A quel point l’avait-il manipulé pour voir si elle finirait par prendre sa défense ? En tout cas, ça avait fonctionné et une fois de plus, elle se retrouvait dans ce rôle de maman ours protectrice qui lui collait à la peau.
Si Prius ne considérait pas sa décoction de plante comme une drogue, grand bien lui fasse. Elle-même n’y connaissait pas grand-chose dans ce domaine mais elle se souvenait qu’avant d’être des composés chimiques savamment mélangés, les drogues avaient d’abord été extraite de plantes. Mais bon, ça n’était pas comme si elle était une totale novice sur le sujet non plus. Elle avait usé et abusé de drogue de combat à plus d’une reprise.
Elle se demanda ce que Prius pouvait bien noter en les observant, Zander et elle mais n’eut pas vraiment l’occasion de s’appesantir sur la question avant que le pilote ne revienne, tout sourire.
Ses paroles la firent sourire encore plus largement et elle lui répondit en s’installant près de lui. « - Ce sont les troupes de l’Achille qui vont te remercier si j’arrive en retard à l’entrainement. Vu comme je leur ai mené la vie dure hier soir, ils méritent bien un petit moment de repos. Mais pas trop longtemps. »
Elle mordit à pleine dent dans une viennoiserie, toute trace de sa mauvaise humeur matinale envolée.
Zander but quelques gorgées de café. Il rêvait de retourner se coucher et de grappiller une heure de sommeil de plus avant de devoir retourner à l'infirmerie, mais il préférait largement prendre son petit déjeuner en compagnie de Nadja. Il appréciait particulièrement ce moment de la journée, même s'il aurait préféré que le prêtre ne soit pas là, mais il devrait faire avec pour les prochains jours.
« Hum, vont-elles vraiment me remercier ou me détester ? Ils ne vont pas t'en faire voir de toutes les couleurs si tu te pointes en retard ? Enfin, je suis sûr que tu leur feras passer l'envie de recommencer, mais j'ai pas envie d'en faire les frais ce soir à l'entraînement parce tout aura été de ma faute. » fit-il avec un grand sourire.
Prius feignait de se concentrer sur sa viennoiserie et son café, préférant ne pas interrompre l'échange du couple, mais n'en perdant pas une miette.
« Ça te dit un repas italien ce soir ? Lasagnes, salade verte et tiramisu en dessert ? »demanda-t-il à Nadja. Il savait que le prêtre s'accommoderait de ce qu'il servirait, vu que de toute façon, il ne connaissait pas les plats mentionnés et ne jugea donc pas utile de lui poser aussi la question.
Il se disait que c'était plus simple pour l'instant de manger ici que d'aller au réfectoire où la présence du prêtre attirerait immanquablement l'attention et ils risquaient de se retrouver à passer la soirée à devoir discuter avec la moitié de la station. Sans compter qu'il devait d'abord voir avec l'intendance si cela ne posait pas de problème et s'il devait prévenir à l'avance. Le cuistot avait déjà tiré une tête de six pieds de long quand il était parti avec son plat de viennoiserie ce matin, alors il préférait éviter de débarquer à l'improviste avec une bouche supplémentaire à nourrir.
****
La journée s'avéra relativement éprouvante en raison du sous-effectif de l'infirmerie, plusieurs membres du personnel étant tombés malades et n'ayant pas pu être tous remplacés à la dernière minute. C'était d'ailleurs pour remplacer quelqu'un au pied levé qu'il avait dû se lever beaucoup plus tôt que prévu et qu'il était parti en catimini. Résultat, il fut beaucoup plus sollicité que d'habitude et se retrouva à travailler plus longtemps que prévu.
Il fut content quand on lui annonça que son service était enfin terminé et ne demanda pas son reste. Il rentra directement et se changea pour aller faire quelques katas. Il n'aurait probablement pas le temps de s'entraîner très longtemps, mais il avait besoin de ça pour se vider un peu la tête et évacuer le stress de la journée.
Une fois qu'il eut enchaîné quelques séries, il s'occupa de préparer le repas, ce qui était relativement simple. Une fois qu'il eut mis les lasagnes dans le four et le tiramisu dans le frigo, il partit prendre une douche rapide avant de s'étendre quelques minutes sur le lit en attendant que la sonnerie lui signale que le plat était prêt.
« - Oh, tu connais les militaires, ça ne perd jamais une occasion de faire une blague salace… mais t’en fais pas j’ai le cuir épais… »
Pas comme si elle avait été la dernière à faire ce genre de plaisanteries elle-même de toute façon. Elle risquait en effet de se faire sérieusement chambrer ce matin mais ça faisait partie du jeu. Celui de la camaraderie et de l’esprit de corps qu’elle affectionnait tant.
« - Excellente idée. Mais pas les végétariennes comme la dernière fois, s’il te plait. J’ai besoin d’énergie. »
Elle piocha un second pain au chocolat sur le plateau en essayant de ne pas culpabiliser. Il y aurait bien des occasions dans la journée pour une double ration d’exercices.
***
Au final, Nadja fut en retard toute la journée. Les exercices du matin prirent plus de temps que d’habitude, le repas du midi fut expédié au profit de travaux administratifs rébarbatifs et interminable et la séance d’entrainement en 0G du soir se termina à l’infirmerie quand un caporal se cassa une jambe après une réception complétement ratée. Après avoir soigné le militaire, Mei la sermonna sur le taux de blessure à l’entrainement qui avait triplé depuis qu’elle l’avait pris en charge. Ce qui de son point de vue était un assez bon résultat vu qu’elle avait multiplié par cinq les rythme des entrainements à bord. Elle pensait trouver Zander et Prius déjà attablé mais constata que personne n’était dans le salon à son arrivée. Elle avait obtenu une autorisation et détaché un sergent pour permettre au prêtre de se promener dans l’après-midi dans le quartier de Colorado Springs. Peut-être y était-il encore. Quant à Zander…
L’eau qui coulait dans la salle de bain la renseigna sur ses occupations et un sourire coquin naquit sur le visage de l’ex marine. Elle se glissa rapidement dans la salle de bain, se déshabilla en quelques secondes et repoussa son mari au fond de la cabine de douche alors que celui-ci s’apprêtait à en sortir. Elle referma la porte de la douche derrière elle, et l’embrassa goulument, bien décidé à profiter de cet intermède… et tant pis si le plat au four cramait entre temps.
Les plans de Zander furent contrariés par l'arrivée inopinée de Nadja, mais il n'allait certainement pas s'en plaindre vu la tournure des événements. Il en oublia complètement les lasagnes dans le four et finit sur le lit bien plus tard qu'il ne le pensait, mais heureux et complètement détendu. Et dire qu'il avait failli perdre tout ça il n'y avait pas si longtemps. Quel idiot il était... se dit-il.
*****
Prius revint après avoir passé l'après-midi sur Terre. Il avait été surpris, et ravi, que sa tenue ne poserait aucun problème, mais son guide lui avait dit qu'il existait un ordre portant une tenue similaire. Sa visite avait commencé par l'une des maisons inhabitées du complexe puis il avait fait un tour dans le quartier. Tout cela l'avait grandement intrigué et il aurait aimé pouvoir discuter avec les gens, mais il avait conscience que cela était risqué sans connaissance préalable des lieux et de l'histoire locale. Il aurait aussi tout intérêt à se documenter sur cette religion à laquelle sa tenue semblait l'associer.
