Bonnie and Clyde

« - Rien de méchant, confirma Nadja. »

Mis a part une trouille bleue et une belle panique mais elle n’allait pas en rajouter pour l’instant.

Elle le laissa vider son sac, consciente qu’elle aurait sans doute détester ce Zander d’il y a dix ans mais n’en dit pas rien, bien entendue.

« - Tu nous a fait une petite crise, répondit-elle doucement. Il n’y a pas eu de bobo, t’en fais pas mais promets moi d’éviter les hallucinogènes à l’avenir, ok ? »
Quand il parla de retourner à Perdition, elle soupira. Elle avait eu pas mal de temps pour réfléchir à tout ça et cultiver sa rage.

« - Si tu veux y retourner, on va y retourner, mais pas en touriste ! Suivre les règles de la pègre et du Zander d’il y a dix ans ne fonctionnent pas. J’ai étudié la disposition de la ville et charger son plan dans l’ordinateur d’Emy. Elle est chargée à bloc. Si quelqu’un veut s’opposer à nous, je lui souhaite bien du plaisir. »

L’acier dans sa voix était aussi tranchant qu’un rasoir et elle n’admettrait que difficilement de contestation.
En apprenant que Zander avait réussi à placer un traceur sur leur cible, elle sourit de toutes ses dents de loup.

« - Parfait. On rentre, on l’extrait et on part directement pour la ramener. Et j’aurai deux mots à dire à son père ensuite pour t’avoir mené en bateau. »

Zander soupira. Comme il l'avait dit, pour l'instant, c'était le blanc sur ce qu'il s'était passé après l'injection.

« Je ne prends pas d'hallucinogènes ou de substances de ce genre. Pas de mon plein gré, en tout cas… Les drogues sont l'une des très rares choses auxquelles je n'ai pas touchées, même dans ma période noire, justement parce que je ne sais plus ce que je fais. »

Il aurait pu vouloir en utiliser, mais cela ne remplissait pas son objectif qui était de souffrir. Les drogues étaient au contraire un moyen d'échapper à la réalité et à la souffrance. Certes, il aurait pu mourir, mais cela n'aurait pas été la même chose.

« Non, je ne veux pas y retourner, pour rien dans l'univers, mais je n'ai pas le choix. Et je ne peux pas y retourner dans le même état d'esprit qu'avant. Et je ne pourrais pas être le Playboy non plus. Du moins, pas exercer la même violence qu'à l'époque, parce que je ne suis plus ce type-là. Mais c'est son assurance et sa vigilance dont j'ai besoin. »

Il croisa les mains pour les empêcher de trembler. Il sentait venir le contrecoup de ce qui était arrivé. Il réalisa qu'il avait peur de redescendre et surtout, qu'il était en train de se mettre à douter de lui-même. Il l'Attira contre lui et la serra dans ses bras.

« Et c'est surtout à toi et Emy qu'ils auront à affronter. Moi, je ne vois pas trop à quoi je vais servir, surtout que je ne peux pas me battre, à moins de vouloir finir avec un poumon perforé. Tu comptes aller raser la ville ? »

Avoir posé un traceur sur Clary leur conférait un avantage non négligeable du point de vue tactique. Ils n'auraient pas à fouiller, ou plutôt sortir l'artillerie lourde pour la débusquer dans la ville.

« - Stella pourrait nous assister et nous tirer de là en cas de problème.
- Oui, mais je maintiens que tu dois d'abord te reposer quelques heures, manger et surtout boire ou te mettre une perfusion pour te réhydrater. Tu n'iras pas bien loin sinon.
- Pas le temps. Il faut agir vite et frapper fort. Ils ne s'attendent probablement pas à une réaction de ce genre après leur petite démonstration.
- Je ne te téléporterai pas là-bas autrement. Tu n'es pas en état d'aller sur le terrain pour le moment. »

Le pilote se leva, exaspéré. Il voulait en finir avec cette histoire le plus vite possible. Il vacilla et se rattrapa à l'échelle avec le bras gauche qui le fit grogner de douleur.

« Je t'avais prévenu, Zand. Tu n'es vraiment pas sérieux de vouloir aller en mission dans cet état et tu n'aides pas tes côtes. » observa l'IA.

Zander râlait, Nadja en conclut donc qu’il allait mieux.

