SGZ est un forum RPG, c'est-à-dire que vous incarnez un personnage avec une vie, un passé, des émotions, des envies, des manies, etc ...
Vous le faites vivre, parler et tout ça par écrit.
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Nadja écouta le discours du jeune homme avec intérêt. Décidément, Zander avait caché beaucoup de choses à beaucoup de monde. Ça lui semblait tellement étrange. Et pourtant, elle avait été aussi surprise qu’eux en découvrant l’ampleur de ses possessions.
« - C’est à moi de vous remercier, au contraire. Vous prenez soins d’affaires dont j’ignorai tout jusqu’à il y a peu. Et de ce que j’en vois vous le faite particulièrement bien. »
Elle avait parcouru les documents avant son arrivée ici. Si elle n’avait pas la prétention de tout comprendre, elle savait lire une colonne de profit et celle-ci était substantielle, bien qu’en baisse régulière. L’état de la station y était sans doute pour beaucoup.
L’ex marine saisit son verre et suivit l’agent. Laisser un peu de champs à Mei et Prius n’était sans doute pas non plus une mauvaise idée.
Le salon était confortable et, par habitude, elle fit passer son regard sur les recoins avant de s’installer sur la banquette.
« - Bien, je vous écoute, monsieur Khrésus. J’ai pris connaissance de beaucoup de document depuis quelques jours mais je préférerais que vous m’expliquiez les choses à votre manière. »
Malgré tous le bien que semblait penser Prius du jeune homme, elle voulait aussi se faire son avis. Apres tout, il pensait peut être avoir trouvé la poule aux œufs d’or et tenter de l’embobiner. Il ne valait mieux pas qu’elle s’en aperçoive, dans ce cas.
« Je vous remercie. Votre mari était de loin l'un de mes clients les plus fidèles et des plus faciles à gérer du fait de la totale liberté qu'il me laissait. »fit-il en se dirigeant vers le salon qu'il avait réservé. Il déposa un petit objet rond sur la table et l'activa avant de s'installer dans un fauteuil.
« Il s'agit d'un brouilleur, juste au cas où. On n'est jamais trop prudents. Dois-je déduire de vos propos que vous comptez continuer à faire appel à mes services ? » lui demanda-t-il avant de hocher la tête.
« Il y a dix ans quand M. Hayes m'a confié la gestion des actions que M. Fikolis lui avait donné en guise de rémunération, j'étais un simple courtier indépendant. À l'époque, il ne possédait que cette station et ce chantier. Depuis, il est devenu l'acteur majeur du secteur dans le domaine, faisant croître la valeur de vos actions. Comme il m'avait laissé carte blanche, j'ai rapidement diversifié son portefeuille en achetant des titres dans des entreprises touchant au secteur de la construction spatiale, car il est toujours mauvais d'avoir tout au même endroit. Vous possédez donc des actions dans des entreprises couvrant à peu près toute la chaîne de production. Une bonne partie appartient à M. Fikolis qui en a racheté la plupart depuis. Je suppose que vous avez remarqué que les revenus liés à cette station et ce chantier diminuent, mais je ne m’inquiéterais pas pour ça pour l'instant, car c'est le long terme qui compte. C'est une fluctuation passagère, car M. Fikolis est en train de réorganiser ses affaires et vient d'inaugurer un nouveau chantier, délaissant temporairement celui-ci. À terme, il a annoncé que les lieux se consacreraient à la construction et à la réparation de vaisseaux privés de petites et moyennes envergures à des tarifs plus abordables. Si cela venait à ne pas fonctionner, il est évident que je me départirais des actions pour les réinvestir dans quelque chose de plus profitable. Avez-vous des questions ou des instructions particulières à ce sujet ? » expliqua-t-il.
Il se demandait s'il bénéficierait de la même liberté d'action avec qu'avec son mari ou s'il allait devoir composer avec ses souhaits ou même devoir batailler avec une cliente qui ne tenait pas à suivre ses conseils et à n'en faire qu'à sa tête alors qu'elle n'y connaissait strictement rien. Il ne tenait pas particulièrement à voir dix années de travail et d'investissements soignés partir en fumée, surtout pas ce portefeuille-là qui lui avait permis de bâtir sa réputation et son entreprise, pas s'il restait dans son giron en tout cas. Mais il avait déjà eu affaire à des clients difficiles. Il pouvait gérer les choses et limiter les dégâts.
« Concernant Hébrida, je viens juste de finir de consulter l'ensemble des documents financiers de votre mari et je suis toujours en train de me familiariser avec les réglementations locales. Je dois également rencontrer des représentants de Celestia prochainement, mais cela est très, très prometteur si le projet réussit. Cependant, vous devez savoir qu'il est aussi risqué, car vous seriez l'une des actionnaires principales. D'après ce que j'ai compris, il est nécessaire qu'un Hébridien participe au financement pour que les autorités donnent leur feu vert. Concernant les Bergers, ce n'est pas forcément un projet de grande envergure, mais il est sain et pourrait s'avérer profitable dans l'avenir. Tout dépend de leurs objectifs à long terme. Mais j'ai cru comprendre que c'était un projet qui lui tenait à cœur pour des raisons personnelles et qu'il envisageait de soutenir d'autres initiatives de l'Ordre à titre de bienfaiteur. »
Ce ne serait pas des investissements rentables, mais il n'était pas rare que ses clients souhaitent soutenir des projets caricatifs. Cela faisait toujours bien.
« J'ai aussi trouvé des ébauches de projets d'investissement qui en étaient au stade de l'étude préliminaire. Je pense que l'un d'eux concernait la recherche et développement d'IA et il y en avait un autre du même genre pour des technologies pour des vaisseaux, mais j'avoue que ce n'est pas vraiment mon domaine et il va me falloir faire appel à un expert pour comprendre de quoi il retourne exactement. Honnêtement, ces projets-là me semblent assez risqués, puisque les profits ne sont pas assurés et surtout ne pourraient survenir qu'à très long terme. Si vous avez des souhaits particuliers, n'hésitez pas à m'en faire part. » termina-t-il.
La présentation était faite et il attendait désormais son avis.
« J'aurais une question, si vous le permettez. J'ai cru comprendre que vous étiez là pour rencontrer M. Fikolis. Quelles sont vos intentions à son égard au juste ? Je pourrais peut-être vous conseiller si je suis informée de ce que vous comptez faire. »
*****
Prius et Mei avaient regardé Nadja s'éloigner avec le mandataire.
« - Je me doutais que la suite ne nous concernerait pas. fit le prêtre. - Moi aussi. Et je crois que je ferai mieux de récupérer Isaac et de retourner sur Stella. dit la médecin alors que l'enfant commençait à s'agiter et sachant que NAdja les retrouverait sans problème. - Oh ? - Je pense qu'il va bientôt vouloir manger et j'aimerais éviter de le faire ici, surtout s'il se mettait à créer des problèmes. - Je vois. Vous permettez que je vous accompagne ? Bien sûr. dit-elle en se levant. - Il faut de toute façon que je me rende à bord pour superviser le transfert d'une cargaison. Vous savez combien de temps vous rester au juste ? continua-t-il en la suivant. l'enfant toujours dans les bras. - Non, mais pas très longtemps. Pourquoi ? - Eh bien disons que si je pouvais faire l'économie d'une nuit sur la station, ce ne serait pas de refus. Khrezus ne va pas retourner tout de suite dur Hébrida et la navette de l'Ordre ne repassera que dans quelques jours… - Je ne pense pas que Nadja y voit d'inconvénient. »
Il secoua doucement la tête et sourit à Isaac. Elle ne disait pas ce que elle pensait sur la question ou voulait et semblait distraite. Ou c'était tout le contraire. Elle était hypervigilante.
