Le retour du docteur Maison

"- Comment ca malade ? Vous vous moquez de moi, j’espère ?"

Son correspondant essaya bien de s'expliquer mais la conversation s'acheva brusquement lorsque Nadira raccrocha -son téléphone. Elle n'en avait rien à cirer que ce type (doté d'un physique avantageux ce qui avait largement facilité sa sélection) est attrapé la malaria parce qu’il était parti faire l'andouille – de l'humanitaire – quelque part en Malaisie. Il était censé venir lui donner un coup de main dans la gestion quotidienne de l'infirmerie, non d'un chien ! Et maintenant, voila qu'il devait repousser sa venue pour au moins trois semaines.

Avec quelques commentaires désobligeant et anatomiquement improbables, elle envoya le dossier à la corbeille et se radossa à son fauteuil. Si elle n'avait pas trop de boulot, elle se ferait bien téléporter sur terre ce midi pour aller piquer une tête dans la piscine et faire un peu la sieste au soleil. Elle vérifia donc son emplois du temps et constata qu'une visite médicale était prévue aujourd'hui. Normalement, c’était monsieur tablette de chocolat qui aurait du s'en charger mais mÔssieur était tombé malade.


Aynira Leyra… elle la connaissait un peu, principalement comme la compagne de Plume. Une extraterrestre, elle aussi. Elle récupéra le dossier médicale de sa future patiente et commença à lire, en agrandissant de plus les yeux. Soit son prédécesseur avait de l'humour, soit il y avait quelque chose de vraiment pas normal chez cette femme.

Le programme de la journée aujourd'hui... Rien du tout ! Oui oui, rien du tout. Aynira avait quartiers libres aujourd'hui. Pas d'entraînement, pas de mission... Juste une visite médicale. Quelques minutes à l'infirmerie avec juste une prise de sang, deux trois analyses pour dire qu'elle est apte à travailler. Juste l'affaire de quelques minutes en somme. Rien de très contraignant.

Elle avait prévue une petite journée avec Plume à base de cinéma avec la trilogie du Seigneur des Anneaux, vivement conseillée par le frère d'Aeryn qui semblait fan de cet univers. Elle se rendit donc d'un pas pressé vers l'infirmerie histoire d'en finir rapidement avec sa seul tâche obligatoire de la journée et avoir le reste de la journée tranquille.

Elle passa le pas de la porte et remarqua Nadira avachie sur son fauteuil comme si elle avait vue un OVNI sortir en ouvrant le dossier qu'elle venait de lire :

"Salut Doc'. J'ai une visite médicale avec votre collègue. Celui taillé en V et qui lorgne sur les basketteurs au gymnase. Il était sur Terre pour faire de l'humanitaire et il devait revenir aujourd'hui... Je dois être un poil en avance"

Bien sûr elle ignorait qu'il y avait eut des complications et qu'il ne reviendra pas avant trois semaines.

Perdue dans sa lecture, l’égyptienne n'entendit pas sa patiente arriver. Elle fit un bond sur sa chaise en s'entendant interpellée puis sourit en grinçant des dents.

"- Il ne sera pas la. Monsieur muscle est moins résistant qu'il n'y paraît apparemment. Il vous faudra vous contentez de moi, j'en ai peur."

Et puis elle préférait les femmes de toute façon, non ?

On frappa à la porte et elle reconnut son homologue de l'Achille. Elle n'avait jamais encore discuté avec lui mais il avait la réputation d’être bizarre. Il évoqua la raison de sa venue, ce qui fit lever un sourcil à la jeune femme.

*Et tu veux que je fasse tes courses pour toi peut-être? *

Elle allait lui indiquer ou trouver l'ordinateur pour passer commandes lorsqu'il se permit une remarque étrange et qu'elle même trouva déplacée.

- Il n'y a qu'une simple visite médicale de prévue aujourd'hui, répondit-elle d'une voix un peu plus glaciale qu'elle ne l'aurait voulue. Même si j'ai été surprise par les résultats de votre dernier bilan, mademoiselle Leyra. Si j'en crois les résultats indiqués, votre organisme fonctionne à un rythme… effréné.

Ce qui expliquait peut être les besoin en nourriture délirant qu'elle avait pu constater plusieurs fois. Mais elle avait un peu de mal à considérer la femme en face d'elle comme un mélange entre Wonder Woman et Albert Enstein.

Dans un dessin animé, le spectateur aurait sans doute bien ri en voyant la fumée s'échapper des oreilles de Nadira. Et dans un film de gangster, elle aurait sorti un pistolet avec un silencieux de sous sa veste et aurait criblé de balle son homologue dans un « plop plop plop » ridicule.

« - J'ignore quels arrangement vous aviez avec mon prédécesseur, Docteur Hawkins, mais je ne transmet généralement pas les données de mes patients. »

Elle posa ensuite la main sur le dossier et le regarda dans les yeux.

« - Et non, vous ne pouvez pas, pour la même raison. On a du vous en parlez à l'école de médecine. »

Dire qu'on lui avait reproché ces mauvaises manières, pendant son internat. Comme quoi, si on trouve toujours meilleur que soit dans tous les domaines, on peut aussi trouver pire.

