Extraction

En passant d’un lit à l’autre pour s’assurer que tout allait bien, Nadira se disait qu’ils avaient beaucoup de chance. Evidemment, les deux militaires morts n’auraient pas été de son avis. Mais avec la puissance et l’expérience de l’intrus, celui-ci aurait tout aussi bien pu détruire la station. Heureusement, quelqu’un avait eu la bonne idée de l’abattre avant qu’il ne fasse plus de dégâts.

Mais ce quelqu’un le vivait très mal, à en juger par sa tête de zombie tout juste déterré.
A voir le Neo Zélandais ainsi désemparé, l’égyptienne faillit le prendre dans ses bras pour le réconforter. Mais elle ne pouvait se permettre ce genre de démonstration d’affection ici.

« - Viens, répondit-elle simplement en le prenant gentiment par le bras. »

Elle le guida vers la salle d’observation ou se trouvait le corps de Sarah, entouré de machine qui bipait doucement. Impossible de se tromper sur le bip-bip cardiaque lent mais régulier. Elle était bel et bien en vie, bien qu’inconsciente.
Elle laissa à Noa le temps d’assimiler ce qu’il voyait tout en restant près de lui, moment compassionnel dont elle n’était pas coutumière.

« - J’ai extrait la balle, souffla-t-elle finalement, et réparé la plupart des dégâts. Elle est solide. Physiquement, elle se remettra. Mais cette chose est toujours dans sa tête. Pour l’instant je le maintiens sous anesthésie mais ça ne durera pas. J’ai déjà dû augmenter la dose deux fois. »

Noa était décidément en mauvais état. D’après ce qu’elle avait compris, c’est lui qui avait tiré. Elle ne se serait probablement pas sentie mieux si elle avait tiré sur Paul, du-t-elle admettre.
Le Néo-zélandais lui demanda ensuite comment débarrasser Sarah de son parasite. C’était au final toute la question.

« - J’aimerai autant faire sans eux. Nos relations ne sont pas au beau fixe depuis notre petite réunion avec eux. »

Évidemment, ils pouvaient toujours livrer Plume pieds et poings liés pour revenir dans leur bonne grâce, mais échanger l’une pour sauver l’autre n’était pas une solution à long terme. Elle se mordilla machinalement la lèvre avant de se lancer.

« - De notre côté, nous ne pouvons pas la sauver sans la tuer. Et c’est ce que je compte faire. »

Elle senti son ami sursauter et le regarda droit dans les yeux, pour qu’il comprenne à quel point elle était sérieuse.

« - Je compte sur l’instinct de survie de la larve et qu’elle sorte de son corps rapidement. Suffisamment rapidement pour que l’on puisse ranimer Sarah sans dégâts. »

Tout tenait dans ce « rapidement ». Si le Goa’uld prenait son temps, la belle blonde serait un légume à son réveil. Ce qui était sans doute mieux que possédé… mais de peu.

Elle se demandait comment allait réagir Noa. Elle n’avait pas besoin de son autorisation, évidemment, ni de celle de personne d’ailler, étant médecin principal de la station. Mais elle aimait autant que la procédure se passe dans la sérénité.

Noa décolla ses épaules du mur sur lequel il avait pris appui. Ses bras étaient croisés sur son torse mais on avait plus l'impression qu'il serrait ses côtes ou son ventre pour calmer une douleur lancinante. Il approcha de la vitre lentement alors que Nadira exprimait ses doutes d'une aide des Tokras.

" Ils sont censés venir la semaine prochaine pour discuter d'une possibilité d'Alliance.... " murmura t-il comme simple réponse.
Ils avaient reçu le message des Tokras il y a deux jours à peine.

Noa posa son front sur la vitre glacée sans quitter le visage de Sarah des yeux.
C'est alors que Nadira lança une phrase qui lui fit faire volte-face.
Il resta bouche-bée à la regarder avec des yeux ronds, les bras ballants. Avait-il bien entendu ?
Nadira soutint son regard et expliqua sa démarche.

Noa resta un long moment silencieux, son expression choquée figée.
" Quoi ? Non mais... non ! " finit-il pas dire, confus. " C'est de la folie. C'est trop risqué, ça va pas ! Elle vas ... Non tu ne peux pas faire ça ! " dit-il en montant le ton crescendo.
Puis il se tut et prit une longue inspiration pour calmer les battements de son cœur qui s'étaient emballés.
C'était de la folie,... n'est ce pas ? Il y avait une autre solution, forcément...
Et puis au fond de lui il savait que quoi qu'il dise et quoi qu'il fasse, il ferait toujours plus confiance à Nadira qu'aux Tokras. Alors ?