« C'est moi qui vous met dans un état pareil ? Vous avez peur que je vous saute dessus ? »lui demanda-t-il sans obtenir de réponse.
« - C'est la première que vous revenez sur une station, n'est-ce pas ? Vous savez qu'il ne vous arrivera rien ici ? - Oui. Je serai plus rassurée si Nadja était là… Et qu'en savez-vous ? - Je pourrais me vexer, vous savez. Et ce n'est pas une station de deuxième zone malfamée, alors à moins de traîner dans un recoin sombre à l'écart des zones publiques, il n'y a aucun risque. Et si vous êtes mal à l'aise à l'idée que je reste à bord de Stella, dites-le. Je comprendrais parfaitement. - Non, non. Ce n'est pas comme si nous allions à nouveau boire plus que de raison comme la dernière fois ou que nous allions faire quoi que ce soit, ivres ou non, n'est-ce pas ? - Non, en effet, mais vous devriez vraiment songer à vous détendre un peu. - Ça ira mieux une fois que nous serons à bord. »
Une fois qu'elle se sentirait en sécurité, n'eut-elle pas besoin de lui préciser. Il avait compris le message et se contenta de la suivre. Il ne pouvait pas faire grand-chose de plus pour l'instant, d'autant qu'elle avait conscience de ce qui n'allait pas. Une fois sur Stella, ils s'occupèrent de nourrir Isaac qui ne se montrait pas vraiment coopératif avec la purée de légumes.
Un peu surprise par les mesures que prenait l’agent financier pour protéger leur conversation, Nadja le laissa expliquer la situation. Difficile de mettre sa sinsérité en doute pour l’instant. Il n’avait rien d’un beau parleur et résumait ses succès et ses problèmes sans fard. S’il l’a menait par le bout du nez, elle n’avait aucun moyen de s’en apercevoir pour l’instant.
« - En effet, j’ai vu les chiffres concernant la rentabilité du chantier. Surtout, j’ai vu l’état de la station. Sans être totalement délabrée, il est clair qu’elle a connue des jours meilleurs. Je ne suis pas architecte mais j’ai connu ce genre d’environnement toute ma vie. Si rien n’est fait rapidement, il sera difficile de la remettre à flot. »
Savoir que les lieux se destinait à l’entretient de vaisseau de seconde zones ne lui plaisait pas. Pire, ca allumait toute sorte de voyant rouge dans sa tête, à base de réparation discrètes, de transport peu regardant sur la marchandise et tout autre sorte de choses d’une légalité au mieux douteuse.
« - Vous me dite que Nyx à racheté une grande partie des actions de actions que possédait Zander ici, c’est bien ça ? Je veux être sure de bien comprendre. »
Elle écouta la suite avec intérêt. Le projet sur Hebrida l’intéressait aussi beaucoup, ce qu’elle confirma d’un hochement de tête.
« - Ça ne tiendrait qu’a moi, je vous aiguillerai vers des recherches en armement. Mais je suppose que ça n’est pas simple à mettre en place. »
La question suivant la fit sourire. S’inquiétait-il qu’elle fasse une bourde ou qu’lele prenne les renes d’une affaire bien huilée pour tout gâcher.
« - Je n’ai rencontré Nyx qu’une seule fois, et ca ne s’est pas forcement bien passé. Si nous devons faire des affaires ensemble, j’aimerai aplanir certaines difficultés avant qu’elles n’arrivent. Et s’il le faut, lui expliquer que je ne suis pas Zander et je ne laisserai pas faire tout et n’importe quoi en son nom ou le sien."
Alastar hocha la tête. Donc elle s'y connaissait un minimum dans le domaine. Voilà qui pourrait faciliter les choses s'il devait lui expliquer certains points et elle ne se gênerait probablement pas pour poser des questions si elle en avait.
« Je surveille la situation de cette station. M. Fikolis a annoncé un plan pour la remettre en état et à niveau d'ici peu. Même si elle ne paie pas de mine pour l'instant, il l'entretient régulièrement et aux dernières nouvelles, il n'a pas l'intention de s'en séparer. La présence du chantier et surtout d'une source d'approvisionnement juste à côté le rendent précieuse, mais elle est loin de posséder les mêmes capacités de production que ses autres chantiers ni leur échelle. En revanche, elle convient très bien pour la construction des modèles plus petits destinés à des particuliers ou autres professionnels commerciaux. »
Et contrairement aux apparences, Nyx était un peu sentimental envers cette station. Cet endroit constituait son premier investissement réussi et l'avait lancé et il n'avait pas l'air prêt à s'en débarrasser. Et les lieux étaient toujours rentables lorsqu'ils étaient utilisés à plein, donc il n'avait pas vraiment de raison de s'en débarrasser.
« Non, non. Nyx n'a pas racheté les actions de Zander, mais celles d'autres actionnaires. Si Nyx est devenu un acteur majeur aujourd'hui, c'est parce qu'il a racheté et développer la plupart des entreprises qui existaient dans le secteur au fil du temps de façon à dominer le marché. Et il y a réussi. Cela dit, il aimerait sans aucun doute mettre la main sur les actions de votre mari et il a déjà d'ailleurs essayé. Mais je n'ai jamais eu l'autorisation explicite de le faire. Mon mandat était de faire fructifier son investissement, chose impossible sans ces actions. »
Il hocha la tête quand elle exprima son souhait concernant des investissements dans la recherche en armement. C'était son argent et elle en faisait ce qu'elle voulait.
« Si c'est ce que vous souhaitez, je peux me renseigner. Et ce n'est pas que ce soit compliqué. C'est juste un domaine qui ne m'est pas familier. Je suis un expert dans les investissement en constructions spatiales et tout ce qui s'y rattache dans ce coin de la galaxie. Alors il m'est pour l'instant difficile d'évaluer la viabilité d'un projet ou les retombées financières à long terme sur un marché que je ne maîtrise pas encore et pour lequel j'ignore les perspectives. Il faudra que je fasse appel à un expert. Si vous avez déjà des projets qui vous intéresse, n'hésitez pas à me les indiquer. » fit-il.
Elle voulait donc aplanir les choses avec Nyx. Il ignorait qu'elle aussi avait un passé tumultueux avec Nyx, comme son mari d'ailleurs et se demandait si cela pouvait poser un problème quelconque.
« Je peux déjà vous dire qu'il cherchera sans aucun doute à vous convaincre de lui vendre les parts de votre mari dans son entreprise et très en-dessous de leur valeur réelle. C'est pourquoi je vous déconseille d'accepter. Quel genre d'affaires voudriez-vous faire avec lui ? »
*****
Mei avait débarrassé et nettoyé les dégâts d'Isaac pendant que Prius s'occupait de l'enfant.
« - Je crois que monsieur a besoin d'être changé. annonça-t-il. - Je dirai qu'il a besoin d'être lavé. soupira-t-elle. - Vous avez de quoi le baigner ? - Oui, dans ma cabine, mais ça aussi, c'est source de catastrophes. Je donnerai cher pour avoir une vraie baignoire. - Venez passer quelques jours au monastère sur Hébrida. Nous avons tout ce qu'il faut pour des enfants de tous âges et même du personnel qualifié pour vous soulager. - Ce n'est pas possible… - Pourquoi ? Si vous vous inquiétez pour les structures médicales… - Ce n'est pas ça. Ce n'est pas un enfant normal. Je ne sais pas de quoi sera fait demain avec lui. Il grandit plus vite que la normale. Je veux dire, beaucoup plus vite qu'il ne le devrait. Il est censé avoir deux mois, mais il a la taille et l'éveil d'un enfant de quatorze mois. - Je me disais bien. Mais vous n'êtes pas obligé de donner ces détails. Les Bergers apportent de l'aide à qui en a besoin. Cela vous ferait du bien et à lui aussi. - Pourquoi vous intéressez-vous autant à lui ? »
Prius ne répondit pas tout de suite. Elle ne pouvait pas savoir à quel point cette question était personnelle pour lui et c'était quelque chose dont il ne parlait pour ainsi dire jamais.
