Welcome To Paradise

Nadja leva le pouce en direction de l’officier pilote. Il avait sans doute raison, mais le centre de contrôle serait sans doute l’endroit le mieux défendu du complexe. D’un autre côté, ils étaient dans un complexe hôtelier, pas une base militaire. Il fallait espérer que les anciens propriétaires n’aient pas été de complet parano prêt à désintégrer le moindre contrevenant.
Ce qui n’empêchait pas d’avoir positionné quelques systèmes de défense désagréable. C’est en tout cas ce qu’elle aurait fait, mais la sécurité de l’endroit n’avait peut-être pas été laissé à la discrétion d’une militaire un tantinet parano.

Elle ordonna aux deux militaires de rester avec le scientifique et prit la tête du petit groupe dans la direction que semblait indiquer la carte.

« - Y a pas une légende terrienne qui dit qu’il vaut mieux éviter de se séparer dans un endroit inconnu ? »

Ils trouvèrent un escalier qui menait à l’étage supérieur puis à un couloir de service et enfin une porte, tout aussi close que la précédente.

« - C’était à prévoir je suppose, fit le sergent en posant la main dessus. Les cerveaux moteurs de mon armure ne sont toujours pas réparés mais je devrais pouvoir l’ouvrir quand même. Cela dit, j’aimerai autant essayer la manière douce avant. »

Rien ne les pressait après tout.

Mei regarda la carte qui s'était affichée pour tenter de mémoriser le trajet jusqu'au centre de contrôle. Elle avait compris que le système d'identification pour l'ouverture des portes allait leur poser des problèmes et qu'ils allaient devoir trouver un autre moyen pour parvenir à leurs fins. Elle se plaça au centre du groupe et suivit le mouvement, arme au poing et sur ses gardes, tandis que deux militaires et le scientifique restait en arrière pour s'occuper de la porte principale.

Elle sourit à la question de Nadja. Elle n'avait pas tort. À chaque fois que les gens décidaient de partir explorer un lieu en petits groupes, les choses viraient au cauchemar.

« Ce n'est pas une légende… C'est une sorte de règle, en fait. Dans tous les films, livres, séries et autres, dès qu'un groupe se sépare dans un lieu désert et inconnu, les ennuis commencent pour les uns et les autres. Souvent, ils sont d'ailleurs mortels pour les protagonistes de moindre importance. » répondit-elle, sachant que cela pouvait aussi se produire dans la vie réelle et espérant que cela n'arriverait pas ici.

Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent sans encombre devant une autre porte, qui sans surprise, était elle aussi fermée. Quoi de plus normal pour une zone interdite aux clients… Ce n'était pas elle qui pourrait se rendre utile dans pareille situation, aussi s'appuya-t-elle contre le mur pour laisser la place aux autres.

Le membre 'Jimmy Bolger' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Résolution (31-60)' :

« - Protagoniste de moindre importance ? Tu veux dire le pauvre sous-off qui essaye de maintenir tout le monde en vie et prend les coups en premier ? répondit Nadja au médecin en sachant pertinemment qu’elle allait s’attirer ces foudres »

Contre toute attente, tous se passa plutôt bien et ils arrivèrent sans encombre à destination. Le capitaine, peut être vexé d’avoir échoué à la grande porte, se remit à trifouiller les fils, et cette fois ouvrit la porte rapidement. Elle n’eut même pas à utiliser son armure, ce qui n’était pas plus mal, vu qu’elle n’avait aucune envie de l’endommager plus.

Derrière se trouvait, comme de juste, des consoles et des écrans holographiques. Nadja fit quelques pas à l’intérieur pour s’assurer que tout allait bien puit fit signes aux autres de la rejoindre. Elle laissa les appareils de contrôles aux grosses têtes et jeta un œil à l’extérieur. La vision de montagne lui fit lever un sourcil surpris.

« - J’ai loupé un truc là ? Emy, on a été téléporté ? Ou ce sont de très bons hologrammes ? »

Elle se rapprocha un peu des fenêtres pour se faire une idée et tenter de voir autre chose que des arbres et de la neige.

