Allo maman bobo

La matinée avait débutée normalement pour Nadira. Une foulure lors d’un exercice hier soir, un patient malade qui s’était avéré souffrir d’une crise appendicite et qu’elle avait renvoyé se faire suivre sur Terre… Rien de rare.

Du coup, elle laissait son équipe gérer ces problèmes et s’occupait de mettre à jour les dossiers des derniers arrivants et de passer en revue les différents résultats de test qu’ils avaient passé en arrivant ici. Rien à signaler sinon que ce type belge allait devoir suivre un petit régime sans sel.

Du coin de l’œil, elle avait vu que son coéquipier dans JP1 avait vraiment mauvaise mine. Tout ça ressemblait fort à une gueule de bois carabinée. Et sans doute une nuit très agité en prime. Difficile de dire ce qui la faisait le plus sourire. La tête d’enterrement de son collègue ou les mines inquisitrices du reste du personnel féminin.

Elle venait d’aller se chercher un café quand elle vit l’incident du coin de l’œil. Le pilote se leva, vacilla puis s’effondra au sol avant que personne ne puisse intervenir. Elle se rua à son coté et vérifia son pouls, rapide mais régulier. Son ménagement, mais en veillant à lui maintenir la tête, elle le souleva et le posa sur un lit voisin tout en aboyant quelques ordres brefs.

« - J’en connais un qui a vraiment abusé, commenta-t-elle en vérifiant qu’il était encore conscient. »

Elle remarqua également une profonde coupure dans sa main, qu’il avait du se bander seul… Pas malin tout ça...

Zander sentit qu'on le soulevait puis qu'on le déposait sur ce qui devait être un lit.

*Génial, il ne manquait plus que ça...*

Il entendit la réflexion de sa chef d'équipe et répondit machinalement.

« Vous n'avez pas idée… Et maintenant, j'en paie le prix fort. Mauvaise idée que de mélanger l'alcool terrien et celui d'Hébrida. Ils ne font vraiment pas bon ménage ensemble... » dit-il laborieusement en repliant un bras sur ses yeux pour se protéger de la lumière trop vive.

Ce n'était qu'une partie de la vérité, mais il n'avait pas l'intention d'aborder le reste, ou du moins pas ici et pas maintenant. Il n'était pas en état de subir un autre sermon pour le moment. Il n'avait qu'une envie, c'était de s'enfermer dans le noir et le silence pour finir de cuver.

« Désolé, mais je ne crois pas être en mesure de finir mon service. Alors si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je crois que je vais regagner mon vaisseau pour me reposer. Y a un peu trop de lumière et de bruit à mon goût ici pour l'instant. » dit-il en espérant que Nadira le laisserait partir sans faire d'histoire, sans grand espoir cependant.

Faire un malaise dans l'infirmerie sous les yeux de la responsable médicale n'était pas vraiment le meilleur moyen pour quitter les lieux en paix ni la sortie discrète qu'il avait espérée.

Nadira sourit à la remarque sur les alcools. Voila qui confirmait, s’il en était besoin, son diagnostic.

« - Non en effet. C’est même une assez mauvaise idée… Mais tu me mettras une bouteille de cet alcool d’Hebrida, je ne crois pas y avoir jamais goutté. »

Évidemment, il voulait partir. Elle posa la main sur sa poitrine pour l’empêcher de se relever et secoua la tête.

« - Pas de suite. Une gueule de bois, c’est une chose, tourner de l’œil, c’en est une autre. Tu ne quitte pas cet endroit sans l’aval du docteur. Et je vais aussi te refaire ce bandage à la main. Comment tu as fait ton compte ? Ta dernière conquête était une tigresse ?  Et tien, commence par boire ça.»

Elle lui tendit un verre d’eau et alla récupérer de quoi s’occuper de lui elle même. Avec un peu de chance, elle pourrait en apprendre un peu plus sur avec qui il avait passé la nuit. Qui a dit qu’elle n’aimait pas les ragots elle non plus.

