Dans la jungle, terrible jungle...

Franchement inquiète, les mains toujours tremblantes, Nadja inspecta soigneusement l’épaule de Zander. De ce qu’elle avait comprit, s’il avait été mordu, il le saurai déjà tellement ça lui ferait mal. Contrairement à la croyance populaire, les morsures d’araignées ne sont que rarement mortelles, généralement sur des personnes fragiles, âgées ou très jeunes. Avec se condition physique, le pilote ne rentrait pas dans cette catégorie.

Il n’empêche que cette morsure est extrêmement douloureuse et laisse impressionnante cicatrices. Enfin sur un humain. Aucun Hebridien n’avait sans doute jamais été pris pour cible par ce genre de bestiole.

« - Je crois que c’était une mygale. Vu la taille et les poils… Mais je prêtant pas être une spécialiste. »

Il était inquiet et elle aussi. Mais ils n’y pouvaient rien, ni l’un ni l’autre. Alors autant continuer.

Ils n’allèrent cependant pas loin un ruisseau leur coupait le chemin un peu plus loin et Zander expliqua qu’ils allaient devoir couper par la foret. Voila qui faisait envie.

« - OK pour la pause. Çà nous fera pas de mal. Et je piquerai bien une tête la dedans mais je suppose qu’il doit y avoir des crocodiles ou des insectes bizarres dont j’ai même pas envie de savoir le nom. »

Ca ne l’empêcha pas de se passer un peu d’eau fraîche sur le visage et de re-remplir sa gourde avant de se mettre à grignoter un nouveau. La pause ne dura que quelques minutes avant qu’ils se remettent en route. L’après midi ne serait pas simple mais chaque pas les rapprochaient de leur objectif.

Zander retint un soupir de soulagement. Apparemment, l'araignée ne semblait pas l'avoir mordu, sinon Nadja le lui aurait dit.

« Je dirais que c'est plutôt bon signe que tu ne l'aies pas identifié comme l'une des espèces dangereuses lors des briefings… »

À priori, il ne risquait rien à cause de la bestiole, ce qui était une bonne chose. Mais il leur restait encore beaucoup de chemin à parcourir rempli de dangers potentiels. Il allait devoir se montrer encore plus prudent que jusqu'à maintenant.

À la pause suivante, il se contenta de grignoter les biscuits salés avec le pseudo fromage à étaler accompagnée de la barre énergétique, n'ayant pas vraiment faim et le menu ne l'inspirant pas plus que ça pour le moment : pâtes avec une sauce aux épinards et champignons à la crème.

« Des crocodiles, je sais pas. Ça n'a pas l'air très profond et ce n'est pas très large. Je crois qu'on avait plus de chances d'en voir dans la rivière du camp de ce matin. Par contre, pour les bestioles inconnues, tu as probablement raison. Mais j'avoue que ça reste tentant de mettre les pieds dans l'eau ne serait-ce que cinq minutes. » dit-il avec un petit sourire tandis qu'il remplissait ses deux gourdes dont l'une était déjà vide. Il allait devoir faire attention à sa consommation d'eau jusqu'au soir, désormais.

Ils se remirent en route dans le sous-bois. La chaleur et l'humidité étaient à leur point culminant, l'assommant encore plus que la veille en raison de la fatigue. Il devait encore une fois se concentrer sur mettre un pied devant l'autre tout en faisant attention à ce qui l'entourait et où il mettait pieds et mains.

Au cours de leur lente progression, il put apercevoir de nombreux habitants des lieux, ce qui égaya leur trajet : des oiseaux multicolores, des singes, un étrange quadrupède au nez bizarre... Mais ce qui l'intrigua le plus, était un animal suspendu à une branche qui semblait se mouvoir au ralenti. Au moins ceux-là n'étaient pas un danger pour eux, contrairement aux insectes et autres occupants plus petits. L'endroit était aussi bruyant, les animaux ne semblant jamais se taire. S'ils le faisaient, ils auraient intérêt à se méfier, car si les animaux se faisaient discrets, c'est qu'ils devaient avoir une bonne raison.

La pluie les avait aussi laisser tranquille une bonne partie de l'après-midi, mais le tonnerre commença à se faire entendre au loin. Rien d'inhabituel, mais ils n'avaient pas encore atteint la zone qu'il visait pour camper et finir tremper, enfin plus qu'il ne l'était déjà, ne le ravissait pas particulièrement.

« Il nous reste encore deux kilomètres environ à parcourir. » fit-il après avoir consulté la carte.

Il était d'ailleurs grand-temps qu'ils arrivent. Il mourrait de chaud et il allait bientôt être à court d'eau, sans compter qu'il avait de plus en plus de mal à avancer, malgré toute sa bonne volonté pour tenir le rythme. Qu'est-ce qu'il pouvait détester cet endroit… Vivement demain que tout soit terminé.

« - C’est l’une des plus dangereuse du coin. Maintenant qu’on en a vu une, on sait à quoi s’attendre, pas vrai ? »

Difficile de rester de marbre et encore plus d’essayer de plaisanter. Mais désamorcer la situation était nécessaire s’ils ne voulaient pas rester pétrifier sur place. Cela fonctionna suffisamment pour qu’il reprenne la route jusqu’à leur pause de midi.

