Le saut de la foi

De retour au campement après son opération à l'hôpital qui avait viré en fusillade rangée, Plume avait dû attendre encore avant d'être soignée définitivement. Le plan initial était de rentrer tranquillement après la chirurgie et là, Aeryn devait prendre le sérum goa'uld et utiliser l'appareil de soin sur la jambe de Plume pour la remettre en état rapidement. Le problème était qu'ils étaient revenus de l'hôpital avec deux Aeryn et que les jumelles irlandaises avaient été immédiatement mise sous bonne garde le temps de savoir qui était la vraie et qui était la copie.

Tout cela n'avait pas arrangé les affaires de Plume mais, après un long moment de discussion, il avait été convenu que l'irlandaise ayant vécue au campement ferait ce qui avait été convenu, sous le regard attentif de plusieurs gardes et d'Aynira, avant de retourner à l'interrogatoire. Au fond, l'alienne s'en fichait un peu de savoir qui était qui. Ce n'était pas ses oignons mais elle savait que cette situation pesait à la narisienne. Après tout, il s'agissait de son amie.



Le lendemain avait été plus calme. Plume avait passé la majorité de son temps libre en entraînement. Retrouver l'usage complet de son corps un tel soulagement. Elle se sentait maintenant bien moins faible et inutile. Peut-être même qu'elle pourrait être d'une aide capitale pour la résistance désormais. Elle était bien décidée à proposer sa participation aux prochaines missions. Elle réapprenait à utiliser pleinement chaque membre et devenait plus efficace. Et puis, les entraînements lui permettaient également de se vider l'esprit et de voir l'essentiel.




Il faisait nuit. Le soleil ne se lèverait que dans plusieurs heures mais cela n'empêcha pas Plume de se glisser doucement hors du lit, laissant dormir une narisienne épuisée par les derniers évènements et les investigations sur Aeryn, et quitta la chambre sans faire de bruit. Un rapide passage à la salle de bain lui permit d'enfiler une tenue adéquate et la jeune femme quitta le bâtiment entier pour se mettre à courir autour du complexe.

Tout en enchaînant les foulées, elle repensa au dernier mois écoulé. Les évènements s'étaient succéder si vite. Personne n'avait vu l'attaque venir et les choix restant n'avaient pas été nombreux. Plume n'avait pas eu l'impression de choisir quoi que ce soit d'ailleurs. Son état l'en avait empêché mais pourtant, elle était là aujourd'hui. Maîtresse de son corps à sentir le vent frais d'une nuit de fin d'été sur son visage et dans ses cheveux. La seule douleur qu'elle ressentait était celle, familière et réconfortante, de l'effort que la course demandait à ses muscles.

Cela aurait pu être pire. A de nombreuses occasion, elle aurait pu être tuée, capturée par les goa'ulds ou simplement abandonnée comme un poids mort. Mais cela n'avait pas été le cas. Il lui fallut plusieurs heures de courses, l'esprit absent, pour accepter cet état de fait et, plus encore, les conséquences que cela impliquait. Ce fut les premières lueurs qui mirent fin à sa course. Il était temps de rentrer.

Lentement, la jeune femme retrouva le chemin du bâtiment abritant la chambre qu'elle partageait avec Aynira. Sur le trajet, elle salua les plus matinaux et pénétra dans la chambre sur la pointe des pieds. La jeune femme sourit en posant son regard sur la brune toujours endormie mais ne s'attarda pas et se glissa silencieusement dans la salle de bain. Elle avait vraiment besoin d'une douche.

Quelques minutes plus tard, elle était de retour dans la chambre. Aynira dormait toujours, la tête posée sur un oreiller qui n'était pas le sien mais cela ne dérangea pas le moins du monde la jeune femme. Plume s'assit délicatement au pied du lit et se contenta d'observer la narisienne, l'esprit toujours occupé par les même réflexions. Elle n'arrivait pas à savoir si les conséquences seraient positives ou négatives. Mais seul l'avenir pouvait le dire, …

Plume sourit à la réflexion de la narisienne et n'attendit pas davantage pour changer de position et se glisser sous les couvertures avec elle.

