Créance de sang

Je te recoudrais mieux que lui, tu parles d’un argument…

« - C’est bon, j’ai compris, pas la peine d’en rajouter, lâcha-t-elle avec un soupir qui aurait tiré des larmes à un psychopathe. Pas comme si j’en avais jamais vu de ma vie non plus... »

Nadja garda pour elle ce qu’elle pensait de la situation des parents de son amie. D’un coté, elle voulait l’aider à les sauver, comme elle aurait souhaite pouvoir sauver les siens. De l’autre, elle savait que si tous les membres d’équipages raisonnaient de la même façon, cela poserait un sérieux problème. Et les officiers étaient censé montrer l’exemple dans une telle situation.

Cette histoire de souvenir caché la troublait énormément. Si elle ne pouvait pas faire confiance à sa propre mémoire, pouvait-elle même être sure de qui elle était ?

« - Des techniques pour faire remonter ce genre de souvenir ? Tu es sure que c’est une bonne idée ? Je veux dire : si mon esprit à choisit d’oublier quelque chose, c’est parce qu’il avait une bonne raison tu crois pas ? Imagine que j’ai tué quelqu’un ? Ou que j’ai commis un truc tellement horrible que… »

Elle soupira comprenant ou le médecin voulait en venir.

« - Et la seule façon d’être sure et que ça me bouffe pas la vie, c’est de tenter l’expérience. Ok, je suis longue de la comprenette mais je fini par comprendre. Allez promis j’irai le voir ton bouffeur de cerveau. On verra ce que ça donne. Et si je me rend compte que c’est encore un sale type que j’ai choisit d’oublier, tu me devras un verre. OK ? »

Vendredi 19 avril 2019

« - T’es sûr que tu veux pas aller à la piscine plutôt ? »

Ou n’importe où ailleurs. Mais c’est bien sur l’Achille qu’il se rendait ce matin et plus précisément à l’infirmerie. Après la crise qu’avait fait Nadja cette nuit, il lui fallait consulter le médecin de bord mais ça ne lui faisait pas particulièrement plaisir. A dire vraie, ça lui fichait même une belle trouille, essentiellement parce qu’elle ne voulait pas se retrouver arrêtée.

* Et tu veux prendre ta retraite… t’auras l’air fine tien. *

Après un petit déjeuner morose, ils s’étaient donc retrouvés tous les deux dans le local à téléportation du quartier. L’instant d’hésitation passé, ils se rematérialisèrent à bord du croiseur et prirent la direction de l’infirmerie. Le temps qu’ils y arrivent, trois membres d’équipage les avait arrêtés pour poser des questions ou transmettre un rapport au lieutenant. Nadja prit à chaque fois le temps de répondre ou de parcourir la lecture avant de remercier le porteur.

« - Non je gagne pas du temps, tenta-t-elle d’expliquer. Ils ne comprendraient pas si je ne le faisais pas. »

Elle-même n’y croyait qu’a moitié et ils finirent de toute façon par arriver à destination.

Elle serra discrètement la main de Zander, prit une inspiration et franchit le seuil, le cœur aussi battant que si elle allait affronter une armée de Jaffa a elle seule.

Zander regarda Nadja lorsqu'elle lui posa une question juste avant de sortir de la maison pour rejoindre l'Achilles et lui sourit.

« Oh si, je préférerais aller piscine. Ou ailleurs. Mais cela ne serait que reporter l'inévitable. À un moment ou un autre, il faudra te résoudre à y aller. Alors autant le faire tout de suite et être débarrassés. Après, on pourra aller à la piscine ou même à la plage quelque part sur Terre pour le reste de la journée. Je suis sûr qu'il y a plein d'endroits sympa à visiter et qu'on aura aucun problème avec les autorisations et la paperasse. » répond-il avant de l'embrasser.

Il savait qu'elle n'avait pas envie d'y aller et qu'elle avait peur. Lui non plus ne voulait pas y aller. Mais il le fallait.Il ne voulait pas revivre d'autres nuits comme la précédente et il leur fallait en passer par là pour tenter de savoir ce qui clochait chez sa femme.

« Allez, viens, on y va ». Ça ne sert à rien de retarder l'inévitable. » fit-il en lui prenant la main pour rejoindre le local de téléportation.

Le trajet entre la salle d'arrivée à bord de l'Achilles et de l'infirmerie aurait dû être très court et prendre à peine une minute. Mais les choses ne se déroulèrent pas ainsi. Plusieurs personnes interrompirent Nadja pour lui parler et elle se fit une joie de leur répondre et de lire les documents qu'ils lui présentaient en prenant son temps, les ralentissant d'autant. Quand à lui, il attendait à chaque fois patiemment qu'elle en ait terminé. Son excuse sur le fait d'être obligée de répondre lui valu une coup d'oeil très éloquent sur ce qu'il pensait de ses propos et le fait d'être pris pour un imbécile.

« C'est ça oui... Tu essaies de convaincre qui au juste ? » répondit-il avec un air totalement blasé de celui à qui on ne la faisait pas.

