If I were a fish

En sortant de la douche, Nadja découvrit que finalement, il s’était décidé à manger un peu. Le mug était vide et plusieurs petits pains grillés avaient disparu également.
Elle se glissa entre les draps et attira le pilote contre elle. Pour sa part, elle n’aurait pas de problème pour dormir. La tête nichée contre son dos, elle ferma les yeux et s’endormit rapidement.

Au petit matin, c’est lui qui se leva en premier (il fallait vraiment qu’elle perde cette habitude de trainer au lit) et elle l’entendit discuter au téléphone surement pur leur commander un petit déjeuner digne de ce nom.

Elle se leva et le trouva installé dans le canapé, les yeux dans le vague. Non ça n’était pas la réception qu’il avait eue mais l’hôpital. Si deux de ces patients se remettrait bien de leurs blessures, le troisième n’avait pas survécu.

« - Merde, dit-elle simplement. »

Que dire d’autre ? Ils avaient fait tous leur possible pour sauver tout le monde et s’en sortaient finalement plutôt bien. Mais c’était moche pour ce pauvre gars, et encore plus pour sa famille.

« - Marek, il s’appelait Marek. J’ai discuté un moment avec sa femme pendant la soirée. »

Ça aussi, ça faisait partie du boulot. Connaitre tout le monde et encaisser blessure et décès du mieux possible. Peut-être devraient-ils aller à l’enterrement du coup. Ça n’est pas comme ça qu’elle avait envisagé ses vacances.

Finalement, il avait bel et bien commandé le petit déjeuner et une tasse de café brulant lui fit le plus grand bien. Mais auraient-ils le cœur à repartir s’amuser à présent ?

Nadja le regarda partir tout en attaquant son petit déjeuner de bon appétit. Elle buvait son café quand elle réalisa soudain qu’il y a quelques mois, c’était elle qui sortait le matin. Quand avait-elle troquée son hygiène de vie contre un régime de patachon ? Et à quel moment Zander étai-il devenu plus sportif qu’elle ?

Vexée, elle posa sa tartine généreusement garnie de confiture et enfila son maillot. La piscine sur le balcon (si on peut nommer balcon une terrasse de presque cinquante mètres carrés) était froide mais le système de filtrage avait éliminée les impuretés accumulée pendant la tempête. Elle s’imposa de faire vingt longueurs avant de reprendre son souffle. Après une petite minutes de repos, elle replongea et se remit vigoureusement à nager.

Elle ressortit les membres tremblants d’épuisement mais plutôt fière d’elle et fila sous la douche. Elle en ressortait à peine quand son mari réapparu et prit sa place sous l’eau chaude. Finalement, ils se retrouvèrent enfin autour de la table et purent déguster leur repas sans la moindre arrière pensées.

« - Jamais vraiment, non, répondit-elle en contemplant le fond de sa tasse. Et il ne faut pas. Le jour ou nous ne ressentirons plus rien, nous n’aurons plus rien à faire au sein d’un groupe. »

Ca n’en rendait pas les choses faciles pour autant mais elle ne voulait pas lui mentir et qu’il risque de s’isoler loin de tous sentiments humains.

Finalement la journée passa lentement et ils découvrirent que c’était une célébration qui était de coutume ici. Elle se retrouva avec une robe plutôt courte et décolleté qui n’était guerre dans ses habitudes. Mais il fallait bien faire couleur locale.

Finalement, ils se retrouvèrent à la célébration le soir et découvrirent une foule bigarrée qui buvait et chantait. On leur expliqua que plus tard dans la soirée il y aurait même des danses et quelques spectacles. Tout ça était vraiment étrange mais rappelait certaines à Nadja certaines de ces soirées au retour d’une mission périlleuse.

« - Je suppose que vous devez être surpris, expliqua le marieur. Comme les bracelets, cette coutume remonte à l’occupation goa’uld de la planète. Nous étions alors sous un regimbe strict de contrôle des naissances. Du coup, lorsque l’un de nous mourrait, on se réjouissait de la vie nouvelle à venir. C’était d’ailleurs une des fonctions des bracelets. Un des couples présent était choisit par la famille du défunt pour héberger cette naissance. Aujourd’hui, mime si nos occupants sont loin, la tradition est restée. »

Avec la veuve qui voulait les rencontrer, Nadja se demanda soudain si celle-ci n’avait pas une idée derrière la tête les concernant… Et comment elle prendrait la chose.

Zander s'arrêta de manger à sa réponse et regarda son poignet orné du fin cercle.

« Non, quand tu ne ressens plus rien, ou que tu ne veux plus rien ressentir, tu t'isoles des autres pour vivre dans ton coin en étant responsable uniquement de toi-même et de personne d'autre. Ça évite de souffrir et la vie devient tellement plus simple… Pas d'amis, pas d'attaches, rien. Toi et toi seul… Ça ressemble à la liberté, mais tu passes à côté de beaucoup de choses aussi. La faculté de ressentir des émotions, c'est important. » dit-il doucement.

Il ne connaissait que trop bien cela. C'est ce qu'il avait fait pendant dix ans avant de la rencontrer et que les bracelets ne viennent détruire les murs qu'il avait soigneusement construits précisément pour ne plus se lier à personne et ne plus être responsable de qui que ce soit d'autre, à part lui-même. Et le retour de toutes ces émotions enfouies avait failli le submerger et le rendre dingue. Il commençait lentement à réaliser à côté de quoi il était passé et les raisons qui l'avaient poussé à agir de la sorte. Il n'avait fait que fuir la mort de Leïla, incapable de la supporter, et ce n'était pas une solution. Il espérait ne jamais retomber dans un état comme celui-là.