Elle fut presque surpris qu’il ne tente pas de l’empêcher de descendre avec son armure. Il devait bien savoir ce qu’il se passerait à partir du moment ou elle toucherait le sol, armée jusqu’aux dents.

« - Je raserai ce que je devrais pour la trouver, répondit-elle sombrement. Ou jusqu’à ce qu’on me la livre, pieds et poings lies. »

Elle le regarda essayer de se lever et le rattrapa au moment ou il menaçait de s’effondrer et le força à se rasseoir.

« - Tu as raison, tu ne me servira à rien dans cet état. Ça veux pas dire que tu ne peux rien faire. Tu es un pilote tu te souviens ? Et disposer d’une bonne couverture aérienne, c’est une très bonne chose pour un fantassin. Stella, tes batteries sont fonctionnelles ?
- A 100 %
- Je n’en doutais pas une seconde. Si je connais bien mes Jolly Rogers, ils auront au moins un intercepteur à la surface et un vaisseau un peu plus gros en orbite. A mon époque c’était souvent des cargos doté de canon récupéré de ci de la . Rien de dangereux pour un croiseur de guerre mais assez de punch pour arrêter un vaisseau civil. La plan convient à tous le monde ? »

Zander se rassit en grimaçant.

« On ne peut pas voler au-dessus de Perdition à cause de la zone d'exclusion aérienne. Elle n'est pas juste théorique. Des moyens d'abattre les vaisseaux qui enfreindraient l'espace aérien en question ont été mis en place et sont systématiquement utilisés. Je ne doute pas non plus que les propriétaires des lieux disposent de quoi se défendre contre ce type d'attaque s'il devait arriver. Et il n'est pas question de mettre la ville à feu et à sang ou de la raser. Les autorités ne resteront pas sans réagir face à ce genre d'action. Nous devons rester… mesurés. J'ai beau ne pas aimer cette planète, je ne veux pas tuer des gens inutilement et terminer dans une prison ou sur la liste des personnes recherchées ou à abattre dès qu'elles pointent le bout de leur nez ici. »

Connaissant Nadja, il savait qu'elle n'allait certainement pas faire dans la dentelle, surtout avec Emy. Il n'était cependant pas certain que cela lui pose vraiment un problème et cela le dérangeait. Peut-être que la drogue le rendait insensible ? Mais sa réputation risquait d'en prendre un coup et il voulait l'éviter.

« - Zander a raison. Même si les Jolly Rogers ont des vaisseaux, ils sont nécessairement en dehors de la ville. Et je ne résisterai pas longtemps aux défenses aériennes en place, ajouta Stella.
- Il est possible qu'ils aient pu mettre la main sur des armes lourdes via le chantier de démantèlement. Est-ce que tu as remarqué des armes, ou des anomalies, sur les vaisseaux en orbite ou lorsque nous étions à la station ? l'interrogea le pilote. »

Même s'ils avaient réussi à obtenir un sauf-conduit pour leur vaisseau afin de pouvoir voler au-dessus de la ville, ce n'était pas le cas de son IA qui devrait rester à bonne distance. Cette dernière n'était pas non plus armée pour mener un combat. Ses armes faisaient l'affaire contre des vaisseaux de pirates de petite envergure, voir de moyennes envergure s'il visait bien, mais pas contre un vaisseau plus lourd. Et il manquait sérieusement d'expérience en combat spatial. Il n'était de toute façon pas prêt à prendre un tel risque.

« Il n'est pas en état de piloter pour le moment. Il tient à peine debout et ses réflexes doivent être sérieusement émoussés. Et je ne suis pas certaine qu'il ait les idées suffisamment claires pour prendre des décisions rapides en cas d'urgence. Les effets de la drogue se sont dissipés, mais il en subit maintenant le contrecoup, ce qui pourrait s'avérer dangereux s'il faisait un malaise en plein combat. » annonça Stella à Nadja via l'implant personnel.

En effet, le pilote avait soudain l'air ailleurs.