Il lui serra la main en retour avant d'enfouir sa propre angoisse au fond de lui-même pour afficher un sourire rassurant et d'encouragement. C'était pour ça qu'il était là et c'était cela dont Nadja avait besoin pour l'instant, alors il tiendrait son rôle. En réalité, il n'en menait pas large non plus, mais il ne pouvait pas le montrer. C'était important. Comme il ne pouvait pas montrer ce qu'il ressentait à ses clients ou aux patients lorsqu'il travaillait à l'infirmerie. Il se demandait jusqu'à quel point il en serait capable avec Nadja, car leur relation était bien savait pas et ne pourrait que voir au fur et à mesure. Puis il franchit le seuil de l'aile médicale avec elle.

Mei n'avait pas eu beaucoup de temps depuis que le Lorion était revenu. Elle avait dû aider à transférer tous les patients vers l'hôpital, expliquer leur cas et donner ses recommandations aux équipes médicales sur place puis remplir la paperasse adéquate. Pour finir, elle avait dû aller au bloc pour opérer l'un des patients dont l'état s'était brutalement aggravé. Après cela, elle avait réussi à dormir quelques heures.

Son emploi du temps de la matinée, et même de la journée et des prochains jours, était pour le moins chargée. Celui-ci incluait différents débriefings avec les équipes médicales des vaisseaux de la mission, des réunions diverses et variées sans oublier le suivi des patients. Elle devait aussi rester à disposition de tous ceux qui auraient besoin de parler des événements et de conseil sur comment gérer les choses. Autant dire qu'elle ne risquait pas de chômer.

Elle discutait avec Jessie et Rafaella qui avait tenu la boutique pendant leur absence et leur faisait maintenant un rapport des événements importants ainsi qu'un état des lieux. L'infirmerie était pour le moment déserte. Elle vit Nadja entrée en compagnie de son mari, ce qui la fit froncer les sourcils. C'était pour le moins inhabituel. En temps normal, cela aurait pu être annonciateur d'une discussion sur un sujet heureux, mais vu la tête que faisait son amie, il devait y avoir un problème. Toute son attitude criait qu'elle aurait voulu être ailleurs qu'ici, ce qui était plutôt mauvais signe.

Elle s'excusa auprès de ses deux collègues pour s'approcher du couple et les prendre en charge.

« Bonjour tous les deux. Suivez-moi. On va s'installer là-bas pour être tranquilles. » dit-elle avec un sourire avant de les guider vers le lit au fond de l'infirmerie et de tirer le rideau.

« Alors, qu'est-ce qui vous amène ici ? » leur demanda-t-elle.

« - Je me le demande aussi, maugréa Nadja. Mais ce rapport sur la mise à jour du logiciel de tir était passionnant, je t’assure. »

Le genre de rapport auquel elle n’aurait accordé qu’un simple regard en temps normal, soyons honnête.

L’infirmerie était plus que calme et Mei se dirigea vers eux immédiatement. Elle avait dû comprendre qu’ils ne venaient pas pour une visite de courtoisie. Nadja retint un instinct naturel de partir en courant dans l’autre sens et lui fit un sourire qu’elle espérait rassurant. Ils la suivirent vers un box fermé par des rideaux et elle s’installa sur un lit en regardant le sol avec attention.

« - Tu te souviens des cauchemars dont je t’ai parlé ? J’en ai refait un cette nuit. En mode plus violent. Mon repas est passé par-dessus bord avec pas mal de sang en prime et j’ai passé cinq minutes par terre, incapable de faire quoi que ce soit. C’est Zander qui à finit par s’inquiéter et m’a trouvé comme ça. Et avant que tu demandes, non je suis pas allé voir ton psy. »

Pas comme si ce gars était venu avec elles sur Atlantis non plus. Et elle était un peu gêné de rencontrer celui qui était à l’origine de son conditionnement. Depuis son arrivée ici, on lui répétait jusqu’à plus soif que ces choses ne se faisaient pas. Elle n’était pas sure d’être prête a en discuter avec quelqu’un qui allait à ce point impacter des vies futures, à commencer par la sienne.

Mei écouta Nadja. Ce qu'elle entendait ne la rassurait pas du tout. Elle nageait en territoire inconnu pour la plupart des problèmes concernant la santé de de son amie en raison de ses origines et des technologies existant à l'époque d'où elle venait.

Elle interrogea Zander du regard qui lui fit une description un peu plus professionnelle de ce qu'il avait observé. Elle hocha la tête une fois qu'il eut terminé. C'était sans conteste un avantage qu'il ait une formation médicale, car cela lui permettait d'obtenir d'autres types de renseignement plus précis.

Il lui semblait d'ailleurs avoir vu passé un mémo parlant de lui faire effectuer une rotation à bord de l'un des vaisseaux pour qu'il voit comment cela fonctionnait par rapport à la station. Évidemment, à l'heure actuelle, l'Achilles était le seul à réaliser des missions d'exploration, ce qui le rendait le plus intéressant de ce point de vue-là, mais qui risquait de poser certains problèmes.

