Laboratoire en Biologie et Medecine

Laureen avait répondu par la négative lorsque Fellner lui avait demandé si elle connaissait le docteur Zander. Peut-être qu'il avait déjà quitté l'université pour poursuivre ses recherches ailleurs ou alors il était encore parti à la retraite. Quoi qu'il en soit, elle n'avait pas eu la chance de faire sa connaissance. Mais s'il n'était pas dans la pièce avec eux c'est peut-être qu'il n'était pas si important que ça après tout...

Elle mit de côté le rangement du matériel lorsque son supérieur commença à exposer la nature de ses recherches dans les grandes lignes. La jeune femme fronça de temps à autre les sourcils lorsque son interlocuteur souleva des points qui remettaient certaines croyances scientifiques considérées comme établies. Une vague de curiosité la submergea au fur et à mesure que l'homme parlait et elle acquiesça avec entrain lorsque ce dernier releva qu'il s'agissait d'une nouvelle porte ouverte vers la connaissance de l'humain et de tout être vivant. Elle avait vraiment hâte d'en apprendre plus sur cette fameuse matière noire mais elle ne voulait pas non plus brusquer Fellner. Et puis le chercheur était tellement enthousiaste à en parler qu'une autre question aurait soulevée un nouveau flot de phrases enjouées.

*Des gênes primitifs d'il y a 350 millions d'années? Ça correspond à la création estimée de la vie sur terre, c'est tout simplement extraordinaire.* releva-t-elle néanmoins en se promettant de creuser la question le moment venu. *Pour l'heure...*

Ce qui avait le plus intéressé la jeune médecin dans les propos de Fellner n'étaient pas ses recherches en elle-même - même s'il était certain qu'elles étaient captivantes - mais bien un mot qu'il avait prononcé et qui avait retenu toute son attention:

"Vous avez parlé d'un... hybride extraterrestre tout à l'heure?" fit-elle à demi-voix, encore surprise par la révélation. "Et il est vivant? Je veux dire.. Il est ici, sur cette base?"

Exit l'envie de découvrir le JPS ou d'en apprendre plus sur les recherches de Fellner. Tout lui semblait tellement ridicule à côté de l'évocation d'une forme de vie extraterrestre. Laureen se força à respirer calmement pour apaiser son rythme cardiaque qui s'était emballé. N'importe quel chercheur aurait.. Non! N'importe qui aurait tué pour être à sa place en ce moment et apprendre que l'humanité n'était pas seule dans l'univers. La jeune femme l'impression de vivre dans un rêve...

Puis la suspicion reprit le dessus et elle fronça les sourcils en reportant son attention sur Fellner. Est-ce qu'il se moquait d'elle? C'était peut-être une sorte de rituel de passage, une plaisanterie qu'il aimait faire aux nouveaux affectés sous ses ordres.

"Je... peux le voir?" osa-t-elle demander sans réel optimisme.

Elle était obligée de poser la question, elle ne pouvait décemment pas fermer les yeux sur ce que Fellner venait de lui dire. Laureen aurait donné tout ce qu'elle possédait et bien plus encore pour avoir la chance de poser le regard sur un véritable extraterrestre. Et elle espérait de tout cœur qu'il se trouvait bien dans la station spatiale et que personne n'avait eu l'idée de le relâcher pour quelque raison éthique...

La jeune femme se rappela soudain que son supérieur lui avait également posé une question et qu'elle l'avait complètement mise de côté à cause de la mention d'un extraterrestre. Elle se sentit un brin honteuse de s'être laissée autant emporter par l'excitation alors qu'elle était d'habitude si mesurée.

"Mais je réponds à votre question pas d'autres questions, ce n'est pas très courtois.." fit-elle avec un léger sourire d'excuse. "J'ai mené des recherches sur le Pandoravirus essentiellement pendant mon doctorat. J'ai séquencé son génome pour être plus précise ce qui m'a ouvert de nombreuses portes. J'ai ensuite commencé à travailler sur la modification chimique des virus pour tenter d'en créer un capable d'anéantir ses congénères mais sans grand résultats je dois bien l'avouer. J'aurais du poursuivre à Atlanta d'ailleurs mais c'est à ce moment que le SDT est venu me recruter..."

Le projet était ambitieux, peut-être un peu trop sans doute. Mais cette nouvelle affectation offrait de nouvelles perspectives et tout semblait possible à présent. Après tout, Fellner ne venait-il pas de parler d'un extraterrestre quelques instants plus tôt? Et ce n'était peut-être que la partie visible de l'iceberg...

