Another one bites the dust

[10 septembre 2019]

Zander essayait de garder la tête hors de l'eau et de faire bonne figure devant tout le monde, mais ce qui lui était arrivé le minait lentement, mais sûrement. Sur Hébrida, il n'était même pas rentré chez lui et avait envoyé un simple message à sa mère pour l'avertir de la situation, sans même lui dire qu'il était là. Il ne l'avait avertie d'aucun de ses passages alors qu'il était venu à plusieurs reprises dans le cadre de la négociation de l'accord d'entraide auquel il avait activement participé.

Il avait aussi songé à se faire la belle discrètement plus d'une fois, mais n'avait pu se résoudre à abandonner Nadja de la sorte. De toute façon, elle l'aurait probablement poursuivi à travers toute la galaxie pour le ramener par la peau du cou et l'obliger à faire face à la situation. Elle ne le laisserait pas se défiler et agir comme le lâche qu'il avait toujours été dans ce genre de situation. Son père ne se trompait pas forcément sur ce point-là...

Mais il avait décidé qu'il était plus que temps d'avoir une discussion avec Xinan pour savoir s'il existait un moyen de s'assurer qu'il était totalement libre de l'influence de leur ennemi, même si cela signifiait que Noa allait être au courant. Il la repoussait depuis trop longtemps, mais il avait été très occupé jusqu'à présent.

*Des excuses et tu le sais... Tu as juste la trouille. Tu es un dégonflé, comme toujours.* lui souffla une petite voix.

[i]Il se demandait toujours si c'était la bonne chose à faire. Il était terrifié à l'idée des répercussions que cela risquait d'avoir pour lui. Résultat, il ne pouvait s'empêcher d'être sur la défensive et nerveux. Il préféra rester debout, adossé à un mur, loin du bureau et de l'occupant de la pièce. Il avait choisi cette heure tardive, car il savait qu'il n'y avait personne.

« J'aurais besoin de parler à Xinan, si cela ne te dérange pas. Et ce que tu vas entendre ne doit en aucun cas sortir de cette pièce. C'est très important que personne n'apprenne ce que je vais te dire. Et tu vas vite comprendre pourquoi… » fit-il après être entré et avoir salué Noa.

Quand Xinan apparut, il pris son courage à deux mains et se lança. Il ne pouvait plus reculer, de toute façon. Il eut un pincement au cœur en pensant à Nadira. Il ne pouvait s'empêcher de se blâmer pour ça aussi. Peut-être que s'il était parti avec son équipe, aucun de ces événements ne se serait produit.

« Est-ce que tu te rappelles de l'incident où j'ai disjoncté à l'infirmerie, il y a environ un an ? J'étais venu voir Nadira parce que j'avais eu une absence. À la suite de ça, elle avait trouvé une substance inconnue dans mon sang, qu'elle avait attribuée au fait que je suis hébridien. Elle se trompait. J'ai découvert ce dont il s'agissait très récemment… »

Il lui fallut s'arrêter quelques secondes avant de franchir le point de non retour et de cracher le morceau.

« C'était en réalité un résidu du produit qu'utilise Tonatiuth pour conditionner les Humains et leur faire faire ses quatre volontés… » laissa-t-il tomber.

Il attendit ensuite la réaction de Xinan, et de Noa, et les questions qui allaient immanquablement suivre.

[HRP : Ai-je vraiment besoin de présenter cette chanson ? Another one bites the dust par Queen]

Noa était en train de boucler un rapport ennuyeux sur la mise à jour des protocoles de sécurité sur Atlantis lorsqu'on frappa à la porte.
" Entrez !" marmonna t-il sans lâcher son écran des yeux, et en mâchouillant nerveusement le bout de son stylo.

La porte s'ouvrit et Noa leva les yeux sans arrêtr de machouiller son stylo.
" Ah, salut Zander, la forme ?"
Mais la réponse était inscrite sur le visage du jeune homme. Il demanda directement à parler à Xinan, ce qui n'était encore jamais arrivé à Noa. Oui, il avait laissé la main à Xinan à de nombreuses reprises sous la demande de ce dernier (et principalement lorsqu'il croisait Diane), mais personne ne l'avait demandé expressement. Ca lui fit tout drole. Zander n'était pas vraiment venu le voir lui.

Noa se racla la gorge et laissa tomber son stylo lorsque Zander lui demanda de garder ses confidences pour lui. Il ne dit rien. Il ne pouvait pas promettre une telle chose, ne sachant pas ce qu'il en retournait.
Il soupira et laissa Xinan prendre la main.

Xinan se laissa aller sur le dossier de son fauteuil.

" Bonjour Zander. On ne viens pas souvent me voir. C'est flatteur ! Qu'est ce que je peux faire pour toi ?"
Xinan hocha positivement la tête lorsque Zander lui rappela un incident à l'infirmerie. Il s'en souvenait parfaitement et se repassa la scène.
Xinan laissa Zander expliquer jusqu'au bout puis se leva. Il se mit à marcher dans la pièce, les mains dans le dos, avec une allure raide, quasi militaire, qui ne correspondait pas à Noa. Au bout de quelques secondes, il s'arrêta enfin devant une des fenêtres qui donnait sur l'extérieur.

" Comment as tu appris ça ? Et quand ? " dit-il sur un ton froid, factuel.

Zander se demanda soudain pourquoi il préférait parler de tout cela à Xinan plutôt qu'à Noa. Celui-ci était le seul à pouvoir lui fournir certaines réponses, certes, mais pas forcément le plus... amical. Mais peut-être avait-il aussi conscience que le Tok'ra ne le laisserait pas se défiler et risquait de se montrer un peu brutal, tout comme Nadja qui le secouait régulièrement dans certaines situations qu'il refusait d'affronter. Et dans un moment comme celui-là, mieux valait ne pas trop lui laissait d'options pour se carapater.

