I want my tears back

« - … et il ne faut pas stresser une marine pas vrai ? »

Subrepticement, Nadja s’était glissée dans le cockpit et surprit la conversation. Plus amusée qu’inquiète, elle passa les bras autour des épaules du pilote, par dessus le fauteuil. Elle n’était pas réellement coutumière de ce genre de démonstration d’affection habituellement, mais, depuis la réapparition de Zander, et la réactivation de son bracelet, elle se sentait bien à l’aise dans ce domaine.

Le fait qu’ils aient si peu de temps à passer ensemble y était sans doute également pour beaucoup.

Il lui avait fallut beaucoup de temps, d’efforts et de patience pour surmonter la terreur que lui inspirait Zander depuis son retour. En presque un mois, elle avait eu le temps de s’y habituer suffisamment pour pouvoir se permettre ce genre de gestes sans grincer des dents. Il n’y avait que le matin ou la présence du pilote à ses cotés franchissait la barrière du sommeil pour l’envoyer dans des cauchemars dont elle préférait ne pas se souvenir.

« - Allez, occupe toi un peu d’elle. Cette demoiselle à besoin d’un peu de ton attention aussi, et c’est la seule dont je te laisserai toucher les… tu m’as compris. »

La plaisanterie était sans doute douteuse et elle préféra ne pas en rajouter. Au lieu de ça, l’ex marine, ex apprentie pilote, s’installa tranquillement dans le siège de copilote, place qui finalement lui convenait bien mieux.

Piqué au vif, Zander s'était assis à son poste en grommelant. Un sourire fleurit sur ses lèvres en sentant les bras de Nadja autour de lui et il se détendit. Il pouffa à sa blague.

« Il y en a une autre dont j'aimerais bien m'occuper… » fit-il doucement.

Il avait pris la décision de profiter autant que possible de chaque moment passé avec elle, en dépit des nuages qui planaient au-dessus d'eux. Mais cela avait été dur. Le fait qu'elle arrive désormais à le toucher sans afficher de quelconque répulsion aidait beaucoup, mais il savait que la peur était toujours là, en particulier quand elle dormait. Il n'y pouvait rien et cela le frustrait parfois. Il espérait cependant que les choses continueraient à s'améliorer au fil du temps. Sauf qu'ils n'en avaient qu'une quantité limitée. Il repoussa immédiatement cette pensée au loin pour ne pas plomber son moral.

Son IA ne plaisantait pas quand elle avait annonçait qu'elle voulait vérifier ses compétences et elle avait basculé en pilotage manuelle.

« Tu m'aides pour faire la checklist avant la sortie de l'hyperespace ? demanda-t-il à Nadja. Stella a décidé de prendre des vacances. Et j'ai vu que tu t'en sortais honorablement en tant que pilote. » fit-il en souriant.

Il n'aurait pas été surpris que cela fasse partie du plan de son vaisseau et resta sur le qui-vive au cas où celle-ci aurait décidé de lui jouer un mauvais tour, comme elle le faisait parfois pour s'assurer qu'il ne se repose pas trop sur ses lauriers, enfin sur elle. Mais tout se déroula pour le mieux et ils émergèrent sans encombre. Ils avaient encore un peu de temps avant d'être à portée de la planète et de devoir s'identifier.

« Quand je pense qu'ils étaient prêts à me coller une escorte jusqu'à ce que je les informe que Mei venait avec nous. Ils ne rendent pas compte qu'ils ont frôlé l'incident diplomatique Et c'est elle la médecin officielle de bord ? Ils l'ont laissé faire la formation et passer les qualifications ? »

Il avait été surpris, car son gouvernement acceptait rarement ce genre de requête pour des étrangers. Mais il voulait parler d'autre chose qui le travaillait bien plus qu'il ne voulait l'admettre et il tenait à s'en débarrasser avant qu'ils arrivent pour pouvoir profiter du séjour et de tout ce qui était prévu.

« Tu sais qu'ils m'ont demandé si j'avais l'intention de participer avec Stella à une bataille contre les Goa'ulds pour reprendre la Terre ? Je les trouve franchement culottés. Ils n'ont aucune confiance en moi et le moindre de mes faits et gestes sont surveillés et mes paroles décortiquées et mises en doute... Pourtant, ça a l'air de soudainement beaucoup moins les les déranger quand il s'agit de m'envoyer combattre. Comme si les dégâts que je pouvais causer n'avait aucune importance. »

Leur demande avait été incompréhensible à ses yeux. Il avait pensé qu'il serait automatiquement écarté, mais non. Il laissa planer un silence pendant qu'il ajustait leur cap, tâchant de rester calme.

« Mais je ne peux pas y aller, pas vrai ? Pas sachant que je peux être un agent dormant que les Goa'ulds pourraient retourner à tout moment. Et pourtant, je donnerai cher pour t'accompagner à bord de l'Achilles. Mais c'est un risque que je ne suis pas prêt à prendre, contrairement à eux. » dit-il, même si cela lui était douloureux.

Il passa sous silence le fait qu'il était censé rester neutre et ne pas s'impliquer ouvertement dans les combats. Il se souvenait trop bien de la réaction que ses propos avaient provoqué sur le JPS. S'il le faisait, Hébrida pouvait fort bien le désavouer voir le déclarer persona non grata, avec tout ce que cela signifiait. Et il n'était pas prêt à perdre absolument tout ce qu'il avait. Il pouvait toujours aider autrement comme il l'avait fait précédemment. Mais cela voudrait dire qu'il ne serait pas avec Nadja.

« - Promesses, promesses... »

Elle pouvait presque l’entendre réfléchir à leur situation et leur temps limité. A dire vrai, elle non plus n’arrivait pas à faire la paix avec ça. Elle n’y arrimait plus, pour être exact. Tout ça lui paraissait tellement injuste à présent.

Comme d’habitude, elle rangea ses idées noires sous ses fesses et s’installa confortablement dessus. Un psy lui avait déjà fait la remarque que cette façon de faire n’était pas des plus saine. Mais il n’avait probablement jamais été tué par une créature tentaculaire puis ressuscité par un savant fou. Alors que pouvait-il y connaître ?

Ils prirent le temps de dérouler les vérifications calmement avant de s’installer tranquillement pour attendre que le contrôle de vol ne les récupère.

« - Sois pas trop dur avec eux. C’est difficile de savoir exactement ce que tu es devenu et dans quelle case te ranger. Et oui, Mei a été formée sur Hebrida. l’alliance passée avec Atlantis lui a permis d’y accéder. Je suppose que le fait que je la parraine, en tant que citoyenne officielle a pas mal aidé. Merci pour ça, d’ailleurs. C’était une sacré surprise. »

La suite ne la surpris pas vraiment. L’engagement du pilote avait toujours été un problème et son rôle d’ambassadeur officieux n’aidait pas. Encore moins depuis son retour.

« - Il faudra trouver un jour de s’assurer que ce foutu produit n’est plus dans ton système. Entre temps, je ne dirai pas non à t’avoir prés de moi, mais d’un autre coté, je préfère te savoir loin quand un combat s’engagera. »

Déjà qu’elle s’inquiétait de la présence de Mei.

« - Mais toi, que veux tu faire ? Vraiment. La dernière fois que nous en avons parlé, affronter directement l’ennemi n’était pas dans tes projets. T’as changé d’avis ? »

S'il y avait une personne qui pouvait comprendre ce qu'il s'apprêtait à expliquer et ce qu'il ressentait, c'était bien Nadja. C'était elle qui lui avait seriné qu'il devait faire confiance aux autres et que c'était quelque chose de très important sur le terrain, surtout au combat. Il devait pouvoir compter sur les autres et les autres devaient avoir confiance en son jugement et dans ses décisions, surtout en tant que pilote. Sinon, cela ne pouvait pas fonctionné.