- "Avec vos connaissance sur cette fameuse matière noire biologique ce projet se concrétisera peut-être un jour, allez savoir. À ce propos, quel sera mon travail ici? Je suppose que j'ai été recrutée pour quelque chose en particulier, non?"

Laureen avait l'impression que chacune de ses questions obtenaient des réponses qui soulevaient davantage d'interrogations encore. Elle se sentait comme une gamine qui découvre le monde et ne peut s'empêcher de poser des dizaines de questions pour satisfaire sa curiosité. C'était excitant mais également un peu effrayant. Peut-être même un peu plus effrayant qu'excitant à vrai dire...

La jeune femme prit appui sur l'un des plans de travail lorsque Fellner lui appris qu'il n'y avait pas qu'un seul extraterrestre sur la base mais trois. Certains mots de son supérieur, comme "Wraith" ou "Goa'uld", restaient mystérieux mais elle pouvait néanmoins saisir dans les grandes lignes ce qu'il lui expliquait. Malheureusement ça ne titillait que davantage sa curiosité et plus la discussion avançait et plus elle avait envie d'en apprendre plus à ce sujet. D'autant plus que ça ne semblait pas exclus de pouvoir faire des recherches plus approfondies sur eux. Restait à obtenir l'autorisation des sujets et celle de cette fameuse cheffe de station mais ça prenait l'allure de détails comparé à l'énormité de la présence d'extraterrestres au sein du SDT.

"Avec plaisir!" confirma-t-elle lorsque Fellner lui annonça qu'il avait des résultats d'analyses sur cette fameuse porteuse de Goa'uld. "Et encore, le mot est faible..."

Elle lui décocha un léger sourire et détourna le regard pour se concentrer sur l'installation de son matériel personnel. Elle brancha rapidement son ordinateur à l'une des prises et l'activa. Pendant ce temps son interlocuteur donnait son avis sur les recherches de la jeune femme et releva que l'idée de combattre des virus avec un virus était intéressante. En temps normal Laureen se souciait peu de l'avis des autres mais lorsque le compliment venait d'un généticien mondialement reconnu c'était plutôt difficile de ne pas y prêter attention. Elle ne sut pas vraiment quoi répondre aussi se contenta d'elle d'un léger signe de remerciement de la tête.

Fellner lui expliqua ensuite qu'il ne savait pas si elle avait été recrutée dans un but précis et qu'elle aurait tout intérêt à s'adresser à la responsable de la station. Le tout en ajoutant ensuite qu'il serait ravi de travailler avec elle le cas échéant. Laureen releva les yeux de son écran pour dévisager une nouvelle fois l'homme. Il ne semblait pas plaisanter, il envisageait sérieusement une collaboration professionnelle avec elle. Il fallait être réaliste: Fellner était plus douée et plus réputée qu'elle. Il avait plus d'expérience médicale, que ce soit à cause de son âge et son intégration antérieure à la sienne au programme SDT. Plus qu'une opportunité, c'était une véritable chance professionnelle qu'il venait de lui offrir.

"Ce serait un véritable honneur de travailler à vos côtés docteur Fellner." fit-elle d'une voix hésitante.

Complimenter les gens n'avait jamais été l'un des points forts de la jeune femme, tout comme travailler en équipe d'ailleurs. Mais vu les circonstances elle ne pouvait pas faire la fine bouche. D'autant plus que toute collaboration était nécessaire s'il fallait étudier des exobiologies dont on ne savait pratiquement rien. Ce programme SDT remettait en perspective bien des choses, que ce soit sur le plan professionnel ou personnel. Laureen avait toujours été avare en paroles et voila qu'elle était embarquée dans une discussion passionnée avec Fellner. C'était sûrement l'excitation procurée par la nouveauté qui la poussait à se montrer aussi ouverte au dialogue même si elle se doutait bien que ça n'allait certainement pas durer...

Quoi qu'il en soit, la jeune femme trouvait Fellner plutôt sympathique et attirant. Peut-être parce qu'ils partageaient la même passion de la médecine et un ordre de priorité plus ou moins semblable. Mais il restait encore un point important à évaluer, un point qui déterminerait plus que les autres les limites que pourraient prendre cette collaboration.

