Quelque part dans le Montana, à environ cinquante kilomètres d’Helena, la capitale, se trouve le camps des Juste Pèlerins de la Sagesse. Officiellement un camp de retraite spirituelle catholique, il était devenu depuis quelques semaines bien plus que ça sous l’impulsion de Charles de Bressignac.
Après avoir pris la direction du camp on ne sait comment, il s’était débrouillé pour faire venir par des chemins détournés les réfugiés du SDT. Camion, voiture, bus, train… La population du camps avait sensiblement grandi mais les grands baraquements avaient été conçus pour bien plus.
Toutes les puces de localisation avaient été retirées et les anciens du JPS ( à l’exception de Mortimer qui n’était jamais arrivé sur place) avait donc pris leur quartier les uns après les autres dans un des bâtiment et partageaient maintenant leur temps entre remise en forme pour certain après leurs blessures, aide à l’infirmerie et dans l’organisation en général et récupération de nouveaux réfugiés.
Les familles des anciens membre du SDT était sous surveillance mais, pour l’instant, elles n’avaient pas été inquiétées.
Leur ennemi de son coté ne restait pas inactif. Après une conférence de presse parfaitement réglée, il avait lancé une campagne de recrutement un peu partout dans le monde, promettant voyage interstellaire et richesses a tous ceux qui le rejoindrait. Les files d’attentes devant les bureaux de recrutement prouvait le succès de cette proposition. Bien sur des voix s’élevait pour dénoncer le dictateur extraterrestre mais elles restaient minoritaires depuis que les USA, l’Europe et le Chine avait accepté de traité avec Tonatiuh.
Plume sécha ses mains et reposa le torchon sur le support approprié. Elle soupira en saisissant la béquille qu’on lui avait imposé à la suite de sa blessure. Si plus rien n’était visible, une vive douleur lui irradiait la jambe au moindre appui sur le membre. Elle travaillait dur, chaque jour, pour compenser cette infirmité. Tous les matins, elle se levait aux aurores et faisait plus d’une heure d’étirement dans l’un des jardins du centre. Elle ne s’arrêtait que lorsqu’Aynira venait la chercher pour aller prendre un petit déjeuner qu’elle espérait toujours plus copieux. Mais il était normal de rationner tout le monde. Avoir un endroit où dormir était déjà beaucoup étant donné les circonstances.
Enfin, dormir était un bien grand mot. Depuis l’invasion de la Terre, les cauchemars de Plume était revenus au grand galop. Si Aynira parvenait à les calmer la plupart du temps, ils restaient omniprésent et la jeune femme se doutait que cela ne s’arrêterait pas avant la défaite de Tonatiuh.
Une fois son petit déjeuner avalé, la jeune femme se forçait à marcher le reste de la matinée. Elle faisait le tour du camps, passant devant les baraquement, la cuisine et les jardins. Souvent, elle entrait dans ceux-ci et les parcourais en tâchant d’oublier la douleur. Parfois, elle s’approchait de l’enclos des animaux. Chèvres, moutons et vaches étaient élevés. En petit nombre mais suffisamment pour produire la laine et le lait nécessaire aux pèlerins, en temps normal. Avec l’arrivée massives des membres du SDT, les quantités étaient bien trop justes mais tout le monde parvenait à s’en accommoder. L’important était ailleurs.
Un peu après onze heure, Plume prenait son poste en cuisine. Elle s’était proposée à ce poste pour avoir l’impression de mériter sa place. C’était encore en cuisine qu’elle s’en sortait le mieux. Mais aujourd’hui, il n’y aurait pas d’entraînement avec Aynira après le repas comme d’habitude. Plume avait réussi à convaincre Aynira de l’affronter le plus souvent possible. Presque tous les après-midi, les deux femmes s’entraînaient au combat. Pour être exacte, c’était plutôt Aynira qui entraînait Plume. Avec sa jambe droite amoindrie, la jeune femme n’était plus aussi efficace qu’avant et cela la mettait hors d’elle. Elle tenait absolument à trouver un nouvel équilibre ou, au moins, à composer avec la douleur. Les soldats de Tonatiuh ne lui feront pas de fleurs à cause de sa blessure et elle devait pouvoir se défendre. Malgré ses nombreuses protestations, elle savait que la narisienne ne mettait pas toute sa puissance dans ses coups et, même comme ça, Plume finissait au tapis, à chaque fois. Souvent, elle avait sollicité Hilda pour qu’elle la soigne après une mauvaise chute. Cela permettait également à la scandinave de s’entraîner à l’utilisation de l’appareil de soin goa’uld. Elle aurait besoin de toute sa maîtrise pour la retaper une fois que le docteur Beckett aurait enfin accepter de l’opérer de nouveau.
S’appuyant sur sa béquille, qu’elle avait rapidement détournée en arme durant ses entraînements, Plume se dirigea vers le bâtiment principal. Celui qui servait de quartier général. C’était une réunion qui la privait de son entraînement aujourd’hui et mieux valait que ce soit pour autre chose qu’une vulgaire mission de récupération. Non pas que ça ne comptait pas mais Plume se sentait toujours mise à part dans ces moment-là. Elle ne pouvait pas participer aux actions de terrains et finissait toujours par fulminer dans son coin.
Lorsqu’elle arriva, il n’y avait encore personne. Que pouvaient-ils bien faire, tous ? Elle souffla en se laissant tomber dans un siège et cala sa béquille contre la table avant de se baisser légèrement pour masser sa jambe douloureuse.
Puisqu'Hilda n'était pas connue des Goa'ulds elle faisait parti des personnes qui pouvaient se rendre au marché pour vendre quelques fruits, légumes ainsi qu'un digestif fabriqué à partir de mirabelles. Elle en profitait pour se fondre à la population locale et adopter ses habitudes ainsi que l'accent du Montana. Elle avait teint ses cheveux, car c'était ce qu'il avait de plus voyant chez elle. La Scandinave laissait traîner ses oreilles un peu partout et briguait la moindre information concernant l'ascension de Tonatiuh. Le Faux Dieu était devenu une sorte de rock star. Elle collectionnait tout ce qui le concernait de près ou de loin et punaisait chronologiquement les articles de journaux sur le mur de sa chambre.
Elle avait trouvé de vieux patins à roulettes dans la grange et s'en servait allègrement. Elle passait parfois devant Aeryn,Aynira, Kylee et Plume en moonwalk à roulettes histoire de les faire rire un peu. Inexorablement sa pratique du patin à roulette changeait sa démarche sans qu'elle aie à se forcer. La jeune-femme avait récupéré des chutes de bois et fabriqué une balançoire qu'elle avait attaché à un arbre. Puis des petites marionnettes. Evidemment elle avait eu quelques réflexions de gens un peu grognons. Pas de problèmes. Il avait suffit de les initier au jeu des marionnettes et à sa complexité. Pas facile de rester une heure à genoux derrière un théâtre de fortune en bois les mains en l'air .
