L’hôpital de la charité bien ordonnée était un bâtiment de sept étage qui avait connu des jours meilleurs il y a deux ou trois décennies. Aujourd’hui, il n’aurait pas détonné dans une histoire de Stephen King.
Le mini van mis à disposition par le camps de Charles se rangea près du semi remorque de Burton et celui-ci en descendit en les voyant arriver. En voyant débarquer Plume puis Aynira, flanquées de Kaylee, il ne put s’empêcher de siffler doucement.
« - J’ai déjà payé le gardien à l’entrée, on peut y aller. Mais va falloir être discret dans les étages, il reste un peu de personnel qui n’est pas au courant de notre arrangement. Tout va bien se passer, vous en faites pas."
Lorsque Kaylee et Archibald était revenu en annonçant que l'opération pourrait avoir lieu le soir même, Plume n'avait pas réfléchi. Elle avait acquiescer immédiatement. Ce n'était que bien plus tard, une fois les préparatifs terminés, qu'elle s'était interroger sur le "après". Beckett allait lui ouvrir la jambe et retirer toutes les plaques et les vis qu'elle y avait placée mais, qu'en était-il de la guérison après ça ? Hilda n'était pas là et personne d'autre n'avait de naqquadah dans le sang pour utiliser l'appareil de guérison goa'uld.
Comme promis, Aeryn s'était renseignée auprès de la médecin et lui avait affirmé qu'il restait quelques doses du sérum mis au point par Garett. L'irlandaise avait assuré qu'elle ferait de son mieux pour la guérir après l'opération. Mais il avait été convenu qu'elle resterait au campement et qu'elle ne prendrait le sérum que lors du retour de l'expédition. Hors de question de prendre ce genre de risque dans un endroit non sécurisé. Plume avait alors acquiescé, trop contente d'être bientôt débarrassée de la douleur.
Elle s'appuya largement sur Aynira pour sortir du van et entrer dans l'hôpital et utilisa la béquille qui lui restait de sa main libre. Avec un peu de chance, elle n'aurait bientôt plus du tout besoin de cet accessoire. Elle avait hâte que tout cela soit terminé mais la perspective d'être endormie dans ce lieu inconnu et dans ce contexte insécuritaire ne lui plaisait pas.
Elle suivit toutes les instructions de Beckett mais, au moment d'entrer dans la salle d'opération, elle tenta sa chance.
"Est-ce que vous pouvez le faire en anesthésiant que ma jambe ?"
Si elle le pouvait, elle préférait rester consciente et, évidemment, elle n'avait pas lâché la main d'Aynira qu'elle serrait bien plus fort qu'elle ne le devrait.
La journée à préparer la vidéo était plutôt... mitigée. Certes la vidéo en question était en bonne voix, mais la traque du mystérieux hackeur avait fait chou blanc et maintenant qu'il s'est révélé, soit il allait filer un coup de main, ce qui était peu probable avec la poisse de ces derniers temps, soit pourrir tout le travail de Davis dès qu'elle touchera un clavier.
En fin de journée, Kaylee et Archibald étaient apparue au camp en disant avoir eut accès à un bloc médical pas très légal et qu'il était prêt à opérer Plume sur l'heure. C'était presque trop beau pour être vrai, mais il faut dire qu'ils n'avaient pas le choix. Ce n'était pas avec son handicap qui la faisait tourner en rond en se persuadant devenir inutile que la compagne de la Narisienne allait affronter l'avenir sereinement. De plus, il y avait également un avantage plus pragmatique. Plume était une personne très efficace sur le terrain, ça serait une grave erreur de ne pas sauter sur l'occasion de ne pas la remettre sur pied.
Avec le départ d'Hilda, c'était Aeryn qui se chargerait de l'appareil de soin une fois que tout l'attirail tordant l'os de Plume sera retiré. Elle avait prit ce fameux sérum créé par Nadira pour utiliser les technologies goa'uld sans naquadah dans le sang. Même si elle n'allait l'utiliser qu'au retour du groupe. Est-ce que ça allait marcher ? Sans doute. Sans conséquence ? Un peu moins sûr.
Évidemment, après un trajet en van en toute discrétion mena dans un endroit franchement pas accueillant. Dans le genre asile psychiatrique de film d'horreur. Difficile de faire mieux. Manquer plus que l'orange pour compléter le tableau. Le mystérieux trafiquant annonça qu'il avait déjà payer les gardiens pour entrer mais qu'il faudrait faire preuve de discrétion. Apparemment, cette bâtisse était encore en fonction avec du personnel... personnel pas forcément au courant de ce genre d'opération nocturne :
"Plus vite partit d'ici, mieux ça sera. Pour nous tous."