Il fut surpris de ne trouver personne à bord, bien que le repas ait été en cours de préparation au vu de l'odeur qui embaumait le salon.
« Tes occupants ne sont pas là ? » demanda-t-il à Stella, trouvant cela étrange.
« Ils sont à bord, mais ils sont occupés. » répondit-elle simplement.
Un sourire s'étira sur les lèvres du prêtre quand il comprit ce que cela signifiait. Il était plutôt content que sa présence ne les perturbe pas trop à ce niveau-là ou qu'ils aient profité de son absence.
« Je vois. Est-ce que je dois m'inquiéter pour le plat qui cuit ou non ? Ce serait dommage que cela devienne immangeable... »
Il suivit les instructions de Stella qui lui fit baisser la température du four afin que le plat soit conserver au chaud sans pour autant brûler et il en profita pour mettre la table.
« Avertis-moi quand nous passerons à table, veux-tu ? »
Puis il retourna dans ses quartiers pour écrire un compte-rendu de ce qu'il avait vu ce jour-là sur la Terre. Cette planète n'avait clairement pas besoin de leurs services, mais placer des observateurs serait sans doute très bénéfique pour eux.
*****
Prius n'avait vraiment pas envie de casser l'ambiance, et surtout pas la bonne humeur de son ami en abordant le sujet d'Harlan. Il l'avait rarement aussi épanoui, pour ne pas dire jamais, et cela faisait vraiment plaisir à voir. Il savait également qu'en ramenant ça sur le tapis, il allait très probablement se faire jeter dehors comme un malpropre, et cette perspective le désolait vraiment. Il l'avait évité la veille, mais il doutait que son ami laisse passer cette incartade deux fois d'affilée.
Il resta attentif pendant tout le repas, cherchant le bon moment pour entrer dans le vif du sujet, mais aucune opportunité ne se présenta. Il allait donc devoir attaquer frontalement le sujet, ce qui ne risquait pas de faire se passer mieux les choses. Cependant, il opta pour un sujet normalement un peu moins sensible qu'un retour éventuel là-bas, tout en sachant que le résultat serait vraisemblablement le même. Il posa sa cuillère et regarda son ami.
« Zander, j'aimerais bien que tu m'écoutes deux minutes. J'aimerais te parler d'Harlan. Pas de ce qu'il s'est passé là-bas, mais de l'évolution de la planète… »
Le changement d'ambiance fut quasi instantané et chez le pilote aussi. Celui-ci se figea et se raidit complètement, suspendant son geste. Le regard qu'il jeta au prêtre était peu amène.
« Je sais que tu rejettes toutes les communications qui viennent de là, mais il y a des choses que tu devrais savoir. »
« Non. Si je les refuse, c'est parce que je ne veux rien savoir sur ce qui se passe là-bas ni avoir affaire à eux. Ni maintenant, ni jamais. » dit-il d'un ton glacial.
Prius ne se démonta pas, habitué à ce comportement, mais il avait vu la douleur puis la peur se succéda dans son regard avant de laisser place à cette colère dès que le sujet d'Harlan était amené sur le tapis.
« Zander, s'il te plaît. Tu ne peux pas faire comme si la planète n'existait pas… » tenta-t-il à nouveau.
« Si, je peux. Et je le fais et je m'en porte très bien. »répondit-il d'un ton encore plus glacial.
Le prêtre savait qu'il poussait, mais la conversation était déjà allée plus loin que d'habitude.
« Non, justement… » reprit-il, mais il n'eut pas le temps d'aller plus loin, Zander se levant brusquement et en posant brutalement ses couverts sur la table.
« Je n'ai plus faim. Je vais me coucher. »le coupa-t-il avant de sortir sans un mot de plus.
Prius soupira et regarda Nadja. S'il y avait eu une vraie porte, il était certain qu'ils l'auraient entendu claquer.
« Je crois que c'est un échec. Et dire que je n'ai même pas évoqué l'idée d'y aller, mais simplement de lui parler de la planète. S'il pouvait accepter ça, ce serait aussi un grand pas en avant, mais quelque chose me dit que ce n'est pas encore près d'arriver. »
Il secoua la tête, dépité, en se demandant ce qu'il pourrait bien faire de plus.
« Il ne m'a pas encore jeté dehors, mais quelque chose me dit que je devrais préparer mes affaires, parce que ça ne va pas tarder. Si vous allez le voir, ne reparlez de ça, ça ne servira à rien à part le braquer davantage. Ce n'est pas ce dont il a besoin tout de suite. » lui dit-il doucement.
*****
Zander rentra dans sa chambre et se roula en boule sur le lit, tâchant de contrôler ses tremblements et ses émotions qui partaient dans tous les sens. Pourquoi ce satané prêtre s'obstinait-il à vouloir parler d'Harlan ? Ce qu'il lui avait dit la veille n'était pas suffisant ? Il lui en fallait encore plus ? Revivre ces événements presque toutes les nuits était déjà bien assez douloureux, il ne voulait pas en plus être hanté par le visage de Leila en plein jour, ce qui ne manquait pas d'arriver dès que le nom de cette maudite planète était prononcé.
En constatant que Prius était revenu pendant leurs ébats, Nadja rougit légèrement. D’autant qu’il lui avait fait comprendre ce matin qu’il étudiait leur couple avec une certaine attention. Au moins devait-il être à peu certain à présent que les choses fonctionnaient bien entre eux de ce point de vue-là.
Le repas qui suivit fut particulièrement agréable. Nadja ne pensait même plus à Harlan, heureuse de retrouver le Zander jovial et agréable à vivre qu’elle affectionnait. C’est au désert que tout vola en éclat quand Prius choisit de reparler de la planète que détestait tellement el pilote. Comme prévu, celui-ci se braqua et refusa même d’aborder le sujet. Nadja voulut lui prendre la main, le réconforter, lui… trop tard, il était déjà parti. Elle refoula une vague de colère mêlée de désarroi et regarda vers le prêtre qui sembla tout aussi triste qu’elle.
« - Merci d’avoir essayé, Prius. Au besoin, je dispose de quartier sur l’Achille dont je ne me sers pas. Je ne peux pas l’empêcher de vous mettre dehors s’il le souhaite, mais rien ne vous force à partir. »
Elle se leva pour rejoindre Zander et le trouva allongé sur le lit, en proie à une crise de nerfs silencieuse. Ne sachant pas vraiment quoi faire, elle s’allongea derrière lui et le pris dans ses bras aussi forts qu’elle l’osait, la tête posée contre son dos. Elle aurait voulu lui dire beaucoup de chose mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge. Peut être pourrait-elle y arriver plus tard.
Prius sourit tristement à Nadja. Il n'aimait pas du tout ce qu'il avait fait, mais cela lui avait permit de jauger un peu mieux l'état d'esprit de Zander et ses réactions. Et il savait aussi que cela aurait pu être bien pire.
« Vous savez, c'était la première fois que je le voyais aussi heureux et ça fait plaisir. Je suis vraiment navré d'avoir gâché l'ambiance et la bonne humeur qui régnaient. » dit-il à Nadja.