- Et ça ça vaut bien des entraînements !
Elle suivait attentivement les instructions du Dr Beckett pour utiliser l'appareil de soins. Plume était son cobaye principal et les séances avaient lieu souvent. La concentration réclamée n'était pas anodine. Le pilotage d'Atlantis par la pensée avait convaincue Hilda que si elle parvenait à mieux ordonner son esprit elle disposerait d'un atout considérable. Charles de Bressignac fut le partenaire idéal. C'est dans la chapelle, sous l'oeil d'une statue de Marie (La) qu'il l'initiait à des méditations guidées et à faire le vide. Le revers de tout cela c'était que des traumatismes bien enfouis faisaient surface et les larmes qui allaient avec. Elle lui confia tout au fur et à mesure de leurs avancées puisqu'il était sous secret professionnel et que sans cela ils ne pourraient pas évoluer. Son ascension fulgurante au sein de l'armée de l'air, lorsqu'elle s'était retrouvé perdue avec son escadron dans une contrée hostile et froide pendant des mois. La perte de son fiancé, de son bébé. La cour Martiale qui l'avait dégradé parce qu'elle avait eu une relation amoureuse avec son collègue. L'interdiction formelle à l'escadron d'essayer de se recontacter. La perte d'amis chers dans des conditions affreuses. Son retour dans sa famille où l'on avait annoncé sa mort, la visite de sa propre tombe, sans corps évidemment. L'ONU, Lachessis...
- J'aime beaucoup les personnes que je cotoie ici mais si je m'attache trop à elles je sais très bien ce que ça donnera. Alors il vaut mieux en rester au cordial. Et puis j'ai l'impression que ma vie est un éternel recommencement. Je disparais, je meurs je ressucite. Actuellement je recommence un cycle. Ma famille...tout ce que je leur fais subir.
Hilda ressentait énormément de culpabilité et ses proches lui manquaient cruellement. Elle pensait beaucoup à son frère médecin sans frontières et à ce qu'il devait vivre en ce moment. Mais rien ne servait de se lamenter il fallait avancer et travailler. Les tâches quotidiennes remplissaient tout à fait cet office. Puis elle fut convoquée à une réunion. C'est avec un plateau chargée d'un pichet de jus de fruit fraîchement pressé et des verres qu'elle fit son entrée. Plume était déjà là. Hilda posa le plateau sur la table.
Aeryn referma la boîte à outils d'un geste mu par l'habitude. Depuis un mois qu'elle était là, l'objet n'était jamais très loin d'elle. Cela lui rappelait en permanence qu'elle n'avait plus son tournevis. Tonatiuh le lui avait pris lors de l'attaque du JPS et le petit objet lui manquait cruellement. Elle l'avait depuis plus de dix ans et était un symbole du lien qui l'unissait à ses frères. Frères qui étaient loin. Très loin. Même si, paradoxalement, il se trouvaient plus proches que lorsqu'elle était sur la station, en orbite autour de la planète, la jeune femme avait l'impression du contraire. Aujourd'hui, elle ne pouvait pas se faire téléporter, ni même prendre l'avion pour aller les voir. D'une part parce que les voies aériennes étaient surveillées et que l'irlandaise était extrêmement recherchée, d'autre part parce que cela les mettrait tous en danger.
Lorsqu'on avait grandi entourée de sept frères et de parents aimant, se retrouver du jour au lendemain éloigner de sa famille était une épreuve. D'autant plus qu'il ne s'agissait plus que d'eux, Thomas et Adam étaient bien loin aussi. Parfois, Aeryn se demandait si elle les reverrait même un jour. Comment allait Thomas ? Et Adam ? Que faisaient-ils ? Avaient-ils des ennuis ? Est-ce que le garçon avait appris de nouvelles choses en son absence ? Sûrement, …
En soupirant, l'irlandaise se redressa et épousseta ses mains en regardant l'avancée de son projet. Lorsqu'elle n'était pas occupée à réparer tout un tas de chose pour le camp, elle s'efforcer de mettre en place une source d'énergie autonome pour la communauté. Elle avait pensé installer des panneaux photovoltaïques mais n'avait pas trouvé les pièces nécessaires. Alors elle s'était rabattue sur la force éolienne. Le vent ne manquait pas dans le Montana mais, lorsqu'il fallait partir de zéro en utilisant que des pièces de récupération qui ne servait pas au reste, cela prenait du temps. Au moins, ça avait le mérite d'occuper son temps et surtout son esprit afin de ne pas penser à tout ceux qui lui manquaient et à sa responsabilité dans la situation.
Elle se forçait à sourire en public. Paraître confiante et énergique. Mais, dès qu'elle était seule, dans le froid vide de la chambre qu'on lui avait attribuée, le masque tombait et elle ne pouvait s'empêcher de penser à son fils si loin d'elle. Il n'y avait qu'avec Bressignac qu'elle s'autoriser à craquer. Même face à Aynira elle gardait son masque d'autrefois. La narisienne avait déjà suffisamment de soucis avec Plume pour s'occuper de ses états d'âmes.
Mais aujourd'hui, Bressignac avait sollicité une réunion. C'était toujours une bonne nouvelle pour l'irlandaise. Enfin, ils allaient passer à l'action. Elle mettait de l'énergie à établir des plans d'actions mais, malheureusement, devait se contenter d'en voir d'autres partir les exécuter. Son visage était trop connu et elle était trop recherché, d'après le suisse. La jeune femme était donc cantonné au camps pour son plus grand désespoir.
Lorsqu'elle arriva dans la salle, Plume et Hilda étaient déjà présentes.
"Bonjour, mesdames ! Pas de patins aujourd'hui ?"
L'irlandaise sourit avant d'occuper un siège et porta son regard sur l'alienne.
"La bolognaise était excellente !"
Elle avait vite compris qu'il était vain de demander des nouvelles à Plume. Elle n'y répondait jamais.
Aynira ouvrit les yeux et se retrouva dans une chambre à la décoration et l'ameublement plutôt sommaire et surtout avec une petite croix au dessus de la porte. Elle ne pouvait pas vraiment l'enlever vue l'endroit où elle était. Celai faisait quelques semaines que les survivants de la Zone 52 et du JPS s'étaient retrouvés en plein milieu du Montana dans un camp religieux servant de façade à une des bases du SDT à la surface grâce à de Bressignac qui avait réussit à organiser tout ça dans l'urgence et sans que ça apparaisse dans les dossiers du SDT.
Plume était déjà debout et partie s'entraîner. Il faut dire que depuis la prise de contrôle de Tonatiuh, les cauchemars étaient revenus au galop, rendant certaines nuits difficiles. Rajouter à ça sa jambe partiellement soignée et vous obtenez une Plume souvent de mauvais poil. Une situation pas très facile à vivre, même si le couple restait uni. Après une douche rapide, la Narisienne sortit du bâtiment et rejoignit Plume qui faisait des étirements dans l'un des jardins remplit de fleurs odorantes. Un endroit très sympa malgré les circonstances.