Elle n'avait pas confiance en ce Burton, surtout avec le coup du hackeur de tout à l'heure. Peut-être était-il vraiment doué de bonnes intentions. Peut-être allait-il retourner sa veste si l'autre camp lui fait miroiter une plus grosse récompense. Ou alors il les menaient en bateau depuis le début et collaborait avec les forces de Tonatiiuh ou pour son propre compte. Quoi qu'il en soit, impossible de faire marche arrière et impossible de passer à côté de cette occasion. Marche ou crève... ça semblait être nouvelle la devise du groupe depuis l'invasion...
Ils arrivèrent au bloc opératoire. Plume, tenant fermement et un peu plus la main de la Narisienne, demanda s'il était possible de faire l'opération uniquement en anesthésie locale, refusant sans doute de s'endormir, et donc d'être parfaitement vulnérable, dans ce genre d'endroit avec des inconnus partout :
"Je peux rester aussi de l'autre côté de la table ? Histoire de la rassurer ? Et promis je me laverais les mais et je mettrais un masque, votre capuche sur la tête et les chaussures dans un sac."
Kaylee et Archibald avaient réussi à se mettre d'accord avec le contact de Charles et tout avait été prévu pour le soir même, ce qui ne lui laissa pas beaucoup de temps pour les préparatifs et rassembler une équipe.
Le soir venu, elle emmena une anesthésiste, le Dr Morpheus et un spécialiste en orthopédie du nom de Balboa. En somme, c'était le strict minimum. Normalement, l'opération était censée être relativement simple et rapide, la procédure ne devant pas durer plus d'une heure, sauf complications. Mais elle ne savait pas trop à quoi s'attendre à cause du soin pratiqué avec l'appareil goa'uld et redoutait qu'il leur faille plus de temps. Les paroles de son interlocuteur à leur arrivée ne la rassurèrent pas vraiment. Elle s'inquiétait désormais de la possibilité qu'ils soient interrompus, sachant maintenant que les lieux ne seraient pas déserts.
*Comme si les choses se déroulaient toujours bien et comme prévu…*ne put-elle s'empêcher de penser.
L'hôpital semblait ancien et tout droit sorti d'un film d'horreur, pour améliorer les choses. Mais tant que le matériel était moderne et qu'ils avaient ce qu'il leur fallait, le cadre importait peu à ses yeux.
« Nous vous suivons. Combien de temps avons-nous exactement ? Une idée ? » demanda-t-elle à Burton.
Alors que le groupe se dirigeait vers le bloc tout en essayant de se faire discret, Plume demanda s'il était possible de l'opérer avec une anesthésie locale. Dans des circonstances normales, cela aurait pu se faire. Mais là, elle avait une équipe très réduite dans un lieu qu'elle ne connaissait pas avec un temps limité pour agir. L'anesthésie loco-régionale demanderait un peu plus de temps et l'immobiliserait aussi plus longtemps que l'anesthésie générale. Elle secoua la tête.
« Dans notre situation actuelle, non. Mieux vaut procéder sous anesthésie générale. Vous ne serez endormie qu'un peu plus d'une heure, voir moins, si tout se passe normalement et bien. Vous vous réveillerez très vite et vous serez ensuite en mesure de vous lever et de vous déplacer par vous-même assez rapidement, avec des béquilles cela dit, le temps que nous rentrions pour la suite. Et il vous faudra éviter tout choc dans votre jambe, si vous ne voulez pas faire sauter les points ou vous brisez à nouveau l'os, car celui-ci sera fragilisé par l'opération. » répondit-elle.
Elle était aussi ennuyée par le fait que le soin goa'uld allait avoir lieu au camp, et non pas ici. Elle n'aurait aucun moyen de vérifier l'efficacité de celui-ci ou d’intervenir pour réparer d'éventuels dégâts, s'il venait encore à échouer.
L’intérieur de l’Hopital était aussi décrépit et engageant que l’extérieur. Apres les avoir fait patienter quelques minutes, Burton revint et leur fit signe de le suivre, via une petite porte de service.
« - Nous avons quelques heures devant nous. Mais il y a une complication. Nos amis d’outre espace ont apparemment décidé de se servir de l’endroit pour y faire soigner du monde. Le gars que j’ai interrogé n’en sais pas plus. Ils doivent arriver demain dans la journée mais du coup, tout un étage à été vidé pour eux. Ce qui veut dire qu’il risque d’y avoir un peu d’allée et venues que prévue. Alors prudence ok, et surtout laissez rien traîner derrière vous. »
Sur cette dernière recommandation, ils montrent dans les étages via un ascenseur et furent accueillit à leur arrivée par un long hululement qui se termina par un rire strident.
« - Ah ouais, ils ont fait venir les barges à cet étage en fait. Désolé pour le bruit. »
Les quelques infirmières qu’ils croisèrent étaient bien trop occupées à s’occuper de leurs patients récemment déplacés pour s’occuper d’eux. C’était toujours ça de gagné.