Il hocha la tête quand elle lui parla de sa cabine sur l'Achilles.
« Merci, c'est gentil. Je suis censé partir dans deux jours de toute façon, mais je vais garder votre proposition en tête. Qui sait, peut-être qu'il ne me jettera pas dehors finalement. Si c'est le cas, autant vous dire que ce sera une première, surtout alors que j'ai abordé le sujet deux fois en deux jours avec lui. Si vous le pouvez, revenez me voir quand il sera calmé. Sinon, ça attendra demain. » lui dit-il.
Il la regarda partir et écouta. Stella avait beau être relativement bien insonorisée, le pilote était loin d'être un modèle de discrétion dans ce genre de situation. Il n'entendit aucun cri ou quoi que ce soit signalant que Zander était toujours dans une logique d'opposition ou sous le coup de la colère. Il se permit alors un petit sourire. Les choses n'étaient pas aussi catastrophiques qu'il l'avait craint, mais il y avait beaucoup de travail à faire.
Puis il se fit un devoir de débarrasser la table et de faire la vaisselle. Après tout, autant qu'il se rende utile et ne pas faire que profiter de son séjour et de l'amabilité de ses hôtes. Il retourna ensuite dans ses quartiers pour préparer deux trois choses avant de revenir s'asseoir dans le salon avec un livre pour attendre un peu.
*****
Zander se crispa en entendant Nadja entrer dans la pièce et redouta qu'elle ne veuille relancer le sujet. Mais elle n'en fit rien. Elle se glissa simplement près de lui et l'entoura de ses bras, ce qui suffit à le faire se détendre un peu et à l'apaiser. Il savait qu'il aurait dû dire quelque chose concernant son attitude, mais il en était incapable. Il finit par se calmer complètement et s'endormir.
Il fallut un long moment à Zander pour se calmer et finir par s’endormir. Une fois de plus, la présence de l’ex marine fut souveraine. Il ne protesta pas, se laissa faire comme un enfant et ses tremblement se calmèrent peu à peu. Nadja ne comprenait pas vraiment pourquoi elle avait cet effet sur lui, si c’était lié aux bracelets ou simplement à ce qu’elle était et représentait.
Une fois certaine qu’il était endormi, elle se releva lentement et revint vers le salon pour constater que Prius s’était occupé de nettoyer la table et l’attendais dans un fauteuil, un livre à la main.
« - Il dort, dit-elle simplement avant d’aller se préparer un thé. »
Une fois prête, elle s’installa en face de lui et le regarda longuement avant de réussir à parler.
« - Il avait quasiment une crise de nefs quand je suis arrivée. Je ne pensais pas que vous l’aviez à ce point secoué… Ou en tout cas que ça le démolirait à ce point. Je ne sais pas comment il sera demain mais je doute que ca soit terrible. »
Elle détestait le voir comme ça, évidemment, mais tout en parlant, sa détermination se renforçait.
« - Ca ne peux pas durer. Il va finir par complètement craquer. Il faut faire quelque chose. Tant pis s’il me déteste ensuite. Je ne supporte pas de le voir comme ça. »
Ils auraient sans doute beaucoup à se dire ce soir et elle prendrait le temps de le faire avant d’aller se recoucher dans la même position protectrice qu’elle avait adopté précédemment.
Prius haussa un sourcil quand Nadja revint et lui annonça que Zander dormait. Décidément, le pilote ne cessait de le surprendre. Il la laissa s'installer et l'écouta.
« Vous ne pouvez pas vous en rendre pas compte, mais il est déjà engagé sur la voie de la guérison. Et ça a commencé lorsqu'il vous a parlé de ce qui lui est arrivé. Il y a six mois, si j'avais prononcé le nom Harlan, cela aurait immédiatement déclenché une riposte verbale qui se serait terminée par mon éviction du bord. Puis je n'aurais plus entendu parlé de lui pendant plusieurs mois. Là, j'ai pu engager deux fois la discussion sur le sujet et je n'ai une qu'une réaction un tant soit peu violente. Et encore, elle était extrêmement mesurée par rapport à tout ce que j'ai pu affronter jusqu'à présent. Je m'attendais également à ce qu'il vous jette dehors aussi, mais il n'en a rien fait. Non, à la place, il dort. Que lui avez-vous fait au juste ? Enfin, si ce n'Est pas indiscret bien sûr. » lui demanda-t-il, curieux.
Il se leva et alla lui aussi se faire un thé tout en écoutant sa réponse. Il secoua la tête avec un sourire. Son ami pouvait vraiment être un imbécile parfois.
« Et vous avez fait exactement ce dont il a besoin pour l'instant. C'est précisément ce qui lui a fait défaut il y a dix ans et qui l'a fait tomber dans cette spirale infernale de laquelle je l'ai sorti. Et la perspective de rechuter le terrifie au moins tout autant que la douleur engendrée par ses souvenirs et qu'il ne sait pas gérer autrement que par la colère et la violence. Il faut qu'il réalise qu'il n'est pas tout seul pour traverser ça et qu'il y a des personnes pour l'aider et le soutenir. Cela va être votre rôle et c'est déjà ce que vous faites. Quand il aura compris ça, les choses devraient être plus choses et le reste suivra. Mais cela ne se fera pas en quelques jours. »
Il but quelques gorgées de sa tasse et réfléchit un peu à ce qu'il voulait dire ensuite.
« Si vous n'aimez pas le voir comme ça, préparez-vous à ce que ce soit pire lorsqu'il sera sur Harlan. S'il doit vraiment craquer, je crois que c'est là-bas que cela arrivera. Ici, il est relativement protégé dans le sens où il n'affronte que ses souvenirs. Mais aller sur place rendra les choses bien réelles. La chute va être rude et remonter la pente ne sera pas facile. Nous pouvons cependant tenter d'atténuer les choses. Reparlez avec lui de ce qu'il s'est passé là-bas et partez de là. Plus il le fera, mieux ce sera. Ce serait également une bonne chose si vous arriviez à lui faire entendre le fait que la paix a été signée sur Harlan et que, contrairement à ce qu'il pense, il n'y est pas vu comme un ennemi. Pas besoin de dire autre chose. Vous pouvez le pousser un peu, mais n'insistez pas s'il se braque. Faites ce que vous venez de faire : réconfortez-le et rassurez-le. Je pense qu'il finira par être réceptif et écouter. »
Il fit une autre pause. C'était du moins ce qu'il espérait. Mais il savait aussi que cela pouvait ne pas fonctionner du tout. Soigner ce genre de problème était difficile, surtout avec un patient peu coopératif.
« L'idéal serait vraiment qu'il consulte un spécialiste ici qui pourra le suivre correctement et éventuellement lui fournir un traitement adapté si nécessaire. Le problème, c'est que c'est à lui de prendre cette décision et d'y aller et je ne suis pas certain qu'il y soit prêt, même si cette idée fait son chemin. » dit-il en soupirant.
Il se leva et partit dans ses quartiers avant de revenir avec trois boîtes, une jaune, une verte et une violette.