Il se raidit et sentit ses poils se hérisser en entendant le ton glacial si typique de son interlocuteur. Il n'avait vraiment pas intérêt à disjoncter ou à jouer les têtes de mule pour l'instant. Face à Xinan, il ne ferait pas le poids et cela risquait de finir mal pour lui. Mais n'était-ce pas ce qu'il voulait au fond de lui ?

« Il y a un peu plus d'un mois, au moment d'évacuer le JPS… Noa était en train d'essayer de débloquer l'accès à Stella et j'ai vu une arme de l'ennemi par terre dans le couloir. Ça a réveillé ma mémoire et des souvenirs ont commencé à refaire surface par la suite, car j'en avais déjà vu avant. » commença-t-il.

Il avait reconstitué une grosse partie des événements, mais des détails lui échappaient encore. Ces souvenirs hantaient ses nuits, comme les actions qu'il avait commises lorsqu'il était sous l'influence de l'ennemi.

« Je ne me souvenais d'absolument rien jusque-là. Même aujourd'hui, certaines choses sont encore floues. Au cours d'une mission de routine, j'ai été séparé de l'équipe, drogué et enlevé par les locaux qui m'ont remis aux hommes de Tonatiuth. Ces derniers m'ont conditionné dans un laboratoire. Je ne sais pas combien de temps cela a pris, mais probablement pas plus de quelques heures. Personne ne m'a signalé que j'avais disparu ou quoi que ce soit d'inhabituel. Cette partie-là est assez vague. » expliqua-t-il.

Il s'arrêta, car il n'était pas prêt à dire de lui-même ce qu'il avait fait, même s'il savait que les prochaines questions seraient destinées à lui tirer les vers du nez. Eh bien qu'il en soit ainsi. Maintenant qu'il avait commencé, il devrait aller jusqu'au bout. Il n'y couperait pas, mais rien ne l'obligeait à être coopératif et il ne pouvait s'empêcher d'essayer de retarder l'inévitable au maximum.

« Ce qu'il s'est passé à l'infirmerie… C'est ce fameux produit qui était en train d'être éliminé de mon organisme, comme l'ont prouvé les analyses. Mais je ne suis pas certain que cela soit censé se passer comme ça. Quelque chose me dit que c'est lié au fait que je ne suis pas tout à fait humain. » dit-il.

Il aurait vraiment aimé pouvoir discuter de tout cela avec Nad et avoir son avis sur la question, mais il ne pourrait jamais lui poser la question, malheureusement.

Xinan ne se retourna pas, laissant Zander terminer ses explications jusqu'au bout, mais on pouvait sentir une certaine tension dans ses épaules. Lorsque Zander eu fini, il se retourna brusquement et se rapprocha de son bureau. Son regard transpirait d'une colère sourde.
" Un mois ?" dit-il sur un ton glacial.
" UN MOIS ?" répéta t-il en tapant un grand coup de poing contre le bureau. Le choc violent fit sauter les affaires de Noa dispersées sur le bureau. Puis le poing se transforma en un index accusateur pointé vers Zander.
" Tu as attendu UN MOIS avant de nous parler de ça ? Tu viens me dire que tu as été, et que tu es peut-être encore, sous influence de l'ennemi ? Que tu es la marionnette de Tonatuith et que tu le sais depuis un mois ? " brailla Xinan, cédant à une colère noire.

Sa voix devait résonner dans toute l'aile du bâtiment et ne devait certainement pas passé inaperçue. A l'intérieur, Noa était aussi pétrifié par l'éclat de Xinan et se plia volontiers pour lui laisser gérer ça pour l'instant.
" Donnes moi une bonne raison pour te foutre au trou tout de suite !" vociféra t-il en retapant du poing sur le bureau.
" Et si l'ennemi t'as toujours sous contrôle ? Et si depuis tout ce temps tu lui envoie inconsciemment des informations ? Ou que tu sabote la Cité ? Tu y as pensé à ça ? Tu pourras avoir la mort de tous sur la conscience et la condamnation de la Terre ?" continua t-il, hors de lui.

Zander tressaillit quand Xinan frappa du poing sur le bureau. Sa colère était parfaitement justifiée. Oui, il avait attendu un mois. Oui, il aurait pu et dû venir plus tôt. Mais croyait-il que cela était aussi facile que ça de venir avouer qu'il les avait tous trahi et qu'il était responsable de tout ce qui leur arrivait et que lui-même avait du mal à se faire confiance ? Et il avait passer une bonne partie du mois à remplir l'importante mission qu'on lui avait confié, à savoir convaincre son peuple de les aider en leur fournissant de la nourriture, ce qu'il avait fait. Mais cela ne compterait pas.

« Bien sûr que j'y pense ! En permanence. Je n'y arrive pas à me regarder dans le miroir le matin et je n'ai qu'une envie, c'est fuir, tant le poids de la culpabilité, de la honte face aux autres et des doutes me rongent de l'intérieur. Mais cela ne résoudra rien et peut-être que c'est ce foutu conditionnement qui me pousse à partir et qui me fera peut-être retourner dans les bras de l'ennemi et tous vous vendre... Tu veux connaître les questions qui tournent en boucle dans ma tête ? Puis-je me faire confiance ? Suis-je vraiment maître de mes actions en tout temps ? Suis-je toujours à la solde de l'ennemi ? Suis-je en train de vous trahir ou vais-je le faire dans un avenir plus ou moins proche ? Je n'en sais rien du tout ! C'est d'ailleurs l'une des raisons de ma présence ici et pour laquelle je voulais te parler à toi, Xinan. Est-ce que la Tok'ra sait quelque chose sur cette fameuse substance ou sur comment Tonatiuth procède pour conditionner les gens ? Ou possèdent-ils un moyen de vérifier que je ne suis plus sous son contrôle et que je n'ai pas d'ordres implantés dans la tête ? Si oui, peuvent-ils me déconditionner ? » dit-il avec une voix d'où perçait une grande détresse, ce qui ne toucherait absolument pas Xinan, mais il s'en fichait.