« - Allez, enlève moi cette chemise. Je vais te faire un petit prélèvement, juste pour être sur que ces mélanges n’ont pas crée de choses biz… C’est quoi ça? »

Elle fixait le bracelet à son poignet en haussant un sourcil circonspect. Un souvenir, issue de son symbiote remontait rapidement à la surface de ces pensées et ne lui plaisait pas du tout. Elle posa sur lui un regard inquisiteur qui ne laissait guère de place à l’interprétation : « Explique-toi de suite ou devant la sécurité ».

Zander sourit à la requête de Nadira concernant la pourpraline.

« Pas de problème, je dois encore en avoir une ou deux bouteilles en réserve et je n'ai pas l'intention d'y toucher de si tôt. À ne surtout pas mélanger avec de l'alcool terrien »

Évidemment qu'elle ne le laisserait pas partir, et avec raison. Il connaissait les protocoles et le savait pertinemment, mais n'avait pu s'empêcher de tenter sa chance.

Il regarda sa main lorsqu'elle lui demanda l'origine de la blessure. Il avait complètement oublié cet incident. Il dut se retenir de sourire à la remarque sur la tigresse. Elle n'avait peut-être pas tort sur le sujet, malheureusement, il ne s'en souvenait pas.

« Qui vous dit que je ne me suis pas fait ça tout seul, en trébuchant alors que j'avais un verre à la main ? » dit-il, ce qui n'était pas tout à fait faux en fin de compte.

Il prit le verre d'eau et l'avala lentement avant de le reposer sur la tablette à côté du lit. Il commença à enlever sa chemise et poussa un soupir agacé en voyant une bonne partie du personnel féminin en train de regarder avec plus ou moins de discrétion. C'est au moins une chose positive qui devrait ressortir avec son nouveau statut. Peut-être aurait-il enfin la paix. En attendant…

« Est-ce qu'il serait possible d'avoir un peu d'intimité ? » demanda-t-il à sa chef d'équipe.

Il se figea instantanément à sa question et se raidit. Il savait exactement à quoi elle faisait référence. Et au ton de sa voix, elle attendait, non exigeait, une réponse, ce qui sous-entendait qu'elle en avait une petite idée. Sa raison lui soufflait que ce n'était pas la peine de mentir, mais la colère du début de journée resurgit et lui fit jeter celle-ci aux orties. Il se retourna brusquement pour lui faire face et la regarda droit dans les yeux :

« Ça ne vous regarde pas. » dit-il sur le même ton qu'avec Nadja un peu plus tôt.

Malheureusement pour lui, il avait encore une fois bougé trop rapidement et il fut à nouveau saisi d'un vertige qui le renvoya vers son oreiller… Il se recroquevilla sur lui-même avant de sombrer dans l'inconscience, s'évitant ainsi de devoir répondre à l'embarrassante question.

Au moins, il n’avait pas perdu son sens de l’humour. Elle était a persuadé que sa coupure n’était pas dû à une « maladresse » mais ça n’avait pas vraiment d’importance. Elle ferma les rideaux à la demande de son patient, un peu étonnée par cette pudeur soudaine. Mais la suite la surprit encore plus. Devant son refus, Xinan prit le contrôle et allait lui expliquer sa vision des choses quand les événements prirent une tournure inattendue. Le Tok’ra jura dans une langue qui n’avait pas dû être parlé depuis des siècles puis rendit le contrôle de son corps à Nadira.

« - Préparez moi une perfusion pour le réhydrater et lancer une analyse de cet échantillon. »

Elle procéda à quelques contrôles de tension mais se rassura rapidement. Il ne semblait pas en danger immédiat. Après avoir posé la perfusion, elle effleura du doigt le bracelet et se concentra dessus quelques secondes avant de soupirer. En grommelant, en arabe cette fois, elle utilisa son communicateur pour contacter la chef de base.

« - Ici le docteur Garett. Pourriez-vous prendre quelques minutes pour passer à l’infirmerie ? J’aimerai vous montrer quelque chose. »

Pas d’urgence dans sa voix mais le vouvoiement indiquait qu’il s’agissait bien d’un problème professionnel.

