My fall will be for you

Nadja sourit à l’invitation permanente que lui offrait son hôtesse. Elle n’était pas sure de pouvoir revenir ici, même si elle y avait toujours été très bien reçue. Aujourd’hui il y avait beaucoup à faire et elle se faisait front. Demain, quand il n’y aurait plus que les souvenirs, cela serait bien plus compliqué.

De toute façon, elle ne se faisait aucune illusion quant à sa survie à moyen terme. Entre les combats contre les goa’uld et sa maladie qui la dévorait de l’intérieur, elle ne donnait pas cher de sa peau dans les mois à venir. Et ça lui allait parfaitement ainsi. L’ex marine espérait juste faire le plus de dégâts possibles chez l’ennemi avant.

Alors que Neela s’absentait, les talents culinaires de Nadja furent à nouveaux mis sur la sellette et elle grogna.

« - Je vais plutôt m’occuper du service de sécurité et interdire l’usage des mauvaises blagues. Vous avez du souci à vous faire, vous deux. »

Mine de rien, plaisanter faisait du bien. C’était sans doute le but recherché d’ailleurs.

« - Pour l’alcool, il vaut mieux que vous demandiez à quelqu’un d’autre. Sinon je vais multiplier par trois toutes les quantités et boire la moitié du total avant de commencer."

Le repas fut aussi morose que ce à quoi on pourrait s’attendre et Nadja se refugia rapidement dans sa chambre de peur de craquer.
Finalement, le lendemain matin, elle se sentit assez sure d’elle, et avec une grosse envie de bouger, pour proposer à Mei de lui montrer la ville.

Mei fit un grand sourire à Nadja.

« Et quelles seront les sanctions pour les impudents qui oseraient défier cette interdiction ? »

Prius sourit. Il comprenait, mais il se souvenait aussi d'Harlan et de la veillée faite pour Leïla à laquelle ils avaient participé. Il savait que des événements plus informels étaient tout aussi importants que les officiels.

« Je note. Vous avez raison, mieux vaudrait rester à peu sobres. J'amènerais des quantités limités dans ce cas. Mais peut-être devrions-nous faire une veillée à notre manière… Moins formelle, avec alcool illimité et anecdotes que nous ne pouvons pas vraiment évoquer devant sa mère ? Mais pas la veille de la cérémonie et pas ici, ça pourrait faire désordre sinon. Dans un autre lieu qu'il appréciait tout particulièrement peut-être ? » proposa Prius.

Il regrettait cependant qu'il n'y ait pas plus de monde. Cela risquait d'être un peu triste s'ils n'étaient que trois, mais Zander avait toujours eu du mal à se lier aux gens, même si cela avait commencé à changer. C'était plutôt compliqué quand on ne tenait pas en place comme lui et qu'il fallait vraiment lui courir après. Et les événements sur Terre avaient encore réduit le nombre de personnes qui aurait pu venir. Il y aurait bien une ou deux personnes susceptibles de faire le déplacement, mais il n'était pas certain que Nadja soit d'accord.

L'ambiance du repas reflétait l'humeur général des participants. Mei s'attendait à voir le père de Zander, mais il n'en fut rien. Personne ne pipa mot sur le sujet ou ne sembla particulièrement contrarié par son absence, aussi s'en abstint-elle de poser des questions, de peur de provoquer un malaise. Il y avait peut-être une bonne raison à cela qu'elle ignorait.

La nuit fut… mouvementée, en quelque sorte. Nouveau lieu, trop calme et l'absence d'Isaac qui s'était mit à rythmer ses nuits, ce qui bizarrement l'aidait, tout cela s'empilait. Elle se sentait fébrile et n'arrivait pas à dormir. Elle passa un bon moment assise sur le canapé à regarder dehors ou à lire sur sa tablette et finit même par aller sur le balcon. La nuit était douce et elle resta dehors un temps à écouter les bruits nocturnes. Elle finit par dormir d'un sommeil léger et agité.

Évidemment, elle ne cessait de bailler le lendemain matin une fois réveillée. Pour une fois, elle avait opté pour un café bien noir, ou l'équivalent local en mangeant un peu.

« Je suis partante. Tu m'emmènes où ? » fit-elle quand Nadja lui proposa d'aller lui faire visiter la ville.

Ça leur changerait probablement les idées à toutes les deux, ce qui leur ferait certainement du bien.

Nadja ne put s’empêcher de rire.

« - Seriez vous en train de me proposer un rendez vous pour me faire boire, monsieur Prius ? Je vais croire que vos intention ne sont pas si pure que ça ? »

L’idée était excellente, mine de rien, et tant qu’a le faire dans un lieu différent, le salon de Stella s’y prêterait parfaitement. Pas comme s’il ne s’était jamais rien passé la bas.

Le dîner morose puis la nuit ne furent ni agréable ni reposant. L’ex marine avait du mal à s’endormir et quand elle y arrivait s’était pour vois revenir ses cauchemars. Mei ne semblait guère plus en forme qu’elle le lendemain matin et une distraction était plus que nécessaire pour elles deux.

Quelques dizaines de minutes plus tard, les deux militaires se retrouvèrent dans le métro en direction de la ville.

« - Niveau destination, aucune idée. J’ai juste envie de me sortir de la. Et puis tu verras, la ville est plutôt agréable. »

Le tram s’arrêta en centre ville et elle descendirent d’un pas déjà un peu plus léger. Nadja avait vissée son chapeau sur sa tête, qui la protégeait autant de sa phobie que du soleil que de la chaleur qui montait rapidement.

« - Il y a des choses que tu aimerais voir du coup ? Je ne suis pas sure d’avoir tout vue ici, loin de la. Mais je devrais pouvoir m’orienter correctement. Dans la journée j’aimerai passer à un stand de tir pour voir ce qu’ils ont de nouveaux. La dernière fois, ils avaient des armes électromagnétiques plutôt intéressante. Si je pouvais en ramener quelques une pour l’Achilles... »

Pour un peu, son nez en aurait frétillé.

