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Le pub n’avait pas beaucoup changé depuis sa dernière visite. Il y avait toujours autant de monde, autant de pénombre dans l’atmosphère enfumée, et la même odeur de vieux cuir mêlée à de la bière renversée.

Nadira avait adoré cet endroit, dans sa précédente vie et y revenir aujourd’hui la fit sourire malgré elle. Presque un an s’était écoulé depuis les événements qui avaient menés à devenir Tok’ra. Il lui avait fallut du temps pour reprendre une vie à peu prés normale et c’était la première fois qu’elle osait revenir ici.

Si elle avait craint d’être oubliée, elle en fut pour ses frais. Le barman la salua d’un grand signe joyeux et elle alla s’accouder au comptoir ou apparu instantanément un verre de liqueur de Whisky, l’un de ses poison favori.

« - Ca fait plaisir de voir qu’on est pas oublié, fit-elle tout sourire.
- On nous avait dit que t’avais eut un accident, que t’y étais resté.
- Dis tout de suite que ça te plaît pas que je vienne te hanter ?
- Si tu nous chante le fantôme de l’opéra, je m’en accommoderai. »


Le médecin éclata de rire en jetant un œil vers la scène, vide pour l’instant. Depuis combien de temps n’avait-elle pas chanté ? Ça lui manquait, se rendit-elle compte. Étonnement, Xinan resta coi et elle prit ce silence pour argent comptant.

« - Bah écoute, si à l’occasion il te manque une chanteuse, on pourrait remettre ça.
- Pourquoi pas. T’avais mis une sacré ambiance le dernier coup. »


Mais la soirée s’était plutôt mal terminée, avec le flirt de Noa faisant une overdose… Et elle et JP1 n’avait jamais pris le temps de faire le ménage chez les dealers locaux. Encore un regret d’une autre vie.

Une heure plus tard, la salle était pleine et un médecin à moitié extraterrestre se retrouva sur scène, une guitare à la main, accompagné d’un autre guitariste aussi chauve qu’un caillou et d’une percussionniste latino. Avec si peu de temps pour réellement se connaître, ils avaient décidé de se contenter de deux ou trois chansons qu’ils connaissaient très bien. L’idée était de s’amuser, pas de viser Wembley. Elle attaqua avec une reprise assez inattendue de sa part mais dont les paroles lui paraissait décidément tres daptée

Numb :

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Noa fit claquer son verre sur la table devant lui après l'avoir terminé d'une traite. Il se passa une main sur le visage légèrement rougit. Il savait qu'il avait complètement abusé sur l'alcool ce soir et qu'il commençait à être vraiment ivre. La soirée battait son plein depuis un moment. Noa était assis depuis deux bonnes heures à une table reculée en compagnie de cinq mecs tatoués en blousons de cuirs. Depuis qu'il avait sympathisé avec certains membres des Iron Order Colorado MC il y a quelques mois de cela lors d'une soirée particulièrement arrosée, il aimait les retrouver de temps en temps pour boire une bière,... ou plus.
C'était pas des enfants de cœur et certains membres du MC étaient même franchement des criminels, mais ces cinq là, c'était des bons gars, quand on prenait la peine de les connaitre. Il y a plusieurs mois, Noa s'était laissé embarqué dans une soirée par son ami David qui venait de rejoindre le MC de Colorado Spring. Le néo-zélandais ne l'avait jamais imaginé traîner avec ce genre de types, ni s'intéressé aux motos. Mais finalement les dit-types s'étaient révélés de bons gars très protecteurs envers leur nouvelle recrue. D'ailleurs, ils avaient même acceptés de changer quelques unes de leurs habitudes pour venir une fois par mois boire un verre au Fat Dady's Pub. David n'y travaillait plus depuis longtemps, mais il gardait toujours un excellent contact avec les employés.
Pat, à sa droite, mit une grande tape sur l'épaule de Noa en lui racontant une blague que le jeune homme ne saisit pas vraiment. Toute la tablée se mit à rigoler avant que Lenny n’enchaîne sur une autre vanne bien grasse. David en bout de table leva un bras pour faire signe au serveur d'apporter une nouvelle tournée.

Noa cligna des yeux puis leva son poignet pour dévoiler sa montre.

" Woooow... Faut'qu'j'rentre moi... !" dit-il en bouffant la moitié de ses mots.
Ed, en face de lui, agita ses bras.

" Ca fait une demi-heure que tu nous dis ça Noa ! Ta meuf est pas à la maison et ta gosse non plus, alors profite, merde !" lâcha t-il sur un ton sans équivoque.

Noa sourit niaisement, conscient qu'il était complètement influençable. Puis il se leva et provoqua un ralement général. Il leva les deux mains pour faire signe qu'il se rendait.

" Ok ok, 'vais juste pisser" déclara t-il, battu.

Noa s'approcha des toilettes pour hommes en tanguant dangereusement. Il s'y réfugia et fit couler l'eau du robinet avant de mettre sa tête directement dessous.
L'eau glacée lui permit de reprendre un peu ses esprits. Il se frotta le visage puis se regarda dans la glace en poussant un soupir.