« Je ne suis pas dur. Je comprends qu'ils me fassent surveiller, mais je trouve leur position contradictoire, c'est tout. Sur Atlantis, c'est une chose, mais sur un champ de bataille, c'est complètement différent. Soit ils me font confiance et je suis libre d'agir à ma guise, soit ils ne me font pas confiance et ils m'excluent des combats. Ce serait parfaitement logique et ne me poserait aucun problème. Mais cela ne peut pas être un entre-deux où l'on m'enverrait au font avec des militaires épiant chacune de mes actions au cas où. Je ne peux pas travailler en me demandant constamment si ce je m'apprête à faire sera mal interprété ou non. Douter fait hésiter et au combat, c'est mortel. » dit-il.

Il secoua la tête à la suite. La substance n'était pas le problème. Il était établi qu'il n'y en avait plus aucune trace dans son corps. Cela avait été confirmé avant sa disparition et également après. Ce n'était pas cela qui l'inquiétait.

« Ils savent que le produit n'est plus dans mon sang. Xinan s'est servi des résultats des analyses que Nadira avaient faites quand le produit a été évacué de mon organisme et qui lui ont permis de l'identifier. Il n'y en a plus aucune traces. Ce qu'il est impossible de savoir, c'est si j'ai d'autres ordres dormants implantés dans le cerveau qui pourraient s'activer, ou être activés, si je venais à me retrouver face aux Goa'ulds. C'est cette hypothèse qui me fait peur, parce qu'il n'y a aucun moyen de la vérifier. Mais si cela arrivait et que je me retournais à nouveau contre vous occasionnant d'autres victimes, je ne pourrais pas le supporter, parce que je me serai sciemment exposé à ce risque. » expliqua-t-il.

Il redoutait aussi de retomber sous leur coupe et d'être à nouveau programmé pour agir contre les intérêts de la Terre ou de son propre peuple. Mais pour cela, encore faudrait-il qu'il soit fait prisonnier.

« Ce que je veux faire… Les choses ont changé depuis la dernière fois. Je sais que tu préfères que je sois loin. Et je comprends pourquoi. Je suis une distraction pour toi et tu l'es tout autant pour moi. Nous passerions notre temps à nous inquiéter pour l'autre. Pourtant, j'aimerais être à tes côtés autant que possible et servir sur l'Achilles à l'infirmerie. L'ennemi n'aurait pas moyen de savoir que je suis là, ce qui limiterait les risques qu'il m'active. Mais je peux être tout aussi utile sur la site alpha en tant qu'infirmier et aussi en tant que lien avec l'extérieur grâce à Stella. Ou je pourrais simplement retourner sur Hebrida y attendre la fin de la bataille et plaider pour venir en aide aux éventuels survivants. » dit-il calmement.

Il avait réfléchi à toutes les options possibles. Il y en avait d'autres, bien sûr, qui impliquait d'accepter que les Terriens recourent à Stella avec lui aux commandes, mais cela ne l'enchantait pas comme il l'avait dit. Puis son vaisseau n'était pas fait pour les combats de ce genre. Il faudrait d'abord renforcer sa coque et doper ses boucliers, entre autres choses. La dernière qu'il avait mentionné n'en était pas vraiment une. Il était plus vraisemblable qu'il continue à aider les Terriens restés derrière les lignes et qui auraient besoin de tout le soutien possible pour survivre. Cela cadrait avec tout ce qu'il avait jusqu'à présent, sans risquer de s'attirer les foudres de son gouvernement. Il pourrait d'ailleurs continuer à servir d'intermédiaire.

« Et il faut aussi prendre en compte le symbiote maintenant. Nous ne savons pas exactement ce qu'il est et ce qu'il peut faire. Que se passera-t-il si je tombais entre les mains de Tonatiuth exactement ? Rien de bon pour moi, assurément. Veut-on vraiment prendre ce risque que lui trouve un moyen de l'exploiter à son bénéfice et qui le rendrait encore plus puissant ? » demanda-t-il.

Tout le monde s'interrogeait à ce sujet, mais il ne doutait pas que les méthodes de recherche des Goa'ulds seraient beaucoup moins agréables que celles des Terriens s'il venait à être capturés par l'ennemi.

Le contrôle de vol les contacta et leur demanda de se mettre en attente quand Zander déclina son identité, ce qui n'était pas vraiment une surprise. Ils allaient probablement être orientés vers un dock sécurisé de la sécurité pour la suite.

« Et c'est maintenant que les joyeusetés commencent. Je vais encore devoir me soumettre à des examens médicaux et à un interrogatoire… J'espère que personne ne devait vous attendre, car ça risque de durer un petit moment. » soupira-t-il, résigné.

Ce qu’expliquait Zander était plein de bon sens, bien évidemment. Mais il n’était pas simple de se passer de lui non plus.

« - Tu as raison sur un point, l’hésitation et le doute n’ont pas leur place sur un champ de bataille. Si tu doute des tes capacités, de tes décisions, tu ne peux pas participer. En toute objectivité, nous avons besoin d’un pilote de ton acabit, c’est certain. Que je n’ai aucune envie de te voir au front ne compte pas vraiment. Tu pourrais après tout me faire la même remarque. »

A plus forte raison s’il apprenait qu’elle s’était portée volontaire pour commander une équipe d’abordage sur le JPS.

« - Mais dans tous les cas, tu as d’autres façon d’aider, sur le site Alpha évidemment, mais également en tant que diplomate. Hebrida pourrait nous aider efficacement, industriellement ou médicalement. Et je ne parle pas d’autres planètes qui te connaissent et te respectent. Ce que je veux te dire, c’est que tout ne se règle pas sur un champ de bataille et que tu n’as rien à prouver à personne, surtout pas à moi. »

Cette histoire de symbiote l’inquiétait plus que de raison. Personne ne savait réellement ce que ca pouvait être, à quoi cela servait ni s’il disparaîtrait un jour ou au contraire se transformerait, ou changerait son porteur. Elle n’avait rien à lui répondre et se contenta donc de se concentrer sur ses instruments. Silence sans doute tout aussi révélateur.

Le contrôle de vol les prit en charge mais les dirigea vers un dock qu’elle n’avait jamais vu.

« - Légalement, je suis toujours propriétaire du vaisseau et j’ai envoyé mon code personnel. Ça devrait éviter de se faire tirer dessus en mesure anti mort-vivant. »

Cette fois ci elle sourit plus largement, consciente que cette pilule serait difficile à avaler, administrativement parlant.

Zander fit la moue à la réponse de Nadja. Il ne partageait pas son avis quand à son utilité ou sa nécessité sur le champ de bataille.

« Sauf que tu as un rôle important à tenir dans la bataille à venir, bien plus que moi. Je ne suis qu'un simple pilote. Je n'ai rien d'extraordinaire. Si quelqu'un doit être écarté pour que l'autre soit plus efficace, ce doit être moi. Et je ne pourrais jamais faire mon boulot correctement si je sais que chacun de mes faits et gestes est épié. » répondit-il.

Il était d'accord sur le reste en revanche. Il n'était pas un combattant comme elle. Bien sûr, il savait se défendre s'il venait à devoir se battre, mais il avait toujours fait son possible pour éviter de se retrouver dans ce genre de situation, à quelques exceptions près. Non, il avait toujours préféré travailler dans l'ombre et en soutien. Il tiqua cependant sur un point.