« - C'est un orphelin et j'ai un faible pour eux. Je veille sur eux et je les aide comme je peux, dès je le peux. Rare sont ceux qui comme lui ont la chance de grandir entouré d'une mère ou d'une famille au sens classi… - Je ne suis pas sa mère. répondit-elle du tac au tac. - Sa gardienne, sa protectrice, peu importe le nom que vous vous donnez pour ce rôle. Mais c'est vous qui s'occupez de lui au quotidien et qui le voyez grandir et il vous considérera comme telle, que vous le vouliez ou non. » fit-il doucement.
Elle n'aimait clairement pas ce qu'elle venait d'entendre alors que c'était la réalité. Il pouvait cependant comprendre qu'elle ne soit prête à endosser pleinement ce rôle au vu de ce qu'elle traversait elle-même pour le moment. Il choisit de ne pas insister afin de ne pas la braquer complètement et qu'il ne tenait pas non plus à parler plus avant de la question.
« Et si nous allions le laver ? Et si j'ai tout suivi, nous avec, c'est bien ça ? » lança-t-il joyeusement à la médecin qui lui retourna un autre regard outré avant de partir dans ses quartiers.
Nadja comprenait les explications que lui donnait son interlocuteur même si elle ne les acceptait qu’a moitié. Elle restait persuadé qu’il y avait anguille sous roche mais peut être étais-ce sa paranoïa qui l’induisait en erreur.
« - Je vois. Il n’y a que Nyx et moi qui avons des parts dans cette station du coup ? A quelle hauteur ? »
Pouvait-elle s’opposer à des choix fait par Nyx ? Sans doute pas mais si ses parts étaient importantes, elle aurait peut être son mot à dire. Si c’est un combat qu’elle avait envie de mener ce qui n’était pas certain.
« - Je n’ai pas l’intention de vendre non plus. Pas dans l’immédiat en tout cas et il faudrait pour ca une offre particulièrement intéressante. Je suppose que vous serez me le dire à ce moment la. »
Surprise qu’il ne lève pas tout de suite les boucliers à son idée elle fut ravie de continuer sur cette voie.
« - J’ai plus d’expérience dans leur utilisation que leur fabrication. Néanmoins, j’ai eu en mains pas mal de prototypes dont je pourrais parler au besoin.Mais cela veut dire effectivement des profits sur le long terme et pas mal d’investissement sur le court termes. Je ne suis pas sure que l’on puisse se le permettre. »
Autrement dit : a toi de me dire si c’est envisageable.
« - Je n’ai pas particulièrement l’intention de faire des affaires avec Nyx. Le peu que j’ai vu du bonhomme ne m’a pas franchement plu. Mais je veux qu’il sache que je suis la et que je ne me laisserai pas plus marcher sur les pieds que Zander. Je ne ferais rien sans vous avoir consulté de toute façon, rassurez vous. »
« Non, il n'y a pas que vous deux. Il y a d'autres actionnaires, mais M. Fikolis possède la majorité de l'entreprise. Difficile de s'opposer à lui. »fit-il.
Il tentait depuis longtemps de toutes les racheter, sans jamais y parvenir. Mais il en était assez pour avoir les coudées franches, d'autant qu'il avait la confiance des autres actionnaires et des autres dirigeants. Fédérer tout le monde pour avoir assez de voix pour lui tenir tête tiendrait de l'exploit. De son avis, il faudrait vraiment qu'il commette un énorme faux pas ou laisse péricliter les choses pour que les autres se désengagent. Il n'était pas à exclure que cela soit sa stratégie pour mettre la main sur ce qu'il convoitait depuis des années.
« Tout dépend de ce que vous voulez faire dans l'absolu. Si vous décidez de vendre, vous pouvez le faire, mais cela sera selon vos termes et à votre prix. Mais ces actions sont toujours lucratives, si le plan annoncé pour le futur des lieux est appliqué et l'activité relancée. » fit-il.
Donc elle avait de l'expertise dans les armes, ce qui expliquait son intérêt et lui permettrait d'évaluer les projets, du moins leur aspect technique, bien mieux que lui. Il n'était pas forcément d'accord avec cette ligne d'investissement, mais les souhaits de ses clients passaient avant son avis personnel.
« Probablement pas, pas avec les autres projets en cours. Peut-être que vous pourrez vous engager dans un projet avancé qui aurait besoin de fonds additionnels au lieu de soutenir un projet à ses débuts comme sponsor principal. Laissez-moi me renseigner, mais sachez que cela prendre du temps. C'est pour cela que si jamais vous avez des projets en vue, dites-le-moi et je m'y intéresserai en priorité. Je regarderai celui des IA également. C'est probablement moins risqué et plus abordable. Et leurs domaines d'applications sont multiples, contrairement aux armes. »
Zander avait eu des raisons personnelles de s'intéresser au projet en question vu qu'il était dirigé par le laboratoire de sa mère. Ceux-là cherchaient souvent des sources de financements indépendants pour ne pas dépendre uniquement des grosses entreprises.
« Très bien. »
Il avait toujours eu l'impression que Zander cherchait à éviter Nyx sans vraiment s'opposer à lui. Il ne venait qu'à reculons, en raison d'un contrat signé il y avait longtemps. C'était pour ça qu'il lui laissait une aussi grande liberté, en plus du fait qu'il n'y connaissait rien en investissement à l'époque et ne voulait pas s'y intéresser. Mais ce qu'il avait vu récemment lui avait montrer que son client avait en réalité été attentif et qu'il ne se débrouillait pas si mal de son côté. Il aurait cependant apprécié qu'il le tienne informé de ces autres affaires.
*****
De leur côté, Prius et Mei avaient réussi à s'occuper d'Isaac qui à présent dormait. Ils étaient tous les deux retourner dans le salon et buvaient une tasse de thé.
« - Au moins, il s'endort rapidement. dit le prêtre. - Je n'ai jamais eu de problème de ce côté-là. Il a toujours relativement bien dormi aussi. Je pense que c'est probablement dû à sa croissance accélérée qui doit mettre son organisme à rude épreuve. Et ça doit être aussi pour ça qu'il mange plus qu'un enfant du même âge. - C'est déjà une bonne chose. Et au niveau apprentissage ? - Il apprend vite aussi. Ce qui n'est pas sans problème. C'est assez difficile à suivre, fat d'avoir le temps de préparer quoi que ce soit ou d'avoir ce qu'il faut sous la main. Mais on se débrouille. - Est-ce que vous savez si cela va s'arrêter un jour ? - Sa croissance ? Son vieillissement accéléré ? Non, aucune idée. Il pourrait n'avoir que quelques années à vivre… - Comment vous prenez cette possibilité ? - Je n'y ai pas vraiment réfléchi. »
Il ne dit rien. Il était certain qu'elle avait beaucoup d'autres choses en tête. Mais peut-être était-ce une des raisons pour lesquels elle refusait de se voir comme une mère et de s'attacher à l'enfant. Avec autant d'inconnues concernant son futur et son espérance de vie, elle préférait se réfugier dans le rôle de la médecin pour se protéger. Là non plus, il décida de ne pas aller plus loin. Il avait entrouvert la porte et il y avait des chances qu'elle engage elle-même une réflexion sur la question.