« Quelqu’un sait avec qui il a passé la soirée demanda-t-elle à la cantonade. »

Evidemment personne n’était au courant ce n’était guère surprenant. Mais il allait falloir lui mettre la main dessus rapidement. Finalement, cette matinée allait être plus intéressante que prévue.

Personne évidemment en répondit à la demande de Nadira. Ca pour mater, il y avait du monde, mais pour se rendre utile… Au moins ce n’était un des membre de son équipe. Toute les infirmières avait l’air raisonnablement en forme. Pas trace de la moindre gueule de bois.

Elle allait refermer le rideau quand Aeryn arriva.

« - Je ne m’attendais pas a vous voir si tôt. Venez, je vais vous expliquez. »

Une fois seule, la question de l’irlandaise la fit sourire.

« - Une gueule de bois de première classe. Ce qui ne lui ressemble déjà pas mais le probleme n’est pas la. »

Elle lui montra le bracelet et ce fut Xinan qui prit le relais.

« - J’ai vu des bijoux similaires chez certain Goa’Uld il y a longtemps. Cela provoque une compulsion très forte chez son porteur. Ces bracelets allaient par deux. En le portant, vous deveniez soudain très attiré par l’autre. Imaginez l’effet psychologique que cela peut produire sur deux ennemis jurés. Ou, au contraire en empêchant les amants de se voir pendant des semaines. Un outil très cruel en somme mais tombé en désuétude fort heureusement. »

Il s’interrompit un moment pour être sur qu’elle avait bien compris les implications de ce qu’il venait d’expliquer.

« - Ce bijou est une version largement moins puissante, dont j’ignore la provenance. Mais une chose dont je suis sur, c’est qu’il y en a un autre, quelque part, sur cette station, et que nous ignorons de qui il s’agit pour l’instant. Et que cette personne pourrait lui faire faire n’importe quoi très facilement.»

Zander entendit deux voix autour de lui et s'agita. Mais il était trop épuisé pour résister à l'appel des limbes et sombra à nouveau dans l'inconscience.

*****

Stella, elle, écoutait la conversation avec beaucoup d'intérêt. Elle était inquiète pour son pilote depuis plusieurs heures déjà. Elle ne pouvait rien dire de ce qu'il s'était passé, mais elle pouvait au moins donner son avis sur la situation. Elle décida donc d'intervenir dans le conversation.

« Veuillez pardonner mon intrusion, mais vous n'avez rien à craindre de ce côté-là, je peux vous l'assurer. » dit-elle en réponse à la dernière remarque de Xinan.

« Et avant que vous me demandiez, non, je ne peux rien vous dire sur le qui et les circonstances dans lesquelles ces bracelets sont entrés en leur possession. » les informa-t-elle pour couper court à toute question sur le sujet.

« Il faudra que vous lui demandiez directement. Mais attention, car il est pour le moins… susceptible sur le sujet, comme vous avez pu le constater, Dr Garrett. »

Zander n'était pas du genre à avoir le sang chaud, mais deux incidents survenus plus tôt faisaient s'interroger l'IA sur l'état émotionnel et les facultés de son pilote. Celui-ci réagissait de manière quelque peu irrationnelle depuis la veille et cela commençait à la préoccuper.

« Une dernière chose, je l'ai déjà vu en proie à plusieurs gueules de bois, comme vous dites, par le passé, mais jamais aussi sévère que celle-là. Et il agit d'ailleurs d'une manière inhabituelle depuis son réveil. » finit-elle.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Aeryn prit le problème au sérieux. Xinan sursauta quand la chemise de Zander, posée sur une chaise à coté d’elle, se mit à parler. Sans doute y avait-il le communicateur personnel du pilote dans la poche. Elle reconnut la voix de Stella, qui tentait de les rassurer au sujet des bracelet.

