Ding dengue dong

Zander prenait son temps pour manger, mais au moins il était un peu plus enthousiaste par ce qu'il y avait dans son assiette, tout en discutant de tout et de rien avec Nadja. Il en avait aussi profité pour jeter un coup d'oeil au menu du jour pour le repas du soir et avait opté le couscous puis avait décidé de prendre aujourd'hui le filet de poisson avec purée et petits légumes. Peut-être aurait-il faim un peu plus tard, alors mieux valait prévoir.

Quand il entendit frapper, il se demanda qui cela pouvait bien être. Il laissa cependant Nadja s'en charger finissant sa tartine de confiture. Il se renfrogna en entendant la voix de Nadira. Il avait espéré avoir un peu de répit avant sa première visite de contrôle et qu'il aurait la paix au moins jusqu'au lendemain, mais non. Voilà qui assombrissait un peu sa journée.

« Dire que j'en ai ras-le-bol est un euphémisme. » rétorqua-t-il sur la défensive avant de soupirer et de secouer la tête.

Il ne l'avait pas montré, mais garder le moral pendant son hospitalisation avait été difficile en raison de l'isolement, de la solitude et de l'ennui. Il avait joué les patients modèles et toujours d'humeur égale, sauf les derniers jours où son séjour avait commencé à vraiment lui peser et où son agacement avait parfois transparu face au personnel, mais jamais face à Nadja.

Elle avait été là autant que possible, ce qui l'avait aidé, mais il restait des moments où elle devait partir, notamment la nuit et certains moments de la journée réservés aux examens et autres traitements, pendant lesquels il n'avait pas grand-chose à faire. Et c'était sans parler des soins intensifs où les heures et la durée des visites étaient très limitées. Cela aussi avait laissé des traces et jouait tout autant que la maladie elle-même. Et était venu s'ajouter les nouvelles concernant ses papiers qui avait ajouté encore à la situation, le faisant se demander ce qu'il faisait toujours là et pourquoi il devrait rester et s'impliquer, ce qui avait un peu plus plombé les choses.

« Désolé, tu n'y es pour rien, mais je suis un peu en délicatesse avec le corps médical en ce moment et ils me sortent vraiment par les yeux. » ajouta-t-il sur un ton las.

Ce n'était pas sa faute et il n'avait pas à se défouler sur elle. Il avait été surpris de ne pas la voir une seule fois pendant son hospitalisation considérant qu'elle était non seulement la responsable médicale du JPS, mais aussi sa chef. Il supposait que cela avait un lien avec le contexte global et l'intervention peu appréciée de l'équipe du SDT qui les avaient récupérés dans la jungle. Ces derniers étaient justement en train de s'entraîner dans le secteur à ce moment-là, par un très heureux hasard, d'après ce qu'il avait entendu.

Ce dont il était certain, c'est que si elle avait été impliquée dans le dossier d'une manière ou d'une autre, il n'aurait pas été ignoré comme il l'avait été lorsqu'il avait demandé à ce que sa planète soit contactée et consultée. Il entendait d'ailleurs récupérer son dossier et toutes les informations disponibles sur la maladie pour les envoyer à Hébrida afin que département médical se penche malgré tout dessus. Peut-être devrait-il envisager de faire de même avec les maladies terriennes les plus graves et les plus courantes, juste par précaution...

« Alors, c'est quoi le programme des réjouissances ? » demanda-t-il, maussade et résigné.

Il n'allait pas feindre d'être enthousiaste à la perspective d'un énième examen médical et des recommandations de ce qu'il devait faire ou non, d'autant qu'il ne pouvait pas s'y soustraire. De toute façon, ce n'est pas comme s'il pouvait berner l'une ou l'autre des présentes. Il se demandait soudain ce qu'il se passerait s'il décidait de disparaître pendant les deux semaines et d'aller passer sa convalescence ailleurs, genre sur une planète paradisiaque sur laquelle il serait accueilli à bras ouverts, et sans supervision...

Nadira ne fut pas surprise par la réaction du pilote. Pas sur qu’à sa place elle aurait été plus aimable. Elle laissa donc passer la vague et lu sourit quand il s’excusa.

« - C’est embêtante pour un infirmier de ne plus pouvoir voir en peinture les médecins, s’amusa-t-elle. Tu comptes te reconvertir à nouveaux ? »

Nadja déposa une tasse de café devant elle et elle la remercia d’un sourire *Xinan arrête* avant d’en revenir à son patient qui s’inquiétait de la suite.

« - Je vais suivre ta convalescence de loin. Sauf si tu en ressens le besoin, je passerai une fois tous les deux jours pour m’assurer que tu vas bien et que tu reprend du poil de la bête. Évite les exercices physiques pour quelques jours encore et allez-y doucement ensuite. Je ne crois pas me tromper en pensant que le lieutenant Cook a déjà prévu un programme complet de remise en forme ? »

Nadja pour toute réponse leva les yeux au ciel. Etait-elle décidément si prévisible ?

« - Allez je vais voir un peu ou tu en es et je vous fiche la paix ensuite. Enlève ta chemise s’il te plaît. »

Cela ne prit effectivement pas bien longtemps et le médecin se montra satisfaite de ce premier bilan. Elle les salua et ressorti rapidement, les laissant revenir à leurs occupations.

« - On va la faire cette ballade ? suggéra Nadja, autant soulagé du bilan de santé positif que du départ du tok’ra. »

Zander secoua la tête lorsque Nadira plaisanta. C'est vrai que c'était embêtant, mais il savait que cela passerait après quelques jours.

« Je pourrais me reconvertir. Visiblement, je cuisine suffisamment décemment pour ouvrir un restaurant. Mais pas sur Terre. Et j'ai plusieurs pistes et opportunités qui m'attendent si je décidai de quitter la Terre.  » répondit-il sérieusement.

C'était une réalité. Il n'aurait absolument aucun problème à retrouver du travail s'il décidait de retourner à son ancienne vie ou de travailler dans une autre branche.