« - Tu penses que leur détecteur sont assez puissant pour percer le camouflage de Stella ? Demanda Nadja, surprise. Et je n’ai absolument pas l’intention de rester mesurée. Nous le sommes depuis que nous sommes arrivés ici et ça ne fonctionne pas. Tu fais un deal avec machin ce qui nous conduit a truc avec qui il faut conclure un nouvel accord et ainsi de suite. Oui les choses marchent comme ca ici, j’en ai bien conscience mais c’est pour ça que les gens ne s’en sortent pas ou finissent avec un couteau dans le dos. Tu ne comprend pas que tout ça est un piège gigantesque pour empêcher les gens talentueux comme toi de sortir la tête de l’eau ? »

Toujours aussi furieuse, et pas prête de se calmer, elle regardait son mari avec les yeux enflammés.

«- Nous sommes ici depuis 24h, j’ai déjà du accepter un combat ridicule contre une serveuse et toi tu as faillit te faire tuer par une gosse qui se prend pour Juliette. Tout ca doit cesser, Zander, vite, bien et fort. »

Stella lui murmura quelques mot dans l’oreillette et elle soupira. Tout conspirait décidément contre elle.

« - Bon on se donne quelques heures. Allons attendre en orbite ou nous serons plus tranq… »

Elle s’interrompit soudain, une nouvelle idée venait de fuser dans son esprit.

« - Stella, scanne le vaisseau des Jolly Rodgers s’il te plaît. Combien sont-ils à bord ?
- Je détecte douze forme de vie à bord.
- Tu crois qu’ils échangeraient leur vaisseau contre cette gosse, demanda-t-elle en souriant à nouveau. »

Zander secoua la tête.

« Non, je ne pense pas qu'ils aient la technologie pour cela. Mais je ne peux rien faire en étant occulté. Je ne peux pas tirer ou téléporter et les boucliers sont désactivés. Et cela prend quelques secondes pour quils se réactivent pendant lesquelles Stella est totalement vulnérable. Ça peut suffire à lui faire subir des dégâts considérables voir mortels. » expliqua-t-il.

La fin de son discours lui avait fait relever la tête.

« Talentueux ? Moi ? » fit-il, surpris.

Il ne s'était jamais considéré comme tel. Il essayait juste de vivre tranquille dans son coin, ou de survivre selon les situations, pour entretenir son vaisseau et mettre de l'argent de côté pour plus tard. Mais pour l'instant, il était vraiment fatigué et avait du mal à réfléchir et à suivre ce qu'elle disait. Il n'avait pas envie d'avoir ce genre de discussions maintenant. Ou jamais.

« Mais on ne peut pas pour autant tout raser ou massacrer tout le monde, Nadja. Ce n'est pas une mission officielle et il y a des règles à respecter. On ne vaudra pas mieux qu'eux si on fait ça. C'est nous qui passerons pour des criminels et qui auront des morts sur la conscience, peut-être d’innocents. Ça ne te pose peut-être pas de problème, mais moi, oui. Et je ne suis pas sûr que ça améliore les choses pour les gens qui habitent ici. »

Il se leva avec précaution. Il voulait aller dormir dans son lit, par sur le brancard médicalisé. Enfin, à condition d'arriver à aller jusqu'à l'étage. Stella pouvait le surveiller où qu'il se trouve. Il se souvint brusquement des recommandations de son IA et attrapa une perfusion en passant avec des antidouleurs pour ses côtes. Il n'était pas vraiment certain d'avoir besoin d'un sédatif et surtout, il ne savait pas combien de temps il dormirait s'il en prenait un. Il se retourna à la question de Nadja.

« Franchement, je n'en sais rien. Peut-être. Pourquoi ? Tu comptes le prendre d'assaut ? Seule ? Et comment comptes-tu en garder le contrôle après ? » demanda-t-il curieux interrompant sa lente progression pour s'adosser à un mur.

Zander protégeait son vaisseau et c’était compréhensible. Nadja aurait presque pu en être jalouse mais ca n’était pas le moment de se poser des questions sur ces liens avec Stella, qu’elle appréciait également, de toute façon.

Quand il réagit au terme de talentueux, elle leva les yeux au ciel et se retint de lui envoyer une bourrade dans l’épaule. Avec sa cote cassée, ca n’aurait pas été charitable.

