Zander les rejoint alors que tous le monde était attablé pour un petit déjeuner aussi copieux qu’a l’accoutumé. A peine installé, il consulta ses messages et annonça la bonne nouvelle. L’endroit sélectionné était disponible et n’attendait qu’eux. D’ici trente six heures, ils seraient marié.
Les discussions fusèrent immédiatement. Comment y aller ? Comment se préparer ? Ou dormir… Nadja écoutait d’une oreille avec une seule chose en tête… journée shopping. Même âpres des années passé à cette époque, elle restait comme une gamine dans un magasin de poupée à chaque fois qu’elle devait acheter de quoi s’habiller un peu élégamment.
Cela dit, les termes de fête prénuptiale lui firent dresser l’oreille.
« - Rien ne nous empêche de faire une soirée la-bas. Une sorte d’enterrement de vie de célibataire. On mange, on boit, on danse… je ne sais pas vous mais ça me convient parfaitement et je peux me passer de strip...ouch… de tous le reste. »
Il y avait un enfant dans la pièce, comme venait le lui rappeler d’un coup de coude Mei…
Un autre message avait du lui parvenir car Zander se referma tandis que les autres continuait à planifier joyeusement. Elle espéra qu’il lui en parlerait plus tard. Mais en attendant, elle se tourna vers Isaac qui terminait sa troisième tartine.
« - Bon mon gars, pendant que tous ces gens ennuyeux font des projets, que dirais-tu d’aller nager un peu ? Tu vas me montrer tes progrès au crawl. Si ta maman est d’accord bien sur.»
Depuis qu’elle savait que l’enfant était un des soldats quantiquement modifié de Tonatiuh, elle avait pris en charge son développement sportif. Il répondait comme elle s’y attendait et l’énergie musculaire qu’il abritait et commençait à peine à maîtriser s’exprimait dans des résultats impressionnant pour son age. Dans un tout autre environnement, ils en aurait fait un futur champion olympique.
Zander posa sa tasse pour donner son avis sur la discussion qui se poursuivait. Une fois que les décisions seraient prises, il se chargerait de faire les réservations.
« - Pour le repas, je te fais confiance, maman. Mais j'ai une petite demande. Si on pouvait avoir de la viande, ce serait bien. J'aime beaucoup Celestia, mais le régime à base de poissons, plancton et autres protéines hébridiennes sous forme brute est un peu monotone. - J'approuve ! dit Prius en riant. - D'accord, je note. Pour l'heure, si tu pouvais en choisir en début de soirée, cela arrangera probablement le traiteur en lui donnant plus de temps. - Très bien. Pour la soirée prénuptiale, je n'ai rien contre le fait que ce soit juste nous autour d'un feu à boire, chanter et danser. - Je passe. Je vais vous laisser entre jeunes et je m'occuperai d'Isaac une fois le repas terminé. »annonça sa mère.
Il la soupçonnait aussi de vouloir tester Isaac et son intelligence. Elle devait se douter que ce n'était pas un enfant normal si elle avait jeté un oeil à son compagnon et entendait parler de lui depuis quelques mois. Il était plus que visible qu'il n'avait pas l'âge qu'il était censé avoir. Cependant, elle était bien trop polie pour poser directement la question et elle patienterait qu'on veuille bien l'informer de quoi il retournait exactement, comme toujours.
« - Oui, tu peux l'emmener nager. Ça le fera se dépenser, répondit Mei à Nadja. Viens voir ce que j'ai trouvé, Isaac ! dit Prius alors qu'un papillon s'envolait. - Je peux ? fit l'enfant à Mei. - Oui, allons voir ce que Tonton a découvert. »fit-elle après lui avoir débarbouillé la figure.
Ils partirent tous les deux rejoindre le prêtre dans son parterre de fleurs. Zander secoua la tête. Il avait du mal à se faire à l'idée que Prius soit appelé "tonton". Sa mère profita qu'ils n'étaient plus que tous les deux pour se rapprocher.
« - Il faut que je te parle au sujet de ton père. Vous pouvez rester aussi, fit-elle à Nadja. Déjà, il faut que tu saches que nous sommes séparés depuis plusieurs mois et qu'une procédure est en cours pour rendre les choses officielles. - Je vois, répondit son fils d'une voix dénuée d'émotion. - Il y a autre chose. Hier soir, je lui ai clairement fait savoir qu'il n'avait plus le droit de débarquer ici sans y avoir été invité. J'ai donc demandé à Sid de lui retirer ses accès à la maison et de bloquer ses communications. J'ai également envoyer une requête à la direction pour que son accès au Dôme soit révoqué définitivement. - Tu peux faire ça ? lui demanda-t-il, surpris. - Oui. Nous avons obtenu cette maison grâce à mon engagement dans les projets du Dôme et c'est mon nom qui figure sur les papiers. Je décide donc qui a le droit de venir ou non. Toutes les personnes ici présentes sont enregistrées comme membres de la famille ou résidents temporaires autonomes. Quoi qu'il en soit, il ne viendra plus t'importuner ici. »finit-elle.
Il ne savait ni quoi dire ni comment réagir. Il n'avait aucune idée que leurs relations s'étaient à ce point détériorées. Mais que son père soit banni du Dôme n'était pas anodin. S'il essayait de venir malgré tout, il pourrait descendre à la station, mais il ne pourrait pas en sortir. Il serait probablement même escorté par la sécurité jusqu'à la première station à l'extérieur du Dôme avec un avertissement, voir pire, s'il persistait.
Ce que sa mère ne précisa pas, c'est qu'elle lui avait clairement dit que toute communication devrait désormais passer par leurs représentants légaux personnels et qu'elle lui communiquerait une date à laquelle il pourrait venir récupérer ses affaires, à moins qu'elle ne décide de les lui renvoyer purement et simplement. Elle passa aussi sous silence l'accrochage avec Nadja dont elle n'avait pas été témoin, mais elle l'avait vue disparaître au coin de la maison juste avant de parler à son mari, qui l'avait bien mérité.
« - Neela ! Viens voir ! Des pillons ! - Papillons, le corrigea Mei. - Pour toi mon ange, c'est mamie, pas Neela. » fit-elle.
Elle sourit à son fils avant d'aller rejoindre le petit groupe un peu plus loin, mais cette dernière phrase lui fit serrer les dents. La journée démarrait décidément fort niveau ascenseur émotionnel. Il regarda Nadja et sourit.
« Je vais avoir un petit contretemps. Le complexe médical central veut me voir cet après-midi pour d'autres examens en lien avec le symbiote. Je ne sais pas combien de temps ça va durer, mais il est probable que je doive me faire téléporter à Serain pour vous rejoindre. Je dirai que j'ai un entretien administratif de dernière minute. »lui expliqua-t-il avant de regarder le petit groupe et Isaac qui courait derrière un papillon. C'était bien la première fois qu'il voyait autant d'activité et de bonne humeur dans la maison.
Du coin de l’œil, Prius regardait le pilote. Il croisa le regard de celui-ci qui lui en dit long. Tout dans l'attitude de son ami lui indiquait qu'il était stressé, bien plus qu'il ne devrait l'être, et qu'il avait besoin de parler à quelqu'un. Mais après ce qu'il avait traversé au cours des derniers mois et hier soir, ce n'était pas étonnant. Il allait devoir trouver un peu de temps à lui consacrer et le plus tôt serait probablement le mieux.
Isaac partit a la chasse aux papillons, ce qui le retarda d’autant pour la baignade. Ca n’avait pas grande importance, ils avaient encore le temps et de toute façon, vu leur destination, il y aurait de nombreuses occasion de se baigner.
Neela en profita pour leur expliquer ses propres mesures de protection. C’était drastique (et sans doute plus efficace que son « coup de boule ») mais parfaitement justifié.
« - Au risque de mettre les pieds dans le plat : je n’aimerai pas le voir débarquer pendant la cérémonie. Vous pensez qu’il y a moyen de prendre des précautions la-bas également ? »
Sinon elle opterait pour une robe qui lui laisserai de la liberté de mouvement. Celui qui interromprait son mariage le regretterait amèrement.
Restée seule avec Zander, il en profita pour lui expliquer ce qui le chiffonnait.
« - Nous t’attendrons pour commencer à déboucher les bouteilles. Je ne pensais pas que tu leur aurait parlé de ce truc. Tu crois qu’ils peuvent trouver quelque chose qui aurait échappé aux scanners d’Atlantis ? »
Évidemment c’était important, mais, à la veille de leur mariage, c’était vraiment le pire des moments. Elle s’imagina un instant faire une descente dans un hôpital cette nuit pour délivrer son futur mari des griffes de scientifique fou furieux… Pour un peu elle aurait pu trouver ca drôle mais elle avait déjà vécu une situation similaire.
Elle esperait que les médecin locaux avait plus de déontologie que ceux de son époque.
« - Fait attention à toi, ok ? Et tient nous au courant. »
Zander réfléchit à la remarque de Nadja. Il n'avait pas envisagé que son père puisse les poursuivre jusqu'à Serain. Pourquoi le ferait-il ? Mais prendre quelques précautions ne ferait peut-être pas de mal.