« À quelle fréquence et depuis combien fais-tu ces cauchemars ? Toutes les nuits ? C'est régulier ? Est-ce qu'il y a quelque chose qui les déclenche ? Est-ce que tu prends des somnifères, ou quoi que ce soit d'autres pour t'aider à dormir, et si oui, est-ce que ça a un effet quelconque ? Est-ce qu'il y a d'autres symptômes que les vomissements et les spasmes ? » demanda-t-elle à Nadja.

Elle la regarda un instant sévèrement pour la dissuader de lui cacher quoi que ce soit avant de lui poser une dernière question.

« Depuis combien de temps éprouves-tu ce genre de malaise physique après tes cauchemars ? »

Pour le psy, elle n'était pas surprise, mais pour une fois l'ex-marine avait des circonstances atténuantes, même si elle ne doutait pas que cette dernière aurait fait tout son possible pour retarder au maximum le moment du rendez-vous.

« Avec la mission, ça ne m'étonne pas et ton cas n'était pas urgent au point de nécessiter un rendez-vous immédiat. Maintenant, ça le devient un peu plus au vu des symptômes que tu montres. Il va falloir que tu ailles le voir, Nadja. Je sais que ça ne te ravit pas plus que de venir ici, mais ça devient inévitable pour qu'on comprenne ce qu'il t'arrive et si tes malaises sont uniquement une réaction physique aux cauchemars. »

Avec son amie, elle ne préférait écarter aucune hypothèse et étudier la chose sous tous les angles, surtout sachant que son esprit avait été manipulé. Qui pouvait dire si tout cela n'était pas un effet secondaire de son conditionnement qui s'opposait à son esprit ?

« Ceci dit, je ne vais pas me limiter à t'envoyer chez le psy. Tu viens de gagner quelques heures en ma compagnie pour une batterie d'examens complets avec scanner du cerveau et tout le reste, le tout dans une magnifique tenue d'hôpital très saillante. Mais pour commencer, examen classique et prise de sang. Tu connais la chanson pour tout ça. M. Hayes ? Vous voulez me donner un coup de main ou vous préférez vous contenter de jouer les soutiens ? À moins que tu ne veuilles pas être traitée par ton mari, évidemment, ce qui est ton droit le plus strict en tant que patiente. »

Pour des examens de base comme celui-là, ce n'était pas gênant qu'il participe et peut-être pas un mal non plus. Au contraire même, cela pourrait rassurer et tranquilliser Nadja. Encore fallait-il que les deux soient d'accord. En revanche, elle ne lui proposerait certainement pas pour une opération pour les mêmes raisons qu'on ne faisait pas servir ensemble un couple, mais il n'était pas certain que lui le veuille de toute façon.

Zander sourit au Dr Teoh qui vient les accueillir et les emmena dans le coin le plus reculé de l'infirmerie. Curieux, il observait les lieux. Il avait rarement l'occasion de venir ici et il n'avait jamais fait attention auparavant à leur disposition ni n'avait pris la peine de comparer avec le JPS. Mais ce n'était pas le moment. Peut-être une autre fois…

Quand Mei le regarda, il comprit qu'elle attendait un peu plus de détails sur ce qui était arrivé, ou peut-être quelque chose de plus médical.

« Cela ressemblait à une crise d'épilepsie, mais sans aucune désorientation ou symptômes post-crise habituels. Cela n'a duré que quelques minutes. Elle était consciente et réactive et agissait tout à fait normalement dès que ça a été terminé. »

Il n'avait pas grand-chose à ajouter et écouta la suite des questions qu'elle posa à Nadja, attentifs à ses réponses. Il ne la laisserait pas raconter n'importe quoi et interviendrait au besoin. Ce qu'annonça la médecin par la suite semblait tout à fait normal et il ne s'était pas trompé quant au psy. C'est probablement le seul endroit où il ne pourrait pas accompagné Nadja.

Quand Mei lui demanda s'il souhaitait l'assister pour les examens, il ne répondit pas tout de suite, se demandant si c'était une bonne idée. Mais il avait déjà soigné Nadja sans que cela pose de problème et il s'agissait de gestes de base qu'il effectuait quotidien. Et ce n'était pas comme si sa vie dépendait de ce qu'il allait faire. Il la regarda avec un air interrogateur.

« Comme le dit le médecin, c'est toi qui décides. Si tu es d'accord, ça ne me dérange pas de le faire. » dit-il avec un sourire.

« Non c’est pas toute les nuits, répondit Nadja en réfléchissant. Mais c’est de plus en plus souvent, c’est vrai. Je n’ai quasiment jamais pris de somnifère, et surement pas ces derniers temps. Tu sais comme moi comment s’est passé le retour d’Atlantis, c’était pas le moment de roupiller. »

Elle vit arriver la dernière question sans pouvoir l’éviter et haussa les épaules, fatalistes.

