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Ce qui est ennuyant avec les visites médicales c'est qu'on essaie de toujours vous trouver tout un tas de problèmes alors que tout va bien. Vous y allez en pleine forme et vous repartez avec un tas de médocs dont vous avez pas besoin. Imaginez en plus que vous vivez dans un pays avec une modeste assurance maladie et bonjour la note. Et en plus de tout cela il faut supporter le tripotage intensif d'une auscultation complète. Pour toutes ces raisons et bien plus encore Sarah Lawrence s'était toujours montrée difficile dans son suivi des visites médicales. Son propre avis médical acquis après 3 secondes de suivi de son pouls se résumait à ceci :
* Mon coeur bat, je respire. Alors tout va bien. *

Il n'y avait pas besoin de chercher plus loin la petite bête. Elle était toujours certaine qu'elle claquerait un jour en mission. Ou, peut-être même pire, elle finirait par casser sa pipe sur un truc aussi bête que se faire renverser en traversant la rue. Alors se créer des soucis, merci mais non merci. Il ne fut jamais dit que Sarah Lawrence était particulièrement brillante et son approche simpliste des choses étaient tout autant un force qu'un inconvénient. Et pour le personnel médical en général s'en était un. Le docteur Teoh avait réussi à l'apprivoiser après des années de service commun. Elle s'y était prêtée volontiers lorsque le personnel du Wayne s'en occuper dans l'optique de faciliter les relations avec l'équipage sur les conseils de Zander. Mais les choses avaient commencé à être plus difficile quand les visites médicales d'AT-2 étaient revenu au docteur Aaron Baker pour qu'il puisse se faire la main sur les nouvelles pratiques et technologies. La première fois qu'elle avait été sollicité Lawrence avait demandé à voir sa liste avant de lui adresser un grand sourire et barrer son propre nom de celle-ci et dessiner un smiley sur l'indicateur de son état.

" Et voilà ! Visite terminée. Génial non ? " Lui avait-elle dit avant d'utiliser ses pouvoirs mystiques ninja commando pour se fondre dans la masse et disparaître aussi vite qu'elle le pouvait.

Depuis cela avait été un jeu du chat et de la souris et le lieutenant-colonel ne s'y était présentée qu'à la requête du capitaine de bord.

Après deux mois passée à bord du Wayne son apparence avait changée. Son corps s'était encore endurcit et elle semblait légèrement plus fine qu'à son arrivée. Son régime d'exercice, stress des situations tactiques et de la "délicieuse" ration disponible y étaient certainement pour quelque chose. Sa couleur, faite depuis un moment commençait à disparaître. Ses cheveux avaient repris une teinte plus claire et ses racines blondes étaient devenues visibles. Elle avait parfois l'impression de ressembler à une ado traversant sa période gothique avec cette bi-coloration involontaire. Malgré cette touche d'originalité elle portait toujours ses cheveux coiffés en tresse à la française. L'habitude acquise avant son premier pas vers les étoiles ne l'avait jamais quitté. Elle portait également le même ensemble que le personnel de bord, a ceci près que sa tenue était dépourvue que marquage ou d'écusson comme le reste de son équipe. Leur statut était à part. Le sien l'était d'avantage. Si elle n'inspirait plus autant de crainte qu'à son arrivée elle ne pouvait ignorer le malaise qu'elle provoquait chez les jeunes membres d'équipage. Comme leur en vouloir quand son visage était trait pour trait celui d'un des pires ennemis de la civilisation terrienne. Même si elle donnait l'impression de s'en moquer le lieutenant-colonel percevait quand même les murmures sur son passage et les regards en coin. Au moins sa routine d'exercices et de travaux avec le capitaine Sincet l'occupait suffisamment pour qu'elle n'ait pas à faire face à sa relative solitude.