La remarque de Nadja lui fit lever un sourcil et elle secoua la tête. Elle n'avait pas tort, c'était souvent le cas.

« Exact, surtout quand celui-ci se laisse distraire une fraction de seconde... Ou les pauvres techniciens qui se trouvaient là. ais ça peut aussi être l'imbécile qui fait le malin parce que tout le monde a peur puis dit qu'il n'y a personne dans la pièce et qui finit soudainement décapité... On appelle ces personnages des Red Shirt. L'expression vient d'une vieille série télé de science-fiction et leur rôle consiste simplement à mourir lorsqu'il y a du danger. » répondit-elle pour terminer son explication.

Cette fois-ci, Jimmy réussit à ouvrir la porte sans difficulté après quelques manipulations sur le panneau. Elle attendit le feu vert de Nadja et des autres militaires avant de rentrer dans la pièce. Elle fit quelques pas avant de s'arrêter net devant le paysage derrière les fenêtres.

« Je pencherais pour des hologrammes représentant peut-être une autre partie de la planète. Parce que je ne me rappelle pas avoir vu une montagne dans le coin. Si nous avions été téléportés, nous l'aurions senti, non ? À moins que leur technologie soit encore plus avancée que celle que nous utilisions au point que cela soit indétectable. » dit-elle.

Elle s'approcha ensuite de la console centrale, prenant garde à ne rien toucher. Cela ressemblait aux consoles qu'elle avait vu sur Atlantis lors d'un ravitaillement sur la Cité. Ce souvenir lui tira un sourire. Elle donnerait cher pour pouvoir servir un temps là-bas.

« Ça ressemble à du matériel des Anciens. J'en ai déjà vu ailleurs au cours d'autres missions. Par contre, je ne sais pas à quoi ça sert. » observa-t-elle.

Le redémarrage des consoles à leur approche rendait Nadja un brin nerveuse. C’était comme s’ils progressaient dans une vieille bâtisse et réveillait sur leur passage de vieux fantômes. Elle soupira en se rapprochant de la seule et unique sortie de la pièce. La semaine précédente, elle avait accepté de regarder un vieux film en compagnie de Zander et une de ses connaissances qui s’occupait de lui présenter certains aspects de la culture terrienne. Elle ne se souvenait déjà plus du titre, mais ça parlait d’un hôtel perdu au milieu de la montagne et d’un père de famille qui devenait progressivement fou à cause de cette solitude.

Si elle se mettait à poursuivre les membres de l’expéditions en découpant les portes à la vibrolame, elle ne se contenterait sans doute pas d’un « coucou c’est Nadja ».

Concentre-toi plutôt que de penser des bêtises ! C’est comme ça que les trouffions dans ton genre se font tuer.

Lorsque le second groupe revint près d’eux, elle positionna ses hommes près de la porte et un, un peu plus loin dans le couloir en éclaireur.

« - Et souvenez-vous que vous avez des radios, grommela-t-elle. A l’avenir, j’aimerai autant être au courant quand vous vous déplacez. »

Le scientifique, aussi à l’aise qu’un pianiste devant son instrument leur donna de nouvelles informations. La suite ne dépendait pas d’elle, de toute façon mais elle supposait que quelqu’un finirait par lui demander son avis. Elle prit donc les devants.

« - Si nous sommes ici pour les sources énergétiques, je suis d’avis pour ne pas faire de fioriture. On met la main dessus et on s’en va. Par contre, si vous souhaitez étudier le complexe, rien ne semble indiquer, pour l’instant, le moindre danger. Du coup, effectivement, rien ne presse. »

Sauf qu’elle n’avait aucune envie de passer la semaine à surveiller des têtes d’ampoules, mais inutile de remettre de l’huile sur le feu entre eux deux.

Mei regarda les consoles prendre vie au fur et à mesure où ils se déplaçaient dans la pièce. Tout cela la fascinait. Le scientifique et le deuxième groupe les rejoignirent. Elle en déduisit qu’ils avaient réussi leur mission, même s’ils ne dirent rien à ce sujet.