« - Maintenant si vous avez une commande à passer, l'ordinateur est par la. Vous m'excuserez, j'ai du travail.»

Elle se tourna vers la narisienne avec un sourire un peu forcé, sans plus se préoccuper du grossier personnage.

- Navré pour ça. J'ai bien accès au résultat, mais j'ai un peu de mal à croire ce que je vois. Çà vous gêne d'en parler ?

Tout en parlant, elle branchait divers appareils de mesures sur sa patiente, afin de ne pas la retenir plus que de raison.

Hawkins continuait à parler mais Nadira ne l'écoutait même plus. Ces jérémiades ne l'intéressaient pas, pas plus que ces approximations sur la confidentialité couvrant une curiosité mal placée. Leyva lui proposa de lui transmettre des données ce qui fit légèrement soupirer l’égyptienne. Mais cela ne la regardait pas après tout. Elle pouvait faire des recommandations et dicter ses conditions ici, mais ce que faisait le personnel de la station ensuite n'était pas de son ressort. Les mots thérapie génique par contre allumèrent une lumière dans on esprit.

« - Vous modifiez l'ADN in utéro ? Par vecteur viraux ? Chimique ? Ah si vous me lancez sur ce sujet, nous allons en avoir pour la journée. »

Et si elle pouvait en même temps lui expliquer comment faire avaler à la société le bien fondée de ce genre de pratique… Vouloir absolument garder les gênes responsables de certaines maladies était criminel à ces eux.

La voix du médecin, derrière elle, se refit entendre, alors qu'elle surveillait les données enregistré par ses électrodes, et la fit se retourner, maintenant réellement furieuse.

« - Non, il n'y a pas d'erreur ici ! Si vous n’êtes pas capable de faire des commandes correctes, ne comptez pas sur moi pour réparer vos bévues. Maintenant sortez d'ici avant que je ne vous fasse réellement expulser. »

En bonne diplomate, Leyva tenta de trouver un compromis au conflit entre les deux médecins. Celui-ci forçait un peu trop la décision de l’égyptienne, l’obligeant à accepter si elle ne voulait pas avoir clairement le mauvais rôle, mais au moins désamorçait-il le conflit.

Elle allait accepter lorsque son « collègue » fit une remarque d’une naïveté désarmante. Oui elle était en colère et la raison en était évidente.

« - Je vous suggère d’essayer d’analyser le facteur commun de toutes ces colères autour de vous. Vous devriez trouver sans trop de peine, » lâcha-t-elle d’un ton acide.

La suite n’aurait même pas dû la surprendre tellement elle semblait typique de cet olibrius égocentrique. Il lui rappelait un personnage de série télé. Un scientifique tellement imbu de lui-même qu’il rend la vie de ses colocataires impossible. Elle avait trouvé ça drôle un temps puis s’était lassée des facéties tyranniques du personnage.

Elle choisit donc de ne pas répondre aux accusations de Charlot et se concentra sur ce qu’elle voyait et comprenait des modifications corporelles de la jeune femme face à elle.

« - Mais ses gènes modifiés devraient se transmettre à vos enfants ? A moins de conserver quelque part votre patrimoine génétique originel, évidemment. »

Ce qui, d’un point de vue social était là aussi très intéressant.

Charlie ne semblait pas connaître les raisons de la colère de la médecin. Il faut dire que ses ressentie au niveau relationnel était complètement différent de part son autisme. Nadira ne semblait pas être au courant de la pathologie de son collègue et considérée donc sa manière d'être comme celle d'une personne volontairement odieuse et imbue de sa personne.

Le neurologue approuva l'idée de la Narisienne de participer aux examens, mais il avait deviner que sa présence dérangerait trop sa collègue pour se le permettre et lui proposa plutôt de faire un tour sur l'Achilles quand elle pouvait le faire :

"Je pourrai passer oui. Si le vaisseau reste à quai assez longtemps. Il faut dire qu'on vous croise rarement dans le coin"

De son côté Nadira en rajouta une couche sur le comportement de Charile alors que la Narisienne tenta de lui faire comprendre que ce n'était pas sa faute s'il était ainsi, mais elle semblait ne pas comprendre.

Elle préféra plutôt se concentrer sur la thérapie génique, demandant si les modifications étaient héréditaire ou s'il existait des moyens de préserver un ADN "intact" en vue de la reproduction :

"Nos organes reproducteurs ne sont pas modifiés. Ainsi nos modifications ne sont pas héréditaires. Principalement dans un but de prévention médicale d'une part étant donnée qu'un ADN altéré peut se comporter de manière imprévisible s'il se mélange avec un autre sain ou encore avec un autre ADN modifié et d'autre part parce que certaines personnes ont des gènes tellement altérés qu'ils en deviendraient stériles s'ils étaient transmissible. Ces modifications sont sensées nous aider, pas nous nuire d'une quelconque manière."

