Apparemment, le monologue de Charlie avait été vain. L'instructeur ne s'y intéressa pas le moins du monde et le jeta au milieu d'une cacophonie dérangeante. Il y avait dans la pièce une multitude de blessés en tout genre venus selon Blumberg d'une station spatiale sensée protéger la planète.
Si les occupants de la salle et le personnel en blouse blanches n'avaient pas suffit, le matériel médical aurait permis à Hawkins de déterminer qu'il s'agissait là de l'infirmerie. Il prit un moment pour observer ce qui l'entourait en faisant abstraction de l'agitation ambiante et des cris plaintifs. Il avait l'habitude de tous cela et, même si ce n'était pas une sensation agréable, il avait appris au fil du temps à s'en défaire pour se concentrer sur l'essentiel. De toute façon, l'empathie n'était pas sa qualité principale.
Charlie commença par poser son sac sans un égard pour l'instructeur qu'il avait à peine regardé. Il évolua ensuite dans la pièce à la recherche d'une blouse, de gants et d'un masque. Il dut plusieurs fois s'écarter brusquement pour ne pas entrer en contact avec les blessés sanguinolent.
"Faites attention ! Ma chemise est propre et j'apprécierai qu'elle le reste !"
Il trouva finalement ce qu'il cherchait et s'équipa convenablement. Il ne prit pas la peine de se présenter ni aux patients, ni à l'équipe et commença son travail.
"Débarrassez-moi la zone près de l'armoire, on y mettra les blessés les moins atteints. Vous, vous et vous, désinfectez-les, bandez et donnez-leur de la morphine. Ensuite, renvoyez-les là-haut, ils ont un travail à finir."
Il avait désigner 3 infirmiers pour s'occuper des blessés légers. Sa mission était de les remettre sur pied pour les renvoyer au coeur de la crise. Il serait bien temps de finaliser le traitement une fois le calme revenu. Pour les autres, il faudrait un rétablissement plus long.
"Ceux pour qui le diagnostic vital est engagé seront placé contre le mur de gauche. Les autres devront attendre du côté droit."
L'équipe médical s'affairait à effectuer le tri dicté par le neurologue tandis que celui-ci se plaçait déjà près d'un patient gravement blessé. Il mis en pratique les gestes habituels de diagnostic sans aucun égard pour la douleur du blessé qui grogna à de nombreuses reprises.
"Voulez-vous bien vous taire que je puisse me concentrer."
Charlie détestait les contacts physiques mais il devait s'y résoudre et, pour cela, faire abstraction de l'être qu'il était en train de manipuler.
"C'est difficile pour moi aussi. Ce n'est pas agréable de patauger dans le sans et la chair tuméfiée."
Un morceau de métal avait violemment heurté le malheureux au niveau de l'épaule gauche. Le sang s'écoulait abondemment de la plaie mais l'homme était toujours conscient.
"Il semblerait qu'un morceau de métal à haute vélocité ait pénétré votre organisme quelques centimètres au-dessus du coeur. Je ne sais pas si on peut dire que vous avez eu de la chance parce que l'organe principal n'a pas été endommagé ou si, au contraire, vous n'avez pas eu de chance d'avoir été percuté par ce corps étranger. C'est une question de point de vue, je suppose. En tout cas, vous avez de la chance que je sois ici. Je suis le meilleur."
En disant ça, il serra fortement un garrot au dessus niveau de la blessure.
"Il faudra tout de même une chirurgie... En attente !"
Il expédia le patient vers le mur de droite et s'avança vers un autre blessé.