Il se retourna de nouveau pour faire face à la vitre, les bras croisés.

" On... je peux entrer ? " demanda t-il finalement avec une voix beaucoup plus calme.

Noa protesta contre la brutalité de sa méthode. Elle s’y attendait et avait même provoqué cette réaction sciemment. Maintenant elle pouvait le rassurer et faire passer la pilule plus facilement. Le genre de psychologie qui lui avait valu des notes exécrable à l’école de médecine.

« - Le labo est étanche. Je compte diminuer l’approvisionnement en oxygène petit à petit pour le mettre en état d’anoxie. Un peu comme des alpinistes en haute montagne. Dans cet état, le cerveau peut survivre sans dégâts une bonne heure. Ça devrait être suffisant pour convaincre la larve de sortir. »

Oui c’était risqué. Elle jouait avec le feu et la vie du lieutenant, mais ça valait le coup. Si elle pouvait mettre au point une procédure d’extraction claire, cela serait bénéfique pour tous. Dommage que son cobaye soit Sarah. Elle la connaissait peu mais la trouvait sympathique. Et vu la détresse qu’affichait Noa, elle n’était pas la seule.

« - Tu peux rentrer. Mais reste à distance s’il te plait. Je n’ai pas assez d’informations sur ces bestioles pour être sure à 100% qu’il dorme.»

Se sentait-il à ce point coupable pour vouloir lui parler directement ? Ou ratait-elle quelque chose d’évident ? Le doigt de la jeune femme hésita un moment sur la commande du microphone qui lui permettait d’entendre tout ce qui se disait dans la salle. Elle était sans doute censée le couper pour leur laisser un peu d’intimité… Mais bon, la déontologie n’avait jamais été son fort. Sa main retomba et elle écouta en essayant de garder un visage neutre.

De nouveau face à la vitre, Noa écouta les explications de Nadira. Il ne répondit pas, incapable d'y voir clair et de considérer l'idée de l'égyptienne. Il lui fallait digérer ces informations avant de pouvoir avouer que Nadira avait raison. Il le savait au fond de lui mais autre chose l'empêchait de s'y résoudre.
Il demanda à entrer dans le bloc. La jeune femme lui donna l'autorisation tout en lui demandant de rester à distance. Noa hocha la tête et posa la main sur la poignée de la porte.

Il entra dans le bloc et referma la porte derrière lui. Le silence était pesant, seuls les bips réguliers des machines venait le perturber. Noa approcha d'un pas lent, longeant le corps de la jeune femme. Son regard s'arrêta un instant sur le ventre de Sarah couvert par un drap bleu. Il frissonna. Ses yeux remontèrent jusqu'à son visage. Elle semblait dormir mais ses traits ne semblaient pas aussi détendus. Pouvait-elle l'entendre ? Était-elle en plein combat intérieur avec le démon qui la possédait ? Était-elle même toujours là, quelque part ?

Noa n'était plus qu'à un mètre de la jeune femme et faisait dos à Nadira. Ses bras étaient croisés sur son ventre. Il aurait voulu se ruer sur elle, la prendre dans ses bras, la serrer contre elle, la toucher, sentir la chaleur qu'elle dégageait pour se rassurer sur son état. Il espérait un instant la voir ouvrir les yeux et lui lancer ce regard espiègle en l'appelant "cow-boy". Sa gorge était serrée et il déglutit bruyamment.

" Sarah ?! .... " dit-il en un souffle. Le silence et le bruit des machines accompagnèrent son appel. Il se sentait un peu stupide, mais continua malgré tout. Si au fond de sa prison de chair, la jeune femme pouvait l'entendre, il fallait qu'il essaie. " Sarah, je ne sais pas si tu m'entends.... Je .... je suis désolé... " Sa voix se brisa et il se tut, une larme roulant sur sa joue.
Il se frotta les yeux entre son pouce et son index et renifla.
Noa prit une profonde inspiration.

" Si tu m'entends,... n'abandonne pas. On va te sortir de là... Je... s'il te plait... je tiens à toi... "
Sans même comprendre ce qu'il était en train de faire, le jeune homme vit alors son bras se tendre et sa main s'approcher du visage de la jeune femme. Il posa délicatement sa paume sur la joue de la jolie blonde et effleura ses lèvres avec le pouce.

