Taxi !

Zander attendait en fixant le JPS, anxieux, que Stella lui fournisse des réponses. Il savait qu'il devrait partir sous peu quoi qu'il arrive, sinon il serait trop tard.

« - Il nous faudra trois jours pour atteindre la destination donnée. Je ne sais pas ce qu'il se trouve là-bas.
- 3 jours ? On n'y arrivera jamais avec autant de monde à bord. Il nous faut transférer la moitié de nos passagers, si ce n'est tous, sur l'Achilles, tout de suite.
- J'ai une solution à proposer. Elle est peu orthodoxe, risquée et difficile à réaliser.
- Tu sais à qui tu parles ?
- Oui, mais tu n'es pas dans ton état normal…
- Dis-moi tout, lui dit-il en ignorant sa remarque.
- Il serait possible de s'arrimer à l'Achilles ici et du coup, il pourrait nous transporter avec lui, nous faisant bénéficier de sa vitesse et raccourcissant le temps de voyage à 24 heures.
- Alors il faut essayer, nous n'avons rien à perdre. » dit-il en étudiant le plan.

Oui, ce ne serait pas facile, mais ce n'était pas impossible non plus. Il devait tenter la manœuvre ne serait-ce qu'une fois au moins.

« - Explosion au pont 4, annonça soudain Stella.
- NOONNNNNN ! Nadja ! » hurla-t-il, désespéré en regardant les débris.

C'était là qu'elle se trouvait. Un coin de son esprit lui soufflait qu'elle était probablement à l'origine de ce feu d'artifice. Il s'affaissa sur son siège, choqué et incapable de penser à quoi que ce soit d'autre.

« - Ce n'est pas vrai, je l'ai perdue elle aussi… C'est ma faute... se mit-il à répéter en boucle.
- ZANDER ! Tu vas m'écouter, oui ! Je l'ai récupérée ! annonça pour la troisième fois son IA. J'ai Nadja et Emy ! Elle est vivante ! »

Il fallut plusieurs secondes avant que les mots aient un sens et qu'il comprenne ce que lui disait son IA.

« - Il faut que… fit-il en se levant et en se dirigeant vers la porte de la porte qui refusa de s'ouvrir.
- Non, tu ne vas nulle part pour l'instant. Nous devons nous arrimer à l'Achilles maintenant. L'ennemi nous a repérés et se dirige vers nous. Et il ne vient pas pour prendre le café, si tu veux mon avis.
- Mais…
- Elle est vivante et sa vie n'est pas en danger. Mais elle va avoir besoin de soin médicaux. Je te suggère de garder les médecins.
- Tu peux gérer l'arr..
- MAIS TU VAS TE SECOUER BON SANG ! Réfléchis un peu ! Si tu ne fais pas ton travail, nous allons TOUS y rester. Alors, tu t'assieds, tu te concentres et tu pilotes ! Moi, je m'occupe de surveiller nos arrières et tout le reste… »

Il se rassit sur son siège, trop interloqué par l'attitude de Stella pour protester. lI s'injecta une deuxième dose de calmant car il avait absolument besoin de tous ses moyens pour la suite et commença à se diriger vers le point d'ancrage que son vaisseau avait repéré. Le produit fit effet en quelques secondes et lui permit de ranger son angoisse dans un coin. Il put ainsi se mettre calmement au travail.

« Hayes à Achilles. Dites, vous accepteriez un auto-stoppeur ? demanda-t-il avant de leur expliquer ce qu'il avait en tête. Mais avant ça, j'ai besoin que vous me preniez la plupart de mes passagers. Il y a deux enfants parmi eux avec un parent. Si je loupe mon coup et que je dois voyager à vitesse normale, impossible que je fasse le trajet avec autant de monde à bord. Mon vaisseau n'est pas prévu pour et je n'aurai pas non plus assez de vivres. »

C'était la réalité. Il pouvait en garder la moitié au besoin. Le voyage de trois jours ne serait pas forcément des plus confortables pour tout le monde ni un sommet de gastronomie, mais les caisses de matériel qu'ils avaient embarquées devaient bien contenir assez de rations de survie pour nourrir tout le monde. Sinon il compléterait avec les délicieux cubes protéinés de son monde natal. Il avait aussi vu des caisses de matériel médical pour monter une infirmerie de campagne, donc cela signifiait qu'ils pouvaient soigner Nadja ici. Il possédait en plus du matériel hébridien qui serait sans doute utile pour accélérer les soins.

« En revanche, j'ai besoin que vous me laissiez le chirurgien, l'urgentiste et un mécanicien. J'ai récupéré le Lieutenant Cook et elle est blessée. Si vous pouviez m'envoyer quelques unités de sang de O+, j'apprécierais. À part ça, nous avons tout ce qu'il faut pour la traiter à bord. Cela évitera de surcharger encore plus votre personnel et l'infirmerie. Je vous transmets plus de détails dès que j'en ai. Terminé. » finit-il.

Il savait qu'elle était receveuse universelle et que tous ceux à bord pouvaient lui donner son sang, mais cela ne ferait pas de mal d'avoir quelques poches avant de devoir en prélever sur eux. Il reçut le feu vert pour tenter de s'arrimer et se concentra sur cette délicate manœuvre.

[Lancer Tech alienne x1]

Malheureusement, une secousse à la dernière seconde le désaligna avec le point d'amarrage et lui fit rater sa première tentative. Avec un peu de chance, la deuxième serait la bonne, mais il savait qu'il n'avait droit qu'à un nombre très limité d'essais avant de devoir renoncer.

Dernière édition par Zander Hayes le Jeu 1 Aoû 2019 - 0:30, édité 3 fois

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'Résolution (100)' :

Contre toute attente, Nadja était consciente. Pas pleinement, pas assez pour parler tenter de se relever, mais suffisamment pour se souvenir de sa sortie dans l’espace, des contorsions atroces des hommes et femmes autour d’elle alors qu’ils mourraient dans le vide. Pourquoi avait-elle encore survécu ? Une fois de plus, elle avait regardé la mort en face et celle-ci l’avait refusée, lui préférant tous ces compagnons d’armes.

Un coin de son esprit avait espéré qu’elle dériverait lentement vers la Terre et en finirait dans une boule de feu digne de ce nom. Mais bien sûr, cela aurait été trop facile. L’espace disparu soudain autour d’elle et elle reconnu le plafond de l’infirmerie de Stella. Un soupçon d’énergie perdurait dans l’armure et elle vit du coin de l’œil les échanges entre les IA. Emy devait communiquer son état de santé à l’infirmerie automatisée.

La gravité ayant reprit ses droits, son sang se remit à circuler normalement et elle gémit de douleur. Son bras gauche broyé la faisait souffrir le martyre et ses difficultés a respirer devait indiquer des cote brisées… encore.

Il y avait des gens autour d’elle à présent… avait-elle perdue connaissance ? Emy s’était ouverte et ils tentaient de la dégager sans causer plus de dégâts. Visiblement, son bras restait bloqué dans el métal et ils n’avaient pas les outils pour découper le blindage.