« - Et vous, pourquoi cet intérêt pour les orphelins ? Vous en voyez beaucoup ? demanda-t-elle. - Non, pas tant que cela. Mais j'en suis moi-même un, dit-il après un long moment. Je n'avais que quelques jours quand j'ai été abandonné sur le seuil d'un monastère. J'y ai grandi et j'ai été élevé par la congrégation. Je n'ai pas eu la chance d'être adopté ou placé dans une famille. Alors depuis, je fais ce que je peux pour leur en trouver et pour les aider. Je peux aussi vous dire que vous faites un travail formidable au vu des circonstances. » lui révéla-t-il, ce qu'il ne faisait que très rarement. Mais il pensait que dans le cas présent, cela pourrait être positif.
Il avait conscience que le terme "famille" pourrait recouvrir bien des réalités et que cela n'était pas toujours synonyme de bonheur et d'épanouissement. Zander, et sa mère, lui avaient en quelque sorte offert une, ce qu'il ne leur avait jamais dit. Mais il avait aussi été témoin des actions de son père, ce qui le déchirait intérieurement à chaque fois. Il avait protégé son ami comme il le pouvait et il avait plus d'une fois ramassé les morceaux après une visite.
« - Je fais ce que je peux. finit-elle par dire. - Et vous vous en sortez très bien. » fit-il en souriant.
Un instant, Nadja se demanda si ca vaudrait qu’elle, elle achète les actions des autres « petits » porteurs. Cela mettrait sans doute le feu aux poudres avec Nyx, surtout s elle se retrouvait dans une position bien plus dominante. Mais jouer à une telle partie d’échec ne la tentait pas plus que ça pour l’instant.
« - Je vous l’ai dit, je n’en ai pas l’intention, bien au contraire. Ça pourrait être une opportunité très intéressante pour moi. Mais je ne le ferai pas tant que Nyx pourra me mettre des bâtons dans les roues. »
Pas question de révéler quoi que ce soit tant qu’elle n’était pas sure de rien. Depuis qu’elle savait qu’elle disposait d’une entrée dans un chantier spatial, elle ne pensait qu’aux capacités industrielles que cela représentait. Si l’Achilles ne pourrait pas être réparé ici, dans un premier temps au moins, des vaisseau plus petits pourraient y faire halte pour ravitailler et les équipages se relaxer.
Ça n’était pas un plan, ni même un vague projet… juste une idée qui lui trottait en tête et qu’elle voulait explorer. Mais rien ne se ferait sans qu’elle soit sure de la sécurité à cent pour cent… cent dix même.
« - Merci de cet entretient. Nyx n’est pas sur la station pour l’instant. Des que j’aurai pu discuter avec lui, je vous re-contacte. D’accord ? »
Elle termina sa bière et ressorti du box pour constater que ses deux compagnons avaient pris la tangente, sans doute pour retourner sur Stella. Elle fit donc de même rapidement en se demandant si elle allait les trouver habillés.
« Parfait alors. Je serai sur la station jusqu'à demain. N'hésitez pas à me contacter si vous avez des questions. Cela a été un plaisir de vous rencontrer et je suis ravi de pouvoir continuer à travailler avec vous. »fit-il en lui tendant la main.
En chemin, elle reçut un message d'Harper l'informant que Nyx ne serait pas là avant plusieurs heures, voir pas avant le lendemain matin.
*****
Mei écouta Prius, pensive.
« - Je peux comprendre pourquoi vous faites ça. Vous faites en sorte qu'ils aient ce que vous n'avez eu. fit-elle. - Oui, mais cela ne veut pas dire que j'ai été malheureux pour autant. Juste que mon enfance a été différente de celle des autres, bercée par le rythme de vie du monastère, ses prières et ses corvées quotidiennes. Et le soir, je ne vivais pas avec ma famille au sens propre du terme. Mais je ne me plains pas. J'avais un toit au dessus de ma tête, j'étais nourri et bien traité par des gens veillaient sur moi et mon bien-être et j'ai reçu une bonne éducation. Tous les enfants, orphelins ou non, n'ont pas forcément cette chance. poursuivit-il. - C'est vrai. Je fais du mieux que je peux. Mais tout le monde a son idée sur ce que je devrais faire et comment. - Personne ne vous demande d'être parfaite. Faites ce qui vous semble effectivement le mieux pour lui. - Certaines commencent à se méfier de lui maintenant que sa différence se manifeste. - Et vous ? - Non, pas vraiment. Mais je redoute qu'il développe d'autres particularités qui le rendraient dangereux ou que nous soyons incapables de maîtriser. - Aucun moyen de le savoir, n'est-ce pas ? - Non. - Alors continuez à faire ce que vous faites. Vous inquiéter sur quelque chose que vous ne maîtrisez pas ne servira pas à grand-chose. - Ce n'est pas aussi facile que ça. - Je sais. Et comment allez-vous sinon ? - Aussi bien que je peux. »
Il décida de changer de sujet en la voyant se rembrunir. Il était déjà satisfait qu'elle lui parle sans aucune hésitation et qu'elle commence à se détendre.
« - Et la nourriture ? Où l'avez-vous trouvé ? - Oh ça... C'est un des cuisiniers. Quand il a appris qu'il y avait un nourrisson, il a anticipé et il s'est mis à prendre de petite portions de fruits, de légumes et même de viande des réserves restants d'aliments stockés sur Atlantis. Il les a réduits en purée puis les a congelés et il a aussi mis des conserves de côté pour plus tard. Il fait pareil quand nous recevons des aliments frais de Celestia. J'ai deux ou trois mois de réserve, ce qui est largement suffisant vu la vitesse à laquelle il grandit. Il mangera rapidement comme nous, même si ce n'est pas un grand fan des protéines hébridiennes. - Qui l'est honnêtement ? pouffa Prius. - Pas grand-monde, en effet. - Et vos plantes ? - Elles sont toujours vivantes. Et j'ai planté les autres dans les serres et elles sont sorties de terre. - J'ai envoyé des échantillons de plantes pour analyse, si cela ne vous dérange pas. - Absolument pas. C'est pour ça que je vous les ai données. Dites-moi si elles vous sont utiles ou si vous en avez besoin d'autres spécifiques. Les tisanes fonctionnent bien ? - Oui, plutôt. Je dors mieux et cela diminue un peu les angoisses. - Tant mieux. Il faudra que nous en reparlions dans ce cas. Il est possible qu'il faille réajuster les dosages, voir la composition des mélanges. - Isaac adore les serres. C'est le seul semblant de nature qu'il voit. Il y trouve du gravier, de la terre, du sable, des plantes… autant de choses qu'il peut goûter. Il y a même quelqu'un qui a mis un petit bac avec de l'eau dans lequel il adore patauger. - Comme tout enfant qui se respecte, fit-il en riant. - Mais cela ne remplace pas une vraie sortie à l'extérieur. - Pour cela, vous pourriez venir... - ... sur Hébrida ? - Exactement. Le monastère possède un jardin et vous pourriez l'emmener dans la forêt ou sur la plage. - Je vais réfléchir… Oh, regardez qui voilà ! Ta rencontre s'est bien passé ? Tu veux un café ? »demanda-t-elle à Nadja.
Nadja prit son temps pour revenir, passant par deux ou trois boutique pour acheter quelques denrées qui les changeraient de l’ordinaire (en espérant que quelqu’un sache les préparer), quelques fruits, et une navette jouet pour Isaac. Il n’avait pas encore l’age pour y jouer mais ça viendrait vite.
Une fois revenue à bord, elle fut presque déçue de trouver Mei et Prius en train de bavarder. A se demander s’il s’était réellement passé quelque entre ses deux la. Mais en toute honnêteté, elle aurait été bien embêtée si elle avait du tomber sur leurs ébats dans le salon… Au lieu de ca, ils discutaient d’Hébrida, Prius tentant de convaincre visiblement Mei d’y passer un peu de temps. Voilà qui lui ferait le plus grand bien, s’il arrivait à ses fins ce qui n’était vraiment pas gagné.
