If I were a fish

[Samedi 22 décembre 2018]

Zander expira lentement et rouvrit les yeux. Ils étaient de retour sur Celestia, la planète où avait eu lieu leur mariage surprise l'année précédente afin d'y passer les fêtes. Il étaient partis dès leurs services respectifs terminés la veille et étaient arrivés au cours de la nuit locale.

Les pieds désormais dans l'eau, il finissait ses exercices de relaxation matinaux. Il avait troqué une partie de son footing habituel contre des longueurs dans le bassin situé plus haut. Il avait décidé de conserver la routine héritée du monastère qui l'aidait à garder un certain équilibre. Il était cependant quelque peu désolé de toujours se réveiller avec les premiers rayons du soleil et il espérait que cette habitude lui passerait vite.

Il avait tranquillement repris le travail à mi-temps au début de la semaine au rythme de quelques heures par jour et cela s'était bien passé. Il en serait ainsi jusqu'à la mi-janvier où la situation serait réévaluée. Il avait mis en pause sa formation de pilote de chasse, au grand désarroi du SDT, pour pouvoir se consacrer à quelque chose de plus en accord avec ses aspirations. Quand il en avait parlé avec M. Raines, son tuteur, celui-ci lui avait fait un grand sourire et expliqué qu'il était déjà en train d'être officieusement formé pour devenir infirmier par le personnel de l'infirmerie, mais que maintenant, il allait pouvoir faire les démarches pour le faire de manière officielle. Il avait également recontacté Ethan pour remettre en place des séances d'entraînement et le responsable des cuisines de la station pour tâter le terrain.

Il récupéra sa serviette et sa bouteille d'eau et reprit le chemin du bungalow qu'il occupait avec Nadja et qui se trouvait à une centaine de mètres de là. Il entra en souriant. Il n'aurait pas besoin de faire le petit-déjeuner, même si cela le démangeait. Il se contenta d'appeler le service d'étage et de demander qu'on leur apporte un assortiment complet tandis qu'il allait prendre une douche rapide.

Attablé devant une assiette bien garnie, un verre de jus de fruits et une tasse de café hébridien, il décida d'aborder l'une des raisons de leur présence ici.

« Nous allons devoir aller consulter le marieur local à propos des bracelets et savoir ce qu'il se passe maintenant. »

Il avait remarqué qu'il pouvait l'enlever, mais il n'en avait rien fait. Il comptait au contraire le conserver, comme un symbole. Un peu comme celui que lui avait offert Leïla il y a très longtemps et qu'il portait désormais en sa mémoire. Son regard se posa ensuite sur la bague au doigt de Nadja, ce qui lui tira un large sourire.

« Et je pense qu'un de ces jours, nous allons devoir discuter de l'organisation de la cérémonie qui va avec cette bague et sa demande. » fit-il en désignant l'anneau.

Pour être honnête, il se fichait royalement de la manière, tant que c'était leur choix, sincère et fait comme il fallait. Mais peut-être qu'elle voulait le faire d'une certaine façon.

[HRP: Pour les petits curieux : If I were a fish par Mùm]

Il n’avait pas trop fallut pousser Nadja pour la convaincre de passer les vacances de Noël sur la planète paradisiaque ou ils s’étaient marié un an auparavant. Un an déjà. D’un coté elle avait l’impression que c‘était hier ou elle s’était reverrouillée dans cette exacte mime chambre dans un état assez lamentable, il fallait bien le reconnaître.

Et pourtant, l’année avait été particulièrement remplie. Ils avaient appris à vivre ensemble doucement et n’avaient pas tardé à réellement apprécier, en dehors de l’influence des bracelet. Pourtant, elle ne leur aurait pas donné une chance au premier regard. Lui le pilote féru d’indépendance, futur président et elle la marine mal dégrossie qui plaçait l’esprit de corps au dessus de tout. Il lui arrivait encore de douter, de se dire qu’il allait se réveiller et se rendre compte… Mais il lui suffisait de regarder l’anneau à son doigt pou se rassurer (et généralement se mettre à sourire comme une andouille).

Ce matin, elle paressait au lit alors qu’il était sorti faire un jogging… c’était décidément le monde à l’envers. Bon il était quand même temps de se lever ! Elle passa sous la douche pour chasser les dernières langueurs de la nuit et apprécia un long moment l’eau brûlante sur sa peau. Elle se séchait encore quand elle entendit Zander rentrer et s’enroula simplement dans une serviette pour aller l’accueillir.

« - Va te doucher, je réceptionne le petit déjeuner. »

Vu les menus locaux, elle avait tout intérêt à aller nager vite, sinon ce séjour allait lui faire prendre un certain nombre de kilos très superflus.

Une fois attablés, elle avala de bon appétit une première tartine et fut surprise qu’il aborde immédiatement ses sujets sérieux.

« - Laisse moi nager un peu, avant, mais on peut y aller avant le déjeuner si tu veux. Je suis aussi curieuse que toi pour la suite. »

Elle aussi avait noté qu’elle pouvait enlever le bracelet mais n’en avait aucune intention. Le symbole était trop important à ses yeux. Presque autant que celui à son doigt.

Son sourire s’élargit quand il aborda ce second sujet. Oui il allait falloir en parler. Ou ? Quand ? Avec qui ? C’était un peu effrayant mais son métier était de monter des opérations. Elle n’allait pas s’effrayer d’un mariage non ?

Zander sourit largement. Lui aussi était curieux, il devait l'avouer.

