Enfin une piste ...

Seule en salle de briefing, Nadja avait fini par fermer les yeux. Souvent, ses rêves l’emmenaient dans des couloirs inconnus ou elle errait sans fin. Cette fois, cependant, ce fut différent. Elle était sur Atlantis mais la cité semblait morte et parcourue de fantômes qui lui firent dresser les cheveux sur la tête. Elle était poursuivie, assiégée, acculée… elle leva les yeux vers le gargantuesque trou noir au dessus d’elle et hurla en se réveillant.

La douleur dans sa poitrine était plus forte que jamais et la plia en deux tandis qu’elle essayait de reprendre son souffle. Voilà exactement ce à quoi elle pensait tout à l’heure. Dans ce genre de moment, elle n’avait qu’une seule envie, en finir au plus vite.

L’appel radio de Jeremy la fit sursauter. Pas le temps de s’apitoyer sur son sort, une fois de plus. Ca n’était sans doute pas plus mal.

« - J’arrive Docteur ! »

Elle n’avait pas loin à aller mais le trajet lui permit de se recomposer un visage et une attitude professionnelle. Si quelqu’un avait entendue son cri depuis le couloir, il avait préféré prendre la tangente plutôt que de s’enquérir d’un éventuel problème.

Elle frappa et rentra dans le bureau sans attendre pour découvrir Larry en compagnie du dirigeant de la cité. A croire que ce type ne dormait jamais.

« - Que se passe-t-il ? demanda-t-elle sans plus attendre. »

Jeremy écouta les réponses de Larry et retint un soupir d'agacement. Noa était parti donc il ne pourrait pas l'interroger sur les Hanulans. Cela ne lui laissait qu'une seule personne à qui demander. Il devrait donc aller voir Bolger à l'infirmerie pour lui poser la question et voir s'il savait quelque chose. Rien d'incompatible avec son état actuel ou le fait qu'il ne soit pas en service actif.

« D'accord. » répondit-il simplement.

Il grimaça en entendant la suite. Le fameux Jintok se doutait peut-être d'où Atlantis se trouvait, mais ce n'était pas une raison pour lui confirmer ses suppositions et l'accueillir à bras ouverts.

« Quand bien même. Aucun contact radio avec lui qui lui permettrait de déterminer notre position précise. Il ne sera pas non plus autorisé à poser le pied sur la Cité. C'est beaucoup trop dangereux. » répéta-t-il.

Ou du moins, ce ne serait pas avant d'avoir été dûment interrogé et il serait amené ici selon leurs règles et leurs conditions.

Nadja finit par arriver et il lui fit signe de s'asseoir avant de lui tendre une tablette avec les dossiers ouverts.

« Un certain Jintok essaie d'entrer en contact avec la Cité depuis l'Espace. C'est membre déchu des Hanulans auquel le JPS a déjà eu affaire d'après la base de données. Je suppose que vous connaissez ce peuple et que vous savez qu'il s'agit d'un des alliés de Tonatiuth. J'ai interdit qu'on lui réponde pour ne pas qu'il sache où nous sommes exactement. Il est évidemment aussi hors de question de le laisser se poser sur Atlantis. Bien trop risqué. Pensez-vous qu'il vous serait possible de l'intercepter sans révéler d'où vous venez pour l'interroger, de préférence loin d'ici, sur comment il nous a trouvés, qui d'autre est au courant et ce qu'il veut ? » lui demanda-t-il un peu sèchement.

En fait, il ne s'intéressait pas vraiment aux raisons de la présence de Jintok, car il lui semblait difficile de pouvoir lui faire confiance. Pour ce qu'il en savait, ce type cherchait simplement à redorer son étoile auprès de son ancien chef et découvrir la position d'Atlantis était un excellent moyen d'y parvenir. Le reste, en revanche, était de première importance. S'il pouvait les trouver, d'autres le pouvaient aussi. Il fallait donc découvrir comment il avait fait pour savoir si la sécurité de la Cité était compromise. Si c'était le cas, il allait falloir envisager de la déplacer à très court terme.

Il ne prit même pas la peine de suggérer de l'accompagner, le souvenir du camouflet qu'il avait essuyé un peu plus tôt étant encore frais. Il ne décolérait pas et était à peu près certain qu'il recevrait la même fin de non-recevoir s'il refaisait la même proposition maintenant. Pourtant, sa présence serait là aussi plus que justifiée.

« Tâchez d'emmener quelqu'un ayant un minimum de tact et de diplomatie avec vous. Cela dit, des solutions plus... radicales sont à envisager s'il refusait de coopérer ou s'il cherchait à s'approcher de la Cité sans y être autorisé. » ajouta-t-il à l'intention de Nadja et de Larry.

La situation qui fut exposée à Nadja ne lui plaisait pas, mais alors pas du tout. Ces premières paroles furent pour Jeremy :

« - Docteur, je suggère de préparer la cité au départ. Si notre situation est compromise il nous faut trouver une autre planète rapidement. »

Elle regarda par une des baie vitrée en réfléchissant à la suite.

« - Cette histoire de triangulation ne vaut pas tripette, lâcha-t-elle avec cette délicatesse habituelle. Nous devons savoir comment il a obtenu le moyen de nous contacter, tous le reste est secondaire, quoi qu’il offre. »

Le plan proposé par Larry était simple et la fit soupirer. Malgré tout ce qui s’était passé ces derniers mois, certains restaient indécrottables naïfs.

« - Sans arme ? Sûrement pas ! S’il veut nous rencontrer, ça sera selon nos termes et nos conditions. Oui l’Achille sera dissimulé en orbite mais l’équipe au sol ne jouera pas les agneaux prêts pour l’abattoir. »

Elle se demanda un instant si demander une médiation par les Berger serait opportune mais elle se refusait à les mettre en danger et les impliquer plus dans cette guerre. Et si c’était un piège, ces gnitaristes (ca ne devait pas être tout a fait ça) le regretterait amèrement.