« - Si je comprends bien, Stella, tu penses que la personne qui possède l’autre bracelet ne présente aucun risque pour notre sécurité, mais tu te refuses à nous dire de qui il s’agit. Tu comprendras que je reste un tout petit peu inquiet. »

Le symbiote n’arrivait toujours pas à se considérer comme une femme apparemment. Il écouta Sincet verrouiller la station et demander à la personne concernée de se présenter spontanément. Voilà qui permettrait de tester sa bonne foi.

« - Ces bracelets ne peuvent être enlevé sans risques pour el porteur. Nous parlerions des originaux, je n’aurai sans doute pas hésité. Mais ici, tant que nous ne sommes pas sûr que la vie de monsieur Hayes et de qui que soit l’autre est réellement en danger je préfère ne rien tenter. Evidemment, nous pourrons toujours leur couper le bras, mais c’est un peu extrême. »

Il souriait pour bien marquer la plaisanterie, avant de répondre à la question suivante.

« - D’après Nadira, il ne devrait rester inconscient que quelques minutes. Je ne sais pas grand-chose d’autre sur ces choses. Leur créateur est mort depuis longtemps et j’ignore comment cette technologie a pu lui survivre. Comme je vous l’ai dit, ces versions sont des imitations assez frustres bien que possédant sans doute un effet réel. J’ai essayé d’en prendre le contrôle mais n’obtient qu’un vague écho. Ce qui veut dire que ce n’est pas un goa’uld qui les a fabriqués. Ce qui est sommes toute une bonne nouvelle. »

Si Stella avait été humaine, elle aurait haussé les épaules aux réponses des deux femmes. Elle avait l'habitude que les humains ne la croient pas.

« Non, je ne pense pas, je le sais. Et ce n'est pas que je ne veux pas vous le dire, c'est que je ne peux pas, ce qui est complètement différent. J'ai reçu l'ordre de ne rien révéler à quiconque concernant ces événements. Si j'avais eu le moindre doute quand aux intentions de cette deuxième personne, je n'aurais pas hésité une seule seconde à vous le dire, surtout si cela le mettait en danger. Mais je comprends parfaitement que vous ayez besoin de la trouver rapidement pour tirer toute cette histoire au clair. »

Zander entendait la voix de Stella au loin. Elle devait essayer de lui dire quelque chose et il devait se réveiller pour l'écouter. Il lui fallut cependant plusieurs minutes pour sortir des brumes dans lesquelles il se trouvait. Il se sentait vidé tant physiquement, que moralement et émotionnellement. La migraine qui lui enserrait les tempes était toujours là, toujours aussi douloureuse. Il aurait aimé se rendormir comme son corps en avait désespérement besoin, mais les voix autour l'en empêchaient.

Il s'agita et ouvrit les yeux pour voir qu'il se trouvait toujours à l'infirmerie. Il se demandait depuis combien de temps il était là, d'ailleurs.

La dernière chose dont il se souvenait était le visage surpris de Nadira quand il avait refusé de lui répondre à propos des bracelets et il avait cru voir l'éclat de ses yeux changer indiquant que Xinan prenait le contrôle, puis plus rien. Quelque chose dans sa tête lui souffla que le symbiote devait exactement savoir de quoi il retournait.

Il vit que Nadira  en train de discuter au pied du lit avec le Dr Sincet. Il sut alors qu'il était dans de sales draps et qu'elles allaient sans aucun doute vouloir lui poser des questions immédiatement maintenant qu'il était conscient. Sauf qu'il se sentait incapable de subir un interrogatoire pour le moment et ce coup-là il ne pouvait espérer se rendormir dans les trente secondes pour y échapper. Il savait ce qui allait suivre, aussi prit-il les devants et tenta-t-il une manœuvre quelque peu désespérée :

« Pitié, ne pourrait-on pas parler de ça un peu plus tard, s'il vous plaît ? Maintenant ou dans quelques heures, cela ne changera rien à la situation de toute façon, vous le savez aussi bien que moi. » dit-il d'une petite voix rauque dans laquelle transparaissant l'épuisement à l'intention de Nadira. Tout ce qu'il voulait c'était qu'on le laisse tranquille et se reposer quelques heures.