Plume n'était pas du tout ravie à l'idée de subir une anesthésie générale. Elle pouvait comprendre. Beaucoup de patients n'aimaient pas l'idée d'être endormi et les risques qui allaient avec, mais c'était encore plus vrai chez elle. Cependant, elle n'aurait probablement pas été ravie d'apprendre que l'anesthésie loco-régionale impliquait une péridurale et l'injection de produits pour qu'elle reste parfaitement calme et détendue et qu'elle ne pouvait pas les refuser. Et il lui faudrait au moins trois heures pour recouvrer toute sa lucidité et sa mobilité, contre moins de deux heures avec l'anesthésie générale. Elle s'apprêtait à le lui expliquer quand Burton revint avec de mauvaises nouvelles.
« L'ennemi veut soigner des gens ici ? Certainement pas les siens, vu les lieux. Ce serait plutôt propice à la torture, si vous voulez mon avis. Je me demande comment cet endroit arrive à conserver le droit de recevoir et soigner des patients. Il est à la limite de la salubrité. Il aurait besoin d'être refait de fond en comble et je n'ose imaginer la tête de l'équipement et du bloc dans lequel nous allons devoir travailler. »fit-elle sur un ton critique.
À cheval donné on regardait pas les dents, mais tout de même. Elle se demandait si maintenir l'opération dans ses conditions était vraiment une bonne idée. Les risques venaient de considérablement augmenter, mais elle n'était pas certaine de quand une opportunité de ce genre se représenterait. ET si l'ennemi arrivait vraiment dans la région, ils allaient devoir se faire discrets, voir carrément envisager de partir ailleurs. Il faudrait qu'elle avertisse au plus vite De Bressignac et Sincet de ce développement inattendu et de mauvais augure.
« Nous ne devons donc pas traîner. Nos… amis pourraient décider de débarquer plus tôt. Plus vite nous commencerons, plus vite nous quitterons les lieux. » dit-elle, ce qui lui semblait encore plus justifier son choix de recourir à l'anesthésie générale.
Alors qu'ils marchaient, un néon se mit à clignoter, des portes grincèrent. Pour un peu, elle se serait cru dans un film d'horreur et elle n'aurait pas été surprise que quelqu'un leur saute dessus en hurlant juste pour leur faire peur ou de voir un cadavre ou deux traîner. L'ascenseur mit tellement de temps à atteindre leur étage qu'elle se dit qu'ils n'allaient jamais arriver à destination. Au retour, elle prendrait les escaliers, ce serait nettement plus rapide. Mais serait-ce moins dangereux vu l'état de de délabrement des lieux ? Rien n'était moins sûr, pas plus que l'état de fonctionnement des systèmes de sécurité ou d'incendie...
Apprendre qu'une partie des patients de psychiatrie se trouvaient à leur étage n'avaient absolument rien de rassurant et rendait leur situation encore plus précaire. Le personnel semblait débordés et les patients déchaîner et peu coopératifs. Voilà qui promettait et ne faisait que rajouter des éléments inconnus et perturbateurs potentiels. Si elle avait eu le choix, elle aurait annulé l'opération et fait demi-tour, non sans embarquer du matériel pour opérer au camp.
« Vous êtes sûrs qu'on ne peut pas juste… "emprunter" ce dont nous avons besoin et aller dans un lieu moins risqué ? Peu importe ce que ça coûtera, mais même un cabient vétérinaire me semble plus recommandé et adapté que cet endroit. »demanda-t-elle, sans vraiment y croire.
Ils préparèrent Plume aussi rapidement que possible avec des gestes sûrs nés de l'habitude pendant que l'orthopédiste vérifiait les instruments. Tous étaient des médecins expérimentés, même s'ils n'avaient jamais travaillé ensemble auparavant. Aynira resta aux côtés de sa compagne jusqu'à ce que celle-ci s'endorme, ce qui ne prit que quelques minutes.
« Mme Leyva, pouvez-vous verrouiller la porte et monter la garde ? Il faut s'assurer que personne n'entre et ne vienne interrompre l'opération. »
Il fallait absolument que quelqu'un fasse le gué et repousse les éventuels curieux, vu les énergumènes qui peuplaient l'étage. Puis elle se tourna vers son équipe, en prenant le scalpel.
« Allez, c'est parti. Travaillons vite et bien. Et espérons que nous n'aurons pas de mauvaises surprises une fois que nous aurons ouvert. »
L’opération débuta dans un climat tendu. Le matériel était plus correct que ce que l’avait craint Kaylee mais l’environnement était déplorable. A plusieurs reprises elle faillit sursauter quand un ricanement traversait tous l’étage, quand ça n’était pas un hurlement glaçant.