Les Tok'ra étaient sont dernier espoir. Et quand il avait tout avoué à Nadja, il s'attendait à ce qu'elle le mette elle-même en prison ou prenne des mesures pour le faire surveiller, mais elle n'en avait rien fait. Pour ce qu'il en savait, elle n'en avait pas non plus parler à quiconque. Mais pourquoi ? Elle en aurait eu le droit, étant donné le risque qu'il représentait. Elle aurait même dû le faire. L'avait-elle simplement laisser gérer les choses de lui-même ?

« Tu as toutes les raisons de l'univers de me jeter dans une cellule. Et je ne m'y opposerai même pas si c'est ce que tu décidais. Au contraire, même. Mais combien de temps vas-tu me garder enfermer ? Jusqu'à la fin de mes jours ? Qu'est-ce qui te garantit qu'il n'y en a pas d'autres agents dormants conditionnés, mais qui ne sont pas encore passés à l'action ? »

C'était une autre question qu'il se posait. Ce qui lui était arrivé avait très bien pu arriver à d'autres.

« J'ai été conditionné par les hommes de Tonatiuth dans un but bien précis. Saboter le JPS pour qu'il puisse s'en emparer ainsi que la Terre, ce que j'ai fait à mon insu. J'ai saboté la Porte cet été-là. Et il y a un mois, l'invasion a été déclenchée lorsque nous avons trouvé une sonde espionne goa'uld dans le soleil et provoqué son explosion en l'examinant. C'est moi qui y suis allé et j'ai failli y rester, au passage. Mais je ne crois pas être le déclencheur spécifique, car n'importe qui aurait pu être envoyé pour inspecter cette sonde si je n'avais pas été là. Ensuite, il y a eu un grave dysfonctionnement de la Porte qui l'a endommagée et elle a dû être remplacée. C'est juste après que l'invasion a commencé. C'est arrivé pendant que JP-1 était en mission. Alors oui, je suis un traître et j'ai déjà de nombreux morts sur la conscience, en plus d'être le responsable la perte de votre planète et du JPS. Et crois-moi, je n'ai pas envie d'en avoir d'autres. Je suis coupable et rien de ce que je pourrais dire ou faire ne pourra jamais réparer cela et  » dit-il d'une voix douloureuse en regardant ses pieds.

Mais personne ne s'était penché sur la chaîne d'événements qui avait entraîné la chute de la station et de la Terre pour savoir ce qu'il s'était exactement passé. Lui-même n'avait que des bribes de ce qui était arrivé sur le JPS. Et ils étaient désormais trop loin pour éclaircir les choses. Ils ne récolteraient que des témoignages partiels des faits, sans aucune preuve tangibles pour les étayer.

« Je ne crois pas être encore sous son contrôle. Si tu te souviens, j'avais des absences et des maux de tête et je me sentais bizarre à l'époque. Cela n'est plus jamais arrivé depuis l'incident de l'infirmerie. Et comment pourrais-je saboter Atlantis ? Personne ne pouvait deviner qu'on viendrait ici et je ne saurais pas comment m'y prendre, parce que je ne connais ni les lieux ni la technologie, pas plus que Tonatiuth et ses hommes. Sur le JPS, j'avais des instructions bien précises sur quoi faire et comment procéder, car cela faisait partie d'un plan plus large. Bien sûr, tu ne vas pas me croire puisqu'il t'est impossible de me faire confiance désormais, à juste titre, puisque je suis incapable de te certifier que je n'ai pas d'autres ordres implantés dans le cerveau... Mais réjouis-toi, lorsque ce que j'ai fait se saura, je serai étiqueté traître jusqu'à la fin de mes jours et je serai probablement forcé de partir. Ça ou quelqu'un finira bien par me faire payer en me faisant la peau, puisque je suis trop lâche pour résoudre le problème par moi-même. » fit-il.

Il souffrait depuis un mois et dans ces moments les plus sombres, mettre fin à ses jours avait semblé être une solution. Cela aurait retiré cette épine du pied de tout le monde. Mais il n'en était tout simplement pas capable et ne le serait jamais.L,expérience le lui avait déjà prouvé.

* Pathétique ! * se dit Xinan.
Il y avait déjà son hôte, Noa, qui pleurait comme une gonzesse pour l'amour abjecte d'un autre mec, et maintenant ce Zander, trop lâche pour prendre ses responsabilités et s'apitoyant sur son sort comme un chaton abandonné. Où était passés les vrais mecs ? Nadja Cook en avait plus dans le pantalon que tous ces incapables réunis. Et la regrettée Nadira également… Elle, au moins, elle savait prendre les bonnes décisions, même si elles étaient difficiles à prendre.

" Ce n'est pas moi qui te dirait le contraire." marmonna Xinan entre ses dents serrées en réponse à la dernière phrase de Zander. Oui, il prenait un malin plaisir à enfoncer un peu plus Zander. Son visage exprimait une sorte de dégoût face au jeune alien.
Le corps penché en avant, les deux poings posés sur le bureau, Xinan gronda en rassemblant ses souvenirs et ses connaissances sur le sujet.
" Je n'ai pas besoin des Tokras pour répondre à ta question. Une simple prise de sang suffira à nous dire si tu es toujours sous contrôle ou non. Maintenant que je sais de quelle composé chimique il s'agit, il devient facile d'en vérifier la trace." répondit-il sur un ton plus calme. " Et j'ordonnerai une prise de sang pour tout le monde ici."

" Qui d'autre est au courant de cela ?" continua t-il avec un visage peu amène.

Le dégoût qu'affichait Xinan ne le surprit. Il avait déjà vu ce genre d'expression à son égard plus d'une fois. Et il la verrait probablement encore pendant longtemps. Il espérait simplement que Noa n'éprouvait pas cela ou pire, de la haine. Oh, cela ne serait pas non plus inattendu, bien au contraire. Il lui renvoya soudain un sourire provocateur.

