Take Me Home

Nadja prolongea l’étreinte un moment. Elle était toujours plus que tendue mais être sortie de l’infirmerie et respirer l’air pur de la Terre lui faisait du bien.

« - Désolée de t’avoir fait vivre ça. T’avais sans doute pas vraiment besoin qu’on en rajoute. »

La mention du régime que lui avait prescrit Mei lui fit pousser un soupir a fendre la pierre.

« - Des légumes et des fruits… Plus de sucre ni d’alcool… Je suis sure qu’elle me punit en fait. »

Elle n’en croyait évidement pas un mot. Depuis son arrivée à cette époque, elle avait joué avec le feu au sujet de l’alimentation et en payait aujourd’hui le prix. Pas comme si elle n’avait pas été malade quasiment à chaque repas pendant le premier mois. Ce qui ne l’avait pas empêchée de s’empiffrer de chocolat quand même.

Elle fut à deux doigt d’aller se faire couler du café avant de se souvenir que ca non plus, elle n’y avait plus droit.

« - Sérieux, tuez moi… marmonna-t-elle en se réinstallant prés de son mari, un verre d’eau à la main. »

Cela prit de longue minutes et elle découvrit un nouvel univers fait de légumes, de fruits et de féculent aux noms bizarres. Une fois terminé, elle était tellement déprimée qu’elle n’avait quasiment plus le courage d’aller jusqu’à la piscine. Quel intérêt d’aller faire des efforts si on ne peux pas se récompenser ensuite avec une bonne bière ?

« - OK, j’en fais trop, je sais, s’amusa-t-elle. J’y vais. Passe pas trop de temps derrière l’écran et vient me rejoindre. Autant profiter de la journée. »

Zander la serra dans ses bras un peu plus.

« Hé, arrête. Tu ne le fais pas exprès. On ne choisit pas quand les choses vont aller mal. Tu as été là pour moi plusieurs fois, alors c'est normal que je sois là pour toi quand tu en as besoin, peu importe ce qu'il se passe. Et puis il n'y a pas de bon moment pour aller mal. » fit-il.

Il ne put s'empêcher de rire concernant la nourriture. C'est vrai que ça n'Allait pas être simple et qu'elle allait probablement beaucoup râler sur la question dans les prochains jours.

« Je te rappelle que tu as un cuisinier pas trop mauvais à domicile. Il va trouver quoi te faire à manger pour t'éviter de retourner aux cubes protéinés. Sinon, je peux toujours te mettre en contact avec ceux qui les développent sur Hébrida et tu n'auras qu'à travailler avec eux pour les rendre plus... mangeables. » dit-il en souriant.

Cela allait être un petit défi, mais quelque part, il avait hâte de le relever.

« Il faudra vérifier si tous les aliments sont complètement interdits ou juste à consommer en quantité limitée. Il y a plusieurs choses qu'on doit pouvoir substituer par des équivalents terriens... Ou même hébridiens, maintenant que j'y pense. Peut-être que ce sera moins agressif pour ton estomac. Je vais me renseigner tout à l'heure. »annonça-t-il.

Il consulterait la base de données de Stella pour voir ce qu’il y avait sur le sujet et sinon, il enverrait un message sur sa planète natale. Ce serait un peu plus long, mais eux seraient plus à même de répondre. Peut-être même auraient-ils un traitement à proposer. Il marmonna quelque chose quand elle parla d'aller la rejoindre dans la piscine et s'occupa de finaliser la commande qui arriverait dans une heure puis il avertit la sécurité à l'entrée du lotissement. Il sentait venir le moment où même cela serait interdit, par mesure de précaution, et où ils devraient passer par l'intendance.

Il se changea et sortit, mais en passant, son regard tomba sur son manuel de vol. Le mal était fait. Le temps qu'il sorte, il avait la tête ailleurs, pleine de noms de manœuvres et leur signification sur le terrain. Il s'assit sur le bord de la piscine les pieds dans l'eau, révisant mentalement le tout, sans vraiment s'en rendre compte. Il faudrait qu'il demande à Stella de l'interroger plus tard pour s'assurer qu'il avait bien tout mémorisé correctement. Après tout, il n'avait eu que quelques jours pour tout apprendre et aucune pratique... Voilà qui promettait.

Nadja sourit quand il parla des barres de protéines qu’elle avait connu toute son enfance.

« - Sur que je pourrai leur donner quelques tuyaux. Tu crois que je pourrai me faire embaucher comme consultante ? Au moins maintenant, je sais quel goût réel à un poulet. »

Consultante en nourriture… Ses plans de carrière étaient de pire en pire, décidément.

Ils firent donc leur course en ligne et une fois terminé, comme prévu, Nadja passa son maillot pour aller faire quelques longueurs. Tout en se mettant à l’eau, elle réfléchissait à ce dont venait de parler Zander. Hebrida possédait-elle des traitements pour lui rendre la vie plus facile ? Et pour sa mémoire ? Pourraient-ils prouver que ses souvenirs d’opération chirurgicale était effectivement faux, comme ‘lavait suggéré le psychologue ?

Celui-ci s’était montré très professionnel quand elle lui avait raconté ses visions. Il lui avait demandé si la médecine du XXIIe siecle était capable de ramener un soldat à la vie, ce à quoi elle avait répondue par la négative. Du coup, la logique voulait que ce qu’elle avait vue était faux et sans doute symbolique. Comme Mei, il supposait que son subconscient tentait de lui dire quelque chose, de façon très graphique.

« - Symbolique, mon cul ! grogna-t-elle en plongeant. »

Après un nombre incalculable de longueur, elle finit par déclarer forfait et alla s’étendre sur un des transat au bord de la piscine pour y trouver son mari plongé dans la lecture d’un manuel de vol.

« - Trois chasseurs ennemis, en formation diamant, à trois heures. Tu préconise quoi ? Top ! »

Si elle ne pouvait connaître les réponses préconisé par le manuel, au moins pouvait-elle le mettre en situation aisément. Elle pourrait même lui parler du Kobayashi Maru, s’il se débrouillait bien. Pas sur que ca, ca soit enseigné à cette époque.