*****

Il goûta la boisson et sourit tout en écoutant les explications du marieur.

« - J'ai vu beaucoup de choses étranges au cours de mes pérégrinations. C'est une tradition fort intéressante et originale que vous avez là, et en dépit de ses origines, j'aime bien cette vision des choses. C'est très positif. C'est drôlement bon, comme cocktail.
- Cela a pour but d'aider les gens à se mettre dans l'ambiance et dans le bon état esprit, fit le marieur. Si vous voulez bien m'excuser, je dois aller accueillir les nouveaux arrivants. »

Il n'eut pas le temps de l'interroger pour lui demander ce qu'il voulait dire exactement et se mit à regarder la boisson d'un air soupçonneux avant de hausser les épaules et de continuer à la siroter. Elle n'en restait pas moins excellente.

« Très jolie robe. Tu es ravissante. Et par rapport à ce que vient de dire notre ami le marieur, je n'ai besoin d'aucune raison particulière pour, hum, accomplir mon devoir conjugal, comme ils disent sur Terre. » fit-il après avoir regardé encore une fois Nadja qu'il ne voyait pas souvent habillée de la sorte et qu'il ne l'avait pas encore complimenté sur le sujet.

Il se fit aussi la réflexion qu'il ferait bien de se taire et d'arrêter de boire cette boisson qui lui faisait avoir de drôles d'idées et dire n'importe quoi. Mais elle était vraiment trop bonne, mais il devrait faire attention à ne pas en abuser.

« Si nous allions trouver l'épouse de Marek ? Elle doit probablement vouloir nous remercier de lui avoir ramené son mari et permis de le revoir une dernière fois… » dit-il pour essayer de changer de sujet.

Il refusait de penser qu'il y avait une autre raison. Ils étaient des étrangers en ces lieux et ce n'était pas le genre de choses que l'on pouvait demander à de parfaits inconnus comme ça qui ignoraient tout des traditions locales. Et de toute façon, ils n'avaient jamais abordé ce genre de questions.

« Question bête, tu sais à quoi elle ressemble ? Parce que moi, non. Enfin, j'imagine qu'on devrait la trouver près de là ils paient leurs hommages au défunt, s'il y quelque chose de ce genre... » fit-il remarquer.

Il se mit à regarder la foule bigarrée. Cette dernière devait probablement être le centre d'attention avec sa fille et il devait donc avoir plus de gens autour d'elle.

Le marieur attira leur attention sur le cocktail qu’ils étaient en train de boire, ce que Nadja trouva bien inutile. Elle avait remarqué toute seule que c’était excellent et avait déjà vidé la moitié de son verre.

« - Merci, dit-elle en rougissant comme à chaque fois qu’il lui faisait un compliment. Je me sens un peu bizarre la dedans, pour être franche. C’est un peu trop...aérer, si tu vois ce que je veux dire. Mais je suis ravie que ça te plaise, cela dit. »

Elle pouffa quand il parla de devoir conjugal, c’était certain ils n’avaient pas besoin de drogue ou d’encouragement pour l’accomplir.

Trouver la veuve et sa fille ne fut pas compliqué en effet. Elles portaient une fleur écarlate dans les cheveux et serraient des mains ou enlaçaient des proches.

« - Et on est censé dire quoi, murmura Nadja en s’approchant. Mes condoléance ou c’est une super fête, venez picoler avec nous ? »

Elle caricaturait à peine. Plutôt que de commettre un imper, elle laissa Zander les présenter et sourit en lui serrant la main.

« - Merci d’être venu, tous les deux. Les médecin m’ont dit ce que vous avez fait pour Marek et les autres. C’est une chance que vous vous soyez trouvé la. J’aurai une demande à ovus faire, non rassurez vous, pas d’assurez le retour de Marek à la vie. Vous n’êtes pas d’ici et c’est une tradition un peu désuète aujourd’hui. Mais vous semblez être un couple très unis. Vous aurez des enfants un jour. Ce jour la, nous aimerions leur donner une place ici en tant que pupille. »

Nadja avait lu quelque chose à ce sujet dans la journée. La pupille était considéré comme membre à part entière d’une famille avec tous les avantages que cela pouvait apporter. Cela voulait dire, s’ils acceptaient, que leurs futurs enfants seraient considéré comme « natifs » de la planète.

Zander éclata de rire à sa remarque sur l'aération de sa tenue.

« Je veux bien te croire. Ça a aussi un certain nombre d'avantages… » fit-il remarquer avec un sourire qui en disait long sur ce qu'il avait en tête.

Il aurait pu lui faire une démonstration, mais la décence le lui interdisait, quand bien même certains couples ne semblaient pas vraiment se gêner avec certaines démonstrations d'affections plus que suggestives. Il se demandait comment une fête de ce genre se terminait vraiment, même s'il pouvait sans problème l'imaginer. Il se garderait cependant bien de dire qu'il avait déjà vécu ce genre d'expérience par le passé lors d'un contrat payé rubis sur l'ongle, pour lequel il avait été spécifiquement contacté alors qu'il était de passage sur une station. Il était jeune et innocent à l'époque...

« Mais ça te va vraiment bien comme tenue et ça change. Et si tu veux, je peux subir le même désagrément que toi en portant une de leurs jupes locales, dit-il en désignant un homme un peu plus loin. Ce ne serait pas la première fois que je revêtirai quelque chose du genre. » fit-il avec un air espiègle avant de l'embrasser.