« - Quelques semaines. Pas beaucoup plus. Et jamais aussi fort que cette nuit. En fait c’est quasiment pas arrivé pendant notre mission. »

Le sujet du psy revint sur le tapis, et Nadja hocha la tête. Ça ne lui plaisait pas mais elle n’avait sans doute plus le choix ni le luxe de tarder.  

« - Crois moi, je préfère venir te voir dix fois plutôt que de me retrouver en face de lui maugréa-t-elle »

Quant Mei la prévint qu’elle allait avoir droit à des examens poussés, elle soupira et regarda Zander avec un petit sourire.

« - Aucun soucis. J’aurai moins peur de l’engueuler s’il me fait mal. »

Elle accompagna ses mots d’un sourire complice et lui serra doucement la main. Pour une fois, elle se laisserait dorlotter sans protester.

Ses bonnes résolutions durèrent jusqu’à ce que Mei lui sortent des électrodes et autre instrument barbares qui lui rappelèrent son cauchemar de la nuit. Immédiatement, une sueur glacée l’envahit et elle dut se faire réellement violence pour ne pas s’enfuir.

Mei hocha la tête concernant Atlantis et écouta la suite avec attention.

« Donc ça veut dire que tu arrives quand même régulièrement à dormir correctement. C'est un bon point. Et ça n'arrive jamais en mission ? Juste quand tu es chez toi ou de repos ? C'est intéressant. Ça ne surviendrait que lorsque que tu te détends et que ton cerveau n'est pas occupé par tes obligations professionnelles. Je me trompe ? »

Elle sourit quand son amie dit qu'elle préférait la voir elle plutôt que le psy.

« Oh tu préfères être charcutée et bardée de capteurs plutôt que de discuter ? Intéressant… Tu sais que tu n'es pas obligée d'aller voir le psy de la station et qu'il y en a d'autres, dont celui à bord. » lui fit-elle remarquer.

Elle secoua la tête aux raisons qui poussèrent Nadja à accepter que son mari soit son infirmier et fit claquer sa langue.

« - On respecte le personnel infirmier. Sans eux, ces lieux ne pourraient pas fonctionner. Alors ne va pas me les contrarier...
- Sinon vous aurez à faire à moi, chef, que cet infirmier soit ou non affecté ici ! » lança joyeusement Jessie qui venait apporter sa tablette à Mei.

Elle la prit et commença à rentrer ses instructions et les informations recueillies à la suite de l'interrogatoire.

« On va commencer par te mettre sous moniteur pour vérifier tes constantes et ton rythme cardiaque, le temps qu'on prépare les autres examens. Ton mari va s'occuper de te préparer en attendant. »

La réaction de Nadja à la vue des électrodes fut étrange, mais elle ne dit rien et les donna à Zander tandis que Jessie lui tendait une blouse et le kit de prise de sang.

Elle se recula, entraînant Jessie avec elle, et laissa faire le pilote qu'elle observa travailler. C'était exactement pour ça qu'elle lui avait demandé de rester. Elle avait bien sentie de Nadja était à cran, plus que d'habitude. Et elle avait beau être son amie, son mari la connaissait bien mieux qu'elle et saurait certainement mieux la rassurer.

Elle avait été un témoin privilégié de l'épanouissement de cette étrange relation qui avait fini par aboutir à quelque chose de solide, même si tous les deux en avaient vu des vertes et des pas mûres en un peu plus d'un an. Et dire qu'ils devaient se marier, dans les règles de l'art cette fois, dans quelques mois...

« Je peux vous laisser sans surveillance tous les deux pendant que tu te changes ? Vous vous tiendrez bien ? Ou il faut que je le fasse sortir aussi ? » fit-elle en désignant Zander.

Une fois la réponse obtenue, elle fit un signe à Jessie qui la suivit hors de la "chambre" pour les laisser tous les deux quelques minutes.

Zander resta coi pendant Nadja répondait aux questions de Mei. Il ne pouvait rien ajouter de toute façon. Il savait cependant que Nadja ne prenait rien pour dormir. Lui aussi ne put s'empêcher de sourire à sa réponse sur le psy.

Il sourit de plus belle quand elle accepta qu'il joue les infirmiers. Certes, il lui arrivait de lui soigner quelques plaies et bosses, mais c'était plus souvent elle qui était son infirmière que l'inverse, la dernière fois remontant à un mois. Un comble...

« Enguirlander les infirmiers… C'est curieux, mais ce sont souvent les patients désagréables et bougent beaucoup qui se plaignent d'avoir mal. Sache que mes patients ne se sont jamais plaints, au contraire. » répondit-il en souriant et en lui serrant la main en retour.

Il prit la blouse et le kit de prise de sang que venait d'amener le chef-infirmier et récupéra aussi les électrodes que lui tendaient Mei. Il n'avait pas manqué la soudaine crispation de Nadja à la vue du matériel et s'approcha d'elle après l'avoir déposé sur une desserte. Elle semblait prête à mettre les voiles.

