Split

" Si j'bois une goutte de plus, j'suis bon pour le coma." marmonna t-il en mâchant ses mots.
Ce n'était vraiment pas le moment d'aborder cette histoire de réalité virtuelle alternative avec autant d'alcool dans le sang. Ca allait forcément faire remonter des choses et Noa n'en avait nullement envie. Comment lui dire que dans sa version des faits, elle n'était pas Tokra, que Peter était en vie et qu'ils venaient d'avoir un bébé ? Il savait que cette histoire la blesserait, la mettant devant l'évidence d'une vie à présent impossible. Il n'était pas assez saoul pour faire l'erreur de la blesser.
" Je vou..." commença Noa, mais Nadira le tira tout à coup par le bras.
Une seconde plus tard, Noa se retrouvait dans une ruelle sombre, une main plaquée sur sa bouche et Nadira tout contre lui. Ses yeux s'arrondirent de surprise et pendant une seconde il cru honnêtement que Nadira allait l'embrasser là dans cette ruelle. Mais son amie lui révéla rapidement qu'il n'en était rien, et que la raison en était tout autre.
Ils étaient suivis.

" Depuis longtemps ? " murmura Noa.
Il sentit l'adrénaline pulser dans ses veines et éloigner pour un temps une infirme partie de son état d'ébriété. Noa tenta de regarder dans la rue et il vit une ombre passer et qui ralentit en tournant un peu sur elle-même. Apparemment le type, car c'était forcément un type, cherchait quelque chose.
Si vraiment ce type les suivaient, il y avait deux possibilité. Il pouvait les avoir suivit pour les détrousser, donc sans lien avec leur travail sensible. Noa préférait largement cette idée. Ou il pouvait les avoir suivi à cause justement de leur travail sensible. Cette seconde option était beaucoup plus terrifiante car elle signifiait qu'il savait qui ils étaient et où ils habitaient.
" A ton avis, un mec qui veut nos portefeuilles ou un mec du RESO ?" murmura Noa.

Il était vraiment complètement parti, constata Nadira. Dire qu’elle ne pouvait plus être saoule, c’était presque rageant. Au début de sa relation avec Xinan, elle avait également testé d’autre substance, plus forte, mais la aussi cela n’avait plus guère d’effet sur elle.

La Nadira d’il y a quelques années aurait largement protesté… Mais il faut croire qu’elle avait gagné en sagesse avec le temps. Dire qu’elle aurait bientôt trente et un an. Et qu’elle en avait trois cent de plus devant elle. La symbiose avait du bon.

Sa rêverie s’interrompit avec l’adrénaline de la poursuite.

« - Depuis notre sortie du bar je pense, mais je n’en suis pas tout a fait sure. »

Elle regarda passer la silhouette sombre. Leur poursuivant tenait quelque chose à la main, une arme peut être mais elle ne pouvait pas en etre sure a cette distance, et les cherchait très clairement.

« - On t’a pas agressé depuis combien de temps ? Avec ta carrure il faudrait être suicidaire pour tenter de te piquer un truc. Donc je dirai RESO, oui.»

Ca ne lui était pas arrivé souvent non plus en fait et le prochain qui s’y risquerait recevrait une voiture en travers de la figure.

« - On la joue comment ? »

L’instinct de Xinan la poussait à l’action mais le poste de Noa lui donnait sans doute une meilleure connaissance des protocoles à appliquer.

Selon Nadira, le type les suivaient depuis leur sortie du bar.
Noa fit une moue.
" J'avoue que ça ne m'est pas arrivé depuis ma vingtaine. Ça doit être la barbe qui leur fait peur !" plaisanta à moitié Noa dans un murmure.
Le jeune homme réfléchit un instant, aussi intensément que son état d'ébriété avancé pouvait lui permettre. Il plissa les yeux et se passa une main sur le visage pour essayer de chasser les effets de l'alcool, mais c'était peine perdue. L'adrénaline lui avait fait rassembler bien ses esprits, mais il se sentait toujours flotter sur la barque de l'ivresse. Et en ce moment cette barque tanguait pas mal... elle était d'ailleurs sur le point de chavirer. Le jeune homme ferma les yeux pour refréner la nausée qui le gagnait. IL fallait qu'il se concentre sur la situation.
Le type qui les suivaient. Le RESO. Colorado Spring. S'ils les avaient suivis jusqu'ici c'est qu'il connaissait déjà leur identité, alors à quoi bon ?

" Suivons-le d'assez loin. Voir ce qu'il fait. S'il rejoint quelqu'un ou une voiture immatriculée,... Regarde !" Noa tendit le bras pour lui montrer une tache de lumière créée par les réverbères au milieu de la rue. " Il va passer sous la lumière, on va pouvoir voir son visage."
Enfin... quand il disait "on" il parlait surtout de Nadira. Lui, voyait flou et de manière un peu déformé.

Malgré la situation, et surement à cause de l'alcool, il ne pouvait s'empêcher de trouver la situation excitante. Il avait l'impression de jouer les agents secrets.