« J'ai bien compris que vous n'aimez pas recourir à ce genre de choses, mais s'il refuse de faire appel à un professionnel, ceci pourrait toutefois s'avérer utile. À l'occasion. Il s'agit de mélanges de plantes qu'il a déjà utilisés lorsqu'il était au monastère. Je vous les confie, car vous avez la tête sur les épaules et vous saurez y faire appel avec discernement. Lui, je n'en suis pas tout à fait certain. Quoi qu'il en soit, proposez-lui-en lorsque vous le jugerez nécessaire, mais ne lui forcez pas la main s'il n'en veut pas. S'il finit par s'écrouler ou vraiment craquer, j'imagine que vos médecins interviendront, qu'il le veuille ou non, je me trompe ? Mais ce n'est franchement pas la meilleure des solutions ni souhaitable d'en arriver là. »
Il désigna tour à tour chaque boîte pour lui expliquer ce qu'elles contenaient :
« La verte, c'est ce que je lui ai donné hier, en cas de nuits agitées un peu trop fréquentes. Ça l'aidera à passer une nuit tranquille. La violette, en revanche, est beaucoup plus puissante. Je pensais d'ailleurs devoir m'en servir ce soir pour le calmer si cela s'était avéré nécessaire. Mais vous semblez bien plus efficace pour ça. N'hésitez pas à l'utiliser que si vous le voyez perdre pied ou cumuler plusieurs nuits sans dormir, et de préférence quand il ne travaille pas le lendemain. Évitez de lui donner en même temps une verte et une violette, sinon il risque de dormir pendant 24 heures… Quand à la jaune, je vais lui la remettre. Elle n'a pour autre but de l'aider à se détendre et n'est guère différent des tisanes qu'il boit actuellement et qui viennent de la Terre, mais je suis au moins certain que celle-là fonctionne. » finit-il.
Sur la voie de la guérison... De son point de vue, on en était plutôt loin mais peut être n’avait-il pas tort. C’était agaçant de constater qu’il connaissait mieux Zander qu’elle mais ça n’était pas le moment de faire une crise de jalousie.
« - Je ne lui ai rien fait en fait. Je l’ai juste tenu, réconforté et assuré que j’étais la. Ma présence le calme, comme je disais tout a l’heure. Elle le rassure. »
Et il devait savoir également que ces crises de colère ne l’impressionnerait pas vraiment. Ca ne lui plaisait pas mais elle avait vu assez de gens en colère et violent dans sa vie pour que ça ne l’effraie plus.
« - Il a tellement peur de rechuter qu’il fuit tout ce qui pourrait engendrer une crise avec tellement de vigueur et de violence que la crise arrive quand même. Tu parles d’un cercle vicieux... Enfin je peux essayer de lui parler de l’Harlan actuelle. Je me demande à quel point ça ne vaudrait pas le coup que j’y aille seule avant de l’y emmener. Pour tâter le terrain. Cela dit non, je ne compte pas l’y amener dans les prochains jours. Il n’est pas prêt… et moi non plus.»
Chassez le marine, l’éclaireur revient au galop. Mais elle ne voyait pas comment aborder cette histoire autrement qu’un champ de bataille ou certaines troupes étaient plus réticente que d’autre à être déployée.
Suspicieuse, elle regarda les deux boites qu’il posa devant elle et écouta les recommandation qu’il lui donna.
« - D’accord. Je reconnais qu’hier ce que vous lui avez donné c’est avéré efficace. Non, je n’aime pas ça et je ne suis pas sure que les médecins d’ici apprécieraient. Il faudra peut être que je leur en donne un échantillon, si ça ne vous pose pas de problèmes. »
Elle nota qu’il gardait une troisième boite pour que Zander puisse en prendre de lui même. S’il le faisait, ca prouverait qu’il ne se laissait pas aller ce qui serait déjà un premier résultat.
« - Merci, confia-t-elle simplement. J’espère que cela sera suffisant. Je vous tiendrait au courant de l’évolution. Enfin, on en aura déjà une bonne idée demain matin, n’est ce pas ?»
Elle le salua et retourna se coucher, inquiète mais résolue. Elle ferait ce qui faut, coûte que coûte.
« Et surtout, il a confiance en vous. Vous l'avez empêché une fois de faire une ânerie. C'est important pour lui de savoir qu'il y a quelqu'un d'autre que des médecins ou assimilés capable de l'arrêter. Il sait que vous êtes là pour le protéger de lui-même, mais aussi les autres de lui en cas de dérapage. Ce n'est encore jamais arrivé, mais depuis cet incident, c'est quelque chose qu'il redoute. » ajouta-t-il.
Ses relations avec Zander étaient trop différentes et il ne serait jamais en position de faire ce que Nadja faisait pour lui. En cas de crise, il restait à ses yeux un soigneur chargé de le neutraliser
« Oui, vous n'avez pas tort sur ce point. Fuir ne fait qu'augmenter sa souffrance, malheureusement. Je ne vous demande pas d'aborder le sujet tout de suite. Commencez déjà par lui parler des événements qu'il vous a racontés. ce sera un bon début. Ensuite, à vous de juger quand ce sera le plus opportun d'essayer pour le reste. Et il se pourrait que vous deviez vous y prendre à plusieurs fois avant qu'il daigne vous écouter. Et je ne crois pas que vous ayez besoin d'aller sur Harlan. Pour ma part, je ne serai pas prête avant un bon mois. J'ai une mission de prévue que je ne peux pas annuler. »
Il ne pouvait pas l'empêcher de donner des échantillons à la Terre, mais cela pourrait avoir des conséquences fâcheuses.
« Si je pouvais leur donner les équivalents en plantes terriennes, je le ferai. J'avoue que si j'avais le temps, je ferai ces recherches moi-même. J'adorerai ça même. C'est mon travail après tout. » fit-il en soupirant devant cette opportunité manquée.
« Libre à vous de le faire. Mais l'expérience m'a appris que certaines planètes n'avaient aucune confiance dans les remèdes venant d'ailleurs ou dans leurs propres plantes... Si vous leur donnez un échantillon, il se pourrait qu'ils confisquent tout tant que ça n'aura pas été analysé pour savoir ce que c'est et ce que ça fait, ce qui pourrait être long. Puis rien ne garantit qu'ils vous les rendront après, peu importe les résultats. Sans parler des questions qu'ils pourraient vous poser. Et même si vous leur expliquez que Zander les a déjà utilisés sans souci. Je ne peux pas en dire autant des plantes terriennes, surtout sachant que c'est l'une d'entre elles qui est en partie responsable de votre situation. Mais comme je vous l'ai dit, c'est uniquement s'il ne fait pas appel à l'un de vos médecins. Tout cela n'est qu'une aide temporaire pour le soulager un peu, mais ça ne le soignera pas. Et il vaut mieux qu'il n'en prenne pas en même temps que des médicaments terriens... On ne sait jamais quelles interactions pourraient se produire. »
Il ne le précisa pas, mais savoir que Zander utilisait la pharmacopée locale après l'événement des bracelets l'inquiétait un peu. Rien ne disait qu'il ne risquait pas de faire une violente réaction à l'une d'elle ou que certaines ne seraient pas toxiques pour lui ou avoir l'effet inverse de celui indiqué. Mais il savait que cela faisait partie des risques inhérents à voyager d'une planète à l'autre.