C'est alors que la musique changea dans la salle à côté. Tout était tamisé depuis l'intérieur des toilettes, mais il entendit une femme se mettre à chanter. Il eut alors l'impression de décuiter en une seconde. Il sortit des toilettes et passa devant sa table sans s'arrêter, il contourna le bar et se dirigea au fond de la salle où une scène était aménagée. Noa ne s'était pas trompé. C'était bien Nadira, debout sur la scène en train d’interpréter un morceau. Il eut l'impression que le temps s'était figé et il resta debout, fixement à la regarder à une dizaine de mètres. Le jeune homme ne pu s’empêcher de s’imprégner des paroles et d'en entendre un double sens. Ce n'est que lorsque le morceau fut terminé qu'il se rendit compte qu'il avait les yeux humides. Il se passa une main sur le visage, maudissant encore une fois le fait d'avoir trop bu. Il accompagna ensuite les applaudissements et se composa un sourire.

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Malgré le message plutôt clair qu’elle lui envoyait, Xinan sembla apprécier le moment. L’adrénaline et les applaudissements chaleureux parlait à l’ego du vieux symbiote.

« *Depuis le temps que je t’en parle, vieux bougon*»

La pensée qu’il lui renvoya était à la limite de la vulgarité, ce qui la fit glousser. Ça n’était pas le moment de se déconcentrer. Elle pinça un nouvel accord et entama une reprisse de « give me shelter » dans une version plus folk que celle des Rollings Stone. Elle avait beau être doué, n’est pas Mick Jagger qui veut !
Son regard passa dans l’assemblée et tomba sur un grand barbu qu’elle ne connaissait que trop bien. Le sentiment de « déjà vu » fut encore plus vivace et elle faillit manquer un accord.
Mais pourquoi avait-elle choisit un tel morceau ? Parce que c’est un standard et que tout le monde le connait, lui souffla sa conscience avant d’admettre sa mauvaise foi.
Quelles étaient les chances que Nao soit la, justement ce soir ? Elle se demandait parfois si des dieux mesquins ne faisaient pas exprès de lui mettre des bâtons dans les roues de sa vie déjà compliquée. Elle ne put s’empêcher de garder le regard rivé sur lui alors qu’elle finissait le morceau. Une fois terminé, les applaudissements se firent plus nourris, l’arrière salle s’étant remplie.

Un regard de complicité avec les deux autres musiciens plus tard, ils entamaient un troisième morceau un rien plus calme mais tout aussi entrainant. Une fois terminé, une bière se matérialisa comme par enchantement devant elle, signe qu’il pouvait remettre ça immédiatement s’ils le souhaitaient.
Ils décidèrent néanmoins d’une pause et elle en profita pour aller vers son ancien coéquipier.

« - Salut. Que fais un père de famille bien sous tous rapport comme toit ici ? dit-elle en déposant un baiser sur sa joue. »

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Noa fut pétrifié par l'impression de déjà vu. Dans le même bar, la même scène avait eu lieu il y avait deux ans. Deux ans seulement, et pourtant il avait l'impression qu'une éternité s'était écoulé depuis. Quelques détails lui rappelèrent avec cruauté que les choses étaient bien différentes de l'époque.
Nadira balaya la foule tout en se lançant dans une reprise des Rolling Stones. Son regard accrocha celui de Noa et le jeune homme se laissa embarquer par la mélodie et les paroles poignantes. Il sourit, heureux d'assister de nouveau à une performance de Nadira. Mais alors qu'il avait les yeux rivés dans ceux de son amie, il se surprit à penser que derrière ces prunelles, un symbiote tapi était en train de le regarder lui. Cette idée le pétrifia et il lutta pour s'empêcher de détourner les yeux. Il avait beau essayer de se raisonner, Xinan était un Tokra qui avait sauvé la vie de Nadira, il fallait avouer que depuis un an, il n'avait jamais réussi à étouffer complètement ce malaise qu'il ressentait lorsqu'il pensait au symbiote à l’intérieur de Nadira.

Le groupe improvisé enchaina sur un nouveau morceau. Noa finit par s'asseoir du bout des fesses sur un siège haut et posa un coude sur le bar. D'un geste au barman il commanda de nouveau deux bières. Son passage aux toilettes et la surprise de voir Nadira ici l'avait fait suffisamment décuiter pour qu'il puisse se permettre d'en reboire une. Lorsque le concert prit fin, Noa applaudit de bon cœur et se laissa même aller à siffler deux fois entre ses doigts, accompagnant la clameur générale. Nadira descendit de la scène et vînt directement vers lui. De là où il était, il pu voir une bonne dizaine de paires d'yeux masculins la suivre, ce qui ne fit qu'accentuer son sourire.
Nadira l'embrassa sur la joue et s'étonna de sa présence ici.
Il lui répondit tout en lui tendant la seconde bière qu'il avait commandé.