Elle voulut leur dire de tout couper, qu’ils pourraient refaire pousser mais elle n’arrivait pas à parler. Elle avait du être droguée car elle ne ressentait plus rien… C’était même presque drôle de les voir s’acharner ainsi. Elle aurait sans doute ri si elle en avait été capable.

Finalement, l’étau qui lui enserrait le bras céda et un éclair de douleur la traversa. Ah les cons, non seulement ça faisait un mal de chien, mais en plus ils avaient dû endommager l’armure. Une nouvelle dose d’anti douleur l’envahie et elle sombra dans un doux coton ouaté, fredonnant une chanson que lui avait fait écouter Zander recemment.

Zander inspira et expira profondément et lentement. Il devait se calmer et se concentrer. Il n'avait pas pas toute la journée ni un nombre infini d'essai.

« - J'ai des informations sur l'état de Nadja.
- Pas maintenant… Je dois faire mon boulot de pilote, tu te souviens ? Et c'est pas du tout le genre d'infos qui va m'y aider, même si je meurs d'envie de savoir comment elle va, répondit-il, sa concentration menaçant de vaciller.
- Entendu.
- Dis aux médecins que s'ils ont besoin de quelque chose de la part de l'Achilles, c'est maintenant ou jamais. Quand on passera en hyperespace, ce sera trop tard. Demande aussi à l'Achilles de nous transférer le dossier médical de Nadja. »

Il se remit en position pour une deuxième tentative et fit le vide complet dans sa tête, se focalisant uniquement sur le point d'ancrage. Il pouvait y arriver. Il le savait.

[Lancer de dé Tech alienne x1]

À peine Stella eut-elle confirmée qu'elle était arrimée de manière sécurisée au vaisseau, il se leva et descendit rejoindre les médecins à toute vitesse. Il s'arrêta en voyant le bras de Nadja. Le reste n'était pas plus encourageant, mais facilement traitable avec son matériel de bord. Côtes cassées, poumon perforée, commotion cérébrale… Tout ça à cause de lui… Il se secoua la tête. Ça non plus, il ne pouvait pas se le permettre pour l'instant. Elle allait avoir besoin de lui et les médecins aussi.

« - Vous allez pouvoir le sauver ?
- On va tout faire pour. Mais vous allez devoir nous aider. Une paire de main supplémentaire ne sera pas de trop.
- Je…
- Je sais que c'est votre femme et en temps normal, je ne vous demanderai pas d'intervenir au bloc. Mais là, maintenant, tout de suite, c'est surtout une patiente qui a besoin d'être opérée et le personnel est pour le moins... restreint. Nous ne serons pas de trop tous les trois. Vous êtes infirmier et formé pour le bloc, donc allez vous changer. » lui expliqua le Dr Benton.

Il lui fallut deux minutes le temps de revêtir une tenue de bloc tiré d'une des caisses de ravitaillement et de se laver les mains correctement. Les Terriens avaient insisté, même si cela n'était pas nécessaire. Il pouvait les comprendre. Ils étaient attachés à leur rituel. Mais cela l'aida à se recentrer mentalement. Il revint et tomba sur le Dr Romano, une petit caisse dans les mains.

« - J'ai le matériel de chirurgie ortho, un stock d'antibio, d'antidouleurs et d'anesthésique, gracieuseté de l'Achilles. Je crois qu'il nous en ont envoyé en plus, au cas où. Oh, très jolie infirmerie sans parler de l'équipement... Cela va nous aider, lui dit-il.
- Merci. Matériel de diagnostic hébridien. Et j'ai plusieurs appareils qui pourront faciliter le traitement de certaines de ses blessures moins importantes. Mon IA peut aussi se charger de la surveillance de tous les paramètres vitaux et nous avertir en cas de défaillance. » annonça-t-il.

Benton s'arrêta une seconde puis haussa les épaules. Toute aide serait la bienvenue.

Le pilote s'approcha de Nadja. Il sourit en reconnaissant l'air qu'elle fredonnait.

« Hé, belle brune, tu m'entends ? » fit doucement le pilote.

Il n'était pas certain que ce soit le cas.

Dernière édition par Zander Hayes le Dim 4 Aoû 2019 - 4:42, édité 1 fois

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'Résolution (100)' :

Perdue dans son bienêtre, Nadja mis du temps à entendre la voix qui tentait d’attirer son attention. Qui venait la déranger ? Elle était bien avec sa chanson… Et puis elle reconnut la voix et un grand sourire barra son visage.

« - Sergent artilleur Cook au rapport, Monsieur le Président… C’t’un grand honneur… »

Sa voix sonnait bizarre, comme si elle marmonnait. Elle se serait bien levée, comme le voulait le protocole, mais son corps semblait ne pas vouloir lui répondre.

« - Une copine avait un poster de vous dans sa chambre… j’crois qu’elle était un peu amoureuse de vous… J’crois qu’je devrais pas dire ça en fait… »

Elle cligna des yeux pour essayer de voir quelque chose, mais il y avait trop de tuyaux, de fils autour d’elle, d’ombres pour distinguer quoi que ce soit. Était-elle blessée ? Elle en s’en souvenait pas. A moins que ça soit une cuite ? Non. Il y avait trop de médecin pour ça. Mais un président beau gosse valait mieux que tous les éléphants roses, niveau hallucination.

« - Pas que je veuille être désagréable… mais je suis ou là ? »

Elle aurait paniqué si elle n’avait pas été aussi droguée. Rien ne collait, elle ne se souvenait de rien… Elle avait du prendre un sacré coup encore.

Zander sourit quand elle l'appela président. Il n'aurait pourtant pas dû. Il aurait plutôt dû s'inquiéter, mais non. Elle était complètement désorientée et c'était normal. Malgré tout, ses propos étaient cohérents. Il n'était pas certain de la conduite à tenir, mais il se dit que ce n'était pas forcément le bon moment de la détromper ou de chercher à la faire se rappeler de ce qui était arrivé.

« Restez allongée. Vous ne vous êtes pas ratée cette fois encore. » fit-il en lui posant une main sur l'épaule pour l'empêcher de bouger.

La suite lui tira un sourire. Il avait déjà entendu ça.

« Ne vous inquiétez pas, votre amie n'est pas la première. Je suis flatté, croyez-le bien. » répondit-il doucement.

Vu son état, rien ne servait de répondre à sa question suivante. Mieux valait attendre de voir si ses idées seraient plus claires en se réveillant.

« Tout ce que vous avez besoin de savoir pour l'instant, c'est que vous êtes en sécurité et entre de bonnes mains. On va s'occuper de vous soigner et on reparlera plus tard, une fois l'opération terminée, d'accord ? »

Puis il se mit à vérifier le placement des électrodes et des perfusions et s'Assura que tous les appareils étaient fonctionnels.

« Très bon choix de musique, belle brune. Reviens-moi, s'il te plaît, j'ai besoin de toi... » lui murmura-t-il.

Il se redressa, affichant malgré tout un air légèrement inquiet. Il espérait vraiment qu'elle serait elle-même plus tard.