Non, visiblement, lâcher le sujet ne semblait pas dans l'air du temps et Aeryn passa à la charge. Un reste de bon sens lui dit qu'envoyer promener sa chef d'équipe était une chose, mais le grand chef en était une autre et que les conséquences ne seraient pas les mêmes.

Il se laissa aller sur l'oreiller, ferma les yeux quelques secondes et respira lentement pour laisser passer un vertige et une vague de nausée. S'ils devaient faire ça, autant que Nadja soit présente et qu'ils en finissent une fois pour toutes, mais si ça pouvait se faire dans un endroit un peu plus discret, cela vaudrait mieux. Il n'avait pas spécialement envie que toute l'infirmerie entende de quoi il retournait et que que l'intégralité du personnel soit au courant dans les trente secondes. Plus tard les gens seraient au courant, mieux cela vaudrait.

Mais rien à faire, son bon sens se fit la malle à la dernière seconde et ce furent ses nerfs à fleur de peau qui répondirent en lieu et place de la raison :

« Eh bien non, je ne vous répondrais pas. Je n'ai pas du tout envie de parler de ces foutus bracelets maintenant. Jetez-moi dans une cellule si ça vous chante, je m'en contrefiche. Tant que ça me permet d'avoir la paix et de dormir, ça me va… » répondit-il sérieusement agacé, faisant un effort pour ne pas exploser encore une fois.

Sans grand succès. Mu par la colère, il s'assit et entreprit d'enlever sa perfusion.

« En fait non, j'ai une meilleure idée. J'en ai ma claque, alors je m'en vais d'ici. Stella ! Sors-moi d'ici ! » lança-t-il en se levant.

Mais son IA resta étrangement silencieuse…

« Désolée, Zand, mais je ne peux pas faire ça. » finit-elle par dire calmement. « Tu agis de manière totalement irrationnelle. J'estime que quitter l'infirmerie te mettrait en danger. Je me vois donc contrainte de te relever de tes fonctions de capitaine jusqu'à nouvel ordre. »

Il se figea un instant et se retourna vers sa chemise. C'était la première fois que l'IA refusait de lui obéir et se rebellait de la sorte en appliquant ce principe. Elle ne perdait rien pour attendre. Eh bien, soit, il se débrouillerait tout seul et rejoindrait ses quartiers dans ce cas.

Conformément à ses prévisions, Zander se réveilla. Il semblait très mal gérer sa gueule de bois ce qui surpris un peu Nadira. Ça ne devait surement pas être sa première. Il devait y avoir autre chose. Pendant qu’elle lui préparait de quoi soulager son mal de crane, Aeryn le secoua un peu plus rudement.

Elle retint à grand peine un sourire. Elles faisaient un assez bon duo : Bon docteur / mauvais docteur, bien qu’assez inattendu. Elle allait lui tendre le verre quand le pilote eut une réaction inattendue. Il se redressa violement et fit mine de partir. Nadira s’interposa, laissant Xinan reprendre le contrôle au cas où cela tourne réellement au vilain. D’un autre côté, elle était réellement inquiète pour cet homme qu’elle avait ramené avec elle et pour lequel elle éprouvait une sympathie certaine.

Stella intervint à son tour, prenant tout le monde au dépourvu en bloquant le plan d’évasion du pilote.

« - Monsieur Hayes ça suffit ! fit le tok’ra d’une voix sèche. Vous n’êtes pas en état de quitter cette infirmerie. Vous agissez irrationnellement et constituez un danger pour vous et votre entourage. Soit vous vous rallongez de votre plein grés, soit j’appelle la sécurité pour vous y contraindre. »

Il s’était placé sur son chemin et n’aurait aucun remord à utiliser sa force surhumaine pour le contraindre.