Une fois leurs gourde remplies et leur repas avalé, ils reprirent leur marche dans la chaleur étouffante de l’après midi. Ils allaient bien moins vite que dans la matinée mais restait dans les temps pour arriver à destination demain.

Il devait être seize heure, alors que la pluie menaçait à nouveaux, quand ils tombèrent sur un sentier. Un vrai, tracé par des humains.

« - Il n’y as pas de village prés d’ici il me semble. Des chasseurs peut être ? »

Zander était bien plus doué qu’elle pour lire une carte mais à moins de s’être sérieusement planté, il n’y avait pas de zone habité à moins de cent cinquante kilomètres. Par réflexe, elle vérifia que son fusil était bien chargé et la sécurité en place avant de se remettre en route, prudemment.

Le point qu’ils avaient choisit pour passer la nuit était une clairière prés d’une cours d’eau qui serpentait en direction de leur point d’arrivée demain. Mais d’autres étaient arrivés avant eux, et depuis un moment. Un village d’une douzaine de tente était à présent installé à cet endroit. Une trentaine d’homme et femmes allaient et venaient dans le camps et semblait filtrer l’eau de la rivière dans de large tamis. De nombreuses armes étaient visibles et la plupart des hommes ne ressemblant pas à des enfant s de cœur. Quand aux quelques femmes, leur profession était tout autre mais globalement évidente.

« - Des chercheurs d’or, comprit Nadja, accroupis derrière un arbre non loin de la lisière. On a pas intérêt à traîner dans le coin. J’ai lu un truc la dessus. Ces camps sont illégaux et les mecs ont la gâchette facile. Tu crois qu’il y a moyen de contourner discrètement ? »

Quand ils tombèrent sur un vrai sentier, Zander fronça les sourcils. Voilà qui était curieux.

« Ça m'étonnerait. Si je me souviens bien, il s'agit d'une zone à accès restreint. Et il ne me semble pas qu'ils aient non plus mentionné la possibilité de croiser l'une de ses tribus qui n'a aucun contact avec la civilisation moderne dans ce secteur. Ils l'ont justement choisi pour cela. » fit-il.

Ils suivirent le sentier puis Nadja lui fit signe de se baisser et de se cacher, ce qu'il fit sans poser de questions. Il essayait de comprendre la scène qu'il observait depuis l'abri de son arbre. Que faisaient ces gens ici ? Et pourquoi étaient-ils armés ? Nadja portait la seule arme à laquelle ils avaient droit afin de se protéger contre d'éventuels prédateurs. Ils n'étaient pas censés tomber sur un groupe comme celui-là dans cet endroit isolé. Il écouta les explications de l'ex-marine puis sortit sa carte pour trouver des solutions de rechange.

« C'est possible, mais si tu as raison, nous devons éviter de camper en aval de leur position. D'après ce que je sais, les chercheurs d'or utilisent tout un paquet de produits extrêmement nocifs. Dans tous les cas, cela va nous obliger à revenir sur nos pas et à retourner dans la forêt pour trouver un endroit en amont, sauf si nous dénichons par hasard un autre point d'eau qui n'est pas indiqué sur la carte et pas trop proche d'eux. L'autre option est de rejoindre un site de campement alternatif plus loin, mais il faudra traverser la rivière plus bas. Dans les deux cas, on en a pour entre une et deux heures de marche supplémentaires si on veut s'éloigner suffisamment d'eux et être aussi en sécurité que possible dans ce lieu maudit. » annonça-t-il en lui montrant deux endroits, qui avait été des possibilités de campement suivant leur vitesse de déplacement, mais qui avaient finalement été rejetés.

Aucune de ces options ne le ravissait vraiment tant il était épuisé. Mais il n'était pas question qu'ils affrontent à deux équipés de machettes et d'un seul fusil une bande armée jusqu'aux dents, d'autant qu'il n'était pas du tout en état de se battre. Et il allait leur falloir faire leur possible pour atteindre un autre site avant qu'il fasse nuit.

L’explication sur les produit toxique fit lever u sourcil surpris à Nadja. Fallait-il être particulièrement stupide, ou cupide, pour faire une chose pareille. Mais elle avait suffisamment vu d’exemple de la stupidité individuelle des terriens pour ne pas s’en étonner plus que ça. C’était presque un miracle qu’ils ne se soient pas fait déjà exploser.

Mais ca n’était peut être que partie remise vu le contexte international actuel.

Elle étudia la carte avec Zander et se retint de soupirer. Deux heures de marche en plus, elle s’en serait bien passé. Finalement, elle tapota sur un des points, le plus éloigné.

« - Je préfère mettre le plus de distance entre eux et nous. Je sais que c’est loin et que t’est épuisé mais comme ces types ne nous offrirons sans doute pas le dîner et le couvert, je te propose de jouer la prudence. Tu peux nous y emmener ? »

Ils se remirent en route prudemment, passant largement au large du camps. Avec un peu de chance, ils ne ferait pas de mauvaises rencontres et arriveraient simplement épuisé à leur nouvelle étape. Mais la chance n’avait jamais été leur spécialité. Au détour d’un arbre ils tombèrent sur le spectacle désolant d’un des chercheur d’or en tria de prendre du bon temps avec une des filles de joies du camps. Celle-ci serrait les dents du mieux qu’elle pouvait mais quand son regard croisa celui de Nadja, elle hoqueta de surprise un poussa un cri de détresse.