« - Évidement ! Tu crois que tu survis uniquement grâce aux bons soins de Stella depuis touts ce temps ou juste parce que tu as une belle gueule ? Celui qui t’as mis ça en tête était un bel imbécile ou un jaloux de première. »

Un peu tard, elle se rendit compte que celui qui était à l’origine du sentiment d’infériorité de Zander était probablement son père et qu’elle venait donc d’insulter son beau père… Pas grave, elle ne faisait pas dans la dentelle aujourd’hui.

Elle écouta la suite en silence, consciente qu’il avait raison. Même si elle avait envie d’en finir, elle ne pouvait pas faire payer à d’autres ses propres griefs. N’empêchent qu’une bonne charge explosive en centre ville ferait un ménage certain…

La suite sembla franchement le surprendre.

« - Ce genre de prise d’assaut, c’est ce que je fait de mieux. Et douze membres d’équipages prit par surprise et probablement peu habitué a ce genre de combat, si je met plus de dix minutes à les nettoyer, c’est que je me suis vraiment ramollie. Nous n’aurons pas besoin d’en garder le contrôle ensuite. Juste de poser quelques explosifs à des endroits stratégiques. S’il tente quelque chose de stupide... boom. »

Placer une charge de démonstration, voila qui était une excellente idée.

« - Je compte sur toi pour me dire ou, justement. Une fois le ménage fait, on aura le temps d’évaluer tout ca. »

Toute la question était bien sur de savoir si cela suffirait à faire pencher la balance. Combien avait-ils de vaisseau à cette époque ? Sans doute pas énormément. Du coup, perdre un cargo serait une perte séché importante. Mais serait-elle suffisante ?

« - Leur ordinateur doit contenir leur code d’identification et la position du reste de leur flotte. Si perdre un vaisseau ne suffit pas, peut être que l’idée d’en voir disparaître deux ou trois les fera réfléchir ? Dans tous les cas, ca les fera réfléchir et voir qu’on ne plaisante pas. Si tu dois te retrouver à la table de négociation à nouveau il rigolerons un peu moins. Et qui sait, il y a peut être encore une cargaison en attente d’être débarquée.»

Et dans tous les cas, ça lui passerait un peu les nerfs. Au moins, il ne parlait plus de débarquer avec elle alors qu’il pouvait à peine marcher.

« - Je vais m’équiper. »

Elle descendit à la cale pour réactiver son armure. Le chargeur installé par les parents de Zander était décidément parfait et Emy brillait de mille feus tendis qu’elle se glissait dedans.

« - On part en mission demanda l’IA ?
- On va chasser de l’esclavagiste.
- Je ne peux qu’approuver.
- Je savais que ca te plairai. »

Tous les voyant au vert, elle remonta pour voir ou ils en était et récupérer ses armes.

Zander hocha la tête. Cela ne semblait pas une mauvaise idée et surtout, cela leur donnerait des arguments de poids pour tenter de dénouer cette épineuse situation sans que cela ne finisse dans un bain de sang.

« Il faut que je regarde les plans du vaisseau en question pour déterminer le meilleur endroit. À moins que Stella ne l'ait déjà repéré, ce dont je ne doute pas. » fit-il.

À vrai dire, il n'était pas certain de pouvoir dans le faire dans la seconde, alors si son IA pouvait s'en charger, il la laisserait faire. Il avait l'impression d'avoir la tête dans le brouillard et sa migraine empirait lentement.

« Encore un détail. Ne tue personne à moins de ne vraiment pas avoir le choix. Parce qu'après, il faudra justifier chacune des morts au comité de surveillance. Être chasseur de primes ne permet pas de tuer impunément et à volonté et cela doit toujours avoir un lien avec le mandat. » ajouta-t-il.

Il écouta la suite et se mit à réfléchir.

« Je ne sais pas. Mais si nous avons vraiment les moyens de nuire à leur flotte et que nous leur prouvons que nous ne bluffons pas, alors oui, ils seront contraints de nous prendre au sérieux et de réfléchir deux minutes. Mettre la main sur l'une de leur cargaison, suivant ce que c'est, renforcerait encore notre position. » répondit-il enfin, pensif.

Avant qu'il puisse dire quoi que ce soit, il la vit partir s'équiper. Il fut pris d'une nouveau vertige et se laissa glisser par terre, incapable de rester debout plus longtemps. Il réussit il ne sut trop comment à se poser la perfusion avant de se rouler en boule à même le sol. Il n'avait pour l'instant pas la force de faire quoi que ce soit d'autre. Il se sentait soudainement vraiment mal.