Zander éclata de rire quand Nadja proposa de devenir consultante pour l'amélioration des barres protéinées.

« Je suis sûr que ça peut s'arranger. Ils seront absolument ravis d'avoir un cobaye volontaire. » fit-il hilare.

*****

Après cinq minutes les pieds dans l'eau, il remonta chercher son manuel de vol. Certaines choses étaient encore floues et il devait s'assurer de les maîtriser. Les Terriens étaient tellement à cheval sur les règles qu'il pourrait rater l'examen juste pour avoir était incapable de citer le nom des manœuvres, même s'il réussissait les épreuves pratiques. Tout ça alors qu'il n'avait même pas eu une préparation décente. Un instructeur lui avait dit un jour que cela n'avait pas d'importance, car en situation réelle, il arrivait que même toute la préparation du monde ne serve à rien et il faille y aller à l'instinct dans ces cas-là, chose pour laquelle il était doué, aux dires de ses instructeurs de l'époque. Sauf qu'ici, on parlait d'un examen pour vérifier les connaissances du pilotes, connaissances qu'il n'avait pas.

Il s'installa sur un des transats alors que Nadja continuait à faire des longueurs et il perdit la notion du temps, tâchant de faire rentrer ces fichus noms de codes dans sa tête. Sauf qu'il n'y arrivait pas. Il avait la tête ailleurs. Il sursauta en entendant Nadja et la regarda quelques secondes sans comprendre sa question.

« J'en sais rien ! C'est bien le problème ! Je n'arrive pas à mémoriser tout ce qu'il y a dans ce truc. Comment veulent-ils que j'apprenne tout ça en moins d'une semaine, alors que je bosse toujours et que j'étudie déjà à côté. Et passer un examen de vol sans même mettre les pieds dans le simulateur ? C'est n'importe quoi ! » répondit-il soudain en se levant avant de lâcher, agacé, le manuel sur le transat et de faire le tour de la piscine.

Pouvait-il vraiment réussir ? Probablement pas… La première partie était facile, juste les manœuvres de base, mais la deuxième ? Le combat, c'était une toute autre paire de manche, surtout sans aucune forme d'entraînement préalable sur un appareil qu'il ne connaissait pas vraiment. Il allait simplement échouer, ce qui mettrait un terme à tout le processus. Le SDT lui ficherait la paix et l pourrait se consacrer à l'infirmerie.

« Et toi ? Ça va mieux ? » lui demanda-t-il avant de regarder l'eau et de se dire qu'il ferait mieux d'en profiter, mais il n'en avait pas envie.

« Tu sais quoi ? J'ai pas envie d'être ici. Ça fait trois semaines que je suis enfermé dans le quartier et j'ai envie de grands espaces, d'une plage, enfin peu importe… Je veux être ailleurs et ne pas penser pendant cinq minutes à des formations de combat ou quel type de soin il faut prodiguer à un nouveau-né… J'aimerais pouvoir oublier tout ça et tout nos problème du moment… » dit-il avant de soupirer et de se mettre à l'eau, conscient qu'il allait devoir se contenter de ce qu'il avait devant lui.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que les études ne lui réussissait pas. Nadja le laissa râler un moment et le regarda faire les cent pas, ça n’aurait pas été si important, elle se serait amusée de le voir faire.

« - Tu sais, si ça doit être vraiment dangereux, tu peux aussi passer la main. Si les terriens t‘imposent un truc complètement fou et irréaliste, va pas à l’accident pour leurs beaux yeux. »

Sous entendu : vu comme ils te traitent par ailleurs, pas de raison de leur faire de cadeaux.

Il dut se rendre compte de son coup de colere et se radoucie, ce qui lui arracha un sourire.

« - Ca m’a fait du bien. Bon je sens plus ni mes jambes ni mes bras, ce qui est sans doute pas malin non plus, mais au moins je ne me sens plus sur le point de commettre un meurtre. L’un dans l’autre, c’est une amélioration, non ?

La suite n’aurait même pas du la surprendre. Elle haussa les épaules et se leva en faisant craquer ces cervicales.

« - Ok beau gosse, fait tes bagages. Je reviens dans cinq minutes.»

Au final, ca lui prit quasiment une heure et les menaces et insultes qu’elle dut utiliser aurait fait rougir une poissonnière marseillaise. Zander avait raison, son statut avait sérieusement du plomb dans l’aile. Mais, finalement, un sac léger sous le bras, elle l’emmena vers le local à téléportation du quartier qui les fit disparaître, puis réapparaître dans un endroit désert. Le bruit de la mer non loin de la donnait déjà un solide indice sur son choix de destination.

« - Bienvenue en Nouvelle Zelande. Depuis le temps qu’on m’en parle. On a une réservation pour la nuit, mais vu le décallage horaire, je suis pas sur qu’on doive pas partir vraiment tot. »

Nadja ne répondit pas quand il lui expliqua d’un ton plutôt péremptoire ce qu’il devait faire et son engagement à aller jusqu’au bout. C’est d’ailleurs exactement ce qu’elle avait cherché. Maintenant qu’il avait extériorisé tout ca et précisé ce qu’il voulait, elle espérait qu’il arreterai de broyer du noir… un peu.

« - T’excuse pas. Je t’en ai fait voir de toutes les couleurs ce matin. Chacun son tour. Et je préfère effectivement que tu discutes, même fort, plutôt que tu cherche à passer ta colère sur d’autres. C’est quand même plus sain. C’est moi ou je parle comme un psy, la ? Cette planète à décidément une mauvaise influence sur moi. »

Mais finalement, elle put l’emmener ou elle voulait. Elle le suivit tranquillement vers la plage, se déchaussa une fois arrivée sur le sable et s’installa tranquillement prés de son mari en attendant qu’il retrouve un peu de sérénité. Vu son air béat, ça n’allait sans doute pas prendre trop de temps.

