Un peu à contrecoeur, Plume se résigna à choisir un maillot et en choisit un vert foncé parcouru d'arabesque alors que la Narisienne opta pour un maillot bleu foncé. La jeune femme demanda la suite du programme.
"Quelque chose que tu vas aimée"
Avec un sourire, la Narisienne conduisit Plume à l'extérieur du bâtiment et s'éloignèrent de la rue commerçante pour rejoindre rapidement l'hôtel pour poser leurs achats. Ensuite, ce fut une promenade au bord d'une route longeant la plage à destination d'une gare routière. Sur l'un des bus, il y avait un dessin du volcan :
"Un petit tour en bus et on y est ! T'as déjà prise le tramway non ?"
Le bus qui devait avoir une vingtaine d'année au compteur partit une fois complet et après un voyage sur les routes de l'île, il arriva à destination, à savoir l'observatoire volcanologique d’Hawaï qui était lui même perchée au sommet d'un volcan éteint mais à proximité d'un volcan en activité. Il y avait également un musée dédié à la volcanologie et des voyages pour le Kilauea tout proche étaient programmées :
"Bon la randonnée vers le volcan où on est inscrite à lieu dans l'après-midi. Maintenant et bien c'est comme tu veux, même si on ferrait mieux de manger un morceau avant"
Une fois leurs achats terminés, Aynira et Plume regagnèrent l'hôtel pour y déposer leurs sacs avant de repartie aussi sec. Elles marchèrent jusqu'à une gare routière et Aynira désigna un bus en lui demandant si elle était déjà monté dedans. Ce n'était pas le cas, évidemment, mais il y avait des véhicules plus ou moins similaires sur sa planète.
"Des trucs dans le genre, oui."
Mais ce n'était pas arrivé souvent et Plume n'appréciait pas forcément d'être enfermé dans un véhicule sur lequel elle n'avait aucun contrôle et avec des tas de gens qu'elle ne connaissait pas et qui ne lui inspiraient pas confiance. Cependant, elle prit sur elle et choisit une place près d'une porte et utilisa Aynira comme barrière avec le reste des usagers. Lorsque le véhicule s'arrêta, la jeune femme ne se fit pas prier pour descendre et s'éloigner de la foule qui émergeait à sa suite.
Plume apprit que leur visite du volcan était pour l'après midi. Tant mieux elle avait faim.
"Manger, c'est bien !"
Elle sourit à la narisienne et elle partirent s'acheter un sandwich à l'une des nombreuses boutiques à proximité de l'observatoire. Plume choisit un coin un peu à l'écart où il y avait une vue dégagée sur le paysage environnant et elle mangèrent loin de l'afflux de touristes oppressant. Plume commençait à avoir sommeil mais ne voulait pas rater la visite du volcan. Elle n'avait pas tous les jours l'occasion de s'approcher d'aussi près.
"Quand-est-ce que tu as eu le temps de préparer tout ça ?"
Elle-même en aurait été incapable. D'une part, parce qu'elle ne connaissait rien aux usages terrestres, d'autre part, parce que cela ne lui serait pas venu à l'idée de prévoir ce genre d'activité. Les loisirs n'étaient pas un domaine dans lequel elle excellait. Un homme portant l'uniforme du lieu s'approcha d'elles les sourcils froncés.
"Vous n'avez pas le droit d'être ici. Comment êtes-vous montées jusque là ?"
Son air peu avenant et sa main négligemment posée sur la poignée de sa matraque ne plurent pas du tout à Plume. D'accord, elle avait peut-être franchis une ou deux chaînes pour atteindre ce point de vue et avoir cette tranquillité mais elle ne voyait pas en quoi c'était aussi terrible. La jeune femme se tendit et se déplaça légèrement. Juste assez pour se tenir prête en cas de problème. Ce n'était pas cet idiot qui allait lui dicter sa conduite et s'il cherchait les ennuis, elle pouvait les lui fournir sans le moindre problème.
Quelqu'un d'entraîné, ou la connaissant bien, pouvait voir qu'elle était aux aguets. Une simple impulsion et elle pouvait se retrouver sur le trouble fête avant qu'il n'ait eu le temps de dégainer sa matraque. Elle était sur le point de passer à l'action lorsque la voix de la narisienne la coupa dans son élan.
Arrivée à destination, Plume décida qu'il était temps de manger. C'est vrai qu'une matinée à faire du shopping et à voyager dans un vieux bus, ça creuse ! S'achetant des sandwich dans une des buvettes des environs, la jeune femme demanda à la Narisienne quand est ce qu'elle avait tout prévue. C'est vrai que contrairement à la petite sortie en vaisseau, tout avait été planifiée et réservée cette fois-ci
"Je dirais un peu après nos petits "soucis" au boulot que ce soit les intrus ou l'initiation forcée à l'apnée sportif."
Elle n'entra pas dans les détails, tout simplement parce que dire "un peu après qu'on ait repoussée une attaque d'aliens dans la station et que t'as faillie te noyer sur une autre planète" en public n'était pas vraiment judicieux. Même si elles commençaient à se mettre à l'écart, on ne pouvait pas être à l'abri d'une oreille un poil trop curieuse :
"J'avais un peu discutée avec la patronne qui avait des soucis avec un de ses supérieurs et on a conclue qu'on méritait toutes les deux des petites vacances loin du boulot et avec un volcan en prime. Et depuis j'ai tout organisée."
Elles avaient finalement atterrit bien loin du groupe, dans une zone où elles n'avaient même pas le droit d'y aller. D'ailleurs un garde les remarqua et vint directement les réprimandées d'une manière fort peu courtoise. Plume était à deux doigts de sauter sur l'agent, le jugeant sans doute comme une menace, mais Ayni parvint à l'interrompre et s'occupa de lui :
"Désolé, on cherchait juste à être une peu à l'écart. Elle n'est pas vraiment à l'aise avec la foule et toute la place est bondée de monde"
Les gardes les fixa, impassible, pendant plusieurs secondes avant de désigner un banc qui était non loin et prenant un air moins agressif et plus compréhensif :
"Vous êtes dans une zone réservée au personnel du site, mais vous pouvez aller là bas. J'ai une cousine agoraphobe, je sais ce que c'est. Allez bonne journée et amusez vous bien"
Le garde partit, laissant les deux femmes se diriger vers le banc. La vue était moins idyllique, mais au moins elles seraient tranquilles :
"On doit être discrète et attaquer un agent de la sécurité n'est pas la meilleure option. Il ne faisait que son travail. D'après le peu que je sais des patrons d'Aeryn, les "étrangers" comme nous ne sont pas vraiment bien vues et ils n'hésiteraient pas à nous jeter dehors à grand coup de pied au derrière à la moindre occasion et chose pas surprenante du tout, je n'ai pas envie d'avoir un fossé de plusieurs milliers d'années lumière entre nous"
Visiblement, Aynira avait tout le loisir de préparer le voyage sur ses temps libres et force était de constater qu'elle savait y faire. Lorsque le gardien vint les interpeler, Plume le prit très mal. Alors qu'elle s'apprêtait à passer à l'offensive, Aynira prit les devants et régla la situation. La jeune femme continuait de fixer l'homme qui finit par leur indiquer un banc, non loin, avant de partir.
Plume suivit la narisienne en trainant les pieds et écouta son sermon les yeux baissés. Aynira avait raison et Plume le savait parfaitement. Elle avait mal réagit. Comme d'habitude. Une seconde de plus et elle aurait sauté sur le garde pour lui faire passer l'envie de la menacer de sa matraque. Elle aurait eu des problèmes, à coup sûr. Elle se serait fait virer du site et très certainement du programme SDT. Heureusement qu'Anyra était là pour l'empêcher de faire ce genre de bêtises.
Les propos d'Aynira tournaient dans son esprit ainsi que la déduction qu'en avait fait le natif : "pas à l'aise avec la foule", "agoraphobe". Elle savait ce que ça voulait dire, l'un des pensionnaire était agoraphobe. Il refusait de sortir et prenait ses repas tout seul dans sa chambre. Tout le monde disait qu'il était fou. Est-ce qu'elle était folle ?
"Désolée."
Elle avait toujours les yeux baissés et sa voix était à peine audible. Plume savait qu'elle n'était pas normale. Ses réactions n'avaient rien d'habituel et étaient presque toujours agressives. D'ordinaire, elle s'en fichait, cela lui permettait de rester en vie. Mais aujourd'hui, cela aurait pu lui coûter beaucoup. C'était le cas de plus en plus souvent et ça commençait à lui peser. Elle ne voulait surtout pas qu'Aynira soit entraînée dans sa chute qu'elle imaginait inévitable. Ainsi, elle décida de ne plus faire de vague.
"Je resterai tranquille."
En cas de contact avec une tierce personne, elle ne réagirait plus du tout. Comme ça, aucun risque de raté.