« Moi, un diplomate ? fit-il en riant. C'est complètement absurde. Et tu sais que je n'ai jamais été vraiment taillé pour le combat en première ligne. J'ai toujours officié à l'arrière des lignes. C'est là que je me sens le plus utile et le plus à l'aise. Peut-être parce que je ne supporte pas trop la pression et que m'exposer au danger n'est pas mon truc. Donc, le site alpha et faire la liaison avec d'autres planètes me correspondent beaucoup mieux. Et j'ai l'intention de revenir à la charge auprès de mon gouvernement pour qu'ils produisent les médicaments dont la Terre a besoin. Ça reste dans la lignée d'un soutien fourni à une population dans le besoin. Pour le soutien industriel, ça risque d'être plus compliqué et de demander plus de temps. » fit-il.

Et il pensait que cela entrerait en contradiction avec leur philosophie et leur position s'il s'agissait de réparer leurs vaisseaux ou fournir des armes, d'autant que les Terriens avaient une technologie considérée comme inférieure à celles des Hébridiens. Et c'était un point qui resterait très délicat, peu importait à qui il demanderait. Cela risquait d'attirer l'attention des mauvaises personnes. Sans compter que cela coûterait une fortune...

Son silence sur le symbiote lui indiquait qu'elle n'avait pas plus de réponse à lui offrir. Mais peut-être s'en faisait-il trop et pour rien, comme souvent.

« Sur le papier, peut-être, dans les faits, c'est une autre histoire. » fit-il en souriant quand elle mentionna être la propriétaire de Stella.

Son nom apparaissait clairement sur le titre de propriété. Cela n'avait jamais été le cas pour lui et cela faisait partie des choses qu'ils allaient devoir éclaircir. En revanche, il n'était pas surpris qu'elle ait conservé le vaisseau, compte tenu de ce que Stella représentait à leurs yeux, et il soupçonnait fort sa mère d'être derrière tout ça.

« Crois-moi, ils ne nous tireront pas dessus, à moins que nous attaquions en premier. Et si j'étais un vrai mort-vivant, ils chercheraient à me capturer vivant pour pouvoir m'étudier sous toutes les coutures, histoire de voir comment ce miracle est possible et s'ils ne peuvent pas le reproduire et en tirer partie d'une manière ou d'une autre… La curiosité scientifique, tu comprends. »

Une fois arrimés, il partit escorté par deux agents qui l'emmenèrent directement à l'antenne médicale locale où il subit toute une batterie d'examens plus poussés que sur Atlantis avec entre autres la vérification de son empreinte neurale, élément que les Terriens ne semblaient pas connaître et où il fut également interrogé. À un moment, il vit Mei discuter avec les médecins, sans doute pour partager ce que les Terriens savaient du symbiote, ce qui n'était guère surprenant. Puis au bout de deux heures, une fois son identité confirmée et décrété qu'il ne constituait pas une menace, il fut libéré.

« Bon, ils m'autorisent à descendre, mais mon permis de port d'armes sur la planète est temporairement suspendu. » commença-t-il.

Cela ne changeait pas grand-chose, vu qu'il ne prenait jamais son arme à terre. Le reste des mesures n'avait rien de surprenant non plus.

« Je vais aussi devoir me soumettre à d'autres examens pendant le séjour, une fois qu'ils auront décidé quels spécialistes s'occuperont de mon cas. Sinon, je suis libre de faire ce que je veux. » annonça-t-il en reprenant son poste.

Il se doutait que les autorités allaient le surveiller, mais de loin. Il devait aussi les informer des dates exactes de leur séjour à Serain ou s'il se rendait dans une autre ville. De toute façon, ce n'était pas comme s'ils n'étaient pas en mesure de le suivre à la trace à tout moment s'ils le désiraient. Il s'agissait juste d'être franc et transparent avec eux sur ses déplacements et ses intentions. Il ne risquait guère plus qu'un appel ou au pire, la visite d'un agent en cas de manquement.

« Oh, et nous allons probablement être convoqué par l'administration centrale pour clarifier mon statut et démêler tout le bazar que ma réapparition vient de créer concernant la possession de mes biens et tout ça… »

La seule chose qui l'intéressait vraiment était Stella, mais le reste, pas plus que ça. Il se désarrima et rejoint le dock spatial public qui leur avait été assigné, lui aussi en zone sécurisé et surveillé. Ainsi, ils pouvaient garder un œil sur Stella et éventuellement la neutraliser au besoin.

Incapable de résister, Nadja reprit soudain le ton de son sergent instructeur, ainsi que ces mots.

« - Écoutez bien la bleusaille, vos vies, elles comptent pas. Vos officiers, vos pilotes, c’est eux qui comptent vraiment dans cette guerre. Vous, vous n’êtes que sous fifres tout juste bon à défourailler les cibles qu’ont vous agitent devant les yeux. »

L’imitation prit fin quand elle gloussa en roulant des yeux au ciel.

« - Les temps ont changé, pas vrai ? »

La pauvre fille mal dégrossie qui était rentré à l’école militaire en avait fait du chemin, décidément. Plutôt que de se concentrer sur sa sois disant ascension sociale elle écouta Zander protester contre l’appellation de diplomate pour évoquer le boulot de l’un d’eux dans la phrase suivante. Elle se contenta de hocher la tête avec un sourire malicieux et se concentrer sur les manœuvres d’approches.

« - La curiosité scientifique et les morts vivants… c’est moi ou on dirait le début d’un mauvais films terriens ? »

Elle plaisantait, mais c’était essentiellement pour cacher son malaise et son inquiétude. S’ils étaient retenue à l’entrée de la planète, Si les médecins locaux découvraient quelque chose… Mais finalement, elle s’inquiétait pour rien. Âpres deux heures de patience plus ou moins bien contenue, il revint lui annoncer qu’ils pouvaient descendre, sous condition, mais sans grande restriction par ailleurs.

« - Plus d’administration, ouuh j’ai tellement hâte. »

Au final, ca ne la gênait pas autant qu’elle voulait bien le dire. Ces tracasseries administratives serait bien plus intéressante que celles qu’elle avaient remplie la dernière fois qu’elle était venue.

Zander grimaça. Lui n'était pas du tout pressé à la perspective de rencontrer des membres du gouvernement. C'était quelque chose qui ne lui avait vraiment pas manqué. Si sa planète avait été informée avant de son retour, ils auraient probablement exigé son rapatriement immédiat.

« Oh je suis sûr que tu as autant hâte que moi de passer plusieurs heures enfermée dans un bureau avec des agents de l'administration… »

Le plus important dans l'histoire était qu'ils reconnaissent qu'il était bien vivant et restaure tous ces droits de citoyen hébridien. Nadja pouvait bien garder tout ce qui lui avait été transféré si cela permettait d'accélérer les choses, cela ne changeait pas vraiment grand-chose pour lui. À part pour Stella.

« Si on pouvait garder cette histoire de symbiote entre nous pour l'instant, je crois que ce serait mieux pour tout le monde. » dit-il à ces dames avant de débarquer pour entamer le trajet vers la maison de sa mère.

Une fois dans le tram aérien, il se cala dans un coin et regarda dehors. À côté, Mei était assise sur une banquette avec Isaac qui avait le nez collé à la vitre et babillait du haut de ses six ans et posait des questions, fasciné par ce qu'il voyait. D'après ce qu'il avait comprit, l'enfant ne quittait que rarement la Cité et il ne voyait pas souvent l'extérieur. Sa croissance accélérée rendait les choses compliquée.