« - Il faudrait d'abord qu'il sache que nous allions là-bas. Mais ça doit être possible. Déjà, je suggère de prendre les hébergements sur l'île. Les accès y sont beaucoup plus contrôlés et seuls les clients y logeant peuvent s'y rendre. On peut aussi voir avec la sécurité. Cela dit, théoriquement, ils ne peuvent rien faire tant qu'il ne commet pas d'infraction. Et venir voir sa famille, même contre leur gré, n'en ait pas vraiment une. - Sauf si nous demandons une injonction pour qu'il ne nous approche pas, fit sa mère. - C'est peut-être un peu exagéré, non ? - Si c'est ce qu'il faut pour qu'il nous laisse tranquille, absolument pas, répliqua-t-elle. Et laisse-moi m'occuper de ça, veux-tu ? » Il ne lui vint même pas à l'esprit de s'opposer à sa mère qui avait décidé de prendre les choses en main.
Il soupira concernant le symbiote.
« Je n'avais guère le choix. Les examens médicaux incluaient un scanner, donc ils l'auraient découvert de toute façon. Mais je ne leur aurais pas caché de toute façon. Ils ont beaucoup plus de spécialistes dans toutes les disciplines que sur Atlantis et des systèmes plus sophistiqués. Il va y avoir un neurologue, mais aussi un exobiologiste et un spécialiste sur les relations symbiotiques, entre autres. Mais non, je n'attends pas de grande révélation. Peut-être juste des images plus précises et des détails qui auraient échappé aux Terriens ou d'autres hypothèses sur sa nature et la façon dont il est connecté et interagit avec moi. »lui expliqua-t-il.
Il sourit quand elle lui dit de faire attention. Il ne craignait pas grand-chose.
« Il ne m'arrivera rien. Le symbiote est passif et ne représente pas une menace, ni moi d'ailleurs. Le pire qu'il pourrait arriver, c'est qu'ils décident de vouloir faire des prélèvements, ce qui nécessiterait des procédures un peu plus invasives. Je doute cependant qu'ils le fassent d'emblée, surtout en ne sachant pas quelle réaction cela pourrait provoquer et les risques pour moi. Et tu peux m'accompagner si ça te rassure. Sinon, je t'avertirai dès que je sortirai. »
Rien ne lui interdisait d'être accompagné après tout, surtout pas par un membre de sa famille.
*****
Nadja était partie avec Isaac au bassin tandis que sa mère était sortie pour se rendre à l'administration et ensuite aller voir le traiteur. Tout le monde devait être là pour le repas de midi un peu plus tard. Lui était remonté dans l'appartement pour s'occuper des réservations pour les deux prochains jours. Il entendit quelqu'un frapper à la porte et vit Prius entrer quand il y fut invité. Il déposa sa tablette.
« - Tu n'es pas avec Mei ? - Non, elle a décidé de profiter de l'absence d'Isaac pour prendre un peu de temps pour elle. En fait, elle partie prendre une douche. - Et tu n'es pas allée avec elle ? - Oh, ça va, hein. Tu sais qu'elle n'est pas mon genre. - Pourtant, on dirait que vous vous entendez plus que bien. - Nous avons juste beaucoup en commun. - C'est ça, oui. - Crois ce que tu veux. Et toi, comment vas-tu ? - Bien. - Celle-là, tu ne me la feras pas avaler. Je te connais trop bien. Tu viens de passer six mois en quasi-isolement… - Je vais bien, je t'assure. Ça n'a pas été facile, mais j'ai réussi à survivre à tout ça et c'est derrière moi. - Si tu le dis. Et hier soir ? Tu veux en parler ? - Non, pas vraiment. »
Le pilote haussa les épaules et Prius n'insista pas. Son ami n'était pas d'humeur à parler pour le moment. Peut-être qu'il s'ouvrirait plus facilement ce soir après quelques verres. Il arriverait bien à avoir un moment seul avec lui. Mais il ne le croyait pas une seconde quand il disait qu'il allait bien et n'avait rien à dire.
« - Alors parlons du mariage… Il y a encore quelques détails à régler. Tu as une idée de ce que tu vas porter ? - Non, pas encore. Je crois que je me déciderai en voyant ce que proposent les boutiques. Peut-être quelque chose dans le style de la Terre. - Et les alliances ? Enfin, je parle ce qui représenter le symbole de votre union et que vous allez porter pendant le restant de votre vie… Parce qu'il faut que cela vous plaise à tous les deux. Il vaudrait d'ailleurs peut-être mieux que vous en parliez et que vous choisissiez ensemble. C'est quoi ici ? Une bague, un autre bracelet, un collier ? »
Zander s'était arrêté de marcher. Visiblement, il n'avait pas du tout pensé à ce détail. Il avait bien fait de passer pour aussi discuter des préparatifs du mariage, mais d'un point de vue plus personnel. C'était son rôle de témoin après tout.
« - Cela n'a pas d'importance, dit-il d'une voix blanche. - Bien sûr que si, voyons ! C'est même le plus important ! répondit le prêtre en fronçant les sourcils. - Nadja… Elle est en train de mourir… Personne ne peut rien pour elle, parce que personne ne sait ce qu'il lui arrive. J'ai beau cherché, je ne trouve aucune solution. Je ne veux pas la perdre… Je ne sais pas quoi faire. » fit le pilote en se retournant avec un air désespéré.
La nouvelle fut un choc. Il ne s'y attendait pas du tout. Il savait que Nadja n'allait pas bien, mais pas à ce point. Cela expliquait aussi beaucoup de choses sur l'attitude de Mei à son égard. Il attrapa son ami et le fit s'asseoir alors qu'il voyait littéralement son masque voler en éclat. Son ami portait bien plus de choses sur ses épaules qu'il ne le pensait, mais n'en avait rien laissé paraître. Il le fit s'asseoir sur le lit puis prit le visage en larmes du pilote dans ses mains le força à le regarder.
« - Tu vas l'aimer, la chérir et être là pour elle. Tu vas profiter de chaque instant jusqu'au dernier et tu vas lui tenir la main jusqu'à la dernière seconde, Zander. - Je ne peux pas ! - Bien sûr que si tu… - Tu ne comprends pas ! Je ne peux pas la toucher et la soutenir autant que je le voudrais ! Il faut toujours que je fasse attention à cause de ce symbiote qui lui la terrifie ! Et puis elle est toujours en mission. Elle ne veut pas s'arrêter… »
Prius n'avait pas la moindre idée de ce dont il parlait et s'apprêtait à poser la question, mais quelque chose le retint. Ce n'était pas le moment. Il devait d'abord le laisser vider son sac. Quand au reste, ce n'était guère surprenant venant d'elle et il pouvait la comprendre. Elle n'était pas du genre à attendre gentiment la mort, mais plutôt à partir dans le feu de l'action. Et visiblement, son ami redoutait la même chose, alors qu'il aurait certainement préféré être à ses côtés jusqu'au bout.
« - Et si elle meurt au combat, alors que je ne suis pas là et que je ne peux pas lui dire au revoir ? - Tu honoreras aussi sa mémoire, car elle sera morte comme elle a vécu, en guerrière combattant ce en quoi elle croyait. - Je ne sais… - Si tu me dis que tu n'as pas la force de la soutenir et que tu comptes te défiler, oublie ça tout de suite, je ne te croirai pas. Si c'était vraiment ce que tu avais voulu, tu l'aurais fait depuis longtemps, quand elle te l'a annoncé. Mais tu n'en as rien fait. Tu es resté à ses côtés et tu vas rester jusqu'au bout, aussi difficile que cela puisse être. Oui, ça va être douloureux, oui, cela va te demander du courage et de la force. Mais tu peux et tu vas le faire aussi difficile que cela puisse être. Parce que si tu l'abandonnes, tu ne pourras plus jamais te regarder en face, Zand. Mais tu ne seras pas tout seul à l'affronter. Tu peux compter sur moi. Je ne te laisserai pas traverser ça tout seul. Ni maintenant, ni après et pas comme la dernière fois. continua-t-il doucement. - Mais elle ne sera plus là... - Non, tu devras apprendre à vivre sans elle. - Je ne veux pas ! protesta-t-il faiblement. - Tu n'as pas le choix, je le crains. Accepte-le et profite du temps qu'il te reste avec elle autant que tu le peux, à commencer par les deux prochains jours. »dit-il en le forçant à se rasseoir en posant ses mains sur ses épaules.
Pour la première fois depuis très longtemps, Prius eut envie de maudire le Berger pour les souffrances qu'il infligeait à son ami. Qu'avait-il donc fait pour mériter tout ça ? Son cœur saignait pour lui et il ne pouvait rien faire, à part le soutenir dans cette épreuve et au-delà.
Zander finit par s'endormir rouler en boule dans le lit, laissant le prêtre seul avec ses pensées. Il finit par redescendre pour regagner sa propre "chambre" pour méditer sur ce qu'il venait d'apprendre.
IL ne vint pas non plus à l’idée de Nadja de contester à Neela la lutte contre son futur ex mari. Il était même assez probable que les dernières paroles s’adressent avait tout à elle. Mais la mère de Zander était bien trop polie pour le dire ouvertement.
Le pilote était confiant quand au symbiote mais Nadja ne partageait pas son optimisme.
« - Je crois que j’aimerai être avec toi oui. Je sais, je suis complètement parano sur le sujet, je veux bien l’admettre et quand nous serons autour d’un verre ce soir, tu auras le droit de te moquer, promis. »
Impossible de s’empêcher de s’inquiéter… il devrait s’y habituer.
Finalement elle tint sa promesse et amena Isaac au lac non loin de la.
« - Allez mon gars, à l’eau ! »
Il n’en fallait pas plus pour que le garçonnet enlève t shirt et short pour plonger directement dans l’eau claire. L’ex marine fit de même et plongea à son tour.