- "J'ai une question qui va peut-être vous sembler un peu déplacée, mais... pourquoi est-ce qu'on a besoin d'autorisations pour faire des recherches sur ces extraterrestres?" fit-elle en se mordillant légèrement la lèvre à cause de la nervosité. "Ces recherches pourraient permettre des avancées fulgurantes dans bien des domaines scientifiques, j'imagine. Alors est-ce qu'un incident diplomatique ou même une petite entorse à l'éthique ne sont pas justifiables? Après tous, les avantages compenseraient largement les inconvénients, non? Et puis nous parlons de trois individus, pas de peuples d'extraterrestres tout entier..."

Cette question pouvait peut-être sembler un peu banale en apparence mais c'était plus ou moins une hérésie médicale puisqu'elle sous-entendait que l'accord des trois extraterrestres visés n'était pas indispensable. Ce n'était pas très moral mais Laureen s'en fichait un peu à vrai dire. Et puis les Droits de l'Homme ne s'appliquaient pas aux aliens, si?

Elle regretta presque immédiatement d'avoir posé la question, mettant son manque de tact sur le dos de l'excitation provoquée par l'arrivée au SDT. La virologue enchaîna donc presque immédiatement avec une autre série de question dans l'espoir qu'elles distrairaient un peu Fellner de la première.

- "Qu'est-ce que vous pouvez me dire sur la responsable de la station? C'est une militaire ou une civile? Et puis est-ce qu'elle est consciente des impératifs de la recherche où plutôt du genre à agir comme... ben une militaire?"

Elle avait beau chercher, elle ne voyait pas de meilleurs mots pour résumer l'état d'esprit de la plupart des imbéciles en treillis...

Laureen fut doublement satisfaite par les réponses de Fellner sur l'éthique envers ces extraterrestres et ce qu'il pensait de la responsable de la station. Elle avait toutes les raisons de se montrer optimiste pour la suite des événements, ne serait-ce que parce que la morale semblait également secondaire aux yeux de son interlocuteur et qu'il y privilégiait les avancées technologiques. Et puis si cette Fallen était aussi bonne cheffe que ce qu'il avançait, il y avait de réelles chances de pouvoir travailler dans d'excellentes conditions. La jeune femme s'amusa ensuite de la tension qui se sentait dans la voix de son supérieur lorsqu'il fit référence au furet.

*Remarque si tu avais été à sa place tu serais certainement aussi rancunière que lui envers cette bestiole...* se dit-elle en imaginant avec dégoût l'un de ces animaux saccager ses recherches. *J'espère qu'ils s'en sont débarrassés d'ailleurs!*

La virologue décocha un regard furtif vers Fellner et s’aperçut qu'il était en train de ranger méticuleusement ses affaires. Elle l'imita donc, pas mécontente d'avoir enfin un instant pour assimiler complétement les informations qu'il venait de partager avec elle et pour réfléchir aux perspectives qu'elles ouvraient. Ce faisant, elle balaya le pad tactile de son ordinateur et fit disparaître le logo du SDT qui tournait sur un fond noir. Elle avait complètement oublié qu'elle avait allumé l'appareil tant la discussion avec le docteur était prenante...

Elle rentra rapidement les identifiants qu'on lui demandait après les avoir trouvé au dos de sa carte et posa le pouce sur le détecteur d'empreintes digitales. Décidément, le SDT semblait à la pointe dans tous les domaines et spécialement celui de la sécurité. En tant que membre du corps médical elle avait accès aux informations nécessaires pour exercer son boulot mais dès qu'elle poussa un peu ses recherches dans la base de donnée un message d'avertissement vint freiner ses ardeurs. Elle avait besoin de l'autorisation d'un superviseur pour accéder aux dossiers vraiment intéressants, ce qui était logique en soi. Les données devaient être compartimentées pour éviter au maximum les fuites...

- "Docteur Fellner? J'essaie d'accéder aux informations sur ces fameux Wraith mais j'ai besoin de votre autorisation pour y parvenir. Est-ce que vous pouvez me l'accorder?"

Laureen n'avait pas relevé les yeux de son écran pour poser la question. Elle ne savait même pas par où commencer tant les informations étaient nombreuses. Elle se rendit alors compte qu'avant de pouvoir se montrer réellement utile pour Fellner elle allait devoir déjà se mettre à jour et à rattraper son retard, béant, avant de songer à quoi que ce soit d'autres. Elle imaginait déjà sans peine les nombreuses soirées qu'elle allait devoir consacrer à ces cours de rattrapage. Mais comment s'en offusquer alors qu'elle avait accès à un véritable trésor, même si l'on prenait seulement en compte les informations accessibles sans autorisation préalable?