Lentement il retira sa main et recula de quelques pas jusqu'à la porte qu'il ouvrit pour sortir.
Une fois de retour dans la salle d'observation, il croisa de nouveau les bras sur son ventre en regardant le bout de ses chaussures. Il appuya son dos contre le mur, silencieux.

Nadira observa l'informaticien s'approcher du lit de Sarah. Pourquoi se sentait-il à ce point coupable ? Curieuse, elle écouta les paroles désespéré de son ami. On aurait dit des paroles d'amant… Mais ça ne pouvait pas être le cas… il était gay, non ? NON ?

Depuis qu'elle avait vu la photo de l'ex petit ami du Neo Zelandais, elle s'était persuadé qu'il ne s’intéressait qu'aux hommes. Du coup, elle le considérait comme une sorte de grand frère complice a qui elle pouvait tout raconter. Comment avait-elle pu se tromper à ce point ? Après tout, elle même avait goutté aux femmes quelques années plus tôt et n'avait pas détesté.

Frénétiquement, elle réfléchi à toutes les conversations qu'ils avaient pû avoir. Ne lui avait-elle rien dit de compromettant ? D'inapproprié ?

*T'es vraiment la reine des truffes, Nad !*

Tout à ses pensées, elle avait complètement raté ce que disait l'informaticien. Elle sursauta quand elle se rendit compte qu'il s'était suffisamment rapproché pour la toucher, malgré ses instructions. Heureusement, il ne se passa rien et il ressortit aussitôt après, déboussolé.

Elle se rapprocha et n'hésita pas à le prendre dans ces bras, cette fois.

« - Je te promet qu'on va la ramener, souffla-t-elle. »

Un peu gênée par cette marque d'affection (plus due a la révélation qu'a un subit accès de compassion), elle se recula ensuite et utilisa son communicateur pour demander à la chef de base de passer rapidement. Il n'y avait pas que l'aspect médical à considérer dans cette affaire.

Noa sentit Nadira se rapprocher et bientôt ses bras vinrent le serrer. Le jeune homme lui rendit son étreinte en posant ses mains dans le dos de l'égyptienne. Il profita de l'instant en silence. Il avait toujours eu besoin de ces moments de proximité dans les moments difficiles et il en fut reconnaissant à Nadira.

Elle lui fit la promesse de sauver Sarah. C'était ambitieux et peut-être un peu avancé, mais cette affirmation rassura Noa. L'égyptienne se recula et rompit l'étreinte. Noa laissa ses bras tomber le long de son corps et leva ses yeux rougis pour la regarder.
" Merci. J'ai confiance en toi... " répondit-il.

Nadira demanda alors à Aeryn de passer. Il en déduisit qu'il voulait lui soumettre l'idée pour l'extraction du Goa'uld.
Le jeune homme passa une main sur son visage et fit quelques pas dans la salle comme pour essayer de reprendre de la contenance.
" Le Goa'uld ne tuera pas Sarah en sortant ? " demanda t-il d'une voix un peu plus assurée.

Il fallait qu'il comprenne, qu'il sache quels étaient les risques. Bien entendu, il n'avait pas son mot à dire. Il n'était personne pour donner son opinion, mais il avait besoin de savoir.
Sa place n'était même pas ici. Il aurait du être en salle de contrôle faire le point sur la crise qu'ils venaient de traverser. Il était le chef de la sécurité depuis à peine deux jours et il délaissait déjà son poste... Mais il savait qu'il aurait été inefficace, qu'il ne pouvait penser à rien d'autre ni faire quoi que ce soit tant que Sarah serait allongée sur cette table d'opération avec ce symbiote dans le corps.

La porte de la salle d'observation s'ouvrit sur Aeryn Sincet. Noa hocha la tête pour la saluer et fronça les sourcils à la question de Aeryn. " Elles " ? Pourquoi le pluriel ? Et soudain l'image de Plume, une arme à la main lui traversa l'esprit. Il se revoyait au ralenti détourner le canon vers les militaires pour qu'ils les zatte en retour. Il avait fait zaté Plume ! Et il s'était précipité vers Sarah sans demander des nouvelles de cette gosse !
La culpabilité le submergea d'un coup.

" Excusez-moi... " dit-il avant de se diriger vers la porte. Il l'ouvrit et sortit.

__________

Une fois dehors, Noa se dirigea d'un pas ferme vers l'infirmerie et s'arrêta devant le lit où Plume était allongée. Elle dormait et Aynira, sur une chaise à ses côtés faisait de même. Tant pis, il repassera.
Il demanda à une infirmière de le contacter dès que Plume serait réveillé et sortit.