« Je ne disais pas d'y aller dans la seconde non plus. Il faut juste penser à le faire avant de repartir. Mais plus vite on s'en occupera, plus vite on pourra profiter de nos vacances. Alors oui, on pourrait y aller avant midi, une fois que tu auras nagé. »

Il souhaitait se débarrasser de cette formalité au plus vite, mais n'en montra rien et ne la pousserait pas à y aller le plus vite possible si elle ne le voulait pas.

« À ce sujet, j'ai vu qu'ils proposaient de la plongée de l'autre côté de l'île. Il y a aussi une randonnée qui fait en fait le tour tout en faisant visiter les différentes sources chaudes et autres lacs dans les bois. Il est même possible de passer la nuit à côté de l'une d'elles, dans un hébergement, le tout étant entièrement privé. » fit-il en se resservant du café.

Dire qu'il était plus ou moins à l'origine de l'importation de cette boisson hébridienne et de quelques autres denrées de sa planète, alors que Celestia cherchait à attirer ses compatriotes dans ses installations, chose qui était pour le moins compliqué. Il avait accepté de les conseiller sur le sujet, bien avant de rejoindre le SDT. Mais cela commençait visiblement porter ses fruits. Et cela lui assurait un petit revenu régulier et quelques avantages non négligeables lors de ses séjours sur place.

Nadja se contenta de sourire à la mention de l'organisation du mariage. Cela ne l'aidait pas beaucoup, alors il décida d'ouvrir le sujet.

« Tu as des idées de ce que tu veux pour la cérémonie ? Honnêtement, je ne sais pas comment cela se passe sur Terre, tellement il y en a de différentes. Sur Hébrida, c'est généralement une cérémonie avec la famille et les amis très proches. Ça implique de la musique, de se lier les mains avec un ruban et de l'alcool. Et curieusement quand on connaît un peu notre société, les mariés ont droit à un mois de lune de miel… »

Il avait fait une découverte étrange en consultant la base de données du SDT sur les peuples que l'organisation avait rencontrés au fil des ans qui l'avait mené à faire d'autres recherches fort intéressantes sur certaines cultures terriennes.

« Tu savais qu'on retrouvait actuellement certaines traditions sur Terre, dans un pays appelé Irlande, mais aussi ailleurs ? Il semblerait que les Humains d'Hébrida descendent d'un peuple terrien appelé les Celtes… Il y a d'ailleurs un vieux rituel qui n'a plus cours consistait à marier un couple pendant un an. Si à l'issue de cette période, aucun enfant n'était conçu, ils pouvaient se séparer… Dans d'autres traditions, ils pouvaient décider de la durée pendant laquelle ils voulaient rester ensemble… Un an, dix ans, pour la vie. C'est fascinant et étrange, fit-il pensif. Et à ton époque, ça se passait comment ? »

Il attendit sa réponse. Peut-être que les choses se passaient très différemment et qu'elle tenait à faire la cérémonie en respectant ces rites-là. Enfin, suivant ce que c'était, il faudrait peut-être s'abstenir. Un mariage en apesanteur ne lui plairait pas trop et il n'était pas certain que les autres invités apprécient aussi.

Quand Zander prononcé les mots « plongée et source chaude » les yeux de l’ex marine s’allumèrent. Voila qui lui convenait parfaitement.

« - Je marche. J’ai très envie de replonger. »

Finalement, il aborda le sujet mariage frontalement et Nadja s’appuya sur le dossier de sa chaise pour se donner un peu de contenance.

« - Sur Terre, c’est une cérémonie plus ou moins pompeuse avec en général la famille et les amis. La mariée est en blanc et menée à son futur mari par son père. Je t’avoue que je ne suis pas très amatrice des symboliques à l’œuvre ici. Après c’est la fête, tous le monde mange, boit, danse et les marié s’éclipsent pendant la soirée. »

Evidement, tout ce qu’elle savait des mariages terriens était ce qu’elle avait vu en film. Mais comme la plupart se ressemblaient, ça ne devait pas être trop loin de la vérité.
Elle écouta la suite en se demandant ou il voulait en venir et pouffa.

« - Mettre fin au mariage après un an s’il n’y a pas d’enfant ? Comment dois-je prendre cela monsieur Hayes ? »

Porter à nouveau un enfant serait une des prochaines étapes de leur union, elle le savait. Et ça serait une autre paire de manche. Elle lui avait déjà parlé de Jonathan, mais jamais de l’enfant qu’elle avait eu avec lui. Il lui faudrait bien aborder ce sujet un de ces jours. Comme s’il lisait dans ses pensées, il lui demanda soudain comment cela se déroulait chez elle. Plusieurs fantômes dansèrent soudain devant ses yeux et elle se força à poser la tasse de café sur la table. Sa main tremblait un peu trop à son gout.

« - Ca dépendait des colonies, se força-t-elle à répondre. Sur New Paris, c’était assez similaire à la Terre et prétexte à faire la fête toute la nuit. J’ai pris une cuite magnifique pour le mariage de Clara, en grande partie pour éviter de penser à la robe fuchsia de demoiselle d’honneur qu’elle m’avait faite porter. J’ai aussi assisté plusieurs fois à des mariage à bord de vaisseau ou de station. Dans ce cas, c’est souvent le capitaine qui se chargeait de la cérémonie. C’était évidemment plus sobre mais finissait généralement avec de sérieux mal de tête pour les convives. »

Évoquer le sujet avec légèreté lui fit du bien et elle put raconter la suite en le regardant.

