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Souvenir de vacances :


Avatars Aeryn :


Avatars Plume :


Avatars Charlie :

descriptionGalerie d'Aeryn s'Fallen EmptyUn peu de lecture

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Bien le bonjour camarades ! 

Je me décide à vous soumettre un petit passe-temps qui m'occupe lorsque mon emploi du temps me le permet. 

J'ai démarré un petit projet d'écriture. J'ai une histoire qui me trotte dans la tête et je m'efforce de la coucher sur le papier quand l'inspiration est au rendez-vous. 
Si le coeur vous en dit, je vous poste ici le début et serai ravie d'avoir vos commentaires (bon ou mauvais) pour améliorer mon texte et me donner une motivation pour continuer. 

Je précise que l'écriture n'est pas régulière et que je ne sais pas du tout quand je pourrai avancer et combien de temps je passerai sans pouvoir y toucher, ... ^^

Ne vous attendez pas à du Shakespear, vous serez moins déçus ^^



Je n'ai pas de titre ^^

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Chapitre 1



Richard Hawkins





- 57,50.

Je levai le nez de l’écran tactile et dirigeai mon regard vers la fenêtre. Un édifice en pierre brute projetait son ombre gigantesque sur la moitié de la rue. Je n’ai jamais été douée en histoire, et encore moins en architecture, mais ce bâtiment avait de quoi statufier n’importe quel profane.  

-57,50 !

Il ne devait pourtant pas être suffisamment intéressant pour mon chauffeur. Son impatience était palpable et son air blasé. Après près de cinq heures de voyages, supporter la mauvaise humeur d’un chauffeur de taxi n’était pas dans le top dix de mes priorités. Je lui réglai donc rapidement le prix de la course et sortit du véhicule en claquant la portière. Alors que je récupérai mon sac de voyage dans le coffre, un nouveau client s’avança vers l’automobile. Je ne put résister à l’envie de lui souhaiter un « Bon courage ! » désespéré avant de m’éloigner. Je réprimai un sourire en voyant, dans la vitrine d’un magasin, le reflet de la mine troublée du trentenaire hésitant à pénétrer dans la voiture jaune.

« Ouverture de 9h00 à 18h00, du lundi au samedi »

Cela me laissait encore trois heures avant la fermeture. Trois heures pour rassembler mon courage et franchir ces portes. Largement assez pour un café. Assise à la terrasse du Carpe Diem, je savourai les dernières heures de soleil, les yeux rivés sur le fronton de l’édifice en pierre. Les douze lettres capitales semblaient aussi vieilles que la roche dans laquelle elles étaient gravées. Il n’y avait pas à dire, la bibliothèque d’Ashland avait de quoi en imposer !  

Je profitai de ma position pour détailler plus précisément le bâtiment. J’ai déjà dit que je n’étais pas férue d’architecture. La structure aurait été dessinée ou même bâtie par De Vinci que ça n’aurait rien changé à ma vision des choses. Ce qui m’intéressait surtout, c’étaient les fenêtres et ce qu’elles laissaient entrevoir de l’intérieur. Oh, j’aurais très bien pu me lever maintenant et aller voir par moi-même. Une bibliothèque est un lieu public après tout. Mais les choses ne sont jamais aussi simples qu’elles en ont l’air. Derrière ces imposants murs de pierre, derrière ces carreaux illuminés par le soleil ne se trouvaient pas seulement des étagères de livres bien classés par thème, auteur ou période. Je n’avais pas parcouru trois milles kilomètres pour lire un livre. Des bibliothèques, il y en a aussi en Arizona. Peut-être pas aussi anciennes ni aussi imposantes, mais un livre est un livre, non ? Ce qui se trouvait dans ce bâtiment était unique, nécessaire. Plus intrigant et, d’une certaine façon, plus effrayant.

Je me redressai légèrement sur ma chaise pour mieux apercevoir l’intérieur. Une silhouette venait de traverser l’une des fenêtre du premier étage. Se pourrait-il que...

- 4,90, s’il vous plaît.

C’est pas possible ! Qu’est-ce qu’ils avaient tous avec l’argent, ici ? Serais-je venue dans la capitale du profit sans le savoir ? Et puis 5 dollars pour un café ? Quand on sait que le prix d’un paquet de cigarettes est identique, il y a de quoi réfléchir au choix de son addiction.

Le temps de payer ma boisson, la silhouette avait disparu. Je réchauffais mes mains sur la tasse brûlante, les yeux rivés sur la bibliothèque et l’esprit perdu trois mois plus tôt.

*********

- Riley Fallen ? LA Riley Fallen ? Dîtes-moi que je rêve !

Je détaillai le gosse surexcité, tâchant de me rappeler où j’aurais pu le croiser.

- Tu nous caches ta célébrité, Fallen ? C’est pas très sympa ça ! railla Ben.

- Oh la ferme, Ben ! lui lançai-je sans même me retourner avant d’enchaîner sur le bleu fraichement débarqué. On se connaît ?

- Pas vraiment, non. Mais votre nom a souvent été prononcé à une époque.

Son sourire d’abruti commençait doucement à me taper sur le système. Le pire étant que je ne voyait pas du tout de quoi il pouvait parler.

- C’est-à-dire ?

- Eureka, Californie, été 2005. L’incendie du camping, vous vous souvenez ?

Si je m’en souvenais ? Comment oublier le pire jour de sa vie ? Alors que ma mâchoire se serrait et que mon regard se faisait glacial, l’autre demeuré continuait de sourire comme un gamin le matin de Noël. Je contrôlai la souplesse de mes phalanges et réussit à articuler quelques mots.

- C’est pas franchement mon meilleur souvenir !

Je crois que c’est son air surpris qui me déstabilisa, mais c’est sa réplique suivante qui constitua la fameuse goutte d’eau. Celle qui transforma ma journée, pourtant bien commencée, en une rétrospection morbide.

- Mais vous avez survécu ?

D’un pas vif, je m’approchai du bleu jusqu’à l’acculer au camion rouge vif. Son expression passa de la surprise à la peur brute en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Je n’avais pas besoin de me retourner pour savoir Ben juste derrière moi, prêt à intervenir à tout instant. Mais il me connaissait suffisamment pour me laisser une marge de manoeuvre. Je pris le temps de trois profondes inspirations et relâchai doucement la tension dans mes doigts pliés. C’est avec une voix que je voulus neutre que je pris de nouveau la parole.

- Tous n’ont pas eu cette chance.

Je ne vis pas la réaction de l’abruti, je lui avais déjà tourné le dos, direction les vestiaires. En passant, je croisai le regard de mon coéquipier et lui posai une main sur le bras en signe de remerciement pour avoir été là, prêt, mais aussi pour n’avoir rien fait.

Ben ne reparla pas de l’incident, et s’arrangea pour que je croise l’imbécile le moins possible. Mais c’était sans compter l’acharnement du bleu à donner raison à Einstein. « Il n’existe que deux choses infinies : l’univers et la bêtise humaine, mais pour l’univers, je n’en ai pas la certitude absolue. » avait dit le génie. En ce qui concernait la bêtise, j’allais bientôt en avoir la preuve.

Je rentrai d’une intervention banale sur un incendie domestique lorsqu’il décida de remettre le sujet sur le tapis. Il m’attendait à la sortie du vestiaire.  

- Au sujet de l’autre jour ...

Tiens, son sourire avait disparu. Parti en vacances avec son assurance sans doute.

- Je n’ai rien à ajouter. Je ne veux même plus en entendre parler, c’est clair ?

Loin de le refroidir, mon ton ne sembla que le motiver davantage.

- Je suis désolé. Je n’avais pas réfléchi. C’est juste que, ... ça a fait tellement de bruit à Eureka. Vous savez, il ne s’y passe jamais rien alors dès qu’il y a un peu d’animation, ...

- De l’animation ?! Des gens sont morts, pauvre abruti !

- Euh, ... oui. bafouilla-t-il. Le fait est que, je pensais que vous aimeriez peut-être voir ça.

J’aurai pu détourner le regard. J’aurai du partir, le planter là avec sa maudite photo au milieu du couloir. Mais j’ai baissé les yeux sur le document. D’un seul coup d’oeil, je retournai sept ans en arrière. Je sentais la chaleur des braises encore fumante, l’odeur des cendres étendues à mes pieds. Je revoyais son sourire, son signe de la main et j’entendais son « Amuse-toi bien ! » quand je m’étais éloignée dans l’allée. Le signe de main qui avait accueilli mon retour était d’une toute autre nature, d’une toute autre source. C’était l’interdiction d’avancer d’un pompier en combinaison ignifugée.  