Il finit par repérer la famille de Marek. Comme il s'y attendait, elles étaient entourés de gens leur présentant leurs respects. Il sourit à la question de Nadja. Il ne le savait pas non plus et ferait donc ce qu'il avait appris. Il était à peu près certain qu'on leur pardonnerait tout impair, vu qu'il n'était pas d'ici et que rare était les étrangers conviés à ce genre de cérémonie.

« - Bonsoir. Nous sommes Zander Hayes et Nadja Cook.
- Oh, enchanté de vous rencontrer. J'espérais bien vous voir. Merci pour ce que vous avez fait.
- Nous n'avons que notre travail, madame. Mais je regrette sincèrement que votre mari n'ait pas survécu malgré tous nos efforts. Nous vous présentons nos sincères condoléances pour.
- Mais ce que vous avez fait est déjà beaucoup et bien plus que ce que quiconque aurait pu espérer. Sans vous, peut-être qu'aucun des autres ne s'en serait sorti ou n'aurait eu de chance, dit-elle avant de regarder les convives autour d'elle. Je parie que vous trouvez ça curieux comme manière de rendre hommage à un défunt. C'est souvent le cas des étrangers.
- Absolument pas. Au contraire même, j'aime beaucoup votre manière de marquer cet événement, dit-il doucement. »

L'épouse sourit, visiblement soulagée, avant d'expliquer pourquoi elle voulait leur parler. Elle ne leur demandait pas d'honorer leur tradition de renaissance, mais une autre, concernant leurs futurs enfants.

« Un pupille ? » demanda-t-il, soudain gêné par la tournure prise par la discussion.

Cela lui disait vaguement quelque chose, mais il ne se souvenait pas quoi exactement. L'épouse de Marek l'éclaira sur le sujet.

« Oui. Cela signifie que vos enfants seraient accueillis dans notre famille comme s'ils étaient des nôtres et ils seraient considérés comme des natifs de la planète. » expliqua-t-elle simplement.

Il avait une furieuse envie de partir et de mettre un terme à cette conversation. Il ne savait pas du tout quoi répondre à cette requête, d'autant qu'ils n'avaient jamais vraiment abordé le sujet, ce qu'ils allaient devoir faire tôt ou tard, et visiblement plus tôt que tard. Il savait que Nadja aimerait en avoir, mais lui n'avait jamais vraiment réfléchi à la question. À vrai dire, il évitait même d'y penser. Il n'avait rien contre le principe du pupille, mais il ne pouvait pas décidé ça tout seul et comme ça. Il regarda l'ex-marine avec un air interrogateur.

Parfois, Nadja se demandait ce qu’avait pu vivre son époux comme aventures étranges… et parfois, comme ce soir, elle n’avait vraiment pas envie du tout de le savoir. C’était un tout petit peu trop perturbant… Elle lui sourit donc, vola un baiser rapide, puis récupéra un second verre de cocktail, vu que le sien était déjà vide.

Elle admira ensuite les talents innés de diplomate du pilote dans sa façon d’aborder la veuve et d’accepter ses remerciements. Cela n’empêcha pas la suite de les laisser sans voix l’un comme l’autre.

« - C’est… un grand honneur que vous nous proposez, madame.
- Ce n’est pas que moi, vous savez. Nous sommes un peuple pacifique et n’avons pas l’habitude de gérer ce genre de crise. Vous, à l’inverse, n’avez pas hésité une seconde. Nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres. »

Elle avait posé la main sur l’épaule de sa fille en disant cela et Nadja dont le cerveau tournait décidément au ralenti mis quelques secondes à comprendre.

« - Vous voulez dire que votre fille…
- ... aurait beaucoup à apprendre de vous oui. D’ici quelques années bien sur. Si vous acceptez, évidement. Ce n’est pas une décision à prendre à la légère. A tout a l’heure.»

Elle si dirigea vers un autre groupe en les laissant transis sur place.

« - OK, on se téléporte sur Stella et on revient jamais, demanda l’ex-marine en plaisantant à moitié. »

Zander encaissa encore moins bien qu’elle la proposition et se réfugia au bar pour descendre un verre de liqueur. L’idée ne parut pas totalement mauvaise à son épouse qui en profita également. La chaleur de l’alcool lui brûla l’estomac et lui procura un réconfort des plus agréable. Y avait pas à dire, ces gens savaient faire la fête.

Elle se laissa bercer un moment par un musicien qui tirait de sa guitare un ballade des plus agréable et entraînante. Elle avait une furieuse envie de danser… mais ou était donc Zander ? Elle paniqua un instant en se rendant qu’il n’était plus à coté d’elle avant de se douter de ce qu’il s’était passé. Trop de monde, trop de pression… il avait probablement pris la tangente.

Légèrement agacée, mais connaissant bien les phobies du pilote, elle soupira et se lança à sa recherche. Avec l’aide de Stella, il ne lui fallut pas plus de quelques minutes pour arriver jusqu’à lui, au calme, hors de vue avec une vue sur la mer. Comme à son habitude quand il était dans cet état la, elle le laissa parler en premier, quand il en eu envie.

Qu’elle ne fut pas sa surprise de l’entendre parler de noël. C’était évidement un moyen d’esquiver une conversation qu’ils devraient avoir un jour ou l’autre. Elle n’avait de toute facon pas plus envie que lui d’aborder ce sujet.

« - Tu ne croyais tout de même pas que j’avais oubliée. Stella, tu peux envoyer ce que je t’ai laissé, s’il te plaît ?

Un cylindre de carton d’environ cinquante centimètre de long, surmontée d’une faveur verte éclatante apparu dans ses mains. Elle le lui tandis le cœur battant, plus très sure de son idée à présent.