« D'ailleurs, pourquoi ne te charges-tu pas toi-même de ce boulot ? Je suis sûr que cela ne te poserait aucun problème. C'est une solution simple et rapide qui résoudrait tout en quelques secondes. Ou bien ton hôte va-t-il t'en empêcher ? » rétorqua-t-il.

Il secoua la tête quand il parla de prise de sang. Cela ne servirait à rien. Il n'avait éprouvé aucun des symptômes provoqués par la substance au cours de l'année écoulée et elle n'avait jamais été détectée au cours des examens qu'il avait subis depuis. Nadira le lui aurait forcément dit et elle en aurait profité pour le surveiller et l'étudier.

« L'absence de la substance dans le sang prouvera juste qu'une personne n'est actuellement pas sous l'influence de Tonatiuth, mais cela ne permettra pas de savoir si elle l'a été ou non à un moment ou un autre. D'autres que moi ont très bien pu l'être au fil des mois et agir pour son compte sans s'en rendre compte et sans en garder le moindre souvenir. » fit-il remarquer.

Mais ce n'était pas ce qui l'inquiétait le plus. C'était les éventuels ordres dormants. Était-ce possible d'en implanter ? Pouvaient-ils se déclencher n'importe quand ou fallait-il que certaines conditions soient réunies ? Quelque chose lui disait qu'il n'aurait jamais la réponse et qu'il devrait apprendre à vivre avec cette angoisse. Mais il était certain que si lui se posait ce genre de questions, d'autres le feraient aussi et se méfieraient de lui, peu importe le résultat des analyses.

Il fut très fortement tenter de ne rien répondre à la dernière question de Xinan. Il ne voulait pas impliquer Nadja là-dedans. Le fait qu'elle n'ait rien dit ou fait allait lui retomber dessus. Mais elle était certainement bien plus capable de se défendre que lui. Il doutait aussi sérieusement d'être en mesure de mentir de façon convaincante. Pas face au Tok'ra en tout cas. Et puis même s'il y arrivait, est-ce que Xinan et Noa le croiraient ?

« Comme si j'aillais le crier sur les toits pour que tout le monde soit au courant, fit-il sur un ton sarcastique. Il n'y a qu'une seule autre personne au courant... Nadja. » répondit-il doucement.

Il tenait justement à éviter que les autres l'apprennent pour s'éviter la vindicte de tous les survivants, car cela pouvait très mal finir pour lui et éventuellement pour l'ex-marine du futur.

Un sourire mauvais étira les lèvres de Xinan tandis que ses yeux lancèrent des éclairs lorsque Zander lui proposa de l'achever lui-même. La proposition était plus que tentante. Cela réglerait beaucoup de problèmes, et il n'était pas sûr qu'à part Nadja, beaucoup de personnes ne le pleure. Xinan sentit Noa se redresser violemment contre cette idée, mais il l'ignora royalement.
" Ne me tente pas…" grinça t-il entre ses dents serrées. " Ne me tente pas …."

Lorsque Zander demanda l'avis de la Tokra, et que Xinan, en combinant les nouvelles données avec celles qu'il avait déjà, lui offrit une conclusion pourtant fort plaisante pour lui, ce dernier ne sembla pas satisfait et émis ses propres objections sur son raisonnement. Non mais pour qui il se prenait ce petit merdeux ?
" C'est précisément ça que je recherche Monsieur J'me-la-ramène-un-peu-trop. Pour l'instant, je m'en tape de savoir qui a fait quoi dans le passé, j'y réfléchirais dans un second temps. Là, l'urgence, c'est de savoir si on a encore des bombes à retardement dans la nature. Et franchement, je m'en contre-fous de ton avis sur le sujet. Je vais gérer ça comme je l'entends et tu en sera bien le dernier informé." répondit-il sur un ton des plus virulents.

Puis, il lui demanda à qui il en avait parlé et la réponse le mit hors de lui. Il frappa de nouveau du poing sur la table et le clavier fit un bond de dix centimètres.
" Putain ! Mais c'est pas vrai !" brailla Xinan.
Il se redressa et se dirigea de nouveau vers la fenêtre de son bureau.
" Bandes d'incapables. Vous n'êtes qu'une bande d'incapables. Peut-être que la Terre mérite ce qui lui est arrivé. Et peut-être qu'elle ne mérite pas qu'on se batte pour sa libération ! " s'emporta Xinan.
Le vieux Tokra était fou de rage. Comment Nadja Cook avait-elle pu laisser passer ça ? Comment avait-elle pu protégé Zander ? Surtout après l'esclandre qu'elle avait fait à Noa sur son impartialité !

Xinan souffla longuement pour faire descendre sa colère, puis il tourna la tête vers Zander.
" T'as autre chose à rajouter ? " lança t-il avec une froideur à toute épreuve. " Si non, rejoins immédiatement l'infirmerie. Je vais les appeler pour procéder à cette prise de sang. Ensuite, tu rejoins tes quartiers sur Atlantis, sans détours et tu t'y enferme jusqu'à nouvel ordre."

Xinan prit une pile de documents sur le bureau qui s'était effondrée suite à ses coups de poings répétitifs et la redressa.
" Ah, … et croise-les doigts. Si ton test est négatif, Noa gardera le secret sur ce qu'il s'est passé. Et moi aussi. Nous en parlerons uniquement à Doyle, notre supérieur hierarchique." dit Xinan sans lever les yeux vers Zander. Il se rassit sur sa chaise de bureau, droit comme un I. " J'espère que tu es bien conscient que c'est une faveur que nous te faisons." grinça t-il en croisant les doigts sur son bureau. Il releva lors un regard glacial vers Zander.

Zander soutint le regard de Xinan sans ciller avec un sourire narquois lorsqu'il le vit se retenir de régler le problème sur-le-champ. Aussi suicidaire que cela pouvait être, ce n'était pas la première fois qu'il tenait tête au Tok'ra de la sorte à des moments où il ne devrait vraiment pas le provoquer, mais il ne pouvait pas s'en empêcher.