L’ex marine ne prit pas le temps de réfléchir. Deux pas lui suffirent pour couvrir la distance qui la séparait du couple. Elle saisit la tête du chercheur d’or et l’enfonça brutalement, à trois reprise contre le tronc de l’arbre sur lequel ils étaient appuyé. La trace de sang et la chair restante sur l’écorce ne laissait guère de doute sur l’état de l’homme mais ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Elle posa la main sur la bouche de la jeune fille et posa son index sur sa bouche pour l’empercher de hurler, même si elle paraissait bien trop effrayée pour le faire.

« - Désolée, dit-elle à Zander sans se retourner. Elle nous avait vu de toute façon. Si on la laisse retourner au camps, elle va donner l’alerte dans la minute. »

Mais avait-elle seulement l’intention d’y retourner ?

Zander grimaça puis soupira, résigné.

« Oui, je peux nous y emmener. Je préfère aussi être loin d'eux, plutôt que d'avoir à me battre. Je n'en suis pas capable. Et deux heures de marche, ça va être dur, mais je vais y arriver... Il faudra prévenir les autorités de leur présence à notre arrivée. J'espère juste qu'il fera toujours jour quand il faudra traverser la rivière. » fit-il en se relevant et en revenant sur leurs pas pour éviter le camp.

Ils devaient au moins retourner jusqu'à l'embranchement avec le sentier. Ensuite, ils continueraient dans la forêt et ne longeraient ainsi plus directement la rivière, ce qui les mettrait à l'abri. Les orpailleurs n'avaient aucune raison de s'éloigner autant de leur camp.

Au détour d'un arbre, il tomba sur un spectacle qui le fit se figer net. Mais ce ne fut pas le cas de Nadja qui réagit au quart de tour au cri de la jeune femme… Son intervention fut brutale et le résultat n'était pas beau à voir du tout.

Il vérifia le pouls de l'homme par acquis de conscience, ce qui confirma ce qu'il soupçonnait déjà. Elle n'y était pas allée de main morte, mais il ne savait pas trop s'il devait la blâmer ou non. Il leur faudrait en discuter plus tard. Dans tous les cas, il n'était pas du tout ravi par la tournure que prenaient les événements.

« Je sais. Et tu veux qu'on en fasse quoi au juste ? Qu'on l'emmène avec nous ? Elle n'est pas vraiment en tenue pour une randonnée en pleine nature. Et les autres finiront par s'apercevoir de leur absence à tous les deux et viendront voir où ils sont passés. Et dès qu'ils trouveront le cadavre, ils se mettront à notre recherche. À moins qu'ils pensent que c'est elle qui a fait ça et qu'ils décident de laisser la nature se charger d'elle... » lui demanda-t-il en passant à la jeune femme qui était terrorisée. Cela restait plausible, mais si peu probable.

Il n'était pas certain qu'elle les comprenait, donc il continua à communiquer avec des gestes. Il fouilla dans son sac et chercha son brassard d'infirmier qu'il sortit pour lui montrer. Il savait qu'il s'agissait d'un symbole universel sur Terre.

« Est-ce que vous nous comprenez ? Moi, c'est Zander, fit-il en se désignant. Et voici Nadja en indiquant l'ex-marine. Et vous êtes ? » en la montrant du doigt et en l'examinant rapidement, sans voir de blessure visible. Si elle avait mal quelque part, il espérait qu'elle le lui dirait d'une manière ou d'autre, pour leur intérêt à tous.

« Je crois que notre situation justifie qu'on fasse appelle à la cavalerie, non ? Et on ne peut pas rester ici. Il faut qu'on mette le plus de distance entre eux et nous ou alors qu'on trouve un endroit où nous planquer. L'idéal serait qu'on traverse la rivière comme prévu. Espérons qu'ils n'auront pas trop envie de nous poursuivre une fois la nuit tombée. La pluie pourrait aussi jouer en notre faveur en effaçant nos traces... » suggéra-t-il à Nadja. C'était plus son domaine que le sien après tout et il lui semblait logique qu'elle prenne les décisions finales.

Il n'y croyait pas trop, mais cela n'en restait pas moins que c'était possible. Cela dit, ils allaient devoir faire une pause à un moment ou un autre. Il ne tiendrait pas indéfiniment. Il avait déjà du mal à mettre un pied devant l'autre. L'adrénaline allait l'aider un peu, mais il allait avoir besoin de se reposer un minimum, de manger et de remplir ses gourdes dont l'une était vide tandis que l'autre l'était à moitié.

Il regarda le cadavre et soupira. Ce qu'il s'apprêtait à faire n'était pas très reluisant, mais il avait appris que pour survivre, tous les moyens étaient bons. Il se baissa pour décrocher la gourde de la ceinture du mort. Lui n'en n'aurait plus besoin, mais leur invitée, s'ils l'emmenaient, oui. Et il y avait probablement deux ou trois autres choses récupérables...