« Alors comme ça, les pilotes sont importants ? » demanda-t-il à Nadja en revenant un point qu'il n'avait pas eu le temps d'aborder plus tôt, trop occupé à s'arrimer.

Puis il se fit silencieux, le regard perdu dans le vide. Au fur et à mesure où ils se rapprochaient de leur destination, il devenait plus anxieux. Quand ils descendirent à la station, il traînait les pieds. Il savait qu'il ne pouvait pas couper à ce qui s'en venait et que c'était stupide de vouloir le retarder.

Il se planta devant la porte et inspira avant de frapper. Mei avait ralenti pour rester en arrière, laissant Isaac regardait tout ce qu'il voulait et répondre à toutes ses questions pour permettre à Zander de s'annoncer. Ce fut Prius qui ouvrit la porte.

« - Par le berger ! » s'écria-t-il en virant au blanc crayeux avant de reculer précipitamment et de trébucher pour se retrouver par terre comme s'il avait vu un fantôme, ce qui était presque le cas.

Sa mère passa pour voir ce qu'il se passait. Le plateau de verres, de boissons et autres amuse-bouche qu'elle avait dans les mains finit par terre quand elle le lâcha de surprise et se couvrit la bouche pour étouffer son cri de surprise à la vue de son fils.

« C'est moi, je suis de retour… » fit-il simplement, raide comme un piquet devant deux des personnes qui lui étaient le plus cher au monde.

Ce fut sa mère qui retrouva la parole la première et qui s'approcha, les larmes aux yeux.

« - C'est vraiment toi, Zand ? Tu es vraiment là ? Mais… comment ? Tu es censé être mort... dit-elle en touchant le visage de son fils.
- C'est une longue histoire que je vous raconterai tout à l'heure, mais c'est bien moi et je suis bien là. » fit-il en la serrant longuement dans ses bras.

Puis il s'approcha du prêtre et lui tendit la main pour l'aider à se relever. Son ami hésita quelques secondes avant de la prendre, comme s'il avait peur de découvrir que tout cela n'était qu'un rêve.

« - Ce n'est pas souvent que j'arrive à faire perdre ta langue…
- Par le Berger, ce n'est pas possible... Tu es réel, ce n'est pas une hallucination, dit Prius, des larmes perlant au coin des yeux.
- Non, je suis bien là, vivant et en chair et en os. » répéta-t-il en le serrant à son tour des ses bras.

Le tout finit en accolade générale et Zander ne put pas non plus retenir ses larmes.

Une fois dans le tram, le quatuor se fit silencieux, bien que pour des raisons différentes. Mei et Isaac observait la campagne environnante et l’ex marine se fit la réflexion qu’elle amenerait l’enfant au lac le lendemain pour lui donner quelques leçon de natation.

Zander lui, devait réfléchir à comment se présenter sans donner une crise cardiaque à tous le monde. Finalement, il revint vers elle avec une question sans doute plus destinée à tromper l’attente qu’autre chose.

« - Sans pilote, pas de mission pour les soldats, pas de transport pour les civils. Basiquement tout s’arrête. Et puis, qui on pourrait on pourrait regarder avec de grands yeux pleins d’étoiles sinon ? »

Elle l’attira contre elle et l’embrassa longuement, avant d’être interrompu par un rire d’enfant. Visiblement, son « neveu » était à présent assez grand pour se moquer de ce genre de démonstration d’affection.

« - Oh ça va, on en reparlera dans quelques semaines. »

Une fois arrivé, ce fut Prius qui prit en pleine face la réapparition du pilote, suivi de prés par Neela. Nadja les laissa aux retrouvailles avec un grand sourire (et en essuyant discrètement une larme, non les marines ne pleurent pas) et ramassa plutôt le plateau tombé au sol et la nourriture dessus. Des robots de nettoyages feraient le reste dans quelques minutes.

Finalement, Prius vint la saluer et elle l’étreignit longuement.

« - Vous auriez pu me le dire…
- J’ai hésité, mais je ne voulais pas lui voler ce moment. Et je ne crois pas qu’il y est de bonne façon d’apprendre une chose pareille de toute façon. Je vous raconterais plus tard comment je l’ai pris dans la figure. »

En attendant, ils se retrouvèrent rapidement dans le salon, un verre à la main et une boite de mouchoir posée au milieu de la table. Ils en aurait besoin très probablement avant al fin de la soirée.

Zander vit Nadja passer et aller ramasser le gros des dégâts, probablement pour éviter qu'Isaac ne se blesse accidentellement en entrant avant de se libérer de l'étreinte.

« - Tonton Prius ! lança soudainement et  joyeusement Isaac en voyant le prêtre.
- Héééé, bonjour bonhomme ! répondit le prêtre en le soulevant dans ses bras avec un grand sourire. Neela, voici Isaac, le… protégé de Mei. Isaac, voici Neela.
- Que voilà un grand garçon ! s'exclama l'intéressée qui le voyait pour la première fois. Bonjour Isaac, ravie de te rencontrer !
- Bonjour, répondit timidement le garçon avant d'enfoncer sa tête dans l'épaule du prêtre.
- Mme Hayes, ravie de vous revoir. Je tiens à vous remercier pour tout ce que vous faites pour lui et surtout pour le compagnon. Il nous est d'une aide très précieuse. dit la médecin.
- Neela, s'il vous plaît et je vous en prie. » fit Neela en affichant un large sourire et en s'écartant pour la laisser entrer.

Le prêtre déposa l'enfant pour aller saluer Nadja.

« Je comprends. Si vous me l'aviez dit, j’aurais demandé que vous veniez me chercher sur-le-champ et je ne sais pas si j'aurais pu le cacher à sa mère... Elle aurait sans doute elle aussi exigée d'être du voyage. Et j'y compte bien. » fit-il en souriant encore ému.

Ils s'installèrent tous dans le salon pendant que les robots ménagers s'affairaient à nettoyer les dernières traces de nourritures, sous le regard émerveillé de l'enfant. Neela retourna dans la cuisine chercher des verres, à boire et à manger pour tout le monde. Une fois tout le monde servi, Zander commença son récit tout en omettant la partie sur les symbiotes. Il pourrait toujours l'expliquer plus tard, mais il ne voulait pas causer un malaise à peine arrivé. Cela lui prit un moment et il fut plusieurs interrompu pour répondre à leurs questions.

Il avait fallu s'arrêter quelques minutes, le temps que Mei sortent des jouets pour occuper Isaac, mais à la surprise de cette dernière, l'IA domestique, et la maison, semblait regorger de jouets. Neela expliqua qu'elle avait prévu deux trois petites surprises pour lui, histoire de l'occuper, quand elle avait appris qu'il serait du voyage.

« - D'ailleurs cela me fait penser que nous allons avoir un petit problème de place… annonça-t-elle. Je pensais que Mei et Isaac logeraient dans l'appartement avec Nadja, mais cela ne va clairement pas être possible.
- Ce n'est pas grave. Je vais laisser la chambre d'ami à Mei et Isaac et je retournerai au monastère. À moins qu'elle ne voit pas d'inconvénient à ce que je ronfle sur le canapé de ladite chambre. » fit-il sur un air amusé.