Alors qu'elle se déplaçait dans les couloirs elle ne put s'empêcher de remarquer un regard particulièrement insistant d'un jeune mécanicien. Elle le lui rendit sans se démonter et l'accompagna d'un haussement de sourcils le défiant d'exprimer sa pensée. Le défis fut suffisant pour lui faire détourner le regard et l'inviter à retourner à ses occupations. Sarah ricana silencieusement avant de se retourner pour reprendre sa route. Elle fit un pas avant de se figer. Elle avait reconnu une silhouette à l'autre bout du couloir. Ce n'était pas si difficile que ça à noter. Il s'agissait d'un homme bien plus âgé que la population qui l'entourait. Mais plus important encore, il s'agissait de celui à qui elle avait posé 3 ou 4 lapins d'affilés sur sa visite médicale d'entrainement en prétextant toujours plus d'excuses farfelues. Aaron Baker remontait le couloir en sens inverse vis à vis d'elle. L'américaine s'agita brusquement en regardant autour d'elle à la recherche d'une échappatoire. Elle finit par trouver un manuel posé là et s'en empara précipitamment. Il s'agissait de schémas techniques quelconques qui n'avaient pour elle ni queue ni tête. Elle les retourna d'un sens, puis dans l'autre avant de se retourner face à une paroi et de faire mine d'avoir l'air très occupée en prétendant être plongée dans sa lecture. Elle leva fortuitement l'ouvrage au niveau de son visage en priant pour que cela suffise à la dissimuler.

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Aaron jeta un coup d'oeil à sa montre. Il était un peu tard, et il espérait qu'il y ai encore un truc à manger en cuisine. Pas le truc à l'algue dégeu, l'autre truc à l'algue, un peu moins crade. Bon, dans tout les cas, ce n'était pas très réjouissant, mais avec un peu de chance il pourrait choper ce liquide amer qu'ils appellent café de synthèse. Merde, vivement qu'ils rentrent chez eux, ... si ils y arrivaient un jour... Sinon, quand il n'y aura plus d'espoir, il demandera au capitaine Sincet de le déposer sur n'importe quelle planète random. Et puis peut-être qu'il arriverait à convaincre des gens de le suivre, juste histoire de ne pas être totalement seul. La petite Safia était canon, mais elle parlait trop... Ou alors la jeune Alice et son petit regard timide. Aaron riait intérieurement en se faisant des films tous plus absurdes les uns que les autres. Il avait fini le bouquin qu'il avait pris dans son paquetage. Pas de lecture, pas de divertissement,... il n'avait que sa caboche un peu attaquée pour s'évader un peu. Alors il tentait de créer de grandes plages de galets bleus sous un soleil agréable. Merde, même la lumière du jour était devenu un putain de fantasme !
Il leva les yeux à ce moment pour voir une silhouette s'activer au fond du couloir. Il ralentit le pas en souriant. Derrière un manuel technique, difficile de ne pas reconnaitre le corps de sa cheffe d'équipe qui l'évitait une fois de plus. Il s'avança à pas tranquille puis se planta devant elle. Il lui prit délicatement le manuel des mains, puis le retourna à 180 degrés avant de lui replacer.
" Dans ce sens, ce sera plus compréhensible" se moqua t-il.
Il croisa les bras sur son torse et s'avança encore d'un pas pour regarder Sarah par dessus son ouvrage.
" Dites, je vais finir par croire que vous m'éviter" raillia-t-il laissant trainer la voix pour bien faire comprendre le second degré.
" Heureusement que ce n'est pas un rencard que j'essaye d'avoir, je l'aurais vraiment mal pris..." ajouta t-il sans se démonter.

Aaron continua de la regarder en souriant, et sans s'éloigner. Tous les membres de AT-2 avaient passé la visite médicale mensuelle sans bronchés, seule Sarah disparaissait mystérieusement dès qu'il lui donnait un rendez-vous. Elle semblait tenir les médecins en horreur. Un mauvais point pour lui : elle ne viendrait surement pas l'accompagner sur sa planète déserte.
" Allez, venez, on n'en a pas pour longtemps promis." dit-il en baissant la voix et en reprenant son sérieux.