Il se contenta de faire la moue quand elle lui annonça qu'elle passerait tous les deux jours. Il sautait de joie à cette perspective. Au moins ce n'était plus une surveillance constante dans une chambre… Il aurait voulu qu'on lui fiche complètement la paix et il espérait que cela arriverait avant qu'il reprenne le service. Mais il devrait d'abord être déclaré apte, ce qui n'arriverait pas sans subir une visite médicale complète. Il grimaça en entendant les consignes concernant le sport.

« Pour l'exercice physique, je suis censé me contenter d'aller marcher un peu 2 à 3 fois par jour d'ici la fin de la semaine et d'aviser ensuite. Et pour l'instant, je ne suis même pas capable de faire ça. Hier, Nadja a failli devoir me porter pour me ramener à la maison au bout de 10 minutes à peine. » souffla-t-il.

Il enleva son T-shirt, probablement pour le plus grand plaisir des deux femmes présentes et se laissa ausculter en silence, écoutant les résultats. L'examen se passa rapidement et tout allait plutôt bien, à part les quelques kilos qui lui manquaient et un paquet d'heures de repos nécessaire pour récupérer.

« À dans deux jours. » dit-il platement quand Nadira partit.

Il finit son café, l'air morose.

« Oui, allons-y. » fit-il à Nadja.

Il se rassit sur le même banc que la veille. Comme il venait de se lever, cela lui avait paru un peu plus facile. Peut-être que le retour serait un peu plus rapide que la veille. Ça ne le serait probablement pas ce soir. Et peut-être faudrait-il changer l'itinéraire pour ne pas faire toujours le même.

« J'ai l'impression d'avoir troqué ma chambre d'hôpital contre une autre forme d'enfermement. Je ne peux pas quitter le périmètre du quartier, même je le pouvais, et je dois toujours subir des examens médicaux à intervalle régulier. Et la sécurité doit probablement me garder à l’œil... J'ai envie de me téléporter à bord de Stella et partir pour avoir la paix pendant les deux prochaines semaines. » soupira-t-il.

L'idée qu'il avait eu plus tôt lui trottait toujours dans la tête et était de plus en plus tentante. bien qu'irréalisable, à part à vouloir s'attirer de gros ennuis. Mais qu'est-ce que ça pouvait bien faire au juste ? Après tout, il ne leur devait rien, il n'avait techniquement aucune obligation de faire ce qu'on lui disait et il était théoriquement d'aller et venir à sa guise dans le système.

« Toi, moi, un bungalow, une plage, du soleil une légère brise et la paix… Personne pour nous dire quoi faire, aucune supervision d'aucune sorte… Ce serait le rêve… » fit-il doucement avec un petit sourire.

Nadja avait observé l’échange avec Nadira sans rien dire. Elle se sentait toujours aussi mal à l’aise avec le Tok’ra même si elle savait bien que ça n’était pas juste pour le médecin qui n’y était pour rien.

Zander n’y m’y pas beaucoup de bonne volonté, même s’il finit par se laisser faire. Une fois l’examen terminé, le médecin prit congé et Nadja la ramena à la porte.

« - Merci d’être passée, docteur. Je vous tiendrais au courant si il se passait quelque chose. »

Ils sortirent quelques minutes plus tard pour une promenade de quelques minutes. L’allure était un peu meilleure qu’hier mais elle doutait que ça soit la même chose au retour. Elle s’installa prés de lui et l’écouta en silence.

« - Tu exagère un peu. Je comprend que ça soit agaçant de ne pas pouvoir sortir du quartier mais tu seras quand même largement plus tranquille ici. Ça veut pas dire que tu dois passer la journée à regarder les filles prés de la piscine, hein ? Et je vais voir si je peux t’avoir un permis de sortie exceptionnel pour le week-end. »

La suite était tellement prévisible qu’elle éclata de rire.

« - Ca me va très bien. Serre les dents jusqu’au week-end prochain et on y va. Il y a quelques îles sur Terre plutôt pas mal, de ce que j’ai compris. Pour quarante huit heures, je n’aurai pas de mal à t’avoir une autorisation temporaire. »

Enfin normalement. Avec les soucis politique Terrien de plus en plus fort, elle s’avançait peut être un peu.

Zander haussa les épaules. Sa vision de sa situation actuelle était assez pessimiste des derniers temps, surtout depuis qu'il savait qu'il n'aurait pas de papiers pour l'instant.

« C'est plus tranquille, c'est un fait. Pas de va-et-vient permanent dans la chambre ou de brouhaha constant autour. Mais j'ai toujours l'impression d'être en résidence surveillée avec une visite de contrôle tous les deux jours et autorisation et escorte obligatoires pour sortir temporairement des lieux. Il n'y a peut-être pas de gardes armés qui patrouillent dans les rues, mais on pourrait presque penser que je suis dans une prison, même grand luxe. Ça va faire trois ans que je travaille pour la Terre et je ne suis toujours pas autorisé à y aller quand je veux. Ça ne me dérangeait pas spécialement au début, mais maintenant, oui. Le niveau de reconnaissance pour services rendus de cette planète est pour ainsi dire nul. Je ne blâme pas le SDT ou le JPS pour cette situation puisqu'eux sont au contraire très accommodants. Peu d'organisations auraient accepté de me former comme ils le font, mais c'est une question de nécessité et aussi un bon moyen pour se faire bien voir et nouer des liens avec d'autres. Enfin bref, être enfermé toute la journée sans avoir rien d'autre à faire que contempler le plafond m'a laissé un peu trop de temps pour réfléchir... » lui confia-t-il avant de sourire.

« Quand aux filles au bord de la piscine, vu les températures annoncées dans les prochains jours, je doute avoir l'occasion d'en voir beaucoup et de pouvoir les admirer. Mais aucune ne t'arrivera à la cheville, de toute façon. »

Aujourd'hui, le journée devait encore être belle, même si les températures matinales étaient froides, mais à partir de lendemain, ce serait une toute autre histoire, avec une chute brutale en dessous de zéro, y compris pendant la journée. Il sourit en l'entendant rire.