« - Je vois bien qu’elle n’est pas en tenue. Si t’as une autre solution, je prends. »

Comme le prédateur qu’elle était au fond d’elle-même, Nadja observait les environs à la recherche d’autres ennemis potentiel. Quelque part, une petite voix lui disait qu’elle n’aurait pas dû réagir aussi viscéralement et violemment. Il lui faudrait y réfléchir plus tard. Pour l’instant, leur survie seule importait.
La jeune femme hocha doucement la tête quand il s’adressa à elle.

« - Elisangela. Je parle un peu votre langue. Non, je veux pas retourner la bas. Je peux marcher, je retarderai pas vous. »

Sa voix tremblait et elle était clairement terrifiée par Nadja. En l’observant de plus près, Zander put voir de nombreuses marques due à des mauvais traitements : Malnutritions, coups et traces de piqures… Pas étonnant qu’elle préfère tenter sa chance avec deux inconnus.

Nadja hocha la tête quand il parla de cavalerie. Oui il était temps. L’information circulerait sans doute vers l’armée française qui lancerai un raid dans les jours prochain. Ce genre de camps apparaissait et disparaissait régulièrement dans la jungle et si personne ne pleurait les trafiquants qui ne se rendaient pas, il en venait toujours de nouveaux.

L’ex marine haussa un sourcil surpris en voyant Zander prendre l’eau du mort avant de passer la main dans sa poche. Il n’y découvrit pas grand-chose, sinon une petite fiole emplie d’une poudre dorée, sa journée de travail sans doute, ainsi qu’une alliance usée et de la viande séchée.

De son coté, elle récupéra un fusil AK47 posé conter un arbre. L’arme était en mauvais état mais avait néanmoins plus de punch que son fusil de chasse.

« - Faut y aller ! Miss, si vous pouvez plus marcher, dites-le-moi, je vous porterai. Zander passe devant pour guider, je fermerai la marche. »

Elle lui tendit son fusil sans un mot de plus et les laissa se mettre en route avant de les suivre, sur le qui-vive. Ils purent mettre un kilomètre de distance entre eux et le camp avant que l’alerte soit donnée. La rivière n’était plus très loin mais elle ne les protégerait guère si les orpailleurs trouvaient leurs traces.

Zander haussa les épaules en réponse au regard de Nadja alors qu'il faisait les poches du mort. Ils pourraient toujours parler de ça aussi, mais plus tard.

« Il n'en aura plus besoin, elle oui. » fit-il simplement en guise d'explication en donnant la gourde, la viande, le chapeau et la machette du mort à la jeune femme. Il ramassa également un bâton qu'il lui donna. S'il le fallait, lui et Nadja pourraient certainement lui prêter des vêtements plus adéquats.

« Si vous voyez autre chose qui peut vous être utile, n'hésitez pas. Il s'agit maintenant pour vous de survivre et tous les moyens sont bons pour ça. J'imagine que vous connaissez les règles de base pour vous déplacer dans la jungle ? »

Il sortit le téléphone satellite de son sac et composa le numéro d'urgence. Il informa la personne au bout du fil de leur situation et de leur besoin d'être évacué au plus vite. Sans surprise, il apprit qu'un orage se situait au-dessus d'eux et que la nuit rendrait leur évacuation impossible au moins jusqu'au lendemain matin.

Lorsque l'opérateur lui communiqua des coordonnées pour le point d'extraction, il reprit sa carte pour établir un nouvel itinéraire. Vu que la vitesse était devenue plus importante que la discrétion, il allait opter pour le trajet le plus direct. Il leur faudrait pas moins de cinq heures pour rejoindre l'endroit, ce qui lui confirma discrètement Stella via son implant. Elle lui demanda s'il voulait qu'elle les guide et garde un oeil sur les autres orpailleurs, ce qu'il approuva. Il raccrocha non sans avoir remercier la personne au bout du fil qui lui donna pour instruction de les informer régulièrement sur leur situation et leur progression.

Il prit le fusil, dubitatif. Il était bien plus à l'aise avec les armes de poing, mais mieux valait ça que ses poings ou la machette. Il ouvrit la marche et s'engagea sur la première sente qu'il trouva et qui allait dans la bonne direction.

Il leur fallut une trentaine de minutes pour atteindre la rivière, mais ils durent faire plusieurs centaines de mètres avant de trouver un gué pour pouvoir la franchir. Ils n'aurent pas besoin de nager, mais se retrouvèrent néanmoins avec de l'eau jusqu'à la taille. À peine de l'autre côté, il se mit à pleuvoir. Pas une de ces nombreuses averses habituelles dans la région, mais un déluge accompagné de tonnerre et d'éclairs. Il avait aussi remarqué des marques caractéristiques sur les berges qui indiquait que le niveau de la rivière pouvait être bien plus élevé qu'il ne l'était. Avec un peu de chance, la pluie effacerait leurs traces et rendrait le cours d'eau temporairement infranchissable, ce qui compliquerait nettement la vie des orpailleurs.

La luminosité continuait de baisser, les ralentissant considérablement, de même que la pluie. Après avoir manqué de tomber une troisième fois, car il ne voyait plus où il mettait les pieds, il alla voir Nadja.