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Son camouflage était parfait. Comment était-il possible que le docteur Baker l'ait trouvé ? Peut-être était-ce dû à son aspect trentenaire au milieu des adolescents qui les entouraient. C'était un coup dur pour elle et pour son égo. Elle leva les yeux lentement vers lui lorsqu'il lui prit le livre des mains pour le lui remettre dans le bon sens. Sarah baissa les yeux sur les pages qui lui faisaient face et constata avec déception que son ouvrage n'avait pas plus de sens pour autant. Elle abaissa le livre sur ses genoux en soupirant, évitant un moment son regard avant de lever les yeux vers lui comme une lycéenne qu'on aurait prise en train de fumer dans un couloir. Elle haussa un sourcil à sa première réplique et s'apprêta à lui répondre quand il évoqua son histoire de rencard. Elle écarquilla alors les yeux et laissa rapidement son amusement prendre le pas sur sa surprise :

" Même après six mois de solitude je ne sais pas comment je dois prendre le fait que vous n'essayez même pas d'avoir un rencard. Soit vous êtes l'homme avec le meilleur self contrôle du monde soit votre mise à jour avec le docteur Teoh ne se limite pas au domaine médical. "

Elle croisa à son tour les bras et s'adossa sur la paroi de la coursive où ils se trouvaient. Sarah avait espéré détourner l'attention du docteur et l'entraîner dans un débat sans queue ni tête jusqu'à être appelée quelque part mais il ne se laissa pas prendre. Il l'invita à passer sa visite en lui promettant de ne pas s'y attarder. Elle se redressa en décroisant les bras et soupira. Elle poussa un juron avant de se mettre en route pour lui faire comprendre qu'elle s'y pliait enfin.

" Je ne suis pas valétudinaire vous savez ? " Elle marqua un temps de pause pour jauger sa réaction" Ouai je sais j'en connais des mots hein ? Je ne fais pas que regarder les belles mages dans les livres...Enfin bref, je vais bien compte tenu des circonstances. Les autres je peux comprendre, le professeur Sincet est telle qu'on l'a toujours connu en même temps différente. Le lieutenant Kouznetsov ? Il...il est russe, je veux dire il est russe et il y a pas une goutte de vodka à bord. Et en plus il va bien. "Elle se retourna subitement et marqua un temps d'arrêt en croisant les bras pour faire face à Aaron" Z'êtes certain que c'est pas une forme de cyborg qui fait semblant d'être russe ? Est-ce qu'il dit des trucs étranges genre I'll be back ? "Elle se remit en route vers l'infirmerie." Enfin tout ça pour dire que je suis sans doute celle qui est la plus normale, si exclue ma possession par un goa'uld, et mon exposition à une phéromone de camps de vacance, et la fois où une plante carnivore m'a assommée avec une spore...et celle où je me suis défoncée en faisant du parcours...et...ouai enfin j'ai pas besoin. "

Elle arriva plus rapidement qu'elle ne l'aurait voulu à destination. Elle fit volte face pour s'en aller avant de se rendre compte qu'elle s'était elle-même prise au piège en passant devant. Elle fit une moue contrite et rentra finalement dans la pièce.

" Bon, faites votre vaudoo j'ai rendez-vous avec une assiette de pâte grise que mon imagination fera passer pour un mille-feuille. "

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Aaron soupira feignant une lassitude profonde, fendue d'un très léger sourire en coin.
"Qui sait, peut-être suis-je un iconoclaste qui rejette les traditions patriarcales, et qui attendait que VOUS me proposiez un rencard ?"

Le médecin revînt vite à la charge sur la visite médicale de Sarah, et, acculée, elle ne pu qu'accepter en bougonnant. Elle prit la direction de l'infirmerie. Il marcha à ses côtés, amusé par son débit de paroles et ses idées qui faisaient des vrilles et des détours amusants.
" Cela expliquerait bien des choses..." appuya t-il en hochant la tête d'un air faussement entendu lorsqu'elle évoqua la possibilité que Kouznetsov soit un cyborg.

" ... Ou la fois où vous avez fait plusieurs mois de coma..." continua Aaron à la suite de l'énumération de Sarah. Il lui jeta un regard en biais. " Oui, je connais votre dossier."

Lorsqu'elle se rendit compte qu'elle venait d'arriver à destination, Sarah fit volte-face mais se retrouva bloquée par Aaron qui venait d'entrer dans l'infirmerie. Il resta dans l'encadrement de la porte, et lui désigna une chaise de la main. Elle se résigna donc à obtempérer en lui priant d'exercer son vaudou sur elle.