Presque à regret, Nadira quitta la ruelle et la proximité de Noa pour filer leur ancien poursuivant. Elle se retint à grand peine de pouffer à sa réponse. Ça n’était vraiment pas le moment. Mais elle aussi était nerveuse. Ce genre d’action n’était pas vraiment son style et sans l’expérience de Xinan, elle aurait sans doute passé son tour.
Monsieur X les cherchait, c’était évident. Il regardait à droite, à gauche, derrière même une fois ou deux, ce qui les obligea à se dissimuler précipitamment à l’abris d’une voiture.

« - Ca va finir par m’agacer, commenta Nadira. Nos maisons sont à deux rues d’ici. Je ne sais pas toi, mais je n’ai aucune envie de voir ce gars dans le quartier. T’arrive à voir ce qu’il tient ? »

La chance allait leur donner la possibilité d’en savoir plus.  Leur mystérieux visiteur, commit l’erreur de passer dans le halo de lumière d’un lampadaire. Son visage leur était connu. C'était son mystérieux admirateur du bar. De plus, Nadira put identifier l’arme qu’il tenait en main.

« - Un appareil photo ? C’est quoi ce type ? »

En tout cas, il continuait à se rapprocher du quartier et ça plaisait de moins en moins au médecin.

« - On l’intercepte ? Ou tu veux demander à quelqu’un de le faire ? »

Il y avait des gardes en factions non loin de là. Ils n’interceptaient normalement pas les civils en promenade, sauf si on le leur demandait expressément.

Noa ne pu s'empêcher de réprimer un sourire espiègle lorsque Nadira et lui se cachèrent derrière une voiture, filant à leur tour l'individu. Il avait l'impression d'être aussi fort qu'un James Bond ou un Jason Bouré..euh.. Bourne. L'adrénaline lui faisait battre le cœur un peu plus vite et il aurait volontiers éclaté de rire si la situation n'était pas à moitié préoccupante. Nadira le rappela d'ailleurs à la réalité en lui faisant part de ses craintes. Le type s'approchait de leur quartier. Si il allait dans cette direction alors qu'il avait perdu leur trace c'est qu'il savait définitivement où ils habitaient. Noa hocha négativement la tête lorsque Nadira lui demanda s'il voyait l'arme qu'il portait. Mais rapidement le halo du lampadaire leur donna cette information.
Nadira s'étonna de découvrir un de ses admirateurs du bar armé d'un appareil photo, mais pour Noa, cela ne faisait aucun doute.
" Un pervers !" s'écria t-il.
Un pervers qui avait suivit Nadira et qui voulait la photographier par sa fenêtre quand elle serait en petite tenue. Un pervers qui attendait qu'elle soit seule pour se jeter sur elle dans une ruelle sombre. Le sang de Noa ne fit qu'un tour alors que la colère, appuyée par l'alcool, pulsa dans tout son corps.
Le néo-zélandais n'entendit pas la dernière question de son amie car il s'était précipité à découvert et courait à toutes jambes vers le type.
Il poussa un cri rauque et se jeta en avant pour projeter tout son corps contre celui du voyeur. Il effectua un plaquage digne des All Black ( et qui aurait mérité une standing ovation de la part de Sarah) et atterrit dans un pareterre de fleurs deux mètres plus loin, le voyeur coincé sous lui. Noa bloqua le type en resserrant sa prise en califourchon sur lui et plaqua ses deux mains sur ses épaules pour l'empêcher de relever la tête.
" Sale pervers !!! Voyeur ! T'as pas honte, petite merde ?! Tu la voulais pour toi c'est ça ?!!! Bah tu l'auras pas ! Ahhha !" criait Noa.

Mais… mais…

Nadira hésita un moment entre le rire et la colère. Mais qu’est ce qui lui prenait ?

* Il est rond comme une queue de pelle, voila ce qui lui prend !*

Le soucis c’est que s’ils s’étaient trompé, Noa venait d’agresser un pauvre passant, dans leur quartier et de massacrer l’étal de fleur du docteur Hawkins. Il allait en faire toute une histoire ! Dans sa tête, Xinan hurlait quasiment de rire et applaudissait au mouvement de footballer du Néo-Zellandais. Comme si c’était le moment.

« - Noa, arrête ! Mais arrête, non d’un chien, tu vas le tuer. »

Elle se rapprocha de son ami et le força à s’écarter. C’est qu’il était fort le bougre, et l’alcool n’aidait pas. Nadira aida l’inconnu à se redresser pour qu’il reprenne son souffle et récupéra dans le meme temps son portefeuille qui était tombé dans sa chute. A l’intérieur, un permis de conduire, quelque petites coupures mais surtout une carte de presse qui lui fit grincer des dents.

« - Monsieur Robert Hardier, c’est bien ca ?
- Tout le monde m’appelle Bob. Et vous, vous êtes le docteur Garett, pas vrai ? »

Comment pouvait-il la connaître ? Et que lui voulait-il ?

Elle recula d’un pas et faillit écraser l’appareil photo. Curieuse, elle le récupéra et afficha les cliché qu’il avait réalisé. C’était elle. Encore et encore. Ici au château, dans sa voiture, au bar ce soir… La colère monta en elle d’un coup. En un instant elle fut sur le journaliste, l’arracha du sol et le plaqua au mur de la maison.

« - Qu’est ce que tu me veux ? Qu’est ce que tu me veux ?
- Vous parlez de Las Vegas, docteur. Vous vous souvenez ? »

Prise par surprise, elle lâcha le journaliste alors que de vieux souvenirs lui revenait en mémoire. Tout ça allait très mal finir.

