Bataille de polochons

Aller sur Terre. C’était plus qu’un rêve de gosse pour Nadja pour qui le berceau de l’humanité n’avait jamais été habitable. Vitrifiée des décennies avant sa naissance, la planète n’était que le lointain fantasme d’un paradis perdu.
Et pourtant, elle y allait aujourd’hui. Et rien n’aurait pu l’empêcher. Pas même le reste de gueule de bois qu’elle trainait depuis ce matin, résultat de la soirée très arrosée, sur l’Achille, entre membre du commando qui avaient donné l’assaut au chantier spatial.

La moitié de sa solde était passé dans la première tournée mais elle en regrettait pas d’avoir importé cette tradition. Et il n’y avait quasiment pas eu de casse non plus. Un vague mal de crane persistait encore ce soir, malgré l’eau abondante qu’elle avait ingurgitée ainsi que quelques médicaments subtilisés à l’infirmerie., mais ça n’était pas ça qui gâcherait son plaisir.

Elle regrettait par contre de ne rien avoir à se mettre sinon un treillis usagé. Il fallait vraiment qu’elle se trouve des vêtements civils à sa taille. Le sergent de faction étudia avec soin son autorisation puis l’invita à se positionner sur la plaque de transport. Un instant plus tard, elle disparaissait dans un flash qui la conduisit dans une petite pièce fermée ou l’attendait son chaperon, le docteur Teoh.

« - Bonsoir, lâcha-t-elle, plus émue qu’elle ne voulait bien l’admettre. »

Déjà, l’air lui semblait différent. Il n’avait pas cet arrière-gout métallique propre aux atmosphères confinées. En essayant de ne pas se laisser submerger par l’émotion, elle suivit son guide et sortit… avant de rerentrer précipitamment, l’estomac au bord des lèvres, les yeux obstinément fermés pour ne plus voir l’une des choses qui la terrifiait le plus.

« - Tu vas pas tomber, tu vas pas tomber, tu vas pas tomber… »

« Bonsoir » répondit Mei en souriant une fois de retour sur le plancher des vaches. « Bienvenue sur Terre ! »

Nadja tentait de cacher son émotion, mais Mei n'était pas dupe. Elle savait ce que cette permission représentait pour elle. Pas plus qu'elle n'ignorait la gueule de bois dont le sergent devait souffrir. Elle avait entendu parler de la petite fête que son invitée avait organisé et avait même accueilli l'un des participants avant de quitter son poste. Celui-ci se trouvait d'ailleurs toujours à l'infirmerie quand elle était partie, sous perfusion et profondément endormi.

Elle sortie du cagibi dans l'air nocturne. La température était clémente et le ciel parfaitement dégagée. Certaines étoiles étaient visibles. Elle se retourna et vit Nadja sortir puis rerentrer presque immédiatement dans la petite pièce. Elle resta interdite quelques secondes, se demandant quelle mouche pouvait bien piquer le sergent. Elle ouvrit la porte et la rejoignit à l'intérieur, l'entendant répéter la même phrase. Elle fronça les sourcils, ne comprenant pas quel était le problème.

« Qu'est-ce qu'il vous arrive ? » lui demanda-t-elle.

Elle allait aussi devait trouver un moyen de s'adresser à elle autrement que par son grade, mais ce n'était pas chose facile pour elle. Appeler quelqu'un par son prénom, ou pire le tutoyer, en dehors du service ne lui semblait pas naturel du tout, car elle ne fréquentait presque jamais fréquenter des membres des forces armées en dehors du service et que si jamais ça arrivait, elle ne savait pas trop sur quel pied danser et comment se comporter.

Impossible de cacher son malaise. Adossée au mur, dégoulinante de sueur, les yeux toujours fermés, Nadja ne bougeait pas et tentait de retrouver son équilibre mental. Elle senti le médecin de l’Achille près d’elle et s’en voulu de gâcher, déjà, la soirée.

« - Désolée Doc… j’aurai du m’en douter, marmonna-t-elle. »

Elle se força à rouvrir les yeux et à respirer profondément pour calmer son rythme cardiaque.