" Bon, où sont ma bave de crapaud et ma pisse de libellule ? ... " fit-il en mimant de chercher quelque chose sur les étagères.
" Ah j'ai du les ranger dans mon sac à clichés. " Il se dirigea vers son bureau d'un pas preste et en sortit un sac en plastique et jeta un regard dedans. " Tiens, oui, il y a aussi le cliché de la militaire dure à cuire qui a horreur des seringues ! "

Fier de lui, il en sortit un set de prélèvement sanguin qu'il posa sur le bureau dans un geste théatral.

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Sarah adressa un sourire en coin à Aaron lorsqu'il lui indiqua qu'il attendait sans-doute qu'elle fasse le premier pas.

" C'est une tragédie alors...parce que je ne sors pas avec les médecins. Qui sait ce que vous pouvez-faire avec vos connaissances interdites. M'ausculter pendant le premier rencard, mon sommeil ou autre. "

Elle fut surprise qu'il connaisse son historique. Elle se retourna en marchant quand il confirma qu'il connaissait son dossier et qu'il semblait s'en rappeler :

" J'espère que j'ai au moins que j'ai réussi à conserver une part de mystère pour vous. "

Après une ultime tentative pour s'enfuir elle se résigna à entrer et elle pris place sur le siège qui lui était désigné. Elle fit une moue lorsqu'il parla de bave de crapaud et de sac à cliché. Elle soupira lorsqu'il sortit ses tubes à essai pour les prélèvement sanguins. Elle dézippa la combinaison de service qu'elle portait. Le vêtement était l'uniforme de bord qui lui avait fournit avec du rechange à son arrivée. Elle révéla le débardeur noir délavé qu'elle portait dessus et elle tendit mollement le bras au médecin.

" Ce n'est pas des aiguilles que j'ai peur. Ça ne me fait pas peur pour être honnête. C'est juste que tout ce processus est une perte de temps. Je vais bien je vous l'ai dit. Pas même un nez qui coule depuis qu'on est arrivé. "

Elle laissa Aaron effectuer son prélèvement sanguin avant qu'il poursuive son auscultation.

" Puis est-ce qu'il y a vraiment besoin de mettre le patient en sous-vêtement à chaque fois ? C'est une excuse pour se rincer l'oeil en plus de nous tripoter hein ? "

Elle grimaça pendant qu'il lui passait une lumière dans les yeux.

" Vous faisiez quoi avant l'invasion ? Vous aviez un cabinet ? Vous bossiez en hosto ou un truc dans le genre ? "

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" Une perte de temps ? Et bien, je ne sais pas comment je dois le prendre ! " dit-il d'un air faussement offusqué tout en posant un garot sur le bras de Sarah. Il tapota l'intérieur de son coude pour faire apparaitre les veines en hochant ostensiblement la tête pour appuyer les propos de la militaire.

" Evidemment que c'est une excuse. Il faut bien se trouver une forte motivation pour se coltiner les dix ans d'études ! Et ma foi, se rincer l'oeil, c'est une motivation comme une autre ! " ajouta-il d'un air beauf ridiculement assumé.

Il enleva le garrot pour laisser le sang affluer dans la seringue qu'il avait planté dans le bras de sa patiente. Il remplit deux fioles et colla un pansement dans le coude de Sarah. Après avoir jeté ses déchets et s'être désinfecté les mains, il prit un petite lampe et fit rouler son fauteuil jusqu'à celui de Sarah, lui collant le faiseau dans les yeux.

" Ce que je faisais avant ? Et bien ça ! Tout pareil... Bon je n'étais pas dans une carcasse métallique fonçant à travers l'espace, mais plutôt sur des navires de l'US Navy quelque part sur les océans. Mais quelle est la différence vraiment ? Bon, il y avait du rhum planqué dans les vestiaires, la bouffe du mess était mangeable et les filles de l'équipage étaient majeures. "
Il rit une fois de plus à la beaufitude de sa blague, sans trop savoir comment Sarah allait la percevoir. Puis il s'arrêta et redevint sérieux.