Elle l'a salua en la prenant dans ses bras et en l'embrassant :
"On a eut un stock de chocolat hier. Du coup, c'est chocolat chaud pour tout le monde !"
Avec l'occupation, le rationnement était de vigueur et leur situation pour le moins isolée et le nombre de personnes présente rendaient ce dernier un plus drastique pour que tout le monde puisse en profiter, ne serait-ce qu'un tout petit peu. En conclusion, tout le monde devra se contenter d'une seule tasse et pas remplit entièrement...
Depuis l'arrivée au centre, la Narisienne proposa son aide pour l'organisation de ce dernier. Quand Aeryn était davantage occupée à bricoler, il n'y avait plus vraiment personne pour gérer l'installation au quotidien. Au final, c'était comme sur le JPS, l'aspect militaire passant au secondaire faute de moyen. Il fallait surtout pouvoir subvenir aux besoins de tout le monde. Nourriture, eau, chauffage, électricité. Elle avait aidée à organiser des trajets vers la ville proche pour acheter des biens par des personnes qui n'étaient pas recherchées par les forces ennemis. Offrant ainsi une source limité de denrées supplémentaires et de liquidités en vendant une partie de la production sur le camp.
Aeryn s'occupa de l'électricité en construisant une éolienne. Certes ce n'était pas Versailles, mais au moins ils avaient de la lumière, de quoi faire tourner les quelques machines en leurs possession et les systèmes de communication. Pour le chauffage, même si c'était encore l'été, il fallait prendre les devants. Les bâtiments étant récents, ils étaient bien isolés et possédaient une cheminée et autre poêle. Mais il fallait les alimenter en bois et il n'allait pas se couper tout seul. D'autant plus que la dernière tronçonneuse avait été mise en pièce pour réparer un autre appareil. C'était donc à l'ancienne, à la hache, les muscles, la grosse barbe et la chemise à carreaux.
Pour les communications, c'était pour ainsi dire la seule partie du camp où la technologie restait reine. Il y avait la connexion internet et des ordinateurs, le tout protéger par tout un système de pare-feu et de VPN mis en place par Natalie Davis qui faisait partie des réfugiés. Oui il y avait toujours Internet, il fallait bien que Tona diffuse sa propagande. Du coup le réseau était toujours en place et maintenait même un semblant de normalité, bien qu'il ne fallait pas être un génie pour deviner que tout était surveiller à la loupe et que les nouveaux contenus étaient plus en accord avec l'ordre nouveau alors que les plus dérangeants se faisaient purement et simplement effacés. Chose assez étonnante, on pouvait toujours télécharger des films et des séries ou jouer à des jeux en ligne. Sans doute une volonté de ne pas se montrer comme un tyran despotique et de garder une partie de la population docile. Du pain et des jeux. Un concept compris depuis la Rome antique.
Bref, le couple se retrouva dans le réfectoire pour prendre un petit déjeuner plutôt sommaire à cause du rationnement. Du pain, du lait et du beurre fait sur place, quelques fruits venant du camp et du marché et la fameuse tasse de chocolat chaud, certes avec du chocolat en poudre industriel, mais ce n'était pas le moment de se montrer difficile.
Après, ce fut les tâches de la matinée. Plume était partit à ses exercices de marche avant d'enfiler son tablier de cuisinière et la Narisienne reprit ses travaux d'organisation et de gestion. Apparemment, un des réfugiés venait d'une ferme dans le Dakota du Nord, plutôt proche, et il pourrait demander à sa famille de lui laisser quelques animaux, surtout des porcs, des graines et du matériel en trop. C'est vrai qu'un tracteur, même vieux, serait un ajout intéressant, d'autant plus que le camp avait un mécanicien en la personne de David, le petit jeune rencontré à Colorado Springs. Le seul souci allait être de trouver des pièces de rechange et du carburant, même si un peu de shopping en ville pour ce genre de chose n'éveillerait pas les soupçons.
Après un repas composée d'une bolognaise, aussi nourrissante qu'agréable, la Narisienne se rendit à la salle de réunion. Bressignac avait demandé une réunion. En chemin, elle fut retenue par un souci de dernière minute. Apparemment un couple se montrait un peu trop "bruyant" et les murs séparant les chambres n'étaient pas très épais. C'était le genre de problème de la vie de tous les jours que la Narisienne aimerait avoir le plus souvent, mais d'un autre côté, c'était toujours bon à entendre que même dans des circonstances pareilles, certains s'offraient un peu de bon temps.
Après avoir promis de régler le problème, elle entra dans la salle où attendait déjà plusieurs Plume, Hilda et Aeryn :
"Mesdames ! Prête à reconquérir le monde ? Parce que moi oui !"
Elle savait que peu importe la raison de la réunion, bouter le gros ver maya hors de la Terre n'était pas au programme. Pas encore. Elle s'installa à côté de Plume, venant se blottir contre elle et proposant doucement de lui masser la jambe. Il faut dire qu'elle en avait bien besoin...
Kaylee finissait de remplir le dossier d'un patient qui avait trouvé le moyen de se faire une magnifique entaille en tombant. Elle lui avait fait quelques points de suture, fait une injection contre le tétanos et mis sous antibiotique, par précaution. C'était probablement l'un des plus graves cas qu'elle avait traité depuis un mois qu'ils étaient arrivés dans ce camps spirituel secret leur servant de couverture. Elle avait pris en main l'infirmerie et officiait à titre de généraliste tout en supervisant les patients qui récupéraient de leurs blessures. Elle passait aussi beaucoup de temps à discuter, ou plutôt écouter, ceux qui avaient besoin de parler. Mais se procurer de quoi soigner les réfugiés du SDT s'avérait parfois épineux, en particulier pour les médicaments, et il fallait de temps à autre les envoyer dans la clinique la plus proche.
Plume venait régulièrement la voir pour lui demander de lui retirer les broches, mais elle refusait de le faire dans un lieu qui ne soit pas un minimum stérile. Si le soin avec l'appareil échouait ou ne se déroulait pas bien après le retrait, elle voulait minimiser les risques d'infection au maximum et pouvoir intervenir dans les meilleures conditions possibles. Puis elle avait besoin d'un peu de matériel qu'elle n'avait pas ici. Et pour l'instant, ils n'avaient pas trouvé de solution pour exaucer le souhait de la jeune femme. Elle savait que celle-ci s'entraînait plus que de raison au point de se blesser, mais elle n'avait aucun moyen de l'en empêcher. Si un patient ne voulait pas respecter les consignes et suivre les traitements, c'était son choix, même s'il se faisait plus de mal que de bien.