" Voilà ta preuve que je ne suis pas bien sous tous rapports. Je profite de la soirée pyjama d'Emy et des piles de dossiers sur le bureau de Sarah pour passer ma soirée au bar... Et je suis déjà à moitié bourré !" avoua t-il avec un grand sourire.

" Mais, et toi ? Je ne t'ai jamais revu ici depuis... " Noa n'eut pas eu besoin de finir sa phrase pour que Nadira comprenne de quelle soirée il parlait.
" C'était superbe, comme d'hab. Tu es tellement douée. Ça m'avait manqué de t'écouter chanter." lui dit-il.
Noa se souvint notamment de quelques fameuses soirées karaoké avec sa chef d'équipe.

C'est alors qu'un bras vînt s'enrouler autour des épaules de Noa. C'était David, le crâne rasé, une veste en cuir sur les épaules. Il avait bien changé depuis la fameuse soirée il y a plus de deux auparavant. Ils étaient là les trois, dans le même bar; le tableau était complet.

" Ah bah t'es là mon vieux ! On a cru que t'étais parti sans dire au revoir, finalement !" déclara t-il avant de se rendre compte de la présence de Nadira.
" Oh... salut !" lâcha t-il, surpris.

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SI Nadira avait fait sensation avec son show, ce qui était globalement l’idée d’ailleurs, ce fut la même chose quand elle se dirigea vers son ami, ce qui ne sembla pas lui déplaire.

« - Seulement à moitié ? s’amusa-t-elle. C’est presque un scandale. »

Il évoqua son accident et elle se crispa un instant avant de lui répondre.

« - Je n’étais pas revenue depuis, à dire vrai. Divergence d’opinion, on va dire. Mais je suis franchement contente d’être de retour et chanter à nouveau. Ça m’avait manqué. L’adulation du public, c’est une vraie drogue. »

Elle ponctua sa phrase d’un clin d’œil et d’une gorgée de bière. Elle avait découvert que Xinan l’empêchait d’être ivre, ce qui avait pas mal d’avantages. Mine de rien les compliments la touchait. Elle se demandait parfois si elle n’avait pas loupé sa vocation en devenant médecin. La musique était sa vraie passion et passer une journée sans gratter sa guitare devenait souvent une torture.

Ses réflexions furent interrompues par un bras qui passa sur les épaules du géant et elle découvrit ce gamin qu’elle avait sauvé la dernière fois qu’elle était venue. Décidément, le tableau était complet. Elle ne put s’empêcher de fixer la marque à la base de son coup ou elle avait pratiqué une trachéotomie de fortune avec un stylo. Plutôt que de la dissimuler, il avait fait tatouer une étoile autour, donnant à la cicatrice un air d’œil. Impressionnant mais pas forcément du meilleur gout.

« - Salut, répondit-elle avec un sourire. Une sirène l’a prise dans ses filets. Faut pas lui en vouloir, c’est sensible ces grandes bêtes. »

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Nadira plaisanta sur l'état d'ivresse de son ami et celui-ci bu une nouvelle gorgée de bière.
" La deuxième moitié suit de près. " répondit-il.

Lorsque Nadira évoqua une "divergence d'opinion", une ombre sembla passer sur le visage du néo-zélandais tandis qu'il perdit son sourire. Encore une fois Xinan ne pouvait s'empêcher d'être présent même si il restait caché derrière le visage de son amie. Si Noa n'était pas aussi saoul, il aurait surement gardé pour lui sa manière de penser, mais ce soir, il ne pu s'y résoudre.
Il attrapa son verre et tourna les yeux.


" Ce serait un crime de t'empêcher de chanter. " marmonna t-il avant d'avalé une gorgée de bière.

C'est ce moment précis que David choisit pour débarquer. Il rit à la phrase de Nadira et ébouriffa Noa.

" On le dira pas à Sarah, t'inquiète, sinon la sirène va finir en conserve. " dit-il avec un clin d’œil à Nadira.

Noa eut une pensée pour sa compagne qui devait crouler sous une pile de dossier en ce moment même. Ses oreilles devaient siffler.


" Allez, venez vous asseoir, Pat a payer son coup !"
annonça David.
" 5 minutes, et on arrive." répondit Noa en regardant le jeune homme s'éloigner.

Noa se tourna de nouveau vers sa chef d'équipe.

" On n'est pas obligés de les rejoindre. En plus il y a un beau mec à 3 heures qui te lâche pas des yeux depuis ta performance." lâcha Noa en jetant un œil discret au type en question.
Noa se demanda si Nadira avait connu de nouvelles relations depuis son ... accident. Est-ce que Xinan l'en empêchait également ?

" Ou alors "divergence d’opinion" également ?" dit-il à voix-haute sur un ton sarcastique, sans vraiment s'en rendre compte.
Les paroles lâchées, il tenta de les atténuer avec un petit sourire amusé.

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« - Tu pourrais attendre les dames quand même, s’amusa Nadira en portant le verre à ses lèvres. »

Comme à chaque fois qu’elle évoquait Xinan devant Noa, elle le vit se fermer et regarder ailleurs.