" Je ne voulais pas forcément m'engager, mais je n'avais plus les moyens de payer les études et .... le reste. L'armée pouvait financer ma formation, alors j'ai foncé. "
Il se tourna vers l'ordinateur de bord pour reporter ses observations de l'examen de Sarah. Pendant quelques secondes se doigts restèrent suspendus au dessus du clavier. Et si il ne s'était pas engagé dans l'armée ? Et si il avait tout simplement changé de métier ? Peut-être qu'il aurait été au côté de sa femme et de son fils lors de l'attaque. Peut-être qu'il serait mort à leurs côtés.
Il eut un léger frisson. Ces histoires de voyage dans les univers parallèles étaient en train de lui retourner le cerveau.

" Ca vous arrive de vous demander où vous seriez si vous ne vous étiez pas engagé dans l'Armée ?" demande Aaron, dos à Sarah, alors qu'il finissait de remplir son dossier.

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" Je le savais ! " chuchota Sarah lorsqu'Aaron lui confirma avec humour qu'il n'avait fait médecine que pour se rincer l’œil.

Elle l'avait questionné sur son passé histoire de changer de sujet et de s'occuper le temps qu'il réalise ses prises de sang et son auscultation. Elle avait évidemment parcouru le dossier du docteur Baker, elle préférait cependant entendre sa version. Les dossiers ne recelaient rien des motivations des gens. Mieux connaître un coéquipier c'était être en mesure de mieux travailler avec. A nouveau Aaron s'engagea sur la voie de l'humour pour lui répondre. Sarah ne pouvait pas lui en vouloir, elle était elle-même plus qu'adepte de ce genre de réponse. Elle savait qu'il avait servi dans la Navy comme elle mais elle ne parvenait toujours pas à se l'imaginer. Elle haussa les sourcils quand il évoqua le personnel féminin à bord des navires. Elle secoua lentement la tête comme si elle était désolée pour lui.


" Même isolée en mer je suis certaine qu'elles ne seraient pas assez désespérées pour se laisser avoir. Je suis bien placée pour le savoir j'étais moi-même une de ces filles majeurs embarquées. "

Elle finit par acquiescer quand il lui révéla les véritables raisons de son engagement. S'engager pour bénéficier d'un financement d'étude était courant. Elle ne pouvait pas lui jeter la pierre car sa décision avait certainement plus de sens que celle qu'elle avait prise en son temps. Elle s'était dans le fond engagée par pulsion et par soucis d'égo, de se prouver quelque chose. Elle observa un instant le médecin pianoter avant qu'il ne lui retourne une question sur ses propres possibles.


" Avocate " répondit la trentenaire sans la moindre hésitation." J'aurais été avocate. J'ai commencé des études de droit avant de m'engager. J'ai d'ailleurs rencontré mon double lorsque Ruax a été extrait de mon corps. Pas très drôle c'est sûr, et un peu trop pincée. "
Elle regarda Aaron et s'empressa de lever un doigt pour le couper le moindre élan de réponse avant d'ajouter :
" Je sais de quoi j'ai l'air quand je dis ça mais c'est la pure vérité. "

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Aaron ria de bon cœur à la pique de Lawrence concernant les filles "pas assez désespérées pour se laisser avoir".
" Aïe, touché. " dit-il en posant une main sur son cœur d'un air théâtral.

Comme pour répliquer silencieusement, il repensa à Monica, à Rachel, à Grace et à Jane. Jane. Son sourire se ternit légèrement. Son souvenir le ramenait toujours à ce moment terrible... Il tourna la tête vers son ordinateur et se mit à entrer les données.

La conversation s'orienta sur leurs choix de carrières respectifs. Il tourna un regard surpris vers Lawrence lorsqu'elle lui dit avoir fait des études de droits. Elle lui avoua ensuite avoir eu une vision d'elle-même lors de son expérience avec Ruax. Aaron avait oublié le nom, mais en conclut qu'il s'agisait du Goauld qui avait pris possession de la militaire. Son visage s'assombrit une fraction de seconde, comme à chaque fois dès qu'il était question de serpenteries.