Celui-ci s’assit derrière une console et se mit à pianoter et regarder les écrans avant de leur faire un rapport. C’était une bonne nouvelle d’apprendre qu'il y avait deux E2PZ actifs et que les technologies étaient toujours fonctionnelles. Elle hocha la tête.

« Est-ce que vous pouvez déterminer le niveau d’énergie contenu dans chacun des deux E2PZ d’ici ? Et que se passera-t-il si nous n’en enlevons qu'un seul pour l’instant ? Pouvez-vous savoir ce qui sera toujours fonctionnel avec un seul d’entre eux branché ? » lui demanda-t-elle.

Elle réfléchit ensuite quelques secondes. Certes, ils devaient récupérer les E2PZ, mais leur travail ne consistait-il pas aussi à étudier ces anciennes civilisations et mettre la main sur de nouvelles technologies quand c’était possible ?

« Je sais que nous avons besoin de ces sources d’énergie, mais je suis d’avis de jeter un œil à leurs technologies avant afin de les évaluer et de voir si quelque chose vaut le coup d’être étudié de manière approfondie. Il serait dommage de tout débrancher et de ne plus y avoir accès par la suite et de passer à côté » dit-elle.

Puis elle attendit le verdict du chef de groupe pour décider de ce qu'ils allaient faire ensuite.

A croire que ce type ne pensait qu’à s’amuser. Elle n’était pas contre récupérer des informations archéologiques et se doutait de leur utilité. Par contre, s’amuser avec les attractions faisait grimacer Nadja. Ils étaient en mission, pas à Disneyland !

Elle ne répondit rien, préférant laisser aux officiers le soin de mettre les choses au clair avec lui et se concentra sur les mesures de sécurité en vue d’un séjour ici un peu plus long.

« - Pouvez-vous nous créer des accès officiels ? Nous faire passer pour des membres du personnel ou mieux, de la sécurité. Ça évitera d’avoir à défoncer chaque porte que l’on rencontre. »

Elle se rapprocha des deux soldats à la porte pour leur donner de nouvelles instructions.

« - J’ai l’impression qu’on va passer un moment ici. Trouvez-nous un endroit correct pour nous installer. Pas trop loin d’ici de préférence et avec un chemin simple pour sortir. »

Si leur « séjour » s’éternisait, il faudrait prévenir l’Achille pour qu’il leur envoi des vivre et de quoi s’installer plus confortablement. Et elle devrait organiser des rotations dans les équipes de sécurité. Il était également probable que d’autres scientifiques se joindraient à la fête.

En d‘autres termes, ça allait être bientôt la foire ici, si rien ne leur tombait dessus.

Comme elle l’avait supposé, le capitaine Bolger opta pour rester ici et explorer le complexe. C’était logique, vu la situation. Nadja n’avait pas manqué son sourire quand le scientifique avait mentionné les deux E2PZ. L’italien ne s’amuserait pas longtemps avec ces nouveaux jouets.

Rapidement, elle organisa un tour pour le scan leur donnant les droits d’accès aux diverses salles. Elle passa en dernier, ouvrant son armure avec une pointe d’inquiétude. S’il restait le moindre composé toxique dans l’air, quoi qu’en dise leurs analyses et leur médecin – paranoïa quand tu nous tiens- elle serait tout aussi contaminée que les autres.

« - Je propose que l’on prenne les chambres. Par deux. Il doit y avoir des salons proches ou nous pourrons nous retrouver et établir un camp de base. Pas trop loin d’ici. »

Mei et elle pourraient occuper une des chambres, et les trois militaires qui les accompagnait une seconde. Ce qui laissait Bolger et Vercetti ensemble. Pas sûr qu’ils apprécient…

Une fois de retour dans son armure, elle se chargea d’aller contrôler et sécuriser quelques quartiers comme prévu afin qu’ils puissent tous se reposer dans quelques heures.

« - Sinclair et Wilde, vous prendrez le premier quart cette nuit. Allez-vous reposez un peu en attendant. »

A partir de demain, elle s’occuperait des rotations du personnel de sécurité. Inutile d’épuiser ses soldats inutilement.

« - Doc, faudra-t-il prévoir une quarantaine en remontant sur l’Achille ? »

Mei se contenta d'écouter le scientifique continuer ses explications et hocha la tête aux paroles de Jimmy. Mais cela souleva quelques questions pratiques dans sa tête.