« - Elle est froide, Tatie ! - Nage vers moi, rattrape moi ! »
Il nageait bien et disposait d’une énergie impressionnante pour son age. D’ici quelques mois, il la battrait à plate couture. Il n’en aurait sans doute pas le temps, en fait. Elle avait si peu de temps pour l’entraîner correctement tout en conservant son individualisme et sa santé mentale.
« - Attrapé ! - Eh, tricheur. »
En tout cas, il était déjà sacrément compétitif et avait profité de son moment d’inattention pour la rattraper.
« - Ok, je paye le lait chaud ! Allez viens tu es bleu de froid. »
Isaac, rentra quasiment en courant, sans doute pour raconter son exploit à Mei, réveillant au passage toute la maison sous les yeux d’une Nadja hilare.
Zander sourit à Nadja quand elle lui annonça qu'elle voulait l'accompagner pour la visite médicale.
« Je ne vais certainement pas me moquer de toi, parce que tu t'inquiètes pour moi. J'en fais autant pour toi, tu le sais. »répondit-il.
Lui aussi allait avec elle pour ses visites, alors il n'allait certainement pas lui interdire. Il fallait cependant admettre qu'il le faisait pour s'assurer qu'elle s'y rendait bien, vu sa tendance à s'en soustraire. Mais il n'en restait pas moins qu'il se faisait un sang d'encre, même s'il ne le montrait pas.
*****
Il se réveilla brusquement, seul, en entendant des cris d'enfant en bas. Isaac et Nadja devaient être revenus de leur leçon de natation. Il ne se sentait cependant pas d'attaque à descendre les rejoindre. Il se dirigea vers la cuisine et trouva la boîte de tisane que Prius avait laissé. Il n'était pas obligé d'en prendre, il le savait, mais il décida que cela lui ferait du bien tant il se sentait fatigué mentalement et émotionnellement.
Il attrapa ensuite une tablette plus grande et le stylo qui allait avec au lieu de son PDA, puis alla s'asseoir sur la terrasse pour croquer le paysage. C'était une autre façon de s'occuper l'esprit et de se calmer. Cependant, il n'y trouvait pas le même plaisir que le faire sur du papier avec un crayon, comme sur le Cyclope. Les sensations, la précisions... n'étaient pas les mêmes. Cela dit, il n'utilisait pas un modèle prévu à cet effet. Peut-être devrait-il investir avant de partir, même s'il préférait arriver à mettre la main sur des fournitures que ses concitoyens considéraient comme plus qu'obsolètes. Peut-être que Prius pourrait lui indiquer une planète sur laquelle se fournir si nécessaire…
Au bout d'une demi-heure, il abandonna. Ce n'était pas du tout la même chose et cela devenait plus frustrant qu'autre chose, ce qui était exactement l'effet contraire de ce qu'il recherchait. Il réalisa aussi qu'il allait bientôt être l'heure de manger et descendit comme si de rien n'était pour rejoindre les autres.
« - Oh, tu tombes bien ! Viens par là, prends tout ça et va mettre la table dehors ! lui lança sa mère en désignant un plateau avec la vaisselle. - Oui, maman. » fit-il en s'exécutant.
Il rejoignit toute la troupe dehors et fit ce qui lui avait été demandé. Isaac était encore plongé dans l'étude de la faune locale et, plus précisément des insectes, en compagnie de Prius, sous le regard attentif de Mei.
« Tout est réservé pour ce soir et les deux prochains jours au moins. Deux bungalows dont un avec trois grandes chambres et grands lits pour vous et un privé pour nous, avec piscine et plage privée, tous les deux situés sur l'île. J'ai demandé qu'ils ajoutent le nécessaire pour Isaac. La cérémonie est prévue demain à 17 heures, ce qui nous laisse toute la soirée et toute la journée demain pour nous préparer et acheter tout ce qu'il faut. J'ai aussi prévenu que nous nous occupions nous-même du festin et de l'alcool pour le mariage, mais j'ai inclus des repas pour ce soir et les petits-déjeuners. On peut les prendre dans les bungalows ou au restaurant, il faut juste les prévenir un peu avant et leur donner aussi les informations concernant le traiteur pour qu'ils puissent s'organiser avec lui. On verra pour demain midi. Si quelqu'un n'est pas d'accord sur un point, qu'il le dise pour que je puisse prendre d'autres arrangements. »annonça-t-il une fois que tout le monde fut réuni autour de la table.
« - Par contre, vous devrez faire le voyage en train sans nous. J'ai quelque chose à aller régler avec l'administration. On vous rejoindra un peu plus tard. - Rien de grave ? demanda sa mère. - Pas que je sache. Ils cherchent encore à démêler ma situation et veulent me poser d'autres questions supplémentaires. Mais tu connais l'administration aussi bien que moi... »fit-il sur un ton résigné.
Ce qui était la stricte vérité, même s'il ne précisait pas la véritable nature du problème. Mais il ne tenait pas à inquiéter sa mère.
Le repas se passa tranquillement. Une fois terminé, tout le monde alla se préparer pour le départ en prenant le nécessaire pour quelques jours.
Ils partirent donc avec le tram aérien et rejoignirent la gare où Mei, Prius, sa mère et Isaac embarquèrent dans l'express pour Serain, tandis qu'eux se dirigèrent vers le complexe médical central.
Cette fois, les examens durèrent trois bonnes heures et il fut soumis à tout un tas de tests, non invasifs et de questions sur comment le symbiote était entré en lui, ce qu'il avait ressenti à ce moment-là, puis à chaque fois que l’œuf avait agi ou réagi à ses instructions, tout en étant surveillé par des machines. Les images du symbiote qu'il vit étaient effectivement beaucoup plus détaillées et précises concernant sa position. Les échanges se révélèrent intéressants et bien plus poussés et ciblés qu'avec les scientifiques terriens. Ils l'informèrent qu'ils lui communiqueraient leurs conclusions d'ici quelques jours.
Quand il fut enfin libéré, ils se rendirent au bâtiment de la sécurité à proximité pour pouvoir se téléporter jusqu'au point de transfert de Serain le plus proche de leur destination, dans un poste de sécurité auxiliaire chargé des secours en mer. Les autorités étaient assez tatillonnes sur la question et n’autorisaient pas les téléportations "sauvages". Pour l'instant, il fallait des autorisations et procéder dans des lieux désignés à cet effet.
« Donc soit on appelle un taxi ou la navette de l'hôtel, soit on marche sur le front de mer ou même sur la plage. Cela devrait nous prendre une bonne demi-heure pour aller jusqu'au complexe. J'ai appris qu'il y avait un tournoi de gliding-ball en ville en ce moment avec des matchs qui se jouaient jusqu'à assez tard dans la nuit et pas mal d'activités autour, si jamais ça t'intéresse et surtout, si on a le temps.Tu as des nouvelles des autres ? Tu sais s'ils ont réussi à récupérer les bungalows sans problème ? » fit-il après avoir discuté avec l'agente qui les avait accueillis.
Zander ne descendait toujours pas et Nadja finit par s’inquiéter. Elle se levait quand Prius la retint.
« - Il a besoin de repos, murmura-t-il. - De repos ? Mais… - Il m’a dit pour vous, votre état de santé. - Ah ! - Je suppose qu’il n’en parle pas avec vous. Mais ça le mine profondément. - Je suis désolée que ça vous retombe encore dessus. »
Ce pauvre Prius aurait du choisir comme sacerdoce un Goa’uld esclavagiste, il aurait sans doute eut moins de travail.
« - Ne vous en faite pas pour moi, Nadja. Faites moi plaisir, profitez du temps que vous avez ensemble. - Pour ca, vous pouvez comptez sur moi. »
Le futur marié ne revint qu’en fin de matinée et l’ex marine l’accueillit au vol, plus ou moins discrètement pour l’embrasser longuement. Quoi qu’elle face, elle ne pourrait pas l’aider. Peut être pourrait-elle au moins adoucir ces prochains mois.
Après le repas, ils annoncèrent leur départ et se rendirent vers l’hôpital, non sans avoir déposé tous le monde à la gare auparavant. Ca prit une éternité aux yeux de l’ex marine, toujours vigilante. Au final les médecins ne découvrirent pas grand-chose de plus, sinon que le symbiote semblait totalement inerte bien que « vivant ». Il avait tissé des ramifications dans le système nerveux du pilote et était à présent fermement implanté. Impossible de savoir par contre de quoi il se nourrissait ou s’il était capable de se réveiller.
Il était tard quand ils arriverent enfin sur l’ile et Nadja se déchaussa immédiatement pour profiter du sable fin.
« - Marchons, tu veux bien ? J’ai envie de profiter d’un peu de calme. Et oui tous le monde est bien arrivé.»
L’idée d’aller voir un match ferait sans doute son chemin dans les prochaines heures, mais pour l’instant elle voulait juste profiter du moment, comme le lui avait suggéré Prius un peu plus tôt.
Marcher convenait parfaitement à Zander. C'était la première fois depuis un mois qu'ils avaient vraiment un moment à eux, sans chaperon à proximité. Il appréciait Mei qui ne les surveillait pas vraiment et leur laissait beaucoup de liberté et d'espace comparé à ses ombres, mais il n'en restait pas moins qu'elle était toujours là avec ce rôle qui lui avait été confié. Et puis il aimait tout simplement cela. Il était enfermé depuis trop longtemps à son goût, peu importait le cadre.