En dehors de cela, elle s'occupait de l'accueil et de l'installation des nouveaux arrivants ou s'entraînaient avec les autres militaires. Contrairement à certains, elle avait pu se rendre en ville quelques fois, ne faisant pas partie des membres les plus recherchés. Normal, vu que sur Terre, elle n'avait été qu'une obscure gratte-papier militaire du SDT dans un des organismes internationaux de la planète et qu'elle avait perdu son poste de seconde d'Atlantis presque un an avant leur retour forcé.
Elle entra dans la salle dans laquelle avait été convoquée une réunion.
« Bonjour mesdames. Comment allez-vous aujourd'hui ? »demanda-t-elle avant de s'asseoir.
Tous les présents s’étaient salués et c’est Charles qui le dernier rentra dans la salle de réunion.
« - Merci d’être venu, commença-t-il. Notre communauté se porte plutôt bien, grâce à vos efforts et je vous en remercie. »
L’habituel sourire du Nonce disparut soudain alors qu’il s’asseyait en face du petit groupe.
« - Comme vous le savez, Tonatiuh à lancé un programme de recrutement dans tous les pays du monde. Il recherche des gens jeunes, motivés par la soif d’aventure et de reconnaissance. Des camps d’entraînement ont été installés et des milliers de Terriens les occupent aujourd’hui. Je viens d’apprendre que les meilleures recrues de ces camps vont avoir le droit de rejoindre un camps d’entraînement… ailleurs dans la galaxie. »
A son habitude, il fit une pause pour laisser ses hôtes réfléchir puis reprit.
« - La question est : Pouvons nous les laissez disparaître ? Nous parlons ici de plusieurs milliers de personnes que nous ne reverrons sans doute jamais. D’un autre coté, toute action attirera l’attention sur nous et ça n’est pas une action que je peux prendre seul. »
Hilda avait oublié que Plume n'était pas du genre à répondre quand on demandait des nouvelles de sa santé. La Norvégienne poussa un petit soupir. Elle se donnait du mal pour la soulager de ses douleurs. Est ce que ça servait à quelque chose au moins ? Et pour couronner le tout elle n'avait aucun respect pour ses soins puisqu'elle se moquait pas mal de dépasser ses limites et de se blesser. Souvent. Exaspérée Hilda tourna le dos à Plume et répondit à Aeryn :
- David vient juste de laver le sol, je crois qu'il aurait fondu en larmes si j'étais venue avec mes roulettes. Etonnant que l'on aie pas eu besoin de mettre des patins d'ailleurs !
Evidemment elle plaisantait. Elle aimait bien ce petit jeune. La scandinave répondit par l'affirmative à la question de Aynira puis à Kaylee. Elles étaient pleine d'entrain et c'était cool. Charles de Bressignac prit la parole et n'annonça rien qu'Hilda ne savait pas.
- Eh bien ces personnes-là se sont engagées de leur plein gré. Elles ne sont pas prisonnières. Si nous intentions une action de "libération" maintenant ce serait mal perçu et nous n'aurions le soutien de personne.
Elle continua :
- Tonatiuh bénéficie d'une très belle côte de popularité et de l'effet de la fraîcheur, de la nouveauté. Personne ne sait encore ce qu'il est vraiment. C'est avec le temps que le voile va se lever et à ce moment là il faudra que nous soyons prêts à agir en commençant dès maintenant à nous infiltrer dans ses rangs. Mais tenter une action frontale, sauf si c'est pour libérer ceux que nous avons été contraints de laisser sur le JPS, ne me semblerait pas approprié.
Voilà son avis était donné. Cela dit, le prêtre n'avait probablement pas organiser cette réunion juste pour discuter. Il avait une idée derrière la tête. Et elle se demandait bien laquelle et dans quoi elle allait encore s'embarquer...
Dernière édition par Hilda Haraldsen le Mer 28 Aoû 2019 - 11:23, édité 1 fois
Plume haussa les épaules à la question de Hilda. Sa jambe la faisait toujours souffrir mais il était hors de question d'arrêter de l'utiliser, alors à quoi bon répondre. Elle grimaça légèrement au soupir de la militaire et chercha un moyen de se rattraper.
"Merci pour la coupure, hier, …"
En s'entraînant avec Aynira, Plume était mal retombée et s'était maladroitement rattrapé à une table, s'écorchant tout l'avant bras. Une fois de plus, elle avait demandé à Hilda de la soigner. La nordique n'avait pas protesté et avait semblé plus à l'aise avec l'appareil de soin.
Avant qu'elle n'ait pu ajouter quoi que ce soit, Aeryn arriva à son tour et la complimenta sur sa cuisine. Plume se força à sourire.
"Merci."
Les quantités étaient limitées et elle devait bien souvent aménager ses recettes avec les moyens du bord mais, visiblement, cela ne dérangeait personne. Ce fut alors au tour d'Aynira d'entrer avec son air enjoué habituel. Plume la suivit du regard secoua la tête à sa proposition.
"Pas maintenant, …"
Elle en aurait, certes, eu bien besoin mais ce n'était pas vraiment l'endroit idéal, et elles n'étaient pas là pour ça. Lorsque Kaylee entra à sa suite, Plume se tendit légèrement. Est-ce qu'elle était enfin décidée à l'opérer ? Mais la médecin l'ignora totalement, mis à part une salutation générale. La jeune femme chercha la main d'Aynira et y glissa la sienne avant de la serrer doucement. Elle avait de plus en plus de mal à supporter la situation. Le peu de sommeil, ajouté à la douleur de sa jambe et à la présence des goa'ulds sans qu'elle puisse intervenir minait à la fois son moral et son énergie depuis bien trop longtemps.
La jeune femme se forçait à prendre de longues et profondes inspirations avant d'expirer de la même façon, tâchant d'être aussi silencieuse et immobile que possible. Elle avait hâte que la réunion se termine pour pouvoir relâcher un peu de pression. Mais quand Bressignac fit son entrée, elle ne put que baisser la tête. Le voir lui rappelait la façon dont il était parti, alors qu'elle commençait à croire que ses visites en valaient la peine, pour ne plus jamais revenir. C'était lui qui avait monté ce camps et leur permettait à tous de survivre, certes, mais cela n'effaçait pas le sentiment d'abandon de la jeune femme. Il était tout simplement trop difficile de passer outre. Alors, le plus souvent, elle évitait le psychologue.
Il fut porteur de mauvaises nouvelles. Des milliers de jeunes terriens avaient rejoint l'armée de Tonatiuh et celui-ci s'apprêtait à leur faire quitter la planète. Hilda affirma qu'il s'agissait de leur choix et que le campement ne devait pas intervenir. Plume était plus ou moins d'accord avec elle mais son avis était plus radical, comme toujours.
"Ce sont des traitres. Si nous intervenons, ça devra être pour les éliminer."