"Je t'ai réveillée ?"

Elle avait parlé d'une voix basse, comme pour ne pas réveiller quelqu'un d'autre. En fait, elle voulait simplement conserver cette ambiance intimiste et posa la tête sur l'oreiller à côté d'Aynira, le visage tourné vers elle. Elle lui sourit tendrement et glissa une main sur sa joue.

"Le soleil se lève à peine, tu peux encore dormir un peu, …"

Mais, visiblement, ce n'était plus une option pour la narisienne et cela fit sourire Plume encore davantage. Elle s'avança un peu plus pour déposer ses lèvres sur celle de la jeune femme et reprit sa place sur son oreiller en fixant la brune. Petit à petit son sourire s'affaissa pour laisse la place à un regard sérieux et pensif. Un regard qu'Aynira ne connaissait que trop bien et qui n'entrainait que rarement de bonnes choses.

"J'ai pas mal réfléchis ces derniers temps, …"

Encore une fois, Plume maintenait sa voix à un volume bas et ses yeux quittèrent leurs homologues émeraude pour se perdre dans le motif de la parure de lit. Il n'était jamais facile pour elle de croiser le regard de quelqu'un lorsqu'elle parlait d'elle-même. C'était comme si cela l'empêchait de réfléchir à ses mots ou comme si elle avait honte de ses propres paroles. Alors elle focalisait son regard sur un élément neutre pour que son esprit puisse se concentrer sur le fond de son discours.

Plume grimaça lorsqu'Aynira avoua que c'était l'eau de la douche qui l'avait réveillée.

"Désolée, … j'aurais dû aller me doucher ailleurs, …"

Mais cela n'avait pas l'air de déranger la narisienne qui la serra contre elle, visiblement ravie de l'odeur du gel douche et de la chaleur de sa peau. Elle l'embrassa pour toute réponse avant de reprendre sa place et de l'observer en silence. Son esprit tournait à vive allure, encore empli de ses pensées durant la course. Bientôt, son regard se fit plus sérieux et Aynira voulut savoir ce qui lui occupait l'esprit. Sans bouger de sa place et le plus sérieusement du monde, Plume leva les yeux pour rencontrer ceux de la narisienne et articula une courte réponse.

"Toi."

Elle resta silencieuse un long moment après ça. Observant toujours la jeune femme, semblant toujours réfléchir aux derniers évènements. Puis, elle ouvrit de nouveau la bouche pour s'expliquer davantage.

"Tu es là."

Cela pouvait sembler une évidence mais, pour Plume, c'était d'une importance capitale.

"Tu aurais pu partir. Tu aurais pu me laisser là-bas, au pied de cette montagne, ou dans cet hôpital. Tu aurais pu me livrer à Tonatiuh, ou rentrer chez toi. Tu en a eu l'occasion. Souvent. Tu aurais dû. C'était plus sûr. Plus facile. Mais tu es là."

Plume ne souriait pas. Sa voix était toujours aussi basse et elle parlait lentement, comme si elle pesait chaque mot. Comme si cela les rendait plus réel, plus facile à comprendre. La vérité était qu'elle avait encore du mal à saisir le comportement d'Aynira ou, plutôt, à y croire. Elle leva de nouveau la main pour la poser distraitement sur la joue de la narisienne, la caressant doucement de son pouce.

"Tu ne m'as pas abandonnée, … J'étais faible, inutile et agressive, … distante, … Mais tu m'as soutenue, … tout du long, …"

Elle soupira doucement.

"Tu es là, …"

C'était la troisième fois qu'elle répétait ces simples mots mais ils sonnaient toujours étrangement à ses oreilles.

"Je ne veux pas me débarrasser de toi, …"

Plume se laissa enlacer et répondit tendrement au baiser de la narisienne. Elle se blottit entièrement contre elle, posant la tête sur l'épaule d'Aynira, comme elle en avait l'habitude. Elle s'autorisa à fermer les yeux quelques instants, profitant simplement de sa position réconfortante et des mouvements légers qu'elle sentait dans son dos. Lorsqu'Aynira lui avoua ne jamais avoir pensé à l'abandonner, Plume la croyait. Mais c'était encore difficilement concevable pour elle. Jusqu'à ce matin.