L'heure du départ approchait et Plume suivit Aynira qui les conduisit avec un groupe de touriste vers le volcan actif. Fidèle à sa promesse, la jeune femme garda la bouche fermée et les mains dans ses poches durant tout le trajet. Elle observait l'environnement autant parce qu'elle aimait ce genre de spectacle que pour s'empêcher de penser aux multiples menaces éventuelles que représentait chacune des personnes fourmillant autour d'elle. Une seule pensée l'habitait en cet instant. Ne pas faire de vague.
Plume semblait avoir prise la remarque d'Ayni comme un reproche, même si elle en n'avait ni le ton ni l'intention. Elle resta donc tranquille, se promenant les mains dans les poches sans rien dire. L'heure de la randonnée vers le volcan approchait et le groupe commençait déjà à se former autour d'un guide. Profitant d'un dernier moment à eux deux, Ayni en profita, l'enlaçant tendrement dans le dos, murmurant à son oreille :
"Je n'ai pas dit non plus que tu ne devais plus rien faire. Profite du moment. Amuse toi. Garde juste en tête que personne ici n'a envie de te faire du mal spécifiquement ou te livrer à des gens peu recommandables dont ils ignorent purement l'existence."
Elle termina par un petit bisou dans le cou avant de rejoindre le groupe d'une demi-douzaine de personne. Après un petit speech sur la sécurité, le groupe allant tout de même à proximité d'un volcan en éruption, tout le monde se mit en marche. En dehors d'Ayni et Plume, il y avait un couple dont les discussions indiquaient qu'ils étaient du genre globe trotter. Une autre était ici visiblement pour des analyses sur le terrain pour ses études. Le dernier était avec le guide, mais il était là pour un encadrement médical au cas où.
La marche commença avec quelques descriptions de la flore et la faune locale et de l'impact du volcan sur eux. Au fur et à mesure que le temps passait, le paysages devenait de plus en plus aride et austère jusqu'à devenir le paysage noir et étrange qu'était les coulées de lave refroidies. Le guide indiqua une sorte de crevasse couverte où de la lave circulait. A quelques mètres, il expliqua que toute la zone était constitué de tunnels de lave plus ou moins anciens et que quelques uns comme celui à côté du quel ils se tenaient était encore actifs.
Le guide indiqua finalement de ne pas s'écarter de lui car connaissant un chemin sûr pour ne pas tomber sur mauvaise surprise et la marche reprit. Ayni regarda Plume et sortit une vieille canette qu'elle jeta dans le flot de lave, cette dernière se bloquant dans une aspérité et commençant à fondre sous le regard des deux femmes avant que le médecin restait en arrière les invita poliment à ne pas trop rester en retrait du groupe et à les rejoindre pour éviter de se perdre.
Alors que le guide appelait à lui un petit groupe de touristes, Plume sentit une présence dans son dos mais ne s'inquiéta pas outre mesure en reconnaissant le contact d'Aynira qui lui murmurait de s'amuser un peu. Facile à dire au milieu de tous ces gens lorsqu'on savait que la moindre de ses réactions pouvait tout gâcher. Mais elle se contenta de sourire à la narisienne tout en suivant le groupe.
Plume s'arrangea tout de même pour rester en queue de procession durant la randonnée. Savoir le groupe devant elle, sous ses yeux, et non derrière à faire elle ne savait quoi, participait grandement à sa tranquillité d'esprit. Le nombre jouait aussi. A part elles deux, il n'y avait que cinq autres personnes et, à les voir se déplacer, ils ne devaient pas valoir grand chose en combat rapproché. Plume pensait pouvoir les maîtriser sans grande peine si cela s'avérait nécessaire. Et puis, il y avait aussi Aynira qui faisait tout pour lui faciliter la tâche et la détendre.
Plus la visite avançait et plus le stratagème d'Aynira fonctionnait. Plume écoutait toujours très attentivement les remarques du guide et portait un regard attentif à l'environnement dans lequel elle évoluait. Elle avait l'impression de revenir plusieurs années en arrière, en cours de sciences et ses capacités d'apprentissages avaient toujours été étonnantes. Plume aimait apprendre et elle retenait tout. Elle n'hésita d'ailleurs pas à poser des questions lorsque les explications du guide lui semblaient trop superficielles.
Finalement, le groupe arriva dans une zone désolée ou seule la lueur orangé de la lave filtrait à travers la roche noire. Le groupe contempla une crevasse de lave et le guide renouvela ses consignes de sécurité. Alors qu'il repartait, suivit des touriste, Plume accrocha le regard d'Aynira. Un regard qu'elle connaissait et qui lui fit stopper son avancée. Elle vit la narisienne récupérer une canette vide et la lancer dans la crevasse. Elle sourit en voyant le métal fondre sous ses yeux mais tourna rapidement la tête lorsque le médecin les interpela. La jeune femme ferma les yeux une seconde en se répétant qu'il ne venait pas pour l'ennuyer ou quoi que ce soit d'autre. Finalement, elle desserra les dents.
"Okay !"
Plume vrilla de nouveau les mains dans ses poches en approchant du médecin et le dépassa pour rejoindre le groupe. Un peu plus loin, elle jeta un coup d'oeil latéral pour croiser le regard d'Aynira en souriant l'air de dire "T'as vu ! Je me suis bien tenue !". Cependant, elle s'arrangea pour que le médecin les dépasse rapidement afin de l'avoir à l'oeil. Le reste de la visite se déroula sans encombres. Plus le groupe progressait et plus Plume était fascinée par ce qu'elle voyait. Elle jetait de temps en temps un regard sur le jeune scientifique qui prenait tout un tas de notes et faisait des relevés. Sûrement un étudiant. Elle commença par soupirer en le voyant commettre des erreurs plus grosses que lui. Après tout, ce n'était pas ses affaires. Mais quand elle le vit faire un schéma totalement erroné de la zone, elle n'y tint plus.
"C'est n'importe quoi."
Elle avait pris grand soin de parler d'un ton neutre pour ne pas envenimer la situation. L'étudiant tourna un regard surpris vers elle et sembla la jauger un instant avant de se détourner d'elle comme si elle n'était pas plus intéressante qu'une goutte d'eau dans la mer. Plume fronça les sourcils, jeta un regard irrité à Aynira et repartit à la charge.
"Votre plan n'est pas à l'échelle. Il faut incliner la crevasse de quinze degré sur la droite, le dôme n'est pas sphérique mais ovale et effondré sur toute la zone ouest. Le relief n'est pas représentatif du tout et de toute façon toutes vos notes sont bourrées de fautes. mais si vous voulez rentrer chez vous avec un torchon, ça vous regarde !"
Sur ce, elle tourna les talons et rejoignit rapidement Aynira pour poursuivre la visite. Il ne fallut que quelques secondes pour que l'abrutit qui se croyait scientifique finisse par la rattraper.
"Attendez ! Je suis Marc Stamper, je prépare une thèse sur ce volcan. J'ai étudié longtemps et je sais de quoi je parle. Et vous êtes ?"
Plume fronça les sourcils, ce type ne lui inspirait pas plus confiance qu'une blatte sous sa semelle. De toute évidence, il ne la jugeait pas capable d'en savoir plus que lui. Son ton était condescendant cela ne plu pas du tout à la jeune femme.
"En vacances."
Et sans plus faire attention à lui, elle se mit à discuter avec Aynira.
"Tu sais ce qu'il a noté ? Que la montagne était bourrée de granite en plus du basalte. Comme si c'était possible ! On est sur un point chaud, pas sur une zone de convergence ! Et puis il ne parle à aucun moment de la péridotite ! C'est pas comme si c'était important, cela dit ! Ca n'est que la base de toute éruption. Et je ne te parle même pas de ses schémas, une horreur. Enfin bon, je ne sais pas de quoi je parle de toute façon !"
Les deux jeunes femmes s'amusèrent un instant devant la tête déconfite de Stamper avant de terminer la visite et de regagner la plateforme touristique. Durant tout le trajet du retour en bus, Plume sourit en voyant l'étudiant relire et corriger toutes ses notes mais l'immobilité lui soutira quelques bâillements incontrôlés. Cela commençait à faire un bon moment qu'elle n'avait pas dormi et la fatigue se faisait sentir. Seul son besoin de rester vigilante l'empêcha de s'endormir dans le bus bondé. Elle grignota des pâtisseries locales qu'elles avaient achetées avant de partir du centre volcanique et rentrèrent à l'hôtel sans plus de détours.