Tout ce qu’on savait de l’incendie était son origine. Emplacement 79. Et le nombre de victimes. Dix sept. Trois familles, un couple et un groupe d’ados étaient morts ce soir-là. Parmi eux mon frère, Logan.

Un détail pourtant stoppa le court de mes pensées. Un visage familier. J’arrachai la photographie des mains de son propriétaire pour la rapprocher davantage.

- Quand a-t-elle été prise ?

La question était absurde. On voyait très nettement que l’image était postérieure à l’incendie. Tout y était brûlé, réduit en cendre. Les pompiers et les policiers avaient établi un cordon de sécurité sur plusieurs centaines de mètres et la foule de badauds se pressait déjà au plus près du sinistre. La réponse ne fit que confirmer ce qui crevait les yeux et pourtant, ...

C’est impossible ... Tu es mort.

Sans lui demander son avis, je quittai la charmante compagnie de mon tout récent collègue en emportant la photographie. J’entendis vaguement un « Hey ! » plaintif dont je n’avais cure en démarrant la voiture qui me ramènerait chez moi.

*********

C’est une toute autre photographie que je regardais aujourd’hui. Je l’avais trouvé après plusieurs semaines de recherches, ainsi que le nom du sujet et son lieu de travail. Un pyromane bibliothécaire, il fallait y penser ! Son visage emplissait l’écran de mon iphone et je le fixai jusqu’à imprimer son image au fer blanc sur ma rétine. Il souriait sur cette photo. Avec ses courts cheveux noirs, ses yeux verts et sa barbe de trois jours, j’aurais pu le trouver séduisant si je ne l’avais pas détesté à ce point. Lui, le meurtrier de mon frère.  

Une vague d’énergie emplit mon corps, me faisant presque frissonner. J’avalais rapidement le fond de ma tasse et m’élançai de l’autre côté de la rue. Pas de son de clochette lorsque je poussai la porte de la bibliothèque. Suivant les panneaux indicatifs, je montai les quelques marches de l’escalier en pierre menant à la salle principale et m’avançai vers l’hôtesse d’un certain âge. Sans y aller par quatre chemins, j’énonçai le but de ma visite.  

- Bonjour madame. Je cherche Richard Hawkins.



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Chapitre 2


Face à face




L’hôtesse d’accueil détourna les yeux de son écran le temps de me détailler sans gêne. Son expression confirma ce que je pensais déjà. Elle ne devait pas avoir ce genre de demande tous les jours. Son examen terminé, elle sembla retrouver ses manières.

- Bonjour Mademoiselle ...

Une formule si originale que je du réprimer un sourire. J’hésitai une seconde entre lui révéler mon identité ou jouer les idiotes en restant muette. Je décidai finalement de lui laisser le bénéfice du doute. Ne doit-on pas le respect à nos aînés ?

- Fallen.

- Mademoiselle Fallen. Puis-je me permettre de vous interroger sur le but de votre visite ?

Courtoisie et politesse sur fond d’inquisition. Elle n’était pas née de la dernière pluie la bougresse ! Soit, j’entrai dans son jeu.

- Vous pouvez le demander, mais je n’ai pas à vous répondre. Je viens d’Arizona pour voir Mr. Hawkins. Je ne partirai pas sans lui avoir parlé. Quant au but de ma visite, sauf votre respect, Madame, cela ne vous regarde pas.

Franche et expéditive. Politiquement correct. La femme me jaugea un instant. Ses lèvres fines s’étirèrent en un léger sourire. Elle devait aimer la répartie. J’espérais qu’elle cède et coopère rapidement, je ne tenais pas plus que ça à m’éterniser.

Finalement, elle contourna son comptoir et s’avança dans la salle sans un mot, ni même un regard, à mon intention. Je lui emboîtai le pas énergiquement et en profitai pour scruter les lieux. Je n’étais pas venue pour les livres, mais cela ne m’empêcha pas d’admirer les milliers d’exemplaires bien rangés sur les étagères. Certains semblaient avoir des siècles, d’autres arboraient des couvertures neuves et brillantes.

Bien qu’il restait plus d’une heure avant la fermeture, nous ne croisâmes personne à travers les rayonnages. J’aperçus de loin quelques clients assis autour de tables rectangulaires, qui consultait un ouvrage, qui prenait scrupuleusement des notes, qui pianotait sur le clavier d’un ordinateur portable.

BD, thrillers, romans fantastiques, livres pour ados, romans contemporains, ... La voix de mon guide me sortit de mon inventaire.

- Charlie ! Tu as de la visite !

Nous étions presque arrivées au bout de l’immense pièce. Un chariot à roulette dépassait du rayon regroupant une partie des romans contemporains. Sur le meuble itinérant, une vingtaine d’ouvrages empilés attendaient patiemment leur tour pour retrouver leur place sur l’étagère. Aussitôt sa tâche accomplie, la vieille femme fit demi-tour et retourna à son poste, près de l’escalier. Je la regardai s’éloigner quelques secondes. Etrange bonne-femme. Lorsque je reportai mon attention vers le chariot, la vue était toute autre. Un jeune homme se tenait devant et fixait sur moi un regard amusé.

Il ne faut pas lui en vouloir, elle aime tester les gens. Vous avez du lui faire une sacrée impression pour qu’elle se déplace jusqu’ici.

C’était lui. Je l’aurai reconnu entre mille. Ses cheveux étaient légèrement plus longs que sur la photo. Ils lui arrivaient aux oreilles et courraient jusque sur sa nuque. A part ça, il était identique. Mêmes yeux verts perçant, même début de barbe, même sourire. Sourire qu’il perdit rapidement. Mon visage fermé et mon silence de glace y étaient certainement pour quelque chose. Il sembla perdre son assurance et sa voix était bien moins enjouée lorsqu’il reprit la parole.

- Et vous êtes ?

Mon regard n’avait pas dévié une seule fois depuis que j’avais croisé le sien. J’étais incapable de le lâcher des yeux. Les souvenirs refluèrent une énièmes fois et la colère reprit son droit, aussi vive que lorsque je l’avais croisé sur cette photographie trois mois auparavant. Il est certaines choses que l’on n’oublie pas, des noms, des visages, certains moments particuliers, ... et les sentiments puissants. La colère était l’un d’eux, tout comme la haine. On peut croire qu’on en a fini avec ces deux-là jusqu’à ce qu’elles vous explosent à la figure à la moindre occasion. Et quelle meilleure occasion que l’objet de cette colère se tenant devant moi. Bien droit, confiant dans ce cadre familier. Je pensais que mon long voyage avait apaisé cette haine qui avait refait surface à la caserne mais de toute évidence, j’avais tort. Elle était toujours là, plus forte que jamais. Je desserrai lentement les mâchoires pour répondre à la question, aussi posément que possible.

- Riley Fallen.

J’insistai sur mon nom de famille tout en observant sa réaction. Allait-il se souvenir ? Se mettrait-il à courir ? Allait-il me frapper ? Tout était possible. On ne peut jamais vraiment prévoir la réaction d’un criminel acculé alors qu’il pensait avoir gagné la partie.

Il ne fit rien de tout cela. Je ne savais pas ce qui se passait dans sa tête à cet instant précis mais une chose était sûr. Il se souvenait. Il dégluti difficilement et blanchi à vue d’oeil. Son regard se perdit sur mon visage et sa voix était presque inaudible lorsqu’il ouvrit les lèvres.

- Que voulez-vous ?

Ce que je voulais ? En voilà une bonne question. J’avais été tellement obnubilée par l’idée de le retrouver que maintenant que je me tenais face à lui, je ne savais pas vraiment ce que j’attendais de cette rencontre. Le film de cet été-là se déroula pour la centième fois devant mes yeux. L’arrivée au camping, les journées à la mer, ma soirée sur la plage, laissant Logan à son poker entre potes. Puis les sirènes des camions rouges traversant la ville à toute allure, la fumée et les cendres. Incendie criminel ou accidentel ? Les autorités n’avaient jamais pu statuer en faveur de l’un ou de l’autre. Vivre sans savoir, voilà le plus difficile. Devoir affronter chaque jour supplémentaire en se souvenant de ceux qu’on a perdu à jamais, sans aucune certitude sur la raison de cette perte. Aujourd’hui, je savais. L’incendie n’avait rien d’accidentel, il avait été déclenché volontairement par le seul à s’en être sorti vivant. Celui qui aurait du être le premier à mourir. Celui que tout le monde croyait mort. Celui qui occupait l’emplacement 79. L’homme qui se tenait en face de moi et qui me demandait ce que je voulais.