« Parfait ! Alors allons sur la plage. C'est un peu plus long, mais tellement plus agréable. Et c'est bien que les autres soient arrivés. J'avais peur qu'ils aient des problèmes comme je n'étais pas là. »fit-il en souriant.
Il enleva lui aussi ses chaussures et s'approcha du bord de l'eau, laissant les vagues lui caresser les pieds. Que ça faisait du bien… Quand il se mit à marcher, il le fit volontairement sur un rythme lent pour prendre son temps et profiter de l'instant présent. C'est tout ce qu'il pouvait faire.
Se projeter dans l'avenir ne servait à rien à part le plonger dans un profond désarroi. Il se savait pas ce qu'il ferait dans quelques mois, lorsque Nadja ne serait plus là. Cela allait remettre en cause certains de ses projets, mais il ne voulait penser à rien de tout cela pour l'instant. Non, il fallait penser au mariage puis au jour le jour.
Il lui attrapa soudain la main et l'attira contre lui pour l'embrasser longuement, comme elle l'avait plus tôt, avant de l'étreindre. Il avait besoin de ce contact physique pour rester ancré dans le moment et ne pas laisser ses pensées trop dériver vers cet endroit sombre. Et ce fichu symbiote le privait de cela la plupart du temps.
« Prius m'a rappelé tout à l'heure qu'il fallait penser aux alliances, même si la bague que tu portes peut en faire office. Il suffit juste d'en changer le sens. À moins que tu préfères un autre objet pour symboliser nos liens ? »dit-il doucement avant de se remettre en marche tranquillement en lui tenant la main.
Ils avaient déjà un bracelet, donc il ne leur restait pas beaucoup d'autres options, mais comme son ami le lui avait fait remarquer, ce devait être un choix à faire ensemble. Mais il voulait autre chose. C'était bien plus permanent et personnel et il savait qu'elle en serait ravie. Il s'arrêta à nouveau et traça quelque chose dans le sable.
« J'aimerais aussi quelque chose de bien particulier que je ne pourrais pas perdre. J'aimerais que tu me fasses un tatouage, si tu peux trouver le matériel. »dit-il en désignant ce qu'il venait de dessiner.
Il voulait quelque chose de discret et il n'était pas prêt pour un tatouage aussi élaboré et étendu que les siens, mais il était également ouvert à ses suggestions, si elle en avait. Il le voulait aussi quelque part où il pourrait le voir facilement.
Se promener main dans la main était maintenant possible, même si cela demandait à Nadja un instant de concentration. Elle parvint même à ne pas frissonner quand il l’embrassa.
« - Je n’y pensais pas, réfléchit-elle quand il parla d’alliance. Une bague, ça ira tres bien. »
Elle n’était pas matérialiste, ayant trop bougé, y comprit d’époque. Mais une bague, elle pourrait toujours l’avoir avec elle, tout comme le bracelet. Ça lui convenait parfaitement. »
La suite, par contre, la prit par surprise. Ils avaient évoqué à plusieurs reprise la possibilité d’un tatouage, mais jamais vraiment sérieusement. Mais c’était sans doute le moment ou jamais.
« - Trouver du matériel, ça sera pas très compliqué. Le modèle, c’est une autre paire de manche. Tu dois être sur de toi. Tu y a déjà réfléchi ? Et la ou tu le voudrais ? »
Sûrement il avait une idée derrière la tête. Bien sur elle pouvait lui faire quelque propositions, dont certaines particulièrement grivoises, mais pas questions de décider pour lui.
La ballade continua tranquillement. La mer venait gentiment leur lécher les pieds et la fraîcheur de l’eau était la bienvenue. Dire qu’ils avaient fait des projets pour s’installer ici.
La mélancolie menaçait de l’envahir et elle se secoua. Ça n’était pas le moment de se laisser aller. Mais finalement, leur marche arriva à sa fin et le complexe hotelier se profila devant eux.
« - T’en pense quoi, on les laisse encore un peu mariner et on se refait un tour de l’île ? »
« Alors il faudra penser à s'en occuper demain. »fit-il en hochant la tête pour les alliances.
Zander fut ravi de l'effet produit quand il parlait du tatouage. Elle avait plusieurs fois essayé de le convaincre, mais sans succès. Il fallait dire qu'elle voyait généralement les choses en grand. Mais maintenant, c'était différent.
« Si je dois me faire faire un tatouage dans ma vie, je veux que ce soit par toi et personne d'autre. C'est une occasion spéciale et je veux la marquer de manière spéciale et originale. Alors oui, je suis sûr que j'en veux un. J'en ai plusieurs en tête, oui. J'aimerais qu'il soit discret et dans un endroit discret, mais que je pourrais facilement voir. L'intérieur du poignet, par exemple… »répondit-il.
Il s'arrêta et s'accroupit dans le sable humide. Il se mit à dessiner des symboles plus ou moins complexes.
« Regarde… Il y a plusieurs qui tournent tous autour de l'amour éternel. Mais ma préférence va à celui-là. Mais si tu en as d'autres sur la même symbolique, n'hésite pas à me les montrer. Peut-être que je pourrais même me laisser tenter par quelque chose de plus complexe si je survis à l'expérience. Mais je te préviens, je ne suis toujours pas prêt pour une fresque me recouvrant tout le corps. »dit-il en souriant.
Il ne plaisantait qu'à moitié. Il savait ce que représentaient les tatouages pour elle. Tous avaient une signification particulière et une histoire. Puis elle était douée en dessin. Alors il était curieux de voir quel genre de création elle pouvait lui proposer, pour peu que ce soit discret.
La promenade se poursuivit tranquillement. Quand ils furent arriver au bout de la plage, à proximité de l'hôtel, Nadja proposa de refaire un tour. Il n'y voyait pas particulièrement d'objection, bien au contraire.
« Ils savent que nous sommes arrivés à Serain ou pas encore ? Mais oui, ils peuvent nous attendre encore un peu. Suis-moi… »fit-il en ayant soudain une idée.
Il revint sur leurs pas et s'approcha d'un bâtiment sur la jetée qui faisait face à une autre île. Il entra et paya deux billets avant de l'entraîner vers une rampe qui descendait. Arrivés en bas, ils débouchèrent dans une bulle sous-marin d'où partait un tunnel entièrement transparent. Ils pouvaient observer en toute quiétude les poissons et autres habitants sous-marins qui évoluaient tout autour d'eux.
Arrivés à l'autre bout, ils émergèrent sur l'autre île dont ils pouvaient faire le tour avant de rejoindre les pontons qui la reliaient au rivage. Les visiteurs avaient aussi l'option de rentrer aller à la nage ou de louer une embarcation.
« Tu sais que nous avons notre propre bungalow nuptial grand luxe avec accès privé qui nous attend et que nous pouvons le rejoindre sans que les autres n'en sachent rien… Intimité garanti également. » dit-il tout sourire tandis qu'ils se dirigeaient vers l'hôtel.
Le deuxième bungalow "familial" n'était pas très loin, mais il était assuré que les deux ne soient pas non plus collés pour qu'ils soient tranquilles et qu'ils puissent aller et venir à leur guise. Au diable sa supposée surveillance...
Intriguée, Nadja observa les dessins dans le sable. Ce genre d’entrelacs n’étaient pas vraiment son style mais elle en appréciait le symbolisme et la simplicité.
« - C’est joli et ca t’ira plutôt bien. »
Délicatement, elle se saisit de son poignet et dessina du bout du doigt une esquisse de ce qu’il venait de lui montrer.
« - Pas trop gros, pas ridicule non plus. Par contre, ca risque de piquer un peu. La peau est sensible à cet endroit la. »
La ballade les avait conduit prés des bungalow loués mais ni l’un ni l’autre n’avait envie de rentrer pour l’instant. L’ex marine se laissa guider vers une sorte d’attraction. En se retrouvant soudain sous l’eau à observer les fonds marin, elle poussa un grognement appréciateur.
« - C’est superbe. »
Le reste se passait de commentaires. Ils avancèrent tellement sous l’arche marine, éclairée par la lune au dessus d’eux. Finalement ils débouchèrent de l’autre coté et revinrent lentement sur leur pas.
« - Mais dites donc, cher monsieur, répondit-elle amusée, il me semblait que nous ne devions pas dormir ensemble cette nuit, colon les coutumes en vogues sur votre planète. M’aurait-on mentit ? »
Mme si elle n’avait aucune intention, au fond, de respecter cette tradition. Mais elle avait également très faim à présent, et la promenade lui avait sérieusement ouvert l’appétit. A force de lui montrer poissons et crustacé, forcement elle les voulait dans son assiette maintenant.
Zander la laissa faire quand elle lui prit le poignet et la regarda reproduire le symbole à l'endroit qu'il avait indiqué.
« Je crois que j'arriverais à survivre. Puis ça pique forcément vu que ça utilise des aiguilles, non ? »répondit-il quand elle l'avertit que c'était une zone sensible.
Il sourit à sa réaction dans le tunnel aquatique. Il ne s'était pas trompé quand il avait pensé que cela lui plairait.
« Oui, c'est une bonne alternative pour ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas faire de la plongée. Il est possible d'avoir un guide qui te donne des informations sur les différentes espèces qu'on peut observer. »
Il pouffa quand elle mentionna le fait de ne pas passer la nuit dans le même lit. Mais le moins qu'il pouvait dire, c'était qu'ils n'étaient pas comme tout le monde et qu'ils n'étaient pas tenus de les suivre à la lettre.