Zander sourit à Nadja, en prenant le rouleau, curieux de découvrir ce qu'il contenait. Il n'avait pas été surpris non plus de la voir arriver pas longtemps après s'être éclipsé.

« Non, je ne doutais pas une seule seconde que tu t'en souvenais. Mais j'avoue que les circonstances sont un peu... étranges. Un peu comme l'année dernière. » fit-il.

Il la regarda ouvrir l'enveloppe, se demandant quelle allait être sa réaction.

« C'est un bon pour une matinée au spa local. Massage, soins de la peau et tout le tralala. Ne me regarde pas comme ça, je n'en sais pas plus. Ce sera à toi de découvrir exactement de quoi il retourne. Il paraît que les femmes adorent ce genre de choses. » lui expliqua-t-il avec un sourire.

C'est du moins ce que lui avait dit la grande amie de son épouse, Mei, et il espérait que ce serait vrai pour elle aussi. Il doutait qu'elle sache de quoi il s'agissait. Elle n'était pas du genre à s'adonner à ce type d'activités, mais en même temps, elle n'avait probablement jamais eu l'occasion d'essayer. Si elle n'aimait pas, il se rachèterait d'une manière ou d'une autre. Si elle aimait, elle allait encore se plaindre qu'il lui donnait des goûts de luxe, mais il ne pouvait pas s'en empêcher.

« Je suis désolé d'avoir disparu sans prévenir. Je comptais juste m'absenter cinq minutes, mais ça doit faire plus longtemps, pas vrai ? J'avais besoin d'un peu de calme. J'ai encore du mal à supporter la foule pour l'instant… Enfin, plus que d'habitude en tout cas. Et le contexte n'aide pas. J'ai beau aimé leur manière de rendre hommage à leur mort, cela me rappelle aussi que je suis moi-même en train de pleurer un être cher et d'essayer de me remettre de sa disparition, même si c'est avec dix ans de retard. Ça me heurte un peu de les voir faire la fête comme ça, alors que je ne suis pas vraiment d'humeur à faire pareil… » soupira-t-il avant de s'attaquer à l'ouverture de son cadeau.

Venir passer quelques jours de vacances ici avaient pour but à l'origine de fêter leur un an de mariage, mais aussi de lui changer les idées et de passer quelques jours tranquilles avec Nadja, loin du tumulte de leur vie quotidienne. Mais c'était pour ainsi dire complètement raté.

Et puis ce que leur demandait l'épouse de Marek le perturbait bien plus qu'il ne voulait l'admettre pour l'instant. Il n'était pas vraiment en état de réfléchir de manière posée sur un sujet aussi important. Pas maintenant. Dans quelques semaines ou mois, peut-être, mais pas là, tout de suite. Cela faisait trop de choses à encaisser au niveau émotionnel et il n'en était tout simplement pas capable. Comme souvent, il avait l'impression que l'univers avait décidé de s'acharner contre lui et de ne pas vouloir le laisser tranquille plus de quelques semaines.

« - Tu peux me citer un moment ou les circonstances ne sont pas étrange avec nous ? s’amusa-t-elle. Le jour ou tout sera normal, on s’ennuiera. »

Bon elle aurait aimer s’ennuyer un peu plus en fait.  Mais ça devait faire un sacré moment que ça ne lui étais pas arrivé.

Le contenu de l’enveloppe la surprit. Un spa ? Mais qu’est ce que ca pouvait bien être ? Spatial ? Spatule ? Spataculaire…

« - Et bien je te raconterai, alors. Merci, c’est chouette de me faire essayer des trucs. »

Elle le regarda ouvrir le carton et en sortir une épaisse feuille. En la dépliant il put voir de nombreux visage dessiné autour de celui du pilote en position centrale. Le sien, celui de ses parents, de Prius, de Leïla, de membre de JPS, mème Stella était présente, survolant ce petit groupe.

Préparer ce dessin lui avait pris plusieurs soirées avant d’être satisfaite du résultat. Elle n’y avait pas mis de couleurs mais encré les principaux traits . Il n’y avait plus qu’a espérer que ça lui plairait.

« - T’excuse pas. Je comprend que ca te secoue. Je suis pas sure que j’aurai pu faire la fête comme ca non plus après mes parents. »

Ou d’autres, mais elle n’allait pas commencer à compter ses pertes.

« - Cela dit, vu que nous sommes tranquille, je me laisserait bien aller aux coutumes locales, susurra-t-elle. »

N’étant pas du genre à attendre, elle enjamba le pilote et plaqua ses mains sur ses cuisses nues. La jupe avait finalement des avantages.

Zander rit doucement.

« Tu n'as pas tout à fait tort. J'avoue que j'aimerais bien un peu de normalité de temps en temps. Mais j'imagine que cela devra attendre encore un peu... »

Il ne pensait pas que cela arriverait avant qu'elle prenne sa retraite et qu'ils arrêtent tous les deux de travailler pour une organisation qui se battait contre les Goa'ulds. Mais plus tard, s'ils s'installaient vraiment sur Hébrida, peut-être que cela serait possible...

« C'est avec plaisir que je te fais découvrir de nouvelles choses. Et j'espère bien que tu vas tout me raconter. » fit-il avec un sourire.

Ce qui lui importait, c'était surtout que ça lui plaise, mais il me le saurait que le lendemain. Il se demanda fugitivement si le personnel du spa survivrait à son passage...

Il sortit la feuille de papier du carton et la déroula lentement avant de l'observer puis de rester figé en tombant sur le visage de Leïla. Dire qu'il n'arrivait toujours pas à regarder une photo d'elle sans se mettre à pleurer… En proie à une vive émotion, il ferma les yeux et s'appuya sur le tronc avant d'inspirer et d'expirer lentement pour refouler les larmes qu'il sentait monter. Avait-elle décidé de l'achever ? Décidément, cette soirée le chamboulait bien trop à son goût.