Il était encore tôt dans cette région du monde et seul quelques jogggers passaient non loin d’eux, tout en leur laissant de l’intimité. Ça ne durerait sans doute pas, vu la plage magnifiques ou ils se trouvaient à présent. Et s’il voulaient être à leur poste respectif demain matin (heure de Colorado Springs, il leur faudrait dormir un peu cet après midi avant de repartir dans la soirée. Voilà qui promettait d’être des plus perturbant.

Zander aurait pu rester là indéfiniment, mais il se doutait que Nadja avait d'autres plans. Puis le temps leur était compté et il commençait à avoir faim.

« Tu crois que je peux demander au SDT de déménager pour vivre dans un coin comme celui-là ? Ou au moins en bord de mer ? Je me contenterai même d'un lac… Ils n'ont pas d'autres installations qui pourraient nous loger ? Mais j'aimerais être accueilli par un pays qui aura au moins une côte habitable... » fit-il rêveur, les yeux perdus dans quelque part dans les vagues.

Il était toujours surpris par l'effet apaisant de l'océan sur son esprit lorsqu'il était agité. L'eau avait toujours été synonyme de refuge et de paix depuis qu'il était enfant et avait découvert le bassin près de la maison familiale. Mais rien n'était comparable à l'océan.

« C'est quoi le programme exactement ? Journée sur la plage ? Est-ce qu'on a une chambre quelque part, même si on ne reste que le temps de la "journée" locale ? » demanda-t-il après avoir consulté son bell concernant le décalage horaire qui était pour le moins conséquent. Voilà qui allait lui faire bizarre. Il allait devoir se fier à son corps plutôt qu'à l'heure locale et il lui faudrait aussi penser à dormir un minimum. Ou pas. Il verrait bien ce que lui réservait cette visite éclair dans ce pays qu'il voulait visiter depuis un moment. Ils n'auraient pas le temps de faire grand-chose, mais cette escapade ferait l'essentiel, leur changer les idées, le temps de quelques heures.

« Je crois que je ne vais pas être très frais demain matin… » fit-il en souriant.

Mais il s'en fichait. Il avait retrouvé son calme et il était détendu. Il se releva et l'aida à se remettre debout.

« Merci. » murmura-t-il avant de l'embrasser longuement.

« Où est-ce qu'on va ? » demanda-t-il en lui prenant la main.

Il n'en avait pas la moindre idée et ne pouvait rien faire d'autre que la suivre, ce qui ne le dérangeait pas le moins du monde.

« - Hum ça dépend… tu compte m’emmener ? »

Vivre au bord de la mer ne lui déplairait pas bien sur mais tout l’intérêt de vivre ensemble à Colorado Springs était justement d’avoir son personnel sous la main facilement. Si une première dérogation était établie, d’autres suivraient sûrement.

« - Je n’ai pas eu le temps de définir un programme. Mais il doit y avoir moyen de se baigner, j’ai pris ton maillot. Sinon j’ai pris une réservation à l’hôtel la bas et j’ai vu qu’il proposait des locations de matériel. Planche à voile, jet ski ou surf. Il y avait même des photo d’un truc bizarre, ou t’as un parachute sur le dos, tiré par un bateau et tu décolle. Ça à l’air plutôt drôle. Et t’échappera pas à la dégustation de recette locale, évidemment. Et je veux pas entendre parler de régime, je commencerai demain. »

Ils s’embrassèrent longuement les pieds dans le sable. Une vraie carte postale. Un sifflement, suivi d’un « vive les mariés » leur fit tourner la tête en riant sur le passage d’un joggeur qui les salua sans s’arrêter.

« - Mais de rien, s’amusa-t-elle, un peu rouge. Allons par la. »

Elle l’entraîna vers l’hôtel ou ils pourraient jeter un œil aux activités proposés, quitte à n’en faire aucune. L’important étaient de se sortir la nuit et la matinée de la tête et simplement profiter du moment

Zander fit mine de réfléchir très sérieusement à sa question.

« Je sais pas... Je gagne quoi à t'emmener avec moi ? » demanda-t-il avec un sourire.

Il aimait bien la charrier de la sorte et cela prouvait qu'il avait retrouvait son calme et sa bonne humeur.

« Un maillot de bain ? Pourquoi faire ? Je n'en ai pas vraiment besoin... » la taquina-t-il, attendant sa réaction, avec un air amusé.

Il écouta les différentes activités que les lieux offraient, mais rien ne piqua particulièrement son intérêt pour le moment. Il n'en avait pas vraiment envie non plus. Puis il ne pouvait pas trop se permettre d'essayer de nouvelles choses où il risquait de se blesser. Ce n'était pas vraiment le moment.

« Je me doutais que tu n'avais pas eu le temps. Obtenir les autorisations pour un départ immédiat tient déjà du miracle et tu as fait ça en un temps record. Commençons donc par aller à l'hôtel et voir ce qu'ils proposent. Pour l'instant, marcher sur la plage et nager me suffiront amplement. J'ai juste envie de profiter des lieux et de me détendre. Et je n'avais pas l'intention de te suggérer de suivre ton régime, au contraire, mais de savourer les plats locaux. » fit-il en souriant.

Il rit doucement au cri du coureur qu'il salua d'un geste de la main.

« Pourquoi tout le monde pense que nous sommes des jeunes mariés ? » demanda-t-il, intrigué.

Ce n'était pas la première fois. À croire que les gens ne voyaient jamais de couples s'embrasser sur dans un cadre comme celui-là. Il regarda un instant les vagues, songeur.

« Tu sais, je crois que j'aimerais bien me marier dans un endroit comme celui-là avec une belle plage, l'océan, le soleil… mais peut-être plus tranquille, genre où il n'y aurait que nous et nos invités. » indiqua-t-il avant de prendre lentement la direction de l'hôtel.