- Comprendre. Je veux comprendre.

*********
- Je ne peux rien pour vous, désolé.

Il avait dit cela froidement après un moment de surprise puis était retourné à son rangement, comme si de rien n’était. Et moi je restais là, immobile, la bouche entrouverte au milieu du couloir les yeux fixés sur le haut de son dos.

- Et c’est tout ?! « Je ne peux rien pour vous, désolé. » Je suis sensée faire quoi, moi ? Tourner le dos et repartir la bouche en coeur ? Après sept ans et plus de trois milles kilomètres vous croyez que je vais me contenter de ça et rentrer chez moi l’esprit tranquille ? Regardez-moi !!

Il me tournait le dos et replaçait immanquablement chaque livre à sa place. Il semblait indifférent et détaché mais ces mouvements ralentissaient à mesure que mon ton montait, jusqu’à se figer à ma dernière réplique. Lentement il fit glisser le dernier livre entre ses congénères et pivota vers moi. Il me fixa sans rien dire. Je m’attendais à un rictus de victoire, une lueur de satisfaction mais n’y dénichait aucun des deux. Son regard était vide.

- Vous avez tué mon frère.

Etrangement, ma colère semblait s’être atténuée et je sursautai presque en m’entendant murmurer cette accusation que je me voyais pourtant hurler dans chacun de mes rêves. Je me forçai de rendre mes prochains mots plus incisifs.
Je ne partirai pas sans comprendre comment, ni pourquoi.

- Je suis désolé pour Logan, vraim...

- Ne prononcez pas son nom !

J’avais instinctivement lâché mon bagage et fait un pas en avant. Lui en avait fait deux en arrière, en levant les mains, sans doute pour tenter de m’apaiser. Peine perdue ! Il reprit doucement, de sa voix calme.

- Je suis désolé pour votre frère, ... et tous les autres.

Soutenir mon regard semblait soudain trop difficile pour lui. La culpabilité n’est pas facile à contrôler. Au moins était-il conscient des conséquences de ces actes. Et maintenant que j’y pensais, je ne me souvenais pas avoir prononcé le prénom de mon frère devant lui. Se rappelait-il aussi des autres victimes ?

- Mais je ne peux pas vous donnez ce que vous cherchez.

- Je me contre-fout de vos excuses !

- Je vais devoir vous demander de quitter mon établissement.

Coupée dans mon élan, je ravalai mes paroles et fit demi-tour pour identifier l’origine de l’élément perturbateur. Il n’était autre que l’hôtesse étrange, visiblement propriétaire des lieux. De ce nouveau point de vue je constatai qu’elle n’était pas la seule à vouloir se mêler de notre charmante discussion. Les quelques clients encore présents me dévisageaient agacés. Le calme religieux qui avait reprit ses droits me rappela où je me trouvais. Une bibliothèque n’était certes pas l’endroit idéale pour extérioriser bruyamment sept ans d’ignorance et de douleur. C’est donc dans un calme relatif que je fit de nouveau face à Hawkins.

- Je vais revenir. Demain, après-demain et tous les jours suivants. Et ce, jusqu’à ce que j’ai les réponses à mes questions. Je suis quelqu’un d’extrêmement têtu Mr. Hawkins. Vous découvrirez très vite à quel point.

Sans plus de cérémonie, je tournai les talons, traversai la grande salle, descendit l’escalier et franchit la porte extérieure. Un vent glacé me fit rapidement remonter la fermeture éclair de mon blouson de cuir et enfoncer prestement mes mains dans mes poches alors que je traversai la rue pour me retrouver devant le Carpe Diem. Lorsque je me retournai vers la bibliothèque une ombre élancée obstruait l’une des fenêtres du premier étage. Nous nous fixâmes quelques secondes avant que mon attention ne soit attirée par l’appel de mon nom. La propriétaire traversa la route déserte pour venir à ma rencontre. Dans ma précipitation, j’avais oublié ma valise dans son établissement. Je la remerciai de s’être déplacée et m’excusai d’avoir perturbé le calme des lieux. Avant de disparaître de nouveau dans le bâtiment de pierre, elle m’adressa un dernier regard, accompagné d’un petit sourire compréhensif.  

Mon regard se porta instinctivement quelques mètres plus haut à la recherche d’Hawkins mais la lumière chaleureuse de la bibliothèque avait repris ses droits sur le verre.  


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Chapitre 3


Quotidien




Je courrai. Si vite que mes jambes menaçaient de se disloquer sous moi à chaque pas. Pourtant, ni cette sensation de déchirement, ni les difficultés respiratoires n’auraient pu me convaincre de réduire l’allure. Si je me dépêchais, si seulement je pouvais arriver plus vite, je pourrai le sauver. Mais il était encore tellement loin et la fumée, elle, semblait si près que les cendres me faisaient déjà tousser. Je me forçai à accélérer encore et fut brutalement stoppée par une paire de bras puissants. Devant moi, les dernières flammes disparaissaient sous les jets des lances à incendie. J’étais arrivée trop tard. Encore. Des larmes coulèrent sur mes joues, y creusant des sillons de poussières et de cendres. Un cri de désespoir jaillit de ma gorge et résonna dans l’obscurité de la chambre 17.

C’est en sursaut et en sueur que je repris conscience. Il me fallut un instant pour me rappeler de la journée précédente et associer la texture des draps à l’hôtel dans lequel j’avais échoué la veille. Un coup d’oeil à la table de nuit, 3h39, mes mains lasses passées sur mon visage fatigué, je tâtonnai pour actionner l’interrupteur et me dirigeai vers la salle de bain. Les deux mains posées de part et d’autre du lavabo, je contemplai mon reflet. Mon visage s’était affirmé et mes cheveux auburn étaient légèrement plus courts mais tout le reste était identique à mon cauchemar. Mêmes yeux gris, même regard voilé et mêmes sillons humides dévalant mes joues.

Dans un soupir, je m’aspergeai le visage d’eau froide avant de m’essuyer rapidement avec une serviette brodée au nom de l’hôtel et de retourner me coucher. Ce rêve me hantait régulièrement depuis cette fameuse soirée. A chaque fois j’espérais une fin différente, j’espérais arriver à temps. Mais à chaque fois, il était trop tard. La fréquence du cauchemar avait nettement augmenté depuis trois mois, depuis cette photographie. Il me restait plus de cinq heures avant l’ouverture de la bibliothèque. Avec un peu de chance, j’arriverai à me rendormir...
... ou pas.

*********

Huit heures. La nuit avait été atroce et je pressentais que les prochaines ne seraient guère mieux. C’est donc la tête encore lourde et à moitié engourdie que me je levai finalement. Une demi heure plus tard je saluai la réceptionniste du River Rock Inn et m’engouffrai dans le froid de l’hiver wisconsin. Un détour par le Starbuck local me permettrait de me clarifier les idées. Et de me réchauffer un peu.

- Bonjour mademoiselle Fallen.

La vieille propriétaire n’était pas surprise de me voir devant la porte à double battants de l’édifice en pierre. Je lui retournai son salut et pénétrai dans le bâtiment en avalant une gorgée de café. Elle gravit lentement l’escalier jusqu’à la salle principale, moi sur les talons. Lorsqu’elle prit place derrière son comptoir, je poursuivit ma route à travers les rayonnages jusqu’à trouver ce que je cherchai. Hawkins classait les BD que les jeunes avaient dû mélanger la veille. Il me tournait le dos et pourtant, il savait que j’étais là. Sa posture s’était faite plus raide et ses mouvements plus hésitants depuis quelques secondes. Sans dire un mot, je tirai une chaise, m’y installai et sirotai mon café en le maintenant toujours dans mon champ de vision.