Elle se passa une main dans la nuque après avoir écarté une mèche rebelle de son visage et se rappela qu'on lui avait injecté quelque chose dans le cou avant d'être téléportée sur le JPS. Avec tous ces événements elle l'avait pratiquement oubliée. Mais l'idée d'avoir un corps étranger en elle sans savoir de quoi il s'agissait était de nature à l'inquiéter. Elle aurait pu poser la question mais elle eut peur de déranger Fellner. Si elle le pressait avec trop de questions, il en viendrait peut-être à la trouver ennuyante, voir dérangeante. Et il pourrait très bien remettre l'idée d'une collaboration en cause...

*C'est sûrement une sorte de localisateur ou quelque chose dans le genre.* se dit-elle en haussant les épaules. *Je me pencherai sur la question plus tard.*

À la place elle attendit qu'une éventuelle autorisation d'accès aux données sur les extraterrestres s'affiche sur son écran tout en continuant de déballer le matériel. En y réfléchissant c'était étrange que Fellner se colle au déménagement alors qu'il était le superviseur du département médical. Elle ne doutait pas qu'il devait être pressé de poursuivre ses recherches mais c'était tout de même étrange que personne ne soit venu l'aider avant elle.

"Dites ça fait presque une heure que je suis arrivée au labo et la seule personne que j'ai rencontrée c'est vous! Où est le reste de l'équipe? Il y a une équipe, au moins?" demanda-t-elle avec un mélange d'espoir et d'appréhension.

Il devait forcément y avoir une équipe, c'était obligé! Mais dans ce cas, où était-elle? Laureen espérait qu'elle n'allait pas devoir travailler avec des tirs au flancs, ce qui semblait toutefois peu probable vu que ce programme était sensé regrouper l'élite. Tout en imaginant le pire sur les autres médecins du JPS, la jeune femme remarqua un appareil étrange vers le centre de la pièce. Elle n'y avait pas immédiatement fait attention à cause de son empressement.

Sa conception était différente de ce qu'elle avait pu voir dans des laboratoires, que ce soit au niveau de la structure ou de la texture. Elle s'en approcha et l'effleura du bout des doigts, sa curiosité piquée au vif:

"À quoi sert cet appareil?" demanda-t-elle finalement, craignant de faire une fausse manipulation et de l'abîmer. "Je croyais tout connaître sur le matériel d'analyse mais celui-ci semble complètement différent. Vous me montrez comment il fonctionne?"

Laureen restait consciente du fait que Fellner avait d'autres chats à fouetter pour le moment, mais plus elle en apprenait maintenant et plus vite elle pourrait le laisser en paix. Quitte à déranger son supérieur, autant le faire le plus rapidement possible pour pouvoir ensuite se concentrer sur l'essentiel...

Dernière édition par Laureen Stanford le Lun 23 Juin 2014 - 13:11, édité 1 fois

Cela faisait maintenant quelques heures que Laureen avait reçu l'accréditation nécessaire pour consulter les données sur les Wraiths et elle avait mis ce temps à profusion pour en apprendre le plus possible à leur sujet. Elle faisait de temps à autre des pauses dans sa lecture pour mesurer la portée de telle ou telle information puis reprenait son étude assidue du dossier. Elle venait de vider sa troisième tasse de café et se levait pour aller s'en servir une quatrième quand elle se rendit compte qu'elle n'avait pas dormi depuis presque deux jours. Elle avait passé la nuit passée à voyager pour rejoindre le centre d'entraînement du SDT et la fatigue commençait à se faire sentir. Elle retint un bâillement et attendit patiemment que sa tasse se remplisse une nouvelle fois avant de revenir à la place qu'elle s'était auto-attribuée dans le laboratoire. Le tout sans quitter des yeux - ou presque - sa tablette.

*Ces trucs sont des vraies saloperies!* songea-t-elle en découvrant ce qu'ils pouvaient faire avec leurs mains. *Et on a un hybride de cette espèce à bord? J'espère que les huiles savent ce qu'elles font...*

D'un autre côté la présence de l'une de ces choses à bord était une aubaine d'un point de vue médical. Laureen avait hâte de travailler sur ce spécimen même si elle se demandait s'il n'allait pas essayer de lui voler son énergie vitale en retour. A supposer, encore, qu'elle ait l'occasion de l'étudier. Il faudrait qu'elle en parle à cette fameuse Fallen lorsqu'elle la croiserait. Mais Fellner avait également montré un intérêt acéré pour les Wraiths, comme elle avait pu le constater lorsqu'il s'était accaparé l'écran de la jeune femme.