Le sourire de Prius s'élargit un peu.

« Moi ? Mais pour qui me prenez-vous, Miss Cook ? Il s'agit d'une… dégustation ! Il n'est nullement question de s'enivrer plus que de raison ! Je suis outré que vous puissiez penser que j'ai des intentions aussi impures. Je suis prêtre ! Je suis l'incarnation de la raison et de la modération, comme le demande mon ordre ! Je ne fais que suggérer quelque chose pour aider mon prochain. » répondit-il, faussement offusqué.

Il espérait sincèrement qu'il pourrait rester en contact avec elle une fois la cérémonie passée. Mais il comprendrait qu'elle ne veuille pas garder le contact avec les amis de feu son époux. Cela arrivait fréquemment, mais il trouverait vraiment cela dommage. Cependant, son petit doigt lui disait qu'il aurait l'occasion de la croiser, ne serait-ce que pour lui livrer des bières.

*****

Pour Mei, simplement sortir d'Atlantis et de son atmosphère étouffante et pouvoir oublier un peu ce qui lui était arrivée était une vraie bouffée d'air pur, même si elle devait composer avec les séquelles.

« Je te comprends. Alors, allons-y ! »

Elle prit un chapeau et des lunettes de soleil et suivit Nadja jusqu'au métro.

« Non, pas spécialement. Je n'ai aucune idée de ce qu'on peut faire ici. Je n'ai pas trouvé de guide de la ville. Ou peut-être le matériel médical, mais ce n'est pas une obligation. En tout cas, ne compte pas sur moi pour toucher une arme. Je suis un désastre ambulant avec, autant que toi dans une cuisine ! » plaisanta-t-elle.

Une part d'elle avait pourtant l'envie de tout plaquer et de partir ailleurs. Mais où ? Sur Terre, elle serait peut-être rentrée au pays pour devenir un simple médecin dans le civil et oublier tout ça… Mais sur Atlantis, impossible d'échapper au constant rappel du conflit et il n'y avait guère d'autres options que de participer à tout ça, qu'elle le veuille ou non. Elle n'était pas certaine qu'on lui offre la possibilité d'aller se réfugier sur Celestia pour y vivre des jours heureux. Et il était fort probable qu'elle soit rattrapée à un moment ou un autre par le conflit, où qu'elle se trouve dans la galaxie. Ou pire, qu'elle retombe entre les mains des Goa'ulds.

« Peut-être que tu pourras m'emmener faire le tour du lac que l'on voit depuis la maison ? À moins qu'il y ait une plage dans le coin ? »

Enfin, elles ne pourraient probablement pas vraiment en profiter, mais mettre les pieds dans l'eau serait déjà bien suffisant.

« Hum, un guide… Ca, je sais ou en trouver. »

Elle se rapprocha d’un panneau blanc et l’activa d’un mouvement.

« Affiche les principaux points d’intérêts de la cité et un itinéraire. Ajoute un restaurant pour dans trois heures environ. »

Un trajet s’afficha sur la carte avec divers points lumineux le long du chemin dont un d’une couleur différente. D’un geste, Nadja transféra les données sur un petit PDA qu’elle avait emprunté à la résidence.

« - On avait des plans quasi similaire à New Paris. Quand j’étais gosse, on s’amusait à leur donner des instructions tellement compliquées que leur processeur crachait. Enfin jusqu’à ce que les employés de la mairie comprennent le problème et nous tombent dessus. Nos parents ont adorés, tu t’en doute. »

Pas le genre de souvenir qu’un capitaine pouvait généralement se permettre en public décidément.

Elles débutèrent leur ballade à pied. Les rues étaient équipées de tapis roulant et leur permirent de parcourir de grande distances en quelques minutes sans vraiment se fatiguer.

« - Je me rend compte , expliqua Nadja après avoir traversé un magnifique jardin, qu’une grande partie de la technologie que je considérais comme normale avant est dérivé de celle d’ici, plus que de la Terre. Je suppose que c’est logique vu que beaucoup de terriens sont venu ici après la destruction de leur planète. »

Une main glacée lui tordis les trippes quand elle se souvint de qui avait avait négocier cet accueil. L’ex marine serra les dents pour ne pas s’effondrer en public, regarda un peu plus loin et avisa ce qui devait etre un débit de boisson de l’autr coté de la rue.

« - J’ai besoin d’un verre. »

Elle n’aurait pas été contre une bonne bagarre mais se doutait que les autorité locales seraient largement moins compréhensive avec ce genre de comportement ici que dans certain quartier de son époque. »

Mei suivit Nadja et la regarda interagir avec le panneau avec aisance. Cela n'avait pas l'air très sorcier. Il suffisait juste de donner ses instructions et l'ordinateur faisait le reste. Cela avait l'Air beaucoup plus au point et efficace que sur Terre, cela dit.

« Toi ? Faire les 400 coups ? Pas possible ! Je n'y crois pas une seule seconde... Tu m'étonnes que cela n'ait réjoui personne. » fit-elle amusée lorsqu'elle lui raconta l'anecdote de New Paris.

Elle regardait avec curiosité les environs. La visite était facilitée par les tapis roulants. C'était tant mieux, car elle ne savait ça si elle aurait pu faire tout ça en marchant. Elle n'était pas au meilleure de sa forme et elle n'avait pas encore repris l'entraînement physique. Non pas qu'elle soit spécialement pressée de s'y remettre, mais elle savait qu'une remise en forme était inévitable. Si elle voulait être déclarée apte au service, il lui faudrait réussir les évaluations physiques. Mais le voulait-elle vraiment ? Elle n'en savait rien pour l'instant et ne voulait pas se poser la question. Dans les cas, elle était à peu près sûre que Nadja se ferait une joie de la faire suer, même si elle devait rester assise sur une chaise. Elle réfléchirait à tout ça à leur retour. Pour l'instant, elle voulait juste profiter de ce répit.