Noa sentit Nadira le tirer en arrière tout en lui sommant d'arrêter. Il finit par se laisser écarter du type. Il s'éloigna de quelques pas en soufflant comme un buffle pour essayer de se calmer. Le néo-zélandais passa une main sur sa nuque et shoota dans une motte de terre. Il avait l'impression de reprendre petit à petit ses esprits à mesure qu'un mal de crane lui tiraillait les tempes. Nadira récupéra le portefeuille du type et lu son nom. Merde, un journaliste. Noa sentit un frisson lui parcourir l'échine. Il venait de s'en prendre à un journaliste. Ce dernier s'adressa à l'égyptienne directement en la nommant. Noa qui avait tourné le regard et qui était à deux pas derrière Nadira redressa vivement la tête. S'il savait déjà son nom, il devait la suivre depuis un moment. Le jeune homme sentit une vive inquiétude l'envahir mais ce n'est que lorsqu'il regarda par dessus l'épaule de son amie les photos qu'avaient pris le type, qu'il comprit vraiment l'ampleur de la situation. Que savait-il exactement ? Connaissait-il l'existence du SDT ? Du JPS ? Savait-il que Nad avait un symbiote Tokra en elle ?
Alors que les questions fusaient dans l'esprit du chef de la sécurité qui se demandait déjà comment régler le problème, Nad fonça à son tour sur le type. Avec une force insoupçonnée pour un brin de femme comme elle (mais tout à fait logique quand on prenait en compte Xinan), elle souleva le journaliste de terre et le plaqua contre le mur.

- Arrête Nad, tenta Noa en s'approchant d'un pas.
Cette fois c'était lui qui temporisait la situation. Ils avaient déjà beaucoup trop dérapé.
Mais la réponse du journalise à Nad déstabilisa tellement cette dernière qu'elle le relacha. Il avait parlé de Vegas. Las Vegas. Noa fouilla dans sa mémoire. Non, ils n'avaient jamais eu de mission quelconque là-bas, mais il se rappela avoir entendu Nad évoqué un Week-end à Vegas. C'était il y a des lustres.
Que s'était-il passé là-bas ?


Noa considéra son amie quelques instants. Puis se tourna vers le journaliste. et lui tendit la main.

" Noa Pakeha. Je voudrais m'excuser pour … ce qu'il s'est passé tout à l'heure… Il faut dire que vous nous suiviez depuis un moment. Il y a déjà eu une agression ici il y a quelques temps…"
*Mytho*
"… et je pensais avoir à faire à la même personne. Vous comprenez que je ne veuille pas qu'il arrive malheur à mon amie ici présente. "
*C'est ça joue les héros misogyne pendant qu'on y est *
" Si vous vous étiez présenté comme il se doit comme étant journalise dès que vous nous avez vu au bar, je suis sûr qu'on aurait pu éviter ce malentendu."

Noa regarda Nad puis de nouveau le journaliste.
" Quoi qu'il en soit, je crois que ce n'est ni l'heure, ni le moment pour parler de quoi que ce soit. Nous sommes tous épuisés et passablement enivrés."

Le jeune homme sortit son téléphone et composa un numéro.
" Je peux vous appeler un taxi. Où logez-vous Monsieur Hardier ?"

Vegas… C’était... il y a une éternité. Elle y avait emmené la quasi totalité de l’équipe médicale pour un week-end. Les débordements évident qui s’y étaient déroulés auraient du tous y rester. Ce qui se passe à Vegas reste à Vegas dit le proverbe.

Comme les autres, elle avait joué, dansé, flirté. Et il y avait eut ce grand brun ténébreux, rencontré au bar. Il l’avait complimenté sur une chansonnette qu’elle avait poussé un peu plus tôt. Ils avaient parlé musique, et avait fini en duo sur « All along the watchtower », puis Sinnerman et d’autres classiques. Il s’accompagnait au piano superbement et sa voix était tout en velours chaud.

Difficile de ne pas fondre.

Il s’appelait Tom (elle avait cru à un faux nom à l’époque, et s’en moquait). Ils avaient chanté la moitié de la nuit et fait bien d’autre choses l’autre moitié. En quittant la chambre le lendemain matin, elle ne pensait pas qu’elle le recontacterai. Mais elle l’avait fait, deux fois. Il s’étaient retrouvés, discrètement, à Los Angeles. Elle avait fini par comprendre qu’il était acteur, dans une série télévisée à succès dont elle ignorait l’existence, ou il jouait le rôle du diable… rien que ca.

Qui sait si leur aventure aurait pu se transformer en autre chose. Quelque jours plus tard, le vaisseau de Nadira s’écrasait sur une superstructure extraterrestre et elle mourrait officiellement.

Elle revint à la réalité alors que Noa tentait de sauver ce qu’il pouvait de la situation.

« - Monsieur… Pakeha, répondit le journaliste en reprenant rapidement contenance, je me serai bien présenté comme journaliste mais votre amie ici présente est des plus discrete. Savez vous qu’elle est officiellement morte ?  Docteur Garett un commentaire ?
- Que quelqu’un me donne un Zat, gémit l’égyptienne entre ses dents.»