« - Quand j’ai épousé Jonathan, les circonstances étaient très particulières. Nous étions assiégés, il fallait faire vite. La cérémonie a été rapide et seuls nos amis proches étaient là. Et t’imagine que l’esprit n’était pas à la fête. »

Elle s’interrompit un instant pour chasser ses images de son esprit et sourit à son futur mari.

« - Je sais ce que je ne veux pas faire en tout cas. Un truc comme ça ! Je veux que nos amis soient présents, ta famille aussi, qu’ils se réjouissent pour nous, picolent comme des trous, chantent et dansent. Entre autre…»

Deux heures de randonnées avec la promesse d’un bungalow, d’une source chaude et d’une plongée le lendemain, voila des vacances qui commençaient particulièrement bien.

Nadja pouffa en voyant que le sujet enfant le troublait autant qu’elle. Elle lui serra gentiment la main pour lui montrer qu’il ne l’avait pas vexé avant de se resservir du café. Un jour, il faudrait qu’ils aillent au fond des choses sur ce sujet… mais pas aujourd’hui.

Elle rougit un peu quand il la complimenta sur ces choix vestimentaires… ou leur absence.

« - Ca sera à moi de tortures ma demoiselle d’honneur. Je me demande si j’arriverai a faire porter du violet à Mei… Et toi tu sais déjà qui sera ton témoin ? »

Elle en avait une petite idée mais c’était à lui d’en parler. Par contre, la mention de sa famille le fit s’assombrir et elle comprit immédiatement pourquoi. Le sujet de son père était particulièrement sensible et la crise de leur visite sur Harlan loin d’être résolue. Si ça n’avait tenu qu’a Nadja, elle serait aller chercher cet imbécile par la peau du cou pour qu’il s’excuse auprès de son fils, mais ca n’était pas une solution et elle préférait se tenir le plus éloignée possible de cette querelle familiale. En parler avec Prius pourrait par contre être intéressant. Ses pensées la ramenèrent au mariage de Clara et son imbécile de frère qui avait passé la journée dans un placard ou elle l’avait enfermé. Il n’avait manqué à personne ce jour la.

« - Oui, exactement. Profiter du moment, de nos amis… Pour le lieu, Colorado Springs me semble le plus simple si on veut le faire sur Terre évidemment. Tu préférerai peut être le faire sur Hebrida ? »

Après tout, il n’y avait pas qu’elle qui décidait.

Le petit déjeuner terminé, elle se dirigea vers leurs affaire et laissa tomber sa serviette négligemment. Puisqu’il appréciait de la voir nue, autant lui faire plaisir pendant qu’elle cherchait son maillot.

Zander sourit. Il n'était nullement surpris d'entendre que la médecin-chef de l'Achilles allait hériter du rôle de demoiselle d'honneur.

« Sans doute. Dans les films, c'est la mariée qui décide et les demoiselles d'honneur doivent faire avec ce qu'elle leur demande de porter, non ? Mais bon, ça ne se passe peut-être pas comme ça en vrai. » dit-il sur un ton pensif.

Il sourit franchement à sa question. Il n'y avait qu'une personne dans son entourage qui pouvait prétendre à ce rôle.

« Prius, évidemment. Mais je ne pense pas pouvoir lui faire porter autre chose que sa tenue de Berger. Et je parie qu'il va demander s'il ne peut pas mener la cérémonie. » répondit-il.

Ce qui l'embêterait bien. Sinon, son deuxième choix serait Ethan. Cela faisait un an qu'il le fréquentait régulièrement aussi bien au travail qu'en dehors et l'instructeur avait été d'une aide précieuse à plus d'une occasion en période de crise.

La question du lieu le fit réfléchir. Il ne savait pas vraiment ce qu'il voulait. Il pensait d'ailleurs que cela leur prendrait plus d'une discussion pour prendre une décision définitive.

« Si on devait le faire sur Terre, je préférerais un lieu plus exotique que Colorado Springs. Avec la téléportation, on peut aller à peu près n'importe où. Mais j'ai peur que l'amour des Terriens pour la paperasse, les règles et autres obligations dont on ignore l'existence ne compliquent les choses. Puis je n'ai pas de vrais papiers pour faire enregistrer ça officiellement. Sur Hébrida, je ne sais pas… à Serain dans ce cas ? Sinon, on pourrait peut-être le faire ici aussi. Pour la date, je dirai de prévoir ça dans au moins six mois pour attendre l'été sur Terre, non ? » proposa-t-il.

Il la regarda se lever et aller chercher son maillot de bain quand la serviette fut par hasard perdue en cours de route. Il ne put s'empêcher de rire et de profiter de la vue.

« Tu es sûre de vouloir aller nager tout de suite ? » lui demanda-t-il avec un très large sourire.

*****

Tandis que Nadja était partie faire des longueurs, il régla les détails de leur escapade et s'occupa d'autres petites choses en l'attendant.

« Le marieur local peut nous recevoir dans l'heure si nous le souhaitons. Et tout est prêt pour ce soir. » lui annonça-t-il en souriant lorsqu'elle revint.

Non, ca n’était sans doute pas comme ca dans la réalité. N’empêche que Clara leur avait bien imposée ces foutus robes, à Noami et elle. Elle ne fut évidemment pas surpris qu’il se tourne vers Prius pour être son témoin.