" Donc pas de regrets je présume ?" lâcha-t-il.
" Est-ce qu'elle avait la maison avec les parterres fleuris, les gosses, le labrador et le barbecue du dimanche ? " demanda-t-il ensuite sur le ton de la confidence. " De toute façon, elle nous jalouserait, c'est sûr ! Une croisière à un milliard d'étoiles, gratos et sans ticket retour, c'est royal ! "
Il s'arrêta brusquement, se mordant la lèvre inférieure. Parfois son humour noir et son sarcasme pouvait l'emmener loin. Mais il était avant tout médecin et devait aussi s'assurer du moral de ses patients. Sa petite blague était de mauvais gout pour quiconque vivait mal la situation actuelle.

"Excusez-moi. " dit-il d'une voix plus douce et sur un ton plus sérieux. " Je ne voulais pas plaisanter sur notre situation... J'ai tendance à beaucoup trop évacuer avec l'humour, mais ce n'est pas le cas de tout le monde." avoua-t-il.
" Comment vivez-vous la situation actuelle ? " demanda-t-il en reprenant un air plus professionnel.

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Le regard de Sarah se perdit au delà des parois de l'infirmerie lorsqu'Aaron lui demanda si elle avait des regrets. Elle se souvint de cette étrange expérience, de ses multiples facettes qu'elle avait croisé. Chacune semblait avoir pris une direction différente. Puis il y avait eu l'expérience perverse du centre de "détente ancien". Elle avait exorcisé ses démons en quelque sorte mais elle ne gardait pas un très bon souvenir de l'aventure. Son travail à la Navy l'avait conduite au delà de tout ce à quoi elle aurait pu s'attendre. Sans cela elle ne serait jamais allée dans l'espace, elle n'aurait pas rencontré autant de cultures et d'individus passionnants. Elle secoua lentement la tête :

" Non. Je ne crois pas avoir de regrets concernant cette vie du moins. "


Pendant un moment la blonde sembla être absente de son enveloppe corporelle. Elle paraissait perdue au fond d'elle-même. Son esprit divaguait d'un point à l'autre de sa vie. Elle contemplait les instants les plus intenses de celle-ci et y accolait cette question terrible. Avait-elle des regrets ? Elle avait connu des instants d'immenses bonheur et de douleurs terribles au cours des dernières années. Sarah Lawrence avait grandi et s'était épanouie aux fil des expériences qu'elle avait connu au sein du SDT. Chacune avait laissé sa marque. Elle ne pouvait avoir de regrets car elles formaient un tout qui faisait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui. Elle revint finalement à elle-même quand Aaron présenta ses excuses pour son dernier commentaire. Elle cligna des yeux et soupira en agitant la main comme pour chasser toutes ces pensées et ces paroles d'un revers de la main.

" Il n'y a pas de mal. Chacun gère la situation à sa manière comme vous dites. " Elle observa un instant le reste du personnel présent autour d'eux. Les garçons et filles qui les entouraient étaient jeunes. L'un comme l'autre dépareillait au milieu d'eux.
" J'ai de la compassion pour ces gens mais je n'oublie pas notre mission. Nous devons rentrer avec ceux que nous avons perdu. Notre propre réalité a besoin de nous. Et puis..."
Elle ramena son regard sur Aaron.
" Certains d'entre nous sont encore attendus par des gens à la maison. Aeryn par exemple a une famille. On ne peut pas se permettre de rester plus longtemps que nécessaire. "

La blonde soupira :
" Si je peux apporter une solution à cette réalité face à leur ennemi tant mieux. C'est juste, parfois difficile de prendre ce genre de décisions. De devoir sacrifier des vies pour le bien commun. Les fantômes ne me quittent jamais vraiment. "

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Lorsque Lawrence tourna les yeux vers le reste de l'infirmerie, Aaron suivit son regard. C'était une brochette de gosses épuisés qui faisaient tourner ce vaisseau. Son regard s'attarda sur une jeune femme qui rangeaient des ustensiles dans une armoire.
" Wilson ! Qu'est ce que tu fais encore là ? Je t'avais dit de partir, je prends le relais ! " brailla Aaron. " Allez, files te reposer ! "
La jeune femme hocha la tête, puis se leva et quitta la pièce.
" Ils sont bien trop dévoués..." commenta Aaron pour Lawrence.
Celle-ci lui avoua avoir de la compassion pour eux, mais qu'elle n'en oubliait pas pour aucun leur mission.