Après plusieurs minutes parfaitement silencieuse et immobile, la jeune femme finit par se redresser sur un coude pour croiser le regard de la narisienne.

"Je te crois."

Elle sourit légèrement.

"Je ne te comprends pas, … mais je te crois, …"

Plume se baissa légèrement pour déposer ses lèvres sur celle de la narisienne. Puis, la jeune femme se recula légèrement en inspirant profondément. Ce qu'elle s'apprêtait à faire était bien loin de tout ce dont elle ne s'était jamais cru capable.

"Je crois que, …"

Elle ouvrit et ferma la bouche plusieurs fois avant de finalement réussir à formuler ce qui lui embrouillait l'esprit depuis plusieurs jours.

"Je crois que j'ai confiance en toi."

La jeune femme retint son souffle pendant quelques secondes. C'était comme si elle avait prononcé des paroles interdites. Elle s'attendait presque à sentir le plafond s'écrouler sur elle ou à être frappée par la foudre alors qu'il n'y avait aucune trace d'un orage dehors et qu'elle était en sécurité à l'intérieur. Et si elle se trompait ? Si elle avait tort ? Si tout cela n'était qu'une mise en scène compliquée et tordu pour la changer de nouveau en marionnette ?

Plume ferma les yeux et soupira. Non. Elle savait que non. Même si elle arrivait à peine à y croire, une part d'elle était convaincue de la bonne fois d'Aynira. De toute façon, c'était trop tard. La jeune femme n'avait jamais été douée pour contrôler ses émotions et, même si elle choisissait de les ignorer la plupart du temps, elle ne parvenait jamais à les changer.

"Pour de vrai, …"

Aynira accueillit l'aveu de Plume en silence. La narisienne, comme bien souvent, se contenta de sourire et resserra son étreinte. Depuis le temps, Plume savait ce que cela voulait dire. Aynira préférait souvent les gestes à la parole. La plus jeune profita de l'étreinte en soupirant légèrement. C'était comme si un poids venait de se retirer de ses épaules. Mais elle avait besoin de plus que d'une étreinte rassurante.

"Qu'est-ce que tu penses ?"

La jeune femme avait beaucoup de mal à comprendre les gens et, bien souvent, elle se trompait sur leurs intentions. Et même si c'était quelque peu amoindri avec Aynira, Plume avait toujours peur de comprendre de travers, surtout que, bien souvent, les pensées et émotions de la narisienne la concernant étaient, pour elle, illogiques.

Les minutes qui suivirent furent empli de silence, de sérénité et de tendresse. Plume ne bougea pas. Les yeux fermés, elle écoutait les battements de coeur de la narisienne et prenait de lentes et profondes inspirations. C'était agréable. Comme si le reste du monde, de l'univers, n'existait plus.

Après un long moment ainsi, Aynira brisa le silence pour proposer une sortie en forêt. Un sourire sincère étira immédiatement les lèvres de Plume et la jeune femme se redressa sur un coude.

"Bien sûr que ça me plairait !"

Depuis combien de temps n'avait-elle pas pu se balader sans souffrir à cause de sa jambe blessée ? Une éternité, lui semblait-il. Et puis, un moment dans la nature, au calme, rien que toutes les deux, cela ne pouvait qu'être bénéfique. Et puis, si elles arrivaient à pêcher quelques beaux poissons, cela apporterait un peu plus de protéines au diner de ce soir pour les résidents.

Après un dernier baiser, Plume se leva et enfila une paire de chaussette et un pull. C'était toujours le printemps mais le fond d'air était frais, dans le Montana. En attendant qu'Aynira soit prête, elle fit une série d'étirement pour détendre ses muscles encore engourdi par l'effort du matin et l'inactivité des dernières minutes. Finalement, elle attrapa un sac à dos et une casquette qu'elle se vissa sur la tête avant d'enfiler ses baskets.