« Nadja, attends deux minutes. Tu ne peux pas partir maintenant. Zander n'est pas du tout en état de participer de près ou de loin à une mission pour l'instant. Il a absolument besoin de repos… » lui dit Stella pendant qu'elle s'équipait.

Elle s'interrompit quelques minutes pendant lesquelles elle esseya de contacter le pilote qui mit un moment avant de réagir et de lui répondre, de manière plutôt confuse.

« Son état est à nouveau en train de se dégrader ! Sa tension vient de s'effondrer et son pouls de grimper en flèche ! » reprit-elle soudain.

Ne tue personne… Il ne voulait pas lui attacher un bras dans le dos non plus ?

« - OK j’utiliserai des munitions non létales. Mais si l’un d’eux est assez idiot pour me sauter dessus, je te promet rien. »

Au moins, son plan lui paraissait envisageable. L’idée était également de faire comprendre a la gamine à quel point ses pirates tenaient à elle. C’était évidemment à double tranchant s’ils refusaient de céder mais elle n’y croyait pas.

Elle remontait tranquillement quand Stella l’informa d’un nouveau souci de santé chez son mari. Il fallait bien qu’il trouve un moyen de l’empêcher d’agir inconsidérément.

« - Ouverture, commanda-t-elle à Emy. Reste en standby. »

Mais en arrivant à l’infirmerie, elle se rendit compte que c’était plus qu’un simple malaise. Le diagnostic de Stella le lui confirma d’ailleurs. Elle le rallongea sur le lit médicalisé et le connecta aux divers appareils de surveillances, en suivant les instructions de l’IA à la lettre.

« -S’il faut le conduire à un médecin, n’attend pas mon aval. Fais au mieux. »

Mais que pourrait-il bien trouver comme docteur dans le coin ? Il allait falloir demander au barman soi-disant ami de Zander et il échangerait cela contre une nouvelle faveur probablement… A se demander s’il ne valait mieux pas trouvé une autre planète pour le retaper tranquillement et revenir plus tard.

« - M’étonnerai que ces enfants de cœur n’aient pas une ribambelle de primes aux fesses. C’est mort ou vif les récompenses ? »

Être payée pour capturer des pirates et des esclavagistes… elle avait peut-être loupé un truc dans son plan de carrière en fait.
Après avoir branché Zander et écouté le premier diagnostic de surveillance de Stella, Nadja s’affala sur une chaise, les jambes tremblantes. Elle pouvait enquêter beaucoup de choses mais se rendait compte qu’être en mission avec Zander était décidément compliqué pour elle. Elle perdait toute objectivité et même lucidité quand il était blessé. Ça n’était pas pour rien que le code des marines interdisait ce genre de fraternisation. Mais son mari n’était même pas militaire, ça n’aurait jamais dû poser le moindre soucis, dans un monde idéal.

Pendant les deux heures d’attente, elle grignota du bout des lèvres un fruit et un plat que Stella finit par lui réchauffer, connaissant son inaptitude chronique à la cuisine. En orbite et dissimulé, elle en profita également pour observer sa future cible sous toutes ses coutures. Un cargo disgracieux et usé qui semblait prêt a rendre l’ame des que les moteurs s’allumeraient.

Sans doute exactement ce que les pirates souhaitaient que l’on croit. Des renflements à l’avant et sur les coté étaient probablement des sabords d’armes dissimulés et elle était prête a jurer que els moteurs n’étaient pas d’origine.

Finalement, Stella la prévint que Zander se réveillait et elle retourna près de lui, plus inquiète qu’elle ne voulait bien le montrer.

« - Tu sais que si tu veux que je te borde, tu n’a qu’a demander, dit-elle doucement en lui tendant un verre d’eau. »

Zander haussa les épaules. Il avait toujours pris des mandats impliquant de ramener la cible vivante, les quelques fois où il en avait accepté. Il n'était pas un tueur, mais surtout, cela représentait souvent un plus gros défi et plus de risques.