Aaron hocha la tête, il n'en doutait pas une seconde.
Puis, alors qu'elle se retournait vers lui, les mots de Lawrence le glacèrent sur place. Il s'immobilisa instantanément, comme figé d'horreur.
" Certains d'entre nous sont encore attendus par des gens à la maison."
La phrase avait été comme un uppercut dans l'estomac. Il en avait perdu le souffle. Quelque chose de dur passa dans les yeux de Aaron alors qu'il constatait la violence et la cruauté de ce constat. Il n'entendait plus la suite, ses oreilles sifflaient, son cœur s'emballait.
Oui, effectivement, certains d'entre eux étaient encore attendus par des gens chez eux. Mais pas lui. Non. Plus personne ne l'y attendait.

Sa mâchoire se serra tandis que la colère mêlée à la douleur lui comprimait la poitrine. Il avait trop pris l'habitude des non-dit, des silences respectueux, il avait trop pris l'habitude que ses collègue évitent le sujet. Mais ça y est, c'était à présent de l'histoire ancienne ? Il y avait prescription ?
Il savait que Lawrence ne pensait pas à mal en disant cela, elle ne pouvait pas savoir. Non, si, en fait si, elle devait savoir, c'était sa cheffe d'équipe. Elle devait être au courant non ? Alors quoi ? Elle avait oublié ce "détail" ?
Aaron se leva, son corps plus rigide qu'auparavant, tendu à l'extrême. Son visage était fermé, sérieux, grave, professionnel. Il rangea les ustensiles qu'il avait sortit et se mit à désinfecter le plan de travail.

" Voilà on a terminé. Merci Colonel. Je vous libère." dit-il sur un ton professionnel, dénué de l'humour qui l'avait accompagné jusque là.

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" Comme chacun des membres du SDT ." Avait répondu calmement Lawrence à la remarque d'Aaron sur le dévouement de l'équipage du Wayne.

Elle ne manqua pas de remarquer le changement d'attitude chez le médecin lorsqu'elle avait répondu à sa question sur ce qu'elle ressentait. Sarah s'était principalement accrochée à son devoir. Emy lui manquait pour sûr. Mais malgré leurs liens Sarah n'était pas sa mère. Aeryn avait une famille a retrouver, Hayes était venu pour sa femme, Kouznetsov avait certainement des attaches sur Terre mais il restait discret sur sa vie personnel. Mais le docteur Baker n'avait plus d'attaches lui. Elle avait lu qu'il avait perdu sa famille pendant l'occupation. En temps normal elle aurait repoussé un dossier comme le sien en craignant pour sa stabilité. Mais ses prouesses au sein de la résistance accompagnées de ses succès aux épreuves de recrutements étaient impossible à masquer. Elle fixa le docteur alors qu'il rangeait ses instruments et l'invitait à s'en aller d'un ton froid mais professionnel. Les grands yeux bleus de la trentenaire ne quittaient pas le médecin. Elle resta immobile avant de reprendre la parole.


" Ils vous manquent n'est-ce pas ? " dit-elle d'une voix douce et compatissante. Il n'y avait pas besoin d'en dire plus pour savoir qu'elle parlait de sa famille.
" Vous faites le tour de l'équipe en demandant à chacun comment ils vont mais qu'en est-il du médecin qui pose les questions ? "
Elle reprit de la même voix sans pour autant faire mine de s'en aller.
" Je n'ai pu que lire ce que contient votre dossier dans les grandes lignes. Ce qui vous est arrivé est terrible docteur. Et pour ça j'en suis désolée. Désolée car nous étions là haut et c'est parce que nous avons failli que c'est arrivé. Je ne les connaissais pas mais ils font parti des fantômes qui ne me quittent pas, parce que nous avons échoué à défendre la Terre, parce que nous avons dû partir et parce qu'il aura fallut autant de temps pour revenir. "
Elle se laissa glisser de la table d'examen jusqu'à se remettre debout.
" Que vous ayez pu rendre le service aussi vite est admirable. Sachez que vous n'êtes pas seul Aaron. Cette équipe est là pour vous autant que vous êtes là pour elle. N'hésitez pas à venir nous trouver si vous en avait besoin. "

Sur ces mots elle esquissa quelques pas pour sortir de la pièce.

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