Elle savait que son intervention n'allait pas plaire. Elle serait la méchante, une fois de plus. Mais cela ne changeait rien aux faits. Et puis, de toute façon, sa parole compterait peu. Elle ne serait dans tous les cas pas du voyage. Cette fichue blessure la mettait encore sur la touche, l'empêchant de réaliser la mission qu'elle s'était elle-même donnée : contrecarrer les goa'uld et protéger les autres de leurs actions. Elle était confinée au rang de l'handicapée qui faisait la cuisine et ça ne lui suffisait pas. Elle n'en pouvait tout simplement plus. Alors elle se tourna vers la médecin du groupe et, cette fois-ci, ne lui posa aucune question.
"Je veux être opérée. Aujourd'hui."
Si elle refusait, alors Plume partirait chercher quelqu'un qui accepterait.
Kaylee écouta Bressignac leur expliquer la raison de cette réunion. Malheureusement, elle ne voyait pas ce qu'ils pouvaient faire. Ils étaient trop peu nombreux et pas assez bien équipés pour aller s'occuper de personnes qui s'étaient volontairement engagés, comme le fit remarquer Hilda. Elle avait d'ailleurs raison sur plusieurs points.
« Que pouvons-nous faire au juste ? Ces gens nous considèrent sans aucun doute comme des ennemis grâce aux Goa'ulds. Ils se retourneront contre nous si nous essayons de les libérer contre leur gré. Et c'est encore plus vrai s'ils ont subi un lavage de cerveau que Tonatiuth aime infliger à ceux qui le servent. Puis que ferons-nous d'eux après si nous réussissons ? On ne peut pas les enfermer ad vitam aeternam. Et si nous les laissons libres, il y a fort à parier qu'ils retourneront dans les bras de l'ennemi en quatrième vitesse et que nous n'aurons fait que les convaincre que nous sommes les méchants. Mais les éliminer est un peu trop extrême. Ils ne savent effectivement pas à qui ils ont affaire, parce que la vérité leur a été cachée pendant des années. Et cela prendra du temps avant qu'ils se rendent compte de leur erreur. » répondit-elle.
Penser au lavage de cerveau la fit frisonner. Elle-même en avait subi un quelques années auparavant et elle avait servi les Hybrides afin de les aider à prendre Atlantis depuis l'intérieur. Ce plan avait échoué, mais c'était suite à cette catastrophe qu'ils avaient perdus le Lorion.
Plume revint à la charge pour être opérée. Elle comprenait sa frustration de ne pas pouvoir participer et d'avoir l'impression d'être inutile ou un fardeau pour les autres, mais elle ne pouvait rien faire pour l'instant
« J'aimerais pouvoir accéder à votre requête et vous enlever les plaques et les vis. Vraiment. Mais comme je vous l'ai déjà expliqué plusieurs fois, je n'ai pas le matériel nécessaire sous la main pour procéder. Sinon, cela serait déjà fait. » répéta-t-elle sincèrement pour la énième fois.
Elle n'aimait pas laisser souffrir un patient inutilement, mais elle n'irait pas mettre sa vie en danger pour autant. Elle n'était cependant pas inactive sur le sujet et avait sollicité l'aide de leur hôte. Il devait bien avoir des contacts à l'extérieur qui pouvaient leur donner un coup de main.
« Est-ce que vous avez avancé pour résoudre ce problème ? Tout ce dont j'ai besoin, c'est du matériel ou d'accéder à un bloc opératoire pour un maximum de quatre heures. Aucun besoin de réquisitionner du personnel externe. Nous avons tous les membres nécessaires ici, y compris un orthopédiste. J'aimerais bien pouvoir mener cette opération avant que notre jeune impatiente ici présente décide de prendre les choses en main elle-même et de s'opérer avec un couteau de cuisine. » expliqua-t-elle.
Elle ne doutait pas que Plume serait parfaitement capable de le faire si c'était la seule solution qu'il lui restait.
la médecin arriva à son tour et Plume en profita pour lui demander une énième fois de retirer les broches et autres plaques en métal autour de l'os de la jeune femme, source de la douleur qu'elle supportait depuis un mois. La doc n'avait rien contre, mais sans équipement adapté, l'opérer pourrait faire plus de dégâts qu'en soigner. Un peu comme ce genre de blessure où il est préférable de laisser des bouts de métal dans votre corps parce que ça serait trop dangereux d'aller les chercher. Et si vous êtes super intelligent, vous pouvez créer un aimant alimenter par un réacteur révolutionnaire pour stopper leur progression... et en bonus vous pouvez avoir une armure rouge et dorée !
Bressignac arriva et alla droit au but en parlant des campagnes de recrutement de Tonatiuh qui faisaient fureur parmi la population, le tout grâce à une propagande qui faisait de l'envahisseur le nouveau Messie. Les premiers allaient partir pour les "centres de formation" du Goa'uld, sans doute pour finir lobotomisés comme le reste de son armée. Le prêtre demanda ce qu'on pouvait faire pour empêcher ça. La réponse ? Absolument rien.
Comme le soulevèrent les autres intervenantes, ces personnes étaient des volontaires. certes manipulés, mais volontaires. Les arraché de force ne servirait que les intérêts ennemis qui n'hésiterait pas à faire passer les résistants pour "les vrais méchants", sans parler du fait de se retrouver comme des andouilles si ces gens ne voulaient pas les suivre. Ensuite il y avait le problème du nombre. Dans l'hypothèse folle qu'ils parviennent à convaincre ces gens de les rejoindre, ils vont aller où ? Dans le camp ? Dans des grottes en attendant que ça se tasse ?
"Je crois qu'il va falloir revoir nos ambitions à la baisse... On n'a clairement pas les moyens à bien de mener ce genre d'opération. Pour ça, il nous faut des gens qui VEULENT résister, des armes et récupérer le plus de matériel possible. Finit la survie en mode amish, il faut passer à l'étape supérieur. Il nous faut un vrai hôpital de campagne avec un bloc opératoire pour remettre sur pieds nos blessés. Il faut une vraie logistique pour qu'on ne manque plus de tout. Il faut un vrai centre de communication pour entrer en contact avec les cellules du plan Râ. Il faut coordonner nos efforts avec le reste de la planète et là on pourra sauver des gens par milliers. Il faut se bouger oui, mais de préférence intelligemment."
Elle se tut un instant, réfléchissant un peu plus à l'idée de Bressignac :
"Par contre on peut diminuer l'afflux de volontaires, il faut leur montrer que la bourrage de crâne qui dit que Tonatiuh est la meilleure chose qui soit jamais arrivée dans l'Histoire du monde est une arnaque... Ils ne savent rien des Goa'ulds à part ce qu'il en dit lui. Le SDT n'a pas eut le temps de dire autre chose que "c'est des méchants". Il faut apporter des preuves de ça. Instiller le doute. Leur faire prendre conscience que ce qu'il dit n'est qu'un ramassis de conneries... Il va falloir prêcher la bonne parole et à large échelle. Pour l'instant c'est le seul moyen qu'on a... mais pour ça il va falloir une équipe au meilleur de sa forme. Donc penser à une très grosse "restructuration" de notre charmante petite infirmerie."