« Et je serai plus que ravi d'aller visiter une île ensoleillée où il fait chaud. Je récupérerai sans doute beaucoup bien mieux et plus vite dans un cadre et un climat plus propices. Je crois que je survivrai jusqu'à cette escapade. On essaie de rentrer ? »

Évidemment, le rythme fut un peu plus lent, mais cela fut tout de même plus rapide et un peu moins laborieux que la veille. Restait à voir comment cela se passerait ce soir. Sur le pas de leur porte, il s'arrêta une seconde et observa la piscine, recouverte d'un abri pour l'hiver, pour qu'elle reste accessible, d'un air soupçonneux. Si elle n'était pas chauffée, aucune chance qu'il y mette ne serait-ce qu'un orteil. Il ne manquerait plus qu'il finisse avec une pneumonie.

Une fois à l'intérieur, il l'attira contre lui et l'embrassa avant de rester quelques secondes ainsi pour profiter de l'étreinte.

« Merci d'être là… » fit-il doucement.

Zander était amer au sujet de sa présence ici et elle en pouvait pas lui donner totalement tort.

« - Les terriens sont des idiots, assena-t-elle en haussant les épaules. Pas tous évidemment mais quand je vois qu’ils se prennent le nez entre eux alors qu’une menace largement supérieure leur pend au nez, j’ai du mal à comprendre comment ils réfléchissent. Et je ne parle pas de la population hein, mais bien de leur dirigeant qui connaissent les enjeux de ce qui se joue avec nous. Que tu n’obtiennes pas le droit de résidence ici officiel parce qu’un mégalomane dont le QI ne dépasse pas la température anale leur sert aujourd’hui de président me dépasse. Et vu les coupes budgétaires que nous subissons, je ne suis pas certaine le SDT puisse encore exister longtemps. Ce qui sera catastrophique pour pas mal de gens, y compris certains qui ne vivent pas sur cette planète. »

Elle aussi réfléchissait parfois trop. Elle avait tellement idéalisé la Terre toute sa vie. La chute était rude.

« - Je vais nous organiser çà, alors. Si c’est pour des raisons médicales, je suis sure que Nadira pourra appuyer ma demande. »

Ils rentrèrent lentement mais finalement moins que la veille. Il pourrait bientôt battre un escargot à la course. Dans l’entrée il l’attira à elle et l’embrassa et la sera contre lui, ce qui n’était pas pour lui déplaire.

« - Toujours ! répondit-elle avec un peu trop de papillons dans le ventre à son goût. »

Finalement, elle s recula et alla récupérer les menus du jour pour s’occuper du repas de midi. Si Zander venait de se lever, elle était debout depuis plusieurs heures et son estomac se rapellait à son bon souvenir.

« - Ce midi, grillade frittes ou moussaka… Je vais me laisser tenter par ca, je pense. Et éclair au chocolat en dessert, voila qui sera parfait. »

Pas sur qu’il ait faim mais elle lui tendis le menu néanmoins. Il devait se nourrir aussi, après tout.

Zander écouta Nadja et hocha la tête.

« Tu as raison. Ils vont finir par se taper dessus entre eux et se détruire mutuellement. Il ne restera plus qu'à Toniatuth, ou n'importe quel autre Goa'uld ou qui voudra, à venir pour prendre possession de la Terre sans avoir à se battre et sans que personne ne puisse vraiment s'opposer à lui. » fit-il sur un ton désabusé.

« Il faut juste espérer que le SDT ne va pas resserrer sa politique d'autorisation de sortie me concernant ou qu'ils arrivent à la faire approuver. » dit-il.

Il sourit doucement quand elle s'éloigna, même s'il aurait bien aimé prolonger un peu leur étreinte. Il prit le menu et le regarda, même s'il n'avait pas faim. Il doutait qu'elle ne fasse rien s'il ne choisissait de ne rien prendre.

« Je vais commander, mais je mangerai plus tard. Je crois que je vais prendre la moussaka aussi. Ça se réchauffera sûrement mieux que les grillades et les frites. Et une tartelette aux fruits pour le dessert. » fit-il en lui rendant la feuille.

« Je vais prendre une douche vite fait, je reviens. »

Mine de rien cette petite marche, comme la veille, l'avait fatigué, et laissé en nage. Il revint en moins de dix minutes et s'assit à table, se contentant de grignoter le petit pain et le biscuit du plateau, accompagné d'une tasse de thé.

« Si on allait faire ce tour dans la piscine. Enfin, à condition que l'eau ne soit pas trop froide. Ce serait bête que je retombe malade à peine sorti de l'hôpital… »

Il était particulièrement sensible aux rechutes et autres infections secondaires, surtout lorsqu'il était sur une autre planète. Être à nouveau malade maintenant pourrait être assez grave en raison de son organisme et de son système immunitaire déjà affaiblis.

L'eau n'était ni chaude ni froide, tout juste acceptable. Il n'y resterait pas longtemps, mais cela serait suffisant. Il se mit sur le dos et fit la planche un moment, regardant le ciel bleu et profitant du soleil, tandis que Nadja faisait des longueurs. Il sortit dès qu'il commença à avoir un peu trop froid et rentra. Il avait beau n'avoir pas vraiment nagé, il se sentait soudain épuisé, mais cela lui avait aussi un peu ouvert l'appétit. Il mangea la moitié de son assiette tout en essayant de ne pas piquer du nez.

« Je tiens plus, il faut que j'aille dormir un peu… » fit-il avant de monter les escaliers laborieusement.

Avant de s'allonger, il réussit à passer une tenue plus confortable et il s'endormit en quelques secondes.

«  Essaye de pas t’endormir ce coup-ci, s’amusa-t-elle en le voyant partir se doucher. »

Mais cette fois-ci, il ne piqua pas un somme et revint déjeuner avec elle. Même si picorer aurait été un bien meilleur terme, mais elle n’en fit pas cas. Elle devait refréner ses instincts protecteur et le laisser respirer un peu, mais elle ne le faisait qu’en serrant les dents.