Noa serra des dents à la réponse de la journaliste. Bien entendu, Nadira était officiellement morte. Quelle idée stupide. Les ennuis ne faisaient que commencer. Il fallait qu'il sache ce qu'il s'était passé à Vegas, il fallait qu'il ai toutes les cartes en mains pour pouvoir trouver une parade. Le néo-zélandais rélféchit aussi vite que son alcoolémie avançé le lui permettait. Il revint sur sa décision de faire partir le journaliste. Il avait l'air de savoir beaucoup trop de choses, le repousser pouvait être dangereux. Il fallait prendre le problème à contre-sens, ne pas le lâcher, savoir ce qu'il voulait réellement et ce que toute cette histoire cachait.

" Très bien. " dit-il avec une mine sombre. " Je crois que nous serons mieux à même de discuter à l'intérieur. Est-ce que je peux vous offrir un verre ?" demanda Noa sur un ton poli mais assez grave pour que le journaliste y voit des révélations à venir.


Noa guida le journaliste et Nadira vers sa maison à quelques mètres de là. Il entra et guida le journaliste directement au salon alors que Nadira restait en arrière.
" Entrez je vous en prie. Qu'est ce que ce je peux vous offrir à boire ?" demanda Noa en sortant plusieurs bouteilles en vitesse. Il servit un verre qu'il tendit à l'homme qui inspectait les lieux comme s'il espérait y trouver quelque secret caché.

" Si vous voulez bien m'excuser une seconde" dit le jeune homme avant de s'éclipser dans l'entrée où Nadira était toujours. D'un mouvement rapide, il ouvrit la porte de sa chambre et tira son amie à l'intérieur. Il repoussa la porte, mais sans la fermer, pour avoir toujours un œil vers le salon où le journaliste sirotait son verre.

" Bon, tu m'expliques là ?" murmura t-il dans un souffle en se penchant vers Nadira " Qu'est ce qu'il s'est passé à Vegas ? Fais la courte."

Noa prit finalement la mesure de la gravite de la situation. Il semblait avoir bien dessaoulé à présent, en tout cas assez pour les inviter tous chez lui et faire patienter le journaliste avec un verre. Celui-ci ne se fit d’ailleurs pas prier et accepta un verre de bourbon qui aurait assommé un cheval. Ce qui au demeurant était une tactique tout af ait acceptable pour Nadira.

Quand il vint lui demander ce qu’il s’était passé, elle soupira. Si quelqu’un sur la station connaissait ses tendances hédonistes, c’était bien Noa. Il n’empêche qu’elle n’avait pas particulièrement l’habitude de s’étendre sur le sujet.

« - Il s’est passé ce qu’il se passe à Vegas habituellement. On picole, on chante, on danse et plus si affinité. Le soucis, c’est que ce gars était connu. J’en avais pas la moindre idée à l’époque, j’ai pas le temps de regarder la télévision et encore moins des bêtises. En fait je l’ai comprit quand on s’est revu, la seconde fois, à LA. Mais à l’époque, c’était pas vraiment gênant, enfin pas trop. Et non, je l’ai pas revue depuis. »

Le choc passé, elle bouillonnait intérieurement. Elle avait tout fait pour rester officiellement morte depuis son retour et voila que cet imbécile menaçait de tout gâcher pour gagner quelques centaines de dollars et avoir son quart d’heure de gloire.

« - Tu as une idée pour l’empêcher de dévoiler tout ca ? Parce que mes solutions risque d’être… définitive. »

Et elle ne plaisantait même pas.

Noa se pinça les lèvres et croisa les bras sur son torse. Ainsi Nadira avait eu une liaison avec un comédien connu. Il hocha la tête comme pour accepter cette information. La jeune femme était bien libre de fréquenter qui elle voulait sans qu'un foutu journaliste vienne y fourrer son nez. Mais voilà, le type qui voulait juste fouiller dans les poubelles d'une star du petit écran en quête de ragots douteux était tombé sur un bien gros poisson. S'il découvrait que Nadira avait été déclaré morte à la suite d'un accident de vaisseau contre une superstructure alienne et qu'elle avait été sauvé par l'implantation d'un symbiote alien qui partage à présent son corps,.... il ne serait pas déçu.
" C'était il y a combien de temps ? Deux ans ? Pourquoi maintenant ? Ce type est devenu plus célèbre ? Il est sur le point de se marier et monsieur le super-journaliste cherche un beau scandale pour faire la une ?" réfléchit-il à voix haute, en quête de réponses.

Noa fronça les sourcils d'un air dur lorsque Nadira évoqua une de ses solutions,... radicale.
" Nad… " dit-il en secouant la tête. "Laisse moi m'en charger, ok ?"
Sur ce, il prit son ordinateur portable qui trainait sur sa table basse, ouvrit la porte de la chambre et sortit pour retrouver le journaliste dans son salon. Ce dernier était en train de regarder une photo d'Emy et Ted juste à côté de celle de Noa et Sarah.

" Monsieur Hardier, asseyez-vous je vous en prie", dit Noa en désignant le canapé, son ordinateur sous le bras.
Le jeune homme s'assit en face et fit signe à Nad de s'asseoir à côté de lui. Il posa son ordinateur sur la table basse et s'enfonça dans le canapé en croisant les jambes.