Autrement dit récupérer du matériel médical lourd pour soigner les blessés actuels et futurs et de quoi les équiper un peu mieux... Plus facile à dire qu'à faire.
Aeryn sourit à la réponse d'Hilda avant de saluer Aynira et Kaylee qui arrivèrent, suivies de près par Bressignac. Le suisse entra rapidement dans le vif du sujet et ce n'était pas une bonne nouvelle. Des milliers de jeunes s'étaient fait avoir par le discours de Tonatiuh et s'étaient engagés dans son armée, prêts à quitter la Terre pour suivre leur maître on ne savait où. Les avis commencèrent à tomber. Alors que Hilda affirmait qu'il s'agissait de leur choix et qu'on n'y pouvait rien, Kaylee et Aynira étaient d'accord avec elle alors que Plume, comme à son habitude, était bien plus radicale. Aeryn garda le silence un moment, prenant le temps de réfléchir à la situation pendant qu'un autre débat s'ouvrait, celui de récupérer du matériel médical.
L'irlandaise observa le groupe ouvrit la bouche après plusieurs minutes.
"Je suis d'accord avec vous, les libérer serait aussi difficile qu'inutile. Ils ne voudront pas de notre aide. Mais on ne peut pas les laisser partir sans savoir où ils vont. Est-ce qu'on a quelqu'un d'infiltré parmi eux ? Il serait bon de connaître leur destination au cas où on puisse intervenir plus tard. D'un autre côté, plus on attend et plus l'armée de Tonatiuh grossit. Et avec notre propre peuple ! On ne peut pas rester les bras croisés. Il faut agir !"
Aynira n'avait pas tort dans l'idée de s'organiser, mais cela ne faisait pas tout.
"On a un groupe à récupérer sur le JPS. Ca fait déjà bien trop longtemps qu'ils sont là-haut. Qui sait ce qui leur est arrivé. Mais si on commence les attaques de ce genre, il nous faudra effectivement du matériel médical. Mais aussi des armes et des protections en quantité suffisante. Ainsi qu'un moyen de transport. Il serait peut-être temps de sortir le teltak."
La jeune femme si tourna vers Plume.
"Si vous êtes d'accord. C'est notre meilleur atout."
Quant aux jeunes embrigadés, …
"On ne peut rien pour l'instant contre les jeunes gens déjà en formation. Mais on peut peut-être empêcher de nouveaux recrutements, … Si on cible ne priorité les lieux de propagande et de recrutements, ça pourra en dissuader. Et il nous faut aussi des médias pour contrer ses propos face au public. Montrer aux gens ce que les goa'ulds sont en réalité. Ce que Tonatiuh compte leur faire, …"
Comment ? C'était une autre histoire mais n'étaient-ils pas là pour réfléchir ensemble ?
Charles s’était douté du barrage de protestation auquel il ferait face. C’était logique même si son esprit chrétien ne pouvait s’empêcher de trouver cela dommage.
« - Je suis malheureusement d’accord avec vous dans l’ensemble. Ces jeunes gens sont volontaires, bien que mal influencé. Et ils paieront sans doute de leur vie cette mauvaise influence. Cependant il y a deux aspects sur lesquels je voudrais attirer votre attention. Tout d’abord, ce ne sont que les premiers. Si nous ne faisons rien, nous risquons l’hémorragie. Ensuite, ils vont partir via la porte du JPS. Cela pourrait nous donner un accès la-haut. Nous sommes sans nouvelles des nombreux prisonniers qui s’y trouve encore. Quelqu’un de peu connu de nos ennemis pourrait en profiter pour s’infiltrer.»
Il écouta l’échange entre Plume et le médecin mais ne s’en mêla pas. Ça n’était pas de son ressort même s’il était persuadé que le docteur Becket avait raison. Par contre les propositions d’Aynira ne manquait pas de pertinence
« - Je vous rejoint entièrement. Maintenant que nous sommes installés, il nous faut passer à l’offensive si nous voulons avoir la moindre chance de lutter. Nous n’avons pas l’infrastructure pour bâtir un bloc opératoire ici. Cela dit, je pourrais vous mettre en contact avec un ami, docteur Becket. Il n’est pas très loin d’ici et pourrais nous aider. Mais il faudra agir discrètement. Pendant ce temps, Madame Leyva, Docteur Sincet, pourriez vous vous occupez de l’aspect communication ? Si nous voulons éviter que toute notre jeunesse ne soit tenté par le mirage Goa’Uld, il nous faut faire passer notre message."
Hilda se demandait bien ce que Aynira et Aeryn pourraient faire pour l'aspect communication. Elle n'était pas certaine que crier au monde entier que Tonatiuh était un vilain soit très efficace. Il fallait des preuves. Mais il était évident que beaucoup d'éléments lui échappaient. Et comme elle avait plutôt confiance et qu'apparemment on avait oublié qu'elle avait parlé d'infiltration elle ne vit pas l'intérêt de rajouter quoi que ce soit. Elle se serait bien proposée pour aller sur le JPS, gagner les rangs de Tonatiuh et rapporter des images choc qui aideraient à convaincre la population. Et surtout délivrer ceux qui étaient encore à bord. Mais d'une elle ne savait pas si elle pouvait atteindre cet objectif et de deux elle allait probablement être recrutée pour piloter la navette goa'uld. Seule elle ne pouvait pas faire grand chose de toutes façons.
- On aurait bien besoin d'Elise Lucet. Quelqu'un sait si elle est dispo en ce moment ?
Tout ce qu'elle voyait c'est qu'elle commençait à être blasée de tout cela. Elle qui s'était projeté en exploratrice planétaire finissait par se retrouver dans les mêmes situations que d'habitude. Si jamais ils se sortaient de là il faudrait vraiment qu'elle pense à une reconversion ou à arrêter tout simplement. La lassitude d'un métier c'était le début de la fin. Hilda se servit un verre de jus de fruits et attendit de savoir à quelle sauce elle serait mangée. Peu importe dans le fonds...
Une fois de plus, Kaylee refusa de l'opérer, lui répétant qu'elle n'avait pas le matériel nécessaire et que ce serait dangereux pour elle.
"Je m'en fiche ! Je prends le risque ! J'ai encore mon mot à dire, non ?"
Mais, visiblement, ce n'était pas le cas. Plume n'avait pas le choix. Elle devait attendre. Et, pendant ce temps, elle était inutile. Bonne à rien. Son opération n'était pas une priorité. Il y avait tellement de choses plus importantes à faire, à trouver, à penser. Elle se demandait même si on y penserait encore sans ses rappels perpétuels. Une partie d'elle savait que c'était logique. Que sa condition personnelle n'était pas importante pour les autres. Quand il s'agissait de guerre, le sort d'un seul importait peu. Mais cette partie-là, la partie rationnelle, était éclipsée par la douleur, l'angoisse et le sentiment d'enfermement que ressentait la jeune femme et qui l'oppressait un peu plus chaque jour. Parfois, elle se surprenait même à en avoir la respiration coupée et devait faire un effort conscient pour inspirer.