« C'est la tradition, oui. Mais elles sont faites pour être bousculée de temps en temps. Puis techniquement, nous sommes déjà mariés, alors on n'est pas obligés de toutes les respecter et de choisir celles qui nous intéressent et pas les autres. »fit-il, amusé.
Personne n'y redirait rien de toute façon. Ils étaient libres de faire comme bon leur semblait. Sa mère n'avait jamais été très à cheval sur les règles non plus, du moins pas sur toutes. Et elle comprendrait.
Ils passèrent par la réception pour récupérer les clé d'accès de leur bungalow. Il n'avait permis que la récupération de l'autre par sa mère, justement. Cela avait plus facile de procéder ainsi. Puis ils suivirent le chemin indiqué pour prendre possession de leur logement.
« Allons voir les autres pour leur dire qu'on est là et aller manger. Puis je suppose que nous passerons quelques heures sur la plage avec nos témoins pour observer cette tradition à notre façon. » dit-il.
Il ressortit et prit la direction de l'autre bungalow qui se trouvait un peu plus loin.
« - Ah vous voilà enfin ! lança Prius qui ouvrit la porte. On commençait à se dire que vous n'arriveriez jamais et qu'il allait falloir passer la soirée sans vous. - Désolé, ça a été un peu plus long que je ne le pensais. - Des ennuis ? demanda sa mère. - Rien de plus que les tracasseries administratives habituelles. répondit-il vaguement - Enfin, c'est quand même exagéré, là. rétorqua-t-elle. - J'avoue qu'on a aussi un peu traîné en route, ça vous va ? - Et si nous allions manger ? Il y en a un qui a l'estomac dans les talons ici, dit Mei. - Il n'est pas le seul, alors dépêchons-nous avant qu'il y ait un drame… »dit joyeusement le prêtre.
Ils repartirent tous vers le complexe hôtelier sur le rivage par la passerelle. Le repas fut excellent et se passa dans la bonne humeur. Une fois qu'ils eurent finis, ils retournèrent au bungalow familial où ils laissèrent Neela et Isaac puis ils partirent vers la plage, non sans avoir emmener de la bière et autres choses nécessaires. Ils avaient aussi la possibilité d'acheter ce dont ils auraient éventuellement besoin auprès de l'hôtel qui se chargerait de leur apporter.
Le pilote les dirigea vers un coin tranquille un peu à l'écart, à la lisière de la plage et des arbres. C'était l'emplacement le plus à l'extrémité de l'île pour ce genre d'occasion. D'un côté, ils pouvaient voir les lumières des bungalows, de l'autre celles de Serain, tandis qu'en face s'étendait l'océan. Ils s'assirent autour d'un feu de camp qui brûlait joyeusement tandis qu'une musique discrète se faisait entendre. Il était possible d'en changer via leurs tablettes personnelles, voir même de faire venir des musiciens ou autres animateurs en tout genre, si l'envie leur en prenait. Il y avait aussi une table des chaises, des hamacs et une balancelle sous les arbres et ils pouvaient même passer la nuit-là, s'ils le souhaitaient.
Des traditions, ils en avaient bousculé depuis leur premier mariage. Mais ni l’un ni l’autre n’étaient de toute façon de fervent tenant des conventions sociales.
« - Bah tu sais, la tradition chez nous, c’était de boire comme des trous ce truc qu’on appelait alcool, et je sais maintenant que c‘était surtout de l’huile de vidange distillée, et ensuite d’aller faire les andouilles en ville. Ça finissait généralement assez mal, en taule pour le reste de la nuit, tu t’en doute. Et oui j’ai passé l’âge de faire ce genre de bêtises, rassure-toi. »
Finalement, ils retrouvèrent les autres et Prius s’empressa de les taquiner. Ils s’attablèrent rapidement et joyeusement et Nadja put assouvir sa faim de loup. La cuisine locale était à la hauteur de l’hébergement et elle ne se fit pas prier pour vider une demi douzaine de plats, généreusement accompagné d’alcool, tout aussi locaux et tout aussi bon.
Finalement, ils se rendirent à l’extérieur ou les attendait un feu déjà crépitant. Prius distribua les bières et ils s’installèrent pour autour du foyer. L’ex marine allongea en grognant ses longues jambes devant elle et appuya sa tee sur les cuisse de Zander.
« - Si je m’endors, plaisanta-t-elle, t’as pas intérêt à bouger. »
Mais l’idée n’était pas de dormir, bien évidemment. Une fois tout le monde installé elle passa commande d’un danseur aux muscles huilé impressionnants dont la spécialité l’avait intrigué. Il jonglait avec un bâton de flamme. Et elle ne fut pas déçue. Le colosse faisait tournoyer son bâton autour de lui à une vitesse incroyable laissant sur la rétine des spectateurs des traînées lumineuse et persistante. Emportée par le spectacle, elle se laissa aller à siffler comme une groupie, l’encourager et battre la mesure en tapant des mains.
Zander sourit et posa une main sur son épaule. Il lui fallut une seconde pour comprendre pourquoi elle disait cela. C'était peut-être une plaisanterie, mais il y avait un soupçon de vérité et un avertissement véritable dans le fait de ne pas la réveiller brusquement.
« Heureusement que je suis confortablement installé alors… »répondit-il sur un ton égal.
Prius ne put s'empêcher de rire en voyant le "spectacle" qu'avait réservé Nadja. Mais il ne pouvait pas nier qu'elle avait bon goût et l'habileté de l'homme était impressionnante.
« - Tu crois qu'elle essayait de t'envoyer un message ? demanda le prêtre, hilare, une fois la démonstration. - Si c'est le cas, il n'est pas subtil. Aucune chance que j'arrive un jour à rivaliser avec la superbe musculature de monsieur, même si je passais mes journées au gymnase… fit-il, amusé. Et je ne parle pas de manier des bâtons enflammés. - Oh je suis sûr qu'il y a d'autres bâtons que tu manies très, très bien… »
Mei pouffa violemment et manqua de s'étouffer avec sa bière.
« - Je suis sûr que c'est plutôt ton genre, rétorqua le pilote. - J'avoue que je ne dirai pas non… dit le prêtre. Mei, intéressée ? - Pas trop non, je les préfère un peu moins imposant. Et les trucs à trois, ce n'est pas vraiment mon style. dit-elle en secouant la tête avec un large sourire. - Je suis sûr qu'on pourrait te trouver quelque chose. - Ah, mais ce n'est pas ma soirée, c'est la leur. - Oui, mais ils peuvent s'amuser ensemble après, nous en revanche… - Je tiens à vous faire remarquer que vous ne trouverez pas ce genre de service ici, intervint le pilote. Nous serions sur Celestia, ce serait autre chose. Mais je suis sûr que vous pourriez très bien vous amuser tous les deux, non ? les taquina-t-il. - Bien sûr… Tu oublies juste qu'il y a ta mère et un enfant dans le bungalow. - Il vous reste la plage ou une chambre à l'hôtel… Ça peut s'arranger. continua-t-il. - Tiens, prend donc une autre bière au lieu de raconter des âneries. »
Zander avait choisi autre chose sur la liste des activités. Quelque chose d'assez typique autour d'un feu de camp pour changer un peu. Le tout arriva quelques minutes plus tard.
« - Ce sont des malva. C'est une sucrerie à base de plantes que l'on fait chauffer dans le feu. Parfois, il y a des morceaux de fruits à l'intérieur. - Des sortes de guimauves, en somme. Et on se raconte des histoires effrayantes en même temps ? - Des histoires effrayantes ? Pourquoi ? - C'est une tradition sur Terre, expliqua Mei. »
Il reprit sa tablette et chercha autre chose qu'il finit par trouver.
« - Pas d'histoire effrayante, mais une conteuse… Elle raconte des légendes locales avec une mise en scène, d'après la description. - Ça a l'air intéressant. »
Mais le pilote ne put rien ajouter car la conteuse arriva. Celle-ci était jolie et légèrement vêtue d'une jupe et d'un haut courts. Elle opta pour la légende d'Océania, déesse des océans et Tual, un marin en perdition qu'elle sauva. Le spectacle était agrémenté de jeux d'ombre et de lumière et de petites danses. Il se termina par un petit cours d'astronomie pour repérer les constellations du marin et d'Oceania qui s'étaient finalement retrouvées dans les étoiles pour l'éternité.
Zander fut captivé bien plus qu'il ne l'aurait dû, mais il était pour le moins complètement détendu et très, très bon public… Quand la conteuse fut partie, il regarda Prius avec un regard soupçonneux. Ça ne pouvait qu'être lui le responsable de cet état légèrement euphorique, ce qui n'était pas nécessairement désagréable.
« - Dis c'est quoi cette bière que tu m'as donnée… Elle est bizarre… - Oh ça, c'est un mélange un peu particulier avec des herbes spéciales. fit le prêtre avec un air innocent. - Ahhhhhhh, je vois. C'est pour ça que j'ai trouvé l'histoire merveilleuse et la conteuse plus que charmante ? - Sans aucun doute. J'en ai d'autres si jamais il y a des amateurs. - Les faire boire plus que de raison est une chose, les substances récréatives à leur insu, une autre, fit Mei sur un ton légèrement réprobateur. - Rabat-joie, fit le prêtre. C'est justement l'occasion au contraire, pour qu'il profite pleinement de la soirée. On est là pour s'assurer que ce soit bien le cas, non ? Je le connais très bien et je sais exactement ce que je peux lui donner sans risque. En l'occurrence, il va juste être détendu et peut-être un peu plus bavard que d'habitude. - Mouais, » dit-elle, pas convaincue.