« Merci. C'est très beau. Je le ferai encadrer pour l'accrocher à notre retour. » dit-il en remettant le dessin avec précaution dans le carton, alors que ses mains tremblaient légèrement. Il ne savait pas encore s'il le mettrait dans leur maison ou sur Stella, mais plus probablement sur son vaisseau. Il prit son verre et le termina d'une traite.

Quand elle s'installa sur lui, il se contenta de la serrer contre lui quelques minutes pour se calmer et reprendre contenance, avant de s'abandonner à la magie du moment, qui se termina par un bain de minuit et une danse sur le chemin du retour.

*****

Ils réussirent à rentrer sans recroiser l'épouse de Marek, mais il savait qu'ils ne pourraient pas partir sans lui donner de réponse. Seulement pour cela, il leur faudrait aborder le sujet, même si c'était la dernière chose dont il avait envie.

Une fois dans la chambre, il prit juste le temps de se passer sous l'eau avant d'aller s'écrouler sur le lit. Il n'était pas du tout en mesure de discuter de quoi que ce soit. La soirée avait été bien trop riche en émotions et il était épuisé. Cela devrait attendre le lendemain.

Cette nuit-là, il dormit d'un sommeil de plomb et il ne se leva pas avec les premiers rayons du soleil, mais bien plus tard que d'habitude...

Evidemment, ça n’était pas le meilleur moyen pour lui offrir son cadeau. Déjà ébranlé par le début de soirée, la toile en remit une couche. Comme si elle avait pu prévoir. Mais elle ne pouvait pas non plus remettre au lendemain alors qu’il venait de lui offrir son cadeau. Elle le regarda ranger le dessin les mains tremblantes et il se serra contre elle.
Leur étreinte fut longue et intense et se termina dans la mer pour un bain tardif délicieux. Sur le chemin du retour, la musique venant de la fête la fit sourire. Elle lui prit la main et esquissa en sa compagnie quelques pas de danse sur le sentier. Loin des regards et de la présence des autres invités, elle espérait qu’il se sentirait plus détendu pour se laisser porter par la musique.

Finalement, ils rentrèrent en évitant consciencieusement leur hôtesse et le sujet qui fâche. Une douche plus tard, ils s’effondraient sur le lit et dormirent d’un sommeil de plomb.
Pour une fois, ce fut Nadja qui se réveilla un premier. Elle se glissa silencieusement hors du lit et utilisa leur piscine privative pour réveiller son corps encore endormi. L’eau était encore fraiche et son esprit s’éclairci rapidement lui aussi. Bien évidemment, le sujet enfant revint frapper à sa porte et les images de son fils lui revinrent en tête comme une paire de claque. Cela faisait un moment qu’elle se demandait si elle aurait le courage de porter un nouvel enfant sans parvenir à y répondre. Mais aujourd’hui, l’échéance se rapprochait et elle sentait bien que Zander n’était pas plus à l’aise qu’elle sur le sujet.

« - Pourquoi on peut pas être des gens normaux, bordel ? demanda-t-elle en sortant de l’eau pour aller se doucher »

Une fois confortablement enveloppé dans un peignoir épais, elle commanda le petit déjeuner et se mit à griffonner en mode automatique comme elle le faisait régulièrement. Quelques minutes plus tard, une tasse de café fumant à la main, elle contemplait le visage d’ange d’un nourrisson. Cela faisait combien de temps ? Presque dix ans. A quel point pouvait-elle se fier à son souvenir ?

Légèrement déprimée, elle se refit une tartine de confiture pour compenser. Si elle continuait à se laisser aller ainsi, il allait lui falloir nager toute la journée pour garder la forme.

Zander s'était laissé porter par le rythme des événements le reste de la soirée et lui avait volontiers accordé sa danse sur le sentier du retour. Comme le lui serinait Prius à longueur de temps, parfois simplement accepter ce qu'on lui offrait sur le moment était ce qu'il y avait de plus facile et cela suffisait amplement.

*****

Quand il ouvrit enfin les yeux, il grommela et se roula en boule. Il n'avait pas la moindre envie de se lever. Non, il voulait rester dans le lit sans bouger toute la journée. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas commencé une journée de la sorte. Certes, il y avait des jours plus difficiles que d'autres niveau moral, mais celle-là était loin d'être la pire. Il devait juste se motiver un peu.

Au monastère, Prius avait toléré ça une fois juste après leur arrivée. La suivante, il avait fini par venir le tirer du lit et l'avait mis dehors en lui disant d'aller broyer du noir en se baladant quelques heures plutôt qu'en restant enfermé. La troisième fois, il s'était levé tout seul et était parti s'isoler, mais Prius avait fini par lui mettre la main dessus et lui confier une tâche qu'il pouvait faire tout seul dans un coin pour lui occuper l'esprit, ce qui avait plutôt réussi. Les choses avaient été ensuite plus faciles, ou presque. Ceci dit, il n'était pas certain que Nadja fasse preuve de la même mansuétude ni de la même patience à son égard que le prêtre. Ce qui était une motivation comme une autre pour sortir de son nid douillet. Il ne voulait pas que le séjour se termine en désastre complet.

Il finit par se lever à contrecœur et décida qu'il était hors de question qu'il se morfonde ainsi toute la journée. Il sortit sur la terrasse et se servit un café puis s'assit en silence à la table. Visiblement, Nadja n'avait pas l'air de meilleure humeur que lui. Il laissa son regard se perdre au loin, pas vraiment désireux de discuter.