Évidemment, il reprit une volée de bois vert dès qu'il rouvrit la bouche, mais ne baissa pas les yeux pour autant. Une partie de lui continuait à chercher la confrontation. Xinan n'allait pas pleurer sur son sort ni le rassurer ni faire montre de la moindre compréhension, ça, il s'y attendait. Mais il ne semblait pas vouloir l'écouter non plus. Était-ce surprenant ? Non. La menace d'un sabotage était pourtant réelle et pouvait déjà avoir eu lieu. Rien ne disait que l'Achilles ou le Lorion n'avait pas déjà été compromis. Et il savait de première main que l'ennemi fournissait à ses serviteurs contre leur gré tout ce qu'il leur fallait pour opérer en toute efficacité et remplir leur mission avec succès et en toute discrétion.

Il ricana en entendant les remarques de Xinan sur la Terre. Une part de lui jubilait désormais de le voir hors de lui et il se demanda ce qui ne tournait vraiment pas rond chez lui.

« Sur ce point, tu n'as pas tort. La Terre a peut-être eu ce qu'elle méritait, en effet. Nadja a tout sacrifié pour venir à notre époque et précisément l'avertir de ce qui lui pendait au nez tout en lui fournissant une solution pour avoir une chance contre Tonatiuth. Et personne n'a l'air de l'avoir écoutée ou prise au sérieux et n'a rien fait. Quand à sauver la planète… » fit-il, amer, en dépit de son rôle dans ces événements.

*Ce n'est pas ma planète et je n'y suis pas particulièrement attaché... Et j'ai la mienne à protéger maintenant.* pensa-t-il.

Il éprouvait du ressentiment envers la Terre pour des raisons personnelles. Il ne se sentait peut-être pas particulièrement concerné par son sort pour l'instant, mais il se souciait vraiment du sort des rescapés et voulait les aider à survivre et les soutenir. Puis de l'autre côté, il y avait les Goa'ulds. Ils étaient une menace pour le reste de la galaxie et il allait falloir se battre contre eux pour les arrêter. Pas pour se venger, mais pour éviter que d'autres subissent le même sort que lui et soient utilisés contre les leurs. Il voulait rendre leur liberté à ceux qui subissaient cette emprise sans le vouloir. Peut-être que maintenant, ils pourraient trouver un moyen pour empêcher le conditionnement ou pour déconditionner les gens en douceur au lieu d'avoir à les tuer, comme ce pauvre scientifique. Ce qu'il avait vécu et ce dont il se souvenait pouvaient peut-être servir. Mais ce n'était pas une discussion pour tout de suite et probablement pas à avoir avec Xinan.

Encore une fois, il allait s'en tirer sans punition ou correction, ce qui ne manquait pas de le surprendre. Juste une prise de sang puis ensuite, il serait consigné dans ses quartiers en attendant les résultats. Et c'était tout. Rien de très différent par rapport à d'habitude… Au moins, il pourrait profiter de la vue et de l'océan, et d'une bonne bouteille d'alcool.

Il ricana encore une fois en entendant qu'il lui faisait une faveur... ce qui signifiait qu'il y aurait un prix à payer, un jour, même s'il ne le disait pas. Il n'en avait pas besoin. Rien n'était jamais gratuit. Il y avait toujours une contrepartie, peu importait la forme qu'elle prendrait : un service, une information... Il l'avait appris à la dure. Mais cette "faveur" n'était valable que tant que personne n'apprenait rien.

« Une faveur, hein... J'ai hâte de savoir ce qu'elle va me coûter, celle-là. » fit-il en tournant les talons pour quitter le bureau.

Xinan ignora la dernière remarque de Zander et se contenta de le regarder tourner les talons avec un mépris certain. Cependant, au moment où l'alien allait quitter le bureau, une voix plus familière retentit.
" Attends !"
Noa était revenu, au grand damn de Xinan, qui ne cessait de l'insulter mentalement. Il allait encore tout gâcher avec son côté nounours mielleux. Mais Noa s'en fichait. Oui, il était très remonté également, oui il partageait le point de vue de Xinan, mais non il n'acceptait pas de briser son amitié avec Zander pour autant. Le néo-zélandais s'approcha à pas lent vers Zander et le regarda longuement avec tristesse.
" Tu aurais du m'en parler plus tôt." dit-il simplement avec regret. " Tu sais que tu peux me faire confiance, même si Xinan est là..."
Noa soupira en posant ses mains sur ses hanches et en baissant les yeux. Puis il les releva et posa une main sur l'épaule de Zander.
" Ça va aller, ok ?"
C'était de bien piètres mots pour réparer le mal mutuel qui avait été fait.
Finalement, Noa le laissa partir et ferma la porte derrière lui. Il lui fallait quelques instants seul.

Zander partit, il se mit à repenser à toute la situation et la colère de Xinan faisait echo à la sienne sur un point en particulier qu'il se devait d'éclaircir au plus vite. Il devait parler de toute urgence avec Nadja Cook.
Noa sortit de son bureau, le verrouilla derrière lui et se dirigea vers l'Achilles où il savait trouver la jeune femme. Ce fut finalement à proximité du vaisseau qu'il la trouva, en train de discuter avec le responsable des travaux de réparation.
" Capitaine, je peux vous parler ? Dans votre bureau s'il vous plait." dit Noa assez froidement à la commandante.
Son visage était fermé et il était beaucoup plus froid qu'à l'accoutumé. Pour un peu, on aurait dit Xinan.

Quand Noa l’intercepta, Nadja revenait d’une séance d’entrainement de tir. Les cours se déroulaient plutôt bien pour l’instant et les civils de cet après midi lui donnait un minimum de satisfaction. D’ici un mois ou deux, ils n’auraient plus besoin que d’une seule main pour trouver leurs fesses.

