Les rois du désert

Zander soupira et entra dans la salle d'embarquement. Oh, contrairement aux apparences, il était très content de repartir en mission, même s'il ne savait pas trop quoi en penser ou ce qu'il allait faire exactement une fois sur place. C'était juste que ces huit derniers mois avaient été pour le moins intenses et que sortir du JPS allait être un agréable changement.

D'abord, il avait dû s'occuper de Stella. Malheureusement, il ne pouvait pas faire l'intégralité des réparations tout seul, car il n'avait pas les compétences, ou le matériel, pour cela. Il avait dû attendre que la Terre accepte de le faire et ait le temps, car il n'était naturellement pas prioritaire. Puis il avait dû supporter son IA qui se plaignait pendant tout ce temps. Celle-ci était présentement en train de bouder de ne pas faire partir de cette excursion, ce qui, il devait l'admettre, lui faisait des vacances.

Puis son instructeur était revenu à la charge avec la ferme intention de lui faire boucler le programme de formation médical qu'il avait prévu. Il avait donc passé deux mois à suivre sur la station la formation de spécialiste médical de combat qui s'était conclut par un exercice surprise de mise en situation réel sur le site alpha où avait justement eu lieu des exercices militaires organisés par le SDT. Il savait que le but de ces exercices était d'en faire baver les participants et cela avait été une réussite dans son cas. Il avait souffert tant sur le plan physique que mental. Beaucoup. Il avait alors réalisé que la vie de militaire n'était vraiment pas faite pour lui.

Les choses étaient ensuite devenues un peu plus calmes. Il partageait son temps entre les simulateurs de vol, l'entraînement physique, les études médicales et Stella. Sur les conseils de Reynes, il avait demandé à travailler à l'infirmerie et avec les équipes de secours internes, afin de continuer à pratiquer certains gestes qui lui seraient utiles sur le terrain, comme faire des pansements, poser des perfusions, relever les constantes vitales et ce genre de petits gestes. Il n'avait pas son pareil pour remplir les dossiers ou tenir compagnie aux patients et écopait régulièrement des corvées peu reluisantes dont personne ne voulait vraiment se charger.

Il vit que sa chef était déjà là et qu'elle n'avait pas revêtu l'uniforme conseillé. Lui non plus d'ailleurs. Il avait juste troqué, à grand regret, sa tenue noire pour une tenue plus claire et plus légère : chemise beige, pantalon un peu plus foncée et une paire de chaussures montantes. Il avait complété le tout d'un chapeau, de lunettes de soleil et d'un foulard noué autour du cou. Il avait son barda de secouriste sur le dos, ainsi que deux gourdes d'eau, des rations de secours et de quoi se changer, ainsi qu'un blouson léger au cas où, sans oublier son arme de poing à la hanche.

« Alors comme ça, nous partons faire des châteaux de sable et profiter du soleil ? » demanda-t-il en souriant et même si Dakara était précisément le genre de planète dont il n'appréciait pas particulièrement le climat.

Au moment où Aynira allait répondre pour la question de la tenue de Plume, un flash blanc se fit voir. en moins de temps qu'il n'en faut pour penser au mot "cookie", la Narisienne s'était retrouvée sur le JPS, en pyjama, en train de tendre une gaufre maison gavé de nutella à... personne.

*Forcément..."

Elle était dans la salle de contrôle où Gary et Régis étaient en train de se chamailler alors qu'une activation de la porte était en cours. Gary parvient à fermer l'iris, mais une femme sortit du vortex avant son obturation par la paroi métallique. Une femme blonde à la peau pâle, jeune, assez chétive et vêtue d'une sorte de drap blanc immaculé :

"Gary ? Régis ? On reparlera de vos disputes et de ma téléportation fortuite plus tard. Pour l'instant envoyez une équipe accueillir notre invité et appelez Aeryn."

Elle avait encore du mal à s'habituer avec les ordres, n'étant chef en second que depuis quelques jours. La Narisienne descendit à son tour. En chemin, elle envoya un message à Plume, son appareil holographique pouvant servir d'appareil de communication à l'image du Bell qu'elle n'avait pas sur elle pour des raisons évidentes.

"Je suis sur le JPS. On a un visiteur. J'aimerais bien un coup de main."

À moins qu'elle ne cachait une ceinture d'explosif sous son drap plutôt moulant, elle n'avait pas l'air armée. Elle n'avait pas la carrure d'une soldat et son regard montrait la surprise et la confusion comme si elle venait d'arriver ici sans trop savoir comment...