« - Il n’y a pas de plafond, souffla-t-elle. Juste un grand vide. Je peux pas m’empêcher de me dire que je vais tomber. Je sais bien que c’est pas vrai, intellectuellement, mais tous mes sens me disent le contraire. Si j’avais mon armure, ça irait. Je suis à l’abri dedans, et les injecteurs de drogues pallient aux pires des malaise. Mais la… »

Des yeux, elle chercha autour d’elle et décrocha une casquette de Baseball d’une patère toute proche.

« - Le général Leyva m’a donné ce truc y a quelques mois quand nous nous étions craché sur une planète bizarre. C’est pas parfait mais ça avait marché le temps de nous mettre à l’abris. »

Elle avait espéré que de nuit, elle serait moins malade. A moins que son enthousiasme (et son mal de tête) ne lui ai fait oublier ce désagrément d’avoir toujours vécue en atmosphère confinée. Apres avoir pris une nouvelle inspiration, elle posa un pied dehors, puis un second, le regard fixé sur la route.

« - Si je tourne de l’œil, je t’interdit de filmer… »

Dernière édition par Nadja Cook le Mer 24 Jan 2018 - 11:36, édité 1 fois

Mei fut décontenancée par la réponse de Nadja.

« Pas de plafond ? » demanda-t-elle, perplexe.

Il lui fallut quelques secondes pour comprendre qu'elle faisait référence au ciel et à l'absence de plafond au-dessus de sa tête. C'était la première fois qu'elle entendait quelque chose de la sorte, ni même imaginer que cela pouvait être un problème, mais les circonstances étaient exceptionnelles. Elle se demandait bien ce qu'elle allait pouvoir faire. Elle écouta les explications qui suivirent.

« Oui, mais l'armure, là, tout de suite, ça va pas être possible. Il va falloir trouver autre chose pour la centaine de mètres qu'il y a à parcourir pour arriver jusqu'à chez moi. Si jamais je peux faire quoi que ce soit, il ne faut pas hésiter à me le dire. »

Elle vit Cook prendre une casquette qui trainait puis ressortir. Effectivement, cela semblait être une solution de fortune qui pouvait faire l'affaire pour une courte période. Elle n'y aurait pas pensé elle-même. Cependant, elle allait devoir réfléchir à quelque chose pour une plus longue durée, du moins jusqu'à ce que le sergent se soit habituée à la Terre. Encore lui faudrait-il l'interroger sur les symptômes qu'elle ressentait exactement pour pouvoir trouver les bons médicaments, mais pas tout de suite. D'abord, il allait falloir arriver jusqu'à chez elle.

« Cela ne me viendrait même pas à l'esprit. Je suis médecin. Si je dois quelqu'un qui s'évanouit, je lui porte secours. Je ne sors pas ma caméra pour le filmer. De toute façon, je n'en ai pas, donc aucune chance que cela arrive. Et je vais passer devant, comme ça vous n'aurez qu'à fixer mon dos jusqu'à destination. » répondit-elle très sérieusement.

Le regard fixé sur le bas du dos du médecin, Nadja avançait les dents serrées, essayant de ne pas réfléchir à ce qu’il y avait ou plutôt ce qu’il n’y avait pas, au-dessus d’elle. Teoh n’avait pas tout à fait bien pris sa dernière phrase, ce qui la fit grogner.

« - Je sais bien que tu es médecin, mais je préférerai passer ma soirée avec Mei-Ling, qui est ce que j’ai de plus proche d’une amie sur ce fichu caillou. »

Sans son estomac qui se tordait dans tous les sens, elle n’aurait sans doute pas été si directe. Exprimer ses sentiments aussi directement n’était pas dans ses habitudes. Mais les circonstances étaient tous sauf habituelle. Après tout elle suivait une paire de fesse comme si sa vie en dépendait. Si quelqu’un les observait, il devait se poser bien des questions.

Le chemin fut court, heureusement, et elles arrivèrent à l’entrée d’un petit pavillon. Nadja passa la porte avec un soupir de soulagement très net et inspira profondément ce qui chassa les taches claires de son champ de vision. Avait-elle retenue son souffle tout au long du chemin ?