« - J’ai finit par avoir gain de cause, dit-elle simplement en lui touchant le bras. »

La diversion David fut finalement la bienvenue et elle fut surprise de l’entendre parler de Sarah. Elle essaya d’imaginer Noa en train de présenter le gamin à la grande blonde mais le tableau était définitivement trop étrange.

Elle se retrouva invitée à leur table, ce qui ne lui déplaisait pas mais Noa temporisa et lui indiqua meme un type qui visiblement n’avait d’yeux que pour elle.

« - Flûte je l’avais loupée… Je perd la main. »

La suite la prit de court et, pour une fois, Nadira resta sans voix. Puis elle le prit gentiment par le bras et l’attira vers une table, légèrement à l’écart pour s’asseoir tranquille.

« - Tu n’as pas tort. Xinan à l’habitude des corps masculins et à développé un goût certain pour les jolies humaines. Ça fait parti des points sur lesquels notre union est… problématique. Ce qui ne veut pas dire que nous n’y travaillons pas. La preuve, je peux être à coté d’Aeryn sans loucher dans son décolleté ou regarder son bas du dos. »

Elle but la moitié de son verre avant de reprendre. N’importe qui d’autre qui lui aurait fait ce genre de remarque ce serait fait envoyer paître. Mais le neo-zélandais n’était pas n’importe qui et Nadira lui sourit gentiment en lui prenant la main.

« - Une partie de la Nadira que tu connaissais est morte la-bas, c’est vraie. Mais seulement une partie. Je suis encore la Nadira que tu as connue. Je peux comprendre que mon nouvel ami te fasse grince des dents, mais ça n’est pas un mauvais bougre. Enfin pas plus que moi. Et puis il m’a sauvé la vie, et rien que pour ça, je lui suis reconnaissante. »

Elle ne s’était jamais confiée ainsi et ca n’était pas désagréable. Nadira espérait que ça permettrait à Noa de vider lui aussi son sac et qu’ils pourraient ainsi dépasser ce froid entre eux.

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Noa regrettait déjà d'avoir été si mesquin dans ses propos. Ce n'était décidément pas dans ses habitudes. Mais l'alcool et le ressenti qu'il éprouvait pour le symbiote avaient parlés pour lui. Nadira resta étonnamment silencieuse et Noa crut qu'il l'avait blessé. IL allait s'excuser lorsqu'elle l'entraina à l'écart sur une table libre. Noa fut surpris de la suite de la tournure très sérieuse que prenait la suite de la conversation. Nadira ne se confiait pas souvent à lui de cette manière. Généralement, elle éludait la chose avec un trait d'humour et renvoyait la balle avec une blague... Mais là, elle s'était assis avec lui pour parler sérieusement, bien qu'elle ne pu s'empêcher de faire une petite boutade sur l'attirance que Xinan éprouvait poru Aeryn. Noa sourit en coin à cette évocation mais ne pu s'empêcher de décoller son regard du fond de sa bière qu'il faisait tourner au fond du verre d'un geste du poignet.
Nadira marqua une pause et prit alors sa main posée sur la table.
Noa leva alors les yeux vers elle et la suite de ses propos lui fit mal au coeur.


" Je lui en suis extrêmement reconnaissant également, ne te méprend pas !" se défendit-il tout à coup.
Noa marqua une pause puis soupira.

" C'est juste que... j'ai peur qu'il te change,.. que petit à petit il te modèle comme il te préfèrerai, qu'on finisse par te perdre définitivement... et puis... "
La suite, il hésita à la formuler. Xinan allait l'entendre également.... Tant pis, il détourna les yeux et continua.
" Et puis... je n'arrive pas à me faire à l'idée que quand tu me regardes, IL me regarde également, et quand je me confie à toi, IL est également là pour entendre...Et IL pourrait même se faire passer pour toi finalement, vu qu'il a accès à tout ce que tu sais, comment savoir si ce n'est pas lui qui me parles à cet instant ? "
Noa ne pu réprimer une sorte de frisson. Il savait pertinemment d'où venait l'origine de ce malaise.
Il se passe une main sur le visage.

" Je crois que ça me rappelle... Sarah et Ruax. " Noa fit une moue en formulant ce nom. " C'était au tout début de notre relation, et.. tu vois, pendant des jours il s'est fait passé pour elle, jusque dans les moments les plus intimes,... et moi, je n'ai rien vu du tout..."
Noa leva le bras et jeta un oeil en direction du serveur pour commander la même chose.
Voilà, il lui avait enfin dit.

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Elle allait répondre mais le laissa finalement terminer. Noa en avait pas mal sur le cœur et le moins qu’elle pouvait faire était de l’écouter. Au fur et à mesure de ses explications, Nadira comprit ce qui le gênait mais ce n’est que lorsqu’il aborda le sujet Sarah/Ruax qu’elle saisit pleinement la nature du problème.

Elle accompagna le geste au serveur pour qu’il comprenne qu’elle aussi avait bien besoin de continuer à boire. Une fois servie, elle le regarda quelque secondes en cherchant ses mots. Quelqu’un de plus psychologue qu’elle aurait sans doute trouvé quelque chose d’approprié à dire, mais ce genre de diplomatie n’était pas vraiment sa spécialité.