« Merci à vous. Et oui, nous verrons demain. »
Il la regarda partir et fit de même quelques minutes plus tard.
***
La nuit de Zander fut relativement calme tant il était épuisé. Il se réveilla en entendant son réveil, mais n'avait pas envie de se lever ou de faire quoi que ce soit, et surtout pas de sortir de la chambre ou de croiser Prius. En fait, il n'avait envie de parler à personne pour l'instant. Mais il était de service et il ne pouvait pas se défiler. Heureusement, il était de congé le lendemain. S'il avait toujours était à son compte, il aurait pu continuer à se morfondre dans son lit sans que personne ne trouve rien à y redire. Sans qu'il s'en aperçoive, il se rendormit et rouvrit les yeux trente minutes plus tard.
*Mince, je vais être à la bourre…*
Il se leva en catastrophe et s'habilla en vitesse, ne comprenant pas comment il avait pu se rendormir. Puis il sortit dans le salon où il s'arrêta juste le temps de saluer les présentes et de dire sur un ton neutre :
« Désolé, je dois filer, sinon je vais être en retard… »avant de faire demi-tour et de demander à Stella de le téléporter dans ses quartiers.
Prius le regarda passer en coup de vent, le regard soupçonneux, se demandant si son ami l'évitait avec une excuse bidon ou si cette histoire était vraie. C'était probablement le cas, se dit-il, vu que Zander avait effectivement un poste à tenir et n'était plus livré à lui-même, ce qui était une bonne chose. Dans tous les cas, il ne s'était toujours pas fait jeter dehors, contrairement à ce qu'il attendait.
Pour Nadja qui avait plutôt l’habitude de foncer dans le tas, toute ses précaution et circonvolutions lui donnaient mal au crane. Si elle savait qu’il fallait prendre des pincettes avec ce genre de problème, elle avait de plus en plus de mal à ne pas agir et ruer dans les brancards.
*C’est pour ça que t’es marine et pas psy, songea-t-elle en buvant son thé. *
Elle nota que Prius n’était pas particulièrement ravi qu’elle soumette ses mélanges de plantes aux médecin locaux. Elle n’en dit rien mais cela alluma une petite lueur d’alerte dans sa tête. Etait-ce de la prudence ou avait-il quelque chose à cacher ? D’ici à ce que ces herbes provoquent une dépendance et rendent leur buveur complètement paranoïaque… Ca expliquerait l’état de Zander.
* Tu délires complètement, Puce. Va te coucher plutôt que de voir le mal partout. *
Bien décidé à néanmoins faire analyser le produit dès le lendemain, Nadja se leva et salua Prius d’un sourire avant d’aller se coucher. Zander dormait toujours, d’un sommeil de plomb et elle se lova contre lui pour s’endormir en quelques minutes.
**** Au petit matin, Nadja se leva en premier et descendit à la cale pour pousser un peu de fonte. Cela faisait deux jours que ces exercices matinaux étaient interrompus et elle comptait bien terminer sa séance aujourd’hui. Elle terminait quand elle entendit dans le salon des mouvements. Quelqu’un préparait le petit déjeuner et elle était à peu près sure qu’il s’agissait de Prius. Nadja termina et passa sous la douche rapidement avant de repasser dans les communs dans son uniforme.
« - Bonjour, lança -t-elle, de bien meilleure humeur qu’hier à la même humeur. Zander n’est toujours pas levé ? »
Il allait finir par être en retard. Sauf s’il était éclipsé pendant sa séance, auquel cas, il allait l’entendre. Mais au final, il s’avéra qu’il était bel et bien encore là, simplement victime d’une sérieuse panne de réveil. Alors qu’elle buvait son café le pilote surgit soudain, à moitié habillé et s’excusa avant de se téléporter sans plus de cérémonie.
« - Bonjour aussi, grommela l’ex marine, plus amusé qu’elle ne laissait paraître. Bon au moins vous êtes encore là. C’est plutôt une bonne nouvelle non ? »
Quelques minutes plus tard Nadja réapparaissait sur l'Achille. Elle se rendit d'abord à l'infirmerie pour constater que le médecin chef n'y était pas. Elle opta ensuite pour le bureau de celle-ci et frappa avant d'entrer et de marquer un salut impeccable et de sourire.
"- Bonjour Doc. J'ai besoin de tes lumières."
Le ton n'était pas très protocolaire mais l'appellation de "doc" indiquait bien qu'il s'agissait d'un problème d'ordre médical. En quelques phrase, elle lui résuma la visite de Prius, la déprime chronique de Zander et l'usage de boisson aux plantes dont il faisait usage.
"- Je suis peut être parano, mais j'aimerai pas le voir dépendant de quoi que ce soit. C'est pour ça que j’aimerai bien que tu regarde ce qu'il y a dans ce truc et si c'est pas dangereux a plus ou moins long terme."
Prius se leva en se demandant s'il serait toujours là le soir même. Il sortit et entendit que Nadja qui s'entraînait dans la soute. Cette fois, il décida de la laisser tranquille, l'ayant déjà interrompu par deux fois. Et il ne voulait pas encore être accusé d'être un voyeur. Puis il n'avait pour l'instant rien à ajouetr à ce qu'il lui avait dit hier soir.
Il se rendit au salon et prépara du café pour tout le monde. Nadja finit par le rejoindre et le demanda si Zander dormait toujours.
« Je crois, oui. Je ne l'ai pas encore vu en tout cas. Sa nuit n'a pas été trop agitée ? »
Quelques minutes plus tard, le pilote surgit et disparut aussitôt prétextant qu'il allait être en retard. Prius lança un regard interrogateur à Nadja.
« Ça lui arrive souvent ça ? Ou c'est une technique pas subtile du tout pour nous éviter et ne pas non parler ? » demanda-t-il, perplexe.
Il rit ensuite doucement à sa remarque. Son ami venait encore une fois de le surprendre.
« Effectivement, je suis toujours là et je vais rester. Et oui, c'est une bonne nouvelle. Il n'a pas l'air décidé à me jeter dehors. J'en suis fort content et le premier étonné, croyez-moi. Ou peut-être était-il juste trop en retard pour prendre le temps de le faire. » fit-il, amusé.
Cela ne lui ressemblait pas du tout, mais il devait admettre que Zander avait bien changé depuis la dernière fois où il l'avait vu.
« Je vais le laisser tranquille concernant Harlan jusqu'à mon départ, à moins qu'il ne vienne m'en parler de lui-même. J'aimerais plutôt profiter de la fin de mon séjour ici et le voir avec la bonne humeur qu'il avait hier soir. C'est bien plus agréable. » dit-il un peu plus sérieusement avant de sourire et de continuer à déjeuner.
Mei s'occupait de remplir la paperasse concernant le énième soldat blessé pendant l'un des entraînements de Nadja. Au moins, elle ne risquait pas de s'ennuyer comme ça quand elle entendit frapper à sa porte. Elle sourit en découvrant l'identité de sa visiteuse.
« Regardez qui voilà... Je suis justement en train de remplir les papiers pour de ta dernière victime. Que puis-je pour toi ? »
Elle l'écouta et jugea ses propos préoccupants concernant son époux. Elle savait qu'il était suivi et surveillé, mais peut-être allait-il falloir que l'équipe médicale du JPS soit encore plus vigilante, ainsi que le psychologue qui le suivait.