Elle réfléchit et parla à son tour :

"En parlant de ça, j'ai vu que les Terriens semblaient très... frileux quand à la modification génétique et d'autres sujets. Je n'arrive pas vraiment à comprendre pourquoi. Certes il y a des risques, mais ils sont négligeables quand tout est correctement supervisé et sécurisé. D'un autre côté ils n'hésitent pas par exemple à épandre en quantité des produits chimique dans les sols tout en ayant des preuves scientifique de la dangerosité de ces derniers sur le plan médicale et phytosanitaire. C'est assez contradictoire. D'un côté les Terriens refusent des choses sous risque de dangers potentiels et de l'autre ils acceptent sans sourciller d'autres choses parce que ça rapporte de l'argent malgré le fait d'avoir assez de preuves sur la dangerosité de leurs produits pour couler un bateau. C'est bizarre"

Dernière édition par Aynira Leyva le Mar 9 Fév 2016 - 16:10, édité 1 fois

Nadira regarda le médecin sortir et ne se détendit vraiment que lorsque la porte se referma… sans se rouvrir derrière.

"- Navrée que vous ayez du assister à cela, s'excusa-t-elle à nouveau."

Elle savait que son tempérament explosif lui jouait parfois des tours, mais n'aimait pas particulièrement exploser ainsi en public. Elle ne pouvait que deviner la réputation qu'elle avait auprès du personnel et cette scène n'allait sans doute rien arranger.

"- Je suppose, reprit-elle ensuite, que vous avez néanmoins rendue certaines défenses immunitaires héréditaires. Il y a d'autres traits qui entrent dans cette catégories ?"

Si seulement certains de ces concitoyens terriens voulaient bien envisager de tels traitements. La médecine feraient alors des bond en avant fantastique. L'extra-terrestre abonda sans le vouloir dans ce sens en faisant quelques remarques pertinentes, bien que naïves aux yeux d'un humain. Il lui restait beaucoup à apprendre sur eux si elle voulait espérer les comprendre.

Enfin comme si quelqu'un en était réellement capable.

« - Votre postulat de départ est faux, en fait. Les terriens ne sont pas logiques. Ils prêchent certains codes de conduites, certaines déontologies, mais ne les appliques généralement pas. Les scientifiques doivent se comportement de façon éthiques la plupart du temps, mais les sociétés qui exploitent leurs découvertes ne le font généralement pas. Posé comme ça, ça à l'air désespérant… sans doute parce que ça l'est. »

Sous le ton badin, il n'était pas très difficile de sentir l'amertume de la jeune femme.

Bidouiller la génétique, c'est marrant. La phrase était tellement… hors de propos qu'elle fit éclater de rire Nadira. Sur terre, dans certains milieux, ça aurait valu à la narisienne d’être brûlée en place publique.


- Guérir la myopie… bonne idée ça. Ça vous dit de monter une affaire ? Nous ferions très vite fortune avec les millions de client potentiel. Évidemment, la Ligue des Opticien Violent Enervé voudra notre peau, mais on a rien sans rien.

Elle se promit d'aller jeter un œil à cette fameuse base de données Assgarde dont elle avait plusieurs fois entendu parler. Elle devait contenir des secret médicaux fascinants.

Mais la conversation se poursuivait sur le chapitre de l’étique et la philosophie, ce qui n’était pas pour lui déplaire.

- Désespérant par le manque de vision à long terme. Les scientifiques n'ont pas les moyens de faire des recherches fondamentales par manque de moyens et les entreprises sont bien plus intéressé par les résultats, et les bénéfices, à court termes. Du coup, nous avançons a cloche pied, une main dans le dos. Et la moitié des découvertes sont enterré de peur qu'elles ne « gène » certains domaines très rentables.

Elle se rendait parfaitement compte que la jeune femme la testait mais le jeu en valait la chandelle si elle en apprenait un peu plus sur une société avancée.


- Et chez vous ? Comment cela se passe-t-il ? Comment êtes vous gouvernés ? 

Nadira n’avait jamais été une grande spécialiste de politique ou de sociologie. Mais l’utopie que lui décrivait Aynira était un peu trop belle et parfaite pour être vrai. Etait-elle en train de la baratiner ? Possible mais dans quel but ? Ou alors elle était incapable de voir les mauvais côté de sa société. Avec toutes les bidouilles génétiques qu’avait subi son corps, y inscrire une fidélité à la patrie n’était pas impossible. Le rêve de tout dictateur.
A moins qu’elle dise simplement la vérité, mais alors que faisait-elle-la ? Si vous vous vivez au paradis, pourquoi en partir ?

Persuadé qu’il y avait quelque chose de pas net dans l’histoire de la narisienne, elle continua néanmoins ces analyses tout en continuant la discussion.

« - Vous possédez d’autres monde ? C’est une fédération de planète que vous me décrivez ? »

Elle déplaça quelques électrodes pour stimuler les muscles de la jeune femme. Les résultats étaient impressionnants. Avec ces capacités, Aynira devait être capable de balayer la moitié des soldats de la station d’un revers de la main. Elle lui demanda alors la raison de ces analyses et Nadira sourit.

« - Si j’arrivais à reproduire ne serait-ce que 20% de vos améliorations, nos soldats arrêteraient peut être de mourir comme des mouches. »

Et puis encoder génétiquement des directives était décidément une bonne idée.