« Hé, relaxe, tout va bien. Tu ne crains rien ici, alors respire et détends-toi. Et parle-moi surtout... » lui dit-il doucement en posant une main sur son épaule. Il lui tendit la blouse.

« Commence donc par te changer et ensuite, je te ferai la prise de sang ensuite. On fera les électrodes en dernier, d'accord ? »
lui proposa-t-il.

Il se retourna vers Mei et hocha la tête en direction quand elle annonça qu'ils allaient les laisser seuls quelques instants.

« Promis, on sera sages ! Je vous appelle quand elle est prête. » répondit-il avant que cette dernière sorte en compagnie du chef-infirmier.

Une fois Nadja changée, il prit le kit de prélèvement et enfila une paire de gants.

« Ça te va à ravir. Allez, assieds-toi et donne-moi ton bras. Tu vas voir, je fais ça sans faire mal... »

Deux minutes plus tard, il avait terminé et étiquetés tous les tubes demandés. Il y en avait beaucoup et pour toutes sortes d'analyses, comme l'indiquait le code couleur. Il se demandait pourquoi, mais ne posa pas de questions.

« Et maintenant, les électrodes... Tu peux t'allonger, si tu veux. » fit-il en souriant pour la rassurer.

« - Quand vous en aurez marre de vous fiche de ma binette tous les deux, s’amusa Nadja. »

Mine de rien, ça faisait du bien de se sentir entouré et pris en charge ainsi. C’était bel et bien pour ça qu’elle préférait aller voir l’infirmerie de bord qu’un psy qu’elle ne connaissait que par sa future réputation.

Mei les laissa seul et elle regarda Zander préparer de quoi la vider de la moitié de son sang.

« - Je sais que tout va bien, soupira-t-elle. Mais je suis plus stressé qu’avant un débarquement en première ligne. »

Elle se changea sans un mot et revint s’installer sur le lit. Avant qu’il ne commence à la vampiriser, elle l’attira conter elle et l’embrassa longuement. Non, ça n’était pas pro mais elle, elle n’avait pas promis d’être sage après tout. Satisfaite, elle se laissa ensuite faire et du reconnaitre qu’il s’y prenait effectivement plutôt bien.

La pose d’électrode fut plus compliquée. Elle ferma les yeux en serrant les dents, se répétant sans cesse que tout allait bien, que ça n’était que des examens. Pourtant l’image de la chambre d’hôpital s’était figée dans son esprit et ne voulait pas s’en déloger. Elle sentait toujours les machines fouiller son corps ravagé tout en la maintenant en vie… ou tout cas en l’empêchant de mourir complètement. Ou un état entre les deux, elle n’en savait rien.

Quand Zander en eut terminé, elle soupira longuement et relâcha le montant du lit qu’elle avait serré inconsciemment et sur lequel était à présent imprimé l’image de ses doigts.

Zander regarda Nadja.

« Dans un débarquement, tu as un ennemi identifié et tu sais comment agir et réagir. Un examen médical, c'est l'inconnu et tu peux en repartir avec de très mauvaises nouvelles. Alors je dirai que c'est normal que cela te stresse. Mais ça ne devrait être autant. Puis regarde, tu as le plus beau et le plus charmant des infirmiers pour s'occuper de toi et te rassurer. »

Le baiser le prit un peu de court. Il était censé se comporter professionnellement et ce n'était pas tout à fait le cas. Cependant, il n'allait pas dire non et la repousser. Et puis il n'était théoriquement pas là en tant qu'infirmier... Quand elle finit par le relâcher, il sourit doucement.

« Ça va mieux ? » lui demanda-t-il avant de se mettre au travail.

Quand il vit sa réaction aux électrodes, il se demanda pourquoi elle réagissait aussi violemment, mais ne l'interrogea pas. Il se contenta de faire au plus vite pour les poser, tâchant de la rassurer en lui parlant de pilotage.

« Je suis content d'être celui qui te posait les électrodes, car je ne crois pas que ma main aurait survécu au rôle de soutien moral, fit-il finalement en lui montrant la barre du lit. Tu veux bien m'expliquer ? »

Il lui passa le brassard pour la tension et alluma le moniteur dont les bips et les chiffres confirmaient qu'elle était angoissée, et pas qu'un peu.

« Ouh là. Quand tu disais que tu étais stressée, tu ne plaisantais pas. On va attendre deux minutes que tout ça se calme un peu... Je vais finir par te donner des cours de relaxation et t'emmener avec moi quand je vais faire mes cours de zenitude avec Ethan. Il pourra t'apprendre les enchaînements que je t'ai montrés. » fit-il en s'asseyant à côté d'elle et en lui prenant la main.

Il savait qu'ils ne feraient rien tant qu'elle ne se serait pas un peu plus calme, alors il attendit un peu. Puis il alla donner les échantillons de sang à Jessie et signaler qu'elle était prête pour la suite.