« - Oui c’était très instructif. Et ma rencontre avec Nyx risque d’être intéressante, demain. »
Vu que la dernière fois qu’ils s’étaient croisé, c’était chacun à un bout d’un canon, ils ne partaient pas gagnant pour établir une relation saine et stable.
« - Mais d’après lui, l’état de la station n’est que passager. J’espère vraiment qu’il a raison. Je ne donne pas un an à l’ensemble pour s’effondrer sinon. »
Elle était un peu pessimiste, sans doute, mais ce genre de structure dans le vide restait un écosystème fragile. Il suffisait de peu de chose pour le faire péricliter au-delà de toute réparation rentable.
Mei n'était pas spécialement pressée de repartir sur Atlantis, mais elle pensait que les choses iraient plus vite et que la personne que Nadja venait à l'origine rencontrer se trouvait déjà sur place, mais ce n'était pas le cas.
« - Demain ? Donc nous restons ici pour l'instant ? Enfin à bord je veux dire ? Tu vas encore faire preuve de ta diplomatie légendaire ? fit Mei. Doit-on se préparer à un départ précipité ? - Est-ce que cela vous dérange si je passe la nuit ici pour éviter de dormir sur la station ? L'Ordre est censé me récupérer demain, mais il pourrait être retardé. Oh, et j'ai aussi des choses pour vous en provenance d'Hébrida à faire transférer à bord. Et Neela savait que je devais vous voir, alors j'ai aussi des réserves de nourriture. »
Prius avait vu des stations en bien plus piètre état que celle-là. Elle n'était certes plus toute jeune et avait connu des jours plus occupés, mais elle restait agréable pour un secteur de deuxième zone. Et surtout, elle restait abordable et relativement sûre pour faire du commerce.
« Je ne connais pas vraiment Nyx, mais quel intérêt aurait-il à laisser mourir cette station et le chantier ? Elle reste un point d'échange important avec des droits pas trop élevés pour les gens de moindre importance. Si elle ne l'intéresse plus, pourquoi ne pas simplement la vendre ? Il pourrait au moins en tirer quelque chose comme ça. Sauf s'il ne veut pas qu'un concurrent mette la main dessus et lui fasse de l'ombre, mais je ne crois pas qu'il craigne grand-chose… »dit le prêtre.
Le reste de la soirée passa tranquillement. Ce fut Prius qui se colla aux fourneaux pour préparer ce que Nadja avait ramené, étant le seul à savoir comment s'y prendre, tandis que Mei le regardait faire de loin. Il n'était pas aussi bon cuisinier que Zander, mais il se débrouillait. Isaac avait fini par se réveiller pour un dernier biberon et avait passé un moment à jouer sur un tapis prévu à cet effet. Il ne semblait pas vraiment perturber d'être sur un vaisseau plutôt que sur Atlantis.
Le tailleur vint livrer en personne les tenues les informant de ne pas hésiter à venir le voir si quelque chose n'allait pas ou si elles avaient besoin d'autre chose.
*****
Le lendemain matin, Nadja reçut un message l'informant que Nyx était arrivé dans la nuit et la recevrait vers 10 heures dans son bureau avec les indications pour s'y rendre. Il était également précisé qu'elle devait venir sans armes et qu'elle pouvait être accompagnée.
À l'entrée du bureau, l'attendait un garde du corps, mais elle n'avait pu manquait la présence accrue de la sécurité, tant en terme de matériel que de personnel, aux abords du bureau et à l'étage, pas nécessairement pour elle, cela dit.
« - Je serais parfaitement diplomate et amicale, rassure toi. »
Elle ne tirerai donc pas la première… Mais ça n’était peut être pas ce que Mei voulait dire…
« - Bien sur vous pouvez rester, Prius. Surtout si vous arrivez chargé de présents. »
Comme elle, il ne comprenait pas le projet de Nyx et ça l’inquiétait un peu. Sans doute en serait-elle plus demain matin. En tout cas, elle y réfléchirait à deux fois s’il lui faisait la moindre proposition.
La soirée fut ensuite plutôt calme et la cuisine de Prius se révéla très agréable et il s’occupait de nourrir Isaac lorsque la commande du tailleur arriva. Nadja la prit en charge et déposa les paquets dans les chambres respectives. Elle se demandait quand quand elle pourrait utiliser une telle robe, mais on a bien droit a des achats impulsifs de temps en temps, pas vrai ?
Au matin, l’heure et les conditions du rendez vous lui parvinrent. Ainsi Nyx la voulait sans armes ? Il ne devait pas avoir un très bon souvenir de leur dernière rencontre…
« - Stella, quand je serai sortie, garde un verrouillage sur moi pour m’évacuer en cs d’urgence. Et je pourrais aussi te demander le paquet dans la cale, au cas ou j’ai un brusque besoin de ravitaillement. »
Ravitaillement en munition, sa allait sans dire. Elle avait pris soin de préparer un des fusils électromagnétique acheté sur Hebrida ainsi qu’une veste de protection... Juste au cas ou.
Elle avait proposé à Mei de l’accompagner et se rendit donc au bureau du maigre des lieux ou les attendait une petite armée. Devait-elle se sentir flattée ou inquiet ? Elle ouvrit sa veste docilement pour montrer qu’elle n’était pas armée puis le suivit dans le bureau.
Mei avait lancé un regard plus que dubitatif à Nadja lorsqu'elle lui avait dit la veille qu'elle serait diplomate et amicale. Toutes les deux étaient loin d'avoir la même définition de ces deux termes.
Quand son amie lui proposa de l'accompagner, elle accepta, se disant que ce ne serait peut-être pas une mauvaise chose qu'elle soit là pour l'empêcher de déclencher une guerre, ce qui était tout à fait dans ses capacités et rentraient probablement dans ce qu'elle entendait la veille.
Elle regarda les deux tenues offertes par son amie la veille qu'elle avait rangées dans le placard et hésita une seconde. Et pourquoi pas après tout ? Elle enfila le pantalon noir avec le T-shirt et la veste de la même couleur avant de rejoindre tout ce petit monde dans le salon.
Prius avait accepté de garder Isaac pendant qu'elles se rendraient toutes les deux au rendez-vous avec Nyx. Si Nadja ne l'avait pas demandé à Mei, il se serait probablement porter volontaire. Mieux valait quelqu'un avec la tête sur les épaules, mais il ne pouvait s'empêcher de d'interroger sur comment la médecin allait se comporter. Il dut retenir un sifflement en la voyant rentrer dans le salon dans une tenue qu'il n'avait jamais vu avant, mais portant clairement la signature du tailleur local. Il ne put s'empêcher de sourire et de la détailler de la tête aux pieds, la faisant rougir.
« - Eh bien… Cette tenue vous va vraiment à ravir. Ajoutez-y une arme et vous pourriez passer pour une chasseuse de primes locale. Vous ne pensez pas, Nadja ? fit-il, admirateur. - Je ne risque pas de me faire trop remarquer ? - Vous plaisantez ? Ce type de tenue est assez courant dans le coin, alors vous ne détonnerez vraiment pas. Probablement moins qu'avec vos vêtements terriens même, dit-il sur un ton rassurant. »
Elle n'avait certainement pas l'assurance ou l'aisance de Nadja, surtout pas en ce moment. Mais si elle retrouvait son attitude de militaire, alors elle pourrait parfaitement faire illusion. Cela dit, cela pouvait aussi poser quelques problèmes et attirer des importuns, mais il ne doutait pas que Nadja se ferait une joie de leur faire comprendre qu'ils feraient mieux d'aller voir ailleurs.