*Il a carrément oublié ma présence, ouais!* s'amusa-t-elle avec toutefois une pointe d'irritation.

En parlant d'irritation, Laureen ne savait toujours pas si Fellner avait montré un réel sentiment d'agacement en soupirant lorsqu'elle avait posé l'une de ses questions ou si c'était réellement du au temps que prenait le calibrage de son microscope. Quoi qu'il en soit, elle avait estimé plus prudent de réfréner sa curiosité pour le moment et de prendre un peu ses distances avec son supérieur. Comme le disait le fameux dicton, il ne fallait pas abuser des bonnes choses...

La virologue avait également été soulagée d'apprendre que le laboratoire n'était pas très peuplé et que la plupart des médecins se trouvaient à l'infirmerie. Elle était consciente qu'elle n'échapperait pas aux contrôles médicales et à des tâches plus... basiques de la médecine mais elle serait ainsi plus à l'aise lorsqu'elle travaillerait au labo. Elle tenait à son espace vital!

Elle s'étira sur sa chaise et tenta sans grand succès de réprimer un second bâillement, luttant de son mieux contre le sommeil. Finalement elle se résolut à rester debout pour ne pas laisser la torpeur la gagner, ce qui se révéla efficace. Laureen se se mit ensuite à jouer machinalement avec une mèche de cheveux tandis qu'elle poursuivait sa lecture. Les informations sur les wraiths se révélant être trop fractionnaires pour en tirer quoi que ce soit dans l'immédiat, la jeune femme passa en revue le compte rendu sur ce qui avait été appelé la "maladie de Chulak". Curieuse d'en apprendre plus par elle-même sur le sujet, elle s'approcha de Fellner.

"Est-ce que nous avons isolé la souche de cette maladie de Chulak?" demanda-t-elle sur un ton égal. "J'aimerais beaucoup y jeter un œil, ne serait-ce que pour voir de mes yeux la composition génomique d'un virus extraterrestre..."

S'il affectait les humains, il y avait fort à parier qu'il y avait de nombreuses ressemblances avec les virus "terriens". Mais elle ne pouvait pas passer à coté de ça d'autant plus qu'elle avait besoin de trouver un os à ronger. Elle n'avait pas encore vu la responsable et ne savait donc toujours pas précisément ce qu'on attendait d'elle. Et Fellner lui avait parlé de la possibilité de collaborer pour la recherche sans pour autant donner plus d'informations. Elle avait besoin d'un peu de pratique, le théorique commençant à devenir lentement ennuyant. Bref, il fallait qu'elle fasse quelque chose de constructif...

"Et puis, ce sera l'occasion de m'exercer à utiliser ce modélisateur Avgard... Asgard, pardon!"

Elle aurait sûrement besoin de temps pour s'habituer à la foule de nouveaux termes qui avaient enrichis son vocabulaire tout au long de la journée...

Laureen fit de son mieux pour suivre les manipulations qu'effectuait Fellner sur le modélisateur Asgard. Elle s'était approchée de l'homme aussi près que la décence le lui permettait pour saisir toutes les subtilités de l'appareil et, surtout, les caractéristiques du virus de Chulak. La jeune femme ne savait pas qui étaient précisément ces Asgards mais ils savaient construire du matériel d'analyse, elle devait bien leur laisser ça.

Elle dévora des yeux la représentation 3D qui se concentra tout d'abord sur le virion et les différentes composantes de sa capside avant de s'intéresser au génome à proprement parler. Les virus pouvaient contenir jusqu'à 1200 gènes, du moins pour ce que l'on savait d'eux. A ce niveau le virus en question était plutôt basique, ce qui était une bonne chose puisque ça avait permis de contenir l'épidémie assez rapidement. S'il avait été plus évolué, ça aurait pu signifier une propagation accélérée, plus agressive et, au bout du compte, la fin de l'espèce humaine. Après toutes ces années Laureen était toujours aussi admirative de ces organisme.

*Et dire qu'une si petite entité biologique peut mettre à terre le plus robuste des hommes ou des animaux. C'est tout simplement remarquable...*

Elle approuva ensuite distraitement lorsque Fellner lui indiqua que le virus était neurodégénératif. Quelque chose lui disait qu'il affectait le système nerveux central et non le périphérique, sans quoi il n'aurait pas pu agir aussi efficacement sur ses hôtes.