« La technologie de ton époque que tu évoques régulièrement m'a toujours semblé très loin de ce que la Terre fait. Et vu les circonstances, il m'a toujours paru invraisemblable que les survivants aient pu développer tout ça aussi rapidement tout seuls, sans soutien et ressources. Mais cela devient tout de suite beaucoup plus plausible s'ils ont travaillé avec les Hébridiens ou à partir de leur équipement qui sont beaucoup plus avancés. » observa-t-elle.

Nadja changea brusquement d'attitude et annonça qu'elle avait besoin d'un verre. Elle suivit la suivit, se doutant que cela devait avoir un lien avec Zander et un souvenir.

« Ça tombe bien, j'avais besoin de faire une pause. Mais je m'en tiendrai au sans alcool. Et si tu as l'intention d'essayer des armes, tu ferais mieux de limiter ta consommation aussi. Enfin, je dis juste ça comme ça. Quoique... Peut-être que comme ça j'aurais de meilleurs résultats que toi en tir ? » fit-elle.

« - Les quatre cents coups… comme tu y va. Juste une connerie de ci de la… deux ou trois fois par semaine. »

Nadja soupira, perdue dans des souvenirs un peu doux amer.

« - Si je m’étais engagée, qui sait ce que je serai devenue. Mais le truc dont je suis la plus fière, c’est d’avoir planquée une Clara à la maison la veille de notre départ. Sa famille voulait en faire une parfaite petite épouse, bien docile. Elle s’est fait la malle en douce et à dormi avec moi sans que personne en remarque rien. Le temps que son andouille de frere comprenne, on avait déjà décollé le lendemain matin. »

Elle avait finalement épousé un beau parti mais qu’elle avait choisit elle même, et qu’elle menait par le bout du nez.

Finalement, elle se rertouvèrent dans un bar au look très épuré. Les commandes se passaient directement depuis la table et l’ex marine se commanda une bière.

« - De ce que j’en sais, beaucoup de terriens, dont les huiles, ont trouvé refuge ici. Je ne sais pas trop sur quelle bases ils ont monté leur deal mais le système les a bien aider. Il y a eu aussi des vaisseau de colons qui sont parti depuis la Terre directement. Certains ont disparu corps et bien et d’autres ont trouvé de quoi s’installer et prospérer. »

Les consommation arrivèrent, portée par un chariot automatique et Nadja vida un bon tiers de son verre d’un trait.

« - Va m’en falloir plus que ca pour que je sois plus capable de tirer. Maintenant je sais pourquoi Prius a tellement de facilité à écouler ses stocks ici. »

Mei secoua la tête et poussa un soupir théâtral.

« Ben voyons, des âneries deux à trois fois par semaine… Tu m'en diras tant. Curieusement, je ne suis pas du tout surprise d'entendre que tu étais du genre… rebelle. » fit-elle avec un sourire.

Elle sourit à l'anecdote sur Clara. Elle avait entendu parlé à plusieurs reprises d'elle.

« Ahhhh, les femmes qui doivent être de bonnes épouses, tenir la maison, donner des enfants à son époux et s'en occuper. Je comprends parfaitement pourquoi elle a voulu échapper à cela et que tu l'y aies aidé. Mes parents sont comme ça, même si je crois qu'ils se sont fait une raison. Ils attendent que je fasse mon propre choix, mais ils ne peuvent pas s'empêcher de jouer les marieurs à l'occasion. Je crois qu'ils seraient simplement heureux que je rentre au pays… »

Elle s'interrompit brusquement en réalisant que cela n'était pas prêt d'arriver. Elle ne savait même pas s'ils étaient toujours en vie ou ce qui était arrivé à son pays. On ne tenait pas les prisonniers informés, sauf lorsqu'une grande puissance mondiale se soumettait au joug de Tonatiuth. Mais ils n'avaient pas accès à la liste de tous les pays qui avaient d'emblée rejoint ses rangs sans combattre.

Elle écouta la suite d'une oreille un peu distraite.

« Mais les choses ont complètement changé comparé à ton passé. La Terre a été conquise et il y a très peu de Terriens qui ont réussi à fuir et sont libres. Pire, nous sommes isolés, sans ressource et sans alliés. Hebrida est toujours libre, mais va-t-elle le rester et pouvoir continuer à nous aider ? Je sais qu'elle est neutre, comme Celestia, mais Tonatiuth accepterait-il une telle chose ? » demanda-t-elle, avant de se dire que ce n'était peut-être pas le moment d'amener ce sujet sur le tapis.

Elle prit une gorgée de la boisson qu'elle avait commandée. Cela ressemblait à un thé épicé, similaire à un chaï sur Terre, en plus corsé. Ce n'était pas mauvais, mais les épices, et le goût était différent, mais ce n'était pas mauvais. Elle s'y habituerait sans doute au fil des jours, comme toute nouvelle saveur.

« En fait, je sais que je rêve. Tu tirerais probablement mieux que moi, même ivre et les yeux fermés. Et pourquoi tu dis ça ? La bière n'est pas bonne ? Et comment ça se fait que les meilleurs brasseurs soient toujours des prêtres, peu importe le coin de la galaxie ? En tout cas, Prius avait l'air d'être vraiment secoué lui aussi. Tu sais où se trouve le monastère de l'ordre sur la planète ? » dit-elle.

« - Rebelle… je dirai pas ça. Pas exactement. Pleine d’énergie, oui. Casse coup aussi. Faudra que je te raconte un jour cette histoire avec le chariot élévateur et le… non en fait, oublie ça. Mais j’ai toujours respecté et adoré ma famille, même si je leur rendait pas la vie facile. »

Parler de Clara fut une petite erreur, Mei fit rapidement le lien avec sa propre famille et s’assombrit immédiatement. Sans un mot, Nadja passa un bras protecteur autour des épaules du médecin et lui sourit. Si elle ne pouvait pas lui faire de promesse grandiloquente, elle pouvait l’assurer de son soutiens inconditionnel.