Les soldats en joug derrière elle, elle s'approcha lentement pour ne pas l'effrayer et resta face à elle à bonne distance :

"Bienvenue sur Terre. Je m'appelle Aynira Leyva, responsable en second de cette base. Vous êtes ?"

Tenant toujours la gaufre dans la main, elle eut l'idée de la tendre doucement vers l'inconnue. Vu sa carrure, elle ne devait manger souvent et ça pourrait permettre d'instaurer un dialogue... et puis qui peut résister aux gaufres de Plume honnêtement ? :

"Vous devez avoir faim non ?"

Elle fit un signe de la main aux soldats derrière elle pour baisser les armes. Étrangement, pas facile de mettre en confiance avec des fusils pointant dans votre direction.

Zander traversa la Porte et regarda attentivement autour de lui une fois de l'autre côté. Ça ressemblait bien à la salle de la Porte sur le JPS qu'il avait quitté quelques jours plus tôt et il reconnaissait certains visages de l'équipe médicale qui se dirigeait vers eux. Ils étaient donc revenus à la bonne époque. Voilà qui était rassurant. Il nota aussi que les gens présents les regardaient bizarrement. Il fallait dire que non seulement leurs tenues détonnaient et ne correspondaient pas à celles qu'ils portaient au moment de partir et en plus, ils étaient dans un sale état.

Lorsque l'un des infirmiers s'approcha pour examiner, il secoua la tête. Il pouvait attendre d'aller à l'infirmerie pour être soigné.

« Occupez-vous plutôt des Dr Garrett et Sincet en premier. Leurs blessures sont plus graves. La mienne n'est qu'une égratignure et elle ne saigne plus. Elle a juste besoin d'être nettoyée et bandée. Au fait, quel jour sommes-nous exactement ? » lui demanda-t-il.

Sa question lui valut un froncement de sourcil, mais il obtient sa réponse, qui le sonna plus sûrement que n'importe quel coup. Ici, cela ne faisait que quelques heures depuis leur départ contrairement à eux qui avaient vécu plusieurs journées mouvementées, ce qui signifiait que Nadja n'était pas là et qu'elle ne le serait pas avant plusieurs jours. Il prit une grande inspiration et tenta de brider son esprit qui commençait à partir dans tous les sens à la perspective de devoir attendre plus longtemps que prévu. Il n'avait pas du tout pensé à ça. Il sentit son estomac se tordre, ses épaules s'affaissèrent et il eut l'impression qu'un gouffre venait de s'ouvrir sous ses pieds.

Quand son tir toucha le Goa’Uld, XInan lui hurla sa haine au visage avant de tirer à nouveau, encore et encore. Mais le bouclier l’empêcha d’achever son ennemi et il le regarda disparaitre par l’horizon des évènements. En poussant un nouveau rugissement, il s’élança à sa poursuite mais la porte se referma avant qu’il ne pût traverser.

Un chapelet de jurons colorés s’échappa de sa bouche. Si près, il était passé si près d’en finir avec cette guerre !

« - Ramenez nous à la maison Thomas, finit par dire Nadira en reprenant le contrôle de son corps."

Elle sentait son symbiote furieux s’agiter en elle et partageait sa frustration. Mais elle avait une équipe à ramener et il fallait faire vite.

Quelques minutes plus tard, ils étaient dans la salle d’arrivée de la station, sous les yeux médusés du personnel. Leur tenue et leur état général devait en effet sembler pour le moins étrange.

« - Je m’occupe du rapport préliminaire. Allez-vous reposer. »

La question d’apparence banale de Zander sembla l’affecter plus que de raison. Il fallut quelques secondes au médecin pour reprendre le dessus sur les instincts belliqueux qui la submergeaient. Ce foutu bracelet faisait à nouveaux des siennes.

« - Vas dormir Zander, lui souffla-t-elle. Prend un calmant au besoin. »

Ça n’était vraiment pas le moment qu’il refasse une crise. Il avait réussi à les éviter pendant leur séjour à Paris et pouvait donc continuer à se contrôler le temps que sa dulcinée ne revienne. Le plus intéressant était que les bracelets n’était plus synchronisé à présent. Peut-être pourrait-elle les leur enlever ? Encore faudrait-il qu’il soit d’accord.

Mais elle avait d’autre chat a fouetter pour l’instant. A commencer par se doucher, se changer, et aller faire un rapport préliminaire sur leurs édifiantes aventures temporelles.