transporter, de toute façon. Le problème, c'est que les autres ont l'avantage de pouvoir se déplacer en nombre et beaucoup plus rapidement grâce au leur. »

Il ne précisa pas qu'un petit groupe se déplacerait toujours plus vite et discrètement qu'une troupe de militaires qui devaient respecter un certain nombre de règles. Puis il doutait que les gens d'armes du coin puissent réellement faire quoi que ce soit contre un Goa'uld, surtout s'il disposait d'un champ de force et de lance et autres armes à énergie.

Quand ils revinrent à la table, il fit de son mieux pour rester neutre. Mettre en évidence ses compétences militaires n'était pas vraiment le meilleur des moyens de se fondre dans cette société, mais ce qui était fait était fait.

« Mon épouse est pleine de surprises et exceptionnelle, même chez les siens. Elle s'intéresse à des domaines généralement réservés aux hommes ailleurs, mais cela ne l'a jamais arrêté. Nous évitons normalement de l'ébruiter afin de ne pas trop... heurter les sensibilités. » dit-il poliment.

Il se rassit et profita du repas qui se révéla très bon, malgré sa simplicité. Peut-être pourrait-il mettre la main sur un livre de cuisine, même si ici, cette activité devait être du ressort des dames. Ses pensées furent interrompues par la question du comte.

« C'est une bonne question… Ils se sont probablement terrer quelque part pour tenter de déchiffrer l'objet. Nous devrions chercher à en apprendre plus sur le voleur et fouiller les lieux où il aurait pu se réfugier. Et peut-être chercher son comparse qui était avec lui dans le train. » répondit-il.

Il savait comment les trouver, si Stella traquait toujours le tel'tac, mais il ne pouvait certainement pas le lui dire. Ou plutôt, il ne voyait pas comment le faire sans se compromettre et le "contaminer" irrémédiablement. Les conséquences d'une telle révélation pourraient s'avérer désastreuses. Il voulait pour sa part creuser du côté des Bergers pour connaître l'emplacement de tous les chapitres, officiels comme officieux, de la planète. Honey pouvait aussi s'en servir, sachant qu'il était peu probable que quelqu'un s'intéresse à un religieux.

Si le professeur hésita, ce ne fut qu’un instant avant de lui remettre un cristal de données ou se trouvait les informations contenu sur la plaque de métal.

« - Non, je ne pilote pas. Seul le duc en est capable. Peut être s’il vous expliquait y arriveriez vous ? L’aviation n’en est qu’a ses début ici et l’un dans l’autre, vous en savez bien plus que lui sur l’aérodynamique et le fonctionnement d’un aéroplane. »

Quand ils revinrent, Nadja était plongée en pleine discussion stratégique avec le duc et elle entendit bien le reproche implicite. Peut être en avait -elle trop dit mais ce rôle de parfaite épouse finissait par la rendre dingue.

« - Nous nous sommes renseigné sur lui, expliqua le duc. C’est un intermédiation assez connu dans le milieu de l’art. Il possède une boutique dans la ville de Trois Rivière. C’était notre prochaine étape. »

Trois Rivière, se souvint Zander, était un port important, situé au confluent de rois grand fleuves dont deux navigables. Cette positon géographique enviable en avait fait l’un de s lieux de départ et d’arrivé privilégié pour le nouveau monde.

Dans l’oreillette du pilote et de l’ex marine, la voix de Stella murmura quelques mots.

« - Je mettrais plusieurs heures à décoder ces lignes. Je dois reconstituer certains mots et puiser dans des banques de données assez peu fournie. »

Zander prit le cristal et réfléchit quelques secondes à la suggestion de Simon concernant le pilotage de l'aéronef. C'était sans doute faisable, mais il s'agissait littéralement d'une antiquité et il n'en avait jamais piloté de semblable. Même les modèles non assistés d'Hebrida étaient plus modernes que ça.

« Certes, mes connaissances sont plus avancées, mais cela pourrait justement constituer un handicap pour prendre en main un appareil comme celui-là... Ce serait encore plus efficace, et soulèverait moins de questions, s'il me donnait une leçon pour me montrer comment m'y prendre, plutôt que simplement me donner les explications. Mais oui, je pourrais probablement m'en sortir sans ça. » fit-il d'un ton confiant.