« Pas moyen de le persuader de consulter pour ses problèmes d'insomnies ou de le pousser à parler de ce qui le travaille à quelqu'un ? »lui demanda-t-elle.
Il était difficile de soigner quelqu'un qui ne le voulait pas, surtout dans ce genre ce cas. Mais elle faisait confiance à Nadja pour prendre les décisions qui s'imposeraient si l'état du pilote se dégradait trop et s'il n'allait pas chercher de l'aide de lui-même.
« Je crois que tu es en effet légèrement parano. Pourquoi ce Prius ferait-il une chose pareille ? C'est en quelque sorte son médecin et son psy, en plus d'être son ami, d'après ce que j'ai compris. Ses recommandations m'ont l'air parfaitement légitimes. Lui as-tu parlé de tes craintes directement concernant ces tisanes ? Il est quand même le mieux placé pour te répondre. » lui fit-elle remarquer.
Pour venir d'une culture qui faisait beaucoup appel aux remèdes traditionnels basées sur des plantes, elle savait que celles-ci avaient une certaine efficacité sur des problèmes mineurs, mais qu'elles ne remplaçaient pas un vrai traitement suivi pour les pathologies plus importantes.
« Il y a peu de risques qu'une prise occasionnelle de tisanes crée une dépendance. Le pire qu'il puisse arriver, c'est que ce ne soit pas efficace. Les risques de réactions allergiques sont aussi à exclure puisque ton mari a déjà consommé ces tisanes. Un médecin consciencieux ne donnerait pas un produit avec un effet de dépendance sans pouvoir suivre son patient ou le confier à un confrère. Et honnêtement, je ne pense pas que ton prêtre lui donnerait sans aucune supervision médicale s'il y avait le moindre risque pour sa santé. Il a plutôt l'air préoccupé et soucieux de l'aider. »lui expliqua-t-elle.
Mais était-il vraiment un médecin au sens où ils l'entendaient sur Terre ? Probablement pas. Mais il s'en rapprochait et avait déjà traité Zander pour des problèmes similaires. Elle ne pouvait donc pas rejeter l'expertise du prêtre et la connaissance qu'il avait du passé médical de Zander simplement parce qu'il utilisait des méthodes qui ne correspondaient à leurs standards. Toutes les planètes n'étaient pas aussi évoluées technologiquement que la Terre et soignait les blessures et la maladie avec ce qu'ils avaient à disposition.
« Je ferai ces analyses, mais ça risque de prendre un peu de temps, étant donné qu'il y a plusieurs plantes impliquées et toutes d'origine inconnues. Il va d'abord falloir les identifier ainsi que leurs substances actives qu'il faudra ensuite en détail pour comprendre ce qu'elle fait et comment elle agit. Les botanistes et les pharmacologues vont être ravis et ils voudront certainement parler à ce Prius pour en savoir plus. »dit-elle.
Victime, victime, comme elle y allait… il s’était juste cassé une cheville. Pas non plus comme si elle lui avait tapé dessus. Elle les poussait, c’est certain mais ils devaient être au top pour partir en mission.
« - Tu sais qu’une fois qu’ils seront prêts, je compte entrainer le reste du personnel militaire également. Dans une moindre mesure évidemment mais il me semble normal que vous sachiez tous vous défendre efficacement. »
Et les civils viendraient ensuite mais chaque chose en son temps.
Le sujet passa vite sur Zander, pour lequel elle était venu.
« - Il voit le psy de la station, mais je ne sais évidemment pas ce qu’ils se racontent. Je sais que je suis parano et qu’il y a 95% de chance que Prius soit un type correct. Je l’aime bien pour être franche avec sa tendance à parler philosophie et faire de grande phrase. Mais je prends aucun risque avec la santé de Zander. Je sais, ça fait mère poule mais je peux pas m’en empêcher. Ca doit être codé dans mon ADN de marine." Elle écouta la suite et hocha la tete quand Mei énuméra les raisons pour lesquelles il était peu probable que ces plantes soient néfastes. Elle craint un moment qu’elle n’accède finalement pas à sa demande mais le médecin finit par accepter, à son grand soulagement.
« - C’est l’addiction que je crains le plus en fait. Son comportement était tellement différent hier quand il en a eu prit. Tu sais que j’ai pas mal usé de drogue dans le passé. Ce genre de différence de comportement me fait toujours un peu tiquer. J’en ai vu pas mal chez des recrues qui abusaient ou ne prenait pas les produit pour neutraliser le manque. »
Mei se rembrunit lorsqu'elle entendit l'intention de Nadja de s'occuper du reste du personnel militaire lorsqu'elle en aurait terminé avec ceux qui étaient directement sous sa responsabilité. Peut-être devrait-elle envisager de renforcer le personnel médical lorsque cela arriverait.
« Youpi. Je suis trop heureuse de l'apprendre et je saute de joie à cette perspective. J'ai vraiment trop hâte. » dit-elle sur un ton pince-sans-rire, tout en respirant la joie et la bonne humeur.
Comme si elle ne souffrait déjà pas assez pendant les séances de sport... Peut-être devrait-elle réfléchir à un moyen de se venger de tout ce que Nadja lui faisait endurer et allait lui faire endurer... Ou peut-être trouverait-elle un moyen de se défiler, mais elle en doutait. Elle verrait cela en temps voulu.
Elle sourit franchement à la remarque de la mère-poule.
« Si tu me permets, c'est mignon comme attitude. Qui l'aurait cru ? Finalement, tu y tiens vraiment à ton pilote. » la taquina-t-elle.
Elle reprit son sérieux quand elle lui expliqua pourquoi elle se faisait du mauvais sang pour Zander. Et c'était bien compréhensible.
Elle faisait en partie les analyses pour la rassurer, mais aussi parce que cela l'intéressait et faisant partir de leur travail de manière plus générale. Qui sait où ils pourraient trouver des solutions à certains maux qui les affligeaient ?
« Je comprends que cela te fasse te poser des questions. Mais je ne crois pas que tu aies de souci à te faire concernant les tisanes. En revanche, les sautes d'humeur, particulièrement l'irritabilité et les crises de colère sont aussi un symptôme de dépression. Ce sont souvent les proches qui en font les frais. Et ça, c'est un peu plus préoccupant. C'est à surveiller, surtout si cela venait à s'aggraver et à devenir plus fréquent. Tu t'inquiètes peut-être à juste titre, mais pas forcément pour les bonnes raisons. »
Elle sourit à son amie. Elle allait tout de même devoir dédramatiser un peu la situation et ce qu'elle venait de dire. Il n'y avait peut-être aucune raison particulière pour expliquer ce changement d'humeur soudain.
« Mais tu sais, il était peut-être tout simplement content d'être entouré de deux personnes à qui il tient et qui sont importantes pour lui avec qui il passait un bon moment. La plupart du temps, un changement d'humeur n'est rien d'autre qu'un simple changement d'humeur, sans raison particulière. Ça nous arrive à tous. »
Nadja éclata de rire en entendant son amie lui faire part de son enthousiasme pour ses futures sessions d’entrainement. Elle avait du mal à comprendre comment un militaire, même médecin, puisse ne pas plus s’entrainer. Au moins pour garder la forme.