« - Merci… Je suis idiote de pas avoir pensé à ça. J’étais tellement pressée de venir… Cela dit… qu’est ce qui sent si bon ?

Mei se dirigea vers sa maison, Nadja sur les talons.

« Mei. Pas Mei-Ling. Les seules personnes à m'appeler de la sorte sont mes parents. Et généralement pour me passer un savon ou me faire la morale sur mon style de vie et le fait que je suis toujours célibataire et sans enfants. » répliqua-t-elle du tac-au-tac.

Elle ne savait pas quoi penser ou répondre à la fin de la phrase. Mettre le médecin de côté n'était pas quelque chose qu'elle faisait souvent ou naturellement. C'était l'inconvénient de son métier et de son lieu d'exercice. Elle était en quelque sorte en service permanente, dès qu'elle mettait un pied hors de ses quartiers, que ce soit son quart de travail ou non. Tout le monde l'abordait comme le Dr Teoh et rarement comme « Mei » justement. Et elle ne faisait pas grand-chose pour remédier à la situation. Peut-être était-ce pour cela qu'elle appréciait Nadja, qui, outre sa situation hors du commun, était l'une des rares personnes qui faisait fi régulièrement de son grade et c'était un agréable changement, même si elle ne risquait pas de l'avouer.

Elle entra et s'effaca pour laisser passer Cook avant de refermer la porte. Elle sourit à la remarque.

« C'est compréhensible. Il faudra qu'on s'en occupe, mais pas ce soir. Et cette odeur est le résultat d'une après-midi passée à mener une intervention d'un genre un peu spécial. Cela faisait longtemps que je n'en avais pas fait de la sorte d'ailleurs. » dit-elle.

Elle se dirigea vers la table et alluma deux bougies.

« Parce que si je me souviens bien, je vous dois toujours un dîner aux chandelles. »

Mei… Voilà qui lui allait parfaitement. Le malaise passa aussi rapidement qu’il était venu une fois à l’intérieur de la maison. Elle en profita pour observer autour d’elle la maison joliment décorée et fut frappée par l’aspect étrange de ce qu’elle voyait. Les quartiers de vie du JPS et de l’Achille ressemblait pour beaucoup à ce qu’elle avait connu toute sa vie. Des lieux fonctionnels, pratiques à l’espace optimisé. Même l’appartement de ses parents, à New Paris rentrait dans cette catégorie. Ici, c’était l’inverse. Les meubles surtout, n’était pas de la même couleur uniforme et avait été autant choisit pour leur aspect esthétique que fonctionnel.

Elle fit quelques pas dans le salon, les yeux écarquillés comme un enfant à Noel. Ses doigts frôlaient certains objets comme pour se prouver que ça n’était pas du plastique.

Derrière elle, Mei lui expliquait l’origine de l’odeur qui la faisait saliver depuis son entrée ici et les derniers mots la firent sursauter. Elle se souvenait de l’échange qui avait donné lieu à cette invitation. Nadja avait alors des shrapnell plein le dos et la chirurgienne avait dû l’opérer quasiment à vif tant l’ex marine était bourrée de drogue de combat.
Mei avait-elle cru qu’elle lui faisait des avances et y répondait-elle se soir favorablement ? Les histoires sentimentales de Nadja s’étaient rarement bien terminées et elle ne s’était jamais intéressée aux femmes. Ça ne la choquait pas mais ne la tentait tout simplement pas.

« - Oh… il va falloir peut-être arrêter de me vouvoyer alors, non ? »

Voilà qui était une belle entrée en matière pour lever l’ambiguïté…

Mei secoua la tête. La tutoyer ? Cela ne serait pas aussi simple que cela en avait l'air de prime abord. Vouvoyer les gens était une habitude dont elle avait du mal à se défaire, même lorsqu'elle ne portait pas l'uniforme.