Ils n'avaient toujours pas décider de où le mariage se tiendrait et Ethan le relançait régulièrement dessus et sur d'autres sujets liés à cet événement. Il se contentait généralement de hausser les épaules et de dire qu'il verrait plus tard, au grand désespoir de l'instructeur.

« - Hum, mes talents de cuisinières hors pairs ? »

IL n’en fallait pas beaucoup à Nadja pour rentrer dans le jeu. Elle gloussa quand Zander évoqua le fait de se baigner sans maillot et prit un ton raisonnable pour lui répondre.

« - Crois bien que je le regrette mais cette plage est publique et je doute que les lois du pays soient à ce point relâchées. »

L’ex marine éclata de rire quand son mari se montra surpris d’être ainsi reconnu.

« - Une plage de sable fin digne d’une carte postale, un couple de beau jeune gens qui s’embrassent… avoue qu’on joue en plein dans le cliché. »

Elle le conduisit vers l’hôtel et hocha la tête à sa déclaration suivante.

« - J’avoue que ça m’irait plutôt bien aussi. Il doit y avoir des hôtels plus petits qu’on pourrait réserver, plage comprise. Mais tu sais qui tu veux inviter ? »

A commencer par ses parents. Si elle était à peu près sûre que la mère du pilote serait de la fête, il en allait autrement de son père avec qui les rapports étaient… tendus.

« - Bon je crois que je vais me laisser tenter par la planche à voile. Ca a l’air plutôt drôle. Et toi ? Tu te contentes de nager et dorer ? »

L’heure suivante se révéla assez frustrante. Chaque tentative de lever la voile et tenir l’équilibre se solda par un échec et elle termina systématiquement dans l’eau. Tout ca avait un relent d’un weekend au ski qui lui avait laissé un souvenir… mitigé. Elle revint finalement sur la plage, a moitié vexé, et s’étendit près de Zander.

« - Je crois que j’ai définitivement un problème avec les sports d’équilibre. C’est un tantinet frustrant.»

Zander pouffa à sa réponse. Il aurait dû s'en douter.

« Oui, tes dons culinaires... C'est certainement pour ça. Et pour l'incendie qui rasera la ville le jour où tu essaieras de faire griller une tranche de pain… Je sais que vivre sur la plage doit être génial, mais j'aimerais tout de même avoir une maison avec toutes les commodités. Remarque, on pourrait aussi se contenter de trouver une île déserte pour y poser Stella et vivre dedans... » répondit-il, en essayant de ne pas éclater de rire.

Il poussa un soupir exagéré à la réponse suivante.

« Quelle bande de rabat-joies. Ils ne savent pas profiter de la vie. Ça s'affole pour un rien, alors que c'est tout ce qu'il y a de plus naturel. »

Il secoua la tête avec un large sourire. C'est vrai qu'ils faisaient très clichés. Et ils prirent une nouvelle décision concernant l'organisation du mariage, ou au moins firent un pas dans une direction. Il en connaissait un qui allait probablement pleurer de joie à cette nouvelle.

« Ça peut être dans un autre pays. Pas forcément celui-ci. Mais oui, marions-nous sur une plage. On n'a pas besoin d'un grand hôtel, je pense. »

Ce qui mena à la question des invités. Il haussa les épaules comme à chaque fois qu'ils abordaient cette question. Sa liste serait très courte.

« En dehors de mes parents, Ethan, Prius, JP-1 et quelques membres du SDT ? Il n'y a personne d'autre... À part peut-être Az, mais je doute qu'il accepte de quitter son bar et encore moins sa planète. Et toi ? »

Il n'avait tout simplement personne à inviter pour des raisons bien différentes de celles de Nadja. C'était le résultat des dix ans d'isolement social qu'il s'était imposé. Les seules relations "stables" qu'il avait étaient avec ses clients et donc purement professionnelles. Mais niveau personnel jusqu'à récemment et sans compter le prêtre, c'était le vide intersidéral.

Il se demandait d'ailleurs comment qualifier sa relation avec le propriétaire du Lux sur Jheosmine. Était-ce un ami ? Un patron ? Un bienfaiteur ? Il n'en était pas vraiment certain. Quand à ses parents, quoi que fasse son père, cela se passerait forcément mal.

Il sourit quand elle annonça qu'elle allait tester un des sports proposés.

« Oui, nager et me reposer, j'en ai besoin. Peut-être lire un peu, mais pour le plaisir. » lui dit-il.

Il nagea un peu dans le coin aménagé à cet effet ,puis observa un moment des surfeurs qui défiaient les vagues un peu plus loin, curieux. Peut-être qu'il essaierait la prochaine fois. Puis il retourna s'allonger sur la plage sous le parasol. Il n'était pas un adepte du bronzage comme la plupart des gens. Il regarda Nadja qui luttait avec sa planche à voile. Elle finit par revenir, assez vexée de son échec.

« J'ai beaucoup apprécié le spectacle pour ma part. Te gracieusement choir dans l'eau de mille et une manières est fort intéressant, tu sais. » la taquina-t-il avant de l'embrasser doucement.

« Mais ta conclusion est correcte. Ce genre de sport ne te réussit pas. Peut-être que le jet-ski ou celui que tu mentionnais avec le parachute t'iraient mieux. »

Il regarda passer quelque sur une planche tracté par un cerf-volant. Voilà qui était aussi intriguant, mais il n'avait pas envie d'essayer pour le moment. Il voulait juste continuer à profiter des lieux, observer et écouter le bruit de l'océan.

« - Pss et c’est moi qui ait des goûts de luxe... »

Le sujet de l’organisation de mariage lui tenait à cour, tout comme à elle d’ailleurs, mais ils n’avaient jamais le temps d’en parler sérieusement.

« - J’avoue bien aimer ce que je découvre aujourd’hui mais tu as raison, je suppose qu’il y a beaucoup d’endroits semblables ou approchant. Et abordable parce que ça doit coûter un blinde de privatiser un hôtel, même modeste. »

Elle s’arrêta un instant, un sourire songeur sur le visage.