Au bout d’un moment, il changea de section. Je me déplaçai en fonction de sa nouvelle position. Nous n’avions prononcé aucune paroles, ni l’un, ni l’autre et il ne m’avait pas adresser un seul regard. J’étudiai chacun de ses mouvements. Il était calme, posé. Ses gestes étaient réfléchis et précis. Il savait ce qu’il faisait et le faisait bien. Avait-il fait preuve d’un tel sang froid en allumant l’incendie du camping ? Il fallait un certain self contrôle pour déclencher et maîtriser un brasier. Mais peut-être était-ce seulement un coup d’essai. Après tout, il s’en était sorti amoché lui aussi. Mais je ne doutai pas qu’il ait eu le temps de perfectionner sa technique en sept ans.

Je ne portai le gobelet en carton à mes lèvres que pour me rendre compte que j’en avait déjà vidé le contenu. Dommage, j’en aurai bien pris une seconde tasse. Hawkins se déplaça de nouveau. Je le suivis sans un mot.

Les heures s’écoulèrent en silence. L’homme accomplissait sa tâche en faisant mine de ne pas avoir conscience de ma présence mais je remarquai chaque coup d’oeil qu’il lançait dans ma direction. Ils ne duraient jamais plus d’une fraction de seconde avant qu’il ne détourne le regard et reprenne son travail avec un léger soupir et des mouvements hésitants. Hawkins jouait la carte de la sérénité, mais son comportement trahissait son malaise. Parfait, il craquerait donc rapidement !

*********

J’appris trois choses au cours de la semaine qui suivit. D’abord, Hawkins était bien plus patient et maître de lui que je ne le pensais au départ. Ensuite, il ne se passe jamais rien dans une bibliothèque, le temps semble s’y écouler encore plus lentement que dans la salle d’attente d’un médecin débordé. Enfin, les gobelets isothermes des Starbuck gardent vraiment bien la chaleur. En arrivant avec deux d’entre eux à l’ouverture, j’avais du café chaud jusqu’à treize heures.
Après 6 jours de présence continue dans le bâtiment, je connaissais par coeur l’emploi du temps de l’employé. D’abord rangement des étagères, puis classement des livres rendus avant de passer aux arrivages, le jeudi, qu’il fallait enregistrer et étiqueter pour les mettre en rayon. Hawkins maniait les livres comme si il n’y avait rien de plus précieux au monde, faisant souvent courir ses doigts sur les tranches en traversant une allée. En milieu de matinée, il s’occupait des ouvrages abîmés. Il les déposait sur une table inoccupée, et ce n’est pas ce qui manquait, disparaissait quelques instant dans une pièce à l’arrière du comptoir et réapparaissait avec une boîte en bois contenant son matériel avant de s’assoir devant ses fragiles patients. Il s’occupait de chacun d’eux comme s’il c’était agit d’un oiseau blessé, recollant une couverture déchirée, défroissant le papier corné et dessinant des lettres du titre là où elles s’effaçaient. Il consacrait l’après-midi à l’administratif et finissait souvent sa journée par une séance de lecture personnelle. Il semblait piocher les livres au hasard parmi les nouveautés de la semaine.

Il travaillait tous les jours, sauf le dimanche. A croire qu’il n’avait rien d’autre que cet endroit dans sa vie. Il dormait même dans ce bâtiment, j’avais fini par le comprendre au troisième jour. Il empruntait un escalier de bois menant au deuxième étage deux fois par jour. Il en descendait le matin et l’utilisait en sens inverse le soir, à la fermeture.  Ce soir-là, en partant, j’avais observé le bâtiment plus attentivement. Trois fenêtres y étaient éclairées au dessus de la bibliothèque. Sûrement son appartement. Je ne le  voyait jamais en dehors de ces murs mais il m’arrivait souvent de fixer ses fenêtres le soirs, attablée au Carpe Diem. Certaines fois, une lumière faible et vacillante diffusée par le verre captait mon attention. Lorsque je détournai le regard, mon repas était froid.

Le mardi suivant changea les habitudes du lieu. Aux alentours de neuf heures, la sérénité de la grande salle fut troublée par une cacophonie de piétinements, rires et bavardages. La bibliothèque était prise d’assaut par une classe de maternelle. Vingt trois minis autochtones suivaient leur maîtresse débordée dans un calme très relatif. Ces visites de classe devaient être régulières car la plupart des enfants saluèrent la gérante par son prénom et de nombreux «Où est Charlie ?» résonnèrent avant que l’intéressé ne se montre finalement.

Assise sur un banc de lecture non loin d’une fenêtre, je jouissais d’une vue dégagée sur une grande partie de la salle et, notamment, sur le coin réservé à la littérature de jeunesse. Je pu donc voir Hawkins émerger de la section « classiques européens » en offrant aux enfants un sourire rayonnant. Après avoir salué chaque élève par son prénom et un mot gentil, il arriva à hauteur de l’enseignante et échangea avec elle quelques mots que je n’entendis pas. Durant ce court dialogue, la classe avait pris place dans ce que j’appelai le petit salon. Un coin de la salle, confiné entre la façade et deux rayonnages, garni de coussins et canapés aux couleurs et dimensions enfantines. Ceux qui n’avaient malheureusement pas trouvé de siège s’assirent en tailleurs à même le tapis moelleux. Le bibliothécaire ne tarda pas à se joindre à eux, prenant place sur le fauteuil, de taille adulte, face aux enfants.

Il semblait lui-même captivé par les histoires qu’il leur lisait. Chaque personnage avait sa voix propre et on les voyait presque se matérialiser sous les intonations et les mimiques qu’il arborait en les faisant parler. Les enfants étaient subjugués, captivés, sous le charme. Je ne me rendis compte que l’histoire était finie qu’en entendant le brouhaha des conversations enfantines reprendre le pas sur le silence. J’avalai une gorgée de café brûlant pour me redonner une contenance et observai les petits êtres fourmiller entre les box des albums de leur âge. Certains choisissaient consciencieusement des ouvrages et portaient leur sélection dans une boîte qui se remplissait à vue d’oeil.
Certainement les livres qu’ils emprunteraient pour ramener à l’école. D’autre s’asseyaient confortablement dans un coin de canapé pour feuilleter leur trésor découvert. Un petit garçon, sur ma droite, me fixait en serrant un album tellement fort contre sa poitrine que j’en vint à espérer que les caractères du titre ne soient pas en relief. Le petit ange brun fit un pas hésitant vers moi et me tendit le livre de ses petits bras.

- Tu peux le lire s’il te plait ?

Il devait avoir entre quatre et cinq ans, un regard perçant et ses petites dents blanches lui faisait un sourire auquel il était difficile de résister. Je posai mon gobelet sur la petite table devant moi et m’assis dos au mur pour être à sa hauteur.

- Bonjour ! Je m’appelle Riley. Et toi ?

- M’appelle Gabriel !

- Enchantée Gabriel !

Son sourire s’élargit lorsque je saisis le livre pour en lire le titre. «La princesse, le dragon et le chevalier intrépide.» Une histoire qui promettait d’être haute en couleur !

- «De l’autre côté de la montagne, il y a un paisible royaume...»

Non content de rester debout devant moi, le jeune Gabriel, se faufila sous l’un de mes bras pour prendre place, confortablement installé entre mes genoux, le dos reposant contre ma poitrine. Il écouta l’histoire, commentant ici ou là la réaction du dragon comédien et du preux chevalier. Je repérai de loin l’oeil de l’institutrice surveillant son élève avec une légère pointe d’inquiétude. Voyant le bambin captivé par le récit, elle dut renoncer à intervenir et opter pour la vigilance lointaine. Elle échangea quelques mots avec la propriétaire des lieux qui jeta un bref regard dans notre direction et reporta son attention sur une blondinette qui empilait les ouvrages pour en faire une reconstitution très personnelle de la tour de Pise.

Lorsque le chevalier revint enfin de sa quête avec un bouquet de roses pour sa belle, mon assaillant se leva et récupéra son livre pour le déposer dans la boîte avec ses congénères. Il avait mérité son voyage en première classe jusqu’à l’école. A peine son trésor déposé, Gabriel se dirigeait déjà vers les box réservés à l’espace. Il passa devant Hawkins, littéralement immobilisé par deux têtes brunes, racontant une histoire visiblement envoutante. Les deux enfants riaient et frissonnaient par intermittence entre ses bras.