L’orthopédiste confirma que Plume avait bien cicatrisée et il put retirer la quincaillerie qui la bloquait depuis de longues semaines.
A l’extérieur du bloc, Burton et Aynira patientaient en buvant un café insipide. Soudain le téléphone de leur nouvel ami vibra et il jura en découvrant le message qui venait d’arriver.
« - Les goa’ulds arrivent. Un de leur petit vaisseau va se poser dans quelques minutes avec des prisonniers VIP. Va pas falloir trainer ! »
Tout en parlant, il envoya un message à la chirurgienne pour l’avertir du nouveau problème.
Kaylee fut surprise de voir que le matériel était bien plus à la hauteur que l'établissement. Ce n'était pas de la haute qualité ni du matériel de pointe, mais le matériel décent qu'on trouvait dans n'importe quel hôpital. Au moins quelqu'un ne lésinait pas de ce côté-là et s'assurait que les médecins puissent faire correctement leur travail.
En dépit de l'atmosphère glauque, des rires déments et autres hurlements qui n'aidaient pas à la concentration, ils purent travailler vite et efficacement. L'opération se déroula étonnamment bien et sans aucune complication d'un point de vue médical.
Évidemment, les choses se gâtèrent vers la fin. Elle reçut un message qui, non sans surprise, annonçait que les Goa'ulds avaient décidé de débarquer plus tôt que prévu avec des "invités". Ils allaient devoir accélérer le mouvement pour pouvoir partir d'ici avant qu'ils leur tombent dessus.
« Arrêtez l'anesthésie. Elle devrait se réveiller assez vite, mais trouvez-moi des stimulants pour accélérer les choses, au cas où. »fit-elle à l'anesthésiste qui lui lança un regard interrogateur alors qu'elle faisait les points pour refermer l'incision.
Elle aurait terminé avant que l'effet des produits se soit complètement dissipé et que Plume commence à reprendre conscience. Et avec les antidouleurs, elle ne sentirait pas grand-chose, de toute façon.
« Nous allons avoir de la compagnie hostile dans quelques minutes. Mieux vaudrait qu'elle ait à peu près retrouvé tous ses esprits et soit en mesure de se déplacer par elle-même si jamais les choses devenaient mouvementées pour sortir. »expliqua-t-elle, sentant la tension montée d'un cran.
Elle regretta soudain de ne pas avoir emmené un militaire avec eux, mais la zone était censée être sûre, raison pour laquelle ils étaient là. Mais si l'ennemi débarquait en ville, ils allaient probablement devoir revoir leurs plans et se faire encore plus discrets, voir même quitter la région.
« On va avoir besoin d'un fauteuil roulant. Il faut qu'on sorte d'ici le plus rapidement possible. Je doute que nous fassions le poids contre qui que ce soit si nous devions nous battre, ce qu'il faudrait éviter. Il y a trop de monde et les risques de blessés sont trop importants. Qui est armé ? » demanda-t-elle malgré tout.
Elle avait toujours son arme de poing dans ses affaires, mais elle n'était pas certaine que ce soit le cas des deux autres qui n'étaient que des civils. Leur patiente serait très limitée dans ses déplacements, mais elle pourrait probablement se défendre si elle le devait, à défaut d'autre chose.
La Narisienne resta dans le bloc jusqu'à ce que l'anesthésie fasse son effet. Malgré les demandes de Plume, on préféra l'anesthésie générale qui était plus rapide à "dissiper" une fois l'opération terminée ou en cas de problème. Kaylee lui demanda ensuite de quitter la pièce, verrouiller derrière elle et monter la garde. Elle aurait préférée rester, mais elle n'avait pas le choix. Et puis la médecin aurait été capable de ne pas opérer parce qu'on ne lui obéit pas gentiment. Du coup, elle allait jouer les super gardes du corps pour quelques heures... en espérant que les seules choses à se méfier soient les tuyaux qui sifflent et les sols qui grincent.
Aynira attendit donc avec Burton, buvant un liquide, supposément être du café. En fait il était tellement insipide qu'on aurait pût dire que c'était n'importe quoi. Aeryn aurait piquée un de ses scandales...
Et évidemment, il a fallut que ce soit à ce moment précis que les envahisseurs aient l'idée d'apporter des "invités" à l’hôpital. Inutile de dire qu'avec l'état générale de lieux, c'était pas Tonatiuh qui allait être traité ici, malgré le statut de "VIP" annoncé. Même les prisonniers étaient sans doute dans des endroits plus sain. Il ne faudrait pas qu'une blessure infectée mette un terme prématuré à leur petite session de torture et vue la tête de l'immeuble, une simple coupure pouvait sans doute devenir une gangrène en un temps record.