« - Tu me diras, je connais un système solaire très riche en métaux rares qui n’a jamais été exploité à cette époque. Ça nous rapporterai un joli pactole. »

il avait visiblement réfléchi à sa liste d’invité, bien plus qu’elle à vrai dire. Cependant, un nom la surprit plus que les autres.

« - Az ? Je n’ai rien contre lui mais il serait capable de te faire payer son déplacement. Et s’il vient avec sa mégère, ça va mal tourner pour elle, robe de mariée ou pas. »

L’un dans l’autre, elle regrettait de ne pas avoir mis les choses au point avec elle sur un ring. Les événements en avaient malheureusement décidé autrement.

« - Pour moi ça sera sans doute les gens de l’Achille, on en a déjà parlé, je crois. A quelques exception prés, la plupart des amis de mes amis que je me suis fait à cette époque y sont affecté. »

Ca risquait de déséquilibrer un tantinet les groupes mais au final, tous le monde se connaissait au SDT.

La suite de la « matinée » se déroula bien malgré son incapacité à tenir l’équilibre.

« - Oh, je doute pas que tu te sois rincé l’œil… Ça finit par m’agacer de ne pas etre capable de tenir l’équilibre. Je me demande si ce n’est pas à cause de toutes ces année en microgravité. Mon oreille interne à l’habitude de flotter, pas de glisser. »

Peut être se cherchait-elle des excuses…

« - Je suis affamée. On va manger ?"

Zander leva les yeux au ciel.

« Des goûts de luxe ? Je ne demande pas un château ou un truc de ce genre, juste une maison fonctionnelle comme celle de Colorado Springs avec peut-être juste une pièce de plus... » répondit-il, amusé.

La suite le fit sourire. Ils n'avaient pas besoin d'aller miner des métaux, mais ça, elle ne pouvait pas le savoir. Cependant, l'idée d'aller exploiter les minerais d'un secteur encore vierge l'attirait beaucoup. Il y avait effectivement du potentiel pour s'enrichir, ce qui n'était jamais une mauvaise chose.

« Le problème, ce n'est pas tant l'argent que d'en avoir qu'on peut utiliser sur Terre, parce que sinon, ce ne serait pas vraiment un souci. Si on se mariait sur Celestia, je pourrais privatiser une petite île entière tout services inclus. Mais avant de s'intéresser à l'hébergement, il faudrait savoir exactement combien d'invités nous allons avoir. Et faudra qu'on reparle de ce système solaire… »

Il éclata de rire quand elle donna son avis sur le propriétaire du Lux. Elle n'avait pas tort pour le transport, mais il connaissait assez Az pour savoir que sa manière de se comporter derrière son bar n'était qu'une façade et c'était ce qui faisait la réputation de ce personnage qu'il incarnait aux yeux de la population de Lamine.

« Je crois plutôt qu'il me demanderait carrément de venir le chercher. Et ne le sous-estime pas. En dépit des apparences, il est intelligent et il sait se tenir. Oh, il va s'en dire qu'il mettrait de l'animation, mais il ne gâchera pas un événement aussi important que celui-là. C'est pour ça qu'il n'amènera pas Trixie si elle n'est pas invitée, sachant les problèmes qu'elle peut nous causer. Il lui confiera plutôt son bar, car c'est la seule personne en qui il a assez confiance pour le tenir sans avoir aucun problème avec la faune locale. Mais je ne sais pas si je vais l.inviter. C'est juste la seule autre personne qui me vienne à l'esprit. » dit-il.

Il pouffa concernant son explication pour le sport. Il se demandait si c'était vraiment possible.

« Ou alors, tu n'es juste pas douée. Au moins tu ne risques pas de raser une ville... Mais y a plein d'autres domaines dans lesquelles tu te débrouilles très bien. » la taquina-t-il.

Il se leva et récupéra ses affaires. Lui aussi avait faim, mais compte tenu du décalage horaire, c'était normal.

« Oui, allons manger. C'est plus que l'heure. » dit-il en lui prenant la main.

Ils arrivèrent au restaurant de l'hôtel où ils furent installés à une table avec vue sur l'océan, pour son plus grand plaisir. Il opta pour de l'agneau rôti, viande nationale aux dires du serveur, accompagné de petits légumes et de kumaras, une sorte de patate douce violette très courante. Pour le dessert, il prit un pavlova, un gâteau à base de meringue, crème fouettée et petits fruits. En boisson, il choisit une bière Lion Red, marque favorite des locaux, mais se limita à ça, car il devait faire attention à ce niveau-là. Le tout se révéla très bon. Il se dit qu'au prochain repas, il essaierait du poisson et des fruits de mer, autres spécialités du pays, ce qui n'avait rien d'étonnant.

« Je crois que j'irai bien piquer un somme, maintenant. » fit-il en baillant, victime d'un coup de fatigue soudain.

Ni leur nuit, ni leur journée du reste, n'avaient pas été de tout repos pour diverses raisons et il avait vraiment besoin de dormir correctement quelques heures avant son épreuve du lendemain.

« - Ca pourrait nous servir ici si on trouve comment les revendre. Les humains sont friands de métaux. Tu pourrais même passer un contrat avec le SDT. »

La ou son statut de militaire le lui interdisait. Et elle n’avait pas la fibre commerciale de toute façon.

Les paroles de Zander était presque tristes en fait. Songer à inviter un contact commercial, franchement louche (selon les critères un tantinet rigide de Nadja) par défaut n’était vraiment pas sain. Elle n’était présente à cette époque que depuis deux ans et avait déjà plus d’invités sur sa liste que lui. Décevant pour un futur président ?

«  - Tu crois que je pourrais inviter ma grand mère ? »

Vu comme c’était déroulé sa rencontre avec la fillette l’an passé, c’était bien sur une boutade.

Après son essai désastreux de planche à voile, ils allèrent donc se restaurer et elle opta pour une repas globalement similaire à Zander à l’exeption du dessert ou elle opta pour des sorbets de fruits locaux.