La proposition d’aller à la piscine la surprit un peu mais elle ne put que l’approuver.

« - Laisse moi vérifier que l’eau est à température correcte avant ok ? »

C’était bien le cas et ils purent aller nager un moment. Du coin de l’œil, elle le surveilla en train de se relaxer tout en faisant ses longueurs mais elle n’eut pas à intervenir. L’eau restait cependant fraîche et ils ressortirent assez rapidement pour se sécher.

Elle le regarda manger son plat une fois de retour tout en dégustant son éclair qu’elle avait gardé intentionnellement et ne fut pas surprise par la suite.

« - Ok. Tu veux que je te réveille ou tu vas nous refaire un tour de cadran ? »

Une fois seule, elle envisagea d’aller frapper un moment dans un sac mais renonça. La douche était à coté de la chambre et elle ne voulait pas risquer de le réveiller. Du coup, elle revint vers la table du salon ou traînait son calepin et se remit à dessiner en mode automatique. Comme souvent, ça lui valut de s’endormir… puis de se réveiller apres un nouveau cauchemar qui se termina par une quinte de toux violente et rosée.

Un jour elle en parlerait à Mei. Un jour.

À la question de Nadja, Zander se retourna en haut des escaliers.

« Réveille-moi dans deux heures. Si je fais le tour du cadran, je vais me réveiller en pleine nuit et je serai complètement décalé après. Je préfère ne le faire qu'un fois par jour, quitte à me coucher plus tôt pour ne pas encore me réveiller à midi. » fit-il.

Il lui fallut une bonne dizaine de minutes pour émerger complètement quand elle vint le réveiller. Au moins, il ne se sentait pas plus fatigué qu'avant de se coucher. Son sommeil était bien meilleur et plus reposant qu'à l'hôpital. Il descendit en baillant avant d'aller chercher la tartelette qu'il n'avait pas mangée et se fit un thé.

« Alors, qu'est-ce que tu as fait de beau pendant que je dormais ? Du sport ? »

Rien que cette pensée lui donna envie de retourner se coucher, mais il savait qu'il ne devait pas.

« Et y a quoi au menu, ce soir ? »

Autant se débarrasser de cette corvée-là tout de suite, au moins ce serait fait. Quelqu'un frappa à la porte et cette fois, ce fut lui qui y alla, à son rythme d'escargot.

« - Salut vous deux ! Ah ben, tu m'as l'air bien plus réveillé qu'hier, lança joyeusement Ethan. Tiens, de la part de Clarissa, fit-il en lui tendant un plat. C'est du gumbo. Et pour le dessert, vous avez droit à des pralines et des beignets. Rien que des spécialités de la Nouvelle-Orléans d'où nous sommes originaires.
- Euh merci… Finalement, on n'a pas besoin de se préoccuper du repas de ce soir, fit-il à Nadja alors qu'il guidait Ethan jusqu'à la cuisine.
- Clarissa a cuisiné pour un régiment. Je la soupçonne d'avoir décidé de participer à ta convalescence à sa manière. Je ne serai pas surpris de repasser vous livrer les excédents d'un autre repas bientôt. Et elle tient à ce que vous veniez un des ces jours goûter une autre des spécialités.
- Une bière ?
- Volontiers ! »

Il en sortit également une pour Nadja tandis qu'il se servait un verre de jus de fruits et sortit un paquet de chips. S'il buvait de l'alcool, il risquait fort de s'endormir assez rapidement. Il s'aperçut qu'il ne s'était pas occupé des courses. Tant pis, il ferait ça demain. Vu que Nadja reprenait le travail, il serait seul et ça l'occuperait. Ils discutèrent de tout et de rien dans une ambiance détendue et bonne enfant pendant un petit moment. Cela fit beaucoup de bien à Zander de renouer le contact avec le quotidien. Puis Ethan finit par leur demander :

« - Alors, vous en êtes où de vos préparatifs de mariage ? Vous avez choisi un lieu ? Un traiteur ? Et votre liste d'invités ? Le gâteau ? Vos tenues ? Tout ce genre de petits détails.»

Il était plus de seize heure quand Nadja se réveilla. Après être passée par la case salle de bain pour nettoyer le sang qu’elle avait craché en toussant. Elle se rendit dans leur chambre pour réveiller Zander comme il le lui avait demandé, ce qui prit un certain temps. Il était totalement perdu dans son sommeil et cela prit à l’ex marine un long moment de cajolerie pour le faire émerger.

Il la rejoignit en bas alors qu’elle terminait de préparer un thé et elle lui répondit en souriant.

« - je ne voulais pas faire trop de bruit. J’en suis resté au dessin. Bon ok, j’ai un peu piqué du nez également. Mais maintenant que tu est réveillé, tu veux bien me tenir le sac pendant que je tape dessus ? »

Il ne pouvait pas faire de réelles activités physique mais cela l’occuperai un moment tout en lui donnant un sens de normalité dont il avait bien besoin.

C’était sans compter sur Ethan qui pointa le bout de son nez, les bras chargé d’ujn plat à l’odeur plus qu’alléchante.

« - On est censé attendre ce soir pour le goutter ? Vous êtes sur ? »

Nadja rangea le plat au frais et en ressorti deux bières avant de trinquer avec l’entraîneur. Celui-ci leur posa ensuite une question à laquelle elle ne s’attendait pas.

« - Et bien il va falloir qu’on s’y mette, c’est vrai. Nous sommes d’accord pour la mi-septembre, et pour les invité, de mon coté en tout cas, çà sera assez simple. »

Pour le reste… ils allaient avoir de sacré sujet de conversation ces prochaines semaines.

Zander ne put s'empêcher de rire à la question de Nadja sur le fait de goûter tout de suite le plat.