« - C’est vrai qu’il faudra aussi quelqu’un pour la cérémonie… Ca ne me gêne pas que ça soit Prius, bien au contraire.  Vu que ni toi ni moi ne sommes religieux, ça élimine pas mal de monde. Je pourrais demander au capitaine Lawrence, également, ou toi au professeur Sincet. Ce son,t nos chefs de base et ils ont la légitimité pour le faire. »

Contre toute attente, et même si elle n’était pas prête de le lui dire, Nadja avait développé un grand respect pour le capitaine de l’Achille qui avait su sortir du rang pour obtenir un poste d’officier supérieur. Elle était douée et savait écouter les hommes sous ses ordres quand il le fallait, grande qualité aux yeux de celle qui avait été bosco une grande partie de sa vie.

La question du lieu poserai peut être un soucis. Enfin, Nadja n’avait pas vraiment d’idée préconçue mais l’absence d’identité de Zander pourrait éventuellement poser un soucis.

« - Il y a beaucoup d’endroit très beaux sur Terre, Nous n’aurons aucun mal à trouver. Sarain me plairait bien aussi, c’est certain mais j’ai peur que nous ne puissions pas emmener beaucoup de gens d’ici la bas. Pour ne pas dépeupler le système de défense de la Terre, je veux dire. Et oui, six mois, ac me semble bien comme délais. Çà nous envois courant août.»

Finalement, elle n’alla pas nager immédiatement mais ne s’en plaint pas le moins du monde.


Elle culpabilisait un peu de le laisser s’occuper de tous les aspects administratifs mais il connaissait bien mieux qu’elle cette planète et elle le soupçonnait d’adorer cet aspects des préparatifs.

« - Allons y alors, dit elle en passant un simple short et un t-shirt. Allons voir celui qui a changé nos vies. Tu lui a dit quoi au fait ? Je ne voudrais pas qu’il croit qu’on revient pour lui mettre la tête au carré. »

Dernière édition par Nadja Cook le Lun 4 Fév 2019 - 22:05, édité 1 fois

Zander ne répondit pas à la question de l'officiant. Prius serait effectivement un choix logique vu qu'ils le connaissaient tous les deux et que mine de rien, il avait aidé chacun d'entre eux, et le couple, à sa manière. Ce serait une sacrée récompense pour lui. S'il était sûr d'une chose, c'est qu'il n'accorderait pas l'honneur de les marier à sa chef de base. Quand à celle de Nadja, cela ne le dérangeait pas, car il n'avait rien contre elle et ne l'avait jamais vraiment rencontré.

Il hocha la tête pour le lieu. Cela risquait de se révéler épineux, mais au final, peu lui importait. Il trouverait cependant dommage que son mariage ne puisse pas être officiellement enregistré sur la planète, même si ils étaient du coup plus libres de faire ce qu'ils voulaient.

« Tu as raison, mais ce n'est pas comme s'ils allaient être absents pendant des semaines non plus. Hébrida est accessible par la Porte, donc ça ne serait que deux ou trois jours, voir moins pour ceux qui ne pourraient pas se libérer. Le voyage en vaisseau, ce sera pour nous deux, au retour. Mais on en reparlera. » fit-il en souriant.

*****

Il était assis sur la terrasse à contempler la mer quand elle revint et lui sourit largement.

« Je ne lui ai rien de spécial, à part que nous étions le couple qui avions choisi les bracelets traditionnels l'année passée et que nous étions de retour. Il s'est rappelé de nous tout de suite et il a eu l'air de comprendre pourquoi nous voulions le voir. » dit-il en haussant les épaules.

Une fois que Nadja fut prête, ils partirent tout les deux à la rencontre de Kaef'del, le marieur qui avait officié l'année précédente. Ce dernier se trouvait sous une pergola recouverte de feuilles et de fleurs face à la mer. Des brasero, éteints, se trouvaient de part et d'autre du lieu. À quelques pas de là, se trouvait ce qui devait être son bureau, dans le prolongement de l'hôtel.

« - Bonjour, M. et Mme Hayes. Je suis heureux de vous revoir. Il semblerait que votre amour se soit épanoui au cours de cette année. Est-ce que je me trompe ?
- Bonjour. Non, vous ne vous trompez pas. Contre toute attente, cela a fonctionné et très bien même. Et cela va continuer. répondit franchement Zander.
- Vous m'en voyez plus que ravi dans ce cas ! En quoi puis-je vous aider exactement ? Vous souhaitez renouveler vos vœux ? demanda-t-il tout sourire au couple.
- Renouveler nos vœux ? Que voulez-vous dire par là ? Y a-t-il d'autres options en dehors de retirer les bracelets ? fit-il avec un beau sourire plaqué sur le visage. »

Mais Zander regardait le marieur avec un air légèrement méfiant. Il ne voulait pas se retrouver pris dans la même situation que l'année dernière et cette fois, il tenait à savoir à quoi il s'engageait exactement avant d'accepter quoi que ce soit. Par ailleurs, ils n'avaient plus besoin des bracelets désormais, donc quels bénéfices pourraient-ils exactement en tirer ?

Nadja aurait adoré se souvenir de cet endroit. Elle s’y était marié après tout. Mais rien, pas même un flash. A se demander si elle était jamais venu ici. Mais le bracelet a son poignet constituait une preuve solide.

Se faire appeler madame Hayes la surpris. Mais c’était bien ainsi qu’ils avaient du se présenter à l’époque si elle se souvenait bien du carton sur la corbeille de fruit.