Gabriel réapparut rapidement et se repositionna sans perdre de temps en bavardages et commença à tourner les pages de sa nouvelle trouvaille. Pas de texte cette fois-ci. Seulement de grandes pages nous dévoilant les secrets de l’univers. Il me commenta chacune d’elle, m’expliquant la forme de cette comète, me racontant la vie de cette étoile et les extra-terrestre qui habitaient cette grosse planète verte. Le temps passa incroyablement vite. Bientôt, l’enseignante sonna l’heure du départ. J’ai eu droit à un bisou de mon nouvel ami et un signe de la main lorsqu’il quitta la salle avec ses camarades. Je fixai la porte quelques secondes et me relevai pour m’étirer les jambes engourdies par l’immobilité. Hawkins avait toujours ce sourire attendri en rangeant les livres abandonnés par les déserteurs.  

*********

Cette journée n’était définitivement pas comme les autres. La solitude amère que j’entretenais patiemment jour après jour fut, après Gabriel, rompue par la matérialisation d’un sandwich devant moi à l’heure du déjeuner.

- J’espère que vous aimez le thon.

Malory, j’avais appris son nom de la bouche des enfants, n’était visiblement pas en accord avec mon habitude de jeun méridien. Je la regardai sans parler un moment et cédai devant son obstination muette en me saisissant du thon-mayonnaise.

- Merci mais vous n’étiez pas obligée.

- Puisque vous avez élu domicile dans ma bibliothèque, si ! Une ambulance devant mon établissement ruinerait ma réputation.

Une ambulance ? Que venait faire une ambulance là-dedans ? Mon expression, à moins que ce ne soit mon silence étonné, la fit sourire.

- Si vous vous obstinez à faire la grève de la faim, vous risquez l’hypoglycémie. Malheureusement pour vous, il n’y a ici ni médecins, ni médicaments. Seulement des livres et deux bibliothécaires dont une qui n’a plus les réflexes de ses vingt ans.

Et l’autre étant un meurtrier pyromane. Mais je m’abstins de dire cela à voix haute.

- Vous n’avez aucune obligation envers moi, Madame. Je suis assez grande pour prendre soin de moi.

- Vous êtes têtue, ma chère, mais croyez-moi sur paroles, je le suis plus encore.

Son ton calme et définitif me fit flancher. Voilà plus d’une semaine que je campais dans son établissement de l’ouverture à la fermeture, je pouvais bien lui accorder une pause déjeuner. D’autant plus que je n’avez rien à lui reprocher, si ce n’est d’embaucher un assassin sans le savoir.

- Vous avez gagné !

- Bien ! Voilà une sage décision ! Mais interdiction de manger à l’intérieur ! Vous allez ruiner mon parquet !

C’est ainsi que je suivis la propriétaire vers le comptoir. Nous passâmes derrière celui-ci et je découvris les coulisses de la bibliothèque. J’eu tout juste le temps d’apercevoir Hawkins remontant l’allée centrale pour remplacer sa patronne derrière le comptoir avant que la porte ne se referme sur moi.

L’escalier étroit que nous empruntâmes nous conduisit sur le toit du bâtiment. Nous traversâmes un palier ne comportant qu’une seule et unique porte grise. Ma guide me la désigna comme « l’appartement de Charlie » et passa son chemin sans plus de cérémonie.

La chaleur de la bibliothèque fut violemment remplacée par le vent glacial qui me cueillit dès mon premier pas sur le toit. La gérante se hâta de rejoindre une construction en verre et je ne me fit pas prier pour la rejoindre à l’intérieur. Une fois la porte fermée, les températures polaires furent vite oubliées. Qui aurait cru que le toit de la bibliothèque d’Ashland, Wisconsin, accueillait une serre à la vue imprenable ?

Le bâtiment surplombant la ville offrait un panorama dégagé sur les alentours. De là-haut, on avait tout le loisir de contempler les richesses architecturales de la ville, tout en restant à l’abri des intempéries. Malory me laissa le temps de me repaitre de la vue avant de me désigner un siège autour d’une petite table de jardin trônant au milieu des salades, poivrons et autres plans de tomates.

*********

- Vous n’avez jamais répondu à ma question.

J’en étais à la moitié de mon sandwich lorsque Malory entama la conversation. Je la regardai en fronçant les sourcils, ne me rappelant pas avoir entendu la moindre interrogation. Elle dû remarquer mon incompréhension car elle s’empressa de préciser son propos.

- Lorsque vous avez débarqué ici demandant à voir Charlie, je vous ai demandé pourquoi. Vous m’avez poliment envoyé sur les roses et je dois dire que cela m’a amusée. Mais voilà une semaine que vous hantez ma bibliothèque et que vous le suivez comme son ombre alors je ne peux m’empêcher de penser que vous devez avoir une excellente raison de vous intéresser à lui.

Je mordis dans mon sandwich une fois de plus en attendant qu’elle ait mené son raisonnement à terme.

- Et au vu de la scène de la semaine dernière et de son attitude depuis votre arrivée, je ne suis pas sûre que ce soit un intérêt agréable pour vous comme pour lui.

Elle s’était tut, attendant sans doute que je lui explique ma présence dans son établissement mais je ne pouvais pas lui révéler la vérité. Nul ne savais comment elle prendrait la nouvelle. Elle pourrait ne pas y croire et me mettre à la porte ou au contraire, le dénoncer avant que je n’ai eu les aveux du criminel. Je ne pouvais pas laisser cela arriver.

- Disons que j’ai mes raisons. Et que je suis une fille du genre borné.

Elle ne sembla pas satisfaite de ma réponse, mais s’en contenta pour l’instant. J’en profitai pour l’interroger à mon tour.

- Vous semblez plutôt proches tous les deux. Comment l’avez-vous connu ?

Je la vit hésiter quelques instants en mâchant mais elle se décida à répondre. Elle devait estimer que cela n’avait pas une grande importance que je le sache ou non. Ou alors, elle m’appréciait suffisamment pour m’apporter des réponses.

- Je l’ai rencontré il doit y avoir 5 ans de ça. Il a débarqué en ville et furetait autour de mon établissement. Un jour, il s’est décidé à entrer et a passé la journée à lire. Il n’est parti qu’à la fermeture et est revenu le lendemain. Et les jours suivants. Je l’ai croisé à l’extérieur à plusieurs reprises et j’ai fini par comprendre qu’il ne mangeait presque rien et dormait dehors. Je ne savais pas qui il était ni d’où il venait mais il avait manifestement besoin d’un coup de main et n’avait jamais causé d’histoire.

Peut-être voulait elle m’attendrir ? Me faire ressentir de la sympathie pour lui. Mais elle ne savait pas ce que je savais. Cela n’était pas facile de construire sa vie  pour un assassin sensé être mort. Loin de m’apitoyer sur son sort, cela ne fit qu’accentuer mon ressentiment à son égard d’avoir ainsi manipuler une honnête citoyenne.

- Alors je lui ai proposé un travail et un appartement. Il est sérieux, prévenant et très généreux. C’est vrai qu’on s’entend à merveille. Il est comme mon fils.

- Il a l’air consciencieux, en effet, il travaille même le samedi. Je ne l’ai même jamais vu en dehors de ces murs.

Nous en étions maintenant à la fin de notre repas et j’avalai moi-même la dernière bouchée de pain.

- Il est vrai qu’il ne sort pas beaucoup. Mise à part sa randonnée hebdomadaire, il quitte rarement la bibliothèque.

Une randonnée ? Le dimanche assurément puisqu’il s’agissait du seul jour où il ne travaillait pas. Je ne l’avais pourtant pas vu sortir dimanche dernier. Il devait partir le samedi soir. Je ne le surveillais pas non plus vingt quatre heures sur vingt quatre. Mais cette fois-ci, je serai sur ses talons. Savoir un pyromane se promener seul en forêt, même en plein hiver, n’était pas des plus rassurant. Et que pouvait-il bien faire en forêt toute les semaines d’ailleurs ?









Dernière édition par Aeryn Sincet le Dim 11 Oct 2015 - 9:42, édité 9 fois

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salut. je viens de lire tes deux paragraphes et je les trouves très bien. l'ouverture "in medias est" me plait bien et le fil conducteur me semble pas mal.