« - J’ai déjà changé, tu sais. Moins frivole, plus directe dans ma façon d’aborder les problèmes. C’est pour ça que je suis toujours officiellement morte ici. Je ne suis plus la Nadira que mes amis et surtout ma famille a connue. Mais comme tu l’as vu tout à l’heure, il reste encore pas mal de mon ancienne personnalité et quand je dis pas mal, c’est environ 95 %. Et puis il faut prendre en compte une autre donnée : lui aussi change. Oh évidemment c’est un vieux bougon engoncé dans ses habitudes mais comme le prouve cette soirée, les choses évoluent aussi pour lui. »

Elle but plusieurs gorgées avant de reprendre. C’était encore moins facile qu’elle ne l’avait supposé. Elle avait conscience des changements qui s’opérait progressivement en elle et es accueillir pour la plupart bien. Mais cela finirait un jour par l’éloigner de ces amis, elle le savait, et sans doute même de la planète. C’était cher payer sa survie mais ca n’était pas pour demain non plus de toute façon.

« - Je ne vais pas te mentir. Il est bien la, Il n’est réellement au commandes que rarement mais oui, il pourrait le faire sans prévenir. Et c’est au final la seule assurance que je puisse te donner. Tu sais. Mieux que beaucoup d’ailleurs, vu que tu étais avec moi. Xinan n’est pas Ruax et ce genre de manœuvre le dégoutte. Et crois-le si tu veux, mais nous somme tous les deux désolé de te faire subir ça. »


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Noa se passa une main sur sa nuque lorsqu'elle lui dit qu'elle avait déjà changé, qu'elle n'était plus la même. Oui bien sûr, il l'avait remarqué, d'où ces questionnements interne depuis un an maintenant, d'où sa peur grandissante lorsqu'il se demandait jusqu'où elle allait changer. Et puis il sentit un malaise lorsqu'elle lui rappela qu'elle était officiellement morte ici. Il avait presque oublié ce "détail". Quelle horreur, pensait-il en boucle lorsqu'il imaginait les parents de Nadira engoncés dans la peine d'avoir perdu leur fille.
Sa coéquipière marqua une pause avant de continuer. Noa hocha lentement la tête lorsqu'elle lui rappela que Xinan n'était pas Ruax. Bien sûr, bien sûr, pensa t-il. Mais l'alcool qui coulait à flot dans ses veines avaient une fâcheuse tendance à noircir considérablement le tableau et se raisonner, même sur ce point, devenait presque difficile.
Nadira fini par s'excuser de lui faire subir cela. Noa leva un regard étonné vers elle.

" Mais... Nad, " dit-il, surprit, plus qu'autre chose. "C'est moi qui suis désolé. Je suis désolé que TU ai à subir ça, je suis désolé que tu ai perdu ta famille, tes amis et surtout une partie de toi. Parfois, je me repasse en boucle cette journée et je me dis que j'aurai pu faire quelque chose pour empêcher ça, et empêcher la mort de Parker. J'aurais du te téléporter hors du C-101. J'ai presque failli le faire, je t'avoue. On aurait pu aller Plume et moi, seulement. Alors, ouais, c'est moi qui suis désolé."
A cet instant, deux bières se matérialisèrent sur leurs tables et Noa la bu presque cul sec.
Ca y est, il était officiellement saoul !

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Noa commençait à être sérieusement allumé et elle n’étais pas loin derrière. Il se montra surpris et lui confia ses regrets lors de cette mission fatidique et elle ne put s’empêcher de rire.

« - Tu sais que je t’adore, hein ? Mais s’il te plaît, ne te lance pas de suite dans la médecine. Si tu m’avais téléporté à l’abri alors que j’avais cette poutre dans les tripes, je me serai vidée de mon sang en quelques minutes. Je ne suis pas sure que les médecin de bord auraient pu me sauver. Et tu aurais peut être rejoint Plume mais elle serait aussi morte la-bas. Et seul, aurais tu pu faire sauter la station ? Non, l’un dans l’autre, je crois qu’on a tous fait ce qu’il fallait ce jour la. Même si ça nous a coûté cher. »

Elle vida sa bière à moitié et se rendit compte qu’elle n’avait toujours pas lâché la main du grand barbu. Quiconque les verraient à ce moment la les aurait confondu avec un couple gérant un moment de crise. C’était un peu gênant, mais elle n’avait aucune envie d’ouvrir sa main.

