- Honneur aux dames.
- Je suis si bête que ça Ryan ?
Le regard de la jeune femme ne suggérait aucune réponse.
- Dès l'instant où nous aurons dérouler le meurtre sous vos yeux, il ne vous restera qu'à répéter comme des perroquets. Hors de question.
- Il faut pourtant que quelqu'un commence. Souligna Esposito, tentant tant bien que mal de soutenir son collègue.
- J'ai une idée !
Castle s'empara d'un bloc de post-it sur le bureau du capitaine. Il avait déjà son butin dans les mains lorsqu'il croisa le regard noir de la propriétaire qui croisa les bras et se cala dans son fauteuil tout en fixant l'écrivain. Celui-ci se figea et déglutit bruyamment.
- Mais faîtes comme chez vous, je vous en prie !
Il eut une seconde d'hésitation, ne sachant comment prendre la remarque du capitaine et décida d'être optimiste.
- On écrit le nom du coupable, l'arme et la scène de crime. Ensuite on donne les post-it au capitaine et on expose nos théories. On ne pourra pas utiliser les idées de l'autre équipe puisque le capitaine, tellement attentive et vive d'esprit, le remarquera tout de suite.
- N'en faîtes pas trop monsieur Castle !
L'écrivain fit de son mieux pour ignorer la remarque de Gates et tendit un post-it aux gars qui avaient bien du mal à se retenir de rire. Lorsqu'il se tourna vers Beckett, il remarqua qu'elle était dans le même état. Il s'approcha un peu plus d'elle et marmonna, tout en écrivant leurs conclusions.
- Merci pour le soutien, ...
- C'est un plaisir. Répondit-elle sur le même ton.
Dans le même temps, une oreille attentive aurait pu entendre le détective Ryan grommeler.
- Je voulais juste être galant, ...
Les papiers furent remis à Gates qui invita Ryan et Esposito à démarrer. C'est l'hispanique qui prit la parole en premier.
- C'est un coup de la cuisinière !
- Mais c'était un accident !
- Oui et non, ...
- Décidez-vous inspecteurs ! C'est un accident ou ça n'en est pas un ! Intervint Gates.
- En fait, continua l'irlandais, elle a bien chercher à tuer, mais elle s'est trompée de personne.
- On va gagner, c'est sûr ! Leur histoire n'a ni queue ni tête !
Apparemment Castle avait dû dire ça plus fort que prévu car tous les yeux se tournèrent vers lui. Irrité Esposito poursuivi.
- Sachez, monsieur-je-sais-raconter-des-histoires, que la cuisinière était une enfant-star ! Elle avait fait des pubs quand elle était môme mais n'avait pas réussi à percer.
- Alors, quand elle a appris que la starlette avait eu des débuts peu avouables qui l'avaient mener à la gloire, elle n'a pas beaucoup apprécié.
- Elle a donc décidé de se venger !
- Et je suppose qu'elle l'a fait à coups de rouleaux à pâtisserie ? Se moqua Castle.
- Qu'est-ce que vous pouvez être stéréotypé, Castle !
À la dernière remarque de Ryan, Esposito de tourna brusquement vers lui, sourcils relevés en une expression de surprise. L'irlandais se racla la gorge avant de détourner le regard. Beckett avait de plus en plus de mal à rester neutre face à l'échange animé qui se déroulait dans ce bureau. Castle, ne comprenant pas vraiment l'attitude de Ryan, haussa simplement les épaules en attendant le suite. Quant à Gates elle contemplait la scène en se disant qu'un peu d'animation ne pouvait pas lui faire de mal. Elle commençait même à s'en vouloir de ne pas filmer ce moment.
- Poursuivez !
- Comme je m'apprêtais à dire, avant l'interruption intempestive d'un certain auteur dont je tairai le nom, continua Esposito en fixant Castle, la cuisinière s'est servit d'un poignard, ou d'un couteau de cuisine, pour tuer la victime, alors qu'il entrait dans son bureau.
- Mais elle pensait que c'était la starlette et lorsqu'elle s'est aperçue de son erreur, il était déjà trop tard !
- Pourquoi aurait-elle pensé que la jeune idole irait dans le bureau de notre victime ?
C'était la première fois que Beckett prenait la parole depuis que les gars avaient commencer leur plaidoyer. Elle semblait vraiment perplexe.
- Parce que c'était dans ses habitudes. Elle s'y isolait régulièrement pour passer des coups de fils en l'absence du propriétaire. Répondit Ryan.
- Alors cette fois-ci, poussée par la jalousie, elle l'attendait, tapie dans l'ombre. Poursuivit son équipier.
- Et pourquoi déplacer le corps ? Questionna Gates.
- Très peu de gens avaient accès au bureau du milliardaire. C'était sa salle privée. Seule la starlette avait l'autorisation d'entrer. Et la cuisinière avait la clé pour toutes les fois où elle devait lui apporter son repas là-bas et débarrasser ensuite.