« - Te plains pas. Toi tu as déjà commencé à reprendre la forme. Pour certain ça sera encore plus dur. Et après, on passera aux exercices en 0G. »
Elle souriait de toutes ses dents en annonçant cette nouvelle, sachant pertinemment comment le médecin allait le prendre. De son avis, tous le personnel, civil comme militaire, devait être capable d’effectuer ses tâches les plus basique sans gravité. Encore faudrait-il que le capitaine soit de son point de vue. Mei la taquina sur son lien avec Zander et elle rougit légèrement.
« - Oui, ça m’étonne aussi parfois. Nous avons trouvé un équilibre et… et oui je tiens à lui, plus que je ne l’aurai cru possible en fait au vu de nos différences à l’origine. Et puis… enfin voilà quoi ! »
Exprimer ses sentiments n’était toujours pas son fort mais son rouge aux joues en disait long, au final.
Elle écouta la suite et hocha légèrement la tête quand Mei évoqua la dépression. On était sans doute en plein dedans. Une dépression silencieuse dont personne n’avait soupçonné l’existence jusqu’à ce que le mariage commence à souffler sur les braises. Et il fallait la lui faire dépasser à présent.
« - Tu as peut-être raison. Sans doute en fait, et je préfère vraiment ça. J’espère vraiment que je m’en fait pour rien. On verra avec les analyse. Avec un peu de chance, ça aura juste rendu fou les biologistes du coin. Allez, je veux pas te déranger plus longtemps. Merci d’avoir écouté la parano de service. Mais crois pas une seconde que je serai plus gentille ce soir à la salle de gym. »
Mei regarda Nadja quelques secondes l'air incrédule lorsque celle-ci parla d'entraînement en 0G. L'entraînement physique passait encore et était un mal nécessaire. Elle pouvait aussi comprendre la nécessité d'entraînement au tir et au corps-à-corps. Elle ne brillait guère dans ce domaine et était d'être une élève modèle et assidue non plus. Elle faisait juste le minimum vital imposé. Mais de la 0G pour le reste des militaires, non, elle ne comprenait pas.
« Entraînement en 0G ? Mais pourquoi faire ? Je ne fais pas partie des troupes d'assaut, alors qu'est-ce que je pourrai bien faire en 0G, d'abord ? Certainement pas soigner quelqu'un, ça c'est sûr... »lui demanda-t-elle.
Ce fut à son tour de rire à la réaction du marine après sa taquinerie. Ah ça pas de doute, elle y tenait à son pilote. Ils formaient l'un des couples pour le moins inattendu et improbable du SDT, mais cela avait l'air de coller entre eux et elle était ravie pour son amie.
« Oui, oui, je vois ça. J'espère qu'il te le rend bien. »lui dit-elle avec un grand sourire.
Elle ne pouvait cependant s'empêcher de s'inquiéter un peu pour Zander. Si celui-ci souffrait vraiment d'une dépression dont il présentait de nombreux symptômes, il fallait qu'il consulte un médecin avant que son état n'empire trop. Elle ne pouvait en être certaine sans l'examiner, mais comme il n'était pas son patient, ce n'était pas de son ressort. En revanche, cela pouvait s'avérer difficile pour les proches et elle allait devoir garder un oeil sur Nadja au cas où elle viendrait à être affectée par celle-ci à la longue.
« Et continue à prendre soin de lui. Ça ne peut que l'aider, quelque soit son problème. »ajouta-t-elle.
Elle fit un petit sourire en voyant que son discours avait fait mouche, mais elle ne partage pas l'avis de son amie.
« J'aimerais me tromper personnellement. Si c'est vraiment une dépression, il va avoir besoin d'aide et le plus tôt sera le mieux. Et tu ne me déranges jamais. Enfin, presque jamais. Ma porte est toujours ouverte en cas de besoin, alors n'hésite pas si tu as d'autres questions ou s'il y a quoi que ce soit. »
Elle sourit plus largement à sa dernière remarque.
« Parce que tu l'as déjà été peut-être ? Et puis comment je pourrais râler si tu es trop gentille ? Ce serait mauvais pour ta réputation, ça. Et pour la mienne aussi d'ailleurs. » lança-t-elle en riant à moitié alors que Nadja sortait de son bureau.
Zander n'était pas forcément de bonne humeur sans pour autant être exécrable. Il faisait son travail et remplissait les différentes tâches qu'on lui confiait, mais sans grand enthousiasme par rapport à d'habitude. Travailler lui permettait d'éviter de trop penser et cela lui convenait parfaitement. Et comme le personnel avait depuis longtemps appris à jauger son humeur, ils le laissaient relativement en paix.
Il était aussi content de ne pas avoir de rendez-vous avec Bressignac aujourd'hui. Même si celui-ci voyait que quelque chose n'allait pas, il ne pouvait que chercher à savoir ce qui le mettait dans cet état, mais il ne pouvait pas le forcer à lui dire quoi. Aborder le sujet avec Nadja, et Prius, était déjà assez difficile comme ça et il ne voulait pas le faire avec quelqu'un d'autre. Il avait beau admettre que son ami avait raison sur ce point, il ne pouvait s'y résoudre.
À la fin de son service, il irait se dépenser en salle de sport, comme souvent dans ces cas, pour évacuer la frustration. C'était toujours plus sain et bénéfique que de se faire taper dessus. Il se prévoyait une bonne heure à travailler seul sur les différents appareils de la salle de sport du JPS avant de retourner sur Stella pratiquer ses katas, ce qu'il n'aimait pas faire sur la station. Il préférait plutôt le calme et la solitude de son vaisseau pour cela. Puis il pouvait aussi finir de se défouler sur les sacs installés à bord, si nécessaire, sans personne pour le regarder de travers.
Comme elle s’y était attendue, l’annonce de son intention de mener des exercices en apesanteur fit bondir le médecin.
« - Prend pas mal ce que je vais dire, s’il te plait. Depuis que je suis arrivée à ton époque, j’ai remarqué que vous avez tous beaucoup de mal à raisonner en terme spatial. Oui nous avons la gravité artificielle à bord. Mais comme toutes les technologies, elle peut tomber en panne. Si aucun d’entre vous n’êtes un minimum entrainé, que se passera-t-il ? Pas de soins d’urgences pour les blessés, pas de réparations, pas de protection... Je parle d’expérience tu sais, j’ai déjà vécu ça. C’est très moche dans un vaisseau de quatre cents membres d’équipage. Et tout le monde avait au moins eut un entrainement basique. »
Crier haut et fort son expérience n’était pas dans ses habitudes, mais elle avait aussi été prise pour ça, le capitaine ne le lui avait pas caché. Elle espérait qu’on l’écouterait quand elle ferait cette proposition même si ça ne la rendrait pas populaire.
Le sujet Zander la fit rougir de plus belle quand Mei lui demanda s’il lui rendait son affection. Il lui suffisait de songer au début de soirée d’hier pour être sur qu’il s’occupait très bien d’elle.