Une fois seules dans leur chambre d'hôtel, Plume disparu dans la salle de bain. Elle pris quelques secondes pour fixer son reflet dans le miroir et y eut le plaisir de ne pas y voir Métis, pour une fois. Il fallait dire que ce genre d'excursion n'était pas vraiment le fort du goa'uld. La jeune femme passa une main dans ses cheveux pour démêler quelque peu ses mèches brunes et l'en sortit grise de cendre. En soupirant, elle ôta un à un ses vêtements ternis par la poussières du volcan et les déposa en pile dans un coin de la pièce. Un dernier regard dans le miroir avant de pénétrer dans la cabine de douche la fit sourire. Elle frôla de ses doigts le haut de sa poitrine. Là où la décharge gnitare l'avait atteinte de plein fouet et avait failli la tuer. Il n'y avait plus la moindre cicatrice, comme sur le reste de son corps d'ailleurs. Les narisiens avaient tout soignés. Alors que la jeune femme activait le mitigeur sur une position brûlante, le regard de Plume se posa sur la porte de la pièce. Quelque part, derrière, se trouvait Aynira. C'était grâce à elle qu'elle était toujours en vie et en pleine possession de ses capacités physiques. Elle l'avait soigné, écouté, appris et lui avait même organisé des vacances. Un doux sourire étira les lèvres de la jeune femme et elle laissa l'eau chaude ruisseler sur sa peu durant de longue minutes. Enfin, lorsqu'elle fut suffisamment lasse à son goût, elle se savonna entièrement et se lava consciencieusement les cheveux avant de se rincer longuement.
Ayant pris soin de se préparer une tenue de nuit, Plume se sécha à l'aide d'une serviette éponge et enfila let-shirt licorne qui avait fait rire Aynira et un short en coton noir. Quelques minutes plus tard, elle sortit de la pièce fumante avec les cheveux mouillés mais démêlés et un sourire de contentement. Plume déposa un tendre baiser sur les lèvres d'Aynira en passant près d'elle sur le chemin du lit. Alors que la narisienne prenait son tour dans la salle de bain, Plume s'effondra littéralement sur son matelas et s'endormi à la seconde où sa tête rencontra l'oreiller, oubliant que les deux lits étaient toujours fixés ensemble.
La randonnée s'effectua dans des conditions optimums. Il faisait beau, le groupe a la fois petit et calme ne donner pas à Plume des envies de refaire leur portrait et les paysages étaient magnifiques. Plume alla même jusqu'à se permettre de corriger les propos de l'étudiant venant en randonnée pour des analyses. Ce dernier, bien que choqué d'une telle intervention remettant en cause tout son travail le prit plutôt bien mis à part ses premières remarques condescendantes. Au moins il ne fit pas un scandale.
La jeune femme ensuite dire à la Narisienne ce qui n'allait pas avec les travaux du jeune homme et effectivement il y avait des bourdes assez conséquentes :
"Le Kilauea est majoritairement en basalte avec à peine petite pointe de silice, c'est pour ça que ses éruptions sont effusive et non pas explosive. La lave est trop fluide ce qui permet un dégazage sans explosion. C'est un volcan bouclier qui s'étale sur ses couches de lave successive en suivant la pente et un peu les lignes de convection du champ magnétique, ce qui rend la direction des coulées extrêmement simple à prévoir si on arrive à faire le lien entre le champ magnétique de la Terre et son influence sur les roches liquides contenant des substances ferrimagnétiques. Tu savais qu'on pouvait même se servir de cette propriété pour prévoir les très grosses éruptions ? Il suffit d'analyser le champ magnétique autour du volcan. On verra alors une anomalie parfois subtils qui va de plus en plus croître avec toute cette matière ferrimagnétique qui s'approche de la surface. On fait des analyse sur plusieurs jours pour calculer le rythme de remplissage de la chambre magmatique ou de la fracturation de sa cheminée pour prévoir presque au jour près quand ça va sauter"
Elle avait parlée de manière suffisamment haute pour que l'étudiant entende et après un dernier ronchonnement sur le fait que c'était impossible, il commença une période de réflexions tout en notant des tas de calculs sur ses pages et de faire la tête d'une personne qui venait de comprendre subitement le sens de la vie. Ce qui fit rire les deux femmes. Qui sait peut être qu'après quelques années voir même plus tôt, cette méthode de prédiction sera connue comme étant la méthode Stamper...
La journée se passa sans accroc et le paysage final du cratère en activité juste sous ses pieds était grandiose, même si de l'avis des deux femmes, la scène aurait été plus spectaculaire de nuit. Puis ce fut le retour jusqu'à l'hôtel avec un trajet en bus ou Plume essayait de lutter pour ne pas s'endormir. C'est vrai qu'elles étaient debout depuis plus de 24 heures. Ayni encaissait le choc sans problème. Elle ne serait pas contre sauter dans un lit pour piquer un somme, mais elle pouvait facilement rester trois jours sans dormir et son record personnel en la matière était d'une semaine lors d'une patrouille militaire.
Une fois rentrer dans leur chambre, Plume se rua sous la douche pendant qu'Ayni observait la nuit s'installer par la fenêtre. Elle entendit l'eau de la douche coulée et honnêtement, elle était très tentée de la rejoindre ne serait ce que pour l'aider à se débarrasser de cette cendre et plus si c'était possible. Mais elle s'abstint, elle ne voulait pas la brusquer ou se montrer envahissante ou trop prompte à passer à l'étape supérieure. Elle avait promit que ça serait uniquement quand elle se sentirait prête et pas avant. Une promesse qu'elle voulait tenir sans l'influencer ou la hâter.
Finalement, elle sortit de la douche, vêtu de son t-shirt licorne qu'elle avait adoptée comme pyjama, ce qui fit rire la Narisienne avant d'être coupée par un baiser qu'elle rendit avec délicatesse avec quelques mots doux. Tandis que Plume s'allongea sur le lit, Aynira entra pour se doucher à son tour. Après plusieurs minutes à se battre contre la cendre prise dans ses cheveux, elle se glissa sous l'eau chaude et souffla un peu, se lavant rapidement avant de sortir avec un short noir et son t-shirt "rejoins le coté obscur on a des cookies".
Elle revint dans la chambre et trouva Plume endormie avec le sommeil du juste sur le lit. Enfin l'un des lits qui étaient accolés l'un contre l'autre au point de partager la même couette. Elle rejoignit le lit libre doucement pour ne pas réveiller Plume par un mouvement de la couette et finit par s'endormir à son tour.
Plume sombra rapidement dans le sommeil une fois qu'elle se fut couchée. Couchée sur le flanc, un bras sous son oreiller et l'autre plié devant son visage, sa respiration se fit de plus en plus lente et faible à mesure qu'elle s'enfonçait dans les strates de l'inconscience.
L'obscurité l'entoura rapidement à la fermeture de ses paupières mais, bien vite, des lueurs orangées strièrent la noirceur de la nuit. Bientôt une voix moqueuse résonna en écho.
« J'ai étudié longtemps et je sais de quoi je parle ! »
Plume ouvrit les yeux sur une zone volcanique. Une lave incandescente coulait lentement le long de grosses veines creusées dans une roche d'ébène. Plus loin, le bruit d'explosions accompagnait magnifiquement les effusions verticales de magna en fusion et là, juste devant elle, le petit étudiant arrogant qui se croyait tellement plus fort et intelligent qu'elle.
Un sentiment bien connu monta en elle. D'abord lentement, comme ces coulées de lave. Plume avança au même rythme calme vers l'homme qui la toisait de toute sa hauteur. A chaque pas, la colère montait un peu plus et une fois juste devant le jeune impertinent, un sourire cruel étira les lèvres de la jeune femme.
« Et pas moi ? Tu crois que tu peux te moquer de moi ainsi en toute impunité ? Tu crois que je suis une petite chose fragile et ignorante ? Tu paieras pour ton arrogance ! »
A cet instant, les yeux de Plume se mirent à luire et devinrent d'un jaune soutenu sous le regard horrifié de Stamper. L'homme se mit à courir et un rire dérangeant s'échappa de la gorge de la jeune femme.
« C'est ça ! Cours ! »
Seulement où qu'il aille, l'étudiant retombait continuellement sur le même plateau basaltique devant la jeune femme qui n'avait plus rien d'humain. A son troisième passage, elle lui barra la route en le saisissant à la gorge. D'un mouvement fluide du poignet elle le projeta au sol et fut sur lui en moins de temps qu'il ne fallu pour le dire. Son regard brillant et son sourire de psychopathe toujours aux lèvres elle s'approcha et chuchota à son oreille.
« Tu es à moi ! On ne se moque pas impunément d'une déesse ! »
Plume vit sa main enserrer le cou de l'homme à terre qui tenta de se débattre en vain. Puis, elle hésita. Quelque chose en elle semblait se débattre. Une lutte intérieure débuta alors, toujours juchée sur le corps de l'étudiant qui ne comprenait plus rien. Après plusieurs minutes et râles rageurs, les yeux de Plume perdirent leur teinte jaune et elle se releva brusquement en haletant. Stamper se releva l'instant d'après et se remit à courir en hurlant. Un sourire bien différent des précédents prit place sur le visage de la jeune femme et elle se réveilla en sursaut en synchronisation parfaite avec une explosion stupéfiante de magma iridescent.
*********
Il fallut quelques secondes à Plume pour comprendre qu'elle était assise dans son lit à l'hôtel d'Hawaii. Elle tourna la tête de droite à gauche pour situer son environnement et comprendre que la scène précédente était un rêve. Toujours haletante, elle sourit largement à Aynira qui s'était aussi réveillée, sûrement sur le sursaut de Plume.