"Pour moi c'est une merveilleuse découverte..." lâcha-t-elle à mi-voix lorsque son supérieur lui fit remarquer que l'exploration de l'univers pouvait réserver de mauvaises surprises.

Bon, elle se doutait bien que les gens qui avaient eu la malchance de se faire infecter n'étaient pas du même avis qu'elle mais peu importe. Ils n'arrivaient pas à saisir toute la subtile beauté d'un virus affectant des cellules saines ni à comprendre que son étude nécessitait bien quelques sacrifices. Si quelques militaires devaient donner leurs vies pour permettre une avancée quelconque dans le domaine médical, ce n'était qu'un détail après tout...

Laureen leva son regard bleuté vers Fellner lorsqu'il lui demanda son avis sur le virus et ce qu'il lui inspirait. C'était une bonne question à vrai dire...

- "Je dirais que la première chose que ce virus m'inspire est le respect, voir même de l'admiration. Mère nature est décidément pleine de ressources et dès qu'on entrouvre la porte de l'un de ses mystères, nous nous retrouvons face à davantage de questions encore..." fit-elle avec un enthousiasme mesuré.

Mais elle se doutait bien que ce n'était pas le genre de réponse que Fellner attendait. Il voulait un avis médical, pas son ressenti personnel par rapport à cet organisme ou sur les merveilles de la biologie. Elle désigna la panneau de contrôle du modélisateur Asgard:

- "Vous permettez? J'ai besoin d'en apprendre un peu plus avant de vous donner mon opinion!" fit-elle sur un ton entendu.

Une simple observation ne suffisait pas à saisir toute la subtilité d'un virus, même si la taille de ce dernier était ridiculement petite. Elle se glissa devant les commandes de l'appareil Asgard et commença avec une certaine maladresse à faire défiler les différentes informations du virus jusqu'à une vue complète de son génome. Ceci fait, elle zooma sur certaines parties afin de se concentrer sur différents gênes. Elle fit ainsi pendant une dizaine de minutes avant de modéliser une nouvelle fois le Virion. Elle se passa alors les doigts sur le menton d'un air absent tout en lâchant de temps à autres quelques mots admiratifs sur la structure du virus.

Elle ne se rendit pas vraiment compte du temps qui s'écoulait puisqu'elle se noya rapidement dans ses pensées ou ses observations, oubliant même la présence de Fellner à ses côtés. La jeune femme fit pivoter plusieurs fois les représentations graphiques d'un mouvement de la main afin de pouvoir l'observer sous tous les angles. Elle termina par une dernière lecture des données écrites avant de reporter son attention sur son supérieur. Elle lui décocha un léger sourire avant de porter sa tasse de café à ses lèvres, découvrant avec dégoût que ce dernier était froid depuis bien longtemps.

- "C'est... intéressant!" fit-elle en préambule à sa conclusion. Elle ne savait pas vraiment par où commencer tant le sujet était vaste. "Son génome est plutôt basique, c'est vrai, mais on dirait qu'il est construit de manière à augmenter l'efficacité du virus. C'est sans doute pour ça que ses effets se sont exprimés rapidement. Quelque chose d'autre m'étonne aussi, c'est qu'il semble particulièrement efficace lorsqu'il s'agit d'infecter l'humain. Ou un proche humain, peut-être. Regardez!"

Elle fit défiler les données avec une certaine difficulté jusqu'à parvenir aux informations qu'elles cherchaient. On voyait ainsi la partie du virus qui était destinée à "agripper" les autres cellules pour les infecter. Elle zooma deux fois et désigna un endroit de la représentation.

"L'enveloppe virale de ce petit génie est particulièrement adapté à l'infection des cellules neuronales humaines. Je ne crois pas trop m'avancer en disant que ce virus a fait de l'humain son hôte de prédilection. Voir carrément le seul... Il serait incapable d'infecter un de ces Wraiths par exemple ou, en tout cas, il le ferait avec moins d'efficacité. Par contre il me semble d'origine naturelle, je n'ai pas trouvé de traces de manipulation génique ou d'éléments qui indiqueraient que cette beauté est née en laboratoire..."

Laureen se contentait de donner son avis même si elle pouvait surtout faire des suppositions à l'heure actuelle. Il faudrait effectuer des tests plus poussés pour obtenir confirmation de ce qu'elle avançait mais elle se doutait que Fellner les avait déjà faits. Il ne semblait pas du genre à laisser les choses inachevées et puis il avait cette passion évidente pour la recherche. Non, il n'aurait pas pu mettre de côté l'analyse de ce virus à moins qu'il ait travaillé sur quelque chose de bien plus important à l'époque. Si c'était le cas, la jeune femme était curieuse de savoir de quoi il s'agissait.