« - Merci de ton aide. On verra comment ça évolue. J’aimerai ne pas avoir à lui donner de toute façon… On peut toujours rêver. »
Elle sorti en riant, bien décidé à faire transpirer son amie ce soir. Elle n’en avait pas conscience mais sa remise en forme allait bon train et elle serait bientôt un très bon exemple de ce à quoi elle voulait arriver pour tous les membres de l’équipage.
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Elle rentra un peu tard ce soir-là et trouva le salon désert. Des bruits familiers émanaient cependant de la cale et elle descendit avec un petit sourire. Zander était occupé à taper dans le sac et elle ne put que se féliciter de ces progrès. En quelques semaines il avait fait de gros progrès et saurait se défendre en cas de pépins. Sans faire de bruit elle s’installa dans un coin et l’observa sans vergogne.
« - Oui je matte, fit-elle quand il s’aperçu de sa présence. J’ai toujours adoré regarder les beaux mecs transpirants dans l’effort. Et tu commences à bien te débrouiller. Ta garde est solide et tu places bien tes épaules pour appuyer les coups. Viens par la, beau gosse, il est temps que je te montre comment faire de vrais dégâts. »
Les minutes suivantes furent occupées par une démonstration de coup plus violents que d’habitude et surtout à viser des parties du corps spécifique pour incapacité un adversaire. Elle lui fit travailler les mouvements pour qu’il acquière les bases avant de mettre fin à la journée.
« - C’est moi qui invite ce soir. Dès que Prius sera rentré… et bien surprise. »
Pas peu fière d’elle, elle passa sous la douche et s’habilla d’un pantalon de cuir, de bottes et d’un pull moulant. Un blouson de cuir viendrait compléter le tout quand il se téléporterait à Colorado Springs.
Zander était en train de taper sur le sac quand il sentit un regard se poser sur lui. Il ne se laissa pas déconcentrer et termina sa série avant qu'un sourire ne commence à fleurir sur son visage et qu'il se retourne pour voir Nadja.
« J'ai cru remarquer que tu n'aimais pas que mater les beaux mecs... » fit-il avec un grand sourire en s'approchant.
Mais il resta sérieux et concentré, car ils étaient en mode entraînement et ce n'était pas vraiment le moment de batifoler, même si l'envie ne lui manquait pas. Il prenait un réel plaisir à ces séances et était content d'apprendre qu'il avait fait des progrès. au moins n'abvait-il plus l'impression d'être un bon à rien incapable d'apprendre. Restait à savoir comment il s'en sortirait en situation de combat réel, mais il n'était pas pressé de vérifier. Par contre, il était curieux de savoir comment il se débrouillerait contre d'autres adversaires que Nadja.
« Tu crois qu'il serait possible de mettre en pratique ce que tu m'apprends en affrontant d'autres personnes au cours d'un entraînement ? » lui demanda-t-il. Il pouvait participer à ceux du JPS, mais il préférait autant que possible que ce soit sous sa tutelle que sous celle d'un autre instructeur, vu qu'en fin de compte, c'est elle qui avait repris les choses en main, littéralement, dans ce domaine et qu'il avait plus confiance en elle que quiconque.
Il écouta ses instructions et observa ses démonstrations puis se mit à répéter les mouvements sous sa direction jusqu'à ce qu'elle soit satisfaite et mette un terme à la séance. Son annonce l'intrigua, mais il décida de patienter sagement jusqu'au moment venu.
« Dis-moi seulement que ta surprise n'implique pas que ce soit toi qui cuisines. Sinon, j'ai tout intérêt à vérifier qu'on a des plats de secours à bord. »dit-il en souriant.
Il la suivit dans la chambre et s'arrêta lorsqu'elle entra la salle de bain.
« Hum, tu n'aurais pas besoin que je te frotte le dos par hasard ? Et puis je dois aussi prendre une douche, alors bon… On pourrait faire d'une pierre deux coups, non ? » lança-t-il avec un grand sourire.
Finalement, il s'allongea sur le lit. Il était vidé, mais se sentait beaucoup mieux que ce matin. Les vertus curatives du sport… et de l'instructrice. Il se ne priva pas de l'observer quand elle sortit, un petit sourire idiot sur le visage, avant d'aller à son tour profiter de l'eau chaude. Il aurait volontiers traîné plus longtemps, mais il commençait à avoir sacrément faim et avait envie de savoir ce qu'avait mijoté Nadja.
Il s'habilla d'un pantalon et d'un t-shirt noir et se dit qu'il allait bientôt avoir besoin de se procurer d'autres vêtements. Puis il se rendit dans le salon.
********
Prius avait entendu Zander rentrer et avait décidé de le laisser tranquille lorsqu'il l'avait entendu partir s'entraîner dans la soute. Puis Nadja l'avait rejoint et là encore, il avait préféré laisser les deux tourtereaux vaquer à leurs occupations combatives.
Pendant un petit moment, il n'entendit plus rien, puis des voix s'élevèrent à nouveau dans le salon et cette fois, il sortit, car c'était de toute façon bientôt l'heure de manger. Il fut fort marri de ne point découvrir de repas prêt, mais peut-être qu'ils allaient aller sur la station.
« Bonsoir ! Alors, qu'est-ce que le chef de bord nous a préparé pour ce soir ? » demanda-t-il gaiement.
Dernière édition par Zander Hayes le Sam 14 Juil 2018 - 23:35, édité 1 fois
Les compliments firent mouche et le pilote souri d’autant plus. Qu’il veuille se tester était une phase assez normale et elle approuva de le tête.
« - Oui ça serait même une bonne idée en fait. Je vais voir si je peux organiser quelque chose sur l’Achille. J’ai eu quelques demandes d’entraînement récemment en ce sens. Je t’en reparlerai. »
Quand il évoqua ses talents culinaires hors normes, elle le regarda sévèrement avant de se détourner, faussement vexée.
« - Pss, tu ne sais pas apprécier les bonne choses... »
Une fois douchée, elle profita de son regard avec un frisson appréciateur. Cela faisait bien longtemps qu’on ne l’avait pas regardé comme ça et çà lui plaisait. Elle ne s’était jamais réellement considéré comme un canon de beauté entre sa taille et sa carrure impressionnante (sans parler de ses manières pas franchement gracieuse). Mais quand elle sentait son regard la caresser ainsi, elle se sentait belle et désirable.
« - Dépêche toi de te doucher, murmura-t-elle d’une voix un peu plus rauque que d’habitude, j’ai faim. »
Prius arriva à point nommé, sa jovialité habituelle plaquée sur le visage.
« - Bah c’était votre tour… s’amusa-t-elle. Vous comptiez nous nourrir de sermons et d’eau fraîche ? Allez, mettez quelque chose de chaud je vous emmène quelque part. »
Elle avait rempli les demandes d’autorisation dans l’après midi et ca avait été nettement plus facile que la dernière fois. A croire que depuis Noël, son statut avait fait des bonds. Un instant plus tard, ils étaient à Colorado Springs non loin d’une pizzeria d’où provenait une odeur exquise et de la musique.
« - La moitié de l’équipage de l’Achille viens ici régulièrement. Depuis le temps que j’entends parler de leur carte ! »
Il faisait nettement plus chaud à l’entrée et une jolie serveuse les guida vers une table avant de les laisser contempler la carte. Au fond de la salle deux guitaristes jouaient un morceau étrangement adapté qui la fit glousser.