Elle était ensuite revenue à pied et par l’extérieur pour respirer tranquillement l’air marin. Cela lui permettait de faire le vide et redevenir le capitaine de l’Achille. D’essayer en tout cas. Comme souvent, alors qu’elle observait la forme élancée du croiseur posée sur un des pylônes de la cité, elle se demanda comment un troufion dans son genre avait pu en arriver là. Comme toujours dans ses circonstances, le rire cruel du sergent Kubrick sonna dans ses oreilles. Elle était loin, la gamine de dix set ans qui s’était enrôlée pour permettre à sa famille de vivre une vie décente.

Son accès de nostalgie fut balayé par l’arrivé du chef ingénieur, tablette en main. Les travaux avançaient bien mais certaines pièces cruciales n’étaient tout simplement pas usinable ici et il fallait faire des choix.

« - Les accumulateurs du canon Asgard ont surchauffé pendant le combat. La moitié ne passent pas les tests de qualité standards.
- Vous m’aviez assuré que cette arme était fonctionnelle !
- Elle l’est, capitaine. Mais je ne suis pas sûr que vous disposiez de plus d’un tir ou deux avant de tout griller. Et la surcharge pourrait être catastrophique.
- Vos recommandations ?
- Ne vous en servez pas ?
- Et plus sérieusement ?
- Je le suis, Madame. Ou alors on se sert sur le Lorion, mais je vous laisse vous arranger avec son capitaine. »

Voila qui n’était pas gagné. Déjà que celui-ci tempêtait parce que son vaisseau ne serait pas prêt à voler avant plusieurs mois alors que l’Achille le serait d’ici peu…
L’arrivée de Noa, le visage fermé, la tira de ses réflexions.

« - Allons-y, répondit-elle sur le même ton. »

Mais quelle mouche le piquait. D’ordinaire, le bonhomme était plutôt jovial. Elle le fit rentrer dans le bureau toujours décoré aux couleurs du capitaine Lawrence et s’installa dans le fauteuil après avoir rangé soigneusement son arme dans un tiroir fermé à clé.
« - Je vous écoute. »

Cook guida Noa jusqu'à son bureau et lorsqu'elle eu fermé la porte, lui demanda de quoi il en retournait.
" Capitaine. Quand est-ce que vous aviez l'intention de me parler de Zander Hayes ? De ... disons... l'emprise qu'avait l'ennemi sur lui ? Je viens d'avoir une discussion fort intéressante avec lui dans mon bureau, et je vous avoue que j'ai été très surpris d'apprendre que vous étiez au courant depuis le début et que vous nous l'avez caché. Je peux savoir pour quelles raisons ? " demanda Noa avec politesse.
Après tout, il lui accordait le bénéfice du doute. Et si elle avait une bonne raison pour lui avoir caché ce fait important, il était prêt à l'entendre. Le néo-zélandais avait toujours eu un profond respect pour Cook et son travail, et il espérait vraiment comprendre ses motivations dans cette affaire.
Cependant, il ne pouvait s'empêcher de repenser à la soufflante qu'elle lui avait donné lorsqu'il essayait de protéger d'un peu trop près Ted. Il avait su reconnaitre son erreur, et avait même été heureux qu'elle la pointe du doigt. Il savait qu'il avait un peu trop tendance à s'empêtrer dans ses sentiments lorsqu'il s'agissait de Ted. Avait-elle fait de même pour son mari ? Il espérait que ce n'était pas le cas, cela compliquerait beaucoup les choses.

Capitaine… S’il l’appelait par son grade, on était bel et bien dans une discussion sérieuse et le détecteur à emmerdement de Nadja se mit à bipper furieusement. La suite ne la prit donc qu’à moitié par surprise. Le diable était hors de la boite à présent, songea-t-elle en réfléchissant à ce qu’elle allait dire.

« - Sans doute jamais, répondit-elle franchement. »

Elle ouvrit un tiroir de son bureau qui contenait une mini glacière et en sortit deux bières qu’elle posa sur son bureau. Un instant, sa main avait hésité à aller récupérer l’arme qu’elle avait rangé quelques secondes auparavant. Une balle dans la tête et le problème était réglé. Avec le balcon et la mer en dessous, le corps du grand barbu disparaitrait sans laisser de traces.

Mais ça n’aurait rien résolu au final.

« - Vous vous souvenez ce que je vous ai dit sur le fait de ne pas être objectif quand on évoque un proche ? Je savais alors de première main de quoi je parlais. J’ai donc appliqué mes propres conseils et je ne me suis pas mêlée de ça. »

Et si cet idiot n’était pas allé se dénoncer, personne n’y aurait vu que du feu. Personne n’avait apparemment diligenté d’enquête sur le sujet.

Nadja avala une longue gorgée de bière en se demandant à qui elle parlait en ce moment : Pakeha, Xinan, un mélange des deux ? Vu la situation, le Tok’ra n’avait pas trop intérêt à lui chercher des poux.

La réponse de Cook ne se fit pas attendre et son honnêteté était frappante. Noa se pinça les lèvres, posa ses poings sur ses hanches et tourna la tête. Ses yeux accrochèrent un cadre au mur, et il se rendit compte pour la première fois d'où il se trouvait. Ce n'était pas le bureau de Nadja Cook, c'était celui de Sarah. La nouvelle commandante n'avait pas touché à la décoration. Noa jeta un rapide regard circulaire sur la pièce : Tout lui rappelait Sarah. Noa était en train de regarder d'une manière étrange le bureau en métal lorsque Nadja en sortit deux bières qu'elle posa devant elle. Cette situation improbable fit revenir Noa au présent et à leur discussion. Il fronça les sourcils en regardant la bouteille, toujours debout face au bureau.
" Est-ce que vous comptez me saouler pour me faire oublier votre erreur ?" dit-il, en ne plaisantant qu'à moitié.