Le mystérieux trafiquant avertit le bloc opératoire de la fin des vacances. Le bruit à l'intérieur de la salle indiquait que ça se préparait en conséquence :
"Dites ? Vous avez une arme en rab ? Du genre gros calibre."
Elle avait bien une arme de poing, mais si les tonatroopers étaient dans la place avec leurs grosses carapaces métalliques, pas sûr que ce soit efficace...
Burton sourit quand Aynira lui parla d’arme lourde. Ça devait entrer dans sa définition de la femme parfaite.
« - Désolé, j’ai pas mieux, dit-il en lui tendant deux grenades. Faites en bon usage. »
Plusieurs infirmières affolées passèrent prés d’eux sans les voir. Certaines avaient mis des impers et n’avaient visiblement pas l’intention de faire long feu ici. D’autres, dévouées ou suicidaires se préparaient à recevoir leurs invités.
Pendant ce temps la, Kaylee se préparait à ressortir du bloc. Les dernières sutures étaient posées et l’anesthésie stoppée. Plume n’allait pas tarder à se réveiller, doucement. Elle resterait dans le brouillard pendant encore un moment cependant.
A l’extérieur, les renforts arrivaient. Beaucoup auraient avait répondre présent à l’appel de Charles mais les deux voitures ne pouvaient contenir qu’une dizaine de personne. Aeryn, Archibald, Slade et Charles était donc accompagné de trois militaires donc le sergent Williams, rescapé de l’équipe d’assaut de l’Achilles. En arrivant prés du parking, ils furent survolés par deux planeurs de la mort qui patrouillaient la zone, tandis qu’un Teltak se posait sur le toit de l’hôpital. Dans le parc, devant le bâtiment, patrouillait des soldat de Tonatiuh, Jafa et humains.
« - Ca va être coton, constata Charles en sortant de la voiture, accroupis et arme en main. Que Dieu nous aide. »
A l’intérieur, la situation empira brutalement. Le petit groupe s’était tassé dans un ascenseur avec la ferme intention de descendre vers leur véhicule. Au lieu de ça, la cabine se mit à monter et s’ouvrit sur deux humains en uniforme de l’envahisseur qui poussait une sorte de cercueil métallique.
« - Vous êtes médecin ? demanda l’un d’eux à Kaylee. On a besoin de vous ! Faut pas qu’elle meure. »
Il désignait une vitre dans le « cercueil » ou se trouvait une jeune femme (presque) blonde qu’ils connaissaient tous : Aeryn. Sur le coté, un écran montrait ses constantes vitales en train de s’effondrer à toute vitesse.
Archibald et les autres arrivèrent finalement à l'hôpital. Ils furent survolés par deux planeurs de la mort qui semblaient patrouiller dans la zone.
"Il ne va pas falloir trainer !"
Ils sortirent de la voiture, Archibald avec son Beretta prêt à tirer si besoin, il remarqua le Tel'tac qui se posait sur le toit de l'hôpital.
"C'est pas gagné ..."
Il observa les alentours en restant caché grâce à cette dernière.
"Il va falloir la jouer fine ... Slade, vous prenez les devants avec le sergent Wiliams, Charles vous guidera. Liamson et Angels vous fermez la marche. Il va falloir être très discrets. Charles, vous savez où ils peuvent être et s'il y a un moyen simple d'y accéder ou au moins plus discret que par la porte d'entrée ?"
Instinctivement Archibald avait enchaîné les ordres et donné une organisation sans se rendre compte qu'il n'était pas le chef ici. L'adrénaline peut-être, il voulait agir efficacement et rapidement pour sauver Kaylee et les autres. Il regarda ensuite Aeryn pour avoir son avoir voire d'autres ordres pour améliorer les propositions du scientifique pour cette mission. Elle comme lui étaient restés un peu en retrait, laissant à Charles la charge de gérer le camps. Mais pour Archibald, Aeryn avait l'étoffe d'une chef.
Kaylee finit rapidement les points et ils transférèrent Plume sur un fauteuil, une perfusion toujours dans le bras. Elle était toujours inconsciente, mais il faudrait encore quelques minutes avant qu'elle commence à se réveiller et puis encore un moment avant d'avoir les idées totalement claires et de pouvoir tenir debout pour agir en dépit des risques de nouvelle fracture qu'elle encourrait. Ils avaient réussi à s'entasser dans un ascenseur alors qu'une partie du personnel cherchait aussi à quitter les lieux, à part quelques-uns trop fous ou trop dédiés à leur travail pour abandonner les malades.
Mais au lieu de descendre, ils montèrent et les portes s'ouvrirent sur un groupe d'ennemis poussant un brancard avec une espèce de chambre d'isolement pour patient. Ils se baladaient avec un malade atteint d'une maladie contagieuse ?
« Oui, je suis médecin. Et on va tout faire pour éviter ça. » leur répondit-elle.