La discussion autour des boissons pris un tour plus sérieux.

« - J’espère qu’Hebrida nous aidera. Ils ont les structures industrielle et les connaissances pour nous donner un sérieux coup d’avance. Maintenant, je n’ai jamasi comprit pourquoi Tonatiuh ne les avait pas attaqué, juste après la Terre. Il devait penser que ça n’en valait pas la peine. Ils n’ont jamais été expansionniste. Mais stratégiquement, ca n’a pas beaucoup de sens. Va savoir ce qu’il se passe dans la tete d’un serpent. »

Non la bière n’était pas bonne. Pas vraiment mauvaise non plus, jsute… insipide.

« - Tu t’en sortira mieux avec un flingue que moi avec un scalpel. Te dévalorise pas comme ça. N’importe qui peut apprendre à tirer, ce que tu fais toi dans ton bloc, c’est autre chose. Et j’en sais rien pour les brasseurs. Ça doit être une autre de ces règles bizarre mise en place par les Anciens. »

Elle but une autre gorgée, fit la grimace et vida son verre d’un trait.

« - Pas la moindre idée pour le monastère. Faudra demander à Prius. »

Mei fit la moue avant de sourire.

« Casse-cou et pleine d'énergie, hein ? Ça n'a pas vraiment changé, en fait. Et tu en as trop dit ou pas assez avec cette histoire de chariot élévateur. Faudra que tu me la racontes. Moi, j'étais plutôt une fille sage qui passait du temps en cuisine avec mes parents ou à jouer de la musique. Ou qui partait jouer les exploratrices avec mon frère dans le bois du coin. C'est lui qui faisait les 400 coups. » expliqua-t-elle avec un air mélancolique.

Elle rendit son sourire à Nadja quand celle-ci lui passa un bras autour des épaules. Elle ne pouvait rien faire concernant ses parents, à part espérer qu'ils étaient toujours en vie et allaient bien. Peut-être la croyaient-ils morte. Elle n'osait imaginer ce qu'ils avaient ressenti si c'était le cas. Mais c'est probablement mieux qu'à l'alternative de ne pas savoir ce qu'elle était devenue et d'espérer en vain qu'elle rentre à la maison.

Elle décida de se concentrer sur la suite et réfléchit à l'interrogation de son amie. Évidemment, elle ne connaissait pas plus qu'elle le contexte géopolitique exact de la période et ce n'était pas vraiment son domaine, mais rien n'empêchait de se perdre en conjectures.

« Je l'espère aussi. Et va savoir ? D'après ce que j'ai compris, Hébrida est une planète neutre qui ne se mêle pas des affaires des autres sans véritable armée. Ils avaient peut-être trouvé une sorte de compromis. Peut-être même qu'ils ont accepté de traiter avec eux comme n'importe quel autre de leur client à la condition de conserver leur liberté et de ne pas construire d'armée ? Mais il y a quand même fort à parier que les Goa'ulds les gardaient à l’œil d'une manière ou d'une autre et les auraient réduit en cendres au moindre signe de menace… » dit-elle.

Elle haussa les épaules à la suite.

« Nadja, je ne me dévalorise pas. Je suis parfaitement lucide sur le fait que je suis un militaire passable, peu importe le nombre d'heures d'entraînement que je peux bien y consacrer. C'est comme ça. C'est comme toi avec la cuisine. Tu n'es pas douée dans ce domaine, et moi, c'est pour tout ce qui touche au militaire. Peut-être parce qu'inconsciemment, ça entre en conflit avec mon métier de médecin où là, j'excelle effectivement. Et peut-être que je devrais raccrocher mon uniforme pour me consacrer uniquement à ça. » fit-elle.

Elle pouffa à sa réponse sur les brasseurs. Cela resterait sans doute l'un des grands mystères de l'univers, à n'en point douter.

« Peut-être que je le ferai, par curiosité. À défaut du monastère, on peut peut-être trouver leur brasserie ? On pourrait aller la visiter si elle est en ville et si c'est possible. Quoique on pourrait passer par Prius. Il serait probablement ravi de jouer les guides. Enfin, après la visite à l'armurerie du coin… » dit-elle en souriant.

« - Ton frère ? T’en parles pas souvent. »

Elle était bel et bien devenue une exploratrice avec le temps, mais sans doute pas de la façon dont elle l’imaginait. Mais qui aurait cru qu’une fille des bas quartiers deviendrait capitaine d’un croiseur ? Toutes deux avaient eu des destinées hors du commun.

Nadja hésitait à reprendre une autre consommation. Peut-être le vin était-il meilleur ?

« - Oh, ils l’ont fait. D’ici quarante ans environ, enfin quarante ans dans ma ligne temporelle je veux dire. Ils ont attaqué et rendu la planète aussi bouillante qu’une marmite. C’est comme ca que mes parents se sont retrouvé dans un vaisseau plein à craquer de réfugié en route vers New Paris. Je suis née à bord quelques semaine avant notre arrivée. »

Elle regarda autour d’elle, tristement.

« - Parfois je me demande si nous avons le droit de condamner tous ces gens. Oui je sais, es choses sont différentes et ne se passeront pas de la même manière. Mais tu admettras qu’il y a quand même pas mal de similarité. »

Quand Mei résuma ce qu’elle pensait de ces forces et faiblesse, le visage de Nadja se fit plus sérieux. Elle avait déjà entendu ce genre de discours chez pas mal d’officier.

« - Et bien moi je pense que tu es un excellent capitaine, et exactement la ou tu dois être. Être un officier ne se résume pas à savoir se servir de ses armes. Au contraire même. Tu es l’un des meilleurs médecin que j’ai connu et le seul en qui je fais totalement confiance. Laisse les trouffions se battre et fais ton job. C’est comme ça que ça marche. »

Et elle aussi maintenant qu’elle était capitaine… et ça ne lui plaisait pas beaucoup.