Prius savait parfaitement ce qu'il faisait et il voulait vraiment que son ami profite de la soirée. L'épisode de ce matin lui avait appris que beaucoup de choses lui pesait et qu'il ne savait d'ailleurs pas encore tout, alors il avait tenu à alléger un peu son fardeau pour qu'il oublie momentanément tout ce qui assombrissait son humeur.
Le pilote, de son côté, regardait les étoiles et s'amusait à identifier les différentes constellations et les principales étoiles, sans leur prêter attention, ses soucis complètement envolés pour le moment.
« Ça te dirait d'aller te baigner à la lueur des étoiles et de la lune quand on sera seuls ? » demanda-t-il doucement à Nadja.
Le spectacle commandé par Nadja fit l’unanimité, bien que pour des raisons différentes, chez ses compagnons. Les plaisanteries grivoises de Prius la firent tout autant rire que les autres mais elle s’abstint de tout commentaire au dernier moments. Il valait mieux en rester aux plaisanteries bonne enfants plutôt que passer aux blagues lourdingues de marines mal dégrossies.
Zander, avec une subtilité toute relative, taquina Prius et Mei sur le reste de la nuit. Le plus drôle, ou étonnant, était que ni l’un n l’autre ne semblait y être frontalement opposés. Les empêchements qu’ils évoquaient était matériel… et facilement solutionnable. Après tout, s’ils avaient envie de s’amuser, elle ne leur jetterais pas la pierre.
Ensuite, ce fut une jeune et jolie conteuse qui leur rendit visite. Son histoire ne passionna pas l’ex marine mais le spectacle était à la hauteur et voir les deux hommes hypnotisé par la jeune fille l’amusait beaucoup, même si elle ne se gêna pas pour pincer son futur mari quand son regard se faisait un peu trop insistant.
Finalement, Prius avoua que leur boisson avait des propriétés en plus de l’alcool. Ça expliquait sans doute pourquoi elle se sentait flotter tranquillement (et pourquoi elle n’avait pas étrangler la conteuse).
« - Droguer les gens à leur insu… il n’y a pas une loi contre ça ? fit-elle remarquer. Je suppose que je pourrai toujours vous botter le cul demain. En attendant, je vous confirme l’effet très… relaxant de votre breuvage. »
Difficile d’être en colère alors qu’elle en était à sa troisième, probablement.
Finalement, Zander lui proposa un bain de minuit, ce qui la fit glousser.
« - C’est très tentant, mais je n’ai pas mon maillot sur moi. Sauf si, bien entendu, c’est ce que tu recherche... »
Au final, elle n’avait aucun doute sur ses intentions, mais autant profiter de son humeur légère pour le taquiner un peu sur le sujet.
« - Droguer, droguer… tout de suite les grands mots. Je suis sûr que ce que vous avez bu n'est pas classifié ainsi ici. Si j'avais voulu, j'aurais pu vous donner bien pire... D'ailleurs, si ça vous intéresse, j'ai des choses des mélanges beaucoup plus… euphorisants, répondit le prêtre, - N'y songez même pas ! Je n'ai pas l'intention de vous surveiller toute la nuit pour m'assurer que vous ne faites pas de bêtises ou un mauvais trip... rétorqua Mei en lui faisant des gros yeux, ce qui ne manqua pas de le faire rire. - Rhoooo, tu es vraiment une rabat-joie quand tu t'y mets... Peut-être que tu... - Oh non, n'y pense même pas ! le coupa-t-elle sèchement. - D'accord, d'accord. »fit-il en levant les mains en signe de reddition.
Il avait appris à jauger l'humeur de la médecin et savait quand ne pas dépasser les bornes, surtout lorsqu'elle employait son ton militaire, comme il l'appelait. En attendant, il avait vraiment prévu des mélanges plus exotiques au cas où, mais jamais il ne se serait permis de les donner sans leur accord, car cela pouvait entraîner des réactions imprévues, contrairement à ce qu'il avait utilisé.
Zander sourit très largement à Nadja.
« Ça tombe bien, je n'en ai pas non plus. » répondit-il.
Ils discutèrent de choses et d'autres puis Prius organisa l'une de ses dégustations de bières et d'alcools forts dont il avait le secret. Ils commandèrent un plateau de nourriture à grignoter pour accompagner, le tout avec de la musique locale en fond.
« - Bon, les enfants, ce n'est pas tout, mais si vous voulez être à peu près d'aplomb demain, il faudrait peut-être songer à aller dormir. À moins que tu ne tiennes à aller faire la tournée des bars en ville entre hommes, Zander ? dit gaiement Prius. - Oh non, je passe… J'en ai bien assez pour ce soir. - Petit joueur... - Alors, doit-on vous séparer pour la nuit comme le veut la tradition ? demanda Mei. - Même pas en rêve. » répondit le pilote avec un grand sourire.
Il se leva et tangua un peu avant de faire quelques pas mal assurés. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas bu autant et les six mois sans une goutte d'alcool avait sérieusement entamé sa résistance, visiblement. Ou alors, c'était les plantes de Prius qui ne passaient pas très bien.
« - Hum, tu vas pouvoir rentrer ou tu as besoin d'aide ? - Ça va aller. Ce n'est pas très loin et marcher va me dégriser. Vous pouvez passer devant. - Non, je ne crois pas… fit Prius. - En effet, pas question. On va s'assurer que vous arrivez bien tous les deux à bon port, confirma Mei qui avait été raisonnable du groupe. - Et on vous bordera si nécessaire, ajouta le prêtre. - Ce ne sera vraiment pas la peine. » fit le pilote.
Il ne pouvait rien faire d'autre que se plier à leur volonté pour le moment. Ils reprirent lentement le chemin des bungalows. Curieusement, cela lui sembla beaucoup plus long qu'à l'aller.
« - Ça va aller ? demanda le prêtre. - Oui, oui. - Vous êtes sûrs ? - Tout à fait. Maintenant, allez donc vous amusez tous les deux pendant qu'on va se coucher. - C'est cela oui. fit Prius, amusé. - Allez, M. le prêtre, laissons-les donc tranquille. Ils m'ont l'air bien assez sobres pour se débrouiller et aller se coucher sans notre aide, fit Mei. Bonne nuit vous deux ! N'oubliez pas que demain matin, c'est shopping pour tout le monde ! »lança-t-elle en en attrapant Prius par le bras et en l’entraînant avec elle.
Le pilote referma la porte et se retourna vers Nadja.
« Et si on profitait de notre petit bout de plage privée pour ce bain de minuit ? À moins que tu préfères la plage publique ? Vu l'heure, aucun risque qu'on croise quelqu'un... »fit-il en se dirigeant vers le patio et en se débarrassant de ses vêtements sur le chemin.
La terrasse avait sa piscine, un jacuzzi dans un coin, un canapé convertible en lit, en plus d'un hamac et d'une table et des chaises. Sur le côté, un accès donnait sur quelques mètres de plage avec deux chaises longues et un parasol, mais il était aussi possible de plonger directement dans la mer depuis un bout de la terrasse.
Difficile de ne pas rire franchement devant le duo comique Prius-Mei. Ces deux la s’entendaient décidément à merveille malgré leur différences criantes.Le prêtre n’insista d’ailleurs pas plus sur le sujet de la pharmacopée et le reste de la soirée s’écoula tranquillement. Finalement, il fut d’aller se coucher, le lendemain promettant d’être bien remplie.
Nadja n’était pas beaucoup plus fraîche que le pilote et elle du inspirer un grand coup pour tenir debout. Ces derniers verres avaient décidément été de trop. Mais quand on lui proposait une dégustation, elle ne pouvait pas faire autrement qu’y faire honneur. C’était une question de principe.
« - Le premier qui essaye de me border aura affaire à moi, gronda-t-elle pour la forme. »
Finalement, le médecin et le prêtre s’éclipsèrent et Nadja se demanda comment se terminerait la soirée pour ses deux la.
« - Voilà qui me semble une excellente idée. J’ai bien besoin de nettoyer tout cet alcool. »
Et quoi de mieux pour ca qu’un bain d’ans l’eau fraîche ? Son t-shirt vola dans un sens, son short dans l’autre, les sous vêtement terminèrent sous une table et, un plouf plus tard, elle était à l’eau.
« - Oh la vache ! Viens vite réchauffer ta future femme. »
Elle savait à présent quelle était particulièrement sensibles aux changement brutaux de températures, sans doute à cause de son organisme fragilisé. Ça ne l’empêchait pas d’apprécier la caresse de l’eau sur son corps nu ni l’anticipation du contact d’un corps chaud contre le sien dans les secondes à venir.
Zander avait préféré une approche plus prudente pour entrer dans l'eau et était descendu sur leur "plage". Il trempa un pied et grimaça. L'eau était froide, plus que la dernière fois, mais normal, c'était aussi beaucoup plus tôt dans l'année. Nadja, elle n'hésita pas et plongea d'un coup, avant de l'appeler pour la réchauffer.
« Comment refuser une telle demande de ma future épouse… »fit-il tout sourire en entrant dans l'eau pour la rejoindre sans broncher. Ils allaient sans aucun doute se tenir mutuellement chaud pendant un moment…
*****
[19 mars 2020]
Zander ouvrit péniblement les yeux avant de les refermer précipitamment en grognant lorsqu'il vit le soleil. Il avait un mal de crâne épouvantable et Stella lui hurlait dans les oreilles à propos du petit-déjeuner.