"Je regrette de ne pas avoir été là au moment où tout ceci s'est passé!" lâcha-t-elle laconiquement. "J'aurais bien voulu voir de mes propres yeux l'effet qu'il a eu sur les personnes infectées..."

Encore une fois, elle se doutait bien que sa remarque pouvait être mal reçue. Les gens qui avaient eu à souffrir de cette maladie auraient sûrement trouvé son intérêt déplacé mais elle s'en fichait pas mal à vrai dire...

"Et vous, qu'est-ce que vous en pensez? Vous avez étudié plus longuement ce virus que moi après tout et puis vous êtes celui qui a trouvé l'antidote. Vous êtes bien mieux placé que moi pour en parler..."

Une pointe de jalousie se manifesta lorsqu'elle songea que Fellner avait eu la chance de pouvoir travailler sur ce genre de virus alors qu'elle était sur terre. Combien de temps avait-elle perdu sur de vaines recherches alors que le SDT avait en sa possessions de tels trésors. Laureen allait enchainer sur une question plus précise concernant le virion mais des coups répétés sur la porte d'entrée du labo attirèrent son attention. Elle décocha un regard à Fellner avant de hausser les épaules pour aller ouvrir tandis que l'irritation la gagnait. Pourquoi fallait-il qu'on les dérange alors qu'ils traitaient d'un sujet si important?

La porte opaque coulissa sur une jeune femme au teint hâlé avec de magnifiques yeux verts et des cheveux d'un noir de jais. Elle resta un instant silencieuse en se demandant si la nouvelle venue était également du personnel médical même si elle avait certains doutes à ce sujet.

"Oui, c'est pour quoi?" fit-elle d'une voix neutre.

Tout en posant la question, l'humaine s'était positionnée de manière à bloquer l'accès au laboratoire. Laureen n'était pas très encline à laisser entrer une inconnue sur son lieu de travail sans savoir à qui elle avait à faire.

"Si vous êtes venue pour une consultation médicale vous vous êtes trompée d'endroit, j'en ai bien peur. C'est l'infirmerie que vous cherchiez sans doute?"

Il n'y avait plus qu'à espérer qu'il ne s'agisse pas de l'une de ses collègues sans quoi les rapports de travail risquaient de ne pas commencer sous les meilleurs auspices. La virologue jeta un regard furtif à Fellner pour voir s'il souhaitait prendre le relais et s'occuper de la nouvelle venue...

Laureen avait eu de la peine à caché son irritation lorsque la nouvelle venue avait commencé à lui expliquer qu'elle était venue dans le but d'en apprendre plus sur le travail dans le labo. Elle avait brièvement levé les yeux au ciel - mais pas assez vite pour que cela puisse échapper à son interlocutrice sans doute - avant de se forcer à la patience en écoutant le reste de la tirade. Elle réfléchissait déjà au meilleur moyen de lui faire comprendre que le laboratoire n'était pas un lieu d'amusement ou une sorte de place publique où l'on pouvait se rendre dès que la curiosité se manifestait. Pour un peu elle aurait été capable de simplement refermer la porte coulissante sur l'intrus afin de ne pas perdre du temps en vaine parole. Et puis elle était pressée de retourner à son observation de ce virus importé de Chulak...

Mais l'inconnue prononça alors le mot magique, celui que la virologue avait le plus envie d'entendre en ce moment. Elle écarquilla les yeux de surprise lorsque sa vis-à-vis indiqua qu'elle était une extraterrestre - ou plutôt que les humains avaient tendance à la qualifier ainsi - et failli laisser tomber sa tablette au sol.

*Dites-moi que je rêve!*

L'envie de la laisser immédiatement rentrer et vaquer à sa guise dans le labo effleura l'esprit de la jeune femme, ne serait-ce que parce qu'elle aurait ainsi pu l'observer. Mais sa rationalité reprit bien vite le dessus: est-ce qu'elle était digne de confiance? Probablement puisque les responsables du SDT avaient accepté sa présence à bord. Pour autant Laureen n'était pas du genre à se fier à l'avis des autres, spécialement lorsque cela pouvait compromettre l'intégrité de son lieu de travail. Après tout, cette nouvelle arrivée pouvait très bien être un agent double ou quelque chose dans le genre. Comment lui faire confiance?