« Nous arrivons bientôt au site de campement. Je suggère qu'on y fasse une pause, qu'on mange, qu'on fasse le plein d'eau et qu'on se repose un peu si possible jusqu'à ce qu'on voit quelque chose. On ne peut pas continuer à avancer comme ça alors qu'il fait noir et que les lampes risqueraient de révéler notre position. »

Il ne le dit pas, mais il ne tenait plus debout et il ne serait pas capable de soutenir le rythme, ou même d'avancer encore longtemps, raison pour laquelle il s'appuyait lourdement sur son bâton.

« Stella m'avertira de la progression des orpailleurs. Elle me guide depuis un moment d'ailleurs. Nous n'avons pas de soucis à nous faire dans l'immédiat. » lui dit-il à sa seule intention.

Il continuait cependant à donner le change en consultant carte et boussole, sinon cela aurait pu donné lieu à des questions embarrassantes.

L’adrénaline et l’entrainement d’une vie maintenaient Nadja alerte. Leurs poursuivants restaient pour l’instant loin derrière mais ils connaissaient la jungle bien mieux qu’eux et les rattraperaient vite s’ils ne mettaient pas un maximum de distance entre eux rapidement.

Elle n’aurait néanmoins pas pu tenir le rythme très longtemps quand Zander vint lui proposer de faire une pause.

« - Je suis d’accord. On y voit plus assez pour avancer. Si on se casse une patte dans cette gadoue, ça n’avancera pas à grand-chose. »

Vu les aléas climatiques, il était à présent peu probable qu’ils soient rattrapés dans la nuit. Mais ils devaient rester prudent néanmoins.

« Occupez de vous de la bâche pour nous protéger de la pluie. Ce n’est pas le moment d’attraper la mort. On verra ensuite pour les hamacs. De toute façon, demain, on les laisse sur place. Je préfère qu’on voyage léger. »

Ca ne ferait de toute façon pas un gros trous dans les finances du SDT. Pendant qu’ils installaient de quoi se mettre un minimum au sec, elle fit le tour de la zone pour s’assurer que tout allait bien.

« - Il va falloir manger froid par contre. Tenez Miss, prenez ça. »

Elle lui tendit son carton du soir en y piochant simplement les crakers. Avec une ou deux barres de céréales qu’elle avaient emportées en plus, ça lui ferait un repas largement suffisant et la pauvre fille en avait bien plus besoin qu’elle.

« - Essayez de vous reposer, tous les deux. Je vais veiller un peu. Stella nous préviendra enc as de soucis de toute façon.
- Qui est Stella ? demanda Elisangela en regardant autour d’elle.
- Notre ange gardien. »

Elle s’installa à l’abris de la bâche et se mit en devoir de nettoyer l’arme qu’elle avait « emprunté » au chercheur d’or. Plus par habitude que par soucis de réelle efficacité. On ne se refait pas.

Quand Zander évoqua un éventuel remboursement, Nadja ne put s’empêcher de glousser.

« - Bah je reviendrais les chercher du coup… avec Emy. »

Après le repas, Zander insista pour la relayer au milieu de la nuit. Elle protesta pour la forme tout en sachant qu’il avait raison avant d’accepter. De toute façon, demain soir, ils dormiraient dans leur lit.
Elisangela approuva quand Zander parla des orpailleurs.
« - Oui, ils vont partir. Même s’ils nous rattrapent et nous tuent, ils partiront. Le camp peut être démonté en quelques heures et un nouvel emplacement doit déjà avoir été reconnu. »

Elle commençait à l’agacer à lorgner dans la direction de son mari, celle-là. Heureusement, tous le monde alla se coucher rapidement et Nadja put ravaler sa jalousie sans doute mal placer.

Les heures s’écoulèrent lentement quand tout le monde fut endormi. Régulièrement, elle faisait des rondes, tout autant pour s’assurer que rien ne se glissait dans le périmètre que pour rester éveillée. Pourtant, quand le pilote la rejoignit, elle se rendit compte qu’elle avait finit par céder au sommeil.

« - Je vais y aller grogna-t-elle. »

Pourtant elle ne bougea pas et finit par appuyer sa tête sur son épaule. Un instant plus tard, elle soupirait et s’endormait profondément.

Un mouvement la réveilla brutalement. Le soleil se levait à peine et elle avait l’impression d’avoir dormis à peine quelques minutes. Les orpailleurs s’approchaient de la rivière, il fallait lever le camp le plus vite possible

Un instant plus tard elle était debout et réveillait leur invité.

« - Pas le temps pour un petit dej. Le point d’extraction n’est pas très loin, on fonce. »

Dire que sans elle, il aurait suffi de se téléporter. La, il leur fallait une clairière suffisamment grande pour qu’une hélicoptère puisse les récupérer. Et ca allait faire un barouf d’enfer.

Ils se remirent donc en route, avançant d’un bon pas malgré plusieurs maladresses de Zander. Nadja avait déjà remarqué ces hésitations hier soir mais n’avait pas relevée. Ce matin, c’était d’autant plus visible et ça l’inquiétait sérieusement. Ça n’était vraiment pas le moment d’être malade ! D’autant qu’une banale grippe terrestre pouvait avoir de fortes conséquences sur lui, avec sa physiologie d’extraterrestre.