« - Je suis allé au Caire, avoua-t-elle soudain. C’était une connerie, je sais. Aeryn m’a conseillé d’aller voir mes parents, de ne pas rester seule. Mais j’en ai pas eu le courage. Je suis restée comme une gourde devant la porte avant de repartir. Qu’est ce que je pourrai bien leur dire ? Coucou, je vais mieux ? C’est ridicule. »

Non, elle n’avait pas les yeux brillants et légèrement humide. Du tout. Ou alors juste a cause de la fumée et des lumières…

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Noa secoua la tête.
" Non, je ne parles pas de ce moment... Avant, avant, quand Plume fonçait droit vers la structure et que je finissais le code de brouillage pour passer le champ de force. Je venais de le finir, et j'ai commencé à taper les commandes pour te téléporter sur Jorash. On en avait encore le temps. Et puis j'ai hésité. Une partie de moi me disait qu'on avait besoin de toi, et une autre aurait fait n'importe quoi pour te mettre à l'abri. J'ai hésité et ensuite, c'était trop tard. On s'est crashé...et voilà..."
Noa s'arrêta là.
Le jeune homme parlait doucement pour être certain que personne aux alentours ne l'entende. Mais il était certain qu'il n'aurait pas aborder un sujet secret défense dans un lieu public s'il n'était pas complètement saoul.
Il suivit le regard de Nadira sur sa main qu'elle n'avait pas lâché.
La suite le surprit de plus belle. Nadira avait bel et bien abandonné les plaisanteries et le second degré pour s'ouvrir totalement. Le jeune homme vit les yeux de l'égyptienne se mettre à briller et il n'en fallu pas plus pour qu'il rapproche sa chaise sur le côté de la table afin d'être plus près de son amie. Il lâcha sa main pour la poser sur son épaule en signe de réconfort.
Noa se pencha un peu plus vers elle et lui murmura, avec une haleine chargée d'alcool:

" Si c'est ce que tu veux, vas-y, ils prendront n'importe quelle excuse pour te savoir vivante. Et ils te prendront telle que tu es maintenant, ce sont tes parents..."

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Elle avait mal saisi ce que lui expliquait Noa et haussa un sourcil en comprenant ce dont il parlait vraiment.

« - Je pense que je l’aurai très mal pris tu sais. Mais je n’aurai sans doute eu personne auprès de qui râler. Tu aurais été sur le fauteuil du capitole et c’est toi qui te serai retrouvé immobilisé. Parker aurait mis des heures à agoniser et Plume serait morte d’épuisement sur la station sans rien accomplir de plus. Je n’ai pas forcement pris les bonnes décisions, là-bas. J’étais aussi paniquée et terrifié que vous tous par l’enjeu. Mais au final on s’en est pas si mal sortit que ça. Et puis t’as été la après, et ça, c’était important. »

Se laisser aller n’était pas dans ses habitudes mais la retombée d’adrénaline après le concert, l’alcool, ou peut être simplement un besoin de s’ouvrir, firent qu’elle lui confia l’histoire de ses parents sans fard ni circonvolution.

Surprise par son mouvement, elle le laissa s’approcher et profita de leur proximité pour appuyer sa tête sur l’épaule du géant.

« - Ta nana aurait pas un arsenal nucléaire à sa disposions, je ne me serai peut-être pas contentée d’un câlin, s’amusa-t-elle. Tu as sans doute raison pour mes parents. Mais tu te rends compte de ce que ça voudrait dire ? Il faudrait que je leur avoue tout, y compris que je ne suis plus vraiment humaine et que nous sommes une bande de super héros qui défendent la planète contre des hordes d’extraterrestre. En admettant que mon père ne me fasse pas interner directement, ça me semble une pilule très difficile à avaler. Et puis imagine qu’il m’arrive à nouveau quelque chose. Dois-je leur infliger ça à nouveau ? J’ai fait beaucoup de bêtises égoïstes dans ma vie, si je pouvais en éviter une pour une fois, ça serait pas mal. »

Elle n’avait pas bougé pendant qu’elle parlait et n’en avait aucune envie. Et si Xinan avait quelque chose à redire il pouvait toujours aller se faire voir chez les Asgard.

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A sa grande surprise, Nadira profita de sa proximité pour poser sa tête contre lui. Le jeune homme enroula son bras autour de ses épaules et appliqua une petite pression comme pour dire "T'en fais pas, je suis là".
La suite le déstabilisa.
Nadira l'avait dit sur le ton de la plaisanterie, bien entendu, comme toujours, mais une image s'imposa tout à coup à l'esprit de Noa. Une image furtive mais vivace. Nadira était allongée, Noa à ses côtés la serrait dans ses bras. Et puis, elle avait relevé la tête et l'avait embrassé, comme ça, sans raison. Et il ne l'avait pas repoussé.
Il n'y avait jamais repensé jusqu'alors. Et même maintenant, il se demandait s'il n'avait finalement pas imaginé de toutes pièces ce moment.

Noa essaya de ne rien laissé transparaitre, mais l'alcool n'aidant définitivement pas, il n'était pas sûr d'y arriver. Il écouta attentivement la suite et hocha de nouveau la tête.

" Mais non, bien entendu, tu ne leur dira pas ça. Ils ne sont pas obligés de savoir quoi que ce soit. Mais je reste persuadé que le simple fait de te savoir vivante les rendra heureux, peut importe les raisons pour lesquelles ils ont du t'enterrer d'abord...Enfin, je pense... Et puis arrête, c'est comme ça depuis toujours. On risque nos vies, on s'inquiète pour nos proches, mais c'est justement pour eux qu'on le fait, et ...."
Noa marqua une pause.
" Putain, je suis vraiment bourré, je sais même plus où je voulais en venir...." lâcha t-il tout à coup.
Il posa son front dans le creux de sa main ouverte, coude posé sur la table.