Ce que Cook ajouta ensuite, ralluma la colère de Xinan et de Noa.
" Non mais vous plaisantez ? C'est ça votre plaidoyer ? Non mais c'est du délire ! Si vous étiez juste une bidasse lambda, okay, éventuellement, ok ! Je pourrais comprendre que vous souhaitez protéger votre mari, ne pas interférer dans ses problèmes. Mais vous êtes le capitaine de l'Achilles, merde ! De nous tous, vous êtes la militaire la plus haut placée, vous devez vous assurer de la sécurité de tous ! C'est votre devoir ! "
Il la pointa du doigt, il la pointa pour marteler son dernier mot.
Puis, il se retourna et prit une longue inspiration en se passant une main sur le visage.

" Vous vous êtes bien foutu de ma gueule." reprit-il sur un ton plus calme. "Vous m'avez reproché de ne pas être objectif avec Ted, mais au moins j'ai été honnête. Je n'ai caché à personne qui il était, et le danger potentiel qu'il pouvait représenter. Vous, vous avez caché une information essentielle, et vous nous avez tous mis délibérément en danger en vous taisant. Et vous n'avez pas aidé Zander ce faisant, c'est certain... Alors dites-moi, est-ce que vous méritez vraiment de vous asseoir dans ce fauteuil ?"

Noa n'avait pas touché à la bière qui était posé sur le bureau. Et dieu sans qu'il crevait d'envie de la finir cul sec. Mais non, il ne pouvait pas juste laisser couler cette histoire avec un peu de bière au fond de son gosier. Pas pour l'instant en tout cas.

« - C’est toujours mieux qu’une balle dans le crane, vous ne trouvez pas, répondit Nadja du tac au tac, parfaitement sérieuse. »

La bouteille était surtout un moyen de placer la discussion sur un ton amical plutôt qu’accusateur mais visiblement, Noa n’était pas venu dans le bureau avec cet état d’esprit. L’ex marine aurait pu accepter des remontrances, méritées, sur le sujet Zander. Mais qu’il l’attaque sur le sujet du Devoir revenait à la gifler et fit ressortir immédiatement le soldat brutal qu’elle serait toujours au fond.

Sans le moindre avertissent Nadja bondit par dessus le bureau, plaqua l’ancien chef de la sécurité au sol attrapa sa trachée entre ses doigts et serra légèrement.

« - Un mot, un geste et j’en finit, pigé ? Maintenant écoute moi bien. Ça fait vingt putains d’années que je mène cette guerre, par devoir envers ma famille et mes compagnons d’armes. Tu ne peux même pas imaginer ce que ça m’a coûté, à commencer par un fils. Alors ne vient pas m’insulter avec de grand mots quand tu ne sais pas ce qu’ils veulent dire ! Je te rappelle que c’est toi qui m’a envoyé ici alors que j’avais juste envie d’en finir avec cette vie de merde. Demande-toi plutôt pourquoi !»

Elle le lâcha et se redressa. Elle se déplaçait toujours avec une démarche de panthère, toujours prête à sauter sur une proie qui aurait le malheur de croiser son chemin.

« - J’ai gardé un œil sur Zander tout du long et si j’avais eu l’impression qu’il se mettait à déconner, c’est moi qui l’aurait foutu au trou ou l’aurait abattu. Et s’il avait eut la mauvaise idée de s’enfuir, il sait que je l’aurais retrouvé. Au lieu de çà, il traîne sa culpabilité depuis des semaines comme un boulet au pied. C’est presque un miracle qu’il soit venu vous voir plutôt que se saouler ou se foutre en l’air. »

Et n’y pouvoir rien faire l’avait miné plus qu’elle ne voulait l’admettre. Mais jamais elle n’aurait laissé à d’autres le soin de s’en occuper. Pas sans sa permission en tout cas.

« - Autre chose ? l’apostropha-t-elle, toujours aussi furieuse. »

Noa ne releva pas la réplique de Nadja sur la balle dans la tête. Il n'était pas vraiment fan de ce genre d'humour, surtout dans une situation pareille. Alors que Noa essayait de contrôler tant bien que mal sa colère pour tenter de résoudre le problème Zander, il se laissa aller dans ses propos jusqu'à un point qui ne lui plaisait pas. Il savait qu'une accusation frontale de la sorte puait une rancoeur mal dégérée et n'aboutirait à rien. Mais avant qu'il n'ai eu le temps de réaliser quoi que ce soit, il se sentit partir violemment en arrière et heurta le sol brutalement, Nadja à califourchon sur lui.
Une expression de terreur pure figea le visage de Noa tandis que ses yeux reflétaient l'horreur d'une situation déjà vécue. Une centaine d'images se matérialisa devant lui, des images enfouies dont la violence n'avait d'égal que sa terreur. Pendant une fraction de seconde, ce ne fut pas Nadja qu'il vit au dessus de lui, mais Ted, le poing levé. Il sentit les doigts de Nadja sur son cou qui se mirent à serrer légèrement et dans sa tête une simple phrase résonna en boucle : " Ca y est, c'est la fin. Mourir comme ça, qu'est ce que c'est con...".
Les mots que Nadja lui cracha au visage résonnèrent longtemps dans sa tête avant qu'ils prennent un réel sens.

Lorsqu'elle le lâcha, il se redressa sur les coudes et recula jusqu'à la porte où il s'adossa en se massant la gorge, une panique indicible dans les yeux. Elle continua ses explications que Noa avait du mal à assimilé sous le choc. Il n'avait qu'une envie ; prendre ses jambes à son cou, mais son corps refusait de bouger.
En fait, il sentit qu'il se laisser couler, qu'il se réfugiait en lui, prostré.