- C'est donc Madame Leblanc, avec le poignard, dans le bureau ! Mademoiselle Rose peut se sentir chanceuse d'avoir échapper au courroux de la jalousie !
A la fin de sa réplique, c'est un Ryan fier de lui qui se tourna vers ses adversaires l'air de dire "Essayez de faire mieux que ça !"
- Théorie intéressante, messieurs. Voyons maintenant celle de Beckett et son ombre.
- Honneur aux dames.
- Merci Castle.
Alors que Beckett s'apprêtait à commencer, elle fut coupée par le marmonnement de Ryan, s'adressant à Esposito.
- Pourquoi il ne se fait pas rembarrer, lui ?
Il se rendit compte qu'il avait parlé plus fort que prévu lorsqu'il vit quatre paires d'yeux se tourner vers lui, accompagnées d'un silence de mort. Légèrement irrité, il ne se laissa pas impressionner.
Il ne reçut aucune réponse si ce n'est un sourcil levé de la part du capitaine.
- Beckett, je vous écoute.
- Oui capitaine. Selon nous, l'assassin est un mercenaire. Il a été engagé par la vieille aristocrate pour supprimer notre victime.
- Ne me dites pas qu'il a réussi à vous fourguer l'une de ses théories sur la CIA ! Commença Ryan.
- Mais non, Bro ! Ils vont nous dire que c'est un coup des petits hommes verts ! Renchérit l'hispanique.
- Quand vous aurez fini de faire les malins, on pourra sans doute entendre leur version des faits. Exposa calmement Gates, ce qui eut pour effet d'instaurer le silence.
Beckett se tourna alors vers Caste, un sourire moqueur aux lèvres.
- Allez-y Castle. Racontez leur !
L'écrivain, avec un grand sourire, fit craquer ses doigts, étira son coup, roula des épaules, et, ... Beckett s'impatienta.
- Castle !
- C'est bon, j'y vais ! Pas la peine de s'énerver ! Il faut tout d'abord savoir une chose. La seule chose importante pour cette vieille aristocrate est sa condition. Née d'une famille riche. Eduquée dans les meilleurs écoles. On lui a répété toute sa vie qu'elle devait avoir une conduite irréprochable. Toujours polie, accueillante, d'humeur égale, elle est la parfaite maîtresse de maison, l'illustration même de la femme de bonne société.
Il marqua une pause théâtrale et observa son auditoire. Ils étaient tous suspendus à ses lèvres, silencieux.
- Alors lorsqu'elle apprend qu'il y a eu un témoin de sa seule faute, de l'unique fois où ses émotions ont pris le pas sur sa bonne éducation, elle n'a d'autre choix que de l'éliminer. Sa richesse, sa réputation sont fondées sur son comportement, si elle perd ça, elle perd tout. Et c'est inacceptable !
Il avait réussi à capter son auditoire. Il sourit même en voyant Ryan hocher légèrement la tête, comme pour donner inconsciemment son accord sur le scénario de l'écrivain.
- Mais ses bonnes manières sont tellement ancrées en elle qu'elle ne peut imaginer agir elle-même. Et il faut se rendre à l'évidence, elle n'a plus la force de ses vingt ans. Alors elle s'adresse à celui qui pourra la dépanner. C'est tard, un soir, qu'elle se fait déposer à l'église du quartier. Là, elle rencontre un homme à qui le voeux de pauvreté ne convient plus. Un homme qui connaît tellement Dieu, qu'il ne craint pas sa colère. Il touche la moitié de l'argent immédiatement, la suite, lorsque le travail sera fait.
- Un prêtre ?! Vous allez loin Castle ! L'irlandais était sortit de sa transe lorsqu'il avait comprit le cheminement du conteur.
L'intéressé ignora l'interruption et poursuivit.
- ll se trouve que ce jour-là, une partie de billard opposa notre homme et la victime. Et en plus, ce dernier était en train de gagner ! Bref, lorsque l'occasion se présenta, que la victime était courbée au dessus de la table, près à jouer le coup gagnant, il en reçut un tout aussi décisif. Le mercenaire, avait saisi le premier objet qui lui était tombé dans les mains et avait frappé le vieil homme sur la nuque, en une blessure fatale ! Il ne lui restait plus qu'à déplacer le corps dans une pièce neutre et à récupérer le reste de la somme. termina Castle.
- Pour résumer, le coupable est donc le révérend Olive, commandité par Mme pervenche, dans la salle de billard et avec le chandelier.
Un silence accueillit cette conclusion, avant d'être coupé par Esposito.
- Pourquoi la sale de billard ?
Alors que Castle ouvrait la bouche pour répondre, Beckett fut plus rapide et lui ferma de la main.
- Crois-moi Espo, tu ne veux pas savoir.
Gates profita de cet échange pour jeter un oeil aux deux post-it et constata que les réponses données correspondaient.
- Alors capitaine. Qui sont les gagnants ?
Ryan avait craqué le premier. Ne supportant plus ce suspense insoutenable.