« Ça dépend. Dans le cas de gangs, les autorités aiment bien qu'on leur en ramène un vivant de temps en temps pour pouvoir l'interroger et apprendre d'autres noms ou lieux où les débusquer dans l'espoir de démanteler l'organisation dans son ensemble. Du coup, les primes peuvent être plus élevées si tu ramènes ta cible vivante plutôt morte. Rien ne précise leur état ceci dit, tant qu'ils sont capables de parler. » fit-il.

*****

Il écouta quelques instants les bips des machines avant de regarder les écrans. Il n'avait pas besoin de Stella pour les interpréter, ni lui dire ce qu'il avait. Il tourna la tête vers Nadja quand il l'entendit.

« J'aurais bien aimé, mais j'ai pas eu le temps. Tu es partie trop vite tellement tu étais pressée d'aller faire la peau des méchants. » dit-il lentement avant de prendre le verre d'eau qu'il avala d'une traite.

Il avait la bouche pâteuse et sèche.

« - Ça fait combien de temps que je suis inconscient ?
- Deux heures, répondit obligeamment Stella. Il va falloir que tu changes ta perfusion. Tu as aussi reçu une dose d'antipyrétique. Et je te recommande de continuer à te reposer quelques heures de plus.
- Pas besoin de me le dire. Je ne crois toujours pas être en mesure de tenir debout plus de cinq minutes. »

Ce n'était pas la première fois qu'il était victime de déshydratation et il connaissait la musique. C'était l'un des problèmes les plus fréquents auquel il était confronté lorsqu'il avait de la fièvre. Mais c'était rarement aussi sévère et cela est probablement dû à la drogue.

« Est-ce que tu peux me passer une autre perfusion de solution saline qui se trouve dans ce placard ? Alors, où en es-tu de ton plan et de ta reconnaissance de l'ennemi ? » lui demanda-t-il.

Il la connaissait suffisamment pour se douter qu'elle n'était pas restée deux heures à uniquement le veiller et qu'elle avait dû continuer à peaufiner son plan pour s'occuper. Il savait aussi aux bruits des moteurs qu'ils n'étaient plus sur la planète, mais en orbite. Et il n'y avait pas trente-six raisons pour qu'ils se trouvent là…

« Désolé de te faire des frayeurs encore une fois… » murmura-t-il.

Il se sentait coupable. Quoi qu'elle ait pu dire un peu plus tôt, il avait vraiment l'impression d'être un bon à rien sur le terrain ou juste bon à prendre des coups.

« - Je ne suis qu’une faible femme, que veux-tu. Tu me promets un superbe cadeaux la porte à coté, j’y vais en courant. »

Nadja souriait et plaisantait, mais s’en voulait néanmoins de ne pas être resté auprès de lui. Sans Stella, il aurait agonisé seul sur le sol pendant qu’elle prenait d’assaut le vaisseau ennemi. Elle aurait eu l’air fine en rentrant.

Pendant qu’elle s’occupait d’accrocher elle-même la perfusion, elle lui expliqua ce qu’elle pensait avoir trouvé.

« - Quelqu’un s’est amusé à modifier ce cargo. Sans doute assez profondément. Regarde ici, a l’avant, et là sur les coté. Je parie que ce sont des sabords éjectables. Vu leur taille, je pencherais pour des tourelles laser de bonne puissance. C’est trop petit pour des canon à plasma et je ne crois pas avoir vu de batterie graser depuis mon arrivée.»

Encore une technologie que la terre refusait de mettre en pratique. Cependant, les armes Asgard avaient prouvé leur efficacité à ses yeux. Néanmoins les canons laser semblaient être les armes les plus rependues dans al galaxie et à moins d’une lourde erreur de sa part, ceux la ne représentait pas un réel danger pour Stella tant que ses boucliers seraient levés.

« - Ici, ces moteurs me semblent bien plus récent que la coque et légèrement surdimensionné. Qu’en penses-tu ? »

Elle comptait patienter encore un peu le temps de voir s’ils se remettait mais piaffait d’impatience avant de passer à l’attaque.

Zander sourit à la réponse de Nadja.

« C'est que je sais exactement comment te faire plaisir. » répliqua-t-il, un air amusé, mais fatigué sur le visage.

Il expliqua à Nadja comment procéder pour changer la perfusion et la laissa faire. Il redressa ensuite le brancard et observa l'écran avec le scan du vaisseau effectué par Stella tout en écoutant les remarques de Nadja.