*Ah, c'est vrai…*fit-il quand il se rappela qu'il avait demandé au service d'étage de leur amener un petit-déjeuner complet pour deux vers 8 heures 45. C'était bien trop tôt à son goût, mais ils étaient censés retrouver les autres vers dix heures pour aller faire les boutiques, ce qui leur laisserait du temps plus tard s'ils voulaient pouvoir utiliser les services de préparateurs. Enfin, ça, c'était surtout pour ces dames qui adoraient se pomponner et se faire belle, mais elles préféraient faire appel de professionnels pour se faire.
Il fallait toutefois qu'il se lève avant Nadja, raison pour laquelle il recourait à son vaisseau pour jouer les réveille-matin et éviter qu'elle ne se réveille avant lui.
« - Ça va, arrête de crier s'il te plaît, je suis réveillé… - Mais tu n'es pas encore debout et je continuerai à te parler tant que ce ne sera pas le cas. Le chariot du déjeuner attend depuis cinq bonnes minutes. Le pauvre garçon a frappé pendant deux bonnes minutes avant de renoncer, continua l'IA - Oui, oui, c'est bon, je sors du lit. dit-il en se levant péniblement pour aller chercher la nourriture, qu'il amena sur la terrasse. - Si tu penses à te recoucher, oublie ça tout de suite, car je me remettrai à te parler aussitôt. - D'accord, tu as gagné ! Je me sers une tasse de café et je vais sous la douche. Contente ? - Très. Je te laisse tranquille… pour l'instant. »termina son IA.
Le pilote grommela et but quelques gorgées de café en espérant que cela lui remette les idées en place, mais ce n'était pas gagné. Il retourna à l'intérieur et fouilla dans son sac à la recherche des comprimés pour la gueule de bois. Au passage, il rassembla ses vêtements de la veille qui traînaient un peu partout. Quand il trouva le tube, il ressortit et en avala deux avec du jus de fruits puis il s'assit face à la mer et grignota une tranche de pain. La journée promettait d'être longue et la soirée et la nuit encore plus, à moins qu'ils ne s'endorment comme des souches.
Il décida d'aller prendre une douche et de finir de manger après. Ce serait probablement plus facile une que les comprimés auraient fait effet. Il revint trente minutes plus tard un peu plus réveillé, en bermuda et en t-shirt, une tenue confortable pour faire les boutiques avant de devoir revêtir une tenue plus stricte pour la cérémonie. Voilà qui était étrange… Il allait se marier. Il sentit un nœud se former au creux de son estomac et l'assiette bien garnie qu'il venait de se servir lui semblait soudain beaucoup moins appétissante. Mais pourquoi stressait-il tout à coup ? Il était déjà marié et ce qui allait se passer plus tard n'allait rien changer du tout. Sauf que cette fois, il serait en pleine possession de ses moyens et il se souviendrait de toute la cérémonie...
Prière de ne pas déranger le marines. N’insistez pas, elle n’est pas la. Y a personne à la maison. Interdiction de stationner. Tirez vous sous peine de mort dans d’atroces souffrances.
Nadja était de bonne humeur. A bien y réfléchir, elle ‘navait pas du prendre de cuite pareille depuis des années. Depuis son mariage en fait… Le premier avec Zander, ce qui était franchement ironique.
* Ironie mon c… *
Zander s’était levé sans faire de bruit, comme à son habitude depuis son retour. Mais elle était à peu prés sure que ça n’aurait pas changé grand-chose aujourd’hui tellement son esprit était loin de ses habituels démons. Elle ouvrit finalement un œil, décida que le spot en face d’elle était largement trop brillant et referma les paupières avec un grognement de protestation.
Mais il fallait bien se lever si elle voulait dire « Oui » ce soir. Et le faire autrement qu’en vêtements de ville. Son odorat entraîné repéra une odeur de café qui termina par la faire se lever.
« - Oh bazar ! »
La chambre venait de danser devant ses yeux et il lui fallut quelque secondes pour reprendre le contrôle de son estomac. Décidément, elle ne s’était pas loupée hier soir. Le breuvage amer lui remit suffisamment les idées en place pour qu’elle aille mettre un maillot (cette fois fois) pour aller piquer une idée dans la mer toute proche. Voilà qui achèverai de lui rendre sa bonne humeur. Plus qu’a trouver son futur mari qui semblait avoir disparu… A moins qu’elle soit passé à coté de lui sans le voir. Vu le brouillard dans lequel elle était quelques minutes plus tôt, ça pouvait bien être le cas.
Mei ouvrit la porte du bungalow et baissa la voix. Neela avait laissé une lumière allumée pour leur permettre de voir où ils allaient. Elle se dirigea tout de suite vers la chambre, qui se trouvait être la plus grande et la plus isolée, pour voir Isaac, mais il ne s'y trouvait pas, pas plus que son lit.
« - Neela a laissé un mot sur la table. Isaac ne s'endormait pas lorsqu'elle a essayé de le coucher. Il était trop agité pour ça, alors elle l'a installé avec elle dans sa chambre, expliqua Prius. - Ah d'accord, répondit-elle. - Elle prend son rôle de grand-mère très à cœur. - Ou elle a voulu m'accorder une nuit tranquille et me permettre de faire la grasse matinée, car elle se doutait qu'on rentrerait dans un piteux état. - Je pourrais donc dor… Aïe ! dit-il quand elle lui enfonça le coude dans les côtes. - Ta chambre est par là-bas. - Je n'ai pas sommeil. Je vais aller sur la terrasse un moment. »fit-il soudain.
Quelque chose la fit tiquer dans le ton du prêtre. Peut-être qu'elle se méprenait et qu'il cherchait simplement du réconfort, comme la dernière fois. Elle savait qu'il lui était parfois difficile d'en trouver auprès des siens et qu'il lui arrivait de se sentir bien seul, même s'il ne le montrait jamais. Elle le rejoignit et alla s'asseoir au bord de la piscine, y plongeant les pieds.
« - Est-ce que ça va ? lui demanda-t-elle. - Pas vraiment. Zander m'a parlé de Nadja et de son état ce matin. Je me demande ce qu'il a fait pour mériter autant de malheur et comment il fait pour encaisser tout ça. - Ou comment plomber l'ambiance lors d'un événement censé être heureux. - Tout à fait son style… C'est une sacrée mauvaise nouvelle à lâcher dans ce contexte. Mais il avait besoin d'en parler. Cela devrait lui permettre de mieux profiter des choses. Il a aussi évoqué un symbiote et les conséquences que cela entraînait, mais je n'en sais pas plus. - La seule chose que je veux bien te dire, c'est qu'on nage dans l'inconnu et qu'on ne peut rien faire, ni pour l'un ni pour l'autre. - C'était pour ça, les drogues dans les bières ? - Oui. Je voulais vraiment qu'ils puissent lâcher un peu prise et alléger temporairement leur fardeau. Il n'y a vraiment rien à faire pour Nadja ? - Non et crois-moi, j'ai cherché. Et je lui ai aussi promis de ne pas m'acharner. Je fais donc ce que je peux pour la soulager. - Comment le prends-tu ? - Je suis soigneuse. Perdre des gens fait partie de la vie et de mon travail, même si c'est bien plus douloureux et difficile parce cela me touche personnellement. Elle est devenue bien plus que ma meilleure amie. Mais je le sais depuis plusieurs mois, alors j'ai eu le temps de l'accepter, plus ou moins. Je redoute cependant le moment où cela arrivera. Je ne sais pas ce que je ferai après. - Que veux-tu dire par là ? - Je ne sais pas trop encore. Et toi, tu digères la nouvelle ? - Il va me falloir un peu de temps et je m'inquiète surtout pour Zander et surtout après. - Je pense qu'il va falloir se préparer pour l'après justement lorsque le moment viendra. - Tu as raison. Mais ça donne aussi un autre sens à ce mariage. - C'est quelque chose qui leur tenait vraiment à cœur depuis longtemps. Une pierre blanche qui cimente leur relation pour de bon. Et avec tout ce qu'ils viennent de traverser, ce n'est pas étonnant non plus qu'ils profitent d'un moment de répit pour enfin le célébrer. Nous ne savons pas ce que l'avenir nous réserve. - En dehors du fait que l'on va tous mourir, certains plus tôt que d'autres ? - C'est la seule chose dont on est certain, n'est-ce pas ? On ignore juste le quand. - Un verre ? - Tu ne perds pas le nord… - Je me réconforte comme je peux. - Va pour un verre de plus. Puis il faudra bien quelqu'un pour te border… »le taquina-t-elle.
Elle pouvait au moins l'accompagner et lui prêter une oreille attentive, comme il le faisait avec elle. Puis il fallait bien que quelqu'un veille à ce qu'il regagne sa chambre sans encombre.
*****
Mei ouvrit les yeux en sentant quelqu'un s'agiter dans le lit. Elle se retourna pour découvrir Isaac qui s'était glissé tout sourire entre elle… et Prius. Elle savait qu'il ne s'était rien passé entre eux, mais elle n'avait pas la moindre idée de comment le prêtre avait atterri là. Avaient-ils fini à ce point ivres qu'ils s'étaient effondré dans le même lit sans s'en rendre compte ? Quoi qu'il en soit, ils auraient dû faire plus attention pour éviter cette situation embarrassante. Comment faire pour expliquer ça à l'enfant ?