*****
Mei remarqua que la sécurité était beaucoup plus présente à cette étage que sur la promenade. Elle se soumit elle aussi à la vérification, mais elle n'avait pas pris d'armes de toute façon. La seule chose qu'elle avait était un communicateur qui permettait au vaisseau de la localiser. Elle se demandait ce qui arriverait si elle le perdait.
Nyx regarda Nadja entrer dans le bureau. Elle n'était pas venue seule. Sa compagne était pour le moins remarquable et il la jaugea d'un œil appréciateur, ce qui mit Mei mal à l'aise. Elle dut lutter contre l'envie irrépressible d'essayer de se fondre dans un mur pour se faire oublier.
Il ne savait pas sur quoi porterait exactement cette réunion, mais cela avait sans nul doute avoir avec le décès de Zander et ses parts dans son entreprise. Ses sources l'avaient informé de sa rencontre entre Alastar Krezuz, mais aussi du fait qu'il travaillait pour elle sur d'autres projets. Maudit était cette homme.
Il devait aussi se montrer prudent avec cette femme et ne devait pas s'en faire une ennemie. Ce n'était absolument pas dans ses intérêts.
« - Mme Hayes, c'est un plaisir de vous revoir, dit-il sur un ton neutre et poli. Je vous présente mes condoléances pour le décès de Zander. Sa perte est tragique. Je suis Nyx Fikolis, propriétaire de cet endroit, ajouta-t-il en tendant la main vers Mei. - Mei-Ling Teoh, enchantée. - Vous êtes ici en tant que… ? - Observatrice, répondit-elle. - Je vous en prie asseyez-vous mesdames. Je vous sers quelque chose ? »
Quand tout le monde fut installé, il décida d'ouvrir les débats.
« Puis-je connaître la raison de votre venue en ces humbles lieux ? » demanda-t-il.
Si Nadja se demandait quoi faire de sa nouvelle tenue la veille au soir, Mei n’avait pas hésité. Et le résultat était spectaculaire comme le confirma le regard appréciateur de Prius.
« - Comme je te le disais hier, ça te va parfaitement ! Effectivement tu fais très couleur locale. Plus que moi mais ca n’est pas plus mal. Tous le monde sait que je ne suis pas d’ici. Ca paraîtra normal que j’embauche du muscle « local » pour me guider."
Avec son pantalon de cuir et sa veste dans la même matière, elle faisait pale figure à coté, s’amusa-t-elle. Pas comme si cela lui posait un problème. Pour une fois que les regards ne serait pas fixés sur elle…
Une fois arrivé, quelques minutes plus tard, le regard que lança Nyx à sa compagne fut éloquent. Heureusement que son amie n’avait pas de décolleté sinon elles auraient perdu toute chance de parler sérieusement. Elle refusa la boisson d’un geste amical et s’installa. Diplomatie, Nadja, Diplomatie.
« - Merci. Je fais le tour des entreprises que possédait Zander et cette station arrive assez haut dans la liste. Je voulais donc me faire un avis sur l’endroit et vous rencontrer pour évoquer le futur. Je ne compte pas laisser péricliter les affaires qu’il léguer et je pense qu’il est assez normal de discuter de cela de visu. »
Sous entendu : Je ne te laisserai pas faire ce que tu veux parce qu’il n’est plus la mais je te laisse une chance de parler de tes projets avant de te mettre des bâtons dans les roues… tout en diplomatie décidément.
Mei accepta la tasse de ce qu'on lui proposait. La boisson n'était heureusement pas alcoolisée et avait un goût proche du café. En revanche, Le regard de Nyx la mettait franchement mal à l'aise, même si elle n'en laissait rien paraître. Autant celui de Prius avait été bienveillant et plutôt flatteur, autant celui de leur interlocuteur était froid et calculateur. Était-ce de la concupiscence qu'elle avait cru déceler pendant un bref instant ? En tout cas, elle avait une soudaine envie de quitter les lieux.
*****
Nyx reporta à regret son attention sur Nadja. Ce qu'il entendait ne lui plaisait pas. Il avait espéré pouvoir lui faire une offre pour pouvoir enfin mettre la main sur ces titres qui lui échappaient depuis si longtemps, mais cela ne semblait clairement pas à l'ordre du jour de son côté. Il décida de prendre son mal en patience et voir où la discussion allait les mener.
« Que voulez-vous dire par là ? Vous ne comptez pas laisser M. Krezuz continuer à gérer le portefeuille de votre mari pour vous en charger vous-même ? »demanda-t-il.
À défaut de lui revendre ses actions, Zander avait au moins eut le bon goût de ne pas se mêler de ses affaires et de laisser ça à un professionnel, qui mine de rien savait ce qu'il faisait, et qui s'était contenté, la plupart du temps, de s'assurer que son client ne perdait pas d'argent et de demander des comptes quand les choses n'allaient pas dans la bonne direction. Masi peut-être n'était-ce pas une si mauvaise nouvelle que ça et qu'il pourrait tourner cela à son avantage.
« Oh ? Vous vous intéressez à cette station ? Une raison particulière à cela ? Je dois la remettre à niveau ainsi que le chantier dans les mois à venir, ce qui va entraîner une diminution temporaire de son activité pendant toute cette période. J'ai l'intention de garder au moins une partie du chantier active pendant toute l'opération pour pouvoir prendre en charge des vaisseaux en détresse et qui auraient besoin de réparations d'urgence, le temps de pouvoir rejoindre un autre chantier. La station sera toujours ouverte pour des transactions commerciales et assurer le ravitaillement des vaisseaux en transit, mais sa capacité d'accueil sera réduite et probablement fermé aux visiteurs et aux particuliers, sauf exception. » expliqua-t-il sur un ton professionnel.
Les détails exact devaient encore être décidés et les choses pouvaient évoluer, mais c'était ce qu'il avait en tête. Les lieux étaient riches en minerai et tant que ce serait le cas, ces installations demeureraient rentables.
« Sur le plus long terme, je compte réserver cet endroit pour l'accueil des vaisseaux en transit dans le secteur, les réparations et la construction de vaisseaux pour des particuliers ou des vaisseaux de moyennes capacités. Les lieux pourraient également faire office de lieu de relâche ou d'escale pour des voyageurs qui ne font que passer et qui veulent éviter la planète principale et les frais que cela signifie. »continua-t-il.
Il savait que ce genre de station était prisée notamment des transporteurs, des gens d'affaire et des chasseurs de primes, et de tous ceux qui n'avaient que faire du tourisme ou de ce genre de distractions et de ceux cherchaient à réduire leurs dépenses.
La surprise de Nyx était palpable, même s’il avait mal compris ce que Nadja tentait d’exprimer. Sa déception de ne pouvoir mettre les mains sur les part de Zander était palpables.
« - Mr Kresus continuera à gérer ce portefeuille, c’est évident. Mais j’aime savoir et comprendre ce qu’on m’explique. D’où ma présence ici et cette discussion. Quand vous vous découvrez soudainement actionnaire d’un tel endroit, vous venez vous rendre compte par vous même, ca me semble assez normal. »
Elle aurait pu également se laisser aller et finir ses jours sur Celestia dans un bungalow de luxe, mais ça n’était clairement pas son caractère.
« - J’ai passé ma vie sur des stations spatiales. Je sais en reconnaître une qui n’est entretenue qu’au strict minimum et je me demande pourquoi vous avez ce choix. Si j’ai bien compris vos explications, c’est pour une remise à niveau future. Je suppose que vous avez une idée de ce que vous comptez obtenir ? »
Pas sur qu’il le lui dise ni même qu’elle puisse l’y contraindre (a moins de lui briser tous les os de la main un à un mais ça paraissait pour l’instant un tantinet extrême. Mais il s’expliqua bien volontiers, confirmant à Nadja pas mal de choses qu’elle avait déjà déduit d’elle même.