En revenant sur l’Achille, Nadja savait que la journée serait difficile. Sa tête lui faisait un mal de chien et elle sentait ses pensées fixées sur tout autre choses que son travail. Elle serait bien passé par l’infirmerie mais se voyait mal expliquer les raisons de son malaise à Mei et encore moins sa nuit précédente Elle ne se sentait pas encore tout à fait prête à ça

L’impact sur le tatami la ramena à la réalité tout en lui coupant le souffle Ca lui apprendrait à être vigilante.

« - Ca va, Chef ? demanda un caporal Obolan visiblement inquiet.
- Ouais, t’en fais pas Samir. C’est ma faute, j’étais pas vigilante. Allez, on continue les autres. »

Elle boitilla jusqu’au banc en regardant les autres soldats continuer leur entrainement. Pas à dire, ces types étaient bon. Elle leur menait la vie dure mais ils semblaient tous en redemander. Elle devait s’accrocher régulièrement pour rester au niveau et n’avait pas droit à l’erreur. Comme ce matin.

« - Nadja ?
- Oui Stella? répondit-elle soudain inquiète.
- Il y a un problème avec Zander. Il a fait un malaise à l’infirmerie de la station et se fait cuisiner. Et il le prend très mal je crois qu’il va… un instant… voilà j’ai dû lui retirer ses droits de commandement. Je ne l’ai jamais vu aussi agressif.
- Tu peux m’emmener près de lui ?
- Bien sûr. »

Et tant pis pour sa tenue. Pieds nus et simplement vêtue d’un gi d’entrainement, elle apparue dans l’infirmerie et embrassa la scène en un regard. Zander et Xinan qui s’affrontaient du regard. Le docteur Sincet juste à côté qui semblait elle aussi particulièrement tendue.

En deux enjambées elle fut près du pilote et posa ses mains de chaque côté de son visage tout en le fixant de ses yeux bleus.

« - Arrêtes-ça, murmura-t-elle. Il faut que tu te reprennes. Ce truc te rend dingue, je sais, mais tu dois pas le laisser te contrôler. S’il te plait. »

Zander se retrouva soudain face à Nadira, ou plutôt Xinan, qui lui tint peu ou prou le même discours que Stella.

« Irrationnel ? Non, je veux juste aller dans un endroit où on me fichera la paix et on me laissera dormir tranquille. Quand à être un danger pour moi-même ou les autres… Je n'ai pas envie de me faire du mal ou à quiconque. Je veux juste dormir, c'est pourtant pas compliqué à comprendre, non ? Et allez-y, appelez la sécurité, parce que je n'ai nullement l'intention de retourner dans ce lit. » affirma-t-il.

La petite voix de la raison tentait de lui souffler que s'en prendre à un Tok'ra, ou à la sécurité, n'était peut-être pas la meilleure idée du monde, surtout pour quelqu'un qui, comme lui, tenait à peine debout, et que cela tendait justement à prouver qu'il n'avait peut-être pas forcément toute sa tête, mais il l'ignora.

Puis il se retrouva nez à nez avec Nadja. Il lui fallut quelques secondes pour la reconnaître. Il se demandait d'où elle sortait et pourquoi elle n'avait pas de chaussures. Et brusquement, sa colère reflua aussi vite qu'elle était apparue, laissant place à toute une foule d'autres émotions qui menaçaient de littéralement le submerger, l'obligeant à se rattraper à elle pour ne pas s'effondrer. Il se concentra sur elle et écouta ce qu'elle disait.

« Je suis désolé, je peux pas, j'y arrive pas… c'est trop dur... » lui répondit-il d'une voix désespérée en posant sa tête sur son épaule, essayant de se calmer un peu, ce qui semblait un peu plus facile maintenant qu'elle était là.

« Merde, qu'est-ce qu'il m'arrive ? J'ai l'impression de plus rien contrôler du tout… » continua-t-il sur un ton où transparaissait une pointe de peur.

Puis quelque chose qu'elle venait de dire le frappa. Il jeta un coup d'œil au bracelet avant de la regarder elle avec une pointe de panique.