Le pilote manqua de s'étouffer en entendant le prêtre, mais la réaction de Mei le désarçonna encore plus, car elle se contenta de lui répondre avec un chaleureux sourire à son ami. Il savait que les deux travaillaient ensemble sur les projets liés à l'herboristerie, mais il y avait l'air d'y avoir bien plus qu'une simple relation professionnelle entre eux. Le prêtre ne put s'empêcher d'éclater de rire devant la tête ahurie de Zander.

« - J'ai l'impression d'avoir raté un épisode entre ces deux-là… murmura-t-il à Nadja.
- Il y a aussi toujours le canapé du salon, ajouta Prius l'air de rien.
- Je suis sûre que nous allons trouver une solution pour que vous puissiez rester, Prius. Et si nous continuions cette intéressante conversation tout en mangeant ? » fit Neela.

Zander approuva du chef, réalisant qu'il mourrait de faim. Il ne doutait pas qu'il y aurait assez à manger pour tout le monde, même avec son arrivée imprévue, tant sa mère avait l'habitude de cuisiner pour tout un régiment. La soirée allait bon train dans la joie et la bonne humeur lorsque la porte s'ouvrit brutalement.

« Ravi de voir que personne n'a pensé à me convier à cette soirée de retrouvaille ou que mon… fils était de retour parmi les vivants. Même ça tu arrives à le rater ? » fit la voix glaciale de son père.

Le pilote plongea instantanément le regard dans son assiette, complètement tétanisé. Il entendit Isaac se mettre à pleurnicher en réponse au changement brutal d'ambiance. Mei prit l'enfant et se repliai vers la terrasse pendant qu'un ange passait…

« - Cela n'a traversé l'esprit de personne en fait, parce que personne ne voulait t'écouter cracher ton venin et gâcher la soirée, s'entendit-il dire avant même de réaliser ce qu'il faisait.
- Je t'interdis de me…
- Et si ma vue et ma présence t'indispose tant que ça, il ne fallait surtout pas te sentir obligé de venir. La porte est par là d'ailleurs, continua-t-il en lui indiquant la direction à prendre.
- Espèce de… tenta-t-il avant d'être interrompu par la main de son fils qui s'écrasa sur la table.
- Je peux même t'escorter pour m'assurer que tu ne perdes pas en route. » termina-t-il en se redressant de toute sa taille.

Mais au fond de lui, il était littéralement terrorisé et paniqué à la fois par son père et par ce qu'il était en train de faire tandis qu'il joignait le geste à la parole en s'approchant à deux doigts de son père et en l'invitant d'un geste à se diriger vers la porte.

« - Je ne vais pas te laisser faire… fit tout bas son père.
- Si tu as encore un tant soit peu de décence, tu vas sortir d'ici tout de suite et sans faire d'histoire. » répondit-il aussi doucement sans sourciller.

Ils s'affrontèrent du regard quelques secondes et son père plia. Il battit en retraite et partit comme il était venu, en claquant la porte.

« Si vous voulez bien m'excuser deux minutes… » fit-il d'une voix blanche sans se retourner avant de monter les escaliers aussi dignement qu'il le put malgré ses jambes en coton.

Arrivé dans l'appartement, il se précipita dans la salle de bain et vomit avant de s'asseoir à même le sol, la tête posée sur ses genoux remontés. Il tremblait comme une feuille, choqué par ce qu'il venait de faire. Pour la première fois de sa vie, il avait tenu tête à son père et avait eu le dessus, aussi terrifiant que cela avait pu être.

Le choc passé, la bonne humeur s’installa. Zander dut bien entendu raconter son histoire, tout en évitant soigneusement le sujet qui pouvait le plus fâcher.

L’ex marine ne put s’empêcher de rire en voyant la tête de Zander quand Mei et Prius échangèrent des plaisanteries sur le coucher. Au moins ces deux la avaient dépassé le stade de la gêne pour leur… incartade.

« - Tu as sans doute loupé une chose ou deux oui… Mais ne compte pas sur moi pour te les raconter. »

Le repas joyeux fut malheureusement interrompu par un importun. Sans la poigne vigoureuse de Prius sous la table, Nadja se serait levée bien avant la fin de son discours pour mettre les points (les poings) sur les i. Elle bouillonnait intérieurement mais l’occasion pour son mari d’enfin affronter ses démons et de lui dire ses quatre vérités. Elle le connaissait suffisamment pour voir qu’il n’en menait pas large malgré ses paroles, mais il tint bon, ce qui lui permit de remporter la victoire.

« - Excusez moi également ! »

Elle se dégagea sèchement et sortit dans la cour ou son « beau père » s’éloignait d’un pas lent. Ni une ni deux, elle se rapprocha et lui envoya son front dans le nez quand il se retourna.

« - Je vous avait déjà avertie, lâcha-elle en le dominant de toute sa taille. La prochaine mesquinerie de ce genre, je ne serai pas aussi gentille. »

Sans attendre de réponse dont elle se moquait comme de son premier chargeur, elle passa par l’escalier extérieur pour rejoindre Zander qui subissait une violente descente d’adrénaline.

« - C’était bien joué ! »

Elle lui tendit une serviette puis le pris dans ses bras pour attendre qu’il se calme. L’avantage avec toute l’adrénaline qui pulsait encore dans ses veines était qu’elle ne ressentait plus du tout les effet du symbiote. S’il fallait qu’elle tabasse quelqu’un à chaque fois qu’elle voulait un câlin, ils n’étaient pas sorti de l’auberge.

Zander entendit Nadja arriver, mais ne réagit pas à sa remarque. "Bien joué" n'était pas exactement l'expression qui lui venait en tête quand il pensait à ce qu'il venait de se produire, mais il n'avait pas envie d'en parler tout de suite. Il ne s'était pas attendu à ce que son père débarque ni à ce que celui-ci découvre son retour. Et il s'inquiétait maintenant de ce que celui-ci savait exactement et de s'il allait chercher à lui nuire ou pas.

Il prit la serviette et s'essuya le visage avant de se caler contre elle et de fermer les yeux pour reprendre le contrôle de son corps et de ses émotions. En six mois, il était devenu un expert dans cet art, ce qui l'avait beaucoup aidé à ne pas perdre complètement les pédales, surtout au début.

Quand il se sentit assez maître de lui-même au bout de quelques minutes, il se leva et alla se passer le visage sous l'eau et se rincer la bouche. Il n'avait pas spécialement envie d'aller retrouver les autres, mais c'était inévitable. Il pouvait pas juste disparaître comme ça pour le reste de la soirée. Avant, il l'aurait peut-être fait en compagnie d'une bonne bouteille d'alcool bien fort. Mais plus maintenant. Il ne tenait pas à ce ces retrouvailles se terminent sur cette mauvaise note.

« C'est la chose la plus terrifiante que j'ai jamais faite. Et je ne sais pas si c'était une bonne idée. J'ai peur de ses représailles… dit-il à Nadja avant de l'embrasser. Il faudrait qu'on redescende. » soupira-t-il.

« Tu crois qu'ils nous en voudraient si on traînait encore un peu ici ? » murmura-t-il.

*****

Prius avait retenu Nadja quand le père de Zander avait débarqué. Grand bien lui en avait prit, vu que son ami avait ainsi eu l'occasion de lui tenir tête. Mais il avait vu à quel point cela lui en coûtait et il ne pouvait qu'imaginer à quel point il devait lutter pour ne pas prendre ses jambes à son cou. Quand l'importun partit, il laissa Nadja se libérer puis regarda Neela la suivre quelques instants plus tard. Il n'avait pas l'intention de se mêler de quoi que ce soit, mais il devrait certainement ramassé des morceaux plus tard. Il décida d'aller s'assurer que Mei et Isaac allaient bien. Il les retrouva dehors en train d'observer des lucioles et autres insectes qui volaient.