"J'ai gagné…"
Elle était tellement contente de l'issue de son rêve qu'elle ne remarqua même pas que le lit de la narisienne était extrêmement proche du sien. Au contraire, elle se pencha vers elle et l'embrassa rapidement avant de reprendre sa position initiale.
"J'ai gagné !"
Ce n'était qu'un rêve et cela ne voulais pas dire grand chose, mais c'était la première fois, éveillée ou non, qu'elle prenait le pas sur le goa'uld et c'était suffisamment euphorisant pour la mettre de bonne humeur. D'un bon, elle sauta du lit et se dirigea vers la fenêtre. Le soleil se levait paresseusement mais Plume, elle débordait d'énergie.
Ayni se réveilla d'un coup après avoir entendue Plume se lever. Elle disait qu'elle "avait gagnée". La Narisienne ne savait pas de quoi elle parlait. Peut être un cauchemar qu'elle avait déjouée d'une manière ou d'une autre. En tout cas Plume était de très bonne humeur au point de ne même pas avoir remarquée cette histoire de lits accolés. Elle n'allait pas s'en plaindre...
Plume se leva d'un bond après avoir embrassée Aynira et se dirigea vers la fenêtre, observant le lever du soleil et demandant le programme de la journée :
"J'ai pensée à une chose. Il y a une île pas loin de celle-ci. Habitée, mais encore majoritairement à l'état sauvage. C'est là qu'ils tournent les films qui se passent dans la jungle ou les îles tropicales. Il y a un moyen de payer un voyage en bateau jusqu'à une sorte de camping pour se la jouer naufragées sur une île déserte quelques temps. Tu en dis quoi? Juste toi, moi, la forêt, la plage, la mer et le ciel. Rien ni personne d'autres pendant trois jours ? Après ça on rentre à la station."
Plume accepta avec sa bonne humeur et les deux femmes firent leur sac après s'être habillées et quittèrent l’hôtel après que la Narisienne ait payée. Le voyage jusqu'à l'embarcadère se fit à pied, quitte à traverser la ville et la foule. Elles avaient tout leur temps. En chemin cependant, Ayni poussa un petit cri. Marchant au sein d'un groupe de gens, la Narisienne eut une de ses tongs prise par la chaussure d'un passant et sans s'en rendre compte avant qu'il ne soit trop tard, elle bougea la jambe au même moment ce qui eut pour conséquence de déchirer les lanières de la chaussures et de se retrouver à moitié pied nue.
Plume rigola en retrouvant Ayni qui n'avait plus qu'une tong et qu'elle semblait s'en moquer :
"Bah quoi, ça va bien avec l'optique naufragée. On a plus toute sa tenue !"
Elles continuèrent leur marche jusqu'à l'embarcadère où attendait un bateau du gabarit d'un chalutier, mais dédiée à l'exploration sous-marine, les gérants de la société tenant sans doute également ce fameux camping de survie isolée. Juste avant de monter à bord après y avoir été invitée avec Plume dès que la confirmation de leur présence fut établie, la Narisienne prit sa tong restante et la jeta dans une poubelle, justifiant qu'elle n'en n'avait plus besoin.
Elle grimpa dans l'embarcation avec Plume et attendit tranquillement qu'on la mène à destination.
Plume était de bonne humeur. Elle se sentait pleine d'énergie et avait hâte de commencer la journée. Aynira lui proposa alors trois jours de camping sauvage en mode île déserte. Le sourire de la jeune femme s'élargit encore.
"Génial !"
Ce fut sa seule réponse avant de se préparer et de faire son sac. Elles marchèrent jusqu'à un embarcadère. Plume n'était pas ravie d'évoluer au milieu d'une foule mais se répéta qu'il n'y avait rien à craindre et que, bientôt, il n'y aurait plus personne pour troubler sa tranquillité d'esprit. Soudain, un bruit sourd et un mouvement peu naturel d'Aynira lui fit froncer les sourcils. Plume redouta un danger mais, lorsqu'elle baissa les yeux, toute la tension disparut et elle se mit à rire. Voir la narisienne se balader à moitié pieds nus était tellement étrange que cela en devenait comique. Evidemment, Plume n'aurait pas du tout apprécié d'être à sa place.
"J'ai pratiqué la survie pendant un petit moment et j'ai toujours su conserver mes chaussure, moi !"
Elle avait dit ça sur le ton de la plaisanterie mais c'était totalement vrai. Une bonne paire de chaussure pouvait se révéler vital. Une fois arrivée sur l'embarcadère, Aynira jeta sa deuxième tong et elles montèrent à bord d'un bateau qui devait les conduire sur l'île ne question. Le chemin ne serait plus très long maintenant.
Deux jeunes hommes, certainement membre de l'équipe de recherche du bateau, s'approchèrent, tout sourire de l'endroit où se tenaient les deux passagères. Plume fronça les sourcils à leur approche et se décala légèrement de la balustrade à laquelle elle s'était adossée. Elle comptait bien rester calme et ne pas s'en prendre physiquement aux deux individus mais elle tenait à être prête, juste au cas où. La jeune femme fixait les autochtones en tentant de ne pas paraître trop agressive.
Bien vite, elle se rendit compte que les deux hommes n'étaient pas dangereux, juste lourds. La traversée risquait d'être longue finalement. Plume se forçait à rester cordiale mais Aynira dû le remarquer car glissa sa main dans celle de Plume durant la discussion et l'embrassa sur la joue après avoir fini de raconter une anecdote totalement inventée. La jeune femme comprit le manège de son amie et en rajouta en riant comme si elle se souvenait du moment. Voyant les autochtones échanger un regard perplexe, Plume comprit que le stratagème fonctionnait. Elle n'hésita donc pas à pivoter légèrement pour embrasser Aynira.
Après ça, les deux dragueurs ne tardèrent pas à prétexter un travail à faire pour s'éloigner dans la cabine.
"J'ai cru qu'ils ne partiraient jamais ! J'ai bien failli passer le brun par-dessus bord à un moment !"
Alors qu'il tentait de se faire apprécier, le jeune homme brun s'était approché bien trop près d'Aynira au goût de Plume qui avait dû faire un effort énorme pour rester à sa place. C'était à ce moment-là que la narisienne avait commencé son petit jeu.
Lorsque le bateau s'immobilisa, Plume ne se fit pas prier pour mettre pied à terre. Il y avait une petite marche jusqu'à l'endroit prévu pour le camping et les deux femmes se mirent en route. Il fallait traverser une zone forestière à l'état sauvage et plus elle avançait, plus Plume aimer l'idée de ces trois jours en pleine nature.
Cependant, la marche dura un moment sous un soleil de plomb et la température ne tarda pas à grimper sous l'effort. Plume commençait à avoir vraiment chaud et elle ne tarda pas à s'arrêter carrément et à poser son sac au sol. D'un geste fluide, elle fit passer son t-shirt par dessus sa tête et se retrouva donc avec pour seul vêtement au-dessus de la ceinture son haut de maillot de bain. Finalement, cet achat n'avait pas été une mauvaise idée. La jeune femme fourra le tissus dans son sac et en sortit une bouteille d'eau dont elle but quelques longues gorgées. Elle hésita un moment avant de ranger la bouteille et tendit l'oreille. Le bruit d'un court d'eau était audible un peu plus loin, le manque d'eau ne serait donc pas un problème. Pour se rafraichir davantage, elle vida donc le reste de sa bouteille sur le haut de sa tête et ferma les yeux autant pour éviter que l'eau ne pénètrent à l'intérieur que pour profiter de la fraicheur que cela lui procurait.
Aynira, elle, n'avait pas bougé et la regardait étrangement.
"Quoi ? Tu ne sens pas la chaleur ?"
Plume garda la bouteille vide à la main, elle la remplirait lorsqu'elles atteindraient le cours d'eau, et replaça son sac sur son épaule droite. Elle se remit en marche, la tête et le haut du corps luisant d'eau et de transpiration, pour finir la randonnée jusqu'à la cabane qui leur servirait d'abri.