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Nadira se rendit vite compte que la proximité troublait son ami. Ça n’était pas voulue et pour elle, leur relation était bien plus fraternelle qu’amoureuse. Mais étais-ce vraiment le cas ? Physiquement attirant, gentil et rassurant comme un gros nounours. Et qu’il est déjà quelqu’un ne l’avait jamais gênée dans le passé.

Alors quoi ? Qu’est ce qui l’empêchait de l’attirer à l’extérieur et de finir la nuit en beauté ?

Se découvrait-elle soudain une conscience ? Non c’était peu probable. Peut-être que cette relation amicale qui était au final l’une des rare choses qui restait de sa vie d’avant lui convenait parfaitement.

La suite du discours fut pour le moins confus ce qui l’amusa beaucoup. Ce qu’il disait avait cependant du sens même si ça manquait un peu de cohérence. Elle nota dans un coin de sa tête de lui en reparler quand il serait sobre et à l’abris d’oreilles indiscrètes.

« - Et je ne veux même pas penser à la quantité de bière que tu as dû avaler pour te faire à ce point tourner la tête. Allez viens, je te ramène chez toi, big guy. »

Elle devait être la seule personne capable de le porter de toute façon.  Et il valait mieux qu’il se réveille dans son lit demain matin plutôt que… n’importe où ailleurs.

« - Et tu passeras me voir à l’infirmerie demain matin pour que je te prescrive une dose massive d’aspirine. »

Elle fit signe à David en partant, ce qui lui valut un clin d’œil grivois qu’elle ignora superbement. A l’extérieur l’air frais de la rue lui fit du bien et ils se mirent en route lentement, sans remarquer la forme humaine qui s’était coulée hors du bar à leur suite.

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Nadira décida qu'il était temps pour lui de rentrer. Et objectivement elle avait totalement raison. Il aurait déjà du rentrer depuis une bonne heure au lieu de continuer à s'enfiler des bières à tour de bras.
Il hocha la tête et se frotta les yeux.

" Je crois que t'as raison."

Alors qu'ils se levaient pour sortir, Noa se demanda un instant si il n'était pas en train de ruiner la soirée de l'égyptienne. Après tout elle était venue s'amuser et elle devait finir par jouer les babysitter pour son ami saoul. Mais il fallait reconnaître qu'il était bien trop heureux que Nadira incarne cette voix de la raison et le pousse à rentrer.
Il leva un bras pour saluer ses amis les motards et ceux-ci levèrent leurs verres en riant grassement.

L'air frais le frappa si violemment qu'il tituba à la sortie. Il se reprit et ricana comme un gosse. Merde, il se sentait si mal. Pourquoi avait-il bu autant ? Ce n'était pas la première fois. Non. Loin de là. Presque à chaque fois qu'il se retrouvait seul, à vrai dire. Il aurait certainement pu en tirer des conclusions, si il n'était pas aussi aveugle de jugement quand il s'agissait de sa propre personne.
Il considéra un instant les motos alignées devant le bar.

" T'vois,... c'est comme ça que j'me suis pété la jambe en Février dernier. " dit-il en montrant du doigt les bécanes. " On f'sait les cons sur la route et on s'est vautrés... Pire que des ados, j'te jure."
Noa avait toujours été plus ou moins vague sur la raison de son accident. Probablement à cause de la honte qu'il avait en y repensait. Mais là, alors qu'il était complètement saoul, cette honte ne le taraudait plus tellement.

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Etrange de se retrouver dans se rôle de « mère poule » pour un type qui devait faire deux fois son poids et était prêt à tout pour la protéger du danger. Mais c’est ce que faisait une famille non ?

Oh, du calme Nad. Ne t’aventure pas trop sur ce terrain, tu pourrais devenir sentimentale.
Elle regarda les motos qu’il lui désignait et pouffa en écoutant sa petite confession.

« - Tu sais le seul truc que j’ai gardé de ma vie d’avant ? Ma Corvette. Quand je la conduis et que je la pousse un peu, j’oublie tout. Les soucis, le boulot, les responsabilités… Il n’y a que moi, la route et cet énorme moteur qui hurle. Alors ce n’est pas moi qui vais te jeter la pierre sur ton comportement d’ado. »

Bon, par contre, il valait mieux qu’elle évite l’accident parce qu’elle ne s’en sortirait probablement pas qu’avec une jambe cassée. Il n’aurait pas été aussi imbibé, elle lui aurait peut-être proposé de faire un tour. La route, la nuit, c’était encore plus grisant. Mais vu les circonstances, il valait sans doute mieux éviter de secouer le Neo Zélandais.