« La musique ne vous dérange pas ? Juste le temps de l'endormir. Stella, tu peux mettre du Nightwish en sourdine, s'il te plaît ? C'est ce qu'elle fredonne. On pourra changer après pour quelque chose qui vous convient mieux. Je ne voudrais pas que la musique vous agace... » dit-il aux médecins qui hochèrent la tête.

Par chance, il avait assisté l'anesthésiste lors de son dernier passage au bloc. Il lui fallut cependant l'assistance d'un des médecins et de Stella pour s'assurer de bien faire correctement les choses.

« - M. le président, hein ? Est-ce qu'on veut savoir ? demanda Romano.
- Vous connaissez son histoire, non ? Eh bien à son époque, j'étais président. Visiblement, elle ne savait plus où et quand elle se trouvait vraiment, et me confondait avec mon futur moi. »

Rôle qu'il avait désormais peu de chances de remplir un jour. Qui voudrait d'un président qui avait trahi son camp au profit de l'ennemi qu'il était censé combattre ?

« - Cette confusion n'a rien d'étonnant entre la commotion, l'état de choc et les doses massives d'antidouleurs. Mais il faudra tout de même surveiller à son réveil. À ce propos, vous êtes sûr que le Dr Teoh est sérieuse avec les dosages de médicaments qu'elle recommande ?
- Oui. Nadja a une très haute tolérance à certaines substances et il faut aller au-delà des dosages habituellement recommandés pour qu'ils fassent effets. Mais c'est testé et approuvé.
- D'accord… répondit le médecin, dubitatif. On va suivre ce qui est écrit dans son dossier. Si tout le monde est prêt, on peut s'y mettre ?
- Allons-y. »

L'opération fut longue, très longue, aux yeux de Zander, mais se passa bien. Ils furent très efficaces et plus rapide que prévus grâce aux appareils hébridiens qui leur permettaient de visualiser très précisément les dégâts. Ils réussirent à tout réparer et à remettre chaque bout au millimètre près. Lui s'occupa surtout de passer le matériel, d'éponger le front des médecins et de surveiller Nadja.

« Il y a deux cabines au-dessus. Il doit aussi y avoir des pizzas et autres plats surgelés dans le lounge. Stella vous dira où trouver tout ça. Et elle nous avertira en cas de souci. » leur annonça-t-il une fois l'opération terminée.

Les médecins le félicitèrent pour son travail, mais le laissèrent cependant le soin de placer les plâtres de régénération hébridiens. Ceux-ci accéléraient la guérison qui demanderait quand même du temps et ne la dispenserait pas de rééducation, mais cela devrait malgré tout être beaucoup plus rapide que sur Terre.

Une fois qu'il eut terminé, il resta là cinq minutes avant d'aller prendre une douche rapide et de se changer. Il avala rapidement deux tranches de pizza et une bouteille d'eau avant de redescendre s'asseoir à côté de Nadja. Il était exténué physiquement et mentalement tant les derniers 24 heures avaient été intenses.

« - Tu devrais aller dormir, tu sais. Je veille sur elle, tu n'as pas à t'inquiéter.
- Je sais, mais je ne peux pas m'en empêcher. C'est elle qui me veille d'habitude. Alors je vais lui rendre la pareille. »

Et surtout, il ne voulait pas dormir. Il avait peur de ce qu'il pourrait voir lorsqu'il fermerait les yeux. Non, il savait ce qu'il verrait et cela le terrifiait presque autant que de la perdre...

C’était marrant ce président qui lui parlait pendant l’opération. Complètement idiot évidemment mais elle devait être tellement droguée qu’elle n’en était pas à une hallucination près.

Finalement, elle perdit toute notion de temps et d’espace et bascula dans l’inconscience. Ca lui éviterais sans doute de dire des bêtises et la musique était chouette.

Le réveil fut moins agréable. Elle était nauséeuse, et la moitié de son corps ne lui obéissait pas… sans compter qu’elle n’avait pas la moindre idée d’où elle pouvait être.

« - C’est quoi encore ce délire, maugréa-t-elle en essayant de se relever. »

Evidemment, un assortiment de tubes et de fil l’entravait et son premier reflexe fut de tout arracher. Elle s’abstint cependant, sachant que le personnel hospitalier se ferait un devoir de tout replacer et qu’ils ne méritaient pas ça… pour l’instant en tout cas.

* Ok, réfléchie une seconde Nadja. Comment t’es arrivé la ?*

Rien, le blanc intégral. Tout était flou. Il y avait eu des combats sur le Bonaparte… et puis… et puis… et puis merde. Ca reviendrait quand ça reviendrait. En attendant, elle avait soif et mal au bras. Des yeux elle chercha le bouton d’appel et tomba en arrêt sur une tête qui reposait sur des bras repliés, non loin d’elle.

« - Bordel, mais t’es qui toi ? lâcha-t-elle méfiante. »

Pas comme si elle détestait avoir un mec qui la veille, mais elle aurait préféré qu’il l’invite à diner avant.

Au bout d'un moment, il se leva et alla vérifier qu'Emy avait bien été remise sur sa plateforme et correctement arrimée par le technicien qui était resté avec eux. Même si l'armure été endommagée, ce n'était pas forcément le cas de l'IA. Puis il retourna s'asseoir pour veiller Nadja. Pas de manière efficace, vu qu'il avait fini par s'endormir, bercé par le bip régulier des machines. Il leva la tête en entendant sa voix et dut se faire violence pour ne pas laisser paraître son incrédulité quand il réalisa qu'elle était toujours amnésique.

« Ton infirmier personnel. De quoi tu te souviens exactement ? » lui demanda-t-il.

Il écouta sa réponse et frémit. Elle ne se souvenait pratiquement de rien depuis un peu avant son départ dans son époque d'origine. Comment allait-il pouvoir lui expliquer tout ça ? Il avait besoin de s'occuper pour cacher sa détresse, alors il se leva et vérifia les perfusions, les plâtres et les constantes.

« Et pour te répondre, aussi incroyable que cela puisse te paraître, je suis aussi ton mari, fit-il en lui désignant leurs bracelets respectifs. Mais c'est une très, très longue histoire.
- J'ai entendu dire que la patiente était réveillée ? »

Il se retourna et vit les deux médecins qui avaient l'air ragaillardis s'avancer.

« Elle ne se souvient pas… de presque rien en fait. Cela touche même sa propre époque, pas seulement ce qu'il vient de se passer ou la période depuis son arrivée ici. » dit-il doucement d'une voix blanche après s'être rapproché.

Sa tête devait être suffisamment inquiétante pour que le Dr Benton le prenne par le bras.

« - Viens avec moi.
- Je vais examiner la patiente en attendant, fit Romano. »

Le médecin fit asseoir Zander.