Avant de rejoindre la table, il s'éclipsa quelques secondes pour permettre à Stella de télécharger discrètement les données puis il retourna s'asseoir.

La géographie du continent lui revint quand il entendit Trois-Rivières. C'était justement le port par lequel ils étaient censés être arrivés, car c'était le plus important lieu d'échange entre les deux mondes.

« C'est logique s'il travaille principalement avec le nouveau monde. C'est par là que transite la plupart des marchandises. Ce n'est donc pas non plus étonnant qu'il s'y produise des activités beaucoup moins légales. Si vous le permettez, nous aimerions effectivement nous joindre à vous et vous aider à retrouver le voleur. Mais cela soulève une question. Comment nous rendre tous là-bas ? » demanda-t-il en prenant soin d'inclure Nadja dans le groupe en lui prenant la main.

Il croisa le regard de Nadja en entendant les mots de Stella. Ce n'était pas surprenant. Il ne devait pas vraiment exister de base de données regroupant les connaissances sur les Nox, et encore moins leur alphabet ou leur langue. Il espérait simplement qu'elle irait plus vite que le groupe adverse. Il sourit ensuite à son épouse, se demandant soudain si c'était permis ou s'il ne devait pas manifester la moindre émotion à son égard. Puis il réalisa qu'il s'en fichait, vu qu'ils n'étaient de toute façon pas un couple "conventionnel".

La proposition de Zander fut accueillit par des sourires. Leurs deux nouveaux amis comptaient visiblement sur une telle décision.

« - Je dispose de plusieurs aéroplanes biplaces et des pilotes associés. Nous pourrons nous y rendre rapidement. Ce n’est pas vous qui vous intéressiez à cette nouvelle invention? Ça sera une bonne occasion de voir cela de plus prés. »

Si l’Hebridien avait brisé une convention sociale en montrant son affection, personne ne lui en tint rigueur. Le reste du repas, composé de fromage et de vins doux fut agréable. Le duc, décidément moins guindé que la veille, les régala de plusieurs anecdotes militaires qui par bien des coté faisaient penser à celle de Nadja. Celle-ci dut se mordre les lèvres à plusieurs reprises pour ne pas enchaîner avec une des siennes.

Une fois restauré, ils reprirent le chemin de la piste d’aviation ou attendaient l’avion par lequel étaient arrivé le duc et le professeur.

« - Venez, monsieur Hayes, je vais vous montrer comment cela fonctionne. »

En quelques minutes, il lui fit faire le tour du propriétaire tout en lui expliquant des principes d’aérodynamismes qu’il connaissait déjà par cœur. La place du pilote était par contre impressionnante. Il n’y avait qu’un seul instrument qui indiquait la pression de vapeur à l’intérieur du moteur. Pour le reste, tout se faisait au jugé et à l’intuition.

Sentant son interlocuteur intéressé, il le fit monter à la place du passager et décolla pour ce qu’il appela un baptême de l’air. Après avoir tourné deux ou trois fois au dessus de la piste, il lui laissa les commandes tout en lui expliquant au fur et à mesure le fonctionnement du moteur et les principes de vol. Comme l’avait supposé le professeur, il ne fallut pas plus de quelques minutes à Zander pour être à l’aise. L’avion tenait en l’air seul et allait relativement lentement (selon les standard auquel il était habitué). Pas de commandes assisté non plus. Le manche était directement aux ailerons sur les ailes et les pédales à la gouverne de queue.

Le duc reprit les commandes pour se poser sur le champ herbu qui servait de piste avant de se retourner vers son invité.

« - Qu’en pensez vous ? Vous vous débrouillez plutôt bien ! »

Zander se leva et retint une grimace. Rester assis ne lui avait pas fait de bien et il commençait à ressentir les effets de sa rencontre avec le toit du train et le champ de force d'Honey. Il n'avait rien de cassé, mais cela ne voulait pas dire qu'il était indemne non plus.