A ce nouveau refus, Plume faillit se lever et s'en aller. Sans un mot. Qu'est-ce qu'elle aurait pu dire ? A quoi servait-elle encore ici de toute manière ? Elle ne pouvait rien faire et on ne l'écoutait pas. Tous avait souligné que sa proposition était trop radicale et, immédiatement, on l'avait écartée. Pourtant, c'était celle qui résoudrait tous leurs problèmes. En tuant les nouveaux soldats on éliminait la menace. Et cela dissuaderait certainement les prochaine recrues de s'engager. Une action réactive et de prévention. Mais non. Mieux valait laisser faire.
La jeune alienne garda le silence durant toute la réunion. Aynira insista pour que la recherche de matériel médical soit une priorité. Une bouée lancé à la mer mais Plume lui fut reconnaissante de tenter quelque chose. Bressignac distribua les rôles et, sans surprise, Plume fut écartée une fois encore. On ne lui confiait rien. Rien de plus que la cuisine pour nourrir tout le monde. Voilà qu'elle était revenue dix ans en arrière, lorsqu'on la préparait à remplir son rôle de maîtresse de maison parfaite.
C'en était trop. Sans attendre la fin de la réunion, la jeune femme se leva, empoigna rageusement sa béquille, maudissant intérieurement ce bout de métal qui lui rappelait constamment son infirmité et quitta la pièce en boitant. Elle ne regarda personne et ne dit rien, trop occupée à contenir le mélange malsain de colère et de frustration qui l'habitait depuis des semaines en grandissant tous les jours un peu plus.
Attendre. Il n'y avait rien d'autre à faire. Elle détestait ça.
Bressignac semblait d'accord avec les propos de la Narisienne et proposa de former deux groupes. L'un d'eux irait chercher un médecin supplémentaire pour gonfler les effectifs et l'autre devrait chercher à mettre sur pied un moyen de contrer la propagande de Tonatiuh. C'était Aynira et Aeryn qui étaient chargées de ce dernier point.
Plume se leva et quitta la salle en boitant et en ruminant sa colère. Ce n'était pas aujourd'hui qu'elle allait être soignée :
"Vous savez qu'on a un appareil de soin capable de réparer les os, fermer les blessures, soigner le cancer et les irradiations mortelles ? Et aucun signe d'infection après ça. Ça aurait été un peu bête non ? De concevoir un appareil qui soigne presque tout mais sans rien désinfecter... Donc vous attendez quoi exactement ? Que vous ayez autre chose à faire que de retirer des échardes ou qu'elle se découpe la jambe à la fourchette ? Cette manie que vous avez vous les Terriens d'attendre d'y être jusqu'au cou avant de commencer à se dire qu'il faut peut-être réagir... Et après vous vous étonnez de ce qu'il vous arrive alors que vous auriez put l'éviter 50 fois avant... Vous savez quoi ? j'ai parfois l'impression que vous aimez être dans la merde et que vous n'avez absolument pas envie que ça change... Pourquoi est-ce que je vous aide moi, sérieusement ?"
Elle quitta la salle, ayant autant parler à Kaylee qu'au reste du groupe et partit vers Plume qui n'était pas très loin. Certes elle allait toujours aider la Terre, mais ça lui faisait mal de la voir souffrir comme ça alors que tout le monde à l'air de s'en foutre royalement alors qu'ils ont de quoi la soigner en plus de voir la situation actuelle alors qu'elle aurait put être évités des dizaines de fois... Mais il fallait qu'elle reste concentrée. Elle rattrapa Plume qui était en train de passer sa frustration à sa manière :
"Hé ! Je suis désolé qu'ils n'ont encore rien décidée..."
Elle ne lui avait pas demandée si ça allait. La réponse était évidente. Au lieu de ça elle s'approcha, glissa ses bras autour de sa taille et posa sa tête sur son épaule :
"Tu sais qu'il n'y a pas qu'en te battant que tu peux nous aider ? Et je parle pas de la cuisine. J'ai besoin de ton aide pour montrer au monde les mensonges de Tonatiuh... mais ça va pas te plaire. Donc je ne vais pas te forcer..."
Ce qu'elle allait lui demander était une véritable épreuve de force pour la jeune femme. Autant avoir son accord avant de passer à la suite.
Kaylee regarda Plume un instant, mais ne jugea pas utile de lui répéter encore une fois ce qu'elle lui avait déjà dit à de nombreuses reprises. Elles avaient toutes les deux eu cette discussions plusieurs fois déjà. Elle comprenait la frustration de la jeune femme et la partageait, mais elle n'était pas certaine que cette dernière réalise vraiment les risques. Elle était obsédée par une seule chose, le retrait des broches, afin de pouvoir retourner se battre. Le reste n'avait aucune importance, car elle avait une confiance absolue dans l'appareil de soin pour résoudre tous les problèmes qui suivraient. Pourtant, l'expérience venait de leur montrer que cela pouvait mal tourner lorsqu'il était utilisé par un utilisateur inexpérimenté. Elle ne devrait pas avoir mal et le retrait des broches ne devrait pas être nécessaire. Comment réagirait-elle si le soin échouait à nouveau et qu'elle se retrouvait moins mobile qu'avant l'opération ?
Elle écouta les autres interventions. Il y avait des suggestions intéressantes, mais comment les mettre en oeuvre ? Le prêtre avait cependant raison. Ils ne pouvaient pas rester assis là à ne rien faire en laissant les envahisseurs faire ce qu'ils voulaient.
Apprendre qu'il avait un contact à l'extérieur qui pourrait l'aider était un pas en avant dans l'épineux dossier des broches. Si elle pouvait résoudre cela avant qu'ils n'agissent et ne se mettent à attirer l'attention de l'ennemi sur eux, ce serait parfait.
« Il faudrait essayer de le contacter dans ce cas-là pour voir si nous pouvons organiser une opération rapidement. Mieux vaudrait que nous puissions le faire tant que nous sommes toujours plus ou moins sous le radar de l'ennemi. Ce sera beaucoup plus compliqué une fois qu'ils se mettront à notre recherche. »
Vu la tête que tirait l'intéressée et la vitesse à laquelle elle partit une fois la réunion terminée, celle-ci s'était une fois de plus arrêtée à son refus et n'avait rien entendu de la suite ni des efforts qu'elle déployait depuis leur arrivée pour tenter d'accéder à sa demande.
« Monter un hôpital de campagne est une bonne idée, mais a-t-on la place de le faire ici et surtout qu'il reste discret ? Et il faut effectivement pouvoir s'approvisionner régulièrement en médicaments et autres fournitures essentielles par la suite. A-t-on des contacts avec la résistance ? Nous ne devons pas être les seuls. Il doit y avoir d'autres personnes qui voudraient riposter. »
En revanche, elle décida de rétorquer à la sortie d'Aynira. Ce n'était pas comme si elle ne faisait rien pour tenter de trouver une solution, mais il semblait que personne ne semblait s'en rendre compte ou ne savait ce que nécessitait cette opération.