*****

Quand Zander redescendit, il était redevenu lui-même, ou presque. Il avait beau être calme en apparence, il ne l'était pas tout à fait intérieurement. Sa mère jouait avec Isaac tandis que Mei et Prius discutaient sur le canapé. Il eut soudain l'impression qu'on lui plantait un couteau dans le cœur quand il prit conscience que jamais sa mère n'aurait la joie d'avoir de petits-enfants. Il enferma immédiatement cela dans une boîte pour ne pas perdre pied une nouvelle fois. Ça aussi, c'était quelque chose qu'il avait appris pendant ses six mois d'isolement pour pouvoir survivre en restant sain d'esprit.

« - Tatie ! s'exclama Isaac. On peut avoir du gâteau maintenant ? demanda-t-il à Mei.
- Maintenant qu'ils sont là, bien sûr. Je crois d'ailleurs que s'il n'est pas encore tombé de sommeil, c'est parce qu'il n'attendait que ça, fit la médecin amusée à Nadja. »

Cela provoqua quelques éclats de rire de l'assemblée. La table avait effectivement dressée pour le dessert qu'ils n'avaient pas eu le temps de manger. Ce serait certainement un bon moyen pour finir la soirée de manière agréable. Ça et quelques verres d'alcool fort.

Neela fit un sourire rassurant à son fils. Elle devait lui parler à propos de son père, mais pas pour l'instant. Il avait déjà eu son comptant pour la soirée, alors cela attendrait le lendemain. Elle avait pris des mesures pour que cela ne se reproduise plus et elle allait pouvoir l'assurer qu'il aurait désormais la paix lorsqu'il se trouvait ici.

Ils restèrent longuement enlacés, sans trop dire grand-chose. Si quelqu’un venait leur faire une remarque, il en serait pour ses frais.

Ils ne redescendirent qu’une bonne demi-heure et furent accueillit par un petit affamé de sucreries.

« - Mais dis donc tu ne devrais pas être déjà au lit, toi ? Dit-elle en le prenant dans ses bras. Comment-ça tu m’attendais… mais ça ma faute alors. Vite, allons faire un raid sur le frigo. »

L’ex-marine prit l’enfant à bout de bras et fonça vers la cuisine en imitant le bruit d’un chasseur, pour la plus grande joie du bambin qui poussait des cris de guerre en attaquant la cuisine et tout ses ustensiles.

La pâtisserie, pleine de crème et de fruits s’avéra délicieuse et finit de rendre le sourire à tout le monde. Quand Isaac fut enfin couché, des bouteilles d’alcool, essentiellement produit par les bergers, firent leur apparition. Après quelques verres, Nadja se renfonça dans son siège, un sourire satisfait sur les lèvres. IL lui fallut quelques instant pour comprendre pourquoi elle se sentait soudain si bien. Elle était en famille. Une famille d’adoption, une amie, un neveu… une famille au sens large qui l’acceptait pour ce qu’elle était, avec ces qualités et ses (nombreux) défauts. Ce qu’elle n’avait plus eut depuis son arrivée ici.

Elle se servit un nouveau verre pour masquer la boule d’émotion qui menaçait de la submerger. Ça n’était pas le moment de se casser l’ambiance.

Zander rendit son sourire à sa mère et regarda Nadja partir dans la cuisine avec Isaac. Il semblait que ce gamin avait conquis le coeur de tous les présents et les avait probablement tous aider à surmonter la peine engendrer par sa "perte".

Il aida à faire le service et servit du café hébridien à tout le monde en même temps que le gâteau.

« Nous avons trouvé une solution pour que tout le monde dorme à la maison ce soir et nous en avons profité pour tout installer pendant votre absence. Mei et Isaac occuperont la chambre d'amis et Prius dormira sur le lit d'appoint que nous avons installer dans le bureau. » leur expliqua Neela à un moment donné.

Elle estimait avoir joué son rôle d'hôtesse en fournissant un lit à chacun des présents et si certains prenaient d'autres dispositions, cela les regardait. Il y avait une complicité évidente entre la médecin et le prêtre. Cela la réjouissait vraiment pour Prius. Puis il semblait vraiment investi auprès de l'enfant aux yeux duquel il incarnait sans nul doute une figure paternelle, ce qui ne pouvait pas mieux tomber. Tous les trois formaient une jolie famille à ses yeux.

Isaac tomba de sommeil peu après avoir mangé le dessert et Mei s'éclipsa quelques minutes le temps d'aller le coucher tandis que Prius sortait l'alcool fort. Une fois la Terrienne revenue, la discussion reprit.

« - Alors combien de temps restez-vous et quels sont vos plans ? demanda Neela.
- Au moins quelques jours. Je ne peux pas partir avant que l'administration me convoque et statue sur mon sort.
- C'est vrai qu'il n'est pas très fréquent qu'un mort refasse surface bien vivant, mais je ne crois pas que ce soit une première… fit sa mère.
- Et nous allons nous marier. lâcha-t-il provoquant un instant de silence et de flottement. J'ai contacté l'île de Lumina en arrivant pour savoir si leurs installations étaient disponibles dans les jours à venir. »

Sa mère fit les yeux ronds en entendant le nom. C'était le nec plus ultra en la matière, mais elle était bien placée pour savoir que l'argent n'était pas vraiment un problème pour son fils. Mais cela laissait un certain nombre de choses à planifier.

« - Je m'occupe de l'alcool ! fit Prius, sans surprise.
- Et je me charge de vous trouver un traiteur. J'en connais un ou deux qui seront ravis de me rendre ce service. Je suppose que la cérémonie sera intime ?
- Oui, il n'y aura que nous. Je suis conscient que c'est soudain et pas aussi grandiose que nous l'avions prévu, mais les circonstances nous forcent un peu la main. » fit-il sans plus de détails.

En dehors de Mei, personne sur Atlantis n'était pas au courant de ce projet. Il avait tenu à ce que cela soit ainsi pour ne pas que cet événement soit le prétexte à organiser une fête destinée à booster le moral des troupes où tous les rescapés seraient invités avant leur départ. C'était quelque chose de bien trop important et personnel à ses yeux. Et il était hors de question que cela se fasse avec un garde sur les talons qui le surveillerait toute la journée. À leur retour, ce serait une autre histoire.

« - Et nous allons avoir besoin de votre aide pour autre chose… Enfin moi, en tout cas.
- Nous t'écoutons.
- Nos tenues et tout ce qui va avec. Vu que c'est un peu précipité et ce qu'il s'est passé, je n'ai rien pour la cérémonie. Et toi ? demanda-t-il à Nadja.
- Quelques visites dans des boutiques spécialisées devraient permettre de résoudre ce problème. Ou alors, vous attendez d'être sur Lumina. Nous devrions pouvoir tout vous trouver sur place.
- Ce n'est pas faux. Il me semble qu'il y a plein de boutiques et autres spas. Nous n'avons pas encore regardé ce qu'ils proposaient exactement. Je pense que nous le ferons lorsque nous saurons si nous pouvons y aller, non ?
- Il y reste la question de l'officiant, fit remarquer Prius.
- J'aurais aimé que tu t'en charges, répondit Zander.
- Je suis très honoré par cette demande, mais je souhaiterais rester ton témoin. Les obligations et les implications sont très différentes pour moi. » fit-il.