Il suivit les deux autres hommes, mais ralentit le pas en retenant un peu Nadja pour les laisser prendre un peu d'avance.

« Désolé pour tout à l'heure. Je sais que c'est difficile pour toi d'évoluer dans cette société et de ne pas pouvoir parler et agir comme tu veux. Le comte n'avait pas l'air  particulièrement choqué, alors j'imagine que tu peux continuer probablement à parler boutique avec lui en faisant attention. » lui dit-il doucement.

Il n'aimait pas particulièrement être constamment sur le qui-vive par rapport à tout ce qu'il disait et faisait ou sa manière de se comporter envers elle conformément à ce qui était attendu. C'était contraignant et fatiguant, même si lui avait tout de même beaucoup plus de liberté.

Avant de rejoindre le comte pour des explications, il se tourna avec Nadja qui allait rester au sol.

« Je n'ai pas dit au professeur qui nous étions réellement, seulement que nous ne sommes pas d'ici. Je ne lui ai pas non plus parlé ouvertement de Stella. J'aimerais garder quelques atouts dans notre manche, car je ne sais pas jusqu'à quel point nous pouvons lui faire confiance. Je te laisse juger de ce qu'il est possible de lui révéler. Pendant ce temps, je vais essayer d'apprendre à piloter cet engin primitif... et m'envoyer littéralement en l'air. » fit-il d'un air malicieux.

Il rejoignit le comte et écouta attentivement ses explications, notamment celles portant sur la mécanique et le fonctionnement de l'appareil. Le reste, il connaissait déjà, même s'il les avait. Il fut cependant surpris de ne voir aucun des appareils de base à la place du pilote. Aucun altimètre, horizon artificiel, pas même une boussole rudimentaire… absolument rien en dehors d'un indicateur de pression du moteur. Jamais il n'avait piloté d'appareil aussi basique. Voilà qui promettait d'être pour le moins intéressant.

Le comte finit par lui laisser les commandes et il dut reconnaître que ce fut un petit défi. Piloter entièrement à vue et au jugé était terrifiant et excitant à la fois. Il aurait pu demander à Stella de l'assister, mais cela aurait été nettement moins drôle et aurait tué l'intérêt de la chose.

Il commit plusieurs erreurs avant de bien saisir le fonctionnement de l'appareil. Il y avait toujours un monde entre la théorie et la pratique. Il lui fallut encore plusieurs minutes avant de se mettre à se fier uniquement à son instinct et à vraiment regarder autour de lui pour se repérer puis arrêter de chercher les instruments dont il avait l'habitude. À la fin, il arrivait à tenir un cap, à garder l'appareil stable et à faire des virages à peu près propres, ce qui était probablement la partie facile. Mais il y avait tout de même encore du travail.

« Merci. C'était… incroyable. Et les sensations que cela procure, c'est merveilleux ! Je n'avais jamais ressenti une telle liberté ! » fit-il avec enthousiasme avant de descendre.

« - Ne t’excuse pas. J’ai baissé ma garde et ça aurait pu nous compliquer la vie un peu plus. Je pense qu’il n’y pas de dégâts et qu’il accepte finalement bien ma sois disant bizarrerie. Je suppose qu’il a du voir pas mal de choses surprenantes dans sa carrière, lui aussi. »

Ils se rendirent donc à l’aérodrome et Nadja regarda son mari s’envoler dans une boite de conserve qui ne méritait franchement pas le nom d’avion… Tondeuse à gazon améliorée, peut être ? Cercueil volant plutôt.

« - Donnez un nouveau jeu à un homme...s’amusa-t-elle pour cacher son inquiétude de mère poule. »

Restée seule avec le professeur, ils échangèrent quelques mots polis mais, à la différence du militaire, elle ne savait pas trop par quel bout le prendre.