Visiter une brasserie était une excellente idée et Nadja était sure que Prius se ferait un plaisir de les guider… et déguster.

Mei parlait très rarement de son frère, c'était un fait. Elle se demandait si elle avait déjà abordé le sujet avec quelqu'un d'autre, mais elle n'en était pas certaine. Et ce n'était probablement pas le cas.

« Tu ne veux pas plutôt dire jamais ? Il est décédé il y a une vingtaine d'années, renversé par un chauffard qui a grillé un feu rouge. C'est cet accident dont j'ai été témoin qui m'a fait opérer un changement de carrière radical de musicienne à médecin et aboutir dans l'armée. » dit-elle doucement.

Elle écouta la suite concernant l'avenir d'Hébrida dans son futur à elle. Oui, les choses ne se déroulaient pas à l'identique. Mais c'était impossible que cela soit le cas. La simple présence de Nadja avait changé les choses. Elle préférait ne pas trop réfléchir à la question, car cela donnait vite mal au crâne. Cependant, elle comprenait les doutes de son amie. Sauf qu'elle pouvait peut-être y faire quelque chose.

« Oui, il y a des similitudes. Mais qui te dit qu'ils sont condamnés ? Les Goa'ulds s'en prendront à Hébrida, qu'ils nous aident ou pas, rien qu'à cause de leur niveau technologique. Mais peut-être que la planète ne sera pas rasée et se soumettra. Tu ne peux pas le savoir, mais tu peux essayer de faire en sorte que le même drame ne se reproduise pas. Est-ce que tu sais pourquoi ils les ont attaqués ? Et est-ce que tu comptes avertir les autorités locales ? Peut-être qu'eux seront plus réceptifs que la Terre à tes avertissements et qu'ils se prépareront en conséquence, ne serait-ce qu'en évacuant une partie de leur population. Je suis sûre que tu pourrais même les aider. »

Elle sourit à la suite de son discours. Elle n'avait aucun doute sur ses compétences de chirurgienne, mais plutôt sur celles de soldat. Et ce qu'elle venait de traverser lui faisait se poser beaucoup de questions quant à son avenir.

« Merci pour le vote de confiance. Est-ce que je t'ai déjà dit que j'ai commencé comme simple troufion quelques années après le décès de mon frère ? Que j'étais déjà l'une des plus mauvaises, juste capable d'atteindre les minimas requis et qu'en plus, je souffrais de problèmes de discipline ? Heureusement que je m'en sortais bien comme medic. Un instructeur a fini par réussir à me faire entrer dans le crâne que j'avais intérêt à la mettre en veilleuse et à rentrer dans le rang si je voulais vraiment aller plus loin. Ce n'était pas un secret pour personne que je bossais comme une dingue pour pouvoir décrocher une bourse et financer mes études de médecin. C'est en obtenant mon diplôme que je suis passée officier. Ni l'un ni l'autre n'ont été faciles. Et crois-moi, je préférerais rester à l'infirmerie plutôt que crapahuter sur le terrain, mais tout le monde n'a pas la même vision des choses que toi. Certains ne semblent pas avoir compris que je n'étais plus medic. Parfois, je me demande même à quoi je sers quand je pars en mission. » soupira-t-elle.

Elle s'était fait une raison au fil du temps, mais cela l'avait toujours agacé. Elle ne pouvait pas donner le meilleure d'elle-même sur le terrain autant qu'elle le faisait au bloc. Elle finit son thé.

« Est-ce qu'on continue la visite ? »

«- Je ne savais pas, je suis désolée. »

Logique qu’elle n’en parle jamais du coup. Nadja se demandait comment elle aurait réagi si une de ses sœurs était morte devant elle. Très mal probablement. Au moins avait-elle su rebondir ce qui était une preuve de caractère, comme s’il en était besoin.

La question de la guerre sur Hebrida tournait dans la tête de Nadja depuis un moment. Mei pouvait tenter de la rassurer, elle avait déjà fait tourner ces arguments depuis un moments.

« - Qui me croirait ? Même s’ils sont moins obtus que les terriens, ce qui n’est pas difficile au demeurant, accepter que je viens du futur et jouer le prophète de mauvais augure. Quant à leur faire construire des vaisseaux de guerre, ça sera encore plus compliqué. Peut-être que si je passais par Jeremy, ça aurait plus de poids… Mais d’un autre côté, s’il décide à cause de ca que nous aider n’en vaut pas la chandelle, que faisons-nous ? »

Que ça pouvait l’agacer… et lui donner mal au crane. Elle commanda une nouvelle bière par dépit et écouta les justifications de Mei essayant de ne pas secouer la tête.

« - Toi des problèmes de disciplines ? J’aurai bien aimé voir ça. Tu sais, je conçois que tu sois plus à l’aise dans un bloc opératoire. Il n’empêche que tu m’as rafistolé suffisamment de fois pour que je sois sûre de toi et de ton utilité sur le terrain. Je t’ai dit que ta place sur l’Achille t’attendait bien sagement ? Si tu ne souhaites plus partir au sol, j’en tiendrais compte mais dans tous les cas, l’infirmerie est à toi. »

Elle avait une autre idée en tête mais la garda pour elle. Mei n’était pas encire assez remise pour l’envisager sereinement.

« - T’as raison, allons-y, dit-elle en finissant sa seconde bière. Je voudrais retrouver cette armurerie et vois s’il y a moyen de faire quelque chose. »

Mei fit un petit sourire triste à Nadja.

« Normal, car je n'en parle habituellement pas. » fit-elle.