L'idée du petit camping semi-sauvage plut à Plume et malgré la foule, elle garda sa bonne humeur, se permettant de taquiner la Narisienne en disant qu'elle n'avait jamais perdue de chaussures en situation de survie :
"Ça c'est parce que tu n'as jamais affrontée la jungle urbaine"
La traversée en bateau fut plus tranquille, même si les deux femmes fut abordée par deux hommes d'équipage ayant en apparence la même tranche d'âge que les filles. Ils ne voulaient rien de mal, juste faire connaissance avec tentative de drague inclue. Plume était assez mal à l'aise, mais elle parvint à se retenir tandis qu'Ayni répondit à l'une de leur question à savoir comment les deux femmes s'étaient rencontrées :
"Et bien c'est pas compliquée. On était toute les deux dans un festival de musique en Floride. Elle s'était faite prendre par la sécurité parce qu'elle essayait de rentrer sans billet. J'en avait un en plus parce qu'une amie que j'avais invitée ne pouvait finalement pas venir. Alors je suis allée voir la sécurité en disant qu'elle était avec moi et j'ai donnée les deux billets. Depuis on est inséparable"
Plume confirma l'histoire d'Ayni et insista sur la nature "inséparable" de leur relation en l'embrassant, pour bien faire comprendre aux deux que ce n'était pas la peine d'insister sur cette voie. Cela fut efficace puisque les deux jeunes hommes partirent rapidement en prétextant du travail. Tout de suite après Plume avoua qu'elle était à deux doigts de jeter l'un des deux, celui qui était près d'Ayni, par dessus bord, ce qui fit rire la Narisienne :
"Tu sais que tu es craquante quand tu es jalouse ? Bon je dois aussi reconnaître que si le tit blondinet aurait continué à approcher sa main de ta hanche... il serait partie nourrir les poissons, le bras hein. Faut pas donner d'indigestion à la faune marine"
Elle rigola tandis que le navire accosta à sa destination. Il fallait faire une petite marche dans la forêt avant d'arriver dans la cabane qui était isolée sur une petite plage. Plume prit les devant, visiblement heureuse de se retrouver loin de la civilisation. Il ne faisait pas très chaud, mais sous la canopée devenant de plus en plus épaisse, cette chaleur humide commença à peser de plus en plus. La jeune sembla rapidement oublier le fait qu'elle était accompagnée ou alors cela ne l'indisposée pas puisqu'elle retira son haut, qu'elle rangea dans son sac avant de vider une bouteille d'eau sur ses cheveux, l'eau coulant sur son corps et le haut de son maillot. Finalement elle se retourna, manifestement inconsciente de la sensualité de la scène, prétextant la chaleur et demandant à Ayni si elle ne la ressentait pas :
"Maintenant que tu le dis..."
Elle parla presque pour elle-même, chassant tout un tas de pensées qui venaient de s'embouteiller dans son esprits. Rapidement, elle se mise à l'imiter et se retrouva à son tour en haut de bikini pour seul tenue au dessus de la ceinture. Elles arrivèrent finalement à l'orée de la forêt, donnant sur une petite plage de sable blanc et une mer aux eaux turquoise. La chaleur étouffante de la quasi-jungle se heurtant à la fraîcheur de l'océan réguler la température de manière presque idéale. Un vrai petit bout de paradis tropical. La cabane se trouver à la lisière entre plusieurs palmier. De la taille d'un mobile-home en bois blanchie par les embruns avec un petit patio. Les fenêtres et la porte étaient les seuls éléments indiquant qu'il ne s'agissait pas d'une simple cabane de pêcheur rarement utilisée :
"Je dois avouer que ça plus de gueule que sur la photo. À toi l'honneur"
Dit elle en souriant tout en tenant les clés à Plume.
Plume grimaça lorsqu'Aynira la taquina sur sa jalousie. La narisienne lui avait assurée qu'elle ne ferait rien qui pourrait la blesser et elle savait que Plume n'aimait pas l'idée de la partager. Elle faisait déjà de gros efforts en ce qui concernait Alyara parce que c'était un cas particulier mais ces types-là n'aurait pas dû représenter le moindre danger. Pourtant lorsque le brun s'était montré un peu trop chaleureux, elle avait eu du mal à se contenir. Peut-être parce qu'une part d'elle lui rappelait à quel point ce genre de chose ne dérangeait pas Aynira d'ordinaire. Plume avait bien compris que, sur Narisa, la notion de relation exclusive était aussi ridicule que tenter de changer le sens du vent en soufflant, aussi fort soit-il.
Cependant, Aynira le prit plutôt bien, avouant également qu'elle n'avait pas apprécié le comportement du jeune homme qui se tenait proche de Plume. Cela fut une diversion bienvenue pour chasser ses sombres pensées et se concentrer de nouveau sur le moment présent. Les deux jeunes femmes débarquèrent et s'engagèrent dans la forêt pour rejoindre la cabane de pêcheur qui leur servirait de refuge durant les trois prochains jours.
Aynira devait avoir chaud elle aussi puisqu'elle imita bien vite Plume et retira son t-shirt pour finir leur traversé forestière. Il ne restait plus beaucoup de chemin et les deux femmes finirent par émerger de la végétation pour se retrouver sur une petite plage de sable blanc tout à fait charmante. Plume n'avait jamais pris de vacances et encore moins à la plage. Elle resta immobile dans ce paysage, le visage tourné vers l'océan. La brise marine la rafraîchissait agréablement et un sourire sincère étira les lèvres de la jeune femme, comme le matin précédent alors qu'elle observait un lever de soleil sur le toit de l'hôtel.
"Et il n'y a personne ici ? Comment est-ce possible ?"
Un endroit aussi beau devait forcément être habité. Mais il n'y avait pas âme qui vive à l'horizon. Plume saisit les clé avec entrain et se dirigea vers la porte de l'habitation. Elle inséra la clé dans la serrure et déverrouilla la porte avant d'abaisser la poignée pour pénétrer à l'intérieur. Elle se trouva dans une petite pièce comportant un coin cuisine minuscule, une table que l'on installait en relevant une planche large de l'un des mur pour la caler avec une sorte de T. Deux chaises étaient pliées contre le mur et un canapé occupait le mur d'en face. Une pièce sur la gauche comportait une douche minimaliste et des toilettes alors que celle de droite était tout juste assez grande pour le lit deux places qui l'occupait.
Plume ferma les yeux quelques secondes en voyant cela mais décida de se préoccuper de la question plus tard. Au pire, il y avait toujours le canapé ou la plage. Elle posa son sac dans la pièce principale et ressorti pour profiter du vent. Ses chaussures restèrent près de la cabane alors qu'elle enfouissait ses orteils dans le sable chaud en avançant vers le bord de mer. Elle entendit Aynira s'approcher à son tour.
"La dernière fois que je suis allée à la mer, on m'a capturée, enfermée, frappée, attachée et jetée à l'eau. J'espère que ce sera plus sympa cette fois-ci."
Elle jeta un regard rieur à Aynira. Si l'expérience l'avait quelque peu dégoûter des grands plongeons, elle savait que la narisienne ne tenterait rien de tout cela. Et puis, elle était en vacances, pas en exploration étrange. Si des poulpes tueurs étaient sur Terre, le SDT le saurais forcément, non ? Mais l'aborder était aussi une façon de rappeler à Aynira qu'elle aurait sans doute besoin d'un petit peu de temps avant d'être de nouveau à l'aise dans l'eau.
"Au fait ! C'est quoi la Floride ?"
Cette fois-ci, elle souriait franchement en se rappelant le mensonge de la narisienne sur le bateau. C'est ce moment que choisit une vague plus grosse que les autres pour débouler sans prévenir et faire monter l'eau jusqu'aux genoux de Plume qui recula vivement avec un petit cri de surprise.
Plume ne perdit pas une seconde pour poser ses affaires dans la petite cabane tandis qu'Ayni répondit à sa question : Pourquoi cet endroit était inhabité vue la beauté des lieux :
"Justement parce que ces lieux sont beaux. On est dans un parc national, la nature et l'écosystème y sont volontairement préservée afin d'éviter leur disparition. Et comme c'est assez isolée... il n'y a personne qui passe. Donc pendant trois jours oui on sera toute seule. Rien que toi et moi."
Elle suivie rapidement Plume quand au fait de poser son sac, étant déjà pieds nus depuis qu'elle a embarquée sur le bateau. S'amusant à s'enterrer les orteils sous le sable, Plume avoua que la dernière fois qu'elle est allée à la plage, ça ne s'était pas très bien passée. Référence à sa dernière mission avec JP-1 où elle avait été mise à mort par des Gnitars par noyade. heureusement elle s'en était sortie, mais depuis, elle avait un peu de mal avec le concept de "s'amuser à la mer" :
"Tu sais parfois pour exorciser ses démons, faut aller les battre sur leurs propres terrains"
Dit-elle à moitié sérieuse tandis qu'une question de Plume n'ayant aucun rapport arriva. Elle demanda ce qu'était la Floride. Elle ne devait pas avoir compris ce passage durant la petite comédie qu'elles avaient jouées avec les deux jeunes hommes sur le bateau :
"C'est un état des États-Unis comme Hawaï. À peu près le même climat sauf que ce n'est pas un archipel. Une grande partie de la région est couverte par un paysage unique : les Everglades. C'est une sorte de mélange entre des prairies inondables et des marais. Il y a une grande population d’alligator qui y...."
Elle ne put pas terminer car une vague plus forte que les autres vint frapper la plage, faisant temporairement monter le niveau de la mer au niveau des genoux pour Plume et à mi-mollet pour Ayni, un peu en retrait. Elle rigola en voyant Plume reculer vivement sous la surprise :
"T'es pas attachée et t'as pieds, ça peut pas te faire de mal"
Elle illustra sa phrase par l'exemple, retirant son short qu'elle lança loin vers la cabane pour se retrouver en maillot avant de s'avancer vers le large. Sans les vagues, elle se retrouva rapidement avec de l'eau à mi-cuisses :
"Elle est bonne en plus"
Dit elle en s'avançant davantage pour finalement s'arrêter alors qu'elle avait de l'eau au niveau de la taille, sentant la force du liquide commencer légèrement à la faire flotter. Sans prévenir elle se laissa couler quelques secondes avant de remonter :
"Et en plus y'a même pas l'ombre de l'écaille d'un Gnitar et puis je commence à me sentir seule..."