« - Bonjour toi. Viens, on va laisser tonton dormir encore un peu... murmura-t-elle en prenant Isaac et en cherchant des habits. - Isaac ? Où es-tu ? Laisse ta mère dormir… »chuchota Neela en poussant la porte.
Mei ne put rien faire pour l'en empêcher d'entrer avant qu'il soit trop tard. Mortifiée, elle eut soudain la furieuse envie de disparaître sous les couvertures. Neela, belle joueuse, se replia sans rien dire avec l'enfant, mais avec un immense sourire sur les lèvres.
*****
Neela était assise à table, toujours avec un grand sourire. En face d'elle, Prius et Mei n'en menaient pas large et affichaient la tête d'ados ayant clairement abusé de l'alcool la veille et pris la main dans le sac. Elle se demandait comment briser le silence qui commençait à peser.
« - Est-ce que nous pourrions avoir un semblant de discussion, peu importe le sujet ? L'organisation de la journée par exemple ? - Faire les boutiques, manger, se préparer, la cérémonie, remanger, refaire la fête et peut-être dormir pendant 24 heures ? résuma Mei. - Ça m'a l'air d'être ça, mais je doute que vous ayez la chance de pouvoir dormir aussi longtemps... - Papa ! Des poissons ! » lança Isaac qui regardait par la vitre d'observation sur la terrasse.
L'intéressé recracha son café et manqua de lâcher sa tasse, tandis que Mei se figea, une tartine dans la main, un air médusé sur le visage.
« - Maman ! Je veux aller nager avec eux ! Je peux ? continua Isaac l'air de rien, en désignant la mer. - Pas tout de suite, mon ange. Tu demanderas à Tatie Nadja tout à l'heure. Je suis sûre qu'elle sera ravie de t'accompagner, répondit Mei, toujours éberluée. - D'accord ! Je peux aller dans la piscine alors ? - La tienne, alors. On ira bientôt dans la grande ensemble. »
Visiblement, une piscine pour enfants et un bac à sable faisaient partie des équipements de base fournis pour les plus jeunes et il semblait même qu'un espace était prévu exprès sur la terrasse, pour la plus grande joie de l'enfant.
« - Pourquoi est-ce que vous faites ces têtes-là tous les deux ? fit Neela, hilare. C'est tout à fait normal. Il fallait même s'y attendre après ce matin. - Mais, mais… pourquoi il m'appelle comme ça soudain ? fit le prêtre. - Voyons, par où commencer ? Vous êtes plus qu'un simple gardien à ses yeux. Vous faites partie des personnes les plus présentes et investies dans son entourage immédiat. Vous êtes probablement l'un des rares hommes aussi et le plus important. Il grandit très vite et à son échelle, vous êtes là presque tout le temps. Vous jouez avec lui, vous l'aidez à apprendre et vous le guidez. Vous vous en occupez lorsque Mei est en mission, quand vous êtes sur Atlantis et vous passez aussi beaucoup de temps avec elle lorsqu'elle ne travaille pas, avec ou sans lui, plus que n'importe quel autre homme, si je ne me trompe pas. Il est donc logique et naturel qu'il tire cette conclusion. répondit-elle très sérieusement. - Vous n'avez pas eu l'air choqué, ni surprise ce matin, fit remarquer Mei. - Pourquoi l'aurais-je été ? Ce que vous faites entre vous vous regarde. Vous êtes tous les deux adultes. En plus, je trouve que vous faites un joli couple, alors au contraire, je suis même ravie. - Nous ne couchons pas ensemble ! s'offusqua Prius. - Et alors ? Un couple ne se définit pas par les relations sexuelles qu'il entretient. Pas exclusivement, en tout cas. Ce n'est qu'un aspect d'une relation et pas forcément le plus important. L'amour peut être parfaitement platonique, sans relation charnelle. Mais je ne vous apprends rien, n'est-ce pas ? Ou faut-il que je vous sorte toutes les études sur le sujet pour vous éclairer ? Parce que vous deux, vous pourriez en être un exemple, pour autant que je puisse en juger… - Mais... - Il n'y a pas de mais. C'est ainsi qu'Isaac perçoit la situation. À ses yeux, vous êtes ce qui s'approche le plus d'un père et vous formez tous les trois ce qui peut être considérée comme une famille, peu importe vos relations réelles ou vos liens. Il faut aussi que vous compreniez que tout ce que vous faites ensemble a un impact direct et immédiat sur lui et sur son développement affectif et émotionnel. C'est une conséquence de sa croissance accélérée. Et vous devriez peut-être commencer à en tenir compte ainsi que de ce qu'il ressent. Et au passage, vous faites une très jolie famille... » fit-elle pour enfoncer le clou.
Elle secoua la tête. Aucun des deux, peut-être personne d'ailleurs, ne semblaient avoir pleinement réalisé toutes les répercussions de ce développement rapide dont elle ignorait les origines, mais qui l'intéressait à titre professionnel, en dehors des plus évidentes. Elle ne pouvait pas les en blâmer. Elle se demandait si l'enfant et sa mère bénéficiaient d'un quelconque suivi professionnel à ce niveau. S'en occuper au quotidien devait déjà être un défi qui ne devait pas lui laisser pas le temps de penser à autre chose ou de bien en cerner tous les aspects. Elle espérait simplement que ce nouvel éclairage n'allait pas ternir sa relation et celle du prêtre, pour le bien de cet enfant si particulier.
« Je vais aller appeler nos deux tourtereaux pour vérifier qu'ils sont bien réveillés. Cela ne sert à rien qu'on se dépêche d'aller chez eux s'ils ne sont toujours pas levés. Je n'ai pas particulièrement envie de surprendre un deuxième couple au lit, surtout pas celui-là... »dit-elle en se levant.
Le futur mari se trouvait sur un transat sur leur bout de plage sur lequel il s'était installé pour essayer de lire les nouvelles du jour. Mais il s'était mis à somnoler au bout de quelques secondes, bercé par le bruit des vagues. Ce fut la sonnerie de tablette qui le réveilla en sursaut. Il vit Nadja avait émergé et nageait dans la mer pas loin. Le seul endroit dans lequel il accepterait de mettre les pieds pour le moment, ce serait le jacuzzi.
« - Oui ? grommela-t-il. - Bonjour Zand ! Vous êtes réveillés et prêts ? fit joyeusement sa mère. - Euh… Nous sommes debout. Réveillés et prêts, c'est une autre histoire… - Parfait ! On passera chez vous d'ici quarante-cinq minutes, ça ira ? - On va dire que oui. - Alors à tout à l'heure ! » termina-t-elle.
S'il n'en avait tenu qu'à lui, il n'aurait pas bougé de la journée et serait resté enfermé ici à ne rien faire d'autre que profiter du bungalow et des services offerts par l'hôtel.
« Hé belle brune ! Les autres vont débarquer d'ici quarante-cinq minutes pour aller faire les boutiques ! »lança-t-il.
Il n'en avait vraiment aucune envie, mais il ne pouvait pas se marier en short et en T-shirt. Il aurait pu sortir son uniforme des forces de sécurité, sauf qu'il ne pouvait théoriquement pas le porter pour le moment. Non, il allait vraiment devoir sortir pour aller chercher de quoi se vêtir adéquatement pour cet événement.
*****
Environ une heure plus tard, tout le reste de la troupe arriva. Mei et Prius n'avaient pas l'air plus frais qu'eux, contrairement à Isaac qui débordait d'énergie et à sa mère.
« - Tatie ! Je veux aller nager avec les poissons ! On peut ? demanda Isaac. - Il attend depuis tout à l'heure pour te le demander, ajouta Mei. S'il avait su où te trouver, je suis prête à parier qu'il serait venu jusqu'ici tout seul… - Bonjour vous deux ! fit sa mère. »
Il guida tout le monde vers la terrasse et servit des cafés à tout le monde, une fois qu'ils furent tous assis autour de la table.
« - Ah ben on ne s'ennuie pas, dis donc. C'est vraiment le grand luxe ici, fit Prius. - Privilège des mariés, répondit Zander. - Donc, comment s'organise-t-on pour les achats ? demanda sa mère, entrant dans le vif du sujet. - Nadja et moi devons aller chez un bijoutier pour les alliances. Je crois que c'est à faire en premier. - Oui, ce serait mieux. - Ensuite, je propose qu'on se sépare pour chacun aille trouver sa tenue respective puis qu'on se retrouve pour manger. - Oui, ça serait effectivement plus rapide et plus efficace. Oh, un détail, traditionnellement, il faut porter du vert. Plus précisément, quelque chose de vert et or pour les mariées, vert et argent pour les témoins et vert et blanc pour les proches. Pas besoin que ce soit la tenue complète. Ça peut être une écharpe ou tout autre accessoire ajouté. Vous trouverez plein d'options dans les boutiques. - On est obligés ? - Non, mais un minimum de respect des traditions ne ferait pas de mal, tu ne penses pas ? - Je tâcherai de m'en souvenir. - Et ensuite ? - Je pense qu'il vaudrait mieux décider ça une fois que tous les achats seront finis pour savoir de combien de temps on dispose exactement. - Tu as raison. En ce qui concerne le traiteur, pas besoin de s'inquiéter, c'est l'hôtel qui se charge de tout coordonner. - Nadja ? Quelque chose à ajouter ? Ou quelqu'un d'autre ? »lui demanda-t-il.
Il attendit de voir si quelqu'un avait des suggestions ou des demandes particulières. Sinon, ils n'auraient plus qu'à se mettre en route pour le complexe commercial de l'hôtel sur la rive, à moins de minutes de marche de là.