Elle ne savait pas pourquoi elle taisait généralement ce fait, d'ailleurs. Ce n'était pas un secret honteux et elle n'avait que des bons souvenirs avec son frère. C'était un peu grâce à lui qu'elle en était là aujourd'hui. Peut-être qu'elle ne voulait tout simplement pas que les gens s'apitoient sur son sort ou l'interroge dessus, même si elle avait depuis longtemps fait son deuil et accepté la mort tragique de son frère.

« Je crois que quelque part, sauver des vies est un moyen d'honorer sa mémoire. » ajouta-t-elle après un moment de réflexion.

Elle comprenait le dilemme de Nadja et vit qu'elle devait avoir beaucoup réfléchi à la question. Elle avait entendu dire que Zander était à l'origine de l'arrangement actuel et qu'il travaillait activement au niveau diplomatique pour convaincre les siens de s'investir plus, mais aussi de se protéger.

« Je sais que leur dire que tu viens du futur est un couteau à double tranchant. Je pense qu'il serait cependant possible de les avertir du danger qu'ils courent sans évoquer tes origines. Il suffit de leur faire comprendre qu'ils représentent une menace pour les Goa'ulds qui finiront par s'en prendre à eux, qu'ils nous aident ou pas. Ce qu'ils feront de ça après les regarde. S'ils décident de se mettre la tête dans le sable comme la Terre, ce sera leur choix. Dis-moi, seras-tu capable de te regarder dans une glace si tu ne tentes rien et que la planète était à nouveau détruite ? » lui demanda-t-elle.

Elle pouffa quand elle aurait bien voulu voir ses problèmes de disciplines. Cela n'était pas la période la plus heureuse de sa carrière, ni la plus agréable. Elle avait été loin d'être le petit soldat parfait. Mais tout cela avait été un mal nécessaire et formateur.

« Tu sais, mon sale caractère ? Tu l'as déjà rencontré, il me semble. Eh bien, il m'a joué pas mal de mauvais tours pendant mes classes. Et crois-moi, les instructeurs avaient très bien compris qu'il était facile de me faire réagir au quart de tour et ne se privaient pas de le faire. Apprendre à rester à ma place ne s'est pas fait sans douleur. J'étais très copine avec un certains nombres de corvée et les exercices physiques supplémentaires. Mais je crois qu'ils faisaient ça juste pour pouvoir me coller aux cuisines. Apparemment, c'était toujours meilleur quand j'y étais. » dit-elle.

Évidemment, en temps que fille de restaurateurs, elle s'y connaissait un peu plus que la moyenne et même si les plats étaient prédéfinis, il suffisait parfois de rajouter quelques herbes et épices ou d'ajuster la cuisson pour améliorer un peu les repas. Et c'était aussi à cause de ça qu'elle restait fâché avec le sport.

Elle hocha la tête à la suite. Retourner sur l'Achilles était bien sûr son objectif. Mais elle n'avait aucune idée de si elle y parviendrait, ni quand, ni même si elle voulait retrouver le même poste ou simplement être un médecin comme un autre. Mais pour l'instant, à chaque qu'elle pensait à l'infirmerie ou devait s'y rendre, elle éprouvait un léger malaise. Quand à un retour sur le terrain, ce n'était certainement pas pour tout de suite et elle verrait ça le moment venu.

« Non, tu ne me l'avais pas dit, mais merci. J'y compte bien. Il faut justement bien que quelqu'un se dévoue pour soigner la patiente modèle du bord. » déclara-t-elle, amusée.

Elle finit son thé et se leva.

« Retournons donc voir l'un de ces panneaux. Il y en a beaucoup , des armureries sur Hébrida ? Je cherche et tu choisis. » annonça-t-elle.

Elle fit la recherche elle-même pour apprivoiser le système. Elle ne trouva qu'une armurerie centrale qui avait plusieurs annexes aux quatre coins de la ville.

Chacun sa façon d’accepter le départ d’un proche. Mei soignait la ou Nadja se vengeait… L’une des deux approches était clairement plus constructive que l’autre. Se sentant maladroite, elle préféra ne pas s’étendre sur le sujet. Si le médecin voulait en parler, elle l’écouterait bien entendue mais pas question de la pousser

« - La tête dans le sable hein… C’est une assez bonne description. Dans une autre ville, près de la cote, il y a une fillette qui me ressemble traits pour traits. Quoi qu'il se passe, je ne laisserai pas ma grand mère, future, potentielle ou ce que tu veux, se faire tuer dans un bombardement sans rien faire."

Nadja avait eut son content d’instructeur gueulards et comprenait parfaitement ce que pouvait ressentir son amie.

« - J’ai goutté ta cuisine, je crois que je peux comprendre tes instructeurs, s’amusa-t-elle. Après il y a toute sortes d’instructeurs. Faut savoir tirer le meilleur partie de chacun, même si tu t’en aperçois plus tard. Et au pire, ça te donne une bonne idée de ce que tu ne veux surtout pas être. »

Ce qui s’était passé pour elle et un certain sergent.

Le capitaine de l’Achille soupira intérieurement quand Mei accepta de reprendre son ancien poste. Elle avait craint, un instant un refus. Elle leva sa bouteille et la termina d’un trait.

« - Au patient modèle alors ! »

Il ne fallut pas longtemps à Mei pour comprendre comment fonctionnait le panneau et trouver l’armurée principale de la ville.

« - Zander m’y avait emmené une fois. Si je me repère correctement, c’était bien la. Ils avaient du bon matériel et quelques instructeur compétents. On va voir ce que ma nouvelle nationalité me permet d’acheter. »

Tous comme le crédit qui lui était alloué. Au final, elle n’avait pas trop d’idée de combien elle pouvait avoir.

Mei hocha la tête. Elle se doutait que Nadja ne resterait pas les bras croisés. Elle ne savait juste pas encore comment faire.

« Tous les peuples ne sont pas comme la Terre. Alors trouve un moyen de faire passer le message de la meilleure manière qui soit pour qu'ils prennent ton avertissement au sérieux et se préparent en conséquence. Avec un peu de tact et de diplomatie, si tu peux. Ça passera probablement beaucoup mieux. » fit-elle.