*D'un autre côté c'est une occasion rêvée d'en apprendre plus sur elle...*

Est-ce que la perspective de pouvoir faire quelques analyses contrebalançait le danger que cette extraterrestre pouvait représenter au sein de ce labo? Laureen connaissait la réponse avant même de se la poser...

Elle jeta rapidement un regard à Fellner en se demandant si ce dernier lui laissait carte blanche pour gérer la visiteuse ou s'il l'évaluait discrètement de loin pour voir comment elle se débrouillait dans ce genre de situations? D'un autre côté elle ne pouvait pas laisser passer cette opportunité.

"Écoutez... En tant normal je vous aurais déjà refusé l'accès mais vu les conditions je crois que nous pouvons trouver un arrangement!" fit-elle d'une voix radoucie. "Je vous laisse rentrer à condition que vous ne touchiez à rien et que vous ne dérangiez pas le docteur Fellner. Et en échange vous m'accordez un peu de votre temps pour quelques examens, d'accord? Ho, rien de très méchant je vous rassure tout de suite. Juste deux prises de sang, un prélèvement de cellules épidermiques et un cheveux ou deux. Vous voyez, rien de très pénible!"

Fellner n'allait sans doute pas apprécier mais d'un autre côté l'occasion était trop belle d'obtenir des échantillons sur lesquels travailler. Pendant que la jolie extraterrestre réfléchissait, Laureen en profita pour l'étudier plus attentivement du regard. A première vue elle ne semblait pas différente des humains mais il devait forcément y avoir quelques nuances si elle venait bien d'une autre planète. La jeune docteur trépignait déjà d'impatience à l'idée de pouvoir analyser les échantillons qu'elle obtiendrait. A supposer, encore, que la principale intéressée accepte l'offre.

"En fait je suis le docteur Stanford!" se présenta-t-elle brièvement. "Et vous, vous êtes?"

Les conventions sociales voulaient qu'on tende la main lorsque l'on se présentait mais avec ce qu'elle avait appris sur les Wraiths, Laureen n'avait pas réellement envie de se conformer à ce genre de bêtises. Peut-être que celle-ci aussi pouvait absorber l'énergie vitale des personnes qu'elle touchait. Ou alors elle avait peut-être le don de les plier à sa volonté ou d'autres joyeusetés du genre. Si l'envie de pouvoir obtenir des échantillons la poussait à se montrer cordiale - ou a essayer du moins - il y avait quand même certaines limites.

"Je vous demande juste un instant, d'accord?" fit-elle avant de refermer la porte coulissante sur la visiteuse.

Elle se hâta de rejoindre le docteur Fellner avec un sourire jusqu'aux oreilles. L'extraterrestre n'était pas la seule que Laureen devait convaincre, il y avait également Fellner. Et peut-être qu'il serait moins enclin qu'elle à laisser une intrus se balader dans le labo, principalement parce que les aliens n'étaient certainement plus une nouveauté pour lui.

- "Docteur? Je crois que nous devrions la laisser entrer, du moins quelques instants! Je m'assurerai personnellement qu'elle ne touche à rien et que sa présence soit aussi discrète que possible. En contrepartie on aura des échantillons tout neufs sur lesquels travailler." demanda-t-elle sur un ton presque implorant. "J'ai besoin de me mettre quelque chose sous la dent, de pouvoir étudier cette extraterrestre."

Elle était pratiquement certaine que Fellner comprenait ce qu'elle ressentait à cet instant puisqu'il avait aussi du passer par ce stade d'excitation que procurait la rencontre avec des extraterrestres. Laureen espérait simplement qu'il s'en souviendrait et qu'il accepte de lui faire confiance sur ce coup-là. Il ne la connaissait pas assez - voir pas du tout - mais ils avaient un nombre impressionnant de points communs et la jeune femme comptait là-dessus pour obtenir son accord...

En attendant la réponse de son supérieur, la virologue retourna à la porte et la fit coulisser une nouvelle fois pour se retrouver à nouveau nez à nez avec l'extraterrestre.

"Est-ce que vous avez pris votre décision?" demanda-t-elle de manière parfaitement audible, de façon à s'adresser autant à Fellner qu'à la jeune femme au teint hâlé.

Alors qu'elle ne pensait pas que c'était possible, Laureen se dit avec enthousiasme que la journée s'améliorait de minutes en minutes..