Après, ne m'en veux pas mais j'ai quelques remarques à faire. tout d'abord, il faudrait que tu dises que tu as téléphoné mainte fois sans réponse ou que Hawkins n'a pas de téléphone car je pense que le personnage aura d'abord pensé à appeler avant de faire 3000km. ensuite, je pense qu'il faudrait que tu parle un peu plus des relations qu'elle avait avec son frère. enfin, il me parait qu'il faudrait mettre un peu plus de colère lors de la rencontre avec le "meurtrier".

Voilà, globalement, je trouve vraiment que c'est très bien et que tu devrais continuer l'écriture.

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C'est gentil ^^

Je prend note pour la colère mais le coup de fil, c'est un choix délibéré. Elle se pointe sans prévenir pour avoir l'effet de surprise...




Suite

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Chapitre 4



Balade en forêt





Les journées se succédèrent de la même façon, rythmées par mes déjeuners avec Malory. C’était devenu une habitude. Elle me proposait un sandwich que je refusais poliment, elle insistait et on finissait par rejoindre la serre pour manger en discutant. On parlait surtout lecture. En bonne bibliothécaire, elle avait une culture littéraire extrêmement étendue. Aussi à l’aise sur du Shakespeare que sur les oeuvres de J. K. Rollings, elle pouvait parler livres durant des heures. La propriétaire me conseilla d’ailleurs certains ouvrages que je m’empressais d’emprunter parmi ses rayonnages. Littéralement transportée par Barjavel, je restais tout de même hermétique à la prose de Jules Vernes. D’accord, son anticipation technologique avait de quoi forcer l’admiration mais ces pages entières de descriptions encyclopédiques avaient eu raison de mon attention à plusieurs reprises.

Le samedi venu, il n’était pourtant plus question d’explorations sous-marines. Le service d’Hawkins serait bientôt terminé et il devrait se préparer pour sa randonnée du week-end. Sa semaine s’était déroulée sans anicroche, sous mon regard insistant. Il faisait mine d’oublier ma présence mais je pouvais voir son soulagement lorsque je lui accordais une heure de pause tous les midis. Peut-être était-ce lui qui avait suggéré ces déjeuners à Malory.

Lorsqu’il sortit le la bibliothèque, j’étais déjà installée sur la banquette arrière d’un taxi avec un sac à dos opérationnel et suffisamment de liquide pour payer ma course au chauffeur ravi. En professionnel, il n’eut aucun mal à suivre la jeep vert bouteille de pyromane. J’avais eu raison, le trajet me coûta un bras et je tendis la somme à mon extorqueur avec une grimace non dissimulée. Nous venions de faire plus de 50 km sur la route 63 pour rejoindre la forêt national de Chequamegon-Nicolet. Si Hawkins avait remarqué la présence d’un taxi derrière lui, il ne le montra pas. Voilà plus d’une semaine que je le suivais à la bibliothèque alors cela m’étais égal qu’il me voit ici aussi.

Je pris tout de même toutes les précautions pour qu’ils ne remarque pas ma présence. Le suivant à distance et tentant de faire le moins de bruit possible. Crapahuter en forêt n’avait rien de délicat pour moi. Mon emploi m’imposait régulièrement ce genre d’exercice, dans des situations où prendre son temps n’était pas une priorité. J’avais également suffisamment d’endurance pour tenir la distance, même avec un sac à dos chargé. Je m’étais cependant attendue à le voir extraire de son coffre un paquetage plus impressionnant que celui qu’il avait hissé sur ses épaules. Habitué à ces expéditions, j’imaginais qu’il aurait un équipement adapté mais il disposait peut-être de matériel high-tech moins volumineux.

Je dois avouer que cet exercice, bien qu’involontaire, fut un véritable soulagement. Je venais de passer plusieurs jours assise la plupart du temps, sans autre activité physique que tourner les pages d’un livre, errer entre les rayonnages et monter quelques marches quotidiennes. Je commençais à comprendre ce qui amenait Hawkins ici toutes les semaines. Un peu d’air frais et un environnement agréable faisait le plus grand bien.

L’endroit qu’il choisit pour s’arrêter n’avait rien de particulier si ce n’était le cercle de terre noircie entouré de pierres témoignant de visites régulières. Les mêmes arbres et buissons que dans le reste de la forêt avaient poussé de façon anarchique. On pouvait entendre le murmure d’un cours d’eau modeste mais suffisant pour remplir une gourde. L’endroit idéal pour un campeur solitaire.

Hawkins commença par poser son chargement à terre, non loin du cercle de pierres et s’éloigna d’un pas sûr. Il se croyait seul et, s’il avait repéré ma présence, il n’avait pas peur que je m’en prenne à ses maigres affaires. Je m’installai moi-même à une trentaine de mètres, à l’abri d’un buisson que mes connaissances botaniques quasi nulles ne me permettaient pas d’identifier. Il ne possédait pas d’épines. C’était déjà ça. J’avais à peine eu le temps de débarrasser le sol des cailloux et brindilles qui le recouvraient lorsque que l’homme revint les bras chargés de branches sèches qu’il disposa sur la terre noircie. Il avait facilement su reconnaître les végétaux inflammables. Un vrai professionnel. L’incendiaire ouvrit son sac à la recherche d’un objet précis. Je supposait qu’il en sortirait un briquet tempête ou une boîte d’allumettes mais il préféra s’occuper d’abord de son besoin en eau. La ballade avait été longue et il ne s’était pas arrêté souvent pour se désaltérer, ce qui m’avait contraint à faire de même. Il s’éloigna donc une seconde fois en direction de ce que je me représentais comme un ruisseau, sa gourde à la main.

Je profitai de cette nouvelle absence pour enfiler un gros pull sur ma polaire. L’échauffement de l’effort s’était doucement dissipé pour laisser la place au froid mordant de l’hiver wisconsin. Je commençais à douter sérieusement de mon choix d’équipement. Habituée à des températures plus clémentes, j’avais mal évalué ce qui m’attendait ce soir. Mais si Hawkins faisait ça toutes les semaines, je pouvais parfaitement le faire aussi !

Une parka ainsi que des gants et une écharpe assortis à mon bonnet de laine complétèrent mon équipement nocturne alors que j’observais l’assassin de mon frère remuant une soupe au-dessus des flammes. Bizarre. Je ne l’avais pas vu allumer le feu. Je ne l’avais pourtant pas ignorait bien longtemps, seulement les quelques secondes nécessaires à enclencher la fermeture éclair de mon manteau. Il avait était extrêmement rapide, même pour un pyromane avéré. Cette réflexion me laissa songeuse quelques instants. Il était bien plus dangereux que je ne l’avais supposé.

Un second élément me laissa perplexe. Je grelottais rageusement dans mon cocon de laine épaisse alors que lui ne portais qu’un sweet à capuche sur sa chemise en coton et ne semblait pas avoir froid le moins du monde. Il était peu probable que l’aller-retour au ruisseau l’ai réchauffé si efficacement et le feu était trop faible pour avoir un impact si important sur sa température corporelle. Il était sacrément résistant, le bougre !

L’odeur de sa soupe parvint jusqu’à mes narines et je salivais presque à l’idée de sentir se liquide bouillant descendre le long de mon oesophage. Mais il n’y avait aucune raison pour qu’il partage son repas avec moi, même s’il avait su que j’étais à quelques mètres de lui. Et de toute façon, je ne voulais rien venant de cet homme. Je pris donc mon mal en patience, me maudissant de n’avoir emporté que des barres chocolatées.

Son repas terminé, il s’adossa à un arbre et tira un livre de son sac à dos. J’étais malheureusement trop loin pour discerner le titre de l’ouvrage mais il avait du le commencer la veille car le marque page n’avait pas atteint la moitié du volume. Il avait l’air tellement serein comparé à moi qui était parcourue de tremblements violents que je le détestai encore plus à cet instant. Lui, l’arrogant criminel confortablement installé devant son feu de camp et dans sa vie si discrète.

La colère me tint éveillée durant plus d’une heure que je passai à le fixer les dents serrées mais le froid et la fatigue finirent par avoir raison de moi.

Je ne le vis donc pas se lever doucement et s’approcher de moi à pas feutrés.