Le reste des examens se déroula sans problème. Il eut droit au magnifique gilet de plomb de rigueur pour les radio et se contenta de rester à côté de Nadja pendant que les techniciens opéraient la machine. De même pour l'échographie qui révéla un premier problème qui allait entraîner un examen supplémentaire. Ils se préparaient désormais pour le scan, seul examen où il ne pourrait pas rester à ses côtés.

« - Ca va ? Tu as pas les genoux qui gonflent ? »

Le baiser ne lui déplut visiblement pas, tout professionnel qu’il soit.

« - Mieux, s’amusa-t-elle ? Non pas vraiment, tu veux pas recommencer ?

Un peu navrée d’avoir endommagé le lit elle ne répondit rien mais soupira quand il lui confirma qu’elle était stressée. Pas besoin d’un écran pour ça, elle leur disait depuis un heure, bordel !

Les examen en eux même ne furent pas aussi désagréable que ceux à quoi elle s’attendait. Mei et Zander redoublaient de gentillesse et de douceur pour que tout ce passe au mieux. Il lui faudrait trouver un moyen de les remercier plus tard. Quand le médecin en vint à l’échographie, elle eut soudain très peur mais au final ce n’était « qu’une » hémorragie interne ».

« - Ah ben me voila rassurée, j’ai cru que t’allais nous annoncer autre chose, plaisanta-t-elle. J’ai jamais vraiment supporté la nourriture terrestre. Je suppose qu’il fallait que j’en paye le prix un jour, pas vrai ? »

C’était plutôt rassurant en fait. Voilà un problème sur lequel elle pouvait agir. Adieux les bon petit plat et bonjour les chips aux protéines… Quelle joie.

Soulagée, Nadja sourit à Zander quand il lui injecta le fameux produit et s’installa sur le lit qui coulissa doucement vers le ventre de la machine. Elle prit une profonde inspiration et ferma les yeux au moment ou elle franchissait le seuil.

En les rouvrant, elle voit les techniciens qui s’afferrent autour de la cuve. Elle ne peux pas bouger. Seuls ses yeux peuvent remuer. Elle n’est jamais venu ici mais la salle est bien trop moderne pour n’importe quel vaisseau de la flotte. Elle ne peut être que sur Aurora. Comment est-elle arrivée la ? Finalement son regard accroche un moniteur ou son corps est représenté.

Silencieusement elle hurle !

Des machines sont en train de recomposer des organes tout autour de son bassin réduit en miette. Seule sa colonne vertébrale semble encore à peu prés intacte. Un homme la regarde, elle le connaît mais n’arrive pas à le nommer. Il appuis sur un bouton et l’inconscience bienheureuse vient remplacer la panique. Mais pourquoi ne la laissent-ils pas mourir ?

« - LAISSEZ MOI CREVER, BORDEL !!! »

Le hurlement de rage est accompagné de coups de plus en plus violent dans le fragile scanner qui se fend dans une gerbe d’étincelle.

« Si je recommence, ce sont pas mes genoux qui vont enfler. Mais ce sera certainement la meilleure méthode de relaxation qui soit. » lui murmura-t-il à l'oreille.

*****

Zander préféra ne pas demander à Nadja ce qu'elle voulait dire avec sa réflexion au résultat de l'échographie. Il ne voulait pas le savoir.

« Il va probablement que tu fasses attention à ce que tu manges et bois. On verra ce que le docteur dit tout à l'heure. » lui dit-il en la guidant vers le scanner.

Voilà quelque chose qu'il ne faisait pas tous les jours. Son travail consistait principalement à accueillir et surveiller les patients et à leur administrer les traitements, rarement à les suivre pour leurs examens. Il injecta le produit et suivit Mei jusque dans la salle d'où travaillait le technicien. En théorie, il n'aurait pas dû se trouver là, mais la chirurgienne n'avait rien dit pour lui interdire l'accès ou lui demander d'attendre dehors. Peut-être pour qu'il puisse parler à Nadja en cas de souci ?

Le début de l'examen se déroula normalement, mais quelque chose n'allait pas. Il la voyait qui commençait à s'agiter.

« Nadja ? Tu m'entends ? Est-ce que tout va bien là-dedans ? » lui demanda-t-il.

Mais il n'obtient aucune réponse et l'ex-marine devint soudain particulièrement violente et se mit à hurler et à frapper la machine de plus en plus fort. Il était dehors avant même que la médecin ordonne l'arrêt de la procédure. Il finit de tirer le plateau, cherchant à accrocher le regard de son épouse tout en prenant garde à ne pas la saisir brutalement avant qu'elle ne l'ait vu.

« Nadja ? Parle-moi s'il te plaît ! » lui dit-il, une pointe d'angoisse dans la voix.

Mei sourit à Nadja et remarqua que Zander préféra ne pas relever l'allusion. Elle ne s'en priva pas pour sa part.

