Aeryn n'avait plus besoin de se hisser le long du filin car celui-ci la tractait de lui même. Tant mieux car elle avait à peine la force de ne pas lâcher prise. En avançant, elle discernait une silhouette qui se tenait proche du bord du vaisseau. Petit à petit, elle parvint à reconnaître Thomas. Elle fut soulagée de le voir debout et de constater qu'aucun danger immédiat ne l'attendait sur la plate-forme d'envol. Sentir la gravité reprendre ses droits fut une délivrance. De courte durée. A peine passé le bouclier, elle s'écrasa lamentablement sur le sol de la station et fit une glissade digne d'âtre reportée dans le livre des records. Le choc l'avait fait lâcher prise et elle avait fermé les yeux. Tout bouger beaucoup trop vite et, associé à son état, c'était trop demander à son corps. Elle lutta contre le malaise et la nausée et finit sa course dans un objet aussi dur que du béton. Le crash expulsa le peu d'oxygène qui restait et son casque n'était plus du tout approvisionné, mais elle n'arrivait pas à bouger le moindre muscle.
Les yeux toujours fermés, elle sentit des mouvements autour d'elle et son casque lui fut retirer, laissant l'air frais parvenir jusqu'à elle. Elle inspira de longue goulée d'air et attendit que sa tête cesse de tourner avant d'ouvrir enfin les yeux.
Thomas, inquiet la bombardait de questions, auxquelles elle ne put répondre que par des grognements et gémissements hasardeux. Elle n'avait toujours pas bougé et redoutait de le faire, mais elle n'eut pas le choix. La situation devait être grave car l'archéologue la fit sortir de son scaphandre sans attendre, déclenchant des décharges électriques dans tout son corps. Elle ne savait même pas qu'il était possible d'avoir si mal dans autant d'endroit à la fois. Mais le pire était l'écho constant et crescendo qui résonnait dans sa tête. Il fallait tout de même rassurer le jeune homme.
"J'ai l'impression qu'un convoi de tracteur m'a roulé dessus, que Métalica et AC-DC se livrent un duel dans mon crâne et que je pèse au moins trois cent kilos mais sinon ça va nickel et toi ?"
Elle n'avait aucune blessure grave, il lui fallait juste un peu de repos et de bons anti-douleurs. Sa vie n'était pas en jeu. Enfin, c'est ce qu'elle croyait avant qu'il ne lui fasse un topo de la situation.
Elle s'était assise pendant son monologue et avait tenté de se concentrer pour apprécier la situation dans son ensemble.
Trois intrus, une vieille femme et ses deux gorilles s'étaient invités à bord. leurs intentions n'étaient visiblement pas d'organiser une fête surprise. Aeryn tiqua sur un mot.
"Tu as dit Akarski ? Comme le projet Akarski ? Elle est avec le RESO ?"
Encore les russes ! Il faut croire que le froid rend teigneux. Si le RESO envoie une vieille femme après les militaires armés et les aliens cela ne pouvait signifier qu'une chose. Elle était plus dangereuse qu'elle n'en avait l'air. Et puis elle semblait connaître le programme sur le bout des doigts.
Pour ne rien arranger, l'informatique et la radio ne marchaient pas. La scientifique ôta son oreillette d'un geste plus lent qu'elle ne l'avait imaginé. L'apesanteur avait des effets dévastateurs.
"Je ne sais même pas pourquoi je m'évertue à porter ça !"
Elle rangea l'oreillette dans la poche de son jean et tenta de se lever. L'opération fut plus ardue que prévue et elle dut lourdement s'appuyer sur Sincet.
"Il va falloir que tu m'aides. Allons voir ce système informatique !"
Avec le soutient de Thomas, elle atteingnit la salle des machine et s'installa devant un ordinateur. Avant de commencer, elle s'adressa à son compagnon.
"Si tu me trouves des anti-douleurs, tu gagneras ma reconnaissance éternelle ! Et un zat pourrait être utile aussi, sait-on jamais."
Aeryn ne savait pas ce qui se trouvait à ce niveau, elle n'avait jamais eu l'occasion d'y descendre mais espérait qu'il trouverait, à défaut des armes, au moins les cachets pour calmer la douleur de ses muscles et de sa tête. Après qu'il se fut éloigné, elle fit de nouveau face à l'écran.
"A nous deux !"
Tout d'abord, elle tenta de lancer la machine. Si il y avait un virus dans la station, il devait bien venir de quelque part. La première chose à faire était de déterminer ce qu'elle pouvait encore faire sur la machine et ce qui était bloqué par le virus.