« - Merci de nous recevoir, dit elle avant de regarder Zander d’un œil faussement mauvais. Je t’en donnerai moi des contre toute attente. »

Elle plaisantait évidement. Elle non plus n’aurait pas parié un crédit sur leur histoire au début. Comme lui, elle haussa un sourcil à la mention de renouveler les vœux.

« - Ce que mon mari veut dire, c’est que même si les choses ont bien fonctionné pour nous, nous ne voyons pas gérer à nouveau les effets des bracelets quand au besoin de proximité. Nos métiers nous envoient souvent à des bouts diamétralement opposé de la galaxie. C’est déjà assez compliqué a gérer comme ça.
- Je comprend, répondit la marieur. Les bracelet sont a vous et vous pouvez les gardez en simple symbole à partir de maintenant. Vous avez sans doute déjà remarqué que vous pouvez les enlevez à votre guise. »

Nadja hocha la tête. Oui elle s’en était aperçu mais n’en voyait pas l’utilité. Le bijou était devenu une partie d’elle même au fil du temps et ça lui convenait parfaitement.

« - Mais il est aussi possible de les recharger. Leur effet sera bien moindre que celui que vous avez connu. Votre physiologie s’est adaptée et vous n’aurez pas ce besoin viscéral d’être ensemble en permanence. C’est essentiel une façon de… mettre du sel dans votre relation. C’est quelque chose d’assez courant ici, pour beaucoup de couple."

Les avantages sans les inconvénients… Voilà qui était intéressant. Pas qu’ils aient des soucis de ce point de vue-là, ils se l’étaient encore prouvé il y a à peine une heure. Mais la passion dévorante qui les avait réunis un an plus tôt n’était pas, au fond, un si mauvais souvenir. Il y avait eu de grand moment dont elle avait parfois la nostalgie… un peu comme une droguée sevrée qui regrette son paradis artificiel conclut-elle finalement.

« - Prenons le temps d’en parler tranquillement. Faisons déjà cette randonnée cet après-midi. »

Interrogé sur d’éventuelle séquelles, le marieur secoua la tête.

« - Pas que je sache. Au contraire même. L’intensification d’activité physique et la stimulation hormonale est excellente pour le corps. Evidemment, vous êtes tous les deux en excellente condition physique donc pour vous ce gain est minime. Après, c’est vrai que nous n’êtes pas originaire de cette planète mais vous n’êtes pas non plus les premiers à porter ces bracelets et nous n’avons jamais eu le moindre souci de santé chez nos anciens pensionnaires. »

Le risque zéro n’existant pas, Nadja était quasi sûre que s’il y avait eu des problèmes, il ne leur en aurait pas parlé. Mais il n’aurait sans doute pas non plus proposé de les recharger s’il y avait eu le moindre risque.

Ils retournèrent donc vers leur bungalow pour se préparer à cette randonné.

« - Alors ? Tu en pense quoi ? »

Zander regarda à nouveau ses pieds en piquant un léger fard en entendant les avantages de leurs activités conjugales. Il n'avait jamais vu la chose sous cet angle et trouvait quelque peu dérangeant de les voir présenter ainsi.

Il n'ajouta rien, mais le marieur ne semblait pas avoir compris sa question. Il ne parlait pas spécialement d'effets secondaires négatifs à long terme sur leur santés, mais plutôt d'effets sur les liens du couple. Il ne voulait pas avoir de mauvaises surprises plus tard, mais visiblement, il devrait accepter le risque, s'ils décidaient de recharger les bracelets.

Il suivit Nadja, perdu dans ses pensées, jusqu'au bungalow. Il prit le temps de réfléchir à la question tout en commençant à jeter quelques affaires dans un sac à dos.

« Je ne sais pas trop. Tu connais mon point de vue sur les bracelets. Même si cela ne nous ne contraint plus et ne nous force plus à être ensemble en permanence, je ne suis pas sûr que nous en ayons besoin et je ne vois pas en quoi ce serait bénéfique pour notre couple. Et toi ? » répondit-il franchement.

Il n'avait pas eu d'autre choix que de se plier aux compulsions du bracelet et il avait toujours du mal à accepter cet aspect qu'il considérait "artificiel" du début de leur relation, même s'il avait fini par se résoudre à faire avec et au fil du temps par apprécier ce qu'il avait gagné. Mais ce "mariage" lui laissait toujours un goût amer quand il repensait aux circonstances, avec l'impression d'avoir manqué quelque chose.

« Oh, nous n'avait pas nécessairement besoin de prendre de sacs. On peut les laisser là et ils viendront les chercher si on leur demande. Ils nous les apporteront avec le repas ce soir. Sauf si tu préfères faire ça comme une vrai randonnée et transporter toutes tes affaires. » fit-il.

De toute façon, ils n'allaient pas être surchargés vu que ce n'était qu'une nuit, voir deux. Puis il ne doutait pas qu'ils trouveraient tout ce qu'il leur fallait dans là où ils allaient, que ce soit en terme de vêtements ou autres produits de première nécessité, même s'ils ne partaient qu'avec ce qu'ils avaient sur le dos. Mais connaissant Nadja, cela ne risquait pas d'arriver.

Après un passage au restaurant pour le repas de midi, ils partirent en direction du sentier du tour de l'île en suivant un chemin s'enfonçant sous les arbres en direction de la montagne.

La réponse de Zander était censée et Nadja haussa les épaules. Même si elle n’avait pas vraiment envie d’écouter la voix de la sagesse, elle savait pertinemment que c’était bien plus raisonnable. Et puis il avait raison, leur couple n’avaient vraiment pas besoin d’aide de ce point de vue-là.