Avec sa position à l’arrière, elle ne pouvait pas l’aider comme elle l’aurait voulue. D’autant qu’elle était quasi sûre d’entendre des bruits derrière eux. Mais c’était peut-être son imagination…

Trente minutes plus tard, un hélicoptère passait non loin d’eux. La cavalerie était en chemin et leur poursuivant allaient laisser tomber à moins d’être totalement stupide et suicidaire.

Ce qu’ils étaient probablement vu qu’une salve la fit se jeter à terre quelques minutes plus tard. Une voix parlant dans une langue qu’elle ne connaissait pas leur ordonna quelque chose.

« - C’est Milo, le frère de celui que vous avez tué hier. Il dit qu’il nous laissera pas partir vivant.
- Super, on avait bien besoin de ça...  Dites-lui que s’il veut pas que ca mère enterre ses deux enfants il vaut mieux qu’il laisse tomber. »

Des cris et une déferlante de balle accueillit la traduction. Le gars ne devait pas avoir l’habitude qu’on lui dise non. Pour faire bonne mesure, Nadja envoya une rafale à son tour.

« - Bon, il commence à m’agacer celui-là. Zander, Stella peux me dire exactement ou il est ? Des que je commencerai à tirer, vous foncez !"

Avec une localisation précise, elle pourrait les couvrir efficacement et avec un peu de chance placer un coup au but.

Zander parvenait à conserver un bon rythme de progression, mais pas aussi rapide qu'il l'aurait voulu. L'aide de Stella pour les guider et conserver la cadence s'avérait précieuse et le soulageait grandement. Cependant, il sentait la fatigue le rattraper. Il fallait dire que la chaleur sapait ses forces depuis leur arrivée, qu'il dormait mal et qu'il n'avait pas avaler un repas digne de ce nom depuis le premier soir, faute d'appétit, alors que cela aurait dû être l'inverse à cause de l'effort fourni. Mais c'était la première fois qu'il affrontait un tel environnement.

Il entendit passer l'hélicoptère et aurait poussé un soupir de soulagement s'il l'avait pu. Il savait cependant qu'il ne pouvait pas se relâcher, leurs poursuivants étant sur leurs talons et gagnaient petit à petit du terrain, comme l'en informait régulièrement Stella, sans qu'il puisse y faire quoi que ce soit, faute de pouvoir accélérer.

Il se jeta à terre en entendant l'avertissement de son IA qui précéda les balles, mais il réagit presque trop tard. Il resta étendu quelques secondes avant d'attraper le téléphone et appela son contact pour les avertir qu'ils étaient attaqué. Une minute plus tard, il raccrochait.

Il entendit vaguement l'échange entre les deux camps et l'échange de coups de feu. Il rampa ensuite pour rejoindre son épouse et lui communiquer les informations qu'il avait.

« L'hélico a trouvé une zone où larguer les hommes à un kilomètre au nord-est de notre position. Lui ne pouvait pas se poser, alors il a continué son chemin et nous attendra au point d'extraction prévu. Il faut juste qu'on rejoigne les renforts... » dit-il avant d'écouter Stella qui lui donnait les informations que l'ex-marine demandait.

« Y en a un à 103 mètres, à 11 heures. Deux autres essaient de nous prendre à revers de chaque côté, respectivement à 10 heures, distance 87 mètres, et 2 heures à 100 mètres. Ils se sont arrêtés à ta dernière salve. » lui annonça-t-il doucement.

Il interrogea Elisa du regard pour voir si elle avait compris et celle-ci hocha la tête, l'air terrorisé, auquel il répondit par un petit sourire rassurant, attendant que Nadja fasse feu pour bouger.

Les renforts arrivaient, tant mieux. Une chose que Nadja n’avait dit à personne, c’est que si elle avait récupéré le fusil d’assaut de sa victime, elle n’avait qu’un seul chargeur. Le sélecteur de tir était positionné sur rafale courtes, ce qui lui donnait une bien meilleure précision mais n’était pas l’ideal pour faire de la couverture.
Quand Stella leur donna les coordonnées de leurs assaillants, elle se redressa et envoya une rafale dans la direction indiquée.

« - Go, go, go ! »

Son second tir fut accueilli par un cri de douleur. Elle ne pouvait pas le savoir mais un de ces projectiles venait de faire sauter deux doigts d’un de leur poursuivant, un gamin influençable de même pas vingt an dont c’était le premier séjour dans la jungle.
Un bruit sourd derrière elle la fit se retourner. Zander venait de s’effondrer et semblait complétement groggy.

« - Il a une crise de dingue, expliqua Elisa.
- Vous expliquerez ça au docteur. Soutenez-le et foncez ! »

Non ça n’était vraiment le moment. Elle se redressa à nouveau pour arroser devant elle mais cette fois ses adversaire s’y attendait et une pluie de balle l’accueillit. Une tornade d’écorce arrachée la fit reculer précipitamment.

Zander et Elisa avait pu s’éloigner un peu mais furent pris pour cible par l’un de ceux qui tentait de les contourner. Nadja tira au jugé une fois, deux. La culasse claqua à vide. Il ne restait plus que le fusil de chasse et le peu de balles qu’il contenait. Tout ça sentait vraiment mauvais !

Zander attendit calmement le signal de Nadja. Quand celle-ci le donna, il s'élança sans hésiter. Ou du moins ce fut le cas pendant quelques mètres... Il s'effondra soudain, son corps refusant tout simplement de lui répondre. Il se recroquevilla sous l'effet d'une douleur généralisée. Impossible de bouger. Il avait soudain la sensation qu'il venait de finir une séance de sport intense d'Ethan. Ses muscles, et même ses articulations, le faisaient atrocement souffrir et son mal de tête qui revenait à la charge.

Il entendit un échange verbal et sentit quelqu'un le tirer pour le relever et l'entraîner vers il ne savait où. Il se contenta de mettre un pied devant l'autre au rythme qu'il pouvait jusqu'à ce qu'il n'en puisse tout simplement plus après ce qui lui parut une éternité. Il s'effondra à nouveau, mais quelqu'un le rattrapa et l'obligea à continuer.

« - Continuez à avancer, Hayes. Un pied après l'autre. Parfait. Ross, j'ai un client pour vous !
- Je m'en charge. »

Il avait conscience des mouvements autour de lui et entendit des coups de feu puis des cris un peu plus loin sans savoir ce qu'il se passait tandis qu'on l'élougnait des lieux en le portant à moitié. Certaines voix lui semblaient familières, mais il n'arrivait pas à les identifier pour l'instant. Ils finirent par s'arrêter et il n'eut qu'une envie, se rouler en boule par terre, mais là encore, on l'en empêcha le laissant simplement s'asseoir. Il ne s'était pas senti aussi depuis un moment.

« Hayes ? Vous m'entendez ? Ouvrez les yeux deux secondes, s'il vous plaît. Voilà… J'ai besoin de vous examiner rapidement. Allez, laissez-vous faire… dit Ross tout en prenant son pouls et en l'examinant. Depuis combien de temps est-il comme ça ? » demanda-t-il autour de lui. La jeune fille lui donna son opinion et ne devait pas se tromper, mais seule une prise de sang confirmait quel virus l'avait réellement infecté.

Le pilote n'avait pas envie de bouger et ne résista même pas, complètement léthargique. Il essaya juste de chasser la lumière qu'on lui braqua dans les yeux et grogna quand l'infirmier lui palpa l'abdomen. Il n'avait pas réalisé qu'il avait aussi mal là, mais l'auscultation déclencha une violente vague de nausées et le fit vomir.

« - Colonel ! J'ai besoin d'une évacuation médicale. Il faut qu'il aille l'hôpital le plus rapidement possible.
- Les locaux ne vont pas apprécier. Déjà qu'ils n'ont pas aimé qu'on vienne les chercher nous-mêmes.
- Vous n'avez qu'à leur dire que nous avons une suspicion de dengue avec symptômes d'alerte multiples… Plus de 40° de fièvre, maux de tête, douleurs musculaires et articulaires, douleurs abdominales, nausées et vomissements, le tout apparu brusquement. Et je ne peux pas dire que ses constantes vitales m'enchantent. Tous les symptômes classiques et on ne sait pas comment ça va évoluer chez lui, expliqua Ross avec un sous-entendu difficile à manquer.
- Il est en état de marcher jusqu'à la zone ?
- J'en doute, mais comme l'hélico ne viendra pas jusqu'à nous… Honnêtement, si je pouvais le renvoyer à CS ou sur sa base sur-le-champ pour qu'il soit pris en charge selon les protocoles prévus, je le ferai.
- Je vois.
- Si les locaux insistent, on peut faire une escale le temps de débarquer la fille. Ils pourront vérifier par eux-mêmes qu'on ne les baratine pas et qu'on a vraiment un gars à évacuer, mais après mieux vaudrait l'emmener dans l'une de nos installations pour qu'on s'occupe de lui comme il se doit. »

Le colonel Flanigan hocha la tête, ayant parfaitement compris ce que ne disait pas son infirmier. Tous les deux connaissaient le pilote pour avoir travaillé sur le JPS et participer à un exercice sur le terrain avec lui. Ils savaient qu'un protocole spécifique de prise en charge existait en raison de ses origines un peu particulières, qui requéraient des précautions supplémentaires et un suivi beaucoup plus serré. Mais impossible de les faire appliquer dans un hôpital civil local sans fournir d'explication et avec le risque que quelqu'un découvre le pot-aux-roses si jamais leur malade réagissait différemment.

Nadja regarda Elisa et Zander s’éloigner, clopin-clopant. Au moins plus personne ne leur tirait dessus. Elle avait fait son boulot. Mais sa situation personnelle était préoccupante. Et mourir entre les mains de chercheur d’or serait vraiment une fin de carrière ridicule après avoir survécu a tellement de menaces.

Autant ne pas mourir du tout en fait !

Elle se faufila d’arbre en arbre en se dirigeant dans la direction supposée de celui qui avait tenté de les contourner. Une rafale dans sa direction la força à s’immobiliser derrière un tronc épais. La discrétion n’était décidément pas son fort. Normal quand on a passé la moitié de sa vie à combattre dans une armure.

Par chance, ce type visait comme un pied, sinon elle n’aurait pas eu une seule chance. Elle se rapprocha encore un peu et entendit soudain le son caractéristique d’un percuteur frappant une chambre vide. Pile ce quelle espérait. L’ex marine s’élança à toutes jambes dans la direction du tireur. Il ne devait être qu’à une cinquantaine de mètres et elle n’eut que quinze à parcourir avant de voir sa cible en train de se débattre avec son arme. Sans la moindre hésitation elle mit un genoux à terre, épaula et lui logea une balle dans le crane.

Plus qu’un !

Elle n’eut pas à s’en inquiéter longtemps. Une demi douzaine de rafales de P90, suivit de quelques grenades pour faire bonne mesure nettoyer la position du dernier assaillant.

« - Lieutenant Cook, ici Flanigan. Je pense qu’il a son compte.
- J’arrive mon colonel ! »

La cavalerie était enfin arrivée. Elle revint vers les soldat et salua le chef de bataillon qui était venu à la rescousse. UN colonel rien que pour eux, le JPS n’avait pas lésiné sur les moyens.

« - Merci d’être arrivé si vite, monsieur. Comment va Zander ?
- Pas bien, nous l’évacuons vers un hôpital en attendant mieux. Allez le rejoindre mais il me faudra un rapport demain sans faute.
- Vous l’aurez, mon colonel. »

Au pas de courses, elle fut guidé vers la civière ou avait été déposé son mari. Il était blanc comme un linge et à moitié conscient seulement. A ses coté, Elisa se faisait la plus petite possible en espérant ne pas être laissé derrière.

« - On vous emmène, miss. Vous inquiétez pas. »

Rapidement, ils purent rejoindre le MH64 et décoller pour survoler la jungle qui ressemblait, vu de haut à un immense champ de persil.

Zander ouvrit les yeux en sentant une piqûre d'aiguille, se demandant un instant où il se trouvait avant de reconnaître le son caractéristique d'un moteur de l'hélicoptère. Son esprit tournait au ralenti, il se sentait groggy et mourait de chaud. En tournant la tête, il vit Ross d'un côté en train de fixer la perfusion et Nadja, l'air inquiet, de l'autre.

« La prochaine fois qu'on veut partir en randonnée, on choisit la destination et on n'écoute personne… Est-ce que tu as eu les méchants au moins ? » fit-il tandis que l'appareil s'apprêtait à décoller.

« Tenez-vous tranquille, Hayes. » fit l'infirmier en le faisant se rallonger quand il voulut se redresser, ce qui n'était pas très difficile dans son état de faiblesse. Il grimaça lorsque son corps protesta de douleur contre ce petit effort.

« - Vous allez passer un sale quart dans les jours à venir. Vous vous rappelez du briefing médical que vous avez suivi avant le départ et des maladies abordées ?
- Grippe tropicale ? fit-il après avoir réfléchi trente bonnes secondes.
- C'est ça.
- Moi qui croyais que c'était juste le climat et le manque de sommeil… »

Ross lui fit un sourire qui se voulait probablement rassurant tout en posant les appareils de surveillance médicaux. Zander resta silencieux, sombrant dans un état de demi-conscience, jusqu'à l'arrivée à l'hôpital. La communication avec le personnel était difficile, faute de parler la langue et nécessitait la présence permanente d'un interprète. Mais à part leur expliquer, à Nadja et à lui, qu'il n'y avait rien à faire à part attendre que ça passe, il n'appris rien de nouveau. Les analyses confirmèrent qu'il souffrait bien de la dengue, probablement contractée le jour de leur arrivée sur place. Il semblait y réagir de manière particulière violente, comme souvent lorsqu'il attrapait des maladies extraterrestres, et qu'il devait par conséquent être surveillé en permanence jusqu'à son rétablissement qui pourrait prendre jusqu'à une semaine.

Les jours suivants restèrent flous. Il savait qu'il était à l'hôpital, qu'il avait parlé aux autorités locales et qu'un médecin du SDT était venu puis reparti avant qu'ils obtiennent l'autorisation de le rapatrier à Colorado Springs où il fut placé en soins intensifs sous étroite surveillance en raison de sa très forte fièvre qui flirtait avec les 41°. Il était incapable de manger quoi que ce soit et passait le plus clair de son temps à dormir. Pour arranger les choses, il ne réagissait pas au seul médicament prescrit destiné à soulager la fièvre et les douleurs. Dans un moment de lucidité, il suggéra d'utiliser des médicaments hébridiens prévus à cet effet et qu'il avait à bord de Stella ou de contacter sa planète qui serait à même de les aider ou même de leur envoyer un spécialiste, mais il fut largement ignoré et les médecins lui opposèrent une fin de non-recevoir. La Terre, jalouse de ses prérogatives, tenait mordicus à ses procédures et protocoles médicaux...

Au troisième jour, il y eu une amélioration, mais les médecins restèrent très vigilants, et avec raison, pendant cette phase critique. Son état se dégrada à nouveau très fortement au point que l'équipe médical décida de le transférer en réanimation par mesure de précaution. Il fallut trois jours pour qu'il sorte de cette deuxième phase et encore huit jours de surveillance avant qu'il soit autorisé à retourner chez lui pour finir de récupérer, ce qui lui prit deux semaines supplémentaires, le tout agrémenté de visites médicales de contrôle.

La morale de cette aventure fut que non, la jungle n'était vraiment pas pour lui.