« Non, aucune heureuse surprise à vous annoncer, mais j'aurais préféré, crois-moi. Pour en revenir à ton problème, je ne pense pas que la nourriture terrestre en soit la seule cause, même si cela peut effectivement être un facteur. Le stress engendré par tes nouvelles fonctions et ta montée de grade ne doivent pas y être étranger non plus, à en juger par quand ces crises se produisent et ont commencé. Donc oui, il va falloir que tu fasses un peu attention à ce que tu manges, mais aussi que tu apprennes à gérer ton stress. » expliqua-t-elle avant de se lever et de prendre la direction du scanner avec le petit groupe.

Nadja n'émit aucune objection ou question concernant la procédure qui put débuter. L'acquisition des images se faisaient normalement et ils commençaient à voir apparaître le cerveau de Nadja. Mais celle-ci se mit à s'agiter.

« Zander ? Vous voulez bien lui parler et la calmer ? On a bientôt fini. » fit-elle.

Mais visiblement, cela ne suffit pas à calmer son amie, qui ne réagit d'ailleurs pas à l'appel de son mari. Ce fut même le contraire et elle se mit à frapper la machine.

« Sortez-la de là tout de suite ! » fit-elle au technicien alors que Nadja hurlait.

Elle n'eut pas besoin de dire quoi que ce soit à Zander qui était déjà parti rejoindre son épouse en faisant fi des règles de sécurité. Elle secoua la tête. Elle ne pouvait pas lui en vouloir de réagir ainsi à sa détresse. Encore une fois, elle pensait que ce n'était pas une mauvaise chose qu'il soit là pour intervenir, bien au contraire.

« Jessie, 5 milligrammes de midazolam, un brancard et des contentions souples, au cas où. » ordonna-t-elle.

La dose pouvait paraître énorme, mais Nadja avait une haute résistance aux drogues terriennes. Trouver les médicaments et dosages efficaces se révélaient un véritable défi, et un cauchemar, pour les médecins. L'infirmier lui tendit une seringue quelques secondes plus tard et sortit dans le couloir chercher le reste tandis qu'elle rejoignait le couple dans la salle.

Les mains devant les yeux, ses cheveux devant le visage, le corps de Nadja allait et venait doucement sur le lit.

« - Laissez moi crevez. S’il vous plaît, Laissez moi... »

Il fallut l’injection de calmant pour qu’elle reprenne conscience de son univers extérieur. Ça n’était plus Aurora mais l’Achilles qu’elle connaissait par cœur. A commencer par cette infirmerie. Elle vit Zander et le prit dans ses bras, un rien brutalement, et enfouit son visage contre son épaule. Elle ne pleurait pas mais tremblait comme une feuille. Les images de sa vision continuaient à danser devant ses yeux.

Mais c’était ridicule n’est ce pas ? Elle n’avait jamais été blessée ainsi. Elle en aurait gardé des souvenirs, des cicatrices…

Elle sentit une autre présence à ses coté et vit Mei et son assistant. Celui ci avait même ramené des sangles pour la restreindre. Avait-elle frappé quelqu’un ?

« - C’est bon, croassa-t-elle... ca va aller. Juste un cauchemar. Encore un. T’aurais quelques chose à boire ? J’ai un goût ignoble au fond de la gorge. »

Un goût de charogne et de mort. De son propre cadavre qu’elle avait vu étendu la bas.

Elle finit par lâcher son mari et s’étendit à nouveau. Son odorat lui amena une nouvelle senteur désagréable de brûlé et de plastique fondu.

« - Oups, j’ai encore fait une boulette hein ? »

Voyant que Zander n'avait aucune succès auprès de Nadja, elle injecta le produit à cette dernière et attendit. Elle soupira intérieurement en voyant que cela fonctionnait et qu'elle n'aurait pas à passer à quelque chose de plus fort ou à augmenter la dose de manière inconsidérée.

Son amie revint parmi eux et sa première réaction fut de prendre son mari dans ses bras. Elle n'intervint pas, voyant qu'elle était très secouée. Elle ne savait pas ce qu'il s'était passée, mais cela l'inquiétait. Ce n'était pas bon du tout. Jessie revint avec les sangles, mais Mei l'arrêta. L'ex-marine semblait désormais calmée.

« Ton mari a raison. On est bien au-delà du simple cauchemar. Cela ressemblait plus à une hallucination, peut-être un souvenir enfoui qui cherche à remonter, et plutôt violemment. Il va falloir tirer ça au clair et rapidement. » renchérit-elle.

Elle soupira de manière audible à propos du scanner avant de lui donner le verre d'eau que Jessie était allé chercher.

« Une boulette... C'est un euphémisme. Tu n'imagines pas la paperasse que je vais devoir remplir pour expliquer ce qui s'est passé et demander sa réparation ou son remplacement. Et comment je vais bien pouvoir expliquer ce qui est arrivé… » dit-elle en secouant la tête.

Mais il n'y avait aucun reproche dans sa voix. Elle était juste résignée. Cependant, avec les coupes budgétaires et autres, elle allait probablement devoir se battre un peu pour qu'on répare l'appareil.