« - Moins de sucre, plus de fruits… t’as vu, je m’entraîne. »

Mais elle aussi était fatiguée et il montèrent dans leur chambre pour y faire un somme. Après tout, il devait être quasiment vingt heure à Colorado Springs et la nuit précédente avait été courte. Elle se pelotonna contre lui et ferme les yeux, tête posée sur la poitrine du pilote.

Si le début d’après midi, écrasé de chaleur, était propice à la sieste, les cris de joie en provenance de la piscine à l’extérieur (ainsi que les ébats d’un couple dans la chambre d’à coté) l’était moins quelques heures plus tard. Si Nadja n’était pas totalement reposée, au moins n’avait-elle pas fait de cauchemars. Elle se sentait bien et détendue, ce qui était une sérieuse progression par rapport au début de la journée.

Zander réfléchissait à cette histoire de minerais. D'un point de vue technique, toute cette opération n'aurait rien d'évident. Il allait devoir se renseigner sur le sujet pour voir si c'était réalisable et comment.

« Oui, tu as raison, la Terre raffole de ce genre de ressources. Mais le leur vendre est bien le problème. Ils n'ont aucune instance planétaire chargée de faire du commerce interstellaire avec qui on pourrait négocier et signer un contrat. Il n'existe même pas d'interlocuteur pour ça. C'est à peine s'ils ont quelques diplomates et réussit à nouer quelques alliances au fil des ans. Avec leur système actuel, c'est chacun pour soi entre les pays et il y en aura toujours un pour bloquer les initiatives d'un autre, juste par principe. Et je ne parle pas pour se faire payer… Ils peuvent difficilement nous verser une grosse somme d'argent sortie de nulle part sans qu'on puisse le justifier. » dit-il, pensif.

Ce serait un véritable casse-tête s'ils décidaient de mettre ce plan à exécution. Évidemment, ils n'étaient pas vraiment à plaindre, mais avoir plus d'argent ne faisait jamais de mal et leur permettrait de faire plus de choses.

Il la regarda surpris quand elle proposa d'inviter sa grand-mère. Cela n'avait pas vraiment de sens, pas plus que d'inviter Az, se rendit-il compte.

« Tu es sérieuse ? Et tu justifierais l'invitation comment au juste ? » lui demanda-t-il, réalisant qu'elle devait probablement plaisanter.

Alors qu'on leur apportait le dessert, il éclata de rire quand elle lui expliqua pourquoi elle avait pris celui-là en particulier.

« Oui, tu es sur la bonne voie, c'est sûr. Tu sais qu'avec le bon équipement, je pourrais faire ce genre de dessert à la maison ? »

Une fois allongé dans la chambre, il afficha un sourire satisfait. Voilà ce qui lui avait manqué au cours des trois dernières semaines...

Contrairement aux nuits précédentes, il dormit bien, même si ce n'était pas assez pour récupérer les heures perdues. Il se mit à pouffer bêtement en entendant les bruits de la chambre voisine qui l'avaient réveillés.

« Y en a qui s'amusent bien à ce que j'entends. Tu veux leur faire de la concurrence ou tu préfères qu'on aille profiter de la plage pour se balader encore un peu ? » dit-il doucement.

Les pieds dans l'eau, il regardait autour de lui. Cette escapade de quelques heures l'avait ressourcé et il se sentait nettement mieux que quelques heures plus tôt. Il était détendu et dans un bon état d'esprit pour son examen. Il décida de relancer le sujet du mariage

« Si on veut se marier ici, je peux toujours demander conseil à Noa. Vu que c'est son pays, il doit connaître les coins les plus propices pour un mariage et qui correspondraient à nos critères. Cela nous donnera quelques pistes. Ou on peut lancer un sondage sur la station et sur l'Achilles pour avoir des suggestions. Je suis sûr qu'on en aurait pas mal. » dit-il en riant.

Après tout, cela ne surprendrait pas grand-monde qu'ils demandent, n'étant pas originaires de la Terre. Cela pourrait être amusant, mais il ne savait pas trop comment réagirait leurs témoins. D'après ce qu'il avait compris, cela faisait partie de leur rôle.

« Au fait, tu as trouvé ton témoin ? J'ai demandé à Prius, mais comme il faut que j'ai un Terrien pour signer le registre officiel, je pensais demander à Ethan… Il m'aide beaucoup et ce serait une façon de le remercier. » dit-il.

À vrai dire, personne d'autre ne l'avait abordé pour l'Assister le sujet, tandis que l'instructeur s'était investi à la seconde où il avait appris la nouvelle. Et sa femme n'était généralement pas en reste lorsqu'il la voyait.

Nadja sentait bien que sous la réflexion et les doutes de Zander, elle l’avait intéressée avec cette histoire de minerai inexploité. De ce qu’elle en savait, le site de New Paris ou elle avait grandie avait été choisit pour les métaux lourds qu’il contenait, faisant de lui un chantier naval quasi idéal. L’installation des premiers colons n’avait pas été simple mais, avec le temps, l’endroit était devenu vivable et profitable. Si on oubliait les réfugié de guerres comme ses parents évidement, même si l’un dans l’autre, elle n’avait que peu de vrai mauvais souvenir de son enfance.

La tête de Zander quand elle évoqua sa grand mère la fit éclater de rire. Elle le serra dans ses bras autant pour arrêter de pouffer que s’excuser.

Bien plus tard, après leur sieste et un réveil plutôt coquin il lui posa une question à laquelle elle eut bien du mal à choisir.

« - Non que j’ai peur de la concurrence, mais je pense qu’il serait pas mal d’aller profiter de l’endroit. IL ne nous reste que quelques heures ici, autant en profiter. Mais tu ne perd rien pour attendre. »

Main dans la main, ils marchèrent sur le sable un moment en silence avant qu’il ne revienne sur le sujet de mariage.