« - Moyenne capacité ça veut dire quel tonnage ? De quoi faire des transbordements de bonne taille et sans passer par la case douane je suppose ? Ne me regardez pas comme ça, je ne suis pas née de la dernière pluie et je vous l’ai dit, j’ai passé beaucoup de temps sur des stations orbitales de ce genre. »
Et elle n’y était pas farouchement opposé. Atlantis avait tout a gagner à disposer d’un port discret ou peu de questions seraient posées.
Nyx la regarda quelques secondes en réfléchissant. Non, ce n'était vraiment pas une novice. Ce pouvait être un avantage comme un inconvénient, surtout si elle gardait un œil sur le chantier et ses activités. Cela dépendait de ce qu'elle voulait vraiment faire. Il doutait qu'elle soit uniquement là pour visiter et évaluer ses possessions, alors qu'elle allait laissé ce bon vieux Krezuz tout géré.
« Si vous vous y connaissez si bien que ça, vous avez déjà évalué vous-même le tonnage et le type de vaisseau que la station peut accueillir. Les cargaisons qui transitent par ici sont souvent transportées par des indépendants et destinées à des colonies ou de petites compagnies sur des planètes secondaires du système qui ne sont pas desservies par d'autres. Il y transitent aussi des passagers, généralement des employés ou leur famille, ou des membres d'équipages attendant un vaisseau ou un rapatriement. Comme je vous l'ai dit, ce sont souvent des gens qui n'ont pas les moyens de payer les tarifs demandés par les compagnie régulières ou d'autres astroports plus importants qui passent par ici. J'y envoie aussi des vaisseaux de ma flotte marchande que ce soit pour réparations ou lorsqu'ils sont entre deux chargements. Quand au chantier, le dernier vaisseau à en être sorti était un yacht privé pour un particulier il y a un mois. Depuis, ils ne s'occupent plus que de réparations et d'entretien de routine. » dit-il.
Ce qu'elle sous-entendait le fit tiquer, mais il n'était pas surpris qu'elle pense cela, pas après la dernière fois, ni si son mari lui avait raconté ce qu'il avait pu faire pour son compte. Mais c'était il y a longtemps. Il n'avait plus besoin de faire ce genre de choses désormais, même si son passé le rattrapait parfois. Évidemment, le fait que la station soit un peu éloignée des axes principaux pouvait effectivement avoir des avantages s'il avait besoin de discrétion, surtout avec des autorités peu regardantes ou trop loin pour intervenir rapidement en cas de pépin.
« Les douanes ? Je suppose que vous voulez parler des inspecteurs de cargaisons ? Il y en a quelques-uns à bord, souvent en fin de carrière ou qui cherchent une affectation tranquille. Si vous leur présentez la paperasse adéquate, il n'y a généralement pas de problème. Ils se contentent de suivre le règlement et de faire leur quotas d'inspections, y compris approfondies afin de satisfaire leurs supérieurs. À moins de leur donner une bonne raison, ils ne font pas de zèle. Non pas qu'il transite quoi que ce soit de louche par ici, marchandises ou personnes. C'est une station calme et discrète. »
Il n'allait certainement pas admettre de but en blanc que des activités pas nettes avaient pu avoir lieu ici à une parfaite une inconnue dont il se méfiait, peut-être à tort, pas même pour les beaux yeux de sa compagne. Quoique… Les affaires étaient les affaires et lorsqu'on y mettait le prix adéquat, tout pouvait s'acquérir.
« Mais dites-moi, pourquoi me posez-vous ce genre de question au juste avec ? Il me semble que cela va bien au-delà du simple intérêt d'un investisseur pour une installation récemment entrée en sa possession… »
Il avait de plus en plus de mal à concevoir qu'elle soit venue uniquement pour visiter la station par curiosité avec ce qu'elle venait de dire.
*****
Mei écoutait silencieusement l'échange, en se demandant ce que son amie avait derrière la tête. Elle avait l'air de penser que des choses pas jolies jolies se déroulaient ici, si elle comprenait bien ce qu'elle avait dit à demi-mots. Mais comment pouvait-elle le savoir ? Avait-elle vu certaines choses lors de cette précédente rencontre mouvementée avec Nyx dont elle-même ignorait presque tout ?
Nadja opina du chef quand Nyx supposa qu’elle avait déduit beaucoup d’information par elle même. C’était évident après ce qu’elle avait dit. Le suite des explications l’était tout autant, même si ce jeu de chat et souris commençais à la lacer.
« - Écoutez Nyx, reprit-elle d’une voix légèrement radoucie, je ne vais pas vous reprocher de faire du business avec toute sorte de personnes, pas toujours recommandables. Comme je disais, je connais bien ce genre d’endroit et je ne suis pas naïve sur le fonctionnement de ce genre d’endroit. Jusqu’à un certain point en tout cas. »
Il comprendrait sans doute à quoi elle faisait référence, s’il se souvenait de leur précédente rencontre et de comment elle s’était terminé pour un certain groupe de pirate.
La suite était prévisible et elle prit quelques secondes pour répondre.
« - Disons que j’ai quelques intérêts de mon coté qui pourrait s’accorder avec une station de ce genre. Efficace et discrète je veux dire. Pas de questions indiscrète, pas de témoins un peu trop bavards. »
Pas question d’en dire plus pour l’instant mais disposer d’une base de réparation et de maintenance était une logistique qui leur manquait le plus aujourd’hui. Mais elle devait être sure de pouvoir se fier à Nyx, jusqu’à un certain un point en tout cas, pour prendre sa décision. Décision qu’elle ne pourrait prendre seule dans tous les cas.
Nyx hocha la tête, mais décida de rester prudent malgré tout. Elle savait que tout n'était pas toujours entièrement légal. Les trafics en tout genre étaient pour ainsi dire inévitable et mieux valait tolérer ce qui était relativement inoffensif. Et puis ce genre de réseau pouvait toujours servir. Cependant, il y avait certaines limites qu'il n'était pas prêt à franchir et il tâchait notamment de ne rien faire de vraiment illégal. Il s'était d'ailleurs toujours demandé si une station trop "propre" ne paraîtrait pas suspect.
« Personne ne s'intéressera à quelqu'un qui recourt aux services de la station et des chantiers dans le cadre d'un contrat dûment établi, sauf la première fois peut-être ou si vos demandes sortent de l'ordinaire. J'ai des clients qui viennent d'un peu partout et même parfois d'en dehors du système. N'importe qui peut être victime d'une avarie et avoir besoin de réparations ou d'un vaisseau neuf. Ce genre de clients, ou des riches, peuvent avoir des requêtes extravagantes ou décider de se fournir plus que prévu… Nous nous efforçons de les satisfaire autant que faire se peut. Mais tant que ça a l'air légal, cela n'attirera pas vraiment l'attention. Et le personnel peut être suffisamment bien payé pour ignorer toute excentricité. »dit-il.
Ses propos laissaient place à une grande interprétation, mais il était certain qu'elle comprendrait le message. Il ne pouvait pas complètement dissimuler ce qu'il ne passait ici, mais maquiller un peu les choses en utilisant un fond de vérité, oui. Pour les détails, il faudrait prévoir une discussion ailleurs que sur la station, à l'abri d'oreilles potentiellement indiscrètes.
« Avez-vous fait le tour complet du propriétaire ? Je peux demander à l'un des membres de la station de vous faire faire une visite guidée approfondie des installations, chantiers inclus, si vous le souhaitez. Avez-vous d'autres questions ? »demanda-t-il.