Dit elle en rigolant, pour inciter Plume à la rejoindre à vaincre sa peur passagère. Un moment un peu désagréable à passer, mais si elle y parvenait elle serait encore de bonne humeur tout en s'étant prouvée encore une fois à elle-même qu'elle pouvait encore "gagnée".
Aynira appris à Plume qu'elles étaient dans un parc naturel. Un endroit protégé de l'influence de l'homme et, aux goûts de la jeune femme, ce n'était pas plus mal. Lorsqu'elle parla de la dernière mission et de sa presque noyade, Aynira lui répondit par une phrase qui tourna en boucle dans l'esprit de Plume. La théorie était intéressante, vraie aussi, elle en était persuadée mais, les choses étaient rarement aussi simple. Si certaines peurs étaient faciles à affronter, d'autres étaient quasiment impossible à surpasser ou à quel prix ? Elle tenta donc de détendre quelque peu l'atmosphère en en revenant à leur invention sur le bateau. Aynira ne se fit pas prier pour lui faire un exposé complet. Plume sourit. Elle était toujours amusée de voir à quel point la narisienne prenait chacune de ses questions au sérieux, lui donnant toujours une réponse la plus précise possible. Parfois la jeune femme lui posait des questions dont elle se moquait totalement, juste pour entendre Aynira partir dans des explications exhaustives.
Cette fois-ci elle fut coupée par la montée des eaux. Une vague avait fait reculé Plume au niveau d'Aynira qui se tenait un pas derrière. La narisienne s'empressa de lui dire qu'elle ne risquait rien et se fit un devoir de le lui prouver en s'avançant dans l'eau après avoir retirer son short. Plume ne put que l'écouter vanter les mérites d'une eau à la température agréable et sans gnitars. Cela lui soutira un sourire amusée et elle ira la langue à Aynira lorsque celle-ci se plaignit de se sentir seule. Plume soupira de bonne grâce, il semblerait qu'elle n'ait plus le choix.
La jeune femme recula jusqu'à ne plus être en contact du tout avec l'eau et fit un signe de la main à Aynira, comme pour lui dire au revoir. Elle fit demi tour et retourna à la cabane le temps de farfouiller dans son sac. Elle en extirpa une serviette de plage et fit de même avec le sac d'Aynira. Un instant, elle se demanda si elle n'allait pas traîner exprès pour allonger le supplice de la narisienne. Elle attrapa l'étui à lunettes dans lequel elle avait placé celles qu'elle avait prises à Ryan et finit par ressortir. Elle posa le tout sur le sable, loin de la ligne d'eau, au cas où, et retira son short.
Plume retourna sur le bord de l'eau et avança jusqu'à avoir de l'eau au genoux, hésitant quelques peu à aller plus loin. Sous les encouragements d'Aynira, elle finit par avancer un peu plus et une vague un peu plus forte que les autres finit de la mouiller entièrement. La jeune femme rejoignit Aynira rapidement.
"C'est vrai qu'elle est bonne !"
Elle prit bien soin de rester tout de même où elle avait pied, du moins pour le moment, mais elle dû avouer que, après la marche caniculaire, cette baignade était bien vue. Les deux jeunes femmes en profitèrent un bon moment avant de regagner la berge et de s'étendre sur leur serviette respectives. Plume s'allongea sur le dos. Sous les recommandations d'Aynira, elle se couvrit de crème solaire avant de déclarer d'une voix sérieuse.
"Je te préviens, je risque de dormir."
Et cela ne rata pas. Le calme ambiant, sa tranquillité d'esprit et la chaleur du soleil était un cocktail garanti à la sieste. Elle fut réveillée par la voix d'Aynira et la sensation d'une caresse sur son visage. La narisienne lui expliquait que ça faisait plus d'une heure qu'elle dormait et qu'il ne fallait pas qu'elle reste du même côté si elle ne voulait pas être bronzée que d'un seul côté. Plume prit quelques secondes pour émerger et se redressa en baillant.
"Merci. Tu as dormi un peu ?"
Se souvenant des recommandations, elle saisit le flacon de crème solaire et grimaça.
"Je vais avoir du mal à m'en passer dans le dos."
C'était en effet, le seul endroit qu'elle n'avait pu atteindre tout à l'heure mais comme il n'était pas exposé au soleil, elle n'avait pas trouvé cela gênant.
Plume alla jusqu'à se risquer de se baigner après avoir taquiner la Narisienne en quittant la mer pour se diriger vers la cabane pour en revenir avec des lunettes de soleil et après s'être débarrassée de son short pour se retrouver en maillot. Sous les encouragements d'Ayni, elle s'avança peu à peu dans l'eau jusqu'à la rejoindre. Pour la féliciter, Ayni lui donna un long baiser qui ne fut interrompue que par une vague un peu plus forte que les autres qui éclaboussa le visage des deux femmes.
La baignade dura un petit moment, les deux femmes retombant presque en enfance en s'amusant à s'éclabousser entre deux discussion plus sérieuse comme la suite du programme de la journée ou encore une petite taquinerie d'Ayni qui disait qu'il fallait que Plume mette un bikini plus souvent. Pour réponse, elle eut une gerbe d'eau en plein visage lancée par un revers de la main de la concernée en rigolant.
Finalement, elle sortirent de l'eau pour s'allonger sur une serviette et profiter du calme et du soleil. La Narisienne conseilla d'utiliser de la crême solaire, ce que Plume ne se priva pas de faire avant de prévenir qu'elle risquait de piquer un petit somme :
"Te gênes pas, c'est fait pour"
Dit la Narisenne en rigolant tout en se badigeonnant de crème. Elle n'en n'avait pas spécifiquement besoin en rapport à ses modifications la rendant beaucoup plus tolérante aux rayons solaires, mais l'odeur était agréable. Elle parlèrent encore un peu sur des sujets légers jusqu'à ce que Plume finisse par ne plus répondre après un petit exposé des habitudes balnéaires des Terriens. Ayni resta éveillée, regardant un documentaire sur les récifs coralliens de la Terre. À la fin de celui-ci, elle bascula sur le côté, caressant le visage de Plume pour la réveiller doucement :
"Ça fait un peu plus d'une heure que tu cuis d'un côté, faut égaliser"
Dit elle en souriant alors que la jeune femme émergeait en lui demandant si elle avait dormi :
"Non, mais je me suis reposée"
Répondit elle avec un clin d'oeil tandis que Plume se saisit du flacon de crème solaire, faisant remarquer que cela lui serait difficile de la passer dans le dos. La Narisienne sourit, lui prenant le flacon délicatement des mains et lui indiquant d'un geste de s'allonger sur le ventre. La jeune femme s'exécuta et Ayni commença à passer de la crème solaire sur son dos dans des gestes qui se firent plus massage que étendre de la crème. Elle alla même à se risque à défaire la ficelle du bikini, sous prétexte que ça lui serait plus simple de masser sans "obstacle" et que le bronzage "allait faire des traces". Plume n'était pas à l'aise, mais elle se laissa faire, recommençant à somnoler sous l'effet des doigts de la Narisienne :
"Eh t'endort pas tout de suite, ça va être ton tour après"
Dit elle de façon enjouée qu'elle ponctua d'un bisou dans le cou de jeune femme avant de reprendre son massage.
Alors que Plume était encore à moitié endormie, elle se rendit compte que se passer de la crème solaire au milieu du dos risquait d'être compliqué. Heureusement, Aynira ne se fit pas prier et lui indiqua d'un geste de s'allonger sur le ventre avant de commencer à étaler la crème protectrice dans le dos de la jeune femme. Bien vite, elle se rendit compte que les gestes de la narisienne ne se limitait pas au passage préventif et sécuritaire de la crème solaire. Elle avait droit à un véritable massage et ce n'était pas désagréable. Un certain malaise s'installa lorsqu'Aynira dénoua les attaches de son haut de maillot de bain pour lui faciliter la tâche mais Plume prit sur elle et, bientôt, elle oublia ce détail., surtout lorsqu'Aynira commença à fredonner doucement des airs mélodieux. Cela suffit à la faire replonger dans une semi-inconscience.
Plume entendit à peine la remarque de sa masseuse et répondit par un "huum" trainant sans vraiment avoir compris le sens de ses paroles. D'ailleurs, elle ne tarda pas à dormir complètement et à perdre pied avec la réalité. Il fallait croire qu'elle avait un sacré quota de sommeil à rattraper. Après des années des demi-sommeil, constamment sur le qui-vive, atteindre ce degré de tranquillité était totalement inédit et son corps, tout comme son esprit, semblaient accepter de lâcher prise. Du moins momentanément.