Elle ne pouvait guère le nier alors qu'elle portait toujours sa tenue de bloc et qu'elle avait son stéthoscope autour du cou. Des années de pratique lui permirent de garder un visage totalement neutre quand elle vit Aeryn dans la boîte. Comment était-ce possible ? Avaient-ils attaqué le camp et avait-elle été blessés ? Il n'y avait pas trente-six solutions de le découvrir à part la prendre en charge. Mais cela voulait dire qu'ils ne pouvaient pas y retourner et qu'ils allaient devoir se replier ailleurs.
« Que lui arrive-t-il ? Et pourquoi est-elle enfermée là-dedans ? Il va falloir la sortir de là pour que je puisse l'examiner et la soigner. »fit-elle en sortant de l'ascenseur sans aucune hésitation.
En passant, elle appuya sur le bouton pour renvoyer l'ascenseur au rez-de-chaussée. Avec un peu de chance et au milieu de tous ceux qui essayaient de quitter les lieux, le groupe devrait y arriver. Et avec la panique et la peur, le personnel ne devrait pas trop se poser de question sur sa propre identité et sa provenance, surtout habillée comme elle l'était et alors qu'elle montrait très clairement qu'elle savait ce qu'elle faisait. Elle se retourna vers l'ascenseur.
« Ramenez-la à sa chambre le temps qu'elle se réveille. N'hésitez pas à demander de l'aide en cas de besoin. Revenez me voir plus tard. »fit-elle en désignant Plume en espérant que tout le monde jouerait le jeu.
Ils ne pouvaient rien faire de plus pour l'instant. Ils n'étaient pas assez nombreux et si Aeryn avait vraiment besoin d'être soignée, il fallait qu'elle le fasse ici où elle pouvait travailler avec ce qu'il lui fallait en attendant que les autres reviennent avec des renforts pour les sortir toutes les deux de là.
Kaylee avait refusé l'anesthésie locale. Plume n'aimait pas ça mais elle n'avait pas le luxe de pouvoir faire des exigences. Dans l'état actuel, elle voulait simplement retrouver l'usage normale de sa jambe. Tant que l'opération se ferait, elle devait accepter les conditions imposées par la médecin. Sans lâcher la main d'Aynira, la jeune femme obétit à tous les ordres de Backett, même si cela ne lui plaisait pas et, bientôt, sa vision se brouilla et son esprit devint cotonneux. Elle ne tarda pas à sombrer dans l'inconscience, en espérant qu'à son réveil, elle n'aurait pas un locataire indésirable dans la tête.
Contrairement à ses courtes nuits, ce sommeil-là ne fut pas rempli de cauchemars. En fait, il n'y avait rien eu. Seulement le noir. Un rien qui était angoissant pour certain mais que Plume trouvait, au contraire, salutaire. Mais lorsque son esprit commença à reprendre un peu de vigueur, ce calme relaxant fut envahi d'une sensation étrange. Etrange et pourtant familier. La jeune femme n'arrivait pas à ouvrir les yeux. Pas encore. Mais ce sentiment était bien là, présent, sans qu'elle n'arrive clairement à l'identifier. C'était comme lorsqu'on cherchait un mot que l'on était sûr de connaître. Aynira disait qu'il y avait une expression pour ça. L'avoir sur le bout de la langue. Même si Plume n'avait jamais vraiment compris toutes les expressions terrienne, celle-ci fonctionnait parfaitement avec son état actuel. Il se passait quelque chose. Quelque chose qu'elle connaissait mais dont elle n'arrivait pas à se souvenir.
Elle se sentait bouger. Son corps était assis sur un objet roulant.
"Qu'est-ce que, …"
Avec peine, la jeune femme parvint à ouvrir légèrement les yeux. Autour d'elle, des murs, un bruit de moteur et une sensation de suspension. Elle était dans un ascenseur. Mais où ? Et pourquoi ? Tout cela ne lui plaisait pas. Elle avait l'impression de rater quelque chose. Elle n'avait aucun contrôle sur son corps, et celui sur son esprit était bien trop fluctuant à son goût. C'en était trop. La jeune femme commença à remuer comme lorsqu'elle le faisait la nuit, durant ses cauchemars. Elle devait se réveiller. Maintenant !
Lorsqu'ils arrivèrent sur place, le spectacle n'était pas encourageant. Deux chasseurs survolaient la zone et un teltac venait de se poser sur le toit. Rapidement, Archibald distribua des ordres pour se mettre en marche mais Aeryn le stoppa d'un geste.
"Attendez ! On ne connaît ni l'endroit, ni les forces en présences. On devrait d'abord essayer de les contacter pour savoir où ils sont."