*********
Une subtile odeur de cendre et de fumée me tira d’un monde onirique où le froid et la douleur n’avaient plus leur place. Il me fallut un moment pour soulever complètement les paupières et replacer l’environnement qui se déployait sous mes yeux dans le contexte de la soirée.  Je profitai encore un peu de la douce chaleur qui régnait dans mon duvet avant de me soustraire au confort très relatif de mon lit de fortune. Une épaisse couverture, que je ne connaissais pas, reposait sur mon sac de couchage, augmentant de quelques degrés la température interne de celui-ci. C’était de là que provenait l’odeur de feu de bois. Hawkins avait du déposer cette couverture sur moi pendant la nuit. Mes tremblements et claquements de dents l’avaient empêché de dormir sans doute. Qu’importe ! Maintenant que je connaissait la cause de cette chaleur, il n’était pas question que d’en profiter une seconde de plus.

Après avoir rapidement rangé mon duvet et plié la couverture - j’ai été bien élevée tout de même - je franchis les quelques mètres me séparant des restes du feu de camp. Hawkins me tournait le dos et ne fit aucun geste à mon arrivée. Je me plantai face à lui, lui tendit la couverture en me détestant d’avoir apprécier ce fumet et me força à prononcer un « Merci » dont le ton ne collait pas vraiment avec le sens. Fichues bonnes manières !

Il aurait pu profiter de la situation pour me ridiculiser un peu plus encore et je m’attendais à ce qu’il le fasse. Au lieu de ça, il me tendit le récipient en plastique contenant un liquide noir qu’il tenait dans ses mains.

- Un café ?

Sa voix à lui était calme et ses gestes fluides ne trahissaient aucune courbatures ni tremblements involontaires. Il venait tout de même de passer une nuit entière sur un sol dur en plein coeur de l’hiver. J’avais moi-même un mal de chien à rester immobiles plus de quelques secondes et le moindre mouvement réveillait une zone douloureuse due à l’inconfort des dernières heures.

Cet homme était vraiment étrange. Plus je l’observais et moins je le comprenais. Sans doute un véritable psychopathe. Et pourtant, il ne m’inspirait aucune peur. Simplement une profonde haine. Et toujours plus de questions.

Mon esprit refusait ce café salvateur proposé par cet homme, mais mon corps en avait cruellement besoin. J’acceptai donc de mauvaise grâce, forcée de le remercier une seconde fois dans un laps de temps aussi court. Je saisis donc la tasse en m’attendant à devoir avaler une boisson tiède. Un café froid, c’était toujours mieux que pas de café du tout - il faudrait absolument que je remédie à cette dépendance absurde. Au lieu de ça, je sentis immédiatement la chaleur intense du breuvage me réchauffer les mains. Si je n’avais pas eu de gants, je me serais sans doute brûlée. Hawkins avait pourtant longuement porté le récipient. A force d’allumer des incendies, on doit développer une certaine insensibilité aux hautes températures.

Je m’installai en face de lui, de l’autre côté des cendres pour savourer mon café en silence. Un croissant n’aurait pas été de trop, mais il ne fallait pas pousser.

- Pourquoi m’avoir suivi, mademoiselle Fallen ?

Sa question m’intrigua. Je le suivais depuis plus d’une semaine, il n’aurait pas dû être si surpris. Il n’était peut-être pas si malin que je le pensais après tout. Mais s’il refusait de me dire ce que je voulais savoir, il n’y avait aucune raison pour que je lui réponde à mon tour.

- Pourquoi venir ici, monsieur Hawkins ?

Répondre par une autre question. Une technique que j’affectionnais tout particulièrement. Il me fixa un instant et finit par ouvrir de nouveau la bouche.

- Peut-être que je voulais prendre l’air. Peut-être que j’avais envie de changement.

- Et peut-être que vous me prenez pour une idiote. Vous venez ici toutes les semaines.

Il encaissa ma remarque sans broncher.

- Vous voulez du changement ? Allez à la mer ! Mais peut-être que le bois y est trop humide pour vous ?

Il détourna les yeux pour ranger la couverture pliée dans son sac et j’en profitai pour avaler une gorgée de café.

- Que pensez-vous d’Ashland ?

Il était évident que je ne tirerai rien de lui aujourd’hui, du moins pas de façon aussi directe.

- Il y fait froid. Je ne suis pas habituée à des températures si basses.

- C’est ce que j’ai cru comprendre la nuit dernière. Malory m’a dit que vous veniez d’Arizona.

La gérante jouait donc les agents doubles, me renseignant sur Hawkins pendant qu’elle l’informait sur moi. C’était de bonne guerre et de toute façon, je ne lui avait jamais demandé de taire nos conversation à son employé. Dans le doute, je savais pertinemment de quel côté pencherait sa loyauté. De toute façon, que Hawkins sache tout cela n’avait aucune espèce d’importance.

- Prescott. Là bas, quand on a froid, il suffit de mettre un pull. Comme vous ici apparemment. Je savais que l’homme s’habituait à son environnement mais à ce point là tout de même, ...

- Je suis résistant.

Il avait prononcé cette dernière phrase comme s’il s’agissait d’un constat funeste en dirigeant son regard vers les cendre froides nous séparant. Puis il releva vivement les yeux et changea de sujet.

- Un taxi m’a collé aux basques hier. Vous étiez dedans n’est-ce pas ?  C’est comme ça que vous m’avez suivi jusqu’ici. C’est le chauffeur qui devait être ravi.

Il souriait maintenant. Il savait que le prix que le trajet m’avait coûté et semblait fier de lui. Ce souvenir m’arracha une grimace qui cacha à merveille le semblant de sourire ironique qui avait faillit étirer mes lèvres au souvenir de la somme exorbitante que j’avais accepté de payé pour passer une nuit horrible.

- Ne m’en parlez pas ! Vous n’auriez pas pu trouver plus près comme bout de forêt ? Ou faire un simple jogging, comme tout le monde ?

- J’y penserai la prochaine fois. Vous pourrez peut-être même choisir la destination.

La situation l’amusait. Et moins qui comptait l’avoir à l’usure, ... Mais ce n’était sans doute qu’une façade. Il voulait simplement garder une certaine contenance.

- Ne vous avancez pas trop. Vous risquez de ne pas aimer mes propositions.

J’en avais plusieurs à l’esprit et toutes comportait les options barreaux d’acier et heures de visites. Certaines proposaient même la formule spéciale injection.

Je vidai d’un trait ce qu’il restait de café et me dirigeai vers le ruisseau pour rincer le récipient. Lorsque je revint, il avait bouclé son sac à dos et le hissait sur ses épaules. Nous parcourûmes le même chemin que la veille en sens inverse. Quelque chose me disait qu’il ne rentrait pas si tôt de ses randonnées d’ordinaire mais ma présence avait probablement perturbé ses habitudes.

Une fois arrivés près de son véhicule, il tira ses clés de contact de la poche avant de son sac à dos. Les agitant dans un cliquetis métallique, il se tourna vers moi.

- Je vous ramène ou vous préférez y laisser l’autre moitié de votre salaire ?

La perspective de rappeler le voleur agréé, de l’attendre une bonne demie-heure et de l’enrichir davantage ne me réjouissait guère. Mais c’est le porte-clé qui pendait des doigts de Hawkins qui provoqua mon hochement de tête affirmatif. Je jetai mon sac à dos insuffisant près du sien presque vide dans le coffre de la jeep avant de me hisser sur le siège passager.

Logan avait eu le même porte-clé. Une figurine métallique figurant un chapeau de paille cerclé d’un ruban rouge. Le même chapeau porté par le héros du manga préféré de mon frère, One Piece. Hawkins ne semblait pas s’être aperçu de mon trouble et avait démarré la voiture sans un mot. Nous roulions depuis une bonne demie heure lorsque la question franchit enfin mes lèvres.

- Quel est votre personnage préféré ?

- Je vous demande pardon ?

Il avait vraiment l’air perturbé par ma question. En y réfléchissant, je n’avais pas vraiment été des plus précises.

- One Piece. Quel est votre personnage préféré de One Piece ?

Il quitta la route du regard pour le tourner vers moi quelques secondes, me faisant une moue désolé.

- Connais pas.

Comment pouvait-il ne pas connaître un manga dont il avait une figurine pendue à ses clés ? Ce genre d’objet ne se trouve pas dans le premier magasin venu. Il faut le chercher pour le dégotter. Logan avait écumé des dizaines de sites web pour trouver le sien. Et celui de mon chauffeur ressemblait comme deux gouttes d’eau à celui de mon frère.