« - Moi non plus, pas vraiment. Ca serait sans doute amusant, maintenant qu'on a plus d’arrières pensées pour se laisser aller, mais je ne suis pas sure que le jeu en vaille la chandelle."

Par habitude, la militaire se mit à préparer un paquetage. Vêtements, eau, de quoi grignoter, trousse de premier secours… mais il l’arrêta en lui rappelant qu’ils étaient dans un complexe hôtelier, pas une jungle hostile.

« - La force de l’habitude… on va se contenter du minimum alors. De l’eau, de quoi grignoter en chemin et de quoi se changer à l’arrivée. »

Une fois prêts, ils allèrent déjeuner en essayant de ne pas trop abuser pour une fois, ce qui s’avéra des plus compliqué pour Nadja.

Finalement, sac sur el dos, ils s’élancèrent à l’assaut du petit chemin bien balisé qui les conduirait à l’autre bout de l’ile. Dès qu’ils furent sous les arbres la température diminua pendant que l’humidité grimpait en flèche. Abritée, par la canopée, Nadja pu faire basculer son chapeau dans son dos et profita de l’air ambiant avec délectation.

La marche n’eut rien de compliquée. Le chemin était large et bien entretenu et ils avaient tous les deux des chaussures de sports qui facilitaient encore plus leur progression. Au bout d’une heure, un bruit attira leur attention et un grand sourire illumina le visage de Nadja. Cent mètres plus loin, un étant alimenté par une cascade leur tendait les bras.
Ni une ni deux, l’ex marine se débarrassa de ses vêtements superflus pour révéler son maillot toujours en dessous et plongea dans l’eau limpide avant de ressortir quelques mètres loin en poussant un cri de joie.

« - Elle est glacée ! Viens me rejoindre ! »

Zander sourit. Elle n'avait pas tort non plus sur le fait que cela pouvait être amusant.

« C'est vrai que ce serait complètement différent maintenant. Nous savons ce qui nous attend et nous serions pleinement consentants. Après, tout dépend de combien de temps les effets durent. Si ce n'est que quelques jours, alors pourquoi pas. Mais je crois que j'aimerais bien profiter un peu de notre relation sans interférence aucune. Peut-être qu'après le mariage, pour la lune de miel... ou pour la Saint-Valentin... » fit-il avec un sourire espiègle.

De toute façon, ils avaient quelques jours pour prendre une décision et ils pouvaient donc toujours changer d'avis d'ici à leur départ. Il sourit en la voyant s'arrêter de faire son sac comme si elle partait en mission pour ne garder que l'essentiel. Quand elle eut le dos tourné, il récupéra la trousse de premiers secours et la glissa dans son sac. On ne savait jamais ce qui pouvait arriver.

*****

Ils mangèrent léger, en tout cas, selon les standards de Nadja, mais il s'abstint de tout commentaire sur le sujet, avant de s'élancer sur le sentier. Il prit son temps, vu que rien ne pressait et il en avait besoin, pour apprécier le paysage et profiter du calme des lieux. Lorsqu'il la vit disparaître au détour d'un virage pour se diriger vers le bruit d'un chute d'eau, il la suivit sans hésiter en souriant. Il se déshabilla, mais s'arrêta après avoir mis un pied dans l'eau. C'est qu'elle avait raison concernant la température...

« Mais c'est trop froid ! On m'avait dit qu'il n'y avait que des sources chaudes le long du chemin, pas des bains de glace... » s'exclama-t-il, incrédule et pas vraiment enthousiaste à l'idée d'aller dans le bassin.

Il dut rassembler toute sa volonté pour rentrer dans l'eau et la rejoindre. Il préférait que l'eau soit légèrement tempérée, à défaut d'être chaude. Il n'y resta pas très longtemps et ressortit en grelottant et en claquant des dents pour aller se poser sur un rocher baigné par le soleil pour se réchauffer, d'où il apercevait au loin la baie de l'hôtel.

Ils repartirent tranquillement et finirent par arriver au sommet. Il l'emmena au point de vue et désigna une crique à l'eau turquoise.

« Le centre de plongée se trouve par là, en bas. Il faut compter à peu près deux heures pour re descendre et le rejoindre d'ici. Ensuite, le circuit suit un sentier à proximité de la plage sous les arbres et finit de faire le tour de l'île pour nous ramener à notre point de départ. » expliqua-t-il en se retournant et en montrant la direction d'où ils venaient.

Il l'entraîna ensuite sur un sentier beaucoup moins fréquenté qui les éloignèrent de la piste principale. Ils finirent par déboucher sur une petite maison grand luxe. De l'autre côté de celle-ci, se trouvait une terrasse menant à un petit bassin fumant entouré de palissades pour plus de d'intimité, là aussi avec une petite cascade. Les seuls bruits que l'on entendait étaient ceux de la nature environnante et du clapotis de l'eau.

« Je crois que ce bungalow s'appelle le nid des amoureux. Je comprends pourquoi. Si je ne me trompe pas, il y a un autre bassin un peu plus grand sur le sentier principal où il est possible de nager. » fit-il, tout sourire, attendant son verdict.

« - Poule mouillée, lança Nadja en l’éclaboussant joyeusement. »

Il n’avait pas tort cependant, l’eau était glaciale. Elle coulait sans doute directement de la montagne. Elle nagea quelques minutes de plus, passa à plusieurs reprises sous la cascade, puis revint paresseusement vers la rive. Soudain, elle sursauta et bondit littéralement vers la berge en se tournant.