Les deux femmes firent un crochet par la réserve du camp pour prendre le matériel de pêche et de quoi ramener d'éventuelles prises puis passèrent par la cuisine. Plume prévint qu'elle serait absente la journée et confectionna rapidement des sandwichs pour leur déjeuner. Elles prirent le temps d'un petit déjeuner avant de se diriger vers la forêt. Sur le chemin, la jeune femme se tourna vers la narisienne, le sourire aux lèvres.

"Je suis contente !"

C'était le premier jour depuis très longtemps qui s'annonçait possiblement agréable et sans ennui. Il fallait en profiter.

Plume profita du baiser de la narisienne et regarda la forêt.

"On a le temps ! On peut se balader un peu avant, non ?"

Ainsi, il en fut décidé et les deux jeunes femmes se mirent à arpenter les chemins à travers la forêt. Cela faisait un bien fou à Plume. Ses dernières balades agréables remontaient à loin et là, au milieu de la végétation, loin des bruits du camp et des pensées de la guerre en cours, elle pouvait presque oublier la situation sur Terre. Presque. Mais la présence d'Aynira à ses côtés était suffisante pour relayer ces dernières pensées au second plan.

La jeune femme glissa une main dans celle de la narisienne.

"Tu travailles beaucoup en ce moment, …Est-ce que ça va ?"

Aynira ne s'arrêtait que très peu ces derniers temps. Elle passait beaucoup de temps avec les deux Aeryn, à tenter de déterminer laquelle était la vraie et laquelle était un double. Pour ce que Plume en savait, les deux pouvaient être des copies mais elle sentait que cette hypothèse ne serait pas très bien reçue et ne serait pas bonne pour le moral d'Aynira.

"T'arrives à avancer dans l'histoire des doubles ?"

La narisienne ne lui avait pas beaucoup parlé de cela depuis le retour de l'hôpital mais Plume savait que ça lui tenait à coeur. Aeryn était son amie après tout.

Plume avait vu juste. Aynira supportait mal la situation actuelle et le rôle qu'elle était forcée de jouer auprès des deux Aeryn. Lorsqu'elle s'assit sur le tronc d'arbre, Plume resta debout, face à elle. Elle n'avait pas lâché sa main et la serrait doucement.

"Tu crois vraiment qu'elle t'en veut ? Enfin, qu'elles t'en veulent ?"

C'était une situation assez perturbante pour tout le monde en fin de compte. Aeryn avait longtemps été une personne ressource, quelqu'un de confiance pour les membres du SDT. Et aujourd'hui, il y en avait deux et il fallait envisager qu'au moins l'une d'elle pouvait être un ennemi sans savoir laquelle.

Dans une tentative de réconfort, Plume fit un pas supplémentaire et posa ses mains sur les épaules de la narisienne avant de glisser l'une d'elle dans ses cheveux.

"C'est pas ta faute, …"

Au fond, c'était sans doute celle de Plume. Si la jeune femme n'avait pas insisté pour se faire opérer rapidement, ils ne seraient pas tombés sur cette troupe ennemie et sur le double de l'irlandaise. Aurait-ce été une bonne ou une mauvaise chose à long terme ? Elle n'en savait rien. Mieux valait sans doute être conscient de la situation et avoir les deux Aeryn sous la main et à portée de regard mais le coup au moral de tous était important. Et encore plus pour Aynira.

La narisienne s'efforça de changer de sujet et Plume sourit à sa plaisanterie en s'asseyant sur l'une de ses cuisses.

"Je ne peux pas vraiment dire que j'y vais doucement, … mais je fais attention."

Plus d'une heure de course chaque jour était loin de la définition que l'on pouvait donner de l'expression "aller doucement", mais Plume en avait besoin pour ne pas complètement perdre la tête. Et puis, cela lui faisait un bien fou de recouvrer l'usage plein et entier de son corps.