Il s'y connaissait plutôt bien en vaisseaux pour en avoir croisé pas mal au cours de ses vadrouilles et aussi grâce à ses parents. C'était d'ailleurs peut-être le seul mérite de son père qui lui avait transmis une grosse partie de ses connaissances sur le sujet. En revanche, il maîtrisait beaucoup moins les armes, même s'il avait subi une mise au niveau conséquente dans ce domaine lorsqu'il suivait la formation de pilotage de vaisseaux terriens. Cependant, un nom le fit tiquer.

« Des grasers ? Je ne sais pas ce que c'est. Ou peut-être que je connais sous un autre nom ? Pour le reste, je crois que tu as raison. Difficile d'évaluer les capacités réelles de ce rafiot. Mais Stella est plus petite et donc beaucoup plus agile, ce qui devrait nous donner un avantage en cas de combat. Par contre, niveau armement, je ne suis pas certain qu'elle fasse le poids. Alors j'espère que nous n'en n'arriverons pas là. Comment envisages-tu de mener ton attaque au juste ? » fit-il.

Il continua à regarder les plans, sans rien trouver à ajouter. Il avait besoin de dormir, mais il n'avait pas envie de le faire à l'infirmerie. Il regarda les moniteurs et se dit qu'il n'était pas forcé de rester là désormais. Sa température était encore un poil élevée, mais rien de dramatique et ses constantes étaient stables et normales.

« - Dis, tu veux bien m'aider à aller dans la chambre et me border cette fois ? J'ai besoin de quelques heures de sommeil supplémentaires si je veux arriver à réfléchir clairement et je dormirais mieux là-haut qu'ici. Stella, tu pourras me surveiller ?
- Oui, pas de problème. Je vais quand même baisser un peu la température pour éviter une mauvaise surprise. Et…
- Évite de trop te couvrir, je sais. »

Il savait que Nadja ne voulait qu'une chose, partir en découdre avec les pirates, mais elle allait devoir encore attendre encore un peu.

« Et ne t'avise pas de te lancer toute seule dans cette attaque pendant ce temps. Je ne peux peut-être pas t'accompagner, mais je veux au moins pouvoir surveiller le déroulement de l'opération pour intervenir en cas de problème. » lui dit-il sérieusement.

La présentation de Nadja sur les capacités offensive de leur cible fut plutôt bien accueillie par Zander même s’il semblait moins au point qu’elle sur l’armement embarqué, ce qui n’était pas si étonnant.

« - Les batteries de graser constituait la majeure partie des armes énergétique des croiseurs de mon époque. En gros ce sont des laser, basé sur des rayon gamma et no pas sur de la lumière, avec largement plus de punch. C’est quasi aussi puissant que les armes à plasma Asgard mais plus simple à construire et à installer. Concernant Stella, je ne suis pas trop inquiète. Son bouclier est plutôt efficace et pourra résister à plusieurs tirs directs de ce calibre. En volant au plus près, tu ne leur offriras que des solutions de tir minimales. »

Zander n’était pas un pilote de combat et elle espérait qu’il ne prendrait pas trop de risques. Mais si tout se passait comme prévu, les pirates seraient bien plus occupés avec elle que lui.

La demande du pilote la fit sourire et elle se retint de tout commentaires grivois en le conduisant au lit. Mais comment faisait-il pour toujours se mettre dans ce genre de situation ? A croire qu’il aimait avoir son infirmière attitrée.

« - Je serai du genre à profiter de ton sommeil pour aller défourailler en douce ? Quelle mauvaise image tu as de moi ? »

En fait, il n’avait pas totalement tort et elle avait bel et bien envisagée de s’y rendre seule. Mais malgré la supériorité écrasante que lui conférait son armure, elle restait néanmoins suffisamment prudente pour ne pas se lancer dans l’aventure sans soutien.

« - Un peu de repos ne me fera pas trop de mal non plus, pour avoir les idées claires demain. Repose-toi. »

Elle remit son armure en place et passe l’heure qui suivit à maltraiter son sac de frappe pour faire baisser son adrénaline avant d’aller aussi se coucher. Demain serait un autre jour.

Zander écouta attentivement les explications de Nadja concernant les grasers. Cela lui disait vaguement quelque chose.