« - Je pense que je n'ai pas besoin de t'expliquer qu'une amnésie n'a rien de surprenant au vu des circonstances et que dans la majorité des cas, c'est temporaire. Mais tu dois être patient et lui donner un peu de temps et du repos.
- Et si elle ne se souvenait jamais de ce qui lui était arrivé ? Et si elle ne se souvenait de nous deux ? On est censé se marier à la fin du mois… » fit-il en se remettant debout et à faire les cent pas. »

Le médecin le regarda un peu plus attentivement et comprit qu'il ne parlait pas à l'infirmier avec qui il avait l'habitude de travailler, mais à un mari épuisé et désorienté dont la femme était blessée et qui avait été soumis à un stress intense au cours des dernières vingt-quatre heures.

« - Du calme, Z. assieds-toi, s'il te plaît. Est-ce que tu as réussi à dormir ?
- Un peu.
- À peine trois heures, sur le fauteuil de l'infirmerie, précisa Stella.
- Ce n'est pas ce que j'appelle se reposer. Tu as besoin de quelques heures de vrai sommeil, dans un lit, quitte à prendre un sédatif pour t'aider. Ta femme va avoir besoin de toi. C'est toi qui la connais le mieux et qui sera le plus à même de répondre à ses questions. Nous pourrions aussi avoir besoin de toi en tant qu'infirmier. Mais pas dans cet état. Tu tiens à peine debout et tu n'as clairement pas les idées claires à cause de la fatigue. » dit-il en l'auscultant rapidement sans que le pilote ne réagisse vraiment.

« - J'aimerais rester près d'elle.
- Pas avant d'avoir dormi quelques heures. Ordre du médecin. »

Son esprit tournait en roue libre. Si elle ne récupérait pas ses souvenirs, cela revenait à la perdre et tout cela serait de sa faute. Le médecin le regarda et secoua la tête.

« Arrête de t'imaginer le pire. C'est le manque de sommeil qui parle. Allez, on y va. »

Il traîna les pieds et s'arrêta devant l'infirmerie pour l'observer.

« Si tu as des questions, je pense qu'Emy pourra y répondre. Ou même Stella. C'est l'IA de mon vaisseau sur lequel tu te trouves. » dit-il d'une voix lasse, sans pour autant repartir.

Le médecin arriva et posa une main sur son épaule pour le faire avancer, mais il n'avait pas vraiment envie de bouger.

« Allez, au lit, Hayes, avant de tomber d'épuisement. Elle ne va pas s'envoler. » fit-il le médecin en le poussant doucement pour le faire avancer.

« - Oh bordel, mais c’est vraiment vous. »

Si elle avait pu se mettre au garde à vous, elle l’aurait fait. Il lui fallut quelques secondes pour réaliser que quelque chose n’allait vraiment pas (outre le fait qu’elle était dans un endroit qu’elle ne reconnaissait pas). Hayes aurait dû être bien plus vieux que ca… voire mort. Il avait dû naitre un peu avant le début du XXIe siècle. Il se portait sacrément bien pour un centenaire.

Et pourquoi il la tutoyait et la regardais avec ces yeux de merlan frit ?

Il lui montra son bracelet, similaire à celui qu’elle portait au bras droit. Marié ? Mais c’était quoi ce délire ? Ce type était fou à lier.

« - Monsieur, je ne sais pas de quoi vous parler. Je suis un sergent des marines, pas votre épouse… »

Heureusement, des médecins arrivèrent. Ils allaient mettre bon ordre dans cette histoire non ? NON ?
L’un d’eux fit sortir Hayes de la chambre. Alors que l’autre vérifiait les données des moniteurs.

« - Pour quelqu’un qui a passé six heures sur le billard, vous vous portez vraiment bien, lieutenant.
- Sergent
- Ce n’est pas ce que dit votre uniforme.
- Oh bordel de m… »
Un uniforme propre avait été déposé sur une chaise un peu plus loin. Le symbole de son grade était bel et bien visible et lui donna des sueurs froides. C’est pas possible, ils devaient se planter de nana !
« - Reposez-vous, Nadja. Vous avez été secouée. Votre mémoire vous reviendra bientôt, vous verrez.
- Je suis pas si sure d’en avoir envie… Vous pouvez me dire au moins ou on est ?
- A bord de Stella, le vaisseau de monsieur Hayes. »

Ben tien… Elle se recoucha en observant le plafond. Ou pouvait bien être ses foutus souvenirs ? Elle n’eut guère le temps de se poser al question, le sommeil la cueillit par surprise et elle s’effondra dans un repos réparateur.

Quelques heures plus tard, elle s’éveilla et constata qu’elle n’avait pas bougé. Tout le monde devait dormir. C’était el moment d’aller faire un tour. Se lever fut compliqué mais pas autant que d’enfiler un pantalon avec une seule main, son bras gauche était immobilisé. Elle renonça aux chaussures et sortie, trainant derrière elle une perfusion sur roulette.
Elle arriva dans un salon confortable qui ne lui disait absolument rien. Son cœur battait al chamade et elle était déjà couverte de sueur. Ca n’était décidément pas la grande forme.

« - Il doit bien y avoir une cuisine pour me faire un café, marmonna-t-elle.
- Je m’en occupe, répondit une voix dans son oreille.
- Wow, t’es qui toi ?
- Stella, l’IA du vaisseau. Je transmet via l’implant qui t’a été implanté il y a quelques semaines.
- Le prend pas mal mais j’ai aucun souvenir de toi, Stella. Mais je veux bien un café.
- Il est prêt.
- Merci."

Une minutes plus tard, Nadja était dans un fauteuil, mug fumant à la main, en train d’observer sur l'écran du salon des photos d’elle et de Hayes en train de barouder sur toutes les planètes de la galaxie.

« - Je sais pas qui est cette fille, mais elle a la belle, vie… »

Zander se laissa accompagner jusqu'à ses quartiers.

« - Ton bras, Z.
- Je ne veux pas de sédatif...
- Je ne te laisse pas le choix. Quelque chose me dit que tu ne dormiras pas sinon, et tu en as vraiment besoin. »

Il rentra dans ses quartiers et s'effondra sur son lit où il put enfin craquer. Il aurait voulu que Nadja soit avec lui, mais au lieu de ça, elle ne se souvenait plus de qui il était et logiquement, le rejetait. Et tout ça, c'était de sa faute.

Il finit par sombrer dans un sommeil agité, le sédatif ne lui accordant au final qu'un bref répit. Il se réveilla en sursaut et en nage, au bord de la panique après avoir revécu son enlèvement et ce qui s'en était suivi. Il avait l'impression de lentement se noyer à nouveau, comme 10 ans auparavant.

Il se leva et sortit pour aller dans le salon dans l'idée de boire un verre. Ou plusieurs. Il s'arrêta sur le seuil en voyant que Nadja était là en train de regarder des photos sur un écran. Il n'était pas étonné qu'elle ne soit plus à l'infirmerie. C'était tellement elle.

« Oui, très. Madame a des goûts de luxe... Elle a trouvé quelque chose auquel elle ne s'attendait pas après avoir atterri à notre époque il y a trois ans. Elle envisage même de prendre sa retraite et de s'installer quelque part pour profiter de la vie. » commença-t-il.

Il savait que cela allait lui paraître incroyable, comme le fait qu'ils étaient mariés. Mais ce n'était pas ça qui allait l'aider à se souvenir.