Lorsqu'elle ouvrit les yeux, il lui fallut un moment pour se souvenir de la situation. La vision d'Aynira endormie sur la serviette d'à côté lui soutira un demi sourire. Passant ses deux bras dans son dos, Plume s'efforça de nouer de nouveau les attaches de son maillot de bain avant de se redresser et de s'assoir sur sa serviette. Elle chaussa les lunettes de soleil et passa un moment silencieux à contempler l'océan. Elle se sentait bizarre, sans trop savoir si c'était positif ou non. C'était juste, ... étrange.
Au bout d'une demie-heure à profiter de ce moment de sérénité rare, Plume tourna la tête de façon à regarder Aynira dormir paisiblement. Cela aurait dû la déranger. Cela aurait été plus sage. Elle s'était bien trop habitué à la narisienne et avait peur de ne plus pouvoir respecter la promesse qu'elle s'était faite il y a bien longtemps. Les attaches étaient dangereuses, elles étaient autant de faiblesses, d'occasions de mourir, ou pire, d'être trahie. Le regard de la jeune femme monta de quelques centimètres et se fixa sur la forêt. Elle pourrait partir maintenant. La discrétion c'était son truc. Ce serait même la meilleure chose à faire. Disparaître. Se fondre dans la masse et éliminer ainsi toute menace.
Plume décida qu'il était temps d'agir mais, au lieu de se lever pour s'éloigner vers la forêt, elle pivota pour se retrouver allongée sur le ventre, perpendiculairement à Aynira, la tête reposant juste au-dessus de celle de la narisienne et s'abaissant doucement jusqu'à effleurer ses lèvres des siennes. N'ayant pas obtenu le résultat escompté, Plume recommença la manoeuvre avec un peu plus d'insistance. Finalement, elle sentit Aynira s'éveiller et se décala légèrement de façon à pouvoir la regarder en souriant.
"Désolée, je crois que je me suis encore endormie, … Je ne comprends pas, c'est une grande première !"
Il fallait se rendre à l'évidence. Le mal était fait, il était trop tard désormais.
Ayni finit par s'endormir, bercée par la sérénité et la beauté des lieux. Rapidement elle se mit à rêver. Une situation identique à ce qu'elle vivait réellement. Elle était avec Plume entrain de prendre un bain de soleil... Les différences étaient que ce n'était pas la journée mais la nuit avec un ciel très étoilée et une aurore boréale verte zébrant les cieux ; qu'elles n'étaient pas sur du sable mais apparemment dans une profonde flaque de lave en fusion qui était inoffensive qu'un bain d'eau chaude ; et finalement que la situation finit par dégénérer quelque peu en quelque chose de moins calme, mais tout aussi, sinon plus agréable.
Le rêve se poursuivit et eut même sa conclusion quand Ayni sortie de sa torpeur après avoir sentie quelque chose d'agréables sur les lèvres. La sensation disparue pour revenir sous la forme d'un baiser qui sortit cette fois-ci totalement la Narisienne de sa marche onirique. Elle émergea rapidement, assez pour rendre le baiser que Plume lui faisait. Elle finit par se décaler en s'excusant de s'être encore une fois endormie, disant que c'était la première fois que ça lui arrivait :
"C'est pas grave. Ça veux juste dire que tu te sent bien. Tranquille. Sereine. En paix..."
Elle continua sa petite liste de synonyme quelques secondes uniquement pour taquiner Plume avant de regarder l'heure. C'était la fin de l'après-midi. Une petite sieste de 3-4 heures. Elles avaient sautée le déjeuner, mais ça ne semblait pas être un problème. Cependant, la Narisienne avait une idée pour la soirée :
"J'ai une petite idée, mais je vais avoir besoin d'aide. Qu'est ce que tu dis d'une petite soirée sur la plage avec feu de camp et grillades ? J'aurais besoin d'un petit coup de main pour préparer le foyer et faire les courses... si tu es partante"
L'idée plut à Plume et elle se proposa de préparer le feu. Ayni sourit et après un long et passionnée baiser, elle se leva et partit vers la forêt chercher de quoi manger. Elle s'arrêta juste derrière la cabane, remarquant un avocatier, elle prit une grappe de fruit qu'elle ramena à l'endroit où le foyer serait installé. Elle repartit cette fois avec Plume qui avait besoin de bois sec plus facile à trouver à l'intérieur des terres. Leurs chemins se sépara et Ayni poursuivit sa quête de nourriture. Elle trouva une noix de coco fraîche au sol, mais elle était fracturée. Cependant après avoir évidé l'hémisphère le moins endommagé, elle fit un petit panier rudimentaire où elle posa mangues et litchis. De l'autre main, elle prit un ananas sauvage et un régime de banane. Un dernier aller-retour et elle revint avec deux belle noix de coco. Finalement au lieu de prendre de la nourriture pour la soirée, elle en eut suffisamment pour un jour ou deux. Pas si dur la survie sur une île déserte finalement...
Elle revint déposer tout ça et décida qu'il y avait assez de fruits et légumes et opta pour une chose plus difficile à trouver : la viande. Pêcher aurait été simple, mais Ayni n'était pas assez patiente pour atteindre plusieurs minutes sans rien faire. Pour la chasse... et bien elle n'avait pas d'arme, ce qui rendait la tâche beaucoup plus compliqué. De plus, elles étaient dans une réserve naturelle. Si cueillir des fruits étaient sans conséquence, chasser la faune locale était sans doute proscrite. Elle se dirigea vers la cabane, se rappelant de l'existence d'une "réserve" de nourriture. Elle entra et au niveau du coin cuisine, elle trouva une trappe menant dans une petite cave aménagée avec un congélateur. Il y avait donc du courant électrique ici. Sans doute un câble souterrain raccordé au réseau de l'île le plus proche. Elle eut la surprise de trouver un petit cochon évidé et presque entier où il ne manquait que la tête. Il n'était pas là depuis longtemps. Les propriétaires ayant sans doute déjà prévus le coup et l'idée du feu de camp était sans doute un classique.
Elle trouva également tout le nécessaire pour cuire l'animal à la broche. Elles n'étaient que deux et même en trois jours, elles ne pourraient pas tout manger, mais c'était ça ou rien. Quitte à faite quelque chose autant y aller jusqu'au bout. Elle sortit la bête et l'attirail de cuisine pour l'amener au feu qui visiblement n'attendait plus que d'être allumé :
"La chasse a été bonne. Tu saurais préparée un bon truc avec ça à la broche? Je vais chercher les herbes et autres aromates."
Aussitôt dit, aussitôt fait. La Narisienne partit et en chemin, elle trouva quelque chose contre un des murs de l'abri... un tronc blanchit par la mer pratiquement lisse. Dans le genre mix entre étagère et dossier de canapé de fortune, difficile de faire mieux. Elle revint en trainant le tronc avec tout les flacons d'aromates entre les branches :
"Bon et bien... je crois que tout y es. Un coup de main?"
Aynira choisit de la taquiner au lieu de lui en vouloir. Pour toute réponse, Plume leva les yeux au ciel en écoutant la liste d'adjectifs que débitait la narisienne pour l'embêter. Puis elle proposa une soirée feu de camp. Plume sourit à cette idée et s'empressa de se porter volontaire pour allumer le feu. Aynira profita de la situation pour l'attirer vers elle et l'embrasser longuement mais elle n'y opposa pas de résistance notable, bien au contraire.
Chacune partit dans son activité et, alors qu'Aynira disparaissait derrière la cabane, Plume cherchait le meilleur endroit pour allumer le feu. Sur la plage, loin de toute végétation, c'était ce qu'il y avait de mieux. Avisant des galets à la lisière de la forêt, la jeune femme commença par aller en chercher pour former un foyer. l'opération lui prit pas mal de temps mais c'était nécessaire et, ainsi, elles pourraient l'utiliser les jours suivants également.
La seconde étape consistait à approvisionner le feu. Il fallait donc un stock de branchages conséquent. Profitant d'un retour d'Aynira, elle la suivit dans la forêt avant de la laisser avancer pour s'occuper de sa tâche. Plusieurs allers et retours furent nécessaires pour avoir suffisamment de bois pour toute la soirée mais Plume était satisfaite de son stock tenu légèrement à l'écart du foyer. Plume organisa le bois dans le foyer. Il ne restait qu'à allumer le feu et le tour était joué.
L"après-midi touchait à son terme et le soleil se faisait moins généreux en chaleur. Plume récupéra son short et l'enfila avant de partir chercher son t-shirt dans son sac. Elle revint de nouveau vêtue. Le vent se faisait moins agréable mais bientôt, la chaleur des flammes suffirait à maintenir une température idéale. Aynira ne tarda pas à revenir avec ce qui semblait être un petit ovidé. Plume sourit.
"Sans problème !"