« Est-ce que tout ce dont nous avons besoin en matière de sanitaire et d'autres équipements comme des cuisines est disponible sur place et fonctionnel ? » demanda-t-elle.

Le logement n'était peut-être pas un problème, mais fallait-il encore que les lieux soient vivables. Si ce n'était pas le cas, ils allaient devoir s'organiser en conséquence et demander le matériel nécessaire pour rendre l'endroit un minimum habitable. Et elle n'avait pas spécialement envie de camper à la dure non plus en mangeant des rations de survie en guise de repas s'ils pouvaient faire un peu mieux que ça. Au pire, elle pourrait toujours se charger de la corvée de cuisine, à défaut de pouvoir être utile pour faire autre chose. Elle était à peu près certaine que personne ne s'en plaindrait.

« Non, pas de quarantaine nécessaire, à moins que d'ici quelques jours quelqu'un tombe malade ou à se comporter bizarrement. Mais je pratiquerai tout de même quelques examens et prises de sang pour les faire analyser et vérifier que tout le monde va bien et que nous ne sommes pas contaminés par quoi que ce soit. Et je vais avoir besoin d'une chambre pour y installer une infirmerie de base. » répondit-elle à Nadja.

« À moins qu'il n'y en ait une sur place, auquel cas j'aimerais bien aller la visiter pour faire un état des lieux et voir les technologies dont ils disposaient. » ajouta-t-elle à l'attention du scientifique.

Elle se plaça à son tour devant le scanner pour se faire enregistrer et pouvoir aller et venir à sa guise. Elle décida de contacter l'Achilles afin de les informer de leur décision.

« Teoh à Lawrence. Le complexe comporte 2 E2PZ fonctionnels, l'un alimentant les technologies servant aux attractions plein à 60 % et l'autre alimentant le complexe, plein à 85 %. Avant de les débrancher, nous allons rester sur place et explorer un peu plus les lieux pour évaluer les différentes technologies et voir si certaines auraient un intérêt pour la Terre. Nous vous recontacterons plus tard pour vous dire si nous avons besoin de matériel supplémentaire pour nous installer sur place. Terminé. »

La nuit s’était tranquillement écoulée et même si elle n’avait dormi que quatre heure, Nadja se sentait bien et détendue. Au matin, elle avait fait remonter Sinclair et Wilde sur l’Achille en les remplaçant par un autre duo plus reposé. Si la journée se déroulait sans encombre, elle-même remonterait à bord demain. Elle supposait que le médecin chef et le CAG feraient également de même, ayant d’autres chats à fouetter que du tourisme dans un parc d’attraction.
Elle avait laissé ce matin son armure dans sa chambre et sentait presque nue dans son uniforme simple. Mais il n’y avait aucun danger immédiat en vue et se promener sur le pied de guerre en permanence devenait ridicule. Elle la remettrait quand elle serait de garde, évidemment.

La séance dans l’environnement de relaxation holographique la dérangea au plus haut point et elle fut obligée de sortir en plein milieu. Trop d’émotions se bousculaient dans sa tête et menaçaient de littéralement la rendre malade. Une fois dans le couloir, elle s’aperçu que son poignet qui portait le bracelet nuptial qu’elle portait depuis plus mois était quasiment en sang. Elle l’avait gratté sans s’en apercevoir comme s’il était à l’origine de son malaise. Ce qui était peut-être bien le cas.

Faudrait la payer cher pour qu’elle remette les pieds dans un truc pareil.

En sortant, les autres avaient l’air détendu et souriaient comme s‘il venaient de s’envoyer en l’air. Visiblement enjoué, le scientifique proposa d’aller vers une autre attraction et elle s’apprêtait à lui faire remarquer, une fois de plus, qu’ils n’étaient pas là pour s’amuser mais le capitaine Bolger la prit de vitesse et accepta la proposition.

Nadja emboita le pas au groupe en essayant de retrouver un peu de sa bonne humeur. Ça n’était pas leur faute, après tout, si sa vie était un chaos sans nom.