« - Y a un truc qui m’a touché ! »

Elle observa l’eau un moment et se détendit en voyant un petit poisson nager vigoureusement pour s’éloigner.

« - Sale bête, maugréa-t-elle en se sentant une fois de plus particulièrement ridicule. »

Elle rejoint Zander au soleil pour sécher un peu, après avoir pris soin de remettre son chapeau en place. Il faisait suffisamment chaud pour que le plus gros de l’eau s’évapore rapidement et suffisamment humide pour que le reste ne soit pas gênant.

Ils se remirent en route et arrivèrent sur une crête qui surplombait la mer et le centre de plongée en contrebas. Avec un sourire ravi, Nadja se laissa guider sur le chemin, visiblement moins fréquenté pour arriver à un bungalow un cri de ravissement.

« - Tu crois qu’on peut le louer à l’année, murmura-t-elle, les yeux brillants. »

Elle le suivit à l’intérieur et se retrouva rapidement sur la terrasse, les pieds dans l’eau chaude, un verre d’eau glacé à la main.

« - L’endroit porte bien son nom, mis j’espère qu’ils ont autre chose que de l’eau à proposer. »

Non qu’elle est envie d’abuser d’alcool mais une bière ou un cocktail finirait de rendre l’endroit totalement idyllique.

Zander ne put s'empêcher de rire à sa question sur la possibilité de louer les lieux à l'année.

« Alors comme ça, Madame veut une maison à Serain et une résidence secondaire sur Celestia ? Très bon choix, que j'approuve totalement. Mais il va falloir que je mette les bouchées doubles pour pouvoir satisfaire tes désirs. Autre chose sur ta liste ? » fit-il, amusé.

Cependant, il ne put s'empêcher de réfléchir sérieusement à la question. Il avait beau avoir un statut VIP, il n'était pas certain d'avoir les moyens... ou plutôt, pas encore. Il devait toutefois être possible de trouver un arrangement pour louer régulièrement les lieux.

« Plus sérieusement, j'imagine que ça doit être possible, à condition d'y mettre le prix. Tu veux venir passer tes weekends ici pour échapper au tumulte de la Terre ? » continua-t-il, pensif.

Quand elle parla de boire autre chose que de l'eau, il rentra dans la maison et se mit à explorer les lieux et les placards. Il savait qu'il y trouverait l'essentiel niveau boisson et nourritures, en attendant le repas. Cela faisait partie des prestations. Il finit par trouver le frigo et en extirpa deux bouteilles avant de ressortir avec un plateau contenant aussi avec la version locale des biscuits apéritifs.

« J'ai trouvé ça... C'est la bière traditionnelle de l'île, si je me souviens bien. Ça a un goût... unique, plutôt épicé. Il y a aussi deux bouteilles d'alcools forts. Si tu veux quelque chose de précis, il faudrait les avertir pour que le traiteur l'amène tout à l'heure avec le repas qu'il va nous préparer. » annonça-t-il avec un sourire.

Quand il s'était mis à organiser cette sortie, il avait soudain eu envie de mettre les petits plats dans les grands pour la soirée, avec un dîner aux chandelles à domicile. Noël n'avait pas beaucoup de sens à ses yeux, mais ils avaient quelque chose d'autre à fêter d'une manière un peu plus traditionnelle, à savoir leurs "fiançailles" officielles. Il avait sa demande de manière spontanée, mais il tenait à faire avec quelque chose d'un peu plus solennel pour marquer le coup.

Lui ne se contenta pas de mettre les pieds dans l'eau et s'y glissa avec délectation. Il avait profité de son exploration des lieux pour enlever ses vêtements afin de pouvoir profiter du bassin sans attendre.

« Ah ça, c'est génial... » fit-il en soupirant de plaisir.

Elle avait lancé sa phrase comme une boutade mais Zander la prit au mot.

« - Tu oublie un chalet à la montagne sur Terre. Juste pour remanger de ce truc au fromage la et te regarder diriger un traîneau. »

La question suivante la surprit un peu. Non elle n’envisageait pas sérieusement ce genre de chose qui pour elle devait rester éphémère, justement pour en pas s’en lasser.

« - Il faudrait essayer de trouver quelque chose de similaire sur Terre, en fait. Parce que même en weekend, je dois rester mobilisable à tout moment. Et je ne vois pas pourquoi c’est toi qui devrais tout payer, en plus. Plus tard, quand j’aurai raccroché, je pense que nous installer à Serain sera déjà bien… Très bien même. »
Pour une fois que c’était elle qui était la voix de la raison.

Il lui tendit une bière qu’elle s’empressa d’ouvrir et haussa un sourcil à ses paroles.

« - Le traiteur ? Carrément ? Tu me sors le grand jeu ce soir. Pas que je m’en plaigne, hein. Mais pour un peu, je croirai que tu veux me demander en mariage. »

Se faire traiter à ce point comme une princesse n’était clairement pas pour lui déplaire mais al surprenait toujours un peu tant elle n’en avait pas l’habitude. Et il le savait pertinemment et en jouait éhontément.
La bière disparue rapidement et elle se coula à son tour dans le bain bouillonnant en poussant un soupir de bonheur.

« - Si tu entend un ting, c’est que je suis cuite, marmonna-t-elle adossée à la margelle, les yeux fermés. »

Zander éclata de rire quand elle évoqua le chalet à la montagne.