Le pilote le regarda surpris, car il ne s'était pas attendu à ce que son ami refuse, et il hocha la tête en signe d'assentiment. Mais pour Prius, être l'officiant était un rôle bien différent de celui de témoin et il avait aussi une symbolique toute autre. Et pour cette occasion-là, il tenait à être à ses côtés en tant que meilleur ami et non pas en tant que prêtre. C'était très important pour lui de faire partie de la "famille".

« - Nous trouverons une solution. Au pire, je suis sûre que Lumina peut vous en fournir un, fit sa mère qui affichait le sourire de celle qui avait déjà une idée derrière la tête.
- Sans doute. Mais je propose qu'on attende demain d'avoir la réponse pour régler tous ces détails.
- Et le voyage de noces ? fit Prius.
- Bonne question… Mais ça pourrait être Celestia, j'imagine ? Dans tous les cas, ce ne sera probablement pas pour tout de suite. »

Et il faudrait qu'ils aient le temps de faire ledit voyage, ce que rien ne garantissait. Et celui-là, il voulait le savourer, pas le faire à la va-vite avec une escapade de deux jours. Mais peut-être devrait-il s'en contenter.

La tension était retombée, l’alcool déliait les langues et détendait tous le monde. Le sujet du couchage évacué, Neela les interrogea sur leur projet : la bombe (la seconde, techniquement, vu que la réapparition de Zander en constituait déjà une belle) allait être lâchée.

« - Il y aura quelques papiers à revoir, oui, vu que j’ai récupéré la plupart de tes possessions. Je t’ai dit que j’ai quasiment tout dépensé au fait ? J’ai longuement hésité entre un contrat à vie avec un couturier ou acheter mon propre croiseur de combat. Au final, j’ai choisit les deux. Au diable les économies. »

En vérité, elle n’avait touché quasiment à rien. Même le projet immobilier pour lequel elle avait rencontré des promoteurs n’avait pas vraiment évolué. Au final, sa seule véritable décision avait été de prendre un gestionnaire pour la fortune de son « ex » mari. Avec le recul, çà n’était sans doute pas une si mauvaise idée que ça.

Quand le sujet mariage fut abordé, il ne fallut pas longtemps avant que les choses s’organisent et les rôles se répartissent. Concernant la tenue, elle eut un petit sourire malicieux.

« - J’ai pris mon plus bel uniforme, expliqua-t-elle avant d’éclater de rire en voyant la tête de son futur mari. Mais si mon témoin est d’accord, je pense que je pourrai trouver quelque chose de plus civil et festif. Ce qui veut par contre dire qu’elle devrai aussi faire de mime. Humm... rose saumon ou fushia drapé... »

L’officiant était un soucis aussi mais Prius préféra rester témoin, ce qui avait parfaitement du sens. Il y aurait sans doute quelqu’un sur place pour le remplacer. Quand au voyage de noce, Celestia lui convenait parfaitement. Ils pourraient nager, plonger et bronzer tant qu’il voudrait, en admettant qu’on leur en laisse le temps, bien sur.

Finalement, elle bailla s’en pouvoir s’en empêcher et du bin se rendre à l’évidence : ses nuits de beuveries étaient loin derrière elle.

Zander sourit lorsque Nadja avoua avoir dilapidé son argent de manière extravagante. Il n'en croyait cependant pas un mot.

« Voilà qui risque de poser un problème et qui va m'obliger à revoir l'organisation du mariage. Je crains qu'il ne me faille demander à Prius si son monastère peut nous accueillir pour l'occasion et il nous faudra nous marier dans nos vêtements de tous les jours. Et ton couturier ne vaut pas grand-chose, je n'ai vu aucune nouvelle tenue nulle part. À moins que tu l'aies engagé pour concevoir les uniformes de l'équipage pour ton croiseur ? Tu l'as planqué au fait ? » fit-il pince-sans-rire.

Il savait pertinemment que ce n'était pas vrai. Il avait de l'argent, mais pas à ce point. Ils en discuteraient le moment venu, mais il commençait à se demander ce qu'étaient devenus les différents projets qu'il avait en cours au moment de sa disparition.

Par contre, il la regarda de travers quand elle parla d'uniforme de cérémonie pour le mariage. Ils avaient déjà eu cette discussion et il n'était pas vraiment enthousiasmé par cette idée. Il ne la forcerait cependant pas à porter une tenue qu'elle ne voulait pas.

« Je préférerais effectivement une tenue civile, mais rien ne t'y oblige. Tu peux porter la tenue que tu veux. Ou rien du tout, même. Ça se fait. » la taquina-t-il.

Il supposa que la remarque destinée à Mei était censée être une blague de circonstance, mais s'abstint de tout commentaire. La médecin leva son verre en souriant.

« Tant que tu ne parles pas de pois, de rayures, de tenues à froufrou ou bariolée ou dans lesquelles il est impossible de se déplacer, ça me va, répondit celle-ci. Il faudra aussi penser à habiller ton neveu. » ajouta-t-elle.

La discussion continua un peu, mais tout le monde semblait fatigué. Ce fut le bâillement de Nadja qui donna le signal. À dire vrai, il était aussi épuisé. Toutes ses retrouvailles et l'incartade avec son père avaient été difficiles émotionnellement.

« Je crois qu'il est grand tant que nous nous retirions dans nos quartiers. Nous rediscuterons de tout ça demain, une fois que je saurai si nous pouvons aller à Lumina. Je vous souhaite une bonne nuit. Tu viens ou je dois te porter ? » demanda-t-il en souriant à Nadja.

*****

[18 mars 2020]

Il ouvrit les yeux le lendemain matin avec le lever du soleil qui filtrait dans la chambre. Il décida de profiter d'être sur une planète pour aller courir dehors au grand air puisque le temps s'y prêtait. Cela serait un changement radical du footing dans les couloirs des derniers mois. Il préférait courir le soir une fois sa journée terminée, car c'était un moyen pour lui de se vider la tête. Mais il lui état devenu plus compliqué de le faire toujours à la même heure depuis qu'il avait repris du service. Il dénicha sa tenue de sport et ses baskets puis récupéra une casquette et des lunettes de soleil. Il glissa son lecteur de musique dans une poche, mais il ne pensait pas vraiment l'utiliser et plutôt écouter la nature autour.

Il descendit tranquillement tranquillement puis fit quelques étirements avant de s'élancer à petites foulées sur la piste pour effectuer un footing tranquille.

Dernière édition par Zander Hayes le Mar 29 Sep 2020 - 12:51, édité 1 fois

« - Hum, je ne voulais pas te le dire, mais je l’ai caché sur la lune que j’ai acheté avec ce qu’il restait...

Ça l’amusait toujours autant de le voir tiquer sur cette histoire d’uniforme. Ils allaient y échapper grâce à l’intimité de la cérémonie mais sinon le protocole militaire était plutôt strict en ce qui concerne le mariage des officiers. En tout cas, elle le ferait pas nue. Certaines planètes avaient ce genre de tradition, y comprit pour les invités mais sans être réellement pudique, elle se voyait mal assister à une telle cérémonie.

« - Pois, froufrou ou bariolées… ok, je note. »

En vérité, elle n’avait pas la moindre intention d’imposer à Mei une quelconque tenue. Elle n’avait que modérément bien vécue la tenue qu’avait choisie Clara pour son mariage et ne voyait pas l’utilité d’infliger ce genre d’humiliation à son amie. D’autant qu’elle serait la seule demoiselle d’honneur. Elle n’avait personne avec qui se coordonner.