Le vote de confiance du Neo Zelandais avait de quoi faire chaud au cœur. Même si elle aurait préféré qu'il arrive dans un moment moins critique.

« - Difficile à dire avec certitude, évidemment. Mais s'il la pense déjà morte, il n'a aucune raison de le faire. »

C'était un pari et l'un des point faible du plan… Mais elle ne voyait pas comment l'éviter… Pour l'instant en tout cas. Sincet arriva sur ses derniers mots, pendant que Noa sortait, les épaules basses.

« - Bonjour docteur Sincet. Plume va bien, physiquement. Mais elle aura sans doute besoin d’être suivi par monsieur Bressignac de prés après cette histoire. Pour le lieutenant, c'est une autre histoire. Je suis obligée d'augmenter la dose d’anesthésique toutes les trois heures. Il faut le sortir de la rapidement. C'est pour ça que je vous ai demandé de passer, je voudrais tenter une nouvelle procédure. »

Elle n'avait pas besoin de l'autorisation du chef de base pour operer, théoriquement. Mais il y avait des contraintes de sécurité à ne pas négliger ici, et la vie de Sarah qui ne tiendrait qu'un fil. Sans parler de la simple courtoisie professionnelle. Elle lui expliqua en quelques mots son projet : l'anoxie, l’arrêt cardiaque... l'attente.

« - Il faudra une ou deux personne de la sécurité pour récupérer la bestiole quand elle sortira. J'aimerai assez la prendre vivante pour faire des test dessus. Je sais que c'est dangereux mais je pense que le jeu en vaut la chandelle. »

Noa s'était réfugié dans le laboratoire technologique. Il était avachi sur un siège de bureau, le dos reposant contre le dossier, les mains sur les cuisses et la tête légèrement en arrière, l'air las. Ses yeux étaient rivés sur l'écran devant lui et le rapport qui y était affiché.

Le symbiote qui avait pris Sarah pour hôte s'était dit s'appeler Ruax. Il avait donc lancé une recherche et s'était rendu compte que le Goauld qui répondait à ce nom avait rencontré l'Achille l'année dernière. Noa avait donc ouvert le rapport du sergent McLoyd et était tombée sur le nom de Sarah. Elle avait fait partie de l'équipe. Avait-elle été infecté à ce moment là ? Le goa'uld était-il en elle depuis presque un an ?
Depuis combien de temps la connaissait-il ? Depuis quelques mois, à peine. Si c'était le cas... cela signifiait qu'il n'avait jamais connu la vrai Sarah Lawrence. La Sarah Lawrence qu'il connaissait était-elle une façade ? Un pantin, un personnage créé de toute pièce par un Goa'uld ? Avait-il ressenti de l'amour pour .... un goa'uld ?

Noa se leva d'un bond et vint plaquer ses mains sur son crâne comme pour y chasser cette idée. Il se mit à faire les cents pas dans le laboratoire en lançant une série de jurons. Puis il se dirigea vers le fond de la pièce et ouvrit une armoire métallique. Derrière deux caisses en plastiques étiquetées il tira une bouteille de whisky et un verre sale. Il s'en versa un grand verre et vint se rasseoir lourdement sur la chaise de bureau face à l'écran. Un bras posé sur l'accoudoir, il maintenait sa tête dans le creux de sa paume et porta le verre à ses lèvres, les yeux rivés sur l'écran.
Il bu une grande gorgée avant de reposer bruyamment le verre sur la table.
Il avala en faisant une grimace terrible. Le verre était sale, le whisky dégueulasse et la situation était tellement clichée et pathétique qu'elle pourrait presque être comique. Il en eut immédiatement honte. Noa se leva et vida le verre dans le petit lavabo au fond de la salle. Il en profita pour se passer de l'eau sur le visage et essayer de rassembler ses esprits. Il réfléchit, les yeux rivés à leurs reflets déformés dans les carreaux jaunâtre de la faïence sur le mur.

Noa attrapa ensuite son téléphone portable et envoya un message à David:
" Tu peux t'occuper de Emy ce soir s'il te plait ? Je ne rentrerai pas de la nuit. Merci. "
Comme il s'y attendait la réponse ne se fit pas attendre accompagnée d'une remarque sur l'occupation supposée qui allait le tenir éloigné de chez lui cette nuit là.