Consciente de son agressivité, Nadja inspira profondément ce qui lui arracha une vrille de douleur dans la poitrine.

« - Nous pouvons les rencontrer, résuma-t-elle. Mais pas en jouant aux boy scout. »

Elle espérait que Jeremy la suivrait dans son avis « nuancé ». Sinon la discussion risquait d’etre longue.

Jeremy approuva d'un hochement de tête la suggestion de Nadja qui rejoignait son propre avis sur les mesures qu'il devait prendre.

« Je suis d'accord. La sécurité de la Cité et de ses habitants passe avant tout le reste. Il est vital de savoir comment il nous a trouvé pour nous contacter aussi rapidement que possible. J'avais déjà l'intention de lancer le protocole de déplacement et d'évacuation dès la fin de cette réunion. Si vous estimez que notre position est compromise, alors nous partirons dans la seconde. Mais avant, nous devons rapatrier le groupe sur le continent et avertir l'équipe de Pakeha pour qu'ils aient le temps de rentrer, sinon nous devrons aller les chercher plus tard. » fit-il, espérant ne pas avoir à en arriver là.

Laisser une équipe livrer à elle-même, même quelques heures, n'était pas du tout pour le ravir. Il était chagriné de devoir laisser les locaux, mais ils ne pouvaient pas les emmener. Quand à revenir les voir, cela pourrait révéler risqué à l'avenir. Mais ils trouveraient bien une solution. Il était hors de question de les abandonner à leur triste sort, alors qu'ils leur étaient d'une aide précieuse. Il s’inquiéterait de cela plus tard, mais il allait aussi falloir les informer.

Il secoua la tête en entendant Larry. Aller discuter avec un ancien membre des forces ennemies sans armes ? Nadja, sans surprise, ne partageait pas son point de vue, mais là encore, il était du même avis qu'elle.

« Autant aller sur une planète tierce est la meilleure des options autant il est absolument hors de question qu'une équipe le rencontre totalement désarmés et sans soutien. Nous n'avons aucune raison de lui faire confiance au vu de son passé et de ses affiliations. Tout ceci pourrait n'être qu'un stratagème pour confirmer que nous sommes bien là ou faire des prisonniers à interroger. S'il veut nous parler, il devra se plier à toutes nos exigences sinon... Eh bien, je crains que nous ne devions lui forcer la main. Pour autant, nous allons éviter de l'accueillir avec un bataillon armé de lance-roquettes et baïonnettes en main dès le départ. C'est pour cela que je veux que quelqu'un d'un tant soit peu diplomate vous accompagne pour contrebalancer votre... impétuosité. » dit-il à l'intention de Nadja.

C'était d'autant plus nécessaire que son second était hors service. Si elle n'avait personne, il lui enverrait le premier diplomate qu'il trouverait. Mais ils allaient aussi devoir envisager le fait qu'il refuse de coopérer et ce qu'il faudrait faire dans ce cas-là.

« Dans combien de temps pouvez-vous être prête à partir avec l'Achilles ? Je crois que ce n'est pas une mauvaise chose qu'il marine un peu, mais il ne faudrait pas que cela dure trop longtemps non plus et qu'il s'impatiente au point de venir vérifier lui-même si Atlantis est bien là. Pouvez-vous l'approcher de manière à ce qu'il ne sache pas d'où vous venez exactement ? » demanda-t-il, se doutant que cela ne devrait pas prendre des heures non plus, à moins que les modifications qui étaient en train d'être faites ne clouent le vaisseau au sol.

« Avant de partir, nous devrions aller interroger rapidement le capitaine Bolger. Il pourrait avoir rencontré des Hanulans et nous donner quelques informations supplémentaires sur leur compte. » ajouta-t-il.

Lui ne partirait pas, mais tout ce qu'il pouvait apprendre était bon à prendre non seulement pour lui, mais aussi pour le diplomate qui irait là-bas.

Impétuosité… C’était presque vexant. Il n’avait pourtant pas tort. Nadja ne serait jamais une diplomate et, si vingt ans de service l’avait quelque peu assagie, elle restait au fond la même ado fonceuse qui s’était engagé pour défourailler du goa’uld.

« - Larry, trouvez nous une planète neutre pas trop loin d’ici. J’ai hâte de rencontrer ce nouvel allié. »

il y avait assez d’ironie dans ces derniers mots pour faire grincer des dents un centenaire. L’ex marine envoya un message à l’Achille pour lancer les préparatif de départ. Les moteurs étaient froids mais elle avait laissé pour instruction de garder les systèmes en veille active pour être toujours prêt à partir sous une heure. Dans le cadre de son perfectionnement tactique, elle lisait énormément de manuel d’histoire et de récit de bataille. La mésaventure du cuirassé Dunkerque en 1940 l’avait profondément interpellé.

Ses réflexions furent interrompue par un nouveau message qui lui fit lever un sourcil.

« - Trois vaisseau… pourquoi pas. Quelqu’un sait ce qu’ils valent ? »

L’appât était alléchant il fallait le reconnaître. Cependant, une phrase de ce Jintok l’agaça profondément.

« - C’est du chantage ou je ne m’y connais pas. Pas forcement la meilleure des façons de commencer une relation d’allié, vous ne trouvez pas ? »

Si leur diplomate ne trouvait pas de terrain d’entente, elle serait obligée de prendre ds mesures radicale pour protéger la cité. Ça ne l’enchantait guère mais elle n’aurait pas la moindre hésitation.