« Comment ai-je pu oublier le chalet à la montagne... Madame a vraiment des goûts de luxe. Je vais le rajouter sur la liste. Je me demande juste comment on va habiter dans autant d'endroits à la fois. » fit-il avec un grand sourire.

Il s'amusait beaucoup de cette discussion sur leur avenir. Il hocha la tête à sa réponse suivante. Il se doutait qu'elle n'était pas vraiment sérieuse, mais si elle aimait vraiment venir dans des endroits comme ça, il était possible de le faire un peu plus souvent qu'une fois dans l'année.

« Je comprends. Je suis sûr que ça doit exister sur Terre. Il faudra qu'on se renseigne une fois rentrés. Nos amis terriens sauront probablement nous dire ça. »

Il n'avait cependant pas pensé à ses obligations en tant que militaire. Lui en avait moins qu'elle, mais il était aussi tenu d'assurer un certain nombre d'heures de service par semaine. La répartition variait, d'autant qu'il n'avait aucun problème à travailler de nuit ou en semaine. Il héritait donc souvent des quarts dont personne ne voulait ou remplaçait régulièrement les absents au pied levé. En contrepartie, il lui était souvent plus facile de négocier des absences ou d'obtenir un jour de congé en particulier lorsqu'il en avait besoin. Il essayait cependant de faire en sorte que ses horaires coïncident autant que possible avec ceux de Nadja.

« Quand à payer, la raison est simple. Pour l'instant, je suis le seul à disposer de fonds utilisables dans ce secteur de la galaxie, ou dans d'autres, d'ailleurs. Sur Terre, c'est différent, vu que nous avons tous les deux un salaire et qu'on peut donc se répartir les frais. » répondit-il en haussant les épaules.

Il n'avait pas de problème avec ça. Ses fonds dormaient ou avaient été investis, et fructifiaient tranquillement, depuis qu'il était sur Terre et vadrouillait moins. Il n'avait donc pas à se plaindre à ce niveau-là. Et aucun des deux ne dépensait non plus des sommes folles en permanence, en dehors des impondérables comme la nourriture, les vêtements et les frais de logement.

« Oui, carrément... Un cuisinier rien que pour nous ce soir. Et c'est un peu ça. J'adore faire les choses à l'envers, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué. D'abord le mariage, puis la demande en mariage, puis le dîner qui va avec... La prochaine étape, c'est de te demander de sortir avec moi. » fit-il en riant doucement.

Il la regarda entrer dans le bassin avant de rire franchement à sa remarque.

« Promis, je vais surveiller la cuisson pour m'assurer que tu ne sois pas trop cuite. Mais avant, je dois vérifier quelque chose… » fit-il en lui enfonçant un doigt sous les côtes, un sourire espiègle sur le visage.

Il finit par sortir de l'eau et alla s'étendre sur l'une des chaises longues. Il faisait suffisamment bon pour ça et la légère brise tiède le ferait sécher sans doute assez rapidement. Il finit par piquer du nez sans en apercevoir, alors qu'il avait fermé les yeux et écoutait la nature tout autour.

Il fut réveilla par l'arrivée du traiteur, accompagné d'un serveur pour l'assister, qui le réveilla. Le pilote avait opté pour un menu poisson, coquillages et crustacés et avait laissé au chef le choix du dessert et des boissons. Il fila s'habiller en tenue décontracté, car il avait l'intention d'observer un peu le chef à l'œuvre, si on lui en laissait l'occasion.

« - Des goûts de luxe, de suite, râla-t-elle pour la forme… T’as qu’a pas aussi mal m’habituer aussi. J’étais une fille simple avant de te connaître. Qui s’amuse à me traîner de plages paradisiaques en palace des qu’on a un week-end de libre. Forcement, j’y prend goût. »

Ca pour y avoir prit goût… Elle qui n’avais jamais connu, quasiment, que les rues sordides des bas quartiers de sa ville natale puis les quartier militaires des divers vaisseaux sur lesquels elle avait été affectée, il y avait un sérieux monde. Tout cela lui faisait penser à un vieux film qu’elle avait vu un jour, mais impossible de se souvenir du titre évidemment : My fair quelque chose ?

Le sujet de l’argent était légèrement plus sensible et elle insista un peu.

« - Justement. On en avait parlé une fois ou deux mais si tu dois faire quelques extra dans le coin, j’aimerai bien en être. Je sais que t’as pas forcément besoin de moi mais je me sentirai un peu utile, tu comprends ? »


Elle éclata de rire quand il lui expliqua sa méthode à l’envers. C’est vrai qu’ils n’avaient pas fait vraiment les choses dans l’ordre tous les deux mais ça lui convenait plutôt bien. Leur histoire était clairement atypique mais ni l’un ni l’autre n’étaient de toute façon des gens « normaux ».

Elle sursauta quand il vint la chatouiller avant de se plaquer contre lui.

« - J’ai brisé des poignets pour moins que ça… tu comptes te faire pardonner comment ? »

Il eut tout le loisir de se faire pardonner avant que le traiteur n’arrive. Pendant que Zander observait le cuistot avec attention, Nadja passa sous la douche fraîche pour se décontracter et passa ensuite une tenue plus adaptée que son short de randonnée.

Une fois seuls, elle s’installa à table et leva son verre de vin blanc (ou ce qui en tenait lieu ici en tout cas) et trinqua, les yeux brillants.

« - Merci, je n’ai pas al moindre idée de ce que peuvent être ses machins dans mon assiette mais vu le mal que vous vous etes donné, je suis sur que ca doit valoir son pesant d’or. »