" Maintenant, dites moi Monsieur Hardier. Cette histoire date de deux ans, alors pourquoi ? Pourquoi maintenant ?" demanda t-il
Il voulait attendre d'en savoir plus. Est-ce que que ce type avait découvert que Nad travaillait pour un programme secret de l'ONU visant à défendre la Terre contre les attaques extra-terrestres ?

« - Un peu plus de deux ans, oui. Pourquoi maintenant, j’en sais rien. IL est un peu plus connu oui. Si j’ai bien compris, sa série a faillit s’arrêter et sa à fait du barouf… et il était déjà marié à l’époque. »

Enfin en cours de divorce pour être précis mais ça avait été une bonne raison de rester discret, ce qui convenait parfaitement au médecin.

Il lui demanda de le laisser gérer la situation et elle accepta du bout des lèvres. C’était son boulot après tout et elle pourrait toujours lui inoculer discrètement le choléra plus tard.
Le journaliste avait déjà vidé la moitié de son verre quand ils revinrent dans le salon. Voir ce fouille merde observer les photos de famille de son amie mit Nadira encore plus en boule. Elle se contrôla à grand peine et s’installa sur le divan à côté de son hôte qui entra immédiatement dans le vif du sujet.

« - Parce que le bon docteur est quelqu’un de difficile à trouver. Je m’étais intéressé à elle à l’époque mais l’annonce de son décès avait mis un coup d’arrêt à mes recherches. Mais quelle ne fut pas ma surprise lorsque la semaine dernière un de mes contacts ici m’a contacté pour me dire qu’elle se produisait dans un certain bar régulièrement. Alors j’ai décidé d’en avoir le cœur net… et voilà. »

Plutôt fier de lui, il avait prononcé les derniers mots en français approximatif avec un grand sourire de requin.

Noa sourit en réponse à celui du journaliste. Le jeune homme laissa un long silence s'installer, puis il se pencha légèrement en avant en posant ses deux coudes sur ses cuisses.

" Et que dira votre article ? Qu'un mec célèbre a eu une liaison avec un docteur lambda il y a deux ans ? Je doute que ni votre rédacteur, ni vos lecteurs ne soit intéressés par ce faux scoop plus que dépassé."
Noa se redressa ensuite et croisa les jambes.

" Après, si vous voulez évoquer la mort officielle du Docteur Nadira Garett, je ne pense pas qu'il soit malin de vous mettre en travers du programme de protection des témoins et de ce fait mettre en danger la vie du Docteur Garett ainsi que la bonne résolution d'une enquête fédérale. Entrave à la justice, mise en danger de la vie d'autrui, … vous voyez le tableau ?" répondit Noa sur un ton calme, sans provocation.

Malgré l'alcool qui coulait encore dans ses veines, il espérait dégager une confiance en soi suffisante pour paraitre crédible. Noa croisa les doigts pour que son amie à ses côtés joue le jeu. Avec un peu de chance, cet angle d'attaque aurait raison du journaliste.

« - Un médecin lambda ? Vous plaisantez. Une ancienne chercheuse du CDC qui est engagé par l’ONU sur un projet ultra secret… On est loin du médecin de campagne.  Et je ne parle pas de… »

Le regard lubrique qu’il lança à Nadira faillit lui valoir de perdre ses dents de devant. Elle ne se contint qu’à grand peine et laissa Noa tenter d’embrouiller le journaliste avec son historie de protection de témoin. Elle se retint de lui jeter un coup d’œil. Voila une idée qu’elle aurait aimée avoir seule.
Malheureusement, le journaliste n’en était pas à son premier interrogatoire avec des témoins récalcitrant.

« - Bien essayé. Ne vous vexé pas mais vous ne ressemblez pas du tout à un US Marshall, monsieur Pakeha. Et si madame faisait partie du programme de protection des témoins, vous l’auriez installée à l’autre bout du pays, pas dans le même quartier. »

Fier de lui, il se renfonça dans le siège après avoir pris une grande lampée de bourbon.

« - Et si vous me disiez la vérité plutôt ? Nous pourrons ensuite réfléchir a ce que je vais publier.
- Et si je vous disais que je suis une entité extraterrestre qui a pris le contrôle du docteur Garret et que je commence a avoir une forte envie de vous désintégrer, vous me croiriez ? »

Ce type était plutôt bien renseigné et pas aussi benêt qu'il le laissait penser à première vue. Noa soupira quand le journaliste ne voulu pas tomber dans son explication. Nadira commençait à perdre patience et Noa posa une main sur son avant-bras pour essayer de la calmer. Dézinguer ce type ne servirait à rien, un autre viendrait le remplacer tôt ou tard. Le travail avec la réintégration de Nadira après son implantation avait été baclée. Elle avait voulu passer pour morte aux yeux de sa famille pour ne pas avoir de problèmes pas la suite. Le SDT avait accepté mais n'avait pas été assez prévoyant. Une autre identité officielle n'était pas suffisant. Nadira n'aurait jamais du revenir à Colorado Spring. Noa le savait. Cette histoire de fausse mort l'avait toujours gêné depuis le début, mais à présent, les vrais problèmes commençaient. Ils auraient pu être facilement éviter si la question Nadira-Xinan avait été traité correctement. Maintenant c'était à lui de réparer les pots cassés et avec une vieille colle d'écolier et trois bouts de ficelle. Quelle connerie.