A cette heure, la rue était déserte et le quartier tranquille. Et elle plaignait celui qui aurait la mauvaise idée de venir leur demander leur portefeuille. Et pourtant… les sens aiguisés de son symbiote lui envoyait des signaux d’alerte. Quelque chose n’allait pas. Mais elle n’arrivait pas à voir le moindre danger.

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Nadira lui parla de sa Corvette, et Noa s'exclama :
" Oh oui, je l'ai déjà conduite lorsque je t'ai emmené à...."
Noa s'arrêta tout à coup. Il avait parlé trop vite. L'alcool lui embrouillait décidément trop les idées. Il s'était revu tout à coup au volant de la Corvette avec ....Nadira à ses côtés sur le point d'accoucher.
Cette scène avait eu lieu, mais pour lui seulement, quelque part dans sa tête via cette réalité virtuelle ultra réaliste qui l'avait rendu fou l'année dernière. Il était tombé dans une profonde dépression et avait réussi à reprendre pied grâce à la présence de sa fille et au soutien de Sarah. Aujourd'hui, il évitait de trop repenser à cette époque sombre de sa vie. Il avait réussi à démêler le vrai du faux dans les évènements de son passé et de sa vie grâce aux séances avec Bressignac. Tout ce qui s'était passé dans la réalité virtuelle était donc dans un coin de sa tête au même niveau que les rêves. A présent, il savait que c'était faux, qu'il ne pouvait pas s'y fier. Il ne faisait plus l'erreur de confondre...sauf ce soir où l'alcool lui avait jouer un mauvais tour dans le rangement interne de ses souvenirs.

Noa leva une main et se frotta les yeux entre son pouce et son index.

" Merde..." murmura t-il.
" Laisse tomber..." dit-il alors d'une voix sombre.

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« Hein ? »

Mais de quoi parlait-il ? Nadira ne se souvenait pas lui avoir jamais passé le volant de son bolide. Depuis qu’elle l’avait, seul Peter avait eu cet honneur. Elle observa son ami et comprit que lui-même s’était aperçu de sa bêtise et cherchait ses mots. Bressignac lui avait bien parlé d’une expérience traumatisante qu’il avait lors de son absence mais, secret médical oblige, il n’en avait pas dit plus et elle n’avait bien sur rien demandé.

« - Il faut que je te fasse encore plus boire pour que tu me raconte ça ? dit-elle malicieusement. »

Elle n’insista cependant pas plus, même si sa curiosité était plus que piquée. Ça avait l’air de suffisamment le mettre mal à l’aise pour qu’elle ne soit pas plus lourde. Et puis il devait bien lui rester un peu de sérum de vérité quelque part.

Mise un moment en second plan, son impression de danger revint soudain au galop. Comme ils arrivaient près de leur quartier, elle attira soudain le Néo-zélandais dans une ruelle sombre et lui mit la main sur la bouche.

« - Navrée que ça ne soit pas plus romantique, souffla-t-elle. Je crois qu’on nous suit. »

Difficile de ne pas être troublée alors qu’elle était serrée ainsi contre lui mais ça n’était vraiment pas le moment de se laisser distraire alors qu’une forme se détachait dans la rue en cherchant visiblement quelque chose.

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" Si j'bois une goutte de plus, j'suis bon pour le coma." marmonna t-il en mâchant ses mots.
Ce n'était vraiment pas le moment d'aborder cette histoire de réalité virtuelle alternative avec autant d'alcool dans le sang. Ca allait forcément faire remonter des choses et Noa n'en avait nullement envie. Comment lui dire que dans sa version des faits, elle n'était pas Tokra, que Peter était en vie et qu'ils venaient d'avoir un bébé ? Il savait que cette histoire la blesserait, la mettant devant l'évidence d'une vie à présent impossible. Il n'était pas assez saoul pour faire l'erreur de la blesser.

" Je vou..." commença Noa, mais Nadira le tira tout à coup par le bras.
Une seconde plus tard, Noa se retrouvait dans une ruelle sombre, une main plaquée sur sa bouche et Nadira tout contre lui. Ses yeux s'arrondirent de surprise et pendant une seconde il cru honnêtement que Nadira allait l'embrasser là dans cette ruelle. Mais son amie lui révéla rapidement qu'il n'en était rien, et que la raison en était tout autre.
Ils étaient suivis.


" Depuis longtemps ? "
murmura Noa.
Il sentit l'adrénaline pulser dans ses veines et éloigner pour un temps une infirme partie de son état d'ébriété. Noa tenta de regarder dans la rue et il vit une ombre passer et qui ralentit en tournant un peu sur elle-même. Apparemment le type, car c'était forcément un type, cherchait quelque chose.
Si vraiment ce type les suivaient, il y avait deux possibilité. Il pouvait les avoir suivit pour les détrousser, donc sans lien avec leur travail sensible. Noa préférait largement cette idée. Ou il pouvait les avoir suivi à cause justement de leur travail sensible. Cette seconde option était beaucoup plus terrifiante car elle signifiait qu'il savait qui ils étaient et où ils habitaient.

" A ton avis, un mec qui veut nos portefeuilles ou un mec du RESO ?" murmura Noa.

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