Peut-être qu'ils avaient déjà réussi à sortir. Peut-être qu'ils étaient quelque part non loin de la porte. Ou peut-être que, au contraire, ils étaient en plein dans la zone occupée. Pour agir au mieux, il fallait plus d'informations. C'est pourquoi Aeryn prit son téléphone et envoya un message à Aynira.
[On est devant. Où êtes vous ?]
Puis, elle leva les yeux vers ses collègues.
"Laissez-lui une minute. Si on n'a aucune réponse, on entrera."
Est-ce qu'ils seraient d'accord avec ça ? Honnêtement, Aeryn n'en savait rien mais il était trop risqué de foncer tête baissée.
"Voyez si vous pouvez repérer leur véhicule."
Elle-même tourna sur elle même pour chercher le mini van avec lequel le groupe médical était parti un peu plus tôt. S'il était quelque part, alors il y avait fort à parier que leurs amis aussi.
La Narisienne se retrouva avec deux grenades en plus et n'attendit que quelques instants avant que l'équipe médicale ne sorte avec Plume assise sur un fauteuil roulant. Réveillée, mais toujours dans les vapes post-opératoires.
Le groupe prit la direction de l'ascenseur, mais au lieu de descendre, ce dernier monta et s'ouvrit sur un groupe d'hommes de Tonatiuh. Heureusement, ils semblaient plus préoccupés par leur blessé, qui était dans une sorte de caisson, que du groupe. Le haut du couvercle était transparent, permettant d'identifier l'occupante pendant que Kaylee fut prise à partie pour s'occuper d'elle, confondue avec un médecin de l'établissement.
Mais comment ? L'occupante n'était autre qu'Aeryn et ses constantes vitales s'amusaient à faire une samba mortelle. Il y avait des tas de questions à poser, mais comment faire sans griller leur couverture qui était à un cheveu de s'envoler au moindre faux pas.
Jouant le jeu, la médecin prit la patiente en charge, demandant au reste de groupe d'amener Plume "dans sa chambre". Une diversion pour mettre tout le monde à l'abri. Quant à elle ? Elle allait sans doute jouer les docteurs le temps de la comédie. Pas le temps de prévoir davantage. Le temps était à l'improvisation.
L'ascenseur reprit sa route vers le rez-de-chaussée quand la Narisienne reçut un message... d'Aeryn. Elle lui disait qu'elle était à l'entrée, prête à récupérer tout le monde. C'était officielle, elle était larguée. Elle répondit au message :
[On arrive. On a que le hall à traverser ! Rassure-moi. T'es pas dans un caisson avec des soldats de Tona autour et t'as toujours pas de sœur jumelle ?]
La question était un peu bizarre, mais Aeryn avait l'habitude de ce genre d'interrogations qui en disait beaucoup sur ce que voyait la Narisienne depuis le temps...
Plume, Aynira et Burton purent descendre de l’ascenseur rapidement tandis que Kaylee continuait son chemin pour s’occuper d’Aeryn. Elle se retrouva rapidement dans une salle des urgences ou le corps fut extrait de son caisson de conservation. Elle souffrait d’une anémie violente sans doute du aux condition de sa captivité. Par contre son activité cérébrale se stabilisa rapidement pour remonter vers la normale. Si le corps se mourrait, l’esprit était toujours présent.
A l’extérieur, le groupe de résistant constata que les patrouilles nombreuses avait déjà repéré le véhicule avec lequel étaient arrivés Plume et les autres. Il leur faudrait autre chose pour partir. Ils purent par contre se faufiler dans le parking souterrain d’où ils pourraient accéder aux étage, si bien sur ils continuaient à esquiver les divers gardé posté un peu partout.
Dans la chambre de réveil, Plume reprenait lentement conscience en compagnie d’Aynira tendis que Burton gardait la porte nerveusement. Un bipbip sur le moniteur pres du lit attira soudain leur attention. Un message venait de s’afficher : « Laissez moi vous aider, je peux vous faire sortir d’ici. »
Autour de Plume, personne ne semblait faire attention à elle et des voix se firent entendre. L'échange était stricte, impersonnel, autant que la jeune femme puisse en juger et, bientôt, tout se remit en route. On la conduisit ailleurs. La jeune femme avait toujours du mal à garder les yeux ouverts et, lorsque ses paupières se soulevaient, les images qu'elle recevaient étaient bien trop flou à son goût. Est-ce que l'opération avait altéré sa vision ?
En fait, elle se sentait comme dans un rêve. Un état cotonneux qui ne semble avoir aucun sens. Et cette sensation angoissante de plus en plus présente. Si seulement elle parvenait à se souvenir de ce que cela signifiait !