« Nous sommes en août 2019. Je ne suis pas encore le président Hayes, mais un simple vadrouilleur hébridien qui travaille avec le SDT pour l'instant. Et tu es désormais lieutenant et chef de la sécurité à bord de l'Achilles, auquel nous sommes arrimés en ce moment pour nous rendre sur Atlantis. » fit-il en entrant et en allant se faire un thé, faisant une croix sur ses plans d'origine.

Il la laissa digérer les informations et décida d'attendre un peu avant d'en dire plus sur la situation précaire dans laquelle ils se trouvaient.

Il était perturbé et épuisé, mais il allait devoir mettre ses problèmes de côté pour le moment. Une fois sa tasse prête, il alla s'installer dans son fauteuil. Il aurait aimé la serrer dans ses bras, mais il ne faisait aucune doute qu'elle ne le laisserait pas faire.

Il regarda les photos affichées sur l'écran et décida de lui raconter ce qu'elle voyait, en omettant les parties désagréables.

« Elles ont été prises sur Hébrida l'été dernier, à Serain. Nous y avons fait de la plongée et vu un match de gliding-ball. Je t'avais emmenée sur la planète pour ton anniversaire et tu as rencontré mes parents pour la première fois. »

Il continua à lui donner des informations sur ce qu'il voyait : la victoire à la grande course, une photo d'eux au départ de leur stage de survie dans la jungle, une autre prise au réfectoire du JPS où ils étaient tous les deux dans leurs uniformes de service, une autre prise à la pizzeria avec Prius, puis quelques-unes de l'Alaska. La dernière que montra Stella le fit se figer.

Il ferma les yeux un instant et inspira puis posa sa tasse sur la table lorsqu'il sentit ses mains se mettre à trembler. La photo les montrait tous les deux sur leur 31 à leur arrivée à la tour de Seattle.

« Celle-là a été prise pendant le réveillon du nouvel il y a un an et demi, peu après notre... mariage. Nous sommes censés le célébrer à nouveau selon les coutumes terriennes à la fin du mois. » dit-il doucement.

Il se leva brusquement et s'éloigna vers le comptoir, essayant de refouler ses larmes. Il n'était pas capable de lui raconter ça pour l'instant.

« Je suis désolé... Stella ? Montre-lui la photo des sosies, s'il te plaît. »

La photo prise avec son arrière-grand-mère et sa grand-mère s'afficha à l'écran. Il attendit de voir sa réaction.

« Elle a été prise l'année dernière à Serain. C'est une des raisons pour lesquelles nous y sommes allés. Tu voulais visiter cette ville dont ta mère te parler et nous les avons retrouvées, elles. » expliqua-t-il doucement.

Puis il décida que ça suffisait. Il n'avait qu'une envie, retourner dans ses quartiers et se rouler en boule dans le lit, aussi commença-t-il à se diriger vers la sortie, non sans s'être préparé une tasse remplie d'une des décoctions de Prius qui serait probablement plus efficace que le sédatif et lui permettrait sans doute de dormir quelques heures de plus ou du moins, de se détendre un peu.

Nadja sursauta quand le futur président la surpris en train de regarder les photos. Elle rougit visiblement sans lâcher du regard la fille souriante sur l’écran.

« - Prenez pas mal ce que je vais dire, mais j’ai du mal à me reconnaître. Je veux dire, la retraite, c’est une chose à laquelle je pense depuis un bout. Mais je sais pertinemment que je me retrouverai à faire la sécurité pour une société, ou si j’ai un coup de chance à bord d’un vaisseau marchand. Mais ca… c’est tout autre chose. »

Elle frissonna en le voyant s’installer en face d’elle. « L’autre » avait-elle eut ces réactions ? Comment avait elle fait pour passer outre.
Il lui donna quelques explications gentiment. Un résumé rapide mais suffisamment précis pour lui donner du grain à moudre.

« - 2019 ? C’est dingue… »

La suite l’était tout autant et elle l’encaissa comme elle pouvait. Tout cela ne lui disait strictement rien. Quand il revint sur leur prochain mariage, elle le vit se détourner et demander à Stella de prendre le relais. Malgré elle, son cœur se serra. Mais la suite fut encore pire quand elle se retrouva face à la photo d’une fillette aux traits franchement proches des siens.

« - Bordel de merde… Ça c’est pas banal. »

Les yeux lui piquaient un peu, en meme temps qu’un début de panique. Sa mémoire reviendrait-elle ? Retrouverait-elle ce qu’elle avait perdue ? Et pourquoi l’avait-elle perdue ?

« - Eh attendez ! »

C’est qu’il était en train de partir au beau milieu de la conversation le bougre ! Elle se leva un peu brutalement et du se rattraper à la table pour ne pas se retrouver au sol. Mine de rien, elle venait de subir une opération chirurgicale de plusieurs heures et dieu sais quoi d’autres. Ca finissait par peser.

« - S’il vous plait, restez un peu. Je comprends que ça soit dur pour vous, mais je suis perdue là ! Pendant un moment je me demandais si tout ça était pas complétement bidon. C’est tellement… bizarre. Mais j’arrive même pas à me demander pourquoi ? Et puis franchement, vous mériteriez une récompense pour voter jeu d’acteur si c’était le cas. Du coup, je suis bien obligé de vous croire mais c’est terrifiant. Pouvez vous me dire ce qu’il se passe ? Comment j’ai été blessée ? »

Elle se rendit soudain compte qu’il ne devait pas aller beaucoup mieux qu’elle et lui sourit gentiment.

« - Vous non plus ça a pas l’air terrible. Vous voulez en parler ? »

S’ils étaient vraiment marié, c’était normal de poser la question, non ?

Entendre Nadja le vouvoyer, comme la première fois, lui fit mal, très mal. Zander avait l'impression qu'un gouffre s'était ouvert entre eux et que jamais il ne se refermerait. Il se refusait à mettre la même distance, du moins tant qu'elle ne le demanderait pas.

« Je comprends que ce soit difficile à accepter. Ces changements ne sont pas arrivés du jour au lendemain, mais au fil du temps. Tu as aussi découvert que tu pouvais faire autre chose dans le civil, comme ouvrir un studio de tatouage. » dit-il doucement.

Sa réaction à la photo lui tira un petit sourire. Elle n'était pas aussi secouée que lorsqu'elle les avait vues en vrai.

« Ton arrière-grand-mère et ta grand-mère enfant. » dit-il.

Il s'arrêta. Dur pour lui ? C'était un euphémisme. La voir, mais devoir garder ses distances, alors qu'il ne voulait que la serrer dans ses bras et qu'il avait tant besoin d'elle était un déchirement qui s'ajoutait à son enfer personnel du moment. Il faisait de son mieux pour se raccrocher aux branches et ne pas craquer, mais il savait qu'il n'y arriverait pas indéfiniment. Et il allait finir par croire que son père avait raison au final et qu'il était destiné à perdre toutes celles qu'il aimait.