« Tu vas finir par être en retard au spa, tu sais… » lui fit-il remarquer en posant sa tasse qu'il n'avait même pas touché après avoir regardé l'heure.

« Amuse-toi bien ! » lança-t-il alors qu'elle partait.

Il décida d'aller courir. Le sport était devenu un moyen d'évacuer ce genre de problèmes et de se vider la tête. C'était toujours mieux et plus sain que de chercher à se faire taper dessus. Et surtout, moins douloureux. Il ne serait probablement pas d'une humeur très joyeuse, mais au moins, il serait dans un meilleur état d'esprit. Le sentier principal jusqu'au grand bassin extérieur qu'il adorait avait été dégagé et le plan d'eau nettoyé. Il fit le parcours deux fois puis nagea une bonne demi-heure avant de redescendre une dernière fois en courant. Il se sentit un peu mieux après ça. Il remonta dans la chambre, prit une douche et déjeuna. Puis il décida de profiter du petit coin jacuzzi de la piscine pour se relaxer et d'où il pouvait observer la baie en contrebas avant d'aller s'étendre sur une des chaises longues. C'était calme et agréable...

*Que ça fait du bien...* fit-il avant de se mettre à somnoler.

Perdue dans ses dessins, Nadja avait fini par oublier son rendez vous de ce matin. Elle sursauta quand il le lui rappela et bondit vers ses vêtements.

« - Non mais sérieux, bougonna-t-elle, tu te laisses vraiment aller. La prochaine étape ça sera quoi ? t’oublies tes munitions ? »

Agacée par sa propre langueur, elle se rendit à grande enjambée au centre de SPA situé au sous-sol pour y être accueillie par une jeune et jolie femme à la peau cuivrée. Celle-ci lui remit un peignoir moelleux et des chaussons avant de lui indiquer une cabine pour changer.

Elle fut ensuite conduite vers une piscine à l’eau quasiment brulante ou plusieurs autres clientes cuisaient lentement aux milieux des vaguelettes. L’ex marine, circonspecte, s’immergea lentement dans le bain avant de se laisser lentement aller. Bon ça n’était pas désagréable, il fallait bien le reconnaitre mais ça n’était pas comme ça qu’elle allait dompter ce gout de luxe naissant.

*- Demain j’arrête… *

Elle suivit du regard les autres clientes et en vit plusieurs se diriger vers des cabines un peu plus loin. Apparemment, la piscine n’était que le hors d’œuvre. Curieuse, elle ne tarda pas à sortir de l’eau pour voir quelles aventures lui réservait encore ce lieu étrange.

Deux heures plus tard, elle revint dans la chambre, un grand sourire sur le visage mais littéralement épuisée. Elle s’affala en face de Zander, qui n’avait pas l’air non plus très en forme.

« - Piscine a bulle, bain de vapeur, massage… je sais plus où j’habite ! Mais merci, c’était vraiment… nouveau. Enfin non je devrais pas te remercier en fait. A ce rythme je ne pourrais plus vaincre un chaton malade d’ici deux mois… Vil corrupteur. »

Zander sourit en voyant Nadja rentrée. Elle avait l'air bien plus détendue que d'habitude et ça faisait plaisir à voir. Elle baissait rarement complètement sa garde, même s'il était conscient de la voir plus souvent que d'autres le faire.

« Tu m'en vois ravi. Et je plaide coupable et je n'ai absolument aucun remord. » fit-il, amusé, avant de se redresser.

« Tu sais, tu as le droit de te détendre et de te laisser aller de temps en temps. Ça fait aussi du bien de profiter un peu de la vie et de toutes les bonnes choses qu'elle peut offrir. Mais promis, finis les palaces et les petits soins. La prochaine fois, ce sera camp de survie à la dure perdu au milieu de nulle part. Et compte sur moi pour te traîner hors du lit et aller courir si je vois que tu commences à un peu trop traîner le matin. » fit-il, espiègle.

Il avait remarqué que ces derniers temps, c'était lui qui se levait aux aurores pour aller faire du sport et elle qui restait au lit. Cela ne manquait pas de le faire sourire à chaque fois tout en se demandant comment quelle mouche les avait piquer pour qu'ils en arrivent à une telle inversion des rôles.

« Oh, j'ai commandé le repas du jour pour midi. Je me suis dit qu'on pourrait manger sur la terrasse en tête à tête tout en profitant de la vue et du temps magnifique. »

C'était en partie la vérité. L'autre était qu'il voulait éviter de tomber sur l'épouse de Marek qui travaillait dans le complexe et se retrouver coincé à devoir lui donner une réponse avant qu'ils aient vraiment eu la discussion qui s'imposait sur le sujet. Mais il décida d'attendre un peu avant d'ouvrir les hostilités, conscient qu'il ne pourrait pas reporter sine die les choses. Ils ne pouvaient pas partir sans lui donner une réponse. Ce serait pour le moins impoli.

Le repas se passa tranquillement dans une ambiance un peu moins morose que celle du matin. Une fois qu'ils eurent terminé et qu'ils se furent installés sur le canapé sur la terrasse, il se dit qu'il était grand-temps d'aborder frontalement le sujet qu'ils évitaient soigneusement depuis la veille.

« Je crois que nous devons parler de ce que nous a demandé l'épouse de Marek hier soir, même si j'avoue ne pas avoir envie d'aborder le sujet. Mais on ne peut pas partir sans lui donner de réponse, même si c'est pour lui dire que nous avons besoin de plus de temps pour réfléchir au vu l'importance de sa requête... surtout que ça implique d'en parler d'un autre tout aussi important. » commença-t-il, ne sachant pas trop comment continuer, tant le sujet était sensible.