« Peut-être en effet. Mais c'est une mission qui va s'avérer difficile. Je n'ai pas l'habitude de tutoyer les gens… Déformation professionnelle, malheureusement. Donc, il va probablement falloir me rappeler à l'ordre assez souvent pour faire passer cette mauvaise habitude. Alors ce soir, je t'emmène en Asie, chez moi à Singapour pour être précise, avec des popiah, du riz au poulait hainanais et en dessert, des tangyuan, le tout accompagné de thé vert au jasmin. » dit-elle en passant dans la cuisine.

Tout était déjà prêt ou presque. Il lui restait le riz à cuire, mais c'était l'affaire d'une quinzaine de minute, une fois le cuiseur à riz en route et l'entrée, dont la garniture était gardée au chaud dans la mijoteuse, à assembler.

Ne sachant pas trop ce qu'aimait son invitée, ce que celle-ci ne devait aussi ignorer à bien y réfléchir, elle avait opté pour une recette parfumée où la sauce épicée était présentée à côté. Et elle ne le dirait qu'en cas de besoin, mais elle avait des choses bien plus classiques en réserve, si jamais Nadja n'appréciait pas le repas. Puis au pire, il restait toujours la possibilité de commander et de se faire livrer quelque chose dans l'un des fast-food du coin.

« Bon, alors, j'avoue que je n'ai pas grand-chose à boire… J'ai réussi à mettre la main sur des bières qui viennent de chez moi dans un magasin spécialisé et je dois avoir une bouteille de vin qui traîne quelque part. Enfin, je crois. »

L'alcool n'était pas franchement compatible avec son travail et de toute façon, cela n'avait guère d'intérêt de boire seule en regardant un film. Alors elle préférait s'en passer et garder les idées claires, comme ça, en cas d'urgence, elle pouvait intervenir sans problème.

« J'ai aussi tout un assortiment de jus de fruits et autres boissons sans alcool si tu veux épargner un peu ta tête qui doit être dans un triste état à cause d'hier soir. J'ai aussi quelque chose pour ça, s'il y a besoin. » annonça-t-elle. Puis elle ouvrit un paquet de chips aux crevettes, attendant de savoir ce que Cook voulait boire.

Un instant, Nadja prit les mots de son hôte au premier degré et se demanda comment elles allaient pouvoir traverser la moitié de la planète. La réponse était évidente lorsqu’on dispose de téléportation mais alors pourquoi être venu ici ?
Mais la réponse était encore plus évidente. Le médecin évoquait cet endroit en terme culinaire et la description mis l’eau à la bouche de l’ex marines, même si elle n’avait jamais entendu parler de la plupart d’entre eux. Elle l’écouta continuer sa description et sourit sous l’avalanche d’informations. Mei semblait nerveuse. Peut-être n’avait-elle pas l’habitude de recevoir ?

« - Un bon Marine ne refuse jamais une bière m’a dit un jour un instructeur. »

Et au diable le mal de tête. Il faut savoir soigner le mal par le mal. Elle observa le médecin ouvrir un paquet de chips et en piocha un joyeusement avant de goûter.

« - Ca me rappelle la maison ça. Quand j’étais gosse, les mois un peu difficiles, on se nourrissait de chips ultra protéiné. Mais les tiens sont meilleurs… »

Ce rappel à son enfance lui enfonça une aiguille de cafard dans l’estomac. Heureusement, une bouteille de bière arriva pour lui remonter le moral et elle en vida un bon quart en une longue gorgée tout en s’installant sur un canapé moelleux.

« - Y a pas à dire, question alcool, vous êtes au top. »

Avant de revenir dans le salon avec bières et chips, Mei mit le riz à cuire. Si elles ne mangeaient pas tout de suite, le cuiseur se chargerait de le garder au chaud jusqu'au bon moment, sans qu'elle ait à s'en inquiéter.

« À priori, nous devrions pouvoir passer à table dans une trentaine de minutes. À moins que tu n'aies pas faim d'ici là, auquel cas ça peut attendre. » dit-elle en s'asseyant avec sa bière et en piquant des chips dans le plat.

« Pour être honnête, je n'y connais pas grand-chose en alcool. Je ne peux pas dire que je bois très souvent. Juste une bière de temps à autre. