Dans la jungle, terrible jungle...

[16 janvier 2019]

Nadja et Zander avait demandé à participer à une activité bien particulière ouverte aux militaires et autres personnels du SDT effectuant des missions sur le terrain : effectuer une randonnée de quelques jours sur Terre. Enfin, c'était ainsi que quelqu'un le leur avait présenté et cela paraissait simple de prime abord. Sauf qu'en réalité, il s'agissait d'un stage militaire de survie. Pas vraiment la même chose. Et pas n'importe où, dans la jungle en Guyane. Le genre de climat que Zander détestait par-dessus tout. Mais lorsqu'ils avaient appris cela, il était trop tard pour reculer. Le moins que l'on puisse dire,c'est que cela les changerait des vacances de luxe dont ils avaient l'habitude.

Le briefing d'une journée qu'ils avaient suivi la veille pour leur expliquer les spécificités de cet environnement particulier lui avait donné envie de faire demi-tour. Tout y semblait hostile, à commencer par les conditions climatiques. Et cela ne faisait que confirmer ce qu'il avait entendu lors de la formation médical spéciale qu'il avait suivi quelques jours auparavant concernant les problèmes de santé les plus courants auxquels il pouvait s'attendre en temps qu'infirmier militaire.

La soi-disant randonnée se déroulait sur trois jours. Leur objectif, très simple, était de se rendre d'un point A à un point B. Pour les besoins de l'exercice, ils n'avaient droit qu'à une carte et une boussole. Cela ne lui posait pas spécialement de problème, l'environnement oui. Niveau matériel, tout le nécessaire pour survivre dans cet environnement leur était fourni par l'armée, tout comme les rations de nourriture. Il avait été autorisé à rajouter un kit médical en raison de sa fonction. Ils seraient certes livrés à eux-même, mais leur progression serait suivie via une balise GPS et ils auraient une radio à n'utiliser qu'en cas d'urgence.

« Rappelle-moi d'étriper celui qui nous a dit qu'il s'agissait d'une simple randonnée quand on rentrera… » marmonna-t-il à l'intention de Nadja tandis que l'hélicoptère qui les avaient déposés à leur point de départ s'éloignait tout en observant les lieux autour de lui. Il rajusta son chapeau et son sac à dos avant de pester contre la chaleur, l'humidité et la mauvaise, et courte, nuit qu'il avait passée.


[HRP: Petit lien vers la musique qui va bien : Pow woW - Le Lion est mort ce soir

Dernière édition par Zander Hayes le Dim 31 Mar 2019 - 22:03, édité 2 fois

Mais qu’était-elle venu faire dans cette galère ?

Quand elle avait expliqué à qui voulait bien l’entendre que les vacances à nager dans le luxe ne lui réussissait pas, elle plaisantait à moitié. Mais il fallait croire que quelqu’un, son mari par exemple, l’avait suffisamment prise au sérieux pour qu’elle se retrouve déposée par hélicoptère au milieu de la jungle.

En treillis, un chapeau vissé sur la tête et des lunettes de soleil sur le nez, elle regardait le sous-bois avec un air mis mi-agacé mi-résigné. Elle l‘avait bien voulu après tout.

« - Promis. Mais ca sera peut être juste ca… Une promenade de santé au milieu de la nature. »

Elle n’en croyait pas un mot évidemment et elle s’était préparée en conséquence. Une machette pendait à son côté gauche et un fusil de chasse était fixé à son sac à dos. Celui-ci contenait, outre des rations, de l’eau et quelques médicaments d’urgences, un grand hamac doublé d’une moustiquaire, une toile cirée qui leur servirait de toit et deux lampes électrique dont une frontale.

«- Sale bête, lâcha-t-elle en chassant un moustique assez gros pour inquiéter un cheval. Viens la que je te passe du répulsif. Ces machins ont dû comprendre que nous étions de la chair fraiche. »

Le spray sentait particulièrement mauvais mais s’avéra efficace pour repousser les insectes. Une fois copieusement enduit, ils purent se mettre en route guidé par la boussole que tenait Zander. Autant que ca soit lui qui les guide, ils avaient moins de chance d’arriver au pole nord, comme ca.

Zander secoua la tête, dépité.

« Aucune chance... Rien que la météo fait que c'est impossible. Elle aura ma peau avant la fin. Ça ou toutes les bestioles charmantes qu'on trouve ici. C'est bien le dernier endroit que j'aurais choisis pour faire une randonnée si j'avais eu mon mot à dire. Moi je pensais plutôt randonnée sur des sentiers balisés dans un parc national en climat tempéré, avec nuit sous la tente ou en refuge. Mais certainement pas dans un enfer comme celui-là. Mais au moins, niveau absence de luxe, je pense que tu es servie... » répondit-il à Nadja.

Il pouvait s'accommoder du froid et de la chaleur, même si cela lui était plus difficile. Mais l'humidité faisait de cet endroit une horreur indicible et aggravait son malaise générale. Il grimaça quand elle l'aspergea de produit. Il ne supportait pas l'odeur de ce truc qui lui donnait la nausée au point de ne pas savoir ce qui était le pire entre ça ou se faire manger par les insectes.

« Je crois que je préfère encore servir de garde-manger aux insectes locaux que sentir ce produit. En plus, tous les prédateurs du coin doivent maintenant nous sentir à des kilomètres à la ronde… » maugréa-t-il.

Il sortit la carte et la boussole. Il aurait adorait faire ça si cela avait dans un milieu plus supportable. Cela faisait un bail qu'il ne s'était pas orienté avec des instruments aussi basiques. Il avait appris à s'en servir au cours de ses études et il s'en était toujours très bien sorti, peu importe le terrain, le moment de la journée ou la météo. Savoir se diriger au sol sans assistance électronique, ou même sans instrument tout court, et lire une carte faisait partie du b.a.-ba des explorateurs, et dans une moindre mesures, des astrogateurs et des pilotes.

« Je suggère qu'on se dirige vers une zone à proximité d'un point d'eau pour la nuit. Sinon nous n'irons pas bien loin pour la suite. Par exemple, ici. » fit-il un peu plus sérieusement en lui montrant un itinéraire sur la carte jusqu'à la zone qu'il avait choisie.

Il avait pris deux gourdes pleines, ce qui suffirait pour la journée, mais pas pour les 3 jours, pas avec ce climat en tout cas. Ils avaient des pastilles de purification de l'eau dans leurs affaires pour leur permettre de les remplir et les gourdes étaient en plus munis de filtres. Mais encore fallait-il avoir un point d'eau sous la main.

Quand elle approuva, il s'engagea dans le sous-bois au moment où une averse typique du coin se déclenchait.

« Génial ! C'est absolument parfait ! Il ne manquait vraiment plus que ça à mon bonheur ! Je hais cet endroit ! » lança-t-il, exaspéré, en enfilant son poncho et en se remettant à avancer.

En d’autres circonstances, Nadja se serait surement amusée de la mauvaise humeur de son mari. Mais elle devait bien admettre qu’il avait raison sur pas mal de points.

« - Je crois que j’ai vu un fleuve par la, un peu avant d’atterrir. Il doit être à quelques kilomètres à peine. Ça serait peut-être pas mal de le suivre le plus longtemps possible non ? »

Ça rallongerait un brin leur trajet, mais avec un peu de chance le rendrait un peu plus aisé. Ils n’eurent cependant que peu de temps pour discuter plus avant de leur trajet. Une pluie diluvienne s’abattit soudain sur eux. Ils coururent se mettre à l’abris sous les arbres. La canopée était à plusieurs mètres au-dessus d’eux et arrêtait une grande partie de la pluie.

« - Tu entends ça ? »

Autour d’eux, la jungle faisait un bruit d’enfer. Comme si des milliers d’animaux criaient, hurlaient, stridulaient en cœur. C’était particulièrement impressionnant et leur promettait une nuit pas vraiment réparatrice.

Il n’y avait pas de chemin à proprement parler et ils durent se frayer un chemin à coup de machette rapidement. Les arbres empêchaient les plus grandes pousses mais le moindre trou de lumière était exploité pour leur rendre la vie difficile.

A peine un kilomètre plus loin, ils étaient déjà en nage et essoufflée. L’humidité ambiante les empêchait de respirer correctement et la tête finissait par leur tourner sous l’effort.
A ce rythme, c’est la semaine qu’il leur faudrait pour arriver à bon port.

Zander avait souri en entendant l'indication vague de Nadja "par là", surtout qu'elle ne pointait pas vraiment le bonne direction, mais il n'eut pas le temps de dire grand-chose.

Le vacarme de la jungle était impressionnant. Il ne s'attendait pas à ce que ce soit aussi bruyant. Par comparaison, la forêt autour de chez lui sur Hébrida était silencieuse et on n'y entendait guère plus que les oiseaux et parfois, les cris d'autres animaux résidant dans les bois.

« Difficile de faire autrement. Les sons portent loin dans ce genre d'environnement. Je dois dire que je préfère la forêt du Dôme. Plus calme et plus agréable, à tous les points de vue... » fit-il en ressortant sa carte, protégée dans un étui spécial, et sa boussole.

« On disait donc le fleuve... Être à proximité de l'eau veut dire plus de suceurs de sang et des risques de croiser des animaux, possiblement des prédateurs. Et je suis pas sûr que les berges soient praticables. Personnellement, j'opterai plutôt pour une rivière un peu plus petite... ici. Elle se jette dans le fleuve. Cela nous placerait sur une trajectoire parallèle à celui-ci et nous permettrait de rester sous le couvert des arbres. Pour le bien que ça fait, de toute façon... » termina-t-il avant de se remettre en route.

La progression se révéla être un véritable calvaire. Pantelant et en nage, il s'adossa à un arbre après l'avoir examiné, se demandant s'il arriverait à aller jusqu'au bout de l'exercice.

« On n'est pas arrivés à ce rythme. Encore quatre kilomètres jusqu'à la rivière. Et je tiendrai jamais s'il faut couper toute la végétation jusqu'à notre objectif. » fit-il après avoir vérifié qu'ils allaient toujours dans la bonne direction.

Il but quelques gorgées d'eau et décida de prendre quelques minutes pour observer son environnement, se remémorant ses lointains cours d'exploration et ce qu'il avait appris au cours des derniers jours. Qui disait animaux disait sentiers. En trouver un faciliterait nettement leurs déplacements et pourrait les guider vers un point d'eau. Il faudrait juste qu'ils fassent attention à aller dans la bonne direction. C'était où résidait la difficulté. La canopée bloquait le ciel, empêchant de voir le soleil, point de repère le plus facile à voir pour n'importe qui. Il devrait donc régulièrement vérifier sa boussole, même si son sens de l'orientation était normalement bon.

« Regarde si tu arrives à repérer un sentier ou quelques chose de ressemblant. Les animaux ont tendance à suivre les mêmes chemins quand ils se déplacent, mais ils peuvent être difficiles à repérer. Ça nous évitera de trop nous épuiser avec les machettes. » lui expliqua-t-il.

Il ramassa ensuite un bâton, autant pour conserver l'équilibre qu'en tant qu'outil pour ouvrir la voie et déloger les bestioles logeant dans les buissons et autres arbustes qu'ils devaient traverser, histoire d'éviter qu'elles s'invitent sur lui pour lui faire coucou. Et ça pourrait également servir à les écarter de leur chemin en cas de nécessité.

Il rêvait aussi de remonter ses manches, mais il savait que c'était une mauvaise idée. D'abord, il se transformerait encore plus en buffet ambulant pour la plus grande joies des insectes, mais ensuite il finirait en plus rapidement recouvert d'égratignures et autres provoquées par l'épaisse végétation qu'ils franchissaient régulièrement. Et cela ferait très mauvais ménage avec la sueur, sans compter les risques d'infection...

Nadja étudia la carte et du reconnaitre que suivre une rivière paraissait une bonne idée. Moins de bestioles, plus d’arbre au-dessus d’eux… Que des avantages.
« - OK, faisons ça. Je vais nous tailler une route. , je te laisse guider. »
Volontaire, comme toujours, l’ex marine se heurta bientôt à la réalité du terrain. Il avait cessé de pleuvoir et une brume épaisse et humide montait du sol, rendant la respiration encore plus difficile.

« - Bordel, mais c’est quoi ce pays de fou, grogna-t-elle en s’adossant à un arbre. On est à peine parti et j’ai l’impression d’avoir courue sur dix kilomètres. Tu crois que c’est tricher si je téléporte Emy. »

L’eau fraiche lui fit du bien et elle grignota une barre de céréale pour retrouver un peu d’énergie.

« - Ok je vais essayer de te trouver ça. Et si on tombe sur une bestiole, on la transforme en diner ? Tu sais ce qu’il y a ici comme gibier ? »

Elle était à peu près sûre que les prédateurs genre tigre ou lion ou quoi que ce soit qu’il y est ici ne se mangeaient pas. Mais il devait bien y avoir autre chose, non ? En attendant elle se remit en route comme une marines, fixé sur son objectif, sans écouter la chaleur, l’humidité ou le nuage de moustiques autour d’eux.

Zander sourit quand Nadja suggéra de téléporter Emy dans la forêt.

« Ce sera de la triche, sans aucun doute. Et puis comment tu l'expliquerais d'abord ? Toute cette humidité ne risquerait pas de l'endommager ? Et perso, je pensais à une option encore plus radicale... carrément demander à Stella de nous téléporter pour nous sortir de cet enfer. Mais cela reviendrait à abandonner l'exercice. »

Ce n'était pourtant pas l'envie qui lui manquait de tout plaquer sur-le-champ pour retrouver le confort de son vaisseau. En fait, n'importe quel autre endroit dans un climat tempéré lui conviendrait. Cependant, il savait que si un jour il effectuait une mission dans un milieu tel que celui-là, il ne pourrait pas s'en sortir aussi facilement, alors mieux valait serrer les dents et aller jusqu'au bout. C'était une bonne occasion de s'entraîner en conditions réelles, ce qu'il avait rarement l'occasion de faire.

« Je crois qu'il faudrait mieux éviter de s'en prendre à la faune locale, à moins qu'elle ne nous attaque. Nous avons largement assez de rations pour ne pas avoir à chasser notre nourriture. En plus, c'est une dépense d'énergie inutile et du poids supplémentaire à transporter. » lui répondit-il.

Il la laisser explorer leurs environs immédiats quelques minutes tout en surveillant les alentours tandis qu'il restait immobile un peu plus longtemps pour s'imprégner, littéralement, de ce nouvel environnement. Il ramassa un deuxième bâton qu'il lui tendit.

« Tiens, utilise ça pour écarter les branches, lianes et autres végétaux et bestioles sur le chemin. Et évite de toucher quoi que ce soit. Il y a pas mal de plantes vénéneuses dans le coin et la moindre égratignure peut être mortelle. Alors si jamais tu te blesses, dis-le-moi tout de suite. » fit-il.

Ils réussirent à trouver une sente qui se dirigeait à peu près dans la bonne direction et s'y engagèrent. Cela facilita un peu leurs déplacements et ils s'efforcèrent autant que possible d'en emprunter. Cependant, cela rallongeait leur trajet et il lui fallait constamment s'assurer qu'ils se déplaçaient toujours. Ils aperçurent le fleuve à plusieurs reprises un peu plus loin ainsi que certains des habitants des lieux qui généralement détalait devant eux, mais pas tous, notamment les insectes, de toutes tailles, et les serpents.

Il finit par ne plus dire un mot, en dehors des indications lorsque cela s'avérait strictement nécessaire. Il devait se concentrer sur mettre un pied devant l'autre et sur respirer, même si cela s'apparentait à une véritable épreuve à chaque fois. L'exercice à grande échelle auquel il avait participé pour valider son diplôme d'infirmier militaire avait été l'une des épreuves physiques les plus difficiles qu'il avait faite. Il n'était tout simplement pas habitué à fournir autant d'efforts de manière prolongée et manquait donc d'endurance et de résistance, contrairement aux autres soldats. Il avait travaillé pour pallier ces points faibles et il était désormais en bien meilleure forme qu'à ce moment-là. Force était de constater qu'il se trompait lourdement, mais à son corps défendant, rien ne l'avait vraiment préparé à ce qu'il vivait maintenant… Ici, l'environnement jouait contre lui et sapait ses forces, transformant le moins geste, y compris inspirer, en calvaire. Il comprenait mieux pourquoi le nombre de kilomètres à parcourir en trois jours n'était pas si important.

Il leur fallut plusieurs heures pour atteindre leur destination, mais il leur resta encore à dénicher le bon endroit, pas trop proche du point d'eau, mais pas trop loin non plus, et à l'écart des sentiers animaliers. Il finit par se laisser tomber par terre, non sans avoir au préalable inspecter rapidement l'endroit, histoire de déloger les importuns.

« Stop, ça suffit, j'en peux plus. Je suis pas capable de faire un pas de plus... » dit-il en respirant laborieusement.

Nadja ne répondit pas. Elle savait bien qu’ils ne pouvaient pas tricher mais ça ne l’empêchait pas de proposer… juste au cas ou.

« - Tu dis ça parce que tu as jamais goutté les rations, s’amusa-t-elle. Enfin on verra bien. »

On lui avait expliqué que la plupart des animaux fuyaient l’homme la plupart du temps. Même ici, dans la jungle, l’humain restait le prédateur en haut de la chaîne alimentaire. Mais évidemment, certaines bestioles n’avaient pas eu le mémo et pouvaient s’y tromper. Le bâton que lui remit Zander fut le bienvenue et elle continua à tracer son chemin.

La route leur parut longue même s’ils ne parcoururent que quelques kilomètre. La jungle et l’atmosphère sapaient leur forces comme un vampire. Ses jambes étaient en feu alors qu’ils arrivaient à destination prés d’une petite rivière.

« - Je suis pas beaucoup mieux. Y a vraiment des gens qui vivent ici ? »

Elle essuya la sueur qui ruisselait de son front et se rapprocha du cours d’eau. Le courant était plus fort que à quoi elle s’attendait et la « petite » rivière faisait quasiment dix mètres de large. Des arbres étrange aux racines apparentes poussait littéralement dans l’eau.

Elle remplie une gourde vidée dans l’après midi et y glissa une pastille pour la purifier avant de revenir vers leur futur camp qu’il allait falloir installer. Il fallait tendre les hamacs, poser la bâche au dessus d’eux et allumer un feu de camps. La soirée ne faisait que commencer.

« C'est vrai. Mais ça ne peut pas être pire que les cubes protéinés sans goût hébridien, si ? » demanda-t-il quand elle lui fit remarquer qu'il n'avait jamais manger une ration terrienne.

*****

Zander n'avait plus la force de bouger. Il se sentait complètement vidé et tentait tant bien que mal de reprendre son souffle. Il était surpris qu'il en soit de même pour Nadja. Après tout, c'était une militaire endurcie et elle devait avoir l'habitude de ce genre d'exercice

« Ils ne vivent pas au milieu de la jungle sous rien ou presque, mais à la périphérie avec un minimum de confort moderne… » répondit-il.

Il allait lui aussi devoir se bouger pour aller remplir ses gourdes. Il aurait d'ailleurs aimé emmener son propre matériel, mais on lui avait fait clairement comprendre que seul le matériel terrien était autorisé, car il y avait du personnel extérieur au SDT et pas informé de son existence. Encore une fois, il était présenté comme un infirmier militaire, mais il savait que les États-Unis avaient rejeté sa demande de papiers officiels. D'ailleurs, ce pays refusait désormais de servir de pays d'accueil de complaisance, ce qui faisait s'arracher les cheveux des RH du SDT qui cherchait désormais un autre pays plus conciliant pour répondre à sa demande. Il se releva, récupéra son bâton puis se rendit au bord de l'eau pour se ravitailler, sans oublier de mettre les pastilles pour la désinfecter. Il lui faudrait cependant attendre un peu avant de pouvoir boire, le temps qu'elles fassent leur effet.

« Et maintenant, on fait quoi au juste ? Je n'ai jamais vraiment monter de camp avant et ça n'a jamais fait partie de mes formations… » dit-il, un fois de retour à leur campement.

Il savait monter une tente, bien sûr, et il pouvait aussi allumer un feu en cas d'absolue nécessité… avec le kit de survie à bord de Stella. Il l'aida à mettre en place le camp en suivant ses indications, ce qui ne manqua pas de l'achever. Mais malgré l'épuisement qu'il ressentait, il n'était pas vraiment pressé d'aller dormir dans le hamac.

Il tâcha ensuite de mettre la main sur du bois à peu près sec, ce qui relevait de l'exploit dans cette environnement saturé d'humidité.

« Pourquoi a-t-on besoin de feu au fait ? Il ne fait pas assez chaud comme ça ? Je doute qu'on arrive à faire sécher nos affaires avec le temps qu'il fait… »

Comme pour appuyer ses dire, un nouveau déluge se déversa. Il n'eut même pas la force de râler, ne serait-ce que pour la forme, et se contenta de se réfugier, résigné, sous leur abri de fortune que constituait la bâche. De toute façon, il aurait pu tout aussi bien rester sous l'eau, cela n'aurait pas changé grand-chose à la situation ou au fait qu'il était déjà trempé.

Tendre des hamacs n’est pas forcément difficile quand on a la pratique. Mais ni l’un ni l’autre n’avait jamais fait cela et il leur fallut du temps pour nouer efficacement les cordes sans les tendre trop ou trop peu pour que leur couchage soit confortable. Le premier essai leur valut d’ailleurs un fou rire nerveux lorsque Nadja voulu l’essayer. Le poids de l’ex marine fit pencher le hamac et son dos finit en contact avec le sol alors qu’elle essayait désespérément de s’extraire du pige du toile en jurant comme un charretier.

Finalement, la bâche au dessus de leur tête fut également installée ce qui les protégea de la pluie et ils purent se préparer à la suite.

« - Pour se réchauffer, aussi étrange que sa puisse paraître, et puis ça doit repousser pas mal de bestioles. »

Sauf les plus petites évidemment qui revinrent bien vite à la charge. Heureusement, leur moustiquaire était efficace, ce qui leur évita de se faire dévorer tout crus.

Démarrer le feu après la nouvelle averse s’avéra une tache longue et complexe mais finalement, des flammes s’élevèrent du petit foyer alors que le soleil se couchait, étonnement vite.

« - Tu crois qu’on va pouvoir dormir, s’inquiéta Nadja en écoutant le raffut de la foret qui ne faisait qu’augmenter. En tout cas, j’ai faim. »

Elle prit néanmoins le temps de se changer pour faire sécher ses vêtement sur un béton prés du feu avant de se mettre à dévorer son repas, tout en se balançant t

Installer les hamacs se révéla plus difficile qu'il ne l'avait cru. Placer ceux-ci à la bonne hauteur puis les fixer solidement avec les cordes de sorte que les nœuds ne se détachent pas ou qu'ils ne touchent pas le sol fut ardu et ils durent s'y reprendre à plusieurs fois. Mais une fois le tout installé, ils étaient plus ou moins à l'abri de la pluie et des insectes.

Il se changea aussi et fut content d'être à nouveau au sec, même si ce n'était que pour quelques minutes. Il réussit à tendre la corde qui lui restait sous la bâche près du feu et y étendit ses vêtements humides en espérant que le tout sécherait un minimum d'ici le lendemain.

Il trouvait étrange de devoir se réchauffer vu la chaleur qui régnait. Ce qui lui importait, c'était surtout de rester sec plus de trois minutes. Il haussa les épaules à sa question.

« Je ne suis pas certain d'arriver à fermer l’œil, à vrai dire. Trop de bruits inconnus, sans parler de toutes les bestioles de toutes tailles qui rôdent. D'ailleurs, comment on s'organise ? Est-ce que l'un de nous va monter la garde pendant que l'autre dort, ou du moins qu'il essaie ? » demanda-t-il.

Il prit une de ces rations au hasard et ouvrit le paquet. Il avait pioché les raviolis au bœuf. Il y avait aussi de quoi faire un thé, un biscuit, des crackers et du fromage à étaler ainsi que des condiments. Il suivit scrupuleusement les instructions inscrite pour utiliser le sachet destiné à réchauffer le plat et préparer le reste.

« Honnêtement, c'est bien meilleur que les rations hébridiennes ou que certaines choses que j'ai eu l'occasion de manger sur certaines planètes. C'est pas le repas de l'année, je te l'accorde, mais ça nourrit. C'est l'essentiel. » remarqua-t-il en mangeant debout sans appétit ou grand enthousiasme.

Il remballa ses déchets et remit le tout dans son sac avant de s'asseoir de son hamac, l'air morose.

Le repas de Nadja, une viande en sauce avec des spaghettis était lui aussi tout à fait acceptable. Il ne lui fallut pas longtemps pour engloutir son repas et lorgner sur une autre ration. Evidemment, ils n’en transportaient que le nombre exact et elle ne pouvait pas se permettre de se laisser aller. Mais son estomac ne semblait pas être d’accord avec ca.
La question sur d’éventuel tour de garde la fit réfléchir. Evidemment, Emy n’était pas là pour monter la garde et ils n’avaient pas non plus de détecteur de proximité. Qui de toute façon n’auraient servi à rien ici tellement la vie grouillaient tout autour d’eux.

« - On va avoir besoin de se reposer au maximum, vu la route qu’on va devoir abattre demain. Pourquoi on ferait pas un roulement pour réalimenter le feu toute les deux heures ? Je vais préparer assez de branches pour la nuit, histoire d’avoir juste à les déplacer. Oh, et oublie pas de laisser ton sac en hauteur sinon il restera plus grand-chose à l’intérieur demain. »

Joignant le geste à la parole, elle suspendit le sien à une branche et se mit en quête de bois sec. Voila quelque chose qu’elle aurait dû faire avant, la nuit n’aidait pas. Et le froid non plus. Elle frissonna en se rendant compte que la température avait dû baisser de dix degrés en moins d’une heure. Il devait faire toujours plus de vingt-cinq degré mais son corps n’avait pas eu le temps de s’adapter et n’appréciait pas la chute brutale.

Elle revint finalement au camp avec assez de bois pour la nuit et s’installa en face de Zander pour la nuit en lui prenant la main.

« - Allez, d’ici quelques jours, ça nous fera rire tout ça. Et on pourra dire qu’on l’a fait, sans tricher ni profiter de technologie non humaine. »

Enfin s’ils ne se faisaient pas dévorer par une bête sauvage ou ne se perdaient pas, évidemment.

« - Je prend le premier tour, essaye de te reposer un peu. »

Pas sur qu’il y arrive… et elle non plus. Mais il fallait se reposer un peu sinon demain serait encore plus dur. Après s’être enfermée dans son hamac et avoir refermé la moustiquaire au-dessus d’elle, elle alluma sa liseuse et afficha un manuel juridique sur les règlements militaires en vigueur. Depuis que quelqu’un s’était mis en tête de la faire évoluer vers un poste d’officier elle se devait de connaitre une foule de chose en plus, ce qui l’agaçait prodigieusement. Mais elle n’avait rien trouvé de plus efficace pour s’endormir.

Quand son alarme tinta, elle se réveilla en sursaut. Elle qui pensait avoir du mal à s’endormir… Elle bascula hors du hamac et manqua s’étaler de tout son long dans la manœuvre. Ses trucs étaient vaguement confortables mais franchement pas pratique !

Elle n’avait qu’un pas à faire pour arriver près du feu mais faillit à nouveau trébucher, sur Zander cette fois. Assis près du feu, il dormait littéralement debout.

« - Tu vas être malade en restant la… »

Il ne l’entendit sans doute pas et elle dut littéralement el porter pour le remettre dans le hamac avant de le recouvrir par la moustiquaire.

« - Un an de mariage et faut déjà que je le borde… Papa, si tu me voyais, tu te ficherais bien de moi. »

Elle réalimenta le feu qui lança de magnifiques flammes dans la nuit noire et retourna se coucher avec un petit sourire. Finalement, tout ce périple n’était pas si terrible.

A sa grande surprise, Nadja parvint à dormir à peu prés correctement. Finalement, le bruit finit par la bercer, tout comme la pluie qui tombait à intervalle régulier. Elle se releva une dernière fois pour alimenter le feu et tomba nez à nez avec une bestiole étrange au long nez aussi grosse qu’un sanglier. Aussi surpris qu’elle, l’animal ne demanda pas son reste et s’enfuie à toute vitesse.

« - Dommage, je suis sur que tu aurais été excellent en barbecue, marmonna-t-elle en retournant se coucher. »

Au petit matin, elle se réveilla péniblement en sentant des mouvements prés d’elle. Zander ressemblait à un de ces zombies d’un film qu’ils avaient vu ensemble récemment. Et la brume rajoutait à l’ambiance spectrale de la scene.

« - Hey ! fit-elle simplement pour lui montrer qu’elle était aussi réveillée."

A sa suite, elle alla à la rivière faire quelques ablutions. La couleur de l’eau n’était pas très engageante. L’ex marine rempli la boite en métal qui lui avait servait de plat hier soir et revint vers le camps pour faire chauffer le tout et se laver avec. Ça ne valait pas une douche mais c’était mieux que rien.

Le petit déjeuner passa rapidement. Ça n’était pas du grand luxe mais comme l’avait fait remarquer Zander la veille, c’était toujours mieux que les barres protéinées

« - Allez en route ! Il fait beau, il fait pas encore trop chaud, essayons de couvrir le plus de distance avant midi. »

Il faudrait un jour qu’elle discute avec Zander de sa tendance à tirer la tronche dès que quelque chose ne lui plaisait pas. Ils étaient censés s’entraider dans ce périple et le sentir aussi renfermé dans son dos n’aidait pas à la collaboration.

Qu’importe. Pour l’instant, elle avançait bien, suivant le sentier découvert hier qui allait globalement dans la bonne direction. A croire que les animaux avaient eu la même idée qu’eux en suivant la rivière. Qui sait ? Peut-être reverrait-elle son visiteur nocturne et pourrait-elle l’ajouter au menu du soir ?

Quand Zander se mit à hurler, alors qu’ils faisaient une pause elle redressa brutalement la tête pour le voir s’affaler de tout son salon, prit d’une panique elle n’arrivait pas à comprendre. Jusqu’à ce qu’elle voit l’ignoble bestiole pres de son épaule.

« - Bouge pas ! »

L’ordre avait claqué comme un fouet. L’ex marine dégaina sa machette et plaça la lame sur le chemin de l’araignée. Des que celle ci fut dessus, elle donna un coup de poignet sec et la mygale s’envola un peu plus loin.