Xinan se mit alors à rire en toussotant, puis il se releva avec une expression tout autre sur le visage. Il semblait, .. admiratif et amusé. Il attrapa la bière et en bu une gorgée sans lâcher Nadja des yeux.
" Vous êtes une sacré femme." dit-il en s'asseyant d'une fesse sur le coin du bureau en sirotant sa bière. " N'y voyez aucun manque de respect Capitaine. Mais je peux vous assurer que durant ma longue vie, j'ai rarement vu quelqu'un comme vous. Veuillez excuser Noa, c'est un paumé qui ne contrôle pas ses humeurs ni ses sentiments. Je suis désolé s'il vous a vexé, ou blessé... il ne peut pas vous comprendre. Seul quelqu'un qui a votre expérience du combat et des sacrifices le pourrait...Tout de fois, cela met en lumière quelque chose, et il faudra bien vous rendre à l'évidence ... ce Zander n'a rien à faire avec vous. Il ne vous arrive pas à la cheville et je suis toujours étonné de vous savoir ensemble. Je me demande bien ce qu'il peut vous apporter..."
Xinan passa son doigt sur le bureau sur lequel il était assis, avec un sourire en coin, provocateur.

La panique dans les yeux de Noa aurait pu, en d’autres moment, faire baisser sa colère. Bien que sanguine, Nadja n’avait jamais aimé faire souffrir intentionnellement. Mais aujourd’hui, elle se contenta de vider son sac sans se préoccuper de l’effet percutant de ses mots ni de la terreur qu’ils provoquaient.

Et soudain, le visage du barbu changea et laissa la place à une expression plus sereine, presque admirative et elle comprit ce qui était en train de se passer. Xinan avait prit le dessus et non seulement buvait la bière qu’elle offert quelques instant auparavant mais, en plus, lui faisait du gringue.

« - Ah tien, et vous avez mieux à proposer, ronronna-t-elle en se rapprochant, sa propre bouteille en main. »

La démarche de panthère s’était soudain faite lacive, tout comme son sourire dangereusement provocateur.

Elle n’était plus qu’a quelque centimètres de lui quand la bouteille se brisa contre le bureau et qu’elle appuya le tesson entre les jambes du géant.

« - Tas déjà abusé de moi y a longtemps, vieux salopard ! Je suis plus une gamine que tu peux manipuler à ta guise jusqu’à ton lit. Garde ta libido pour Ted et dis-toi bien que si je te vois regarder une des minettes de cette base d’un peu trop prés, il faudra t’asseoir pour pisser le restant de tes jours. Maintenant tire toi avant que je me contrôle plus du tout.»

Bouillante de rage, le visage en face d’elle se brouillait pour ressembler à celui de son ancien capitaine. Elle se recula pour respirer, un rien plus calmement, sans perdre son adversaire de vue. S’il tentait quelque chose de stupide, elle n’hésiterai pas une seconde.

Xinan sourit en coin en levant le menton lorsque Nadja s’avança vers lui. Il fut cependant surpris de cette trop rapide marque d’intérêt et lorsque la jeune femme brisa sa bière contre le bureau pour la plaquer sur son entrejambe, il leva les sourcils sans se départir de son sourire. Il ne pouvait plus se passer de la voir montrer les crocs, ça avait le don de l’emmoustiller. Ce qu’elle lui révéla ensuite ne fit que piquer un peu plus sa curiosité. Ainsi son lui du futur l’avait eu avant lui ? Quel dommage. Mais il ne pu que féliciter son homologue, dommage qu’il lui ai laissé une telle mauvaise impression et vraisemblablement ruiné toutes ses chances à lui. Tant pis, il était patient. Enfin… jusqu’à une certaine limite. Elle n’avait quand même plus 20 ans. Ca se flétrissait vite les filles passé un certain âge.
Lorsqu’elle menaça de planter son tesson entre ses cuisses, il se pencha très légèrement en avant et souffla:
“ Mais fais, je t’en prie. Je me trouverai alors un corps qui te plaira plus. Zander peut-être ? “

A cet instant, les yeux de Xinan muèrent tout comme son visage et Noa réapparu avec cette même expression de terreur.
“ NOON ! “ cria t-il à l’encontre de Xinan mais aussi de Nadja qui n’allait surement pas tarder à l’emasculer. Le néo-zélandais eu un mouvement de recul et tomba en arrière à côté du bureau. il leva un main tremblante au dessus de son visage comme pour se protéger et se releva tant bien que mal.
“ Non, c’était pas moi … C’était pas moi… Non… je suis désolé…” balbutia t-il en tremblant comme une feuille en en reculant lentement.

Même en furie, Nadja avait bien assez d’expérience pour voir quand on l’antagonisait. Songer à Xinan envahissant Zander lui fit l’effet d’une douche froide. Non qu’elle n’ait pas envie d’arracher les yeux et les lui faire bouffer mais ça n’aurait pas servi à grand-chose et aurait fait désordre dans ce bureau.

Elle secoua la tête pour chasser le visage du capitaine du Romanov et se concentrer sur celui en face d’elle, plus très sure de ce qu’elle devait faire.

La suite décida pour elle. Noa reprit possession de son corps et recula précipitamment, tout aussi terrifié par elle que par son passager. Ce type avait-il vraiment été chef de la sécurité ? C’était à se demander s’il avait jamais affronté quoi que ce soit de plus dangereux qu’une souris cul de jatte.

« - C’est bon, lâcha-t-elle un rien plus doucement. Relevez-vous. »

Si ça continuait, il allait se pisser dessus le bougre. Elle aurait pu l’aider à se relever mais le dominer de toute sa taille mais dans un geste secourable n’était peut-être pas une bonne idée. Elle se réinstalla donc au bureau, prenant bien soin d’inspirer et expirer lentement pour calmer les effets de l’adrénaline qui galopait toujours dans son sang.

« - Je sais que c’était pas vous, Noa. Xinan est un fumier. Il a été mon capitaine il y a quelques années, sur le Romanov. Sa grande passion était de mettre ses officiers subalternes dans son lit… ou un certain sergent descendant d’un héros de guerre célèbre, pour le sport ! »

Elle avait depuis longtemps laissé cette historie derrière elle. Mais la présence de Xinan et ses provocation avait rouvert cette ancienne blessure plus profondément qu’elle ne l’aurait crue possible.