« - Alors le sondage, si tu veux avoir des idées débiles, oui sans doute. A commencer par la mariage naturiste ou sur la lune. Demander à Noa est par contre une excellente idée. Il connaîtra avec un peu de chance des coins un peu moins touristiques. »

Le sujet des témoins s’était autre chose et elle haussa les épaules.

« -Mei, c’est évident. Même si certains moments comme ce matin peuvent être houleux, elle reste une amie. En trouver une seconde sera plus compliqué par contre. »

Ceux qu’avait choisit Zander était assez évident, et elle n’avait rien pas vraiment son mot à dire de toute façon… enfin tant que ça n’était pas Az, bien sur.

Zander vola quand même un long baiser, malgré la décision de Nadja. Il comprenait et lui aussi avait finalement envie de profiter encore un peu des lieux et de la plage.

« D'accord… Attendons d'être rentrés alors. Je vais avoir besoin de beaucoup d'encouragements pour mon examen… » fit-il avec un grand sourire.

Il rit de bon cœur quand elle évoqua les possibles réponses qu'ils auraient s'ils faisaient un sondage. Il s'en doutait et n'était pas du tout surpris, mais il trouvait quand même l'idée amusante.

« Tant que ce n'est pas un mariage nudiste sur la lune… Je serai fichu d'être malade si je passais trop de temps en apesanteur en plus. »

Bien sûr, il avait parfaitement conscience que c'était impossible et ridicule.

« Dans ce cas, j'en toucherai deux mots à Noa. Peut-être qu'il aura aussi d'autres suggestions que son pays natal. »

Il ne fut pas surpris par le choix de Mei. C'était l'évidence même.

« Pas facile de travailler avec ta meilleure amie, hein ? Surtout quand elle est ta supérieure et ton médecin. Elle est au courant ? Je sais pas si tu es obligée d'avoir deux témoins ou même d'en avoir tout court. J'imagine qu'il faudra qu'on se renseigne sur les règles à respecter en fonction du lieu où on va se marier et surtout vérifier qu'on peut s'y marier. Quelque casse-tête tous ses pays avec toutes leurs lois spécifiques. Difficile de s'y retrouver... »

Il ne le dit pas, mais le fait qu'il n'est pas de nationalité terrienne était un autre gros souci. Il espérait que ce point serait résolu avant la date fatidique. En tout cas, il allait devoir faire valoir cet argument auprès des ressources humaines du SDT pour les motiver un peu et qu'ils résolvent le problème un peu plus vite…

« Enfin, au moins on a avancé. Tu sais qu'il nous reste toujours à parler du menu, des fleurs, de la décoration, du photographe, du plan de table, de la musique... Et quelqu'un m'a parlé de dégustation de gâteaux pour la pièce montée, mais je crois qu'on va devoir faire l'impasse sur ça. En tout cas, il faut qu'on finisse de régler tous ces détails rapidement, sinon on ne pourra jamais le faire à la date voulue. Tu te rends compte que c'est dans 4 mois ? » soupira-t-il.

Il finit par sortir de l'eau et ils retournèrent lentement vers l'hôtel pour manger une dernière fois. Il choisit un fish and chips à base de requin et un gâteau appelé lamington en dessert, le tout accompagnée d'une boisson non alcoolisée du coin. Mais en fin de compte, il se contenta de picorer, car il n'avait plus vraiment faim. Qu'il le veuille ou non, il commençait à stresser pour son examen, ce qui n'était pas surprenant, mais il s'agissait d'un stress "normal" qui n'avait rien à voir avec plus tôt.

« - Pour t’encourager hein ? minauda Nadja… je suppose que je saurai donner de ma personne alors. Pour la bonne cause, bien sur. »

Du nudisme sur la lune, voila quelque chose auquel elle n’aurait pas pensé.

« - L’avantage, c’est que tu ne serais pas malade longtemps. Mais évitons de décimer le SDT avec une cérémonie un peu trop hors du commun, OK ? »

Le sujet de Mei était un peu sensible encore et elle soupira en repensant à la scène de ce matin.

« Non, c’est pas simple. D’autant qu’a certain moment, c’est moi qui devient la supérieure, lorsque je suis au commandes du vaisseau. Encore un soucis que je n’avais pas quand j’étais un simple sous-off. Bon et puis il faut reconnaître qu’elle a un caractère de cochon. Et je t’interdit de dire que moi aussi. »

L’énumération de ce qui leur restait à faire lui fit pousser un soupir à fendre l’âme.

« - Je commence a comprendre ce qu’on m’expliquait la semaine dernière sur les organisateurs de mariage. Si j’ai bien compris ce sont des gens qui font tout pour toi. Évidemment ça coûte un bras mais ca allège quand même sérieusement l’esprit. Et je peux savoir pourquoi tu ne m’avais pas parlé de cette historie de dégustation ? »

Elle souriait de toute ses dents en lui posant cette question, tout aussi détendue de lui. Cette journée leur avait décidément fait un bien fou.

Au dîner, elle opta pour un nouveau morceau de mouton, délicieusement grillé et de nouveau sorbet pour le dessert. Du coin de l’œil, elle le voyait picorer son repas et lui serra doucement la main, se doutant de ce qui lui tombait dessus.

« - Viens, on se fait une dernière ballade lui souffla-t-elle après le repas, alors que l’obscurité était bien installée. »

Il y avait bien moins de monde sur la plage et l’air était devenue plus frais. Malgré ça, elle fit passer son t-shirt par dessus ses épaules avant de se blottir contre lui et de l’embrasser longuement.

« - Pour la bonne cause, tu te souviens ? »

Zander écouta Nadja parler de Mei. Il n'avait pas vraiment ce problème avec Ethan. D'abord, lui n'était pas dans l'armée et ensuite, ils ne travaillaient pas ensemble. Sinon, les choses auraient été bien différentes.

« Tout n'est jamais rose avec les amis, même si tu ne les fréquentes qu'en dehors du travail. Mais c'est certain que travailler ensemble en étant dans l'armée ne vous aident pas. »

Il dut retenir la réplique qui manqua de fuser pour la reformuler, mais il ne pouvait laisser passer une telle occasion de la chambrer.