« Concernant prendre sa fille comme pupille… Même si on accepte, rien ne garantit que nous serons en mesure de tenir notre engagement le moment venu, mais sinon, je ne sais pas trop quoi en penser. C'est une grande responsabilité et je ne peux pas dire que je sois vraiment versé dans l'éducation des enfants. Puis nous ne les connaissons pas et j'avoue que ça me dérange d'accepter quelque chose d'aussi important venant d'inconnus. Et c'est aussi valable pour le fait de leur confier nos éventuels enfants. Je sais que nous aurons amplement le temps d'apprendre à les connaître d'ici-là, mais tout de même... »

Il avait opté pour commencer par la partie qui lui semblait la moins délicate.

« Quand à sa première requête… Rien que de penser à l'idée d'avoir un enfant, ça me fiche une trouille bleue, à vrai dire. Et je vais être franc, mais je n'ai pas vraiment la tête à penser à ça pour le moment. Je sais que c'est égoïste, mais là, tout de suite, j'ai encore besoin de temps pour digérer la mort de Leïla. J'en suis toujours à prendre un jour à la fois. En ce moment, j'ai l'impression que la vie a décidé de me faire avancer à marche forcée pour rattraper ces 10 dernières années, sans me laisser le temps d'apprécier pleinement ce qu'elle met sur mon chemin. Parce que la dernière, elle est dure à avaler, même si c'est pour le mieux à long terme. Alors toute cette discussion sur les enfants, c'est un peu plus que je ne peux encaisser pour l'instant. Avant de penser à sérieusement fonder une famille, j'aimerais pouvoir me poser un peu et profiter de ce que j'ai déjà. J'aimerais que nous puissions avoir une vie aussi normale que possible tous les deux. Je sais que c'est un vœu pieux dans notre cas, mais ce n'est pas grave… » observa-t-il avec un petit sourire.

Il ne se plaignait pas, loin de là. C'était un simple constat. Son mariage était probablement l'une des meilleures choses qui lui soit arrivé et il savait que les enfants étaient la suite logique. Mais il n'était pas prêt et certainement pas dans le bon état d'esprit pour le moment.

« Ne te méprends pas, par contre. Si tu venais m'annoncer demain que tu étais enceinte, je serai ravi. Je ne dis pas que je ne veux pas d'enfants, juste que je préférerais attendre un peu, si c'est possible. Mais un truc est certain, je me mettrais à complètement paniquer. Rien que d'y penser me terrifie et me donne envie de partir en courant. Et cela me fait poser tout un tas de questions. Est-ce que je serai un bon père ? Ou plutôt, est-ce que je me comporterais comme le mien, voir pire ? Tu vois le genre, je pense. Je me doute que tout futur parent se les posent et que tu as dû en avoir de similaires. » termina-t-il doucement.

Il ne savait pas comment elle allait réagir, mais il préférait être franc sur le sujet. C'était bien trop important pour esquiver ou lui cacher ce qu'il pensait vraiment.

Plutôt que de répondre, Nadja lui tira la langue et s’allongea confortablement, les jambes surélevées. Elle savait pertinemment qu’elle appréciait bien trop ce luxe mais ne pouvait pas s’en empêcher. C’était tellement loin de tout ce qu’elle avait connu…

Elle ne put s’empêcher de rire quand il évoqua un séjour en camping. Le pire c’est que ça n’était pas une si mauvaise idée. Elle avait tellement de mal avec la nature, la encore un environnement auquel elle n’était pas préparé. S’y immerger quelques temps lui ferait le plus grand bien.

«- Oh joie. Encore des mets raffinés et délicieux, râla-t-elle, pour al forme. Quand je pèserai cent cinquante kilos, faudra pas venir te plaindre. »

Le repas fut aussi bon et agréable que prévu et elle sirotait son café quand il finit par mettre sur le tapis ce qui leur trottait dans la tête depuis hier soir. Voilà que c’était lui qui prenait le taureau par les cornes maintenant. Mais depuis quand avaient ils inversés tous leurs rôles.

Elle laissa vider son sac, comme à chaque fois qu’ils avaient une discussion importante. Elle le soupçonnait d’avoir tourné et retourné son discours toutes la matinée pour ne pas risquer de la blesser. Et puis ça lui permettait de réfléchir à ce qu’elle allait bien pouvoir répondre. Finalement quand ce fut son tour, Nadja ouvrit la bouche, la referma, l’ouvrit à nouveau et soupira en grognant contre son incapacité à appréhender la situation.

Elle finit par se lever pour faire les cent pas tout en tentant de mettre de l’ordre dans ses pensées chaotiques.

« - Sur que c’est pas un petit truc qu’elle nous demande. Ça nous parait bizarre, mais de ce que j’ai lu, c’est assez normal ici, même si ça reste rare. Elle se dit que nous sommes des gens honorable, capable de seconder son éducation pour sa fille, c’est putain de flatteur en fait. »

Sans doute parce que la veuve de Marek ne l’avait jamais entendu parler quand elle s’énervait.

« - Ca fait un bout que j’y pense, aux enfants. Tu sais ce qui m’est arrivé et j’admets que ça me hante. Je suis pas sure de comment je réagirais quand ca me tombera dessus. Et note bien que je dis quand, et pas si. Même si ça me file une trouille bleue. Pour ma part, je n’ai absolument aucun doute que tu feras un excellent père. C’est moi qui ne me sens pas prête, et je ne sais même pas pourquoi. Les circonstances sont tellement différentes... »

Bien sur, il y avait la guerre mais depuis el temps qu’elle voulait raccrocher. Ça lui ferait un excellent prétexte non ? Alors pourquoi avait l’impression de faire du funambulisme au dessus d’un précipice au milieu d’un ouragan ?