Il fit demi-tour et revint s'asseoir et sirota la tisane, mal à l'aise.

« Tu te souviens de l'histoire de cette époque ? L'attaque de Tonatiuth contre la Terre vient de se produire. La planète et le JPS sont désormais entre ses mains et nous nous replions vers Atlantis. Il se pourrait cependant que ce que tu sais diverge avec ce qui est en train de se produire, mais je ne peux te dire dans quelle mesure. »

Il ne pouvait pas répondre à sa dernière question, car il l'ignorait.

« Je ne sais ce qu'il t'est arrivé exactement. Tu étais partie avec le Dr Teoh, qui est ta meilleure amie ici, et une équipe pour tenter de reprendre la station. Tu te trouvais sur le pont 4 sous le feu ennemi, tandis que j'étais sur le pont 5 pour finir d'évacuer les civils. Puis il y a eu une explosion et Stella t'a récupérée alors que tu dérivais dans l'espace. »

Stella afficha obligeamment deux photos de Mei et Nadja, une autour de la piscine de Colorado Springs et une autre de la pendaison de crémaillère avec leur pulls moches. Le pilote se demanda ce qu'il était advenue de la médecin. Était-elle morte dans l'explosion ou se trouvait-elle toujours sur la station aux mains de l'ennemi ?

Il la regarda quelques secondes. Est-ce qu'il voulait lui parler de ce qui était arrivé ? À sa femme, peut-être et encore... Enfin, celle-ci lui aurait de toute façon tiré les vers du nez et il n'aurait pas été capable de lui mentir. À cette version de Nadja, certainement pas. Il connaissait trop bien son amour des Goa'uld et elle risquait de très mal réagir en apprenant la vérité. Elle doutait déjà de ce qu'il disait, ce qu'il ne pouvait pas lui reprocher, mais là, elle ne croirait plus un mot de ce qu'il lui dirait, sans compter qu'elle ne lui ferait plus confiance non plus, ce qui rendrait les choses encore plus compliquées. Il secoua la tête négativement.

« Non... La journée d'hier a juste était très longue et très éprouvante et je ne sais pas trop comment gérer tout ça. Je reviens... »

À son retour, il lui tendit un de ses carnets de croquis avant de se rasseoir. Il y en avait plusieurs à bord.

« C'est l'un de tes passe-temps favoris. Tu dessines des gens et des choses de ton ancienne vie et de ta nouvelle. Il y a peut-être des éléments qui pourront t'aider à te souvenir de quelque chose. Je pourrais te donner des informations sur certaines choses, mais pas sur tout. Je ne connais pas ta vie d'avant dans les moindres détails. Emy pourra peut-être remplir certains blancs. »

Il n'avait qu'une envie, sortir de la pièce. Cela devenait difficile de rester là avec elle à lui remémorer son passé.

« Est-ce que tu veux manger quelque chose ? » demanda-t-il.

Une idée saugrenue lui traversa soudain la tête. S'il lui faisait manger de la pizza avec beaucoup d'origan dessus et accompagnée de pourpraline, est-ce que cela pourrait avoir un effet quelconque sur la situation et sa mémoire ?

« - Un studio de tatouage ? Ca fait un bout que j’y avais pas pensé. Je l’envisageais vraiment ? »
Finalement, il resta près d’elle et lui donna quelques explications. Quand elle comprit à quel moment elle se trouvait, sa respiration se bloqua.

« - Je n’ai pas souvenir d’un repli vers Atlantis. Mais toute cette période était mal documentée de toute façon. Etonnement, les capitaines et les réfugiés avaient autre chose à faire que de tenir des journaux. Mais du coup… mon grand père doit être aux commandes de cet Achilles, non ? »

L’avait-elle déjà rencontrée ? Sans doute. Elle avait tellement de questions.

« - Récupérée dans l’espace, hein ? Ça devient une habitude. Remarque, pour me débarrasser d’un groupe d’ennemis, c’est plutôt efficace. »

Des images défilèrent soudain devant ses yeux soudain. Elle dérive dans l’espace, observe des corps en armure autour d‘elle. Elle ne souffre pas, son corps perfusé de drogue de combat…

« - Attendez on est combien à être arrivé à votre époque ? »

Il n’avait parlé que d’elle mais les flashs qui passaient devant ses yeux disaient le contraire. Non, c’était autre chose, l’autre fois ou elle avait dérivé après la destruction du Romanov.

« - Je crois que ma tête est un gros bordel, soupira-t-elle. »

Quand il lui montra le carnet de dessin, elle ne put retenir ses larmes. Tellement de gens, de situation, de sentiments qu’elle avait oubliée.

« - Pardon, dit-elle finalement en séchant ses larmes d’un revers de la main. J’ai fait des progrès en dessin, je dois avoir du temps à perdre. Je fais quoi au fait de ma vie, toujours pareil ? »

Il n’était pas à l’aise et elle comprenait pourquoi si effectivement ils étaient mariés et en passe de renouveler leurs vœux. Elle était à peu près sure qu’il ne lui disait pas tout, ne voulant pas sans doute ajouter d’autres soucis aux siens.

« - Je crois que j’ai très faim, oui. Je peux vous… t’aider à préparer quelque chose. »

S’ils était bel et bien marié il fallait qu’elle arrête de le vouvoyer.

Zander hocha la tête concernant la boutique de tatouages. C'était l'un des premiers projets qu'elle avait évoqué si elle devait retourner à la vie civile.

« Oui, tu l'envisageais sérieusement, du moins pour t'installer sur Terre. Parce que notre plan est de nous établir à Serain, sur Hébrida. Là, je crois que l'idée de devenir instructrice de plongée te plaisait bien. » fit-il avec un petit sourire.

Elle se souvenait effectivement des événements en cours tels qu'ils étaient connus à son époque avant qu'elle n'arrive, mais il nota une différence majeure.

« Thaïn Cook ? Commandant de l'Achilles ? Non, ce n'est pas le cas et ça ne l'a jamais été. »

Il jugea plus sage de ne pas révéler l'identité du commandant actuel du vaisseau pour le moment afin de ne pas lui causer de choc supplémentaire. Cela pouvait attendre encore quelques heures.

« Ton grand-père était stationné sur le JPS lorsqu'il a disparu de la circulation il y a près de deux ans déjà, avant notre mariage. Personne ne sait ce qu'il est devenu. Je l'ai croisé une ou deux fois après mon arrivée. Et tu l'as rencontré en effet. Ça ne s'est pas du tout passé comme tu l'espérais et tu as été très déçue... Vous n'étiez d'ailleurs pas en très bons termes. » poursuivit-il.

Il n'était pas le seul à avoir des soucis avec sa famille, c'était certain. Heureusement, comme elle était affectée sur l'Achilles, elle n'avait pas été contrainte de servir sous ses ordres.

« Non, tu as été la seule à être arrivée à notre époque. C'est à ce moment-là que tu as rencontré Mei. Elle t'a opérée sans anesthésie et tu as passé ton temps à l'invectiver, d'après ce que j'ai entendu dire. »

C'était probablement l'une des anecdotes qui circulait le plus à bord et qui était indissociables de ces deux-là, tout comme l'histoire de leur mariage à eux.