« On peut peut-être essayer un beignet et des pralines ? Je n'ai pas encore très faim pour l'instant. »

La question d'Ethan le prit au dépourvu, mais elle était légitime. La réponse de Nadja le surprit. Ils en avaient parler rapidement à Noël, mais visiblement, l'organisation ne se limitait pas à choisir une date, un lieu et les invités.

« - Mi-septembre ? Je croyais qu'on avait dit fin août. Je n'ai pas envie de me marier quelques jours avant mon anniversaire, fit-il remarquer. Et pas beaucoup d'invités de mon côté non plus.
- Ben dis donc, vous avez encore du boulot tous les deux. À commencer par accorder vos violons, sinon vous n'irez pas loin, fit Ethan en pouffant. N'oubliez que vous n'avez pas besoin de tout faire tout seuls et que mieux faire une fois à la fois en étalant dans le temps. N'hésitez pas à demander de l'aide à vos témoins respectifs, ils sont là pour ça. Mais sérieusement, vous allez devoir vous y mettre. Ce n'est pas un événement que vous pouvez faire à la dernière minute. »

À leur décharge, aucun des deux n'étaient vraiment Terriens et ils ne devaient pas se rendre compte de l'ampleur de la tâche et ce que cela représentait vraiment ici. Cela signifiait aussi qu'ils n'avaient pas non plus leur famille respective sur place pour les guider. Ces deux-là allaient vraiment avoir besoin d'un coup de main pour faire les choses dans les règles de l'art. Ils ne devaient même pas avoir discuté du type de cérémonie qu'ils envisageaient.

« - Est-ce que vous savez au moins quel genre de mariage vous voulez ? J'imagine qu'on peut exclure une cérémonie religieuse vu qu'aucun de vous ne doit pratiquer l'une des celles existant sur Terre, je me trompe ? Mais après, il existe autant de cérémonies que de cultures. Il va falloir que vous trouviez celle qui vous convient.
- Non pas de religion pour moi. Pour la cérémonie, aucune idée... On peut respecter celle du lieu où on le célébrera, si cela nous convient. Après, je sais que les humains d'Hébrida descendent du peuple celte de la Terre. Certains rites de ma planète trouvent leurs origines ici, comme la bague. C'est assez étrange quand on y pense… fit-il avant de regarder Nadja. Ça se passait comment un mariage à ton époque ? Il y a des traditions spécifiques que tu aimerais respecter si c'est possible ? »

Ils n'avaient pas besoin de tout régler tout de suite, mais ils pouvaient toujours discuter d'un point ou deux et y réfléchir un peu ensuite avant de prendre leur décision...

« - Va pour un beignet, approuva Nadja en piochant allégrement dans la boite. »

L’épisode de la date était révélateur de leur état d’impréparation certain.

« - Dis que je ne suis pas un assez joli cadeau pour toi, répondit-elle, faussement vexée. Mais oui tu as raison, Ethan, il va falloir s’y mettre un peu plus sérieusement. »

La question sur la religion était simple pour elle aussi même s’il y avait une petite particularité.

« - Je ne suis pas croyante non plus, aucun problème la dessus. Cela dit, beaucoup de marines vouaient un culte à notre fondatrice et lui dédiait une prière a la fin de la cérémonie. Le soucis étant que cette personne sera sans doute présente à la cérémonie. Le faire en sa présence serait un tantinet déplacé, non ? Ensuite, il était de coutume que les parents des mariés les accompagne jusqu’à l’officiant. Dans mon cas, a risque d’être plutôt difficile. »

Depuis le renvoi et la disparition de son grand père, la seule famille qu’elle connaissait à cette époque était une fillette d’à peine dix ans.

« - L’alternative est un ou plusieurs membres de la famille d’adoption, généralement ses proches. Je suppose que quelques un de mes collègues se feront un plaisir. Vu que je suis officier maintenant, je n’échapperai pas à l’uniforme par contre.»

Restait à déterminer qui officierai à la cérémonie. Ses rapports avec le capitaine Lawrence était largement meilleur qu’à son arrivée à bord et la grande blonde était un choix logique. Mais en prenant un peu de recul, ça restait un tour des événements particulièrement ironique.

Zander sourit largement.

« Oh, mais ta présence est un cadeau quotidien. Mais ce sont deux événements importants et je préférerais qu'ils soient dissociés et séparés dans le temps. Parce que ça donne deux fois plus de raisons de faire la fête le moment venu. » fit-il sur un ton amusé.

Quand Nadja parla d'une des tradition observée à son époque, il hocha la tête.

« Oui, ça pourrait être très bizarre de réciter une prière à quelqu'un de vivant et de présent. »

Cela créerait vraisemblablement même un malaise. La mention de la famille le fit se raidir. Il devait dire à sa mère quand est-ce que le mariage aurait lieu et où. Il ne faisait aucun doute que celle-ci viendrait. Mais son père... Il n'avait pas posé la question et ne voulait pas savoir. Dans un cas comme dans l'autre, ce serait douloureux. Quand elle annonça qu'elle serait en uniforme, il tiqua.

« Sur Hébrida, les fêtes comme les mariages sont les rares moments où nous pouvons nous affranchir des règles de la société habituelle. Elles tournent autour de la célébration de la vie et des personnes, sans considération de leur position ou de leur accomplissement dans la société. Ce sont des moments festifs où chacun peut se montrer exubérant sans craindre quoi que ce soit. Personne ne s'y présente dans sa tenue de travail et évite même tout élément pouvant le rappeler. » expliqua-t-il doucement.

Enfreindre cette règle était considéré comme un moyen d'insulter et d'indiquer sa désapprobation à l'intéressé. C'est quelque chose que son père pourrait tout à fait faire pour lui indiquer qu'il n'était pas là que par obligation.

Tout cela remontait à l'époque où ils étaient encore sous la botte des Goa'ulds. Les unions, les naissances, les anniversaires étaient de rares moments de liberté et de célébrations octroyés aléatoirement par leur Dieu et où ils pouvaient abstraction de leur condition. Et ils en profitaient pleinement. C'est aussi grâce à cela que leurs coutumes avaient survécu jusqu'à maintenant.