La seule chose qu'elle savait, c'était que c'était mauvais signe. Il fallait qu'elle se lève, qu'elle sorte d'ici. Ou mieux, qu'elle se réveille ! Alors elle poussa sur ses bras pour se mettre debout en tâchant de garder les yeux ouverts mais elle n'avait plus aucune force. Ses bras parvinrent à peine à la projeter en avant et ses jambes se dérobèrent sous elle. Un grognement de rage s'échappa de ses lèvres alors qu'elle sentait le sol froid sous elle. Puis, deux bras puissants la redressèrent. C'est alors qu'elle se souvint de cette sensation et son corps entier se mit à frémir.
"Des goa'uld. Il y en a partout !"
Et elle n'était même pas capable de tenir sur ses jambes. C'était la fin.
Les troupes ennemies se faisaient de plus en plus présentes et elles avaient repéré le mini van avant eux. Il leur faudrait un autre moyen de partir. Leur deux voitures seraient bien trop justes pour une quiinzaine personnes. Aeryn grimaça mais il faudrait se charger de ça plus tard. La priorité était déjà de sortir tout le monde du bâtiment. Son communicateur vibra et elle s'empressa de lire le message d'Aynira. Ses sourcils se froncèrent rapidement.
[Qu'est-ce qui se passe ?]
Tout cela n'était pas normal. Pourquoi Aynira lui parlait de soeur jumelle et de caisson ? La bonne nouvelle était que le groupe n'allait pas tarder à sortir.
"Ils arrivent. On les récupère et on trouve un moyen de filer rapidement !"
Pour l'instant, nul besoin de chercher à entrer dans l'hôpital. Sauf que les minutes s'écoulèrent et que personne ne sortit.
"Ils ont dû avoir un problème… Il faut trouver un moyen d'entrer. Et sans passer par le hall."
Si c'était la zone qui avait posé problème au groupe à l'intérieur, autant l'éviter. Après quelques minutes, ils finirent par trouver un accès au parking. L'ascenseur descendait jusque là. Le problème était de savoir jusqu'où aller.
[On vient vous chercher. Quel étage ?]
Autant profiter des toutes les informations qu'ils avaient au lieu de partir à l'aveugle.
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Aeryn sentit à peine son corps être déplacé mais la surface froide sous elle la fit lentement émerger. Elle entendait l'agitation autour d'elle et les sons des machines. Où était-elle ? Qu'est-ce qui était en train de se passer. Où étaient Thomas et Adam ? Est-ce qu'ils allaient bien ? L'irlandaise ouvrit la bouche pour tenter de poser toutes ces questions mais seul un râle incompréhensible sortit de sa bouche avant que son corps soient pris de léger tremblement et qu'elle ne se mette à tousser.
[Oh rien, on vient juste de croiser quelqu'un dans un caisson de survie, escortée par les gardes de Tonatiuh et qui te ressemblait comme deux gouttes d'eau...]
Et un problème de plus sur les bras. Clone ? Espionne ? Robot camouflé ? Théorie terrienne disant qu'il y avait un sosie parfait pour tout le monde ? Impossible à dire à part que peut-être, la vraie Aeryn était dans cette boîte là haut entourée d'ennemis et que celle au bout du fil était une imposteur, ou l'inverse. Dans tout les cas cela voulait dire de faire une chasse aux sorcières dont elle aurait bien voulue se passer.
L'autre question était de savoir, comment. Comme de par hasard, les troupes de Tona débarquent dans un hôpital miteux en même temps qu'eux, avec, comme par hasard, une personne ressemblant à Aeryn à sauver. Et ils se croisèrent en même temps, histoire de bien montrer ce qu'ils avaient là. Beaucoup de trop de coïncidences.
Plume commença à s'agiter en mentionnant des Goa'uld présent partout et la Narisienne lui prit la main pour la rassurer :
"On est dans l’hôpital tu te souvient ? L'opération est finit. Il faut juste attendre que les effets de l'anesthésie se dissipe. Les troupes de Tona sont au-dessus avec une urgence à traitée. Pour l'instant on est à l'abri"
Elle se pencha pour déposer un baiser sur la joue en prenant sa main avant de chuchoter :
"T'en perçoit un dans la pièce ou à côté ? Un coup pour oui, deux pour non."
Même si elle était encore dans les vapes, son organisme était toujours capable de repérer du naquadah dans les parages immédiats. Sinon elle ne serait pas dans un état pareil. Un nouveau message "d'Aeryn" apparut, demandant où ils étaient :
[Salle de réveil. Au rez-de chaussée.]
Et au même moment, un bip sur le moniteur à côté du lit attira l'attention avec un message disant que quelqu'un pouvait les aider à sortir de là. Le mystérieux hackeur de la veille ?
[Et tu veux quoi en échange ?]
Peut-être un piège de plus. Peut-être un opportuniste. Peut-être quelqu'un qui voulait vraiment les aider. Au point où elle en était ce n'était plus si grave que ça...[/color]