En réponse, Nadja montra le bracelet à son poignet.

« - j’ai bien peur qu’on est implicitement déclaré accepter les coutumes locales, l’an dernier. Et notre retour ici à date anniversaire pourrait passer pour une confirmation. »

Et c’était d’ailleurs quasiment le cas, vu qu’ils avaient même évoqué la possibilité de les recharger.

Elle se serra contre lui quand il la prit dans ses bras. Décidément, tous leurs rôles s’était inversé récemment. Elle se laissa aller quelques secondes contre son épaule et se relaxa un peu.

« - C’est aussi ce que m’avais dit ma mère. Quand je repense à tous ce qu’ils ont traversé alors que j’étais bébé, je pense que ça les a blindé pour à peu prés n’importe quoi. Enfin c’est pas comme si on avait la vie facile tous les jours, malgré tout ça. »

D’un geste, elle désignait la suite princière dans laquelle ils se trouvaient. Elle l’appréciait à ça juste valeur justement pour son coté éphémère. D’ici quelques jours, elle replongerait dans les combats.

« - Je crois… je crois qu’il faudra que je raccroche réellement avant de le faire. Je ne veux pas risquer d’en faire un orphelin. On en a déjà parlé, tu sais que j’y pense pas mal. Laissons nous jusqu’au mariage. Ensuite, je forme un successeur et on part s’installer à Serain, ça te semble un plan raisonnable ? Une fois vraiment installé, je crois qu’on sera un peu plus serein sur ce sujet. »

Zander se contenta de hocher la tête quand elle lui montra les bracelets.

« Tu n'as pas tort. Mais je ne m'en sens pas capable… Imagine qu'on fasse les choses de travers ou qu'on lui apprenne quelque chose qu'on ne devrait pas sans le savoir ? Ou que les choses tournent mal lorsqu'elle est avec nous ? Ou qu'on ne s'entende tout simplement pas avec elle ? » dit-il avant de s'arrêter et de brider ses pensées. Pas la peine de se mettre à imaginer le pire tout de suite.

Il la sentit se détendre un peu, ce qui allait leur permettre de finir la discussion plus sereinement. Il savait de première main que paniquer ne servait à rien, mais c'était souvent la solution la plus facile. Il devait d'ailleurs se faire violence pour ne pas quitter la chambre en courant. Seulement, fuir, son autre option de choix en cas de problème, n'était pas non plus la solution à la situation, bien au contraire. Dans ce genre de discussions, généralement cela faisait tout empirer.

« J'ai entendu des membres du JPS dire la même chose. Et bien d'autres, que j'aurais préféré ignorer jusqu'au moment venu. Et notre vie n'est effectivement pas facile. C'est pour ça que des vacances comme celles-là, ça fait du bien et il faut en profiter. »

Bon là, il n'était pas vraiment responsable de la chambre en question, mais généralement, il ne boudait pas son plaisir à prendre des chambres de la gamme intermédiaire. Puis il fallait ce qu'il fallait pour certaines occasions.

Il sourit à la mention de Serain. Jamais il n'aurait pensé retourner s'installer sur sa planète natale. Mais cela signifierait qu'il leur faudrait se rebâtir une vie et se reconstruire un foyer. Tout un programme ça aussi...

« Oui, tu m'en as déjà parlé plusieurs fois et je crois que ce serait effectivement une bonne raison de raccrocher. Et tu as raison, allons-y une chose à la fois… le mariage, la retraite puis les enfants. Ça me semble un bon plan. Mais je ne crois pas que cela va rendre les choses moins angoissantes le moment venu. »

Ça résolvait au moins une partie du problème, mais cela ne répondait pas à la question à l'origine de la discussion.

« Que va-t-on répondre à l'épouse de Marek ? Est-ce que tu serais d'accord pour que notre enfant soit sa pupille et que nous acceptions la sienne comme telle en retour ? »

Apres un instant de réflexion, Nadja ne put s’empêcher de répondre.

« - On pourrait lui apprendre quoi de mal ? Botter des culs et piloter un vaisseau comme un as ? Ça me semble pas si terrible, vu d’ici. »

Bon évidemment, ça ne semblait pas trop conforme aux normes hédonistes locales mais ils avaient été choisit justement pour ça non ?

Mais la vraie discussion vint après. Se sentaient ils prêt a avoir un enfant bien à eux ? Elle aussi avait entendu beaucoup de chose à ce sujet et d’autres couples, comme les Sincet semblaient parfaitement s’accommoder de la guerre pour élever Adam. Vu ce qu’elle savait de la vie future de leur fils, ça n’était pas si étonnant. Et çà renforçait son avis sur le fait d’attendre la paix ou sa retraite loin de la guerre pour élever le sien.

L’exposition de son plan sembla convenir à Zander et elle lui sourit en retour. C’était la première fois qu’ils évoquaient sérieusement leur futur. Et ce plan était le meilleur qu’elle est eut depuis bien longtemps.

« - Je pense qu’on peut réserver notre décision. Tant que nous n’avons ps d’enfant à nous, je veux dire. Et ça laisse le temps d’échanger un peu, par message ou directement en revenant ici. Nous pourrons nous faire une idée plus précise de cette dame et de sa fille. Qu’en penses tu ? »

Elle jouait la prudence mais n’avait aucune envie d’être vexante envers quelqu’un déjà en deuil.