*****
Mei trouvait la discussion ennuyante. Visiblement, Nadja avait décidé de bien se tenir pour une fois et aucun des deux participants n'étaient à couteaux tirés ou prêts à sauter à la gorge de l'autre en menaçant l'autre de destruction. Il était maintenant clair que son amie était venue là pour une bonne raison, mais elle ignorait quoi.
Elle s’était attendue a des questions, qu’il tente de lui soutirer plus d’informations mais non… Il enchaîna de nouveau, préférant visiblement lui donner des assurances. Etait-il à ce point assoiffé de client ? Ou simplement de lui donner assez de garantie pour qu’elle ne fasse pas de vagues.
Un peu des deux sans deux.
« - Voilà qui me donne amplement de quoi réfléchir. Merci. »
Déjà, des plans se formait dans sa tête mais il restait le problème du paiement à envisager. Une maintenance ou des réparations ne se remboursait pas avec un sourire et de bonnes intentions. Elle avait bien une idée sur la question mais une fois de polus ca n’était pas une décision qu’elle prendrait seule.
« - Nous avons visité la station oui, mais pas encore les chantiers. Ça serait possible ? »
Voilà qui pouvait être intéressant, même si elle était loin de connaître autant de choses qu’elle voulait bien le laisser croire.
Une demi heure plus tard, elle était en route vers un des berceaux, vide, ce qui était bien dommage. Un guide lui avait été attribué, en la personne d’un jeune homme, visiblement intimidé par son actuelle mission.
« - La vous voyez les attaches principales et les grues de levage. Il est possible de prendre en charge des vaisseaux jusqu’à 90 mètres de long pour 30 de large. - Je vois ça… Ça inclus pas mal de modèles, n’est ce pas ? - Oui madame… - Avec un tel équipement, vous pouvez radoubez quasiment entièrement un petit transport. Il vous arrive de réparer des dégâts… important. - Parfois oui, hésite-t-il… Le secteur n’est pas toujours sur vous savez. - Et de la fabrication à partir de zéro ? - C’est plus rare mais cela est possible oui. - Intéressant... »
Très intéressant, oui mais la aussi, il faudrait des financement très important.
Nyx regarda Nadja avec sérieux. Visiblement, la discussion n'irait pas plus loin aujourd'hui et il n'y pouvait pas grand-chose. Si elle avait un projet en tête, elle n'était pas encore prête à le partager ou celui-ci n'était peut-être encore qu'une ébauche et en resterait une. Il verrait bien.
« Je vais faire les arrangements nécessaires pour que vous puissiez aller visiter le chantiers. Si vous avez d'autres questions, n'hésitez surtout pas à me contacter. Je suis certain que votre vaisseau possède toujours les codes de communications de votre mari. Sinon, M. Khrezuz peut toujours servir d'intermédiaire. »
Il observa Mei un instant s'interrogeant sur l'opportunité d'une invitation personnelle puis se retint. Il n'était pas certain que cela soit très opportun pour l'instant. Peut-être une autre fois…
« - L'accompagnerez-vous pour cette visite ? lui demanda-t-il plutôt. - Peut-être, je n'en suis pas sûre. » répondit la médecin.
Une partie d'elle-même était curieuse de l'accompagner pour découvrir de quoi il retournait. Sur Terre, les vaisseaux n'étaient pas construits en orbite, mais dans la zone 51, pour ce qu'elle en savait et elle ne s'y était jamais rendu, pas plus qu'elle n'avait été sur un chantier spatial et les premiers qu'elle avait vu, de loin, étaient ceux autour d'Hébrida qui ressemblaient à ceux qui étaient là.
Mais avant d'y aller, elle voulait vérifier que tout allait bien du côté de Prius et d'Isaac. Après tout, elle avait confié l'enfant à quelqu'un qu'elle ne connaissait pas, aussi charmant soit-il. Mais l'enfant semblait l'apprécier et tous les deux semblaient s'entendre.
Nyx les accompagna jusqu'à un salon pour attendre le guide et les salua avant de retourner vaquer à ses occupations. Elle s'éloigna et sortit le communicateur pour contacter le prêtre qui lui sourit en décrochant.
« - Oui ? Vous avez terminé ? Ça s'est bien passé ? - Euh, oui, il n'y a pas eu de blessés ou de morts. La discussion est restée très civilisée. Maintenant, Nadja va aller visiter le chantier. Je voulais savoir comment cela se passait avec Isaac. - Très bien. C'est un ange. Il a exploré tout l'étage et maintenant il est en train de jouer avec des cubes sur son tapis. Vous pouvez aller visiter le chantier sans vous inquiéter. - Je ne sais pas si… - Allez-y. Je peux le garder encore un peu. - Mais… - Allez-y, je vous dis. Tout se passe très bien et cela ne me dérange pas. - Je ne veux pas vous… - Je n'ai rien d'autre à faire, je vous signale ! Et si vous espériez que je vous fournisse une excuse pour vous défiler, ne comptez pas dessus. Si cette visite ne vous intéresse pas, dites-le-lui et rentrez, elle ne va pas vous mordre. Sinon, allez-y ! S'il y a un problème, je vous appelle ! À toute à l'heure ! Et amusez-vous bien ! » termina le prêtre en coupant la communication sans attendre sa réponse.
*****
Elle était donc là, un peu en retrait à écouter les explications de leur guide sans rien dire. Elle essayait de s'imaginer comment se déroulait la construction, ou les réparations, d'un vaisseau qui se trouverait dans l'un de ces berceaux. Combien de personnes cela pouvaient mobiliser ? Dans quelles conditions pouvaient-ils bien travailler ? Faisaient-ils tout en apesanteur ? Elle n'osait pas interrompre l'échange en cours pour poser ses questions de néophyte, de peur de gâcher les discussions.
Mentalement, Nadja faisait ses calculs et réfléchissait à comment utiliser ses installations à son avantages et celui des forces terrestres. Elle s’amusa des regards inquiets que lançait le gamin par dessus son épaule. Le nouveau look de Mei la plaçait sans doute dans la catégorie des gens inquiétants. Son attitude en retrait et légèrement renfrognée (elle devait s’ennuyer ferme) ne devait pas non plus aider. Inconsciemment, le médecin avait adopté l’attitude d’un garde du corps ce qui était franchement ironique.
Le type qui avait dit que l’habit ne fait pas le moine n’avait pas du croiser beaucoup de robe de bure.
« - Vos chantiers sont équipés pour la maintenance d’armes énergétiques ou explosives ? - Et bien… théoriquement oui...»
Il était certain que leur guide rapporterait cette question à Nyx. Qu’il se pose des questions… Déjà qu’il devait mouliner sex.
« - Et les goa’uld ? Je n’en ai pas beaucoup vu dans la région. - Non madame. Officiellement, il y a un gouverneur de secteur mais il s’intéresse peu à nous sinon pour lever des impôts annuels. - Tous le monde paye et il vous fou la paix ? - Exactement. »
Voilà quelque chose qu’elle comprenait parfaitement. La galaxie était trop vaste pour que les goa’uld maintienne des forces dans tous les systèmes. Ils faisaient donc appel la plupart du temps à des locaux auquel ils donnaient une fraction de pouvoir. Ces gouverneurs passaient, à son époque, à s’engraisser tout en se vautrant dans le luxe de leur palais. Ils ne disposaient généralement que d’une force d’intervention réduite pour faire régner leur loi. Leur seul réel pouvoir venait qu’ils pouvaient à tous moment appeler leur maître à la rescousse.
« - Je pense que nous en avons vu assez, Merci de la visite. »
Elle interrogea du regards son garde du corps d’occasion pour voir si elle avait des questions de son coté. Sinon elles pourraient regagner Stella et voir quels débats Prius et Isaac avaient causé.