« C'est cette saleté, c'est ça ? Mais pourquoi, comment ? C'est pas censé faire ça, non ? Il faut me l'enlever, faut trouver une solution, n'importe quoi, parce que je vais jamais tenir un an comme ça ! » dit-il en recommençant à s'agiter.

En recevant Zander dans ses bras, Nadja eut l’impression de revenir des années en arrière et ses yeux la piquèrent soudain violement. Elle se concentra sur l’instant présent ou quelqu’un avait besoin d’elle et serra son « mari » un peu plus fort contre.

« - Shh. Tout va bien. Tu as juste besoin d’un peu de calme. »

Elle entendit le docteur Sincet la remercier et elle lui renvoya un sourire qui se voulait rassurant.

« - Je vous prie de nous excuser, madame. Nous n’avons jamais voulu causer de problèmes. »

La main dans les cheveux de Zander, elle continuait à le tenir contre elle tout en le laissant parler. Elle sentit qu’il se remettait à paniquer et le serra un peu plus dans une éteinte digne de maman ours.

« - Arrêtes ça. Rappelle-toi, c’est maintenant le plus dur. Ton corps va s’habituer."

Malgré ses propos bravaches, elle avait du mal à résister, elle aussi, au déferlement d’émotion qu’elle ressentait. Et quelque chose lui disait qu’elles n’étaient pas toute due au bracelet.

« - Si vous pouviez nous laisser quelques minutes, demanda-t-elle aux deux docteurs présents. Je vous donne ma parole que nous ne tenterons rien d’idiot. Et je répondrais à vos questions ensuite. »

A son grand soulagement, elles acceptèrent et tirèrent un rideau d’intimité bienvenue. Nadja posa son front sur celui de Zander et le fixa longuement, sans rien dire, le laissant se calmer tranquillement. Elle ne savait plus trop quoi dire, mais n’avait aucune envie de rompre le moment. Finalement, ils se rassirent sur le lit et elle lui prit les mains délicatement.

« - Tu te sens un peu mieux ? murmura-t-elle enfin".

Zander savait qu'il avait besoin de calme et, surtout, de dormir. Mais cela semblait trop demander.

« C'est ce que je me tue à leur répéter depuis tout à l'heure, mais personne ne semble en avoir rien à faire et préfère me harceler au sujet de ces fichus bracelets... » dit-il sur un un agacé.

Quand Nadja se mit parler à quelqu'un d'autre, il se désintéressa de la discussion qui se tenait, aussi n'entendit-il pas les propos d'Aeryn. Il essaya plutôt de mettre un peu d'ordre dans ses pensées qui partaient dans tous les sens. Il sentit l'étreinte se resserrer et se laisser aller dans ses bras.

« J'y peux rien… je t'assure que j'essaie… mais je n'y arrive pas, c'est plus fort que moi… c'est comme si mes émotions avaient pris le dessus et que j'étais incapable de reprendre le contrôle... C'est frustrant, tu peux pas savoir… Et dans combien de temps je vais m'habituer à ça, au juste ? » demanda-t-il, tendu.

Il ferma les yeux et se concentra sur sa respiration, se rappelant un vieil exercice du temps de l'académie destiné à... il ne savait plus quoi au juste, mais cela aidait souvent en cas de situation de stress intense. Un silence, relatif, se fit autour d'eux, qu'il apprécia vraiment. Voilà tout ce qu'il demandait, un peu de calme. Il rouvrit les yeux lorsque Nadja lui parla. Il s'assit sur le lit avec soulagement.

« Un peu… En fait, je me sens surtout complètement vidé et j'ai l'impression que ma tête va exploser. Mon esprit tourne en rond comme un cheval emballé sans que j'arrive à le calmer. » dit-il d'une voix fatiguée.

Il se laissa tomber sur ses oreillers et replia un bras sur ses yeux pour se protéger de la lumière, sans pour autant lâcher l'autre main de Nadja.

« Merci… Si tu n'étais pas intervenue, je crois que j'aurais fait une grosse connerie et que je serais peut-être dans une cellule à l'heure qu'il est. » murmura-t-il.