Plume avait appris à allumer un feu sans source technologique mais un briquet ou des allumettes lui faciliteraient grandement la vie. D'ailleurs, elle avisa une boîte d'allumettes près des aromates qu'avaient ramenés Aynira et s'en saisit. De grandes flammes ne tardèrent pas à apparaître et Plume resta immobile devant leur danse hypnotique quelques instants. Puis, semblant émerger d'un rêve, elle se tourna brusquement vers la réserve de nourriture qu'avait confectionné Aynira.
"Eh bien ! Tu ne fais pas les choses à moitié !"
Avocats, mangues, lichis, ananas, bananes, noix de coco, cochon, herbes et aromates. Il y avait de quoi faire. Plume réfléchis un instant. Elle connaissait certains de ces fruits pour en avoir goûter sur le JPS, d'autres lui étaient inconnus.
"Je peux goûter ça ?"
Elle désigna la noix de coco. Elle cherchait comment accompagner le porc mais sans connaître la saveur de chaque ingrédient à sa disposition, il lui était difficile d'imaginer un arrangement gustativement agréable. La jeune femme observa Aynira ouvrir la noix de coco et en extraire une sorte de lait étrange. Elle goûta le liquide et sourit avant de partir vers la cabane. Elle en revint avec un récipient en métal qu'elle tendit à la narisienne.
"Mets-moi le jus là-dedans s'il te plait. Et ensuite, si tu veux tu peux couper les fruits en morceaux, on les grillera pour le dessert."
En parlant, Plume se pencha vers le matériel de grillades. Ca ressemblait beaucoup à ce qu'il y avait sur sa planète et elle n'eut donc aucun mal à fixer correctement le cochon dessus. Elle demanda un coup de main à Aynira pour le placer au dessus du feu après avoir positionné les deux trepieds de chaque côté des flammes.
"Voilà, maintenant, il faut attendre que ça cuise."
Plume plaça le plat contenant le lait de coco au dessus des flammes, y mélangea quelques aromates et en aspergea régulièrement le cochon pour le rendre plus onctueux. Elle prit place sur le tronc qui était sensé leur servir de banc et laissa son regard se perdre dans les flammes. Elle se remémora ses réflexions de l'après-midi et décida de jouer cartes sur table.
"Quand tu dormais, tout à l'heure, j'ai failli partir. J'ai hésité à disparaître dans la forêt. Ca aurait été facile. Ca aurait été plus sage."
Son regard toujours perdu dans les flammes, une petite branche tournait dans ses doigts sans qu'elle n'en soit réellement consciente. La jeune femme fronça les sourcils de mécontentement.
"Alors que j'étais décidée, j'ai pas pu. Et ça me fait peur."
C'était faux. En réalité, cela la terrorisait. Elle avait posé les yeux sur Aynira et ça avait suffit à lui faire changer d'avis. Plume tourna la tête pour croiser le regard tranquille de la narisienne.
"Qu'est-ce que tu m'as fait ?"
Il n'y avait aucune agressivité dans sa voix, juste de l'incompréhension. Elle qui était indépendante et combative, qui n'hésitait jamais à prendre des décisions radicales pour arriver à ses fins, elle se retrouvait totalement perdue et incapable de faire une chose aussi simple et habituelle que partir. Combien de planètes avait-elle vues ? De créatures, humanoïdes ou non, avait-elle croisées ? Combien de connaissances avaient-elle quittées sans une once de regret ? Cela avait toujours était facile tellement c'était évident. Aujourd'hui, la justesse de cette décision était toujours aussi évidente et pourtant, c'était devenu la plus difficile des choses. Cela n'avait aucun sens.
Plume s’acquitta de sa tâche avec brio, préparant un feu de camp avant de se tourner vers le plat à faire, disant qu'Ayni ne faisait pas les choses à moitié :
"Jamais. Je croyais que t'avais remarquée ça depuis le temps"
Dit elle en taquinant alors que Plume demanda à goûter du lait de coco visiblement pour la première fois. La Narisienne prit la noix et l'ouvrit avec une machette trouvée dans la cabane et ramenée avec le reste. La jeune femme goûta et rapidement, elle trouva un moyen d’accommoder le cochon avec le lait de coco et demanda à Ayni d'en récolter, ce qu'elle fit avant de mettre des tranche de fruit à grillés.
Puis les deux femmes attendirent que ça cuise tranquillement assise sur le banc improvisé. Plume en profita alors pour raconter ce qu'elle avait faillit faire. Partir. Simplement quitter les lieux, prétextant la facilité et la "sagesse" sur ce qu'elle avait vécue. Mais elle ne pouvait pas partir. Elle avait peur. Peur de quoi ? Des remords ? Des regrets ? Elle se tourna vers la Narisienne, lui demandant ce qu'elle lui avait faite avec une voix pleine d'incompréhension.
Ayni prit le temps de réfléchir avant de répondre :
"Je crois que tu commences à retrouver des instincts qui en temps normal t'aurais tout simplement ignorés. La peur de ne plus jamais voir une personne que tu aimes, la peur de souffrir et de me faire souffrir de cette rupture. Rajoute ça sans doute au faits que tu commences à prendre conscience que cette vie de traque, de fuite et de cauchemars pouvait prendre fin et gouter un peu à une vie "normale", chose que tu croyais impossible. Mais c'est normal de ressentir ça. Tu es à un stade où tu avais un choix. Reprendre ta vie d'avant, si familière, mais qui te prive de tout. Ou alors de tenter une nouvelle expérience de vie qui semble plus agréable, mais qui t'es totalement inconnue"
Elle marqué une pause, venant enlacer la jeune femme et se blottir contre elle en regardant le feu qui devenait de plus en plus odorant avec la viande aromatisée et les fruits en train de cuire peu à peu :
"Mais si peut te rassurer. Je vais te faire une promesse. Tu ne vas jamais regretter d'être rester. Jamais"
La question de Plume n'était pas anodine et le soin qu'Aynira apporta à sa réponse le confirma. D'après elle, la jeune femme venait de faire un choix qui allait totalement changer sa façon de vivre. C'était une théorie intéressante mais Plume doutait que ce soit si radical. Et pourtant. Il y a quelques temps, l'idée de vacances sur Terre l'aurait faire mourir de rire, tout comme celle d'avoir une relation suivi avec qui que ce soit.
"Je ne devrai pas faire ça."
Ce n'était qu'un murmure que la narisienne devait tout juste avoir perçu mais, malgré le contenu de son discours, Plume ne bougea pas d'un pouce et posa même sa joue contre la tête d'Aynira qui venait de se blottir contre elle. Elle ne parvenait pas à sourire. Son corps lui disait que tout allait pour le mieux mais sa tête lui criait le message contraire. Plume inspira profondément en fermant les yeux puis s'efforça de chasser toutes ces préoccupations qui, de toute façon, ne mèneraient à rien de constructif.
Prenant une voix plus enjouée, elle changea de conversation pour se faciliter la tâche.
"Tout à l'heure t'as fait une tête bizarre dans la forêt, avant d'arriver ici. Pourquoi ?"
En effet, l'expression de la narisienne lorsqu'elle avait fait une pause rafraîchissement durant leur voyage jusqu'à la cabane lui avait semblé très étrange. Sur le moment, elle avait laissé coulé mais elle avait maintenant besoin de se changer les idées.
Plume semblait perdue dans ses pensées, disant faiblement qu'elle pensait encore faire une erreur. Il n'y a que le temps qui pourra lui donner tord. Rapidement, elle changea de conversation, une tentative de remonter l'ambiance. Bien trouvé. Elle aborda un moment plus tôt dans la journée juste avant d'arriver à la cabane. Elle avait enlevée son haut et passer de l'eau dans ses cheveux. Rien de grave sur le coup, mais la manière de faire était assez surprenante et il semblerait que Plume n'avait pas remarquée le sous entendue assez explicite qu'elle avait faite à ce moment :
"Une tête bizarre ? J'ai vraiment faite une tête bizarre quand t'as retirée ton haut avant de te vider une bouteille d'eau dans les cheveux. Le tout d'une manière des plus sensuelles ?"
Elle avait dit ça innocemment, ce n'était ni un reproche ni même quelque chose qu'elle avait détestée bien au contraire. Elle ne lui avait rien dit, pensant que c'était surement une erreur, même si une petite partie d'elle voulait que ce soit un geste volontaire. Mais la question qu'elle venait de poser effaça définitivement cette petite pensée.
La viande finit par être prête et c'est la Narisienne qui se chargea de la découpe et du service dans des petites assiettes en bois. Le soleil commençait à lécher l'horizon et disparaître peu à peu :
"On est pas bien là ? De la super nourriture, un super paysage et surtout une superbe compagnie... Je crois que j'aurais pas envie de partir finalement"
Le reste de la soirée continua en discussion plus légère, histoire d'oublier la petite ambiance du début. Finalement, la seule source de lumière était le feu de camp au dessus d'un ciel étoilée lumineux et les plats étaient bien entamés :
"Tu te rappelle sur Narisa le bain de minuit ? Bon y'a pas de bioluminescence, mais on a la mer"