« Vous savez que c'est précisément cet appareil dont vous vantez tant les louanges et que vous présentez comme la panacée qui est justement responsable de l'état de Plume ? C'est parce que l'utilisatrice a échoué à l'utiliser correctement qu'elle souffre et que nous devons remuer ciel et terre depuis un mois pour trouver une solution afin de lui retirer les plaques et les vis. Mais vous persistez à me demander de pratiquer une intervention complexe sans avoir le moindre matériel médical à disposition pour ensuite la confier à une autre novice pour qu'elle utilise le même appareil ? Et si elle échoue elle aussi sans qu'aucune précaution n'ait été prise pour parer à cette éventualité ? À votre avis, quelles pourraient être les conséquences ? Infection, nécrose, amputation voir même la mort justement… Elle est peut-être prête à prendre le risque d'y rester, mais en tant que médecin, je ne peux pas. Je dois prendre en compte ce risque d'échec et être en mesure de prendre le relais pour la soigner de manière traditionnelle, que cela vous plaise ou non. Et pour cela, il me faut du matériel. Et avez-vous pensé à celle qui va devoir la soigner ? A-t-elle conscience de ce qui pourrait arriver si elle échoue ? Est-elle prête elle aussi à prendre le risque s'il n'y a personne pour intervenir dans ce cas ? » demanda-t-elle.
Si Hilda n'avait pas été au courant, elle l'était désormais. Elle aurait préféré avoir cette discussion ailleurs et en tête-à-tête, mais autant qu'elle sache exactement de quoi il retournait avant de s'engager dans cette voie dès maintenant. Soigner des égratignures, des bleus et des bosses n'avait rien à voir avec ressouder un os, refermer une plaie ou lutter contre une infection généralisée.
Hilda fit la grimace et se resservit un jus de fruit. Elle détestait les histoires de bonne femmes et les crêpages de chignon. Surtout en pleine réunion. Quel manque de professionnalisme ! C'en était choquant. Elle avait l'impression d'être dans une cour de récréation. Elle ne réagit même pas lorsque Kaylee tenta de faire peser sur elle des accusations on ne peut plus ridicules. Hilda n'était pas médecin mais avait du bon sens. La pilote savait parfaitement ce qu'il en était et comprenait que la doc essayait de noyer le poisson comme elle le pouvait. Aeryn et Bressignac étaient-ils autant étonnés qu'elle de la manière dont la réunion tournait ? Est ce que c'était toujours comme ça ? En tous cas ça ne l'intéressait pas du tout de rejoindre le clan des hystériques. Qu'elles se débrouillent toutes les trois !
Aussi, elle tourna le dos à une situation qui ne méritait en rien qu'on lui prête une attention particulière et demanda à ceux qui restaient et semblaient vouloir faire quelque chose d'utile de leurs dix doigts.
- Concrètement ça se passerait comment tout ça ? Est-ce que vous envisagez une intervention sur le JPS ? Pour ma part j'ai un peu de mal à dormir sachant ceux que l'on a laissé derrière nous...
Nathan, Jacob, Hawkins et sûrement plein d'autres encore méritaient qu'on les sorte de là. Elle conclut d'une petite voix mal assurée
- Et par pitié dites-moi que je ne suis pas la seule.
La tension était palpable dans la pièce mais, tout resta plus ou moins cordial jusqu'à la prise de décision. Pendant que Beckett s'occuperait de constituer un hôpital de campagne digne de ce nom, Aynira et Aeryn se chargerait de l'aspect communication. Il fallait trouver le bon message et le moyen de le diffuser au plus grand nombre. Ce n'était pas une mince affaire. Avant que l'irlandaise n'ait pu prendre la parole, Plume partit sans un mot mais son attitude en disait long. Aeryn jeta un coup d'oeil à Aynira pour qui cela devait être la goutte d'eau. La narisienne vida son sac. Evidemment, elle défendait sa compagne et la suivit rapidement, sous la réponse non moins vindicative de la médecin.
Tout la scène sembla agacer Hilda qui se tourna vers Bressignac et elle en revenant dans le vif du sujet.
"Non, vous n'êtes pas la seule, …"
Dire qu'Aeryn dormait vraiment aurait été mentir. Elle travaillait, beaucoup, et, lorsqu'elle fermait les yeux, c'était surtout parce qu'elle était exténuée.
"Je pense surtout que nous sommes tous à bout. On gère comme on peut, chacun à notre manière mais, … il est inévitable que ça ressorte de temps en temps. J'aime autant des heurts francs qu'on peut gérer à des tensions qui finissent par éclater au mauvais moment, …"
Elle soupira, lasse de tout ceci et lourde de ses propres démons.
"En ce qui concerne le JPS, si vous êtes volontaire, il serait bon de tenter quelque chose. Peut-être avant le départ des troupes, … ou juste après, lorsqu'ils relâcheront leur vigilance. Mais c'est un gros risque. Et ce sera probablement très compliqué. Je ne peux pas vous accompagner, ils me connaissent trop et je vous ferai repérer."
Il était clairement visible qu'elle regrettait de ne pas pouvoir faire partie du voyage éventuel. Si cela n'avait tenu qu'à elle, voilà bien longtemps qu'elle aurait tenter sa chance.
Bressignac avait sourit à la plaisanterie d’Hilda mais son visage se referma à la sortie de Plume. L’impatience de la jeune femme lui causerait un jour réellement du tord, même s’il pouvait parfaitement comprendre son désir de combat. Lui même avait rechaussé ses anciennes bottes de combattant en montant cette communauté et même, s’il était sérieusement rouillé, il espérait avoir l’occasion d’en découdre.
« - Docteur, je vais vous donner les coordonnées de la personne dont je parle. J’espère qu’il pourra nous aider. Plume n’est que la première mais il est probable qu’elle ne soit pas la dernière. Ce n’est pas la place qui manque ici mais l’installation prendra du temps et des moyens. Je vous laisse gérer cet aspect."
Charles allait tempérer les hardeurs des uns et des autres mais l’ancienne chef de base s’en occupa et il lui sourit en remerciement. Son attitude en retrait l’inquiétait et la voir reprendre la parole le rassurait un peu.
Hilda revint à la charge ensuite. Elle aussi bouillait d’impatience apparemment.
« - Un assaut me semble assez compliqué aujourd’hui. Par contre, une infiltration, par quelqu’un d’inconnu des forces ennemis, en profitant de la foule qui va monter à bord, pourrait être envisageable. Et quand je parle de quelqu’un d’inconnue, je pense effectivement à vous. Mme si vous ne ressemblez que très vaguement à Elise Lucet."