« - Tout va bien ? Elle ne t’a pas mordue ? »

Si Nadja avait agit avec calme un instant plus tôt, son cœur battait maintenant la chamade et ses mains étaient moite. C’était toujours plus facile quand on est pas émotionnellement lié à celui que l’on aide. Ce n’est pas pour rien que la plupart des corps interdisent la fraternisation dans les rangs.

Âpres l’avoir aidé à se relever, elle s’assit lourdement sur la souche sur la quelle il avait trébuché et prit une longue gorgée d’eau. Mais quel pays de dingue !

Zander se figea en entendant l'ordre claquer, plus par réflexe que par volonté d'ailleurs.

« J'en sais rien... Je crois pas. J'ai rien senti, mais ça ne veut rien dire. Et je peux pas vraiment regarder moi-même, fit-il en acceptant son aide pour se relever. Tu peux vérifier si tu vois quelque chose ? » répondit-il, toujours un peu paniqué.

Mieux valait prévenir que guérir et qu'elle s'en assure. Lui ne pouvait regarder sur son épaule. Une fois qu'elle eut terminé, il évita de s'approcher des arbres et resta planter au milieu du chemin, toujours secoué. Au moins, ça n'avait pas été un serpent...

« Est-ce que tu as vu à quoi elle ressemblait exactement ? Histoire de savoir si j'ai du souci à me faire ou pas... » fit-il.

Lui n'avait vraiment fait attention, plutôt pressé de se débarrasser de l'intruse. Si elle l'avait mordu et qu'elle était venimeuse, il le saurait bien assez vite. Ou pas... Tout ce qu'il avait entendu pendant le briefing médical concernait les effets sur les Terriens, ce qu'il n'était pas. Rien ne disait qu'il réagirait de la même façon et personne ne pouvait le lui dire ou n'en avait la moindre idée. C'était un peu la surprise, comme la grippe d'Harlan qui s'apparentait à un rhume pour les habitants pour la planète, mais qui prenait une forme agressive chez lui. Il pouvait réagir à une espèce considérée inoffensive comme n'avoir aucune réaction à une espèce mortelle. Il se garda cependant bien de le dire à Nadja.

« De toute façon, on va quand même devoir se remettre en route. On verra bien ce qu'il va m'arriver. » fit-il avec un sourire figé.

Voilà qui n'allait certainement pas l'aider à apprécier leur excursion. Déjà que la chaleur et l'humidité rendaient les choses pénibles... Si l'araignée ne le rendait pas mal, le climat s'en chargerait certainement. Ils repartir en bifurquant sur un autre sentier longeant un ruisseau peu profond d'un mètre de large à l'eau claire, ce qui changeait.

« D'ici quelques kilomètres, il faudrait abandonner le ruisseau et s'enfoncer dans la jungle. Je suggère qu'on fasse une pause et qu'on mange avant et qu'on remplisse nos gourdes. Je ne sais pas si on trouvera de l'eau avant ce soir. » annonça-t-il.

Franchement inquiète, les mains toujours tremblantes, Nadja inspecta soigneusement l’épaule de Zander. De ce qu’elle avait comprit, s’il avait été mordu, il le saurai déjà tellement ça lui ferait mal. Contrairement à la croyance populaire, les morsures d’araignées ne sont que rarement mortelles, généralement sur des personnes fragiles, âgées ou très jeunes. Avec se condition physique, le pilote ne rentrait pas dans cette catégorie.

Il n’empêche que cette morsure est extrêmement douloureuse et laisse impressionnante cicatrices. Enfin sur un humain. Aucun Hebridien n’avait sans doute jamais été pris pour cible par ce genre de bestiole.

« - Je crois que c’était une mygale. Vu la taille et les poils… Mais je prêtant pas être une spécialiste. »

Il était inquiet et elle aussi. Mais ils n’y pouvaient rien, ni l’un ni l’autre. Alors autant continuer.

Ils n’allèrent cependant pas loin un ruisseau leur coupait le chemin un peu plus loin et Zander expliqua qu’ils allaient devoir couper par la foret. Voila qui faisait envie.

« - OK pour la pause. Çà nous fera pas de mal. Et je piquerai bien une tête la dedans mais je suppose qu’il doit y avoir des crocodiles ou des insectes bizarres dont j’ai même pas envie de savoir le nom. »

Ca ne l’empêcha pas de se passer un peu d’eau fraîche sur le visage et de re-remplir sa gourde avant de se mettre à grignoter un nouveau. La pause ne dura que quelques minutes avant qu’ils se remettent en route. L’après midi ne serait pas simple mais chaque pas les rapprochaient de leur objectif.