Mais ça, ça aurait plutôt été du domaine de son mari. Elle grimaça à la mention des différents types d'instructeurs. Elle ne le savait que trop bien.

« Oui, je sais. Je m'en suis rendue compte. Il y a ceux qui cherchent à te casser pour te faire abandonner, ceux qui te prennent pour souffre-douleur et ceux qui te poussent pour que tu te surpasses. J'ai rencontré les trois. Mais avec le recul, je crois que c'est ce qu'il me fallait. Si chacun à leur manière ne m'avait pas appris à devenir un bon soldat, je ne serai certainement pas là aujourd'hui. Mais j'en ai bavé, crois-moi. Et je doute pouvoir cuisiner de sitôt. Pas avec les ingrédients qu'on a sous la main. C'est dommage et j'aurais été ravie de te faire goûter d'autres plats. Remarque, ça pourrait faire une bonne occupation d'essayer d'accommoder tout ça. » dit-elle en souriant.

Elle leva sa tasse pour trinquer. Ce n'était pas demain qu'elle remonterait à bord, mais peu importait. C'était sur l'Achilles qu'elle se sentirait toujours en sécurité et surtout, elle pourrait garder un œil sur son amie.

« Modèle, modèle… J'ai hâte de me faire à nouveau insulter, tiens. Et cette fois, je ne pourrais pas te dire grand-chose. Quoi que mon sale carafon risque de resurgir assez rapidement pour tenter de te faire obéir, que tu sois ma supérieure ou non. Ça pourrait être intéressant. » fit-elle, amusée.

Nadja identifia ce qui était vraisemblablement l'endroit où elle s'était déjà rendu avec Zander, une fois qu'elle eut trouvé comment se servir du panneau.

« Alors c'est là que nous allons. »

Elles suivirent l'itinéraire donné par la carte et arrivèrent assez rapidement et sans encombre jusqu'à l'armurerie principale. Le même armurier que Nadja avait rencontré était de service et les accueillit.

« Bonjour ! Je suis ravi de vous revoir ! » lança-t-il gaiement.

Les lieux n'avaient pas vraiment changé, mais l'ambiance, oui. Contrairement à la fois précédente, une partie des stands était occupée par des membres des forces de sécurité hébridiennes, visiblement en train de s'entraîner sous la houlette d'un deuxième armurier.

« - Du tact et de la diplomatie, hein… c’est tout moi. »

Elle en aurait rit si les conséquences n’avaient pas été aussi potentiellement dévastatrices.

Le chapitre cuisine rendit le sourire à Nadja.

« - Avec tout le plancton que nous envoie Celestia, je suis sure que tu peux faire des dizaines d’essais et il doit y avoir moyen de trouver des condiments ici. Neela se débrouille plutôt bien dans sa cuisine, tu devrais lui en parler. »

De toute façon, selon les standards de l’ex marine, n’importe qui qui ne mettait pas le feu à une cuisine se débrouillait plutôt bien.

Une fois arrivé à l’armurerie, elle eut la bonne surprise de constater que l’armurier se souvenait d’elle.

« - Moi également. Je vous emmène une amie terrienne, le docteur Teoh. »

Elle haussa un sourcil surpris en voyant l’entraînement en cours. La dernière chose qu’elle voulait était de s’immiscer dans quelque chose qui ne la regardait pas.

« - Je venais voir s’il y avait moyen de refaire quelques essais avec vos fusils électromagnétique voire vous en acheter, si c’est possible. Cela dit, nous ne voulons pas nous imposer. »

D’un œil, elle regardait les forces de sécurité locales s’entraîner. Elle ne pouvait pas s’empêcher d’essayer de jauger leur niveau, en bonne ancienne instructrice qu’elle restait.

Mei observa les lieux. Elles avaient beau être sur une planète plus avancé, les lieux ressemblaient à n'importe quel autre stand de tir qu'elle avait vu jusque-là. Et visiblement, l'armée du coin s'entraînait ici, ce qu'elle trouva étrange. Mais elle ne s'était pas renseignée sur le fonctionnement d'Hébrida, alors peut-être se trompait-elle.

« Oh non, pas de problème. Ils sont dans un espace qui leur est réservé et il y a un instructeur avec eux. C'est un cours de perfectionnement, alors ils savent ce qu'ils font. Si cela avait été un cours de remise à niveau ou de débutant, il en aurait été autrement et j'aurais dû être là-bas. Mais ce n'est pas le cas. Et comme il reste de la place, je suis tout à vous. » répondit l'instructeur à Nadja.

Tous les membres des forces de sécurité étaient progressivement rappeler pour suivre des évaluation puis des cours de mise à niveau ou de perfectionnement, en fonction des besoins, avant d'être affectés sur l'un des croiseurs militaires pour un entraînement plus spécialisé en fonction des besoin et de leur capacité.

« Vous venez aussi essayer des armes ? » demanda-t-il à Mei.

Celle-ci se figea une seconde et secoua la tête. Ça, c'était le truc de Nadja, pas le sien. Tirer était la dernière chose dont elle avait envie. À vrai dire, elle était un peu mal à l'aise.

« - Sauf si vous tenez à avoir des blessés, je vais m'abstenir. Je vais me contenter de regarder.
- Comme vous voulez. Les fusils magnétiques, vous avez dit ? Nous avons un nouveau modèle sorti récemment. Plus compact et plus performant. Je vais en chercher un. Autre chose qui vous intéresserez ? Des armes de poing peut-être ? » fit-il à son amie.

Il revint avec l'arme dont il fit une présentation détaillée en indiquant les modifications apportées avant de la diriger vers un stand et de la lui donner. Mei écouta d'une oreille distraite. Elle ne comprenait pas vraiment ce que racontait l'armurier, contrairement à Nadja. Elle suivit, mais resta quelques pas derrière les deux experts.