« - Comment tees vous arrivez ici, demanda-t-elle finalement.
- Un vaisseau goa’uld a tenté de m’arraisonner alors que je rentrais d’un site archéologique. J’ai pu fuir mais j’étais blessé et les berger m’ont recueilli. Comme mon traitement demandait une longue récupération, j’ai été envoyé ici en convalescence. Cela m’a permit de rencontrer le père Honey et nous avons sympathisé. C‘est lui qui m’a proposé de rester. Il soupçonnait une présence Nox ancienne et je suis un des rares à m’y intéresser. »

Nadja ne dit rien mais elle n’en réfléchissait pas moins. Honey avait-il entendu parler du malade et proposé de l’héberger ici pour utiliser ensuite ses compétences ? Voilà qui était bien probable.

L’avion se reposa et Zander en descendit, vivant, et visiblement très heureux.

« - Oui c’est quelque chose. Vous tees doué. Je me demande si je ne pourrai pas vous en confier un, plutôt que e faire venir deux appareils et mobiliser des pilotes. La seule vrai difficulté consistera à vous apprendre à vous poser et ce n’est pas bien difficile une fois qu’on à le coup. Qu’en pensez vous ? »

Zander se sentit gêné par le compliment du comte. Il ne le méritait pas vraiment. Il était pilote après tout, alors ça lui était assez naturel et facile. Aussi basique que fut l'appareil, les principes étaient les mêmes. Mais il ne pouvait pas lui dire la vérité.

« Je n'avais jamais pensé que j'aurais la chance d'en piloter un ne serait-ce qu'une fois, alors ce serait un honneur et un privilège. Peut-être que je viens de me découvrir un nouvel avenir professionnel et une nouvelle branche dans laquelle investir... Je suis sûr qu'il y aura bientôt une forte demande pour les pilotes et cela devrait aussi être très profitable au niveau commercial... » dit-il.

Il se demandait si c'était bien sage d'accepter et surtout pourquoi le comte lui faisait une telle confiance. Les avions n'étaient pas encore monnaie courante et ils devaient coûter une fortune et il proposait d'en confier un à un illustre inconnu qui ne savait même pas les piloter. Était-il donc aussi riche et généreux que ça ou était-ce simplement par pur pragmatisme en lien avec cette affaire ?

« Et vous comptez vraiment me prêter l'un de vos appareils après juste quelques minutes de pilotage ? Je veux dire, autant contrôler l'appareil dans les airs est une chose qui n'est pas aussi compliquée qu'elle en a l'air, autant l'atterrissage et le décollage en sont une autre qui demandent un peu plus d'entraînement, non ? Combien de temps cela va prendre ? » lui demanda-t-il.

C'était amusant d'apprendre à piloter un appareil aussi primitif que celui-là, mais il aimait tout de même bien avoir un minimum de sécurité à bord. Même si Stella pouvait l'assister et assurer leurs arrières, il y avait des limites. Et il ne donnait pas cher de leur peau en cas de combat aérien. Enfin, il n'était même pas certain qu'il y ait une aviation militaire et que cela n'ait même été envisagé pour l'instant si ce n'était que le début.

« Et je crains qu'il ne nous faille des tenues plus appropriées pour voyager. Il fait un peu frais là-haut… » lui dit-il en se frottant les mains.

Et cela ne lui avait pas forcément fait du bien. Il retourna voir Nadja avec le sourire. Il n'était pas certain qu'elle soit aussi enchantée que lui par ce nouveau mode de transport. À vrai dire, il n'aura pas dit non à faire le reste du trajet en train, qui était nettement plus confortable et beaucoup moins stressant et exigeant. Puis il n'aurait pas dit non à quelques heures de sommeil en plus.

« Le comte a l'intention de me confier l'un de ses avions. Enfin, une fois que je maîtriserai le décollage et l'atterrissage de l'appareil. Je ne sais pas combien de temps ça va prendre, ni s'il compte le faire tout de suite avant que nous partions pour Trois-Rivières. Tu ne t'es pas trop ennuyée ? »

Ils ne pouvaient pas vraiment se permettre de traîner vu l'avantage de l'ennemi en matière de transport. Certes, ils pourraient tout aussi bien simplement se téléporter d'un endroit à un autre, ce qui leur ferait gagner un temps considérable, mais cela posait certains problèmes logistiques et il y avait toujours le risque que quelqu'un les voit.