« Ton histoire filerait la migraine à n'importe qui, crois-moi. » dit-il.

Son cœur se serra quand elle se mit à pleurer en regarder le carnet de croquis.

« Non, ne t'excuse pas. Ce n'est pas la première fois que je te vois pleurer. Je suis l'une des rares personnes devant laquelle tu te permets de montrer ce genre d'émotions. Alors, ne te gêne surtout pas. » fit-il en se levant pour attraper une boîte de mouchoir.

Il ne put s'empêcher de s'asseoir à côté d'elle et de lui passer gentiment un bras autour des épaules pour la réconforter. Qu'elle se rappelle ou non de leur relation, il n'allait pas rester assis à la regarder pleurer sans réagir. Il aurait bien fait plus, mais il ne savait pas comment elle allait réagir s'il se montrait trop familier.

« Oui, tu fais en gros la même chose. Tu es le chef de la sécurité de l'Achilles et il t'arrive aussi d'agir à titre de second. Tu te charges également de l'entraînement de l'équipage, surtout pour la 0G. La Terre était pour ainsi dire ignare sur le sujet avant ton arrivée. Et non, tu n'as pas de temps à perdre. Tu as juste découvert que la vie ne se résumait pas à jouer aux soldats et tu apprends à en profiter, notamment en dessinant sur ton temps libre. Et je crois que le dessin a aussi été un moyen pour toi de mettre ton passé derrière toi, sans pour autant l'oublier, et d'accepter ta situation ici. C'est un de tes passe-temps favoris. Il faudra que je te montre quelque chose plus tard. »

Il sourit quand elle dit qu'elle avait faim. Ce n'était pas surprenant. Son dernier repas devait remonter à plus de vingt-quatre heures et son corps avait besoin d'énergie. Il se figea quand elle proposa de l'aider à cuisiner.

« Par les arbres, surtout pas ! Tu es un cataclysme ambulant dans une cuisine, s'exclama-t-il instantanément. Tu serais capable de tous nous faire exploser, si tu essayais de faire quoi que ce soit. Tu as déjà manqué de faire brûler notre maison sur Terre et le quartier avec. Et je n'exagère même pas. La seule chose que tu maîtrises, c'est la machine à café, et encore, il t'a fallu presque un an pour y arriver. Je me débrouille pas trop mal par contre. » dit-il avec un petit sourire.

Il aurait pu se contenter de faire cuire un plat surgelé, mais il opta plutôt pour quelque chose de très simple et rapide demandant un minimum de préparation, parce qu'il avait besoin de s'occuper : des pâtes avec la sauce tomate aux olives et des petits pois et un steak. Pour le dessert, il sortit de la salade de fruits et des muffins aux myrtilles.

« Et voilà. Ce n'est pas de la grande cuisine, mais ça te nourrira. » fit-il en lui donnant une assiette et en posant un verre d'eau à côté.

En mauvais terme avec son grand père, voila qui était vraiment décevant. Peut être ne lui avait elle pas encore prouvé ce qu’elle voulait. Elle ne voyait aucune autre raison possible à cette mésentente.

L’anecdote sur son amie médecin la fit sourire. Voilà qui avait du être un moment mémorable. Mais si elle était seule, pourquoi son esprit se fixait-il sur la destruction du Romanov. Ça n’avait aucun sens.

Elle se tendit en sentant le bras de cet homme qu’elle ne connaissait pas passer autour de ses épaules naturellement. Son premier réflexe fut de le repousser mais quelque chose l’en empercha et elle cala sa tête sur épaule à la place.

Finalement, elle se reprit et le remercia d’un sourire. Il lui expliqua sa charge et ses taches. Tout ca paraissait logique mais un détail la fit tiquer.

« - Second ? Moi ? Mais quel fou furieux commande cette flotte ? Déjà que me retrouver officier, je trouve ça démentiel ! Je suis une marines, bordel, pas un volant. »

Elle était intrigué par ce qu’il voulait lui montrer mais son estomac passa en premier. Quand Zander se montra horrifié de sa proposition de l’aider elle éclata d’un rire franc qui lui fit du bien.

« - Ok, ok je vous… Je te laisse faire. »

Rapidement, des odeurs plutôt agréable émanèrent de la cuisine. Elle passa le temps en contemplant son carnet puis finalement prit son crayon pour y ajouter quelque chose. Son instinct la guida et elle dut se rendre à l’évidence, elle avait bel et bien fait des progrès.

Quand le repas arriva, elle se fit violence pour ne pas se jeter dessus et le manger lentement.

« - Bordel, c’est bon ! Si tu cuisine comme ca tous les jours, c’est un miracle que j’ai pas pris dix kilo ! »

Malgré toute sa bonne volonté, elle vida son assiette en quelques minutes et en aurait bien reprit une autre, mais la fatigue était en train de lui retomber dessus.

« - Merci. Pour ca et pour tes explications. Je me sens mieux. Par contre, j’ai aucune envie de retourner dormir à l’infirmerie. »

Voilà qui risquait d’être étrange mais il ne faisait pas chambre à part, pas vrai ?

Zander sentit Nadja se raidir à son contact et faillit s'écarter, mais finalement, elle se détendit et resta où elle était. Ce n'était pas pareil que d'habitude, mais c'était toujours mieux que rien. Il aurait voulu prolonger cette étreinte, mais il savait que ce n'était pas possible. Il allait devoir se montrer patient et espérer qu'elle finisse par se souvenir.

Il sourit doucement quand elle réagit sur le fait d'être officier. Voilà quelque chose qui ne changeait pas.

« Je ne sais pas qui a eu cette idée folle, mais tu as l'air de plutôt bien te débrouiller, même si tu préférerais retourner à ton grade précédent. Si tu as des problèmes pour dormir, sache que les règlements que tu dois connaître son un excellent somnifère. »

Il ne put s'empêcher de rire à sa réaction quand elle goûta la nourriture. Cela faisait remonter des souvenirs.

« Si tu trouves ça bon, attends que je prenne le temps de te mijoter un vrai repas. Ce que je viens de te servir, c'est un truc de base qu'on fait quand on n'a pas le temps. Et non, je ne cuisine pas tous les jours. On mange aussi régulièrement au réfectoire pour gagner du temps, surtout en semaine à cause de nos quarts. Et oui, la nourriture terrienne te pose des problèmes et tu dois faire attention à ce que tu manges... Mais parfois, tu dois effectivement faire un peu plus de sports. »

Il se contenta de manger un muffin et un peu de salade de fruits tout en finissant sa tisane, mais ce semblant de normalité lui fit du bien. Il soupçonna aussi la décoction de Prius de commencer à faire son effet.

« Je te comprends. Ce n'est pas l'endroit le plus confortable pour dormir. Je sais, j'ai testé aussi. Par contre, les médecins risquent de ne pas apprécier que tu n'y sois pas, même si Stella peut te surveiller où que tu te trouves. Tu as juste besoin de garder la perfusion. Je n'ai pas d'autres quartiers que les nôtres à te proposer. Mais je peux te laisser le lit et dormir sur le canapé ici, si tu veux. Ce ne sera pas la première fois. » dit-il en débarrassant.