La soirée toucha à sa fin et ils allèrent se coucher, après qu’elle l’eu gratifié d’un « promesse, toujours des promesse » en réponse à sa proposition.

Au matin, elle s’éveilla brusquement en frissonnant. Encore nu de ces foutus cauchemar. La place de Zander était vide comme tous les matins. C’était la solution qu’ils avaient trouvé pour qu’elle ne se réveille pas trop violemment (et donc dangereusement). Ca ne devait pas faire trop longtemps cependant car la place était encore chaude.

Nadja passa sous la douche rapidement et descendit ensuite pour prendre un café en tenue de Mei et Isaac qu’elle entendait jouer depuis l’appartement.

Zander revint au bout d'une bonne heure. Il constata que Nadja n'était pas dans l'appartement, probablement descendue rejoindre les autres. Il enleva son T-shirt et et le posa dehors sur une chaise puis alla prendre une douche.

Il descendit à son tour après avoir découvert que les placards étaient vides. Ils allaient peut-être devoir acheter deux trois choses pour grignoter sur place...

« Bonjour, bonjour ! » lança-t-il gaiement avant d'aller à la cuisine se servir une tasse de café locale avant d'aller s'installer sur la terrasse pour profiter de l'extérieur. La table qui s'y trouvait était largement garnie de tout ce qu'il fallait pour manger. Il sortit son PDA et consulta ses messages. Il sourit largement en voyant la réponse qu'il attendait.

« Le Lumina a des disponibilités pour une cérémonie dès demain. Il y a plusieurs options pour l'hébergement dès ce soir. Soit des suites, dont une nuptiale, dans le complexe hôtelier soit des logements indépendants sur pilotis sur l'île avec accès à une plage privée. Ils ont une formule "Mariage" tout inclus avec un officiant, un repas de circonstance, cérémonie sous les arbres ou sur la plage. Il est possible de choisir des formules qui n'incluent pas certaines choses comme le repas pour l'apporter soi-même. Et nous aurons automatiquement accès à leur complexe commercial sur le rivage avec toutes les boutiques nécessaires à la préparation et se faire dorloter : spa, coiffeurs, esthétique, maquillage, vêtements et autres… Je vous laisse regarder les détails. » annonça-t-il tout en lisant le message et en leur envoyant les informations.

Il savait que sa mère et Prius tenaient à participer à l'organisation et il ne voulait pas les priver de cela. Il ne regarda pas les prix non plus. Ce n'était pas le mariage qu'ils avaient prévu à la base, alors ils mettraient les plats dans les grands pour qu'ils leur conviennent autant que possible.

« - Comment va-t-on se rendre à Serain ? demanda Prius qui s'occupait des plantes.
- Il y a un express qui part du centre. Il permet de rejoindre la ville en trois heures et il longe la côte. Ça devrait plaire à Isaac. Il avait l'air fasciné dans le métro, hier. Sinon, je peux toujours demander une autorisation spéciale pour pouvoir nous téléporter dans les locaux de la sécurité les plus proches pour finir le trajet à pied ou avec une navette commandée auprès de l'hôtel. Comme vous voulez, fit-il.
- Il faut absolument que nous discutions nourriture ce matin aussi, annonça sa mère. Il faut que je puisse prévenir le traiteur le plus tôt possible afin qu'il puisse tout préparer, donc je suppose que cela ne sera pas au mieux avant demain midi.
- C'est noté, dit le pilote. Je crois que le mieux serait peut-être de s'y rendre ce soir, ce qui nous laissera un peu de temps pour explorer les boutiques et nous faire une idée.
- Et il nous faut au moins une fête de veille de mariage ! lança le prêtre.
- Un enterrement de vie de jeune fille et de vie de garçon ? Ça risque d'être un peu compliqué avec si peu de monde de chaque côté...
- Oui, c'est ça ! Beuverie obligatoire et effeuilleuse ! C'est la tradition sur Terre, non ?
- Ça, je crois que j'en m'en passerai, fit le pilote.
- Pas ici, fit Neela après avoir levé les yeux au ciel. La fête prénuptiale, si c'est ce dont vous parlez, implique de la musique, du chant, de la danse et oui, de l'alcool aussi et elle se passe en compagnie des membres de la famille et les amis. Il est aussi de coutume que les futurs mariés ne passent pas la soirée et la nuit ensemble. Rien ne précise qu'ils doivent d'ailleurs se coucher et dormir. Ce n'est pas pour rien que les mariages ont généralement lieu en fin de journée, suivis d'une autre fête où les deux familles sont cette fois réunies... » conclut-elle, amusée.

Un autre message arriva et le sourire de Zander se figea un instant. Cela lui plaisait beaucoup moins, mais c'était inévitable. Les autorités médicales n'avaient pas traîné pour les examens supplémentaires et ils voulaient le voir dans l'après-midi si possible. Il allait devoir réfléchir deux minutes à comment tout organiser, mais cela devrait être faisable. Il préférait s'en débarrasser le plus tôt possible et le faire avant la cérémonie serait préférable. Il supposait que le reste des formalités et la deuxième visite à l'administration suivrait plus tard en fonction des résultats, s'ils ne voulaient pas le revoir.

Il allait probablement devoir leur faire faux bond et se téléporter plus tard pour les rejoindre. Le plus difficile serait probablement de trouver une raison, mais il pouvait toujours prétexter un rendez-vous administratif, cela ne surprendrait personne. Il posa sa tablette et attaqua son petit-déjeuner, un peu moins enthousiaste que quelques minutes plus tôt, s'inquiétant de la possibilité que tout leur beau planning soit bouleversé à la dernière minute.

Zander les rejoint alors que tous le monde était attablé pour un petit déjeuner aussi copieux qu’a l’accoutumé. A peine installé, il consulta ses messages et annonça la bonne nouvelle. L’endroit sélectionné était disponible et n’attendait qu’eux. D’ici trente six heures, ils seraient marié.

Les discussions fusèrent immédiatement. Comment y aller ? Comment se préparer ? Ou dormir… Nadja écoutait d’une oreille avec une seule chose en tête… journée shopping. Même âpres des années passé à cette époque, elle restait comme une gamine dans un magasin de poupée à chaque fois qu’elle devait acheter de quoi s’habiller un peu élégamment.

Cela dit, les termes de fête prénuptiale lui firent dresser l’oreille.

« - Rien ne nous empêche de faire une soirée la-bas. Une sorte d’enterrement de vie de célibataire. On mange, on boit, on danse… je ne sais pas vous mais ça me convient parfaitement et je peux me passer de strip...ouch… de tous le reste. »

Il y avait un enfant dans la pièce, comme venait le lui rappeler d’un coup de coude Mei…

Un autre message avait du lui parvenir car Zander se referma tandis que les autres continuait à planifier joyeusement. Elle espéra qu’il lui en parlerait plus tard. Mais en attendant, elle se tourna vers Isaac qui terminait sa troisième tartine.

« - Bon mon gars, pendant que tous ces gens ennuyeux font des projets, que dirais-tu d’aller nager un peu ? Tu vas me montrer tes progrès au crawl. Si ta maman est d’accord bien sur.»

Depuis qu’elle savait que l’enfant était un des soldats quantiquement modifié de Tonatiuh, elle avait pris en charge son développement sportif. Il répondait comme elle s’y attendait et l’énergie musculaire qu’il abritait et commençait à peine à maîtriser s’exprimait dans des résultats impressionnant pour son age. Dans un tout autre environnement, ils en aurait fait un futur champion olympique.