« Toi ? Un caractère de cochon ? Non, juste un caractère bien affirmé que tu laisses s'exprimer de temps en temps. » fit-il en pouffant.

Il ne put s'empêcher de rire à sa réaction sur les dégustations de gâteaux. Le contraire l'aurait étonné.

« Comment aurais-je pu t'en parler alors que tu n'étais pas là et que je n'avais aucun moyen de te contacter. Même la télépathie a des limites. Dommage que le bracelet ne permettent pas les appels longues distances. Puis ce n'est pas vraiment la première chose à laquelle j'ai pensé quand tu es rentrée. Ce point a été soulevé au cours d'une discussion que j'ai eue il y a une dizaine de jours quand j'ai mangé chez Ethan. Sa femme me racontait l'organisation de leur propre mariage. Tu savais qu'ils s'y était pris un an à l'avance pour tout faire dans les temps ? En fait, c'est à truc à te donner des cauchemars dès que tu veux faire une cérémonie avec des invités. »

Il lui sourit quand elle lui serra la main et tâcha de faire un peu plus honneur à son repas parce qu'il fallait qu'il mange. Il ne finit pas tout, mais ce n'était pas grave.

Il la suivit sans rechigner une fois le repas terminé. Il n'avait pas spécialement envie de rentrer pour différentes raisons, mais il n'avait pas vraiment le choix. Parfois, le temps où il était libre de faire ce qu'il voulait quand il voulait lui manquait… Il leva la tête par réflexe et contempla les étoiles. Le ciel était différent de celui-ci qu'il apercevait depuis chez eux, même s'il n'y voyait pas grand-chose là-bas.

« Oui, je me souviens. Mais… ici ? Tout de suite ? T'as pas peur qu'on nous surprenne ? » répondit-il, surpris, avant de lui rendre son baiser.

Il n'avait pas oublié les propos de ce matin, mais il s'attendait pas à ce genre de cadre. Il s'attendait plutôt à un lit, ici ou chez eux. Non pas qu'il était spécialement contre la plage non plus… Tout cela se finit par une baignade nocturne avant qu'ils ne doivent rentrer à Colorado Springs pour ne pas être en retard.

*****
[Colorado Springs, 20 avril 2019]

Après une douche rapide, il était prêt, quoique stressé. Mais tout se passerait bien, il le savait.

« J'en ai pour un bon moment, mais une fois que j'aurai terminé, je suis libre. Je t'appelle quand j'ai fini. » fit-il en l'embrassant avant de partir pour le JPS et le vestiaire.

Il n'avait que son examen de vol aujourd'hui, mais cela lui prendrait pas mal de temps.

L'examen prit la forme d'une patrouille de routine au cours de laquelle il effectua un exercice de tir, subit plusieurs "attaques" où il dut donner ou suivre les ordres pour se finir par un "duel" avec un autre pilote. Étonnamment, il s'en sortit très bien au vu des conditions dans lesquelles il passait ces épreuves, à la grande surprise, et au grand dam, des formateurs qui ne s'y attendaient pas vraiment. Évidemment, il n'avait pas brillé autant qu'il l'aurait voulu, mais ces notes demeuraient parmi les meilleures du groupe.

Son entretien se passa aussi mal qu'il l'espérait, mais il s'en fichait. Ils ne pouvaient tout simplement pas l'obliger à devenir un pilote titulaire à plein temps en le transférant ailleurs s'il s'y opposait, ce qui était le cas.

Il finit par rentrer, lessivé. Il prit une douche avant d'aller s'écrouler sur le lit, non sans avoir envoyé un message à Nadja au préalable. Il ne serait cependant pas surpris qu'elle soit déjà au courant...

Quand Zander mentionna les bracelet, Nadja regarda le sien par réflexe. C’était devenue une telle habitude de le porter qu’elle n’y faisait plus attention. Dire qu’un peu plus d’un an auparavant, ils avaient envisagé de se faire couper la main pour le retirer.

« - Nous n’avons pas été loin de la télépathie à certain moment, songea-t-elle tout haut. Je me demande si on aurait pu y arriver. »

Un an pour préparer un mariage. Elel leva les yeux au ciel et soupira. Toute cette histoire était de plus en plus dingue.

« - Sérieusement. Il me faut une journée pour envoyer des gars se faire tuer sur une autre planète. Une semaine s’il faut envoyer un croiseur de combat... Un an pour un mariage ? C’est juste dingue. Ou alors y a un truc que je comprend pas. »

Le romantisme n’avait jamais été son fort, décidément.

La ballade sur la plage fut des lus agréable et il n’opposa qu’une résistance de principe à son idée de câlin sur le sable (pas romantique hein?), avant d’aller plonger dans l’eau encore délicieusement chaude.

Travailler le lendemain fut plus compliqué que prévu. Elle se sentait bien, physiquement, mieux même que depuis un moment. Mais son esprit était resté sur la plage et dans les préparatif de mariage. Elle restait également inquiète pour Zander et son examen. Il avait beau dire que ses instructeurs ne le laisseraient pas faire une bêtise, elle n’en était pas si sure. Usant de ses privilège de chef de la sécurité, elle braqua une des caméra du vaisseau sur la patrouille qui venait de sortir du JPS pour observer leur évolution. Vu la distance, plusieurs minutes séparaient l’action réelle de l’observation, mais c’était bien suffisant. Son cœur se serra quand elle regarda les chasseurs s’étoiler sous la menace d’assaillants potentiels. Puis ce fut un duel ou elle n’eut guère à l’encourager pour qu’il se débarrasse de son adversaire, ce qui lui envoya un frisson de fierté. Si quelqu’un avait parié sur son échec, il pourrait aller se rhabiller.

Le reste de la journée fut un rien plus calme et elle put rentrer à Colorado Springs à une heure presque raisonnable, pour trouver une fois de plus Zander couché.

« Deja vue… murmura-t-elle en s’allongeant à son tour.»