"Et je veux aider. Et pas qu'avec la cuisine. Je pourrais faire des patrouilles autour du campement. Avec l'occulteur, je verrai arriver des soldats s'ils nous trouvent, … Ou alors ramener de quoi manger. Je sais chasser et cette forêt regorge de gibier."

Mais elle savait qu'elle n'avait pas le dernier mot à ce sujet et elle avait longtemps été reléguée aux tâches de maintenance à cause de sa blessure handicapante à la jambe.

Lorsqu'Aynira la rapprocha d'elle pour lui dire que ce n'était pas de sa faute non plus, Plume grimaça légèrement.

"C'est pour moi qu'on était là-bas, … Ou plutôt, à cause de moi, …"

L'instant d'après, elle était assise sur la cuisse de la narisienne et lui expliquait qu'elle voulait se rendre plus utile au campement. Maintenant qu'elle disposait de toute sa mobilité, elle pouvait servir à autre chose que faire un semblant de cuisine avec le peu dont disposait l'organisation. Aynira rigola en disant qu'il ne faudrait pas non plus détruire l'écosystème local en tuant tout le gibier.

"Hey ! Je suis une chasseuse responsable !"

Mais elle fut coupée dans sa protestation par le baiser de la narisienne dont elle profita pleinement. Plume allait renouveler le baiser lorsqu'Aynira l'informa de la présence d'un petit curieux. Doucement, la jeune femme tourna la tête et sourit en apercevant l'animal. Mais, bien vite, une autre pensée traversa son esprit. Ce n'était pas la première fois et ce ne serait sûrement pas la dernière. Elle y pensait très souvent et se sermonnait intérieurement régulièrement lorsque, sous l'emprise de l'habitude, elle se surprenait à chercher un certain furet du regard.

"Silver me manque, …"

Sa voix n'était qu'un murmure mais elle savait qu'Aynira l'avait entendu. Elle s'en voulu aussitôt. Si l'animal lui manquait, que devait ressentir la narisienne loin de sa compagne depuis bien plus longtemps. Bien que cette idée la fasse grimacer, elle ne pouvait pas s'empêcher d'être triste pour elle. Et en même temps, elle était égoïstement ravie de cet éloignement, ce qui engendrait un sentiment de culpabilité certain.

Toutes ces contradictions dans ses émotions ne faisaient que l'embrouillait davantage. Mais ce qui était sûr, c'était que celui qu'elle avait longtemps eu pour seule famille lui manquait cruellement.

"Je suis contente que tu soies là."

Parce que, sans Silver et sans Aynira, il était certain qu'elle aurait, depuis longtemps, perdu l'esprit.

La jeune femme soupira et donna une légère impulsion pour se relever, entraînant la narisienne avec elle.

"Allez ! Viens ! On continue !"

Glissant sa main dans celle de la diplomate, Plume se remit en route. L'écureuil avait été effrayé par le mouvement et s'était réfugié dans un trou de l'arbre.

"Imagine que Tonatiuh n'ait pas attaqué la Terre. Où tu serai en ce moment ?"

Elle souriait à la narisienne et la regardait en faisant confiance à son instinct et à la main d'Aynira pour la guider à travers la forêt.

Plume sourit à la réponse de la narisienne. Les deux perspectives l'incluaient, elle, et il ne lui fallait rien de plus. L'Ecosse. C'était vrai qu'elles avaient parlé de s'y rendre lors de l'une de leurs vacances mais elles n'en avaient jamais eu l'occasion. Si elles survivaient à l'invasion de Tonaituh, que le goa'uld étaient chassé de la Terre et qu'Aynira avait toujours envie de rester avec elle, peut-être qu'elles le feraient, ce voyage. Mais cela faisait beaucoup de "si".

Quand à la deuxième suggestion, elle fit sourire la jeune femme. La perspective d'un bain et d'une soirée pizza tenait de l'utopie aujourd'hui. Pourtant, Plume se surprenait à en avoir envie aussi.

Tournant la tête pour voir les framboises, elle imita la narisienne et en cueillit quelques uns. Elle sourit à la remarque de la brune.