Il n'était pas certain de vouloir se recoucher et dormir. Il prit 5 minutes le temps de faire la vaisselle, puis l'emmena dans leurs quartiers. Il désigna un dessin dans un coin.

« C'est ça que je voulais te montrer. C'est toi qui l'as fait et qui me l'as offert à Noël. Il représente les personnes importantes de ma vie jusqu'à maintenant, qu'elles soient encore de ce monde ou non. » expliqua-t-il doucement.

Son regard fut immanquablement attiré par le visage de Leïla, mais il vit aussi celui de Nadira, ce qui lui fit serrait les poings. Comme il regrettait de ne pas être parti en mission avec le reste de son équipe ou même d'avoir simplement accepté cette mission sur Terre. Rien de ce qui était arrivé ne se serait produit s'il n'avait pas été sur la station.

« Tu as besoin d'aide pour t'installer ou ça va aller ? » demanda-t-il.

« - Les règlements, hein, lâcha Nadja en louchant exagérément. Je vois qu’il y a des constantes dans cet univers, quelle que soit l’époque. »

Ainsi il cuisinait pour elle. Voila qui était… flatteur. Et quelque chose lui disait qu’elle devait en faire régulièrement des séances de sport pour encaisser tout ca.

« - Promis, je saurai me contenter de ça pour le voyage. C’est tellement meilleur que… Bon je t’ai déjà parlé des chips de protéine je suppose. Faudra me dire si je radote. »

Dormir ensemble allait etre étrange. Pour tous les deux. Mais ils étaient adultes non ? Et depuis quand refusait-elle de partager son lit avec un beau mec ?

* Comme si t’allait faire quelque chose avec ta perfusion, Puce. »

« - Ca me gêne pas de partager la chambre. J’ai… je crois que j’ai juste pas envie d’être seule. »

Il la guida vers la dite chambre et lui montra un dessin encadré et accroché au mur. Des visages inconnus la contemplait. Des larmes lui montèrent aux yeux quand elle contempla soudain ce gouffre de souvenir enfouis qui les séparait. Il fallait absolument qu’elle arrête de se la jouer fontaine. Marié ou pas ça devenait gênant.

« - Je devrais me débrouiller, merci… et merci d’être la. »

Elle déposa un baiser sur sa joue et se détourna pour cacher son rouge aux joues. Quelques minutes plus tard, elle se couchait et ne mit pas bien longtemps à s’endormir.

Elle s’éveilla quelques heures plus tard avec la sensation d’être observée. Un bras était passé autour de sa taille et elle comprit qu’un certain futur président la tenait serré contre elle. Il ne semblait d’ailleurs pas tres bien dormir mais ça n’était pas ça qui l’avait réveillée.

Il y avait quelqu’un d’autre. Un caporal en uniforme terrien. Il saignait de plusieurs blessures dans la poitrine et la regardait en tendant un index accusateur. Derrière lui il y avait un autre soldat, et un autre et troisième. Tous l’accusaient.

Elle les avaient mené à la mort dans une bataille inutile et perdue d’avance. Et elle avait survenue, encore !

Elle s’éveilla complètement en cherchant sa respiration, déclenchant une alerte médicale au passage. Elle serait tombé du lit sans la perfusion et s’y raccrocha pour s’asseoir, la tête entre les main, tremblante des pieds à la tête.

Zander rit doucement.

« Parmi les autres constantes, il y a la paperasse et les agents administratifs qui t'empoisonnent la vie pour le moindre détail… »

Le réflexion sur les chips lui tira un autre sourire.

« Je me dois de t'informer que mes rations de survie sont justement les ancêtres de tes chips protéinées. Tu t'es d'ailleurs portée volontaire pour jouer les consultantes, ou les cobayes, devrais-je dire, pour améliorer les choses. »

Ce n'était pas tout à fait vrai, mais elle ne pouvait normalement pas le savoir.

Dormir dans le même lit au vu des circonstances ne la gênait peut-être pas elle, mais lui oui. C'était Nadja sans l'être. Elle ne se souvenait de rien, mais ce n'était pas son cas. Il ne voulait la brusquer sans aucun prétexte ou faire quelque chose qui la mettrait mal à l'aise et risquer de la braquer. Il avait trop de respect pour elle, et pour la gent féminine, pour s'imposer, peu importe leurs liens.

« Je comprends. Et c'est normal que je sois là. Nous sommes mariés pour le meilleur et pour le pire… Et je suis celui qui te connaît le mieux, en dehors de Mei. »

Que c'était douloureux de ne pas pouvoir réagir comme il le voulait. Il avait désespérément besoin de se blottir dans ses bras et de se sentir protéger du monde extérieur ne serait-ce que quelques secondes. C'était à portée de main tout en lui étant refusé. Il n'avait aucune idée de combien de temps il pourrait tenir ainsi.

Il s'allongea à côté d'elle, mais le sommeil le fuyait. La tisane avait beau avoir fait effet et lui permettre d'être calme et détendu, il n'arrivait pas à dormir. Quand il fut certain qu'elle s'était endormie, il se leva à nouveau et retourna dans le salon. Il sortit une bouteille de whisky et avala deux verres coup sur coup. Il inspira et expira plusieurs fois lentement, mais il ne put retenir de nouvelles larmes.

Il finit par retourner se coucher et s'endormir, mais comme quelques heures avant, des cauchemars vinrent hanter son sommeil. Même Leïla revenait l'accuser et le tourmenter. Ce fut une alerte médicale qui le réveilla en sursaut. Travailler à l'infirmerie l'avait conditionné à réagir et à être alerte instantanément à ce genre de signal. Il vit Nadja assise de l'autre côté du lit, tremblante et cherchant sa respiration. Il avait déjà vu ça. Il alla s'installer à côté d'elle.

« Nadja ? Tout va bien, tu es en sécurité. Essaie d'inspirer et d'expirer lentement, d'accord ? » dit-il doucement en lui passant un bras autour des épaules pour la rassurer.

Des bruits de pas se firent entendre derrière la porte, mais il décida de les ignorer.

« - Zand ? Les médecins veulent entrer pour l'examiner.
- Non, répondit-il sur un ton catégorique. Je les appellerai si j'ai besoin d'eux.
- Ils n'apprécient pas vraiment ta réponse… remarqua son IA tandis que quelqu'un se mit à marteler la porte.
- Rien à faire. Je suis parfaitement qualifié pour savoir si elle a besoin d'un médecin ou non. Dis-leur que nous irons les voir dans quelques minutes. Sois… persuasive.
- Entendu. »

Le silence se fit dans le couloir quelques secondes plus tard. Il se doutait qu'ils lui passeraient un savon plus tard, mais il ne serait vraisemblablement pas d'humeur à les écouter. Nadja avait juste besoin d'un peu de temps pour se calmer et tout irait mieux ensuite.