Je n’eus pas le temps de pousser plus loin mes investigations. Hawkins réduit sa vitesse en franchissant le panneau indicatif d’Ashland et me demanda où je devais le déposer. Ayant eu mon compte d’expéditions pour la semaine, je lui indiquait le nom de mon hôtel et m’affalait sur mon lit un quart d’heure plus tard, me rappelant tout le confort des matelas modernes.


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Chapitre 5 (non terminé)


????




Après deux semaines sur place, il devint évident que l’observation passive ne donnerait aucun résultat. J’allais devoir passer à la vitesse supérieure si je voulais obtenir des réponses avant de mourir de vieillesse. Je décidais donc de changer de tactique.

- Malory m’a parlé de ce livre. L’île au trésor. Mais je ne me souviens plus de l’auteur et je n’arrive pas à le trouver.

Charlie détourna son regard du rayonnage pour le poser sur moi.

- Bonjour mademoiselle Fallen. L’auteur que vous cherchez est Robert Louis Stevenson et vous trouverez l’ouvrage dans les classiques européens.

Je ne répondis pas à sa salutation et ne bougeai pas non plus d’un iota, me contentant de le fixer en sirotant mon café. Lorsqu’il s’aperçut de mon immobilité il eut un sourire amusé et alla lui même récupérer le livre. Je le suivais en silence jusqu’au rayonnage.

- C’est aussi lui qui a écrit L’étrange cas du docteur Jekyll et de mister Hyde. Un autre classique à lire si vous aimez le genre.

L’histoire d’un type au double visage. Pas étonnant qu’il affectionne ce genre d’histoire. Mais je me gardais bien de faire cette réflexion à voix haute. Le but n’était pas d’envenimer la situation, bien au contraire. Soit proche de tes amis et encore plus de tes ennemis. Voilà ce qui me donna la force d’afficher un sourire que j’espérais réaliste.

- Merci monsieur Hawkins.

- Appelez-moi Charlie.

- Seulement si vous m’appelez Riley.

Je ne sais pas ce qui m’empêchait de vomir mon petit déjeuner. Je fis de mon mieux pour rester polie et aimable. Il fallait qu’il parle.

- Voua avez lu tous les livres de la bibliothèque ?

Ma question n’était qu’à moitié intéressée. Oui, je voulais le mettre en confiance pour apprendre des choses nettement plus intéressantes comme le trou de deux ans dans sa chronologie, la raison de l’incendie et la possibilité d’autres catastrophes qu’il aurait déclenchée. Mais la réponse m’intéressait vraiment. Je l’avais vu conseiller des lecteurs sur toutes sortes de livres, de tous les genres, pour tous les âges. Jamais il n’avait eu d’hésitation et avait su répondre à toutes les questions posées. Il régnait en ces lieux et semblait connaître chaque centimètre carré comme sa poche.

- Tous, non mais je m’y emploie. J’adore lire et ce n’est pas le choix qui manque ici.

- Quel est votre préféré ?

Hawkins porta sur moi un regard étrange. Se doutait-il de quelque chose ? Avais-je été trop pressante, trop vite ? J’aurais dû me contenter du bouquin pour aujourd’hui et aller m’assoir pour lire. C’est d’ailleurs ce que je m’apprêtais à faire lorsqu’il reprit la parole.

- Voilà une question difficile. Est-ce que vous demanderiez à une mère lequel de ses enfants elle préfère ? Donner un seul titre, c’est impossible mais je peux vous citer l’Odyssée, Cyrano de Bergerac ou encore Le portrait de Dorian Gray. Mais il faudrait ajouter Dumas, Goodkind, Khoury et bien d’autres... Il y a tellement de bons livres qu’il est difficile de choisir.

Lorsqu’il parlait de livre, il avait l’air d’un enfant qui découvrait qu’après le McDo on l’emmènerait à Disneyland. Et moi, j’avais l’air d’une parfaite idiote parce que la moitié de ce dont il me parlait ne me disait absolument rien. Trop frustrée, et fière, pour le reconnaître je choisis de garder le silence. Ce qui ne trompa évidemment personne. Les sourcils de mon interlocuteur se froncèrent et il pencha la tête de quelques degrés sur la droite.

-  Terry Goodkind ? Raymond Khoury ? Vous connaissez Alexandre Dumas tout de même !

Et qu’est-ce que ça pouvait lui foutre que je connaisse cet Alexandre ou non ?! Sans répondre, je lui lançai un regard noir et fis volte face avec mon Ile au trésor dans une main et mon thermos isotherme de l’autre.

*********
- Ce n’est pas un si mauvais bougre, vous savez. Je ne sais pas ce que vous lui reprochez au juste mais ça ne peut pas être si terrible.

Pour toute réponse, je mordais une nouvelle fois dans mon sandwich, au poulet cette fois-ci. Comment lui dire que, quoi qu’elle imagine, c’était bien pire. Que le simple fait d’en parler me coupait l’appétit. J’avalais d’ailleurs difficilement avant d’orienter la discussion sur un sujet bien plus intéressant.

- Et que savez-vous de lui avant son arrivée ici ? Sur sa famille, l’endroit où il a grandi ? Il ne peut pas être sorti de nulle part ! Il n’a jamais rien évoqué de son passé ? Un nom ? Un lieu ?

Ce n’était pas la première fois que je posais ce genre de question et la réponse ne changea pas des fois précédentes.

- Je vous ai déjà dit qu’il n’aimait pas parler de son passé.

Un réponse qui ne voulait rien dire. Il était possible qu’elle ne sache rien ou qu’elle ne veuille rien dire. Dans tous les cas, je n’avais aucune réponse. Et ça commençait sérieusement à m’énerver.

- Son porte clés. C’est vous qui lui avez offert ? Celui en forme de chapeau de paille.

Il avait dit ne pas connaître One Piece mais cela n’avait rien de surprenant si la figurine était un cadeau.

- Non. Il l’avait en arrivant ici. Pourquoi ? C’est important ?

Encore un mystère englobant Richard Hawkins. Je soufflai en posant la fin de mon déjeuner sur la table de la serre. Tout cela m’avait coupé l’appétit.

- Pas vraiment. Il me rappelle quelqu’un, c‘est tout.

Qu’est-ce que je faisais là au juste ? A ressasser le passé depuis deux semaines sans avancer d’un pouce ? C’était peut-être une mauvaise idée après tout. A quoi je m’attendais ? A des aveux complets dès le premier jour ? A ce qu’il se rende bien sagement à la police ? Si au moins il avait l’air moins parfait !

Malory n’avait rien ajouté. Fine psychologue elle avait dû comprendre que ce n’était pas le moment de se montrer curieuse. Je devais bien avouer que j’appréciai ces repas avec la propriétaire de la bibliothèque. La vieille femme était toujours d’excellente compagnie et ne manquait pas de caractère. Dommage qu’elle se fasse manipuler de la sorte par un criminel.


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Chapitre 6


???




Pas encore écrit ^^





Dernière édition par Aeryn Sincet le Dim 11 Oct 2015 - 9:29, édité 4 fois

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Ajout du chapitre 3 fraichement rajouté ^^

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Très intéressant. J'attends vivement le chapitre 4.  Smile 

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^^

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Chapitre 4 bien avancé, prochainement sur vos écrans ^^

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Super !

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Je ne peu pas ajouter le chapitre 4 au premier post : message trop long, ... 
Je met donc la suite ici ^^

Chapitre 4 :

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cool. J'ai vraiment hâte que tu envoie le cinquième chapitre.

alors comme ça tu n'aimes pas Jules Verne? Tu es face à un grand fan. Ne t'inquiète pas, je ne t'en veux pas.  Coucou 

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C'est pas que j'aime pas, ... C'est que j'ai l'impression du lire une encyclopédie (j'aurais bien dit un dictionnaire s'il triait ses descriptions par ordre alphabétiques ^^)  
Mais le fond est vraiment bluffant ^^

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c'est sûr.  Smile 

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:O Je viens de découvrir qu'Aeryn s'amuse bien sur le sable breton Wink

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Et oui ^^

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C'était du sable basque en l'occurrence ^^

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Une Aeryn basquaise une !

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Comme le poulet ??! Burk !!

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Et comment est-on sensé faire la différence entre le sable breton et basque ?

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Le sable breton est plus foncé et parsemé de petits bouts de coquillages et de graviers, ... ^^ 
Le sable basque est fin et clair ^^

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