____________

Noa poussa la porte de la salle d'observation en silence. Mei les avaient rejoints. Le jeune homme tenait son ordinateur portable sous le bras. Il referma la porte derrière lui et s'adossa au mur en silence, laissant Aeryn terminer ce qu'elle était en train de dire concernant les procédures à suivre pour l'opération. Noa avait repris un peu de contenance, mais son visage était sombre et son regard triste, légèrement fuyant.  
Une fois que la discussion semblait close, le néo-zélandais se dirigea vers la chef de base.
" Madame. J'aurais besoin de votre aide. Il faudrait que je récupère tous les fichiers concernant le Goauld Ruax en zone 52 ainsi que les images des vidéos surveillance de sa cellule. Je cherche à déterminer depuis combien de temps le Lieutenant Lawrence a été parasité. " Il baissa la voix légèrement pour expliquer. "... je n'ai pas encore reçu les accréditations officielles, pas faute de les avoir relancer... "

Noa se gardait bien de lui dire qu'il pouvait sans doute hacker le système sans trop de problèmes, et ainsi avoir accès à ces données. Mais il attendait depuis deux semaines ces accréditations qui tardaient décidément à venir. C'était l'occasion pour mettre un coup de pied aux fesses à qui de droit.
Puis il se tourna vers les deux médecins.
" Je vais faire venir une équipe de sécurité. Quand souhaitez-vous procéder ? "
Noa déglutit en attendant, terrifié par la réponse.
" Quand ce sera ... fini, est-ce que vous pourriez vous pencher sur les examens post-missions de Lawrence... Avez-vous repéré quelque chose d'anormal lors de ces 9 derniers mois ? "

Noa ne voulait pas interférer dans la préparation de l'opération. C'était le plus important et le plus urgent pour l'instant.

Dernière édition par Noa Pakeha le Dim 13 Nov 2016 - 19:51, édité 1 fois

L'arrivée du docteur Teoh fut une surprise. Mais sa présence était au final justifiée. Elle suivait Lawrence au quotidien et s’inquiétait de son patient. Si les rôles avaient été inversé, Nadira aurait probablement fait la même chose.

Apres l'avoir saluée, elle lui tendis une tablette ou se trouvait le dossier de sa patiente et lui fit un résumé de la procédure qu'elle comptait entreprendre. Un peu d'aide serait certainement la bienvenue.

Contre toute attente, Aeryn ne protesta pas à l'exposé de son plan et se contenta de recommandation de sécurité assez évidentes.

« - Je compte documenter l'opération dans les moindre détails. Si elle fonctionne, elle pourra être améliorée et reproduite. Si elle échoue, il faudra analyser nos erreurs. Docteur Teoh, si vous souhaitez rester, vous êtes la bienvenue. »

Inutile de se voiler la face, les chance du lieutenant n'étaient pas bonnes. La procédure était expérimentale et dangereuse. Mais l'histoire de la médecine était parsemée de cobaye malheureux.

Noa revint alors qu'elles discutaient toujours et demanda à avoir accès à de nouvelles données. Il se demandait sûrement s'il avait connu la vrai Sarah… Le genre de pensées à vous rendre dingue. Elle lui répondit d'un hochement de tête discret avant de répondre a sa dernière question.

« - J'ai déjà commencé. Depuis une heure, la température baisse dans la pièce, tout comme le taux en oxygène. Je vais espacer les doses d'anesthésiant également. Il faut que cette bestiole soit suffisamment consciente pour sortir seule. »

Mei écouta le Dr Garrett et ne put s'empêcher de grimacer. C'était assez radical, mais pour ce qu,elle en savait, il n'y avait guère d'autres possibilités à leur disposition, ou du moins pas sur Terre.

« Il n'y a pas d'autres techniques disponibles ailleurs ? » demanda-t-elle.

Même si c'était le cas, il était vraisemblable que cela aurait pris trop de temps ou que cela soit trop difficile de se les procurer avant qu'il soit trop tard. D'après le dossier, le symbiote développait une résistance progressive au sédatif qui ne serait bientôt plus efficace. Il y avait donc urgence à agir.

« Oui, je vais rester et observer. J'imagine qu'une paire de mains supplémentaire ne sera pas de trop en cas de problème. Et oui, mieux vaut tout documenter. Peu importe le résultat, ce sera toujours utile. Je pensais aussi faire appel au Dr Hawkins pour l'aspect neurologique. Après tout, cette chose se connecte au système nerveux de l'hôte et c'est son domaine. »

Elle salua Noa d'un signe de la tête. Il posait effectivement une excellente question. Quand Sarah avait-elle été infectée et pourquoi personne n'avait rien remarqué au cours des examens médicaux de routine. Il y avait une faille à colmater.

