1/ Parking

Depuis son départ de la maison familiale, Katleen s'était installée dans la ville de Tokyo, afin de se rapprocher de son travail en tant qu'archéologue depuis que celle-ci avait dû arrêter l'armée, afin de se consacrer à l'étude des civilisations passées.

Apres une nuit dans un hôtel de Vegas, ou elle s’était débrouillée pour perdre $250 à cause de cartes récalcitrantes, Nadira avait louée un petit coupé rapide avant de s’enfoncer dans le désert.

Depuis qu’elle avait appris le décès de son mari, la belle Egyptienne avait frappée à toutes les portes imaginables pour en savoir plus. Du Pentagone à la Maison Blanche en passant par l’académie d’Annapolis ou il avait fait ses études. Rien n’y avait fait.  Pourtant, rapidement, elle commença à se sentir observée, chez elle, ou filée lorsqu’elle se rendait à son laboratoire.

Elle dut finalement agacer les bonnes personnes. Avant-hier soir, un officier en uniforme l’attendait devant son garage. Il lui remit une enveloppe en papier kraft avec ces quelques mots énigmatiques : « Si vous voulez vraiment connaitre la vérité, soyez la ».

Evidemment, tout cela ressemblait à un piège pour la faire disparaitre… Mais inutile de l’envoyer dans le Nevada pour cela, pas vrai ? Elle tournait parano… Sans plus réfléchir elle avait posé quelques jours de congés, bouclé un sac de voyage et réservé un vol pour la cité du jeu.

Ce matin, alors qu’elle s’enfonçait dans le désert, protégé de la chaleur par une climatisation salutaire, les paroles d’une vielle chanson lui revinrent en mémoire :

Avec un haussement d’épaule fataliste, elle appuya sur l’accélérateur en chassant arrières pensées et mauvais pressentiments.

Deux heures plus tard, elle haussait un sourcil déconcerté. La base militaire ou l’avait conduite la carte trouvé dans l’enveloppe, n’était pas exactement ce à quoi elle s’attendait. Elle montra la carte magnétique qu’elle avait également trouvé dans l’enveloppe et le planton la fit signe de passer sans montrer le moindre intérêt ni lui donner la moindre explication sur ou elle se trouvait.


Avec un soupir d’exaspération, elle gara sa voiture sur un parking un peu après le portail et se dirigea vers ce qui semblait être un accueil visiteur, en tripotant machinalement la médaille que lui avait offert Peter juste avant son départ pour l’Alaska… la dernière fois qu’elle l’avait vu en vie.



Elle connaitrait la vérité, coute que coute.

L’avion s’était posé à la base de Charleston. C’est ici que Lawrence remit son accord de confidentialité et qu’elle fut briefée rapidement sur sa prochaine affectation. Elle avait imaginé beaucoup de choses en voyant la convocation estampillée Nations Unis mais pas ça. L’espace, les aliens et les technologies avancées, tout ça la dépassait et avait l’air surréaliste. Une part d’elle, une grande part d’ailleurs avait du mal à l’avaler. Le dossier qui lui fut remis avait de quoi l’occuper en lecture pendant les longues heures de trajet jusqu’au site du SDT. Pour atteindre la base du Nevada il lui avait fallu transiter par deux convois de hummers, trois convois de camions et s’arrêter à cinq bases différentes. A chaque fois le même processus se répétait : Déposer son arme à l’intendance, présenter son ordre de mission, patienter en isolement en attendant le prochain convois qu’elle pourrait rejoindre, récupérer son arme, représenter son ordre de mission au chef de convois et embarquer. Le plus long trajet avait duré 12 heures entre la base de Schrierver et la base de Nellis au Nevada. Elle y avait passé la nuit avant d’embarquer une dernière fois dans un camion qui allait passer par son point de rendez-vous.

Elle repensait à cet interminable trajet assise à l’arrière du camion kaki bâché. Depuis le petit banc en bois elle massait sa cuisse droite. Cette dernière la tirait encore un peu suite à la blessure qu’elle avait reçue. Sa seule compagnie était le cliquètement régulier des caisses de matériels s’entrechoquant au gré des ballotements de la route. Sara portait un simple BDU au camouflage forestier ainsi qu’une casquette de service classique. En raison de la chaleur ambiante les manches de sa veste étaient retroussées. Le camion ralentit et le sergent à l’avant ouvrit la lucarne séparant la cabine du plateau arrière :

Sarah empoigna son sac et sauta du véhicule. Celui-ci ne perdit pas de temps et repartit aussitôt la laissant seule. Vue de l’extérieure la base lui faisait penser à un de ces sites construits durant la guerre froide. Il était presque 13h et le soleil de plomb commençait déjà à roussir ses bras nus. Elle décida qu’il n’était pas nécessaire de traîner la plus longtemps. Elle approcha le garde à l’entrée et se fit indiquer le bâtiment d’accueil en présentant ses papiers. Elle s’y dirigea d’un pas tranquille en se demandant ce qu’ils pouvaient bien lui réserver de pire que ce qu’elle avait déjà traversé.

Le trajet jusqu'à Las Vegas se passa sans encombre. Noa n'avait emmené qu'un petit bagage à main contenant son ordinateur et quelques rechanges. On ne lui avait pas transmis de billet de retour, mais il avait l'intention de rentrer le lendemain soir au plus tard.

A la sortie de l'aéroport, un homme vêtu de noir l'attendait avec une pancarte à la main. Son nom horriblement mal orthographié y avait été écrit. Noa s'approcha du molosse qui le dépassait de quelques centimètres.

« Pakeha, avec un k et un h ! » lança t-il avec un sourire.
« Mais je ne vous en veux pas. C'est un nom difficile ! Bonjour » finit-il par dire en tendant la main.

L'homme semblait assez surprit de cette réaction et en guise de réponse lui indiqua la voiture noire derrière lui.
Noa fronça les sourcils mais monta à bord.

Le conducteur n'était pas plus loquace. Le trajet fut long, très long. Plusieurs fois, Noa essaya d'obtenir quelques informations sur le lieu où on l'emmenait. Mais à chaque fois, les deux hommes rabâchait la même phrase :
« On ne peut rien vous dire monsieur Pakeha. Tout vous sera expliqué sur place »

Noa avait même commencé à prendre peur lorsqu'il se rendit compte qu'ils roulaient depuis plus de deux heures en plein désert du Nevada. Discrètement, il sortit son téléphone, le brancha sur le GPS et étudia la trajectoire qu'ils étaient en train de prendre.

« Get off the grass !!! » s'exclama Noa tout bas. Il n'en croyait pas ses yeux. Ils étaient en train de prendre la direction.... de la zone 51 !
Son emplacement théorique tout du moins. Celui relayé par les comploteurs ésotériques du web.
Si cette zone existait bel et bien à cet emplacement, ils étaient en train d'en prendre la direction.

Noa ne posa plus de question pendant l'heure de trajet restante.

Finalement, la voiture s'arrêta devant une sorte d'immense hangar au milieu de nul part. L'homme à ses côtés sauta de la voiture, la contourna pour lui ouvrir la portière. La chaleur fit presque suffoquer le jeune homme qui se dirigea à grand pas vers l'entrée du bâtiment.