"Justement ! C'est comme ça qu'elles sont bonnes !"

Elle grignota quelques baies.

"Justement, ça me donne faim ! Si on se trouvait un coin près de la rivière pour déjeuner ?"

Sur le chemin vers le cours d'eau, Aynira lui retourna sa propre question.

"Tu sais, j'anticipe jamais autant d'ordinaire, … Mais, … je ne sais pas, … je suppose que je serai simplement avec toi, … si tu voulais toujours de moi."

Elle sourit à la narisienne mais un soupçon de doute persistait dans son regard. Elle avait toujours peur qu'Aynira se lasse d'elle et de ses bizarreries et redoutait le jour où la narisienne partirait pour de bon.

"Je pense que serai probablement en train de travailler pour les prochains examens, … ou pour Ramsey, …"

Où était-il d'ailleurs ? Avait-il pu s'enfuir avec l'Achilles ou était-il mort lors de l'attaque ou de ses suites ? Voilà une question qui ne trouverait certainement pas de réponse avant longtemps. Et ses études ? Pourrait-elle un jour les terminer ?

La jeune femme secoua la tête pour chasser ces préoccupations stériles et désigna un coin au soleil, près de l'eau vive.

"On s'arrête ici ?"

Après avoir obtenu l'accord de la narisienne, Plume déposa son sac à dos au sol et sortit les sandwichs rudimentaires. Si la pêche était bonne, le repas de ce soir serait meilleur. Mais, au moins, elles avaient du calme et rien ne viendrait les empêcher de passer une bonne journée.

En entendant la remarque d'Aynira, Plume ne put s'empêcher de sourire.

"Qu'est-ce qui te manque ? Moi qui étudie ou les lunettes ?"

Elle tourna un regard malicieux vers la jeune femme à ses côtés. Elle n'avait plus ses lunettes depuis des mois. Elle se souvenait les avoir rangées dans leur étui et posé celui-ci sur la table basse du salon, à côté de son manuel de vulcanologie. Y étaient-elles toujours ou l'endroit avait-il été complètement rasé ?

Plume posa son sac sur la berge avant d'en sortir les sandwichs. Aynira s'occupa de préparer les canes à pêches et en tendit une verte à Plume qui la prit en souriant.

"On est si prévisibles que ça ?"

Mais c'était bien la première fois que quelqu'un d'autre qu'Aynira ou Noa ne prête attention à ce qu'elle préférait. En tout cas, pas suffisamment pour s'en souvenir et l'exploiter pour lui faire plaisir. A moins que le gestionnaire de l'équipement n'essaie de faire plutôt plaisir à la narisienne. Le sourire de la jeune femme s'estompa peu à peu pour faire place à une expression suspecte.

"Qui c'est, le type de la réserve ?"

Le fait que ce ne soit pas "la fille de la réserve" était déjà un bon point. Théoriquement.

C'est alors qu'Aynira se blottit contre elle nonchalamment et commença à manger. Plume soupira intérieurement mais finit par sourire à la jeune femme et s'appuya légèrement contre elle en croquant dans son propre sandwich. Elle prit le temps de mâcher et d'avaler sa première bouchée en préparant sa canne avant de répondre.

"Tout est toujours meilleur au barbecue, quand c'est possible."

Une réponse simple et définitive. Les différents aliments avaient toujours meilleur goût lorsqu'ils étaient cuits au feu de bois. Mais il n'était pas toujours évident de faire brûler un feu en extérieur. Le temps n'était pas toujours favorable et la présence d'ennemi potentiel interdisait toute utilisation de feu en extérieur. Si les flammes tenaient la plupart des prédateurs à l'écart, la fumée produite était comme un phare dans la nuit.

La jeune femme lança alors sa ligne prête dans la rivière et mordit de nouveau dans son sandwich.

"Quelle sorte de poissons vivent dans cette rivière ?"

Il était peu probable de pêcher un poisson suffisamment gros pour tout le camp dans ces eaux. Et, même si une telle bête existait ici, il leur faudrait plus que deux cannes à pêches pour la sortir de l'eau.