Sans un mot, Noa ouvrit son ordinateur portable et accéda à un dossier qui était protégé par un mot de passe. Il navigua dans les nombreux sous-dossiers et finit par ouvrir un fichier. Il tourna son ordinateur face au journaliste.

" Vous savez qui c'est ? " demanda Noa sur un ton sûr de lui mais légèrement blasé. Comme si, entrer dans de plus grandes explications, ne le réjouissait guère.

Sur l'écran, on pouvait voir, un homme de trente-cinq ans environ, beau garçon, le cheveux ras, le regard droit et dur.

" Je vous présente Adrien Miller. Officiellement il est dirigeant d'une société de transports à Denver. Officieusement, il est milliardaire et à la tête d'un empire criminel tentaculaire. Malgré toutes les suspicions, rien n'a jamais permis de l'incriminer. "

Noa fit défiler d'autres photos et documents. Il s'agissait de photos extraits de dossiers légistes. Des images de cadavres, des jeunes gens entre dix-sept et trente ans.

" Il y a trois ans, une série d'overdoses a tué neuf jeunes junkies à Colorado Spring, vingt-deux à Denver, sept à Santa Fe, huit à Fort Collins, et j'en passe… Tout ça, entre Janvier et Mai 2016. Fin mai, Michael Jamison, un criminel notoire est retrouvé au petit matin sur une place publique. Il a été sauvagement torturé à mort et déposé là volontairement à la vue de tous. Jamison était, selon mes recherches, le bras droit de Miller. Ma théorie est qu'il ai voulu renverser l'empire Miller par sabotage en distribuant une drogue contaminée. Miller a su trouver la brebis galeuse et faire comprendre à tout le monde ce qu'il en coutait de vouloir le doubler. Il y a eu une enquête baclée qui n'est, bien entendu, jamais remontée jusqu'à Miller."

Noa ferma son ordinateur et se pencha vers le journaliste.
" Non, Monsieur Hardier, je ne suis pas un US Marshal, je ne suis même pas de la police. Mais disons, que j'ai des compétences qui leurs sont utiles et qu'ils m'emploient de temps en temps pour faire un certain type de travail… "
Le jeune homme laissa volontairement en suspens cette affirmation. Il savait qu'après quelques recherches rapides, Hardier pourrait trouver sa société de Sécurité informatique qui lui servait de couverture. Rien de plus légal. Il pourrait alors en déduire sa fonction supposé de hackeur pour les fédéraux. Mais en attendant, laisser cette phrase en suspens laissait libre court à l'imagination du journaliste et Noa trouva ça plutôt amusant.

" Maintenant, vous allez me demandez ce que cette histoire a à voir avec le Docteur Garett. Et bien, Février 2016, un jeune homme fait une overdose dans un bar à Colorado Spring, le même où nous étions tous ce soir. Ce gamin a eu de la chance que le docteur Garett soit là. Elle lui sauve la vie et met la main sur la drogue. C'est elle qui analyse la substance et découvre la contamination."
Noa avait parlé rapidement, sur un ton de confidence.
Dans son exposé, tout était vrai. Ou presque.

Noa n'avait jamais collaboré avec la police. Il avait travaillé de son côté, piratant tout ce qu'il pouvait, remontant progressivement le cours des évènements, accumulant petit à petit des faits et des preuves. Il avait eu l'intention de le finaliser tranquillement et de balancer le tout à la police, anonymement.
Il y avait trois ans de cela, lorsque David avait fait son overdose, et que Nadira avait trouvé la substance toxique dans la drogue, il avait été atterré. Paul avait été là. Nadira et lui voulaient réagir, passer à l'action. Lorsque le miliaire avait parlé d'une mission armée et lorsque Noa avait lu la détermination dans les yeux de Nadira, il avait fait marche arrière. Non, ils n'étaient pas en mission de JP1. Non, ils ne pouvaient pas aller tirer sur des gosses qui dealaient même si leur dope était dangereuse. Non ils ne pouvaient pas s'amuser à infiltrer une bande organisée. Non, non. Il était père de famille dans un quartier bien tranquille. Et même si son boulot consistait à aller à l'autre bout de la galaxie pour se battre contre le pire ennemi de l'humanité, il n'allait pas jouer aux super-héros le Week-end.
Malgré tout, après la période de désintox de David, cette histoire ne l'avait pas lâchée. Un matin, il était tombé sur un fait divers dans le journal où il était mention de trois jeunes junkies entre vingt et vingt-cinq ans retrouvés morts dans un squat. Il avait alors repris ses recherches pendant son temps libre. Rapidement, c'était devenu une habitude. Une sorte de passe-temps.
Il fallait dire que pendant des années, il avait fait des recherches similaires, dans l'espoir de retrouver Ted. Depuis sa rencontre avec Sarah, il avait lentement lâché l'affaire. Alors faire des recherches sur un cartel de la drogue était devenue sa nouvelle obsession. Il n'en avait parlé à personne. Pas même à Sarah et encore moins à David ou à Nad.