« Pour l'achat, cela risque d'être un peu plus compliqué. Il y a des restrictions et celles-ci se sont encore resserrées ces derniers temps. Par exemple, le gouvernement n'autorise désormais plus la détention et la vente à des non-Hébridiens, peu importe leurs liens avec des Hébridiens. Et les contrôles sont beaucoup plus strictes. » dit-il, sur un air gêné.

Je suis tout a vous… dans d’autres circonstances, Nadja se serait amusé de la formulation et aurait sans doute même inciter Mei à en profiter. Ce jour la, elle ne releva meme pas l’expression et se contenta de suivre l’instructeur.

Elle aurait préféré que Mei se joigne à elle mais pas question de la brusquer. Elle n’était pas revenue depuis assez longtemps et on ne met pas une arme mortelle dans la main de quelqu’un qui pourrais avoir de grave séquelles psychologiques.

* Alors pourquoi tu vas le faire toi ?
Parce-que je compte bien imaginer la tee de Tonatiuh et de sa grognasse à la place de la cible.
Toujours aussi adulte…  
La ferme !*

Perdue dans son monologue intérieur, elle vit l’armurier déposer devant elle un fusil d’assaut flambant neuf et ne put s’empêcher de sourire.

« - Triple canon rotatif pour permettre un refroidissent et un rechargement optimal. Deux mille coup minutes  pour une vélocité de 1800m/s ? Fléchette de 4.6 mm ?
- Exact. Vous vous etes bien renseigné. »

En fait, elle s’était déjà servi de ce modèle à plusieurs reprise. La mitrailleuse de son armure en était une version dérivée. Celui ci était utilisé par la plupart des fantassins et des forces de sécurité de l’alliance, même si c’était dans une version modernisée avec des projectiles explosifs plutôt que simplement métallique comme aujourd’hui.

Elle se mit en position, visa tranquillement et caressa la détente. La vibration électrique et l’odeur d’ozone lui envoyèrent une bouffée de nostalgie à l’estomac. La cible s’était désintégrée et une autre apparue automatiquement avant de connaître le même sort funeste. Et une autre encore…

« - Bon j’ai pas trop perdu la main on dirait, fit elle d’un air plutôt satisfait. Et au fait, je suis naturalisée depuis hier, ca va faciliter mes démarches ?»

Elle ne doutait pas qu’il y aurait un contrôle. Mettre ce genre d’arme en vente libre sertit une folie pure et dure.

Dernière édition par Nadja Cook le Lun 17 Fév 2020 - 22:53, édité 1 fois

« Non, vous n'avez pas perdu la main. Loin de là. Et quelque chose me dit que même si c'était le cas, vous resteriez meilleure que la plupart des membres des forces hébridiennes. » fit remarqué l'instructeur.

Il était toujours impressionné par les connaissances sur les armes et il se demandait s'où elle les tenait. Quant à sa maîtrise, elle était bien supérieure à celles des Hébridiens. Mais cela n'avait rien de surprenant étant donnée qu'elle était soldat de métier, ce qui n'existait pas vraiment ici.

« Mes félicitations ! Si jamais vous décidiez de venir habiter ici, contactez-moi, je suis sûr que je pourrais vous trouver un travail ici. Et oui, cela va certainement aider. Mais il faudra que je vérifie. Il y a d'autres restrictions, alors je ne peux rien vous promettre. Nous pouvons faire la demande et voir si elle est approuvée ou non. Le maximum autorisée est de deux fusils et deux armes de poings, mais vous pourriez ne recevoir l'autorisation que pour partir avec une de chaque, plus les munitions. Nous ne le saurons qu'avec la réponse. »

Il allait poser une question concernant son mari, quand il vit la mention "décédé" apparaître, aussi se retint-il. Théoriquement, les permis de celui-ci auraient dû être annulés et un officiel aurait dû aller récupérer les armes que celui-ci possédait quand elle était arrivée, ou elle aurait dû les ramener ici, mais aucune des deux formalités ne semblait avoir été accomplie. Il allait devoir se renseigner discrètement sur les raisons de cet oubli, d'autant que les autorités extrêmement pointilleuse sur le sujet habituellement, l'étaient encore plus depuis peu.

« Que voulez-vous que je commande exactement ? » finit-il par demander.

*****

Mei était effrayée par la puissance de feu pour le moins dévastatrice. Elle se recula et alla s'asseoir dans un coin. Ce n'était pas une arme qu'elle souhaitait avoir entre les mains un jour un jour. Mais comme le lui avait dit Nadja, ce n'était pas son travail de manipuler quelque chose comme ça. Elle, elle evait besoin d'une arme pour se défendre et protéger les blessés, qui généralement n'étaient pas en première ligne. Si jamais l'ennemi arrivait jusqu'à elle, elle savait qu'elle était mal partie.

Quelque chose d'autre la perturbait. Sa mémoire la titillait depuis leur discussion dans le bar. Alors qu'elles marchaient dans la rue vers la maison, elle s'arrêta soudain lorsque le souvenir finit par ressurgir. Elle se retrouva soudain sur le JPS, lors de sa discussion avec Tonatiuth, et un détail lui revint. Elle ne savait pas si elle en avait parlé lors des multiples interrogatoires qu'elle avait subis depuis son retour et même si elle l'avait fait, elle doutait que cela ait été pris au sérieux ou qu'on l'ait cru.

« Tonatiuth a voyagé dans le temps lui aussi... Il me l'a dit. Juste après m'avoir capturée. Il avait un étrange objet dans la main. Ça ressemblait un peu à ton armure. Il disait qu'il allait en finir avec toi grâce à ça. » murmura-t-elle.

Ce devait être la première qu'elle abordait le sujet avec Nadja. Il fallait dire que son amie lui avait donné pas mal de sujet d'inquiétude depuis son retour et qu'Isaac la tenait également bien occupée le reste du temps.