« Bon, on te ramène à ta place et tu vas rester là un peu, le temps que le sédatif ne fasse plus effet. Je vais te remettre sous moniteur pendant ce temps. Et j'appelle le psy pour qu'il passe te voir. Je souhaite que tu parles aujourd'hui de ce qu'il vient de se passer et de tes cauchemars avant de quitter les lieux. Ce qui vient d'arriver est grave et inquiétant, Nadja. Il faut qu'on sache ce que c'est et ce qui déclenche tout ça. » lui annonça-t-elle.

Jessie revint à ce moment-là avec les résultats de la prise de sang qui n'étaient pas franchement reluisant. Encore une fois, son système immunitaire se cassait la figure et elle ne savait pas pourquoi ni pouvait trouver un semblant d'explication logique. Son taux d'adrénaline était aussi au plafond, mais vu son stress en arrivant, cela n'avait rien de surprenant. Elle referait malgré tout une prise de sang avant sa sortie pour vérifier que tout était bien rentrer dans l'ordre.

Elle fit signe à son chef-infirmier de la suivre pour laisser le couple en paix pour l'instant. À partir de maintenant, Zander allait redevenir un simple accompagnant. Il avait visiblement été ébranlé, ce qui était parfaitement compréhensible. Elle se dirigea vers son bureau afin de faire une demande pour qu'un psy vienne rapidement.

« Des hallus... Manquait plus que ça… »

Nadja se sentait vraiment désolée pour cette scène et d’avoir détruit du matériel médical. Tout ça pour un cauchemar de rien du tout…
Quand Mei parla de la remettre sous moniteur, son esprit son cabra immédiatement.

« - Non, pas question ! Je veux bien attendre un peu que ton produit cesse de faire effet mais s’il te plait, plus d’examen aujourd’hui. J’en peux juste plus. Je vais aller causer au psy, si tu veux, mais là c’est pas de repos dont j’ai besoin mais de casser des trucs. Gros de préférence."

Le ton était intransigeant et elle se doutait que Mei n’apprécierait pas mais tant pis.

« - Je sais que tu veux aller au fond des choses et que tu te fais du souci pour moi. Mais quand je ferme les yeux, je vois des médecins et tout leur appareillage en train de me rafistoler. J’ai besoin de penser à autre chose. »

Même cette ignoble chemise d’hôpital lui sortait par les yeux. Elle récupéra ses vêtements et commença à se rhabiller sans se soucier des protestations ou des bon conseils des uns et des autres.

Un homme qu’elle ne connaissait que par ses photos (sur lesquelles il était bien plus vieux) se présenta alors et se présenta alors comme étant le docteur de Bressignac. Impossible de se défiler maintenant, surtout qu’elle avait promis de le rencontrer.

« - Je vous suis, dit-elle en essayant de sourire. »

Si au moins elle sortait de cette infirmerie, ca serait un grand pas.

Mei ne s'attendait pas du tout à cette réaction de la part de Nadja et sa réplique ne se fit pas attendre.

« LIEUTENANT COOK ! Vous ne sortirez pas de cette infirmerie avant que je vous en aurai donné l'autorisation. Si je dois faire appel à la sécurité et vous attacher sur un lit, je n'hésiterai pas une seule seconde. Me suis-je bien faite comprendre ? » fit Mei sur le ton de l'officier supérieure qu'elle était et qui s'adressait à un subordonné.

Elle n'avait aucun problème à suivre les ordres de Nadja sur le terrain, mais l'infirmerie était son domaine. Elle ne la laisserait pas faire la loi de cette manière, même si elle comprenait ce qui motivait la réaction de son amie. Et si son amie pensait pouvoir gagner cette bataille, elle se trompait lourdement. Ce n'était pas la première fois qu'elle avait à gérer des patients caractériels et peu coopératifs,

« Est-ce que vous allez coopérer ou vais-je devoir employer les grands moyens ? Je peux laisser tomber la surveillance par moniteur et vous laisser vous rhabiller, mais vous ne sortirez pas d'ici avant que les effets du midazolam ne soient dissipés et que je vous juge en état de sortir. » ajouta-t-elle sur le même ton que Nadja.

Des compromis, elle pouvait en faire. Mais elle ne pouvait pas se permettre de céder et la laisser partir avant qu'elle l'y autorise. Sinon, cela minerait son autorité non seulement en tant que médecin, mais aussi en tant qu'officier. Par ailleurs, elle ne pensait pas avoir à la garder plus d'une demi-heure en raison de la vitesse à laquelle son organisme éliminait les drogues locales et elle pouvait se contenter de vérifier ses constantes de manière rapide et classique avant son départ.

Elle nota la présence de son confrère psychiatre de la station. Au moins, cela n'avait pas traîné, mais elle ne s'attendait pas à ce qu'il se déplace en personne. Elle s'attendait plutôt à voir l'un des autres psychiatres de l'équipe venir.

« Par ailleurs, je dois m'entretenir avec le Dr Bressignac AVANT que vous le voyiez. Est-ce que vous voulez bien retourner sur votre lit ? » fit-elle sèchement.