Mais à présent, pour sauver son amie des pattes gluantes de ce journaliste, il était prêt à balancer cette histoire au grand jour. En espérant que le type soit tout d'un coup beaucoup plus intéressé par ce scoop que pour la prétendue mort de Nad.

Noa se recula au fond du canapé pour reprendre un peu de distance.
" Après, bien sûr, je ne vais pas tout vous révéler des subtilités de l'enquête, pas comme ça, pas maintenant. Le Docteur Garett a son rôle à jouer dans toute cette histoire, et il faut nous laisser aller jusqu'au bout, sinon tout ce travail sera anéantit."
Le jeune homme marqua une pause et croisa les bras sur son torse.
" Je vous propose un deal. A la seconde où l'enquête est bouclé et que les protagonistes sont sur le point d'être arrêtés, je vous livre l'intégralité de mon dossier avec toutes les preuves et les sources. En contrepartie, vous ne citerez ni mon nom, ni celui du Docteur Garett. Et vous nous oublierez définitivement.
Nous sommes des acteurs anonymes et sans visages de ce drame et nous souhaitons le rester.
Qu'en dites-vous ?"

Nadira fut surprise de la direction que prit la conversation. Elle s’était attendu à beaucoup de choses mais pas a ce que Noa évoque cette vieille affaire. Et pas non plus a ce qu’ils révèle avoir continué l’enquête de son coté. Mais il avait été personnellement par ce trafic et qu’il veuille en finir avec ces trafiquants minables n’étaient pas une surprise. Elle y avait songé à plusieurs reprise aussi et Xinan s’en serait sans doute délecté. Ils n’avaient pas les mêmes méthodes mais le symbiote se serait délecté de voir mourir ses types mourir a petit feu en crachant tous les fluides de leurs corps.

Si une contagion n’avait pas été à craindre, elle ne se serait probablement pas gêné pour résoudre drastiquement ce problème.

L’explication fit mouche et une lueur de convoitise s’alluma dans les yeux du journaliste à sensation.

« - Vous me laisseriez accéder à tout ça ? C’est un deal très acceptable que vous me faite la monsieur Pakeha mais il me faudrait des garanties. Temporelles par exemple. Je peux vous laisser quelques mois mais il me faudra de quoi faire patienter mes lecteurs à un moment ou un autre, vous comprenez ? »

A ce niveau la, ça n’était même plus de la convoitise… Nadira retint in extremis son envie de lui envoyer sa main dans la figure et se concentra sur son verre en écoutant la réponse de son ami. Lui venir en aide ainsi devait lui peser. C’était des années de recherches qu’il offrait sur un plateau d’argent. Tout ça à cause d’une de ses bêtises.

Elle regarda son ami avec un petit sourire triste et un souvenir s’imposa soudain à elle. Une salle blanche, le corps douloureux et la tête encore pire, il lui tenait la main tendis que son union avec Xinan devenait une réalité. Et avant il avait encore été la avant quant elle mourrait lentement dans une carcasse de vaisseau.

Elle ne le méritais décidément pas.

Noa leva haut les sourcils lorsque le journaliste demanda des garanties. Voilà, c'est ça d'être gentil, on vous donne un doigt et ça vous dévore le bras !
" Des garanties ? Ne soyez pas si gourmand, Monsieur Hardier. Vous aurez le scoop de l'année sur un plateau lorsque l'enquête sera ficelée, c'est tout ce que je peux vous garantir ! La priorité reste l'arrestation de ces criminels ne croyez vous pas ? Ne craignez rien, la résolution de cette enquête ne saurait tarder. Plus tôt ces sales types sont derrière les barreaux, mieux c'est pour tout le monde. Et ne vous faites aucun soucis, alors que les plus grands journaux se demanderont ce que signifie ces arrestations, vous serez le seul à faire éclater la vérité au grand jour avec le dossier complet. "


Le jeune homme se leva alors en tenant fermement son ordinateur sous son bras gauche. Il tendit sa main droite vers le journaliste.
" Alors, deal ? "

Au moment où Hardier lui serra la main, Noa referma un peu plus sa poigne sur le journaliste et le tira vers lui pour lui mettre une tape dans le dos dans un geste qui aurait pu paraitre amical. Seulement, Noa resta un instant dans cette position, où il murmura quelques mots directement dans l'oreille du journaliste.
" Et, rappelez vous, si vous ne tenez pas parole et que le nom du Docteur Garett ou le mien fuite dans n'importe quel article, je saurai user de mes talents très spéciaux qui sont si appréciés des fédéraux pour vous pourrir la vie ainsi que votre carrière."
Noa relâcha son étreinte et s'éloigna en souriant du journaliste comme si rien ne s'était passé.

« - Deal ! »

Le journaliste avait tenté de gratter un peu plus d’avantages mais savait aussi se contenter de ce qu’il avait. Et il venait d’obtenir bien plus que ce pourquoi il était venu à l’origine. Dire qu’il avait simplement suspecté une histoire de coucherie…

Le coup de pression que lui mit le Neo-Zelandais ensuite lui donna un frisson. Il avait beau en avoir vu d’autres, le géant barbu savait faire impression et avait déjà prouvé ses compétences. Il avala convulsivement et salua les deux membres du SDT avant de ressortir.

Une fois seul, Nadira, toujours installée sur le canapé, se détendit.