« Je ne crois pas que nous ayons ce genre d'armements. Pas encore en tout cas. Il y a des recherches en cours pour améliorer les armes basées sur les lasers et il me semble qu'une théorie sur quelque chose comme ça circule. Et je te rappelle que je suis pilote et que je suis formé au combat. Ce n'est pas la première fois que je me retrouve dans ce genre de situation et je sais quoi faire. Alors ne t'inquiète pas trop de ce côté-là. » fit-il avec un sourire, même si le conseil qu'elle lui donnait était parfaitement valable. Cela montrait également qu'elle avait une certaine connaissance dans le domaine, ce qu'il appréciait.

Il s'était retrouvé impliqué dans plusieurs combats depuis qu'il parcourait la galaxie et même au sein d'une bataille de grande envergure avec les forces du JPS. Le combat spatial n'était peut-être pas ce qu'il faisait le plus souvent, mais il s'en sortait très bien en général.

Parcourir le court trajet avec elle jusqu'à la chambre fut un moment de complicité tranquille entre eux deux, ce qui lui fit du bien après toutes ces mésaventures du jour.

« Je n'ai pas une mauvaise image de toi. C'est juste que je commence à très bien connaître ma chère et tendre épouse. » fit-il en lui volant un baiser avant de se coucher.

Il s'endormit rapidement et dormit relativement bien. Il se réveilla au beau milieu de la nuit, ses côtes s'étant remis à lui faire mal. Stella en profita pour faire un rapide bilan, lui signalant que tout était revenu à la normal. Il retira la perfusion vide, mangea un peu vu qu'il n'avait rien avalé depuis un bon moment et vida une bouteille d'eau avec deux comprimés d'anti-douleur.

*****

Le lendemain matin, il se sentait mieux, mais pas assez pour retourner sur le terrain. Ses côtes étaient toujours douloureuses et il se sentait toujours un peu fatigué. Puis il n'avait pas spécialement envie d'y aller ou de repartir en mission.

Assis à table, il picorait plus qu'il ne mangeait tout en écoutant Nadja récapituler son plan. Il n'avait pas grand-chose à ajouter aux propos de Nadja qui tait une experte sur la question, contrairement à lui qui n'y connaissait pas grand-chose.

Il l'aida à revêtir son armure pour aller plus vite. Ce n'était aussi compliqué qu'il ne l'avait cru.

« Bonne chance là-bas. Et fais attention à toi. » lui lança-t-il avant de gagner son poste, plus angoissé qu'il ne l'avait montré.

Nadja n’eut pas besoin de réveil ce matin-là. Comme souvent à la veille d’un combat, elle ouvrit les yeux une minute avant l’heure programmée. Elle mit à profit ses quelques secondes pour se mettre dans l’état d’esprit de ce qui allait suivre. Puis ce fut le rituel de la douche et du petit déjeuner. Elle résuma en grandes lignes le plan d’attaque autant pour Zander que pour elle tout en buvant une double ration de jus de fruit. La température pouvait vite monter dans son armure et elle avait besoin d’autant de liquide que possible.
Finalement, elle se retrouva à bord d’Emy et vérifia que tout fonctionnait correctement.

« - Je me suis connecté au système du fusil Hebridien, annonça l’IA. Son ordinateur est plutôt primitif mais sera toujours un plus.
- Primitif, hein ? Tu n’en ferais pas un peu trop ?
- Je ne fais qu’énoncer un fait. »

Nadja gloussa et s’abstint de répondre pour se concentrer sur son mari.
« - Fait attention à toi également. Tu es ma porte de sortie. »

Elle disparue dans un flash lumineux pour réapparaître sur une passerelle ou rêvassait deux hommes en combinaison claire, le logo des Jolly Rodgers bien en évidence sur la manche. Sans la moindre hésitation, Nadja les abattit tous les deux. Les munitions non létales chargées dans son fusil à impulsion fonctionnaient parfaitement sur des cibles non armurées, elle n’aurait pas à se servir d’autre chose.

« - Passerelle sécurisée, annonça-t-elle dans sa radio. »

Dans les minutes suivantes, les messages se succédèrent ainsi : « quartier sécurisés, réfectoire sécurisé… » Finalement les paroles « ingénierie sécurisée, Cible sous contrôle » furent prononcées. L’abordage était terminé.