« Je suggère aussi de revoir et renforcer les protocoles d'examens médicaux de retour de mission pour les équipes qui auront été en contact avec des Goa'ulds. Je pense qu'il faudrait notamment inclure des examens supplémentaires, comme des rayons X, pour détecter les personnes contaminées dès que possible. »

Elle écouta la suite en silence puis tiqua.

« Vous avez commencé la procédure sans en parler à quiconque au préalable ? » demanda-t-elle, surprise et un peu choquée.

Il s'agissait d'une procédure potentiellement fatale et totalement expérimentale, qui à son sens, aurait mérité d'être discutée, ne serait-ce qu'une heure, avant de la mettre en œuvre. Vu qu'il n'y avait pas d'autres options disponibles, il y avait peu de chances qu'on lui refuse l'autorisation.
Mais cela aurait au moins permis de préparer les choses en bonne et due forme tant au niveau de l'équipe et du matériel médical que de la sécurité ou des procédures à suivre lorsque le symbiote quitterait le corps de Sarah, s'il le faisait. Mais là, Nadira les mettait devant le fait accompli.

Discuter lui semblait soudain devenu inutile, vu que la décision avait déjà était prise et mise en œuvre. Elle était complètement prise au dépourvu et redoutait désormais que l'absence de préparatifs n'entraîne une catastrophe...

Aeryn lui confirma qu'elle se chargeait de lui obtenir les accréditations nécessaires à ses recherches en sortant son téléphone. Noa s'était alors tourné vers les deux médecins et avait pris sur lui pour demander plus d'informations sur l'opération afin d'apporter un support technique. La réponse de Nadira le figea sur place. Son regard s'agrandit alors qu'il la fixait et son visage devînt blême. Il entendit à peine ce que Mei lui répondit. Il fronça progressivement les sourcils, assombrissant son visage.
" Quoi ? Tu veux dire que tu a lancé l'opération avant même cette discussion ? " Il s'était avancé de deux pas vers elle, la surplombant d'une tête. Il avait laissé tomber le vouvoiement d'usage lors du travail.
" C'était quoi ça tout à l'heure ? Tu m'en parlais juste par principe ? Et moi qui croyais comme un con que c'était une possibilité parmi d'autres et que mon... notre avis comptait ! "
Noa n'était plus qu'à quelques centimètres de Nadira et la regardait avec un regard sombre où se mêlait peur, douleur et colère. Le jeune homme se recula ensuite en passant une main sur son crane. Il ferma les yeux et respira profondément pour chasser cette panique soudaine. Il tira son commutateur de sa poche arrière de jeans et lança un appel en croisant le regard de Nadira.

" Oui, il me faut d'urgence deux soldats avec zat, combinaisons étanche et bouteilles d'oxygen à l'infirmerie. Ainsi que quatre autres soldats, équipement standard. Merci "
Il raccrocha et garda les yeux rivés sur son commutateur tout en s'adressant cette fois-ci à Mei.

" Hawking, oui, ça me semble une bonne idée. Dites lui de venir, s'il vous plait. "
Il n'était clairement pas en position pour décider qui devrait faire partie de l'équipe médicale. Il savait qu'il franchissait une ligne. Nadira était en charge de l'infirmerie. Mais il ne pouvait s'en empêcher. Nadira avait déjà mis en route la machine. Le temps leur était compté et les risques étaient immenses. Il voulait s'assurer qu'ils mettaient toutes leurs chances de leurs côtés.

Noa serra les dents puis se frotta la tempe droite en fermant les yeux, déjà gêné par cet emportement soudain.
Quelque chose le contrariait dans ce plan. Il se tourna de nouveau vers Nadira. Il parlait plus calmement mais l'inquiétude ne quittait pas son visage.

" Tu as dis que tu espaçais les doses d'anesthésiants ? Est-ce possible que Sarah se réveille avant la fin du processus ? "
Sans faire attention, il avait de nouveau employé le prénom de la jeune femme.
Il ne savait pas ce qu'il redoutait. Que Sarah se réveille, qu'elle sente qu'elle soit en train de mourir. Ou que le Goauld se réveille, prenne conscience qu'il était foutu et tue son hôte.
Et puis, ce qui l'effrayait encore plus, c'était de la savoir seule dans cette pièce face à un destin tellement incertain. Il s'imagina un instant lui tenant la main. Mais ce n'était pas son rôle, ce n'était pas sa place. N'est-ce pas ?