« - Pff quelle galère. Merci de ton intervention, j’aurai sans doute été moins patiente que toi. »

Elle s’était servi un verre pendant que Noa raccompagnait el journaliste et le vida quasiment d’un trait.

« - T’aurai pu me dire que tu étais reparti à la chasse au vendeur de drogue, je t’y aurai aidé. »

Inutile de lui faire la leçon sur la dangerosité de son enquête solo. Il le savait probablement et il venait de lui sauver al mise. Ça n’était vraiment pas le moment de lui faire des reproches.

« - Bon, ça veut dire qu’il va falloir s’occuper de ces types maintenant. Tu as un plan ? »

Noa poussa un soupir de soulagement lorsqu'il ferma la porte sur le départ du journaliste. Il se passa une main sur le visage alors qu'il rejoignit le salon. Il se laissa tomber lourdement sur le canapé aux côtés de Nadira et poussa un profond soupir. A présent que la situation était réglé et que l'adrénaline était retombée, l'alcool qu'il était en train de décuver lui faisait vraiment tourner la tête. Il se frotta le front en reposant sa tête en arrière contre le dossier du canapé.

" T'inquiète, c'est toujours avec plaisir… " marmonna t-il en se massant le crane.
" Je sais bien. " répondit-il au reproche de Nad de l'avoir laissé de côté. " Je voulais pas te mêler à toute cette merde, tu as déjà bien assez à gérer."
" Putain quelle cuite éclair et quelle redescente !" continua t-il en marmonnant.

Noa se redressa ensuite et secoua la tête comme pour chasser cette langueur qui l'assaillait. Il attrapa la bouteille et resservit son amie.

" Ouais, il me manque pas grand chose en fait. J'ai déjà réunit pas mal de preuves contre tous les gros bonnets, mais rien qui incriminerait directement Miller. Il est trop déconnecté de tout. Il doit avoir un téléphone crypté pour communiquer ses ordres. Il faut que j'arrive à pirater ce téléphone, ensuite, je pourrais tout balancer aux feds et à ton cher Hardier. Le top ce serait de trouver un point de rendez-vous pour qu'il se fasse chopper en flagrant délit." Tu veux manger un truc ? Je peux cuisiner si tu veux."

Noa n’avait vraiment l’air en forme. Instinctivement, le médecin en Nadira reprit le dessus et elle posa ses mains sur les tempes du Neo-Zelandais pour les masser doucement.

« - Un plaisir de gérer ce genre de fâcheux ou juste de me tirer d’affaire ? le taquina-t-elle. »

La suite aurait put l’amuser ou la mettre en colère, selon son humeur. Au lieu de ca, elle soupira un peu tristement en continuant son massage.

« - Tu n’as peut être pas tort. Enfin c’est surtout qu’au début je crois que j’en aurai rien eu a cirer. Il était encore trop présent dans mon esprit. Trop influent. Aujourd’hui, c’est assez différent. Nous… je suis consciente que c’est important et il n’est pas question que je te laisse te frotter à ces types seuls. »

Elle écouta la suite avec attention mais il lui manquait un peu trop d’informations pour élaborer une réelle stratégie.

« - Tu pourrais me laisser une copie de tout ça ? Il faut que je l’étudie à tête reposée. S’il y a moyen de l’attirer dans un piège, c’est une bonne stratégie, tu as raison. »

La dernière question la fit sourire. N’avoir besoin que de quelques secondes pour dessaouler avait ses inconvénients mais aussi ses avantages. Mais meme un colosse comme Noa avait besoin de nourritures solides encaisser la quantité d’alcool qu’il avait ingurgité.

« - J’ai toujours aimé qu’un homme cuisine pour moi, ronronna-t-elle. »

Avec toute ses émotions, elle n’avait aucune envie de rentrer chez elle. Mais ça ne voulait pas dire qu’elle pouvait laisser le moment déraper complètement. Noa était son ami et cela devait rester ainsi.

Noa les yeux clos sentit les doigts expert de la médecin lui masser les tempes. Il se laissa faire mollement, épuisé par les évènements.
- Un plaisir de gérer ce genre de fâcheux ou juste de me tirer d’affaire ? demanda Nadira.
" Surement un peu des deux" ricana t-il, les yeux toujours clos.
Lorsque Nadira évoqua le début de sa symbiose avec Xinan, Noa ouvrit les yeux et se redressa, rompant le massage salvateur. Le fait que Xinan n'en ai rien à faire de cette histoire n'améliorait pas l'estime que Noa lui portait.
Lorsqu'elle lui demanda un copie de son dossier, Noa fit la moue.
" Okay, mais tu me promets de ne pas jouer au héros solitaire et tu attends qu'on ai élaboré un plan, ok ? "

Finalement il se leva et proposa de faire à manger. Il se mit alors à cuisiner rapidement des pates avec quelques légumes frits.
" J'ai l'impression de me revoir étudiant. Cuisiner des pates à 3h du mat en rentrant de soirée. " plaisanta t-il.
Quelques minutes plus tard, il apporta les deux assiettes sur la table basse dans le salon et s'assit aux côtés de son amie.
" Bon, alors tu vas me dire qui était ce mec ? " demanda Noa avec un sourire en coin moqueur.