« Et tu sais ce que représente ton uniforme pour moi ? Le travail justement, mais aussi la possibilité que tu puisses mourir à chaque fois que tu pars en mission. C'est un fait que j'ai accepté. Je sais que ça fait partie de ton travail et j'ai un grand respect pour ce que tu fais. Mais s'il y a bien un jour où j'aimerais que cela ne me soit pas rappelé, c'est celui de mon mariage. J'ai envie de te voir dans une belle robe ou n'importe quelle autre tenue civile... » fit-il, crispé.

La voir partir en mission l'angoissait toujours, surtout sachant à quelles extrémités elle était prête à aller pour accomplir son devoir. Il était heurté par la perspective qu'elle puisse envisager sérieusement de se marier en uniforme. Il était prêt à respecter beaucoup de traditions, mais celle-là, il n'en était pas certain.

Ethan s'était fait silencieux, regrettant soudain d'avoir lancé la discussion sur le sujet, mais il n'avait aucun moyen de savoir que les choses tourneraient ainsi. Il aurait aussi souhaité s'éclipser pour les laisser discuter de ça en privé. Il savait aussi, pour avoir été et être toujours aux premières loges, que Zander était toujours anxieux et perturbé lorsque Nadja partait. Et au début, tout ceci avait été amplifié par les bracelets. Cela avait pris du travail et du temps pour qu'il arrive à gérer cela, comme n'importe quel conjoint de militaire, parce que ce n'était une situation qu'il avait choisie au départ.

« - Deux raisons de faire la fête à un mois d’intervalle. Hum ok, vendu ! »

Zander qui fuyait généralement la foule comme la peste avait apparemment des intentions festives pour cette année. Ce n’est pas Nadja qui allait s’en plaindre même si ça la surprenait. Avait-il été possédé par un Goa’uld discrètement ?

La suite lui confirma (s’il en était besoin) qu’il était toujours lui-même. Elle n’avait jamais envisagé de se marier autrement qu’en uniforme et s’en abstenir lui paraissait totalement déplacé. Mais son explication se tenait et elle soupira en lui prenant la main. Elle savait qu’il souffrait de la voir partir en mission, tout comme elle serrait les dents à chaque fois qu’il embarquait avec JP1.

Ethan aurait sans doute préféré être ailleurs mais il n’était pas non plus du genre à se défiler et il se racla la gorge.

« - Si je peux me permettre. Nadja à raison sur certain point. A commencer par le fait qu’il vous faudra respecter l’étiquette militaire chez vos invités. Vous ne pourrez pas placer à table des officiers à coté d’homme de rang. Et les hommes seront tous en uniforme, tradition oblige.
- Oh, mon dieu, les plans de table…
- Oui vous aurez ça à faire aussi. Mais pour revenir au sujet de l’uniforme, ce n’était peut-être plus le cas à ton époque, mais aujourd’hui les femmes ont toujours une dispense pour se marier en civil si elles le souhaitent. Apres, ca sera ton choix, mais ce que je voulais dire, c’est que tu as réellement un choix et pas une obligation.
- Encore un choix… tu sais que tu m’aides pas hein, grommela Nadja en piochant un nouveau beignet. »

Nadja n’aurait pas du être surprise par la philosophie Hebridienne concernant le travail et le distinguo entre couche sociale.

« - C’est assez différend ici, et ça l’était encore plus à mon époque. Je t'en ai déja aprlé, tu sais à quel point l'rodre social était... rigide»

Parlez de son ancienne vie devenait de plus en plus difficile. Après deux ans de vie sur Terre, cette partie de sa vie restait encrée en elle mais elle se rendait également copte d’à quel point tout avait changé et qu’il n’y aurait plus de retour arrière possible.

Elle sourit quand Zander évoqua un compromis. Elle ne doutait pas une seconde qu’ils y arriveraient meme si certaines discussion seraient sans doute passionnée.

« - Je crois que ce sont des invitations, expliqua Nadja. Mais tout ceux que j’ai vu jusqu’ici circulait via le réseau. Ca se passe peut être autrement ici ?
- Le format papier est privilégié en effet, confirma Ethan. Je vais vous donner l’adresse de l’imprimeur qui a réaliser le notre. Ni Clarisa et moi ne sommes des artistes, il nous a bien aidé. »

A la mention d’artiste et de papier, les yeux de Nadja s’étaient illuminés. Peut être pourrait-elle faire quelque chose ? Mais il lui faudrait voir des exemple avant.

Soudain, la discussion prit une autre direction et elle haussa les épaules, fataliste.

« - Avec nos emplois du temps de ces derniers mois, c’est vraiment pas évident. Mais c’est vrai qu’on pourrait profiter de ta convalescence pour organiser quelque chose. D’ici une semaine ou deux évidemment. »

Et ca serait une bonne répétition pour voir si Zander arrivait à supporter d’avoir du monde à la maison et autour de lui. Et puis une occasion de faire la fête, ca ne se refuse pas, non ?

Zander sourit en voyant la réaction de Nadja lorsqu'Ethan expliqua ce qu'étaient les faire-parts.

« Je ne crois pas que nous aurons besoin d'un artiste pour réaliser le nôtre, dans ce cas. J'en ai une à domicile et elle est plutôt douée. »

Il ne fut pas surpris qu'elle embarque tout de suite dans cette histoire de pendaison de crémaillère. Elle était toujours partante pour faire la fête. Pour l'instant, il en était incapable et il ne supporterait pas de se retrouver dans une pièce, ne serait-ce qu'avec quelques personnes. Déjà une seule le fatiguait. Après la "foule" constante et permanente de l'hôpital, il avait vraiment besoin de calme.

« - Plutôt à la fin de ma convalescence alors, quand je n'aurais pas envie de dormir toutes les cinq minutes. Et tu es censée m'emmener dans les îles ce week-end, dit-il à Nadja.
- Ben voyons… Tu as quelque chose contre notre magnifique météo et les températures négatives ? Il te faut une convalescence grand luxe au soleil ? Vous avez vraiment la belle vie à ce que je vois, fit Ethan en souriant. À part ça, si vous voulez faire la crémaillère dans une ou deux semaines, il va falloir organiser ça rapidement. Pour celle-là, c'est beaucoup plus simple. Tout ce que vous avez besoin de faire, c'est d'inviter les gens, de prévoir à boire, à manger et de la musique. Et prévenir la sécurité, au cas où. »

Il finit sa bière et se dit qu'il était temps de regagner ses pénates et sa famille.

« Sur ce, je vais vous laisser tranquille. Toi, repose-toi bien et mange correctement, parce que tu as encore une tête à faire peur. Et continuez à réfléchir pour le mariage. Si vous avez des questions pour ça ou la crémaillère, n'hésitez pas. Je me ferai une joie de vous aider et Clarissa aussi. »

Zander leva les yeux au ciel, ce qui lui valu une gentille bourrade de l'instructeur, qui manqua de le faire tomber de sa chaise.

« - Tu ne vas t'y mettre toi aussi !
- Je vais me gêner, tiens. Je te rappelle que mon travail consiste à m'assurer que tu es en bonne condition physique et c'est ce que je fais. Estime-moi toi heureux que je ne t'envoie pas un nutritionniste pour te concocter des repas sur mesure et s'assurer que tu manges ce qu'il te faut pour te rétablir plus vite. Et n'hésitez pas à m'appeler en cas de souci, fit-il à Nadja. je repasserai dans la semaine. Bonne soirée ! »

Cette fois, le pilote se leva et le raccompagna jusqu'à la porte avant de revenir s'asseoir dans le canapé.

« Tu voulais faire quoi avant que nous soyons interrompu par son arrivée ? Taper dans un sac ? Je peux toujours essayer de le tenir, mais je ne garantis pas d'y arriver. Ou tu préfères continuer à parler mariage ? Ou autre chose? » dit-il avec un sourire.

Aucune des deux options ne le tentait vraiment. Il se sentait tout mou et sans force et ne savait pas combien de temps il pourrait tenir et quant au mariage, il ne sentait pas d'attaque pour ce genre de grande discussion.

En s’entendant appeler artiste, Nadja piqua un fard. Elle ne s’était jamais considérée comme telle, juste comme une amatrice qui avait beaucoup de travail pour arriver à ce qu’elle voulait. Mais c’était un challenge à relever et reculer n’était sûrement pas dans son caractère.

L’idée de la crémaillère n’enthousiasmait pas Zander, ce qui ne surprit personne.

« - Je n’ai pas oublié ma promesse. Promis on te racontera Ethan. On prendra même des photos de la plage et du soleil. Bon je note tes conseils. Ça va nous faire une bonne répétition. On pourrait faire ca a la fin du mois, ca te laissera le temps de te remettre, ok ? »

Ethan leur avait laissé suffisamment de sujet de conversation pour le reste de la semaine et il les laissa la dessus, visiblement très fier de lui.

« - On peut faire les deux. Je tape et tu m’explique comment on se marie sur Hebrida. »

Une fois dans la petite salle de sport qu’ils avaient fini par improviser à l’étage (la ou beaucoup d’autres couple avaient une chambre d’enfant) Nadja attacha ses cheveux et enleva son pull avant de commencer une série de gentil « une-deux » dans le sac accroché au plafond.

« - Alors, une idée de comment concilier ta tradition décadente avec la mienne, horriblement rigide ? »

Ces différences l’amusaient plus qu’autre chose. A bien y réfléchir, ne pas porter d’uniforme le jour de son mariage ne la gênait pas vraiment. Pas du tout en fait.

Zander sourit de plus belle en la voyant rougir quand il avait dit qu'elle était une artiste, mais il s'abstint de tout commentaire.

« Oui, à la fin du mois, ce sera mieux. Je devrais avoir suffisamment récupérer d'ici-là. »

En tout cas, assez pour ne pas disjoncter au bout de cinq minutes. La fatigue le rendait beaucoup plus susceptible et moins tolérant lorsqu'il se retrouvait dans des situations inconfortables.

« Décadent, décadent, c'est vite dit. Je ne suis pas en train de parler d'une orgie généralisée où tout le monde se balade dans le plus simple appareil pendant plusieurs jours. J'ai rencontré des peuples aux mœurs vraiment légères à côté desquels les Hébridiens, et les Terriens, passeraient pour des coincés de première catégorie. »

Il y avait vraiment certaines expériences qui avaient été pour le moins… perturbantes pour lui, surtout à ces débuts.

« Concilier les deux ne devrait pas être si compliqué que ça. Comme je l'ai dit, ça ressemble assez aux cérémonies celtes qui ont cours ici. Au niveau de la cérémonie elle-même, c'est assez semblable. Les mariés sont escortés jusqu'à l'officiant, qui se trouve généralement sous un arbre sur Hébrida. Traditionnellement, les mariages se déroulent en extérieur. Ils s'engagent solennellement l'un envers l'autre et ce nouveau lien est symbolisé par une cordelette que l'officiant, ou tout autre personne choisie, noue autour des poignets des nouveaux mariés au moment de la cérémonie. Après, la bague remplace la cordelette dans la vie de tous les jours, mais certains font aussi de cette dernière un bracelet. Puis les gens dansent, mangent et boivent. Sans modération... La musique et les danses sont des éléments importants. Ce qui, je pense, ne posera aucun problème à quiconque sur Terre. » expliqua-t-il.

Il n'avait pas assisté à beaucoup de mariages hébridiens, sauf lorsqu'il accompagnait ses parents. Après, pas vraiment. Il n'avait jamais été assez proche de quelqu'un pour être invité et les anniversaires… Il gardait un très mauvais souvenir de celui auquel il avait participé lorsqu'il était à l'Académie.

« Les fêtes familiales, comme les mariages, sont vraiment des moments particuliers où tout le monde fait fi des codes. Ce sont aussi probablement parmi les rares occasions pendant lesquelles les Hébridiens se lâchent vraiment et s'enivrent. Alors, cette histoire de devoir séparer les convives entre militaires et civils, puis aussi en fonction de leur rang me dérangent un peu plus… C'est censé un moment où tout le monde se mélange pour passer un bon moment, pas rester chacun dans son coin selon son rôle et sa place dans la société. Mais à part ça, je n'ai pas spécialement de problème avec le fait que les militaires portent leurs uniformes, enfin à part toi. Je crois qu'il faudra oublier les danses traditionnelles hébridiennes par contre et utiliser des danses plus locales. » fit-il en réfléchissant.

Tenir le sac de frappe aurait dû être quelque chose de facile, mais cela se révéla être le contreire. Il encaissa les frappes dans le sac comme il put, mais il avait l'impression qu'il allait finir par voler à travers la pièce pour s'étaler dans le mur derrière lui, tant ses jambes semblaient être faites de coton. Il finit par se demander qui du sac ou de lui tenait l'autre.

« - Et tu ne m’y a jamais emmené. Pss… je suis déçue. »

Elle aurait surtout été bien embêté si elle s’était retrouvée dans un tel endroit. Même si elle n’était pas particulièrement pudique, il y avait des limites a ce qu’elle se sentait prête à faire. Déjà que savoir qu’il s’était retrouvé dans de tel endroit lui faisait bizarre.

Elle écouta attentivement la description des mariages hébridien et en conclut qu’il n’y avait pas de différence au niveau de la cérémonie.

« - En extérieur, ça veut dire qu’il faudra que j’aille acheter un nouveau chapeau. Je me demande si je ne pourrai pas persuader Hilda de revenir avec moi pour me conseiller. »

Voila qui sonnait presque comme un prétexte pour aller faire du shopping avec une amie... presque.

« - Je comprends ce que tu dis sur le mélange et pourquoi ça te choque. Je n’ai jamais dit qu’il fallait séparer militaire et civil par contre, juste éviter de regrouper officier et sous-officiers. Mettre à la même table le capitaine Lawrence et le docteur Sincet ne posera aucun problème, par exemple. »

Voyant que Zander avait de plus en plus de mal à tenir le sac, elle fit une pause tout en continuant à s’expliquer.

« - A l’école militaire, on t’enseigne que les officiers viennent juste après Dieu en matière de vénération. Tu ne peux pas te retrouver à la même table pour faire la fête. Et imagine qu’il y ait un peu plus de fraternisation que de simples sourire poli. Ne pourrait-on pas parler d’abus d’autorité ? Et même si ça se passe bien, les conséquences à long termes peuvent être désastreuse. C’est pour ça que la plupart des corps interdisent la fraternisation au sein d’un même régiment. Je comprends que ça te semble dur et très strict mais il y a de vraies bonnes raisons à ça. »

Zander était dans ses petits souliers. Ce contrat était pour le moins… embarrassant et de ceux qu'il préférerait oublier, c'était le moins qu'il pouvait dire. S'il avait su dans quoi il s'embarquait et les moeurs de ce peuple, il ne serait jamais allé là-bas en premier lieu. Mais son "exotisme" avait tapé dans l’œil d'une représentant de ce peuple qui avait décidé de le ramener chez lui pour l'exhiber, et bien plus, et payé rubis sur l'ongle un contrat d'apparence très simple avant qu'il comprenne, trop tard, qu'il s'était fait avoir sur toute la ligne.

« Je ne crois pas que tu apprécierais... Et non, tu ne veux pas savoir de quoi il retournait exactement. Je ne savais pas pourquoi j'avais été engagé au juste ni dans quoi je mettais les pieds. J'ai compris en arrivant. J'étais jeune et innocent à l'époque. Et j'avais besoin d'argent. Beaucoup moins en revenant. J'ai appris une leçon importante cette fois-là. Toujours demander en quoi consiste exactement le contrat et le faire écrire avant de l'accepter. » répondit-il, gêné et rougissant légèrement, ce qui était pour le moins assez rare chez lui.

Il sourit quand elle mentionna un nouveau chapeau, content de changer de sujet.

« Nous ne sommes pas obligés de le faire en extérieur. Ce n'est pas un point fondamental pour moi. Et puis rien ne dit que la météo sera clémente ce jour-là. Donc, même si on le fait dehors, il faudra prévoir une solution pour pouvoir se replier à l'intérieur en cas de besoin. Sur Hébrida, nous n'avons pas trop de problème à ce niveau-là, vu qu'il existe des dômes prévus à cet effet qui permettent d'ignorer les caprices du temps. Mais j'imagine que tout ça dépendra d'où nous le ferons. » fit-il en haussant les épaules.

Il s'adossa contre le mur, soulagé, lorsque Nadja prit une pause. Il avait l'impression que c'était lui qui venait de taper dans le sac et pas juste quelques minutes… Mais il appréciait tout de même le moment.

Il écouta ses explications avec attention concernant la séparation des officiers et sous-officiers. Il comprenait ce qu'elle disait, mais cela ne lui plaisait pas pour autant. La fraternisation n'était pas explicitement interdite sur Hébrida. Mais les couples éventuels ne travaillaient pas dans la même équipe ni dans le même secteur. En même temps, ils n'étaient pas une armée au sens conventionnel du terme non plus. Ils étaient entraînés à défendre leur planète, mais leur travail consistait principalement à assurer la sécurité des bâtiments officiels, des conglomérats, des vaisseaux ou des rues.

« Donc tu es en train de me dire que cela fait partie des règles que nous serons obligés de respecter... » soupira-t-il, conscient qu'il ne pourrait pas y couper.

Mais ce n'était pas forcément le plus urgent à régler. Avant de parler organisation de cérémonie, invités et autre subtilités du mariage, ils devaient s'accorder sur deux points majeurs.

« Mais avant de régler tous ces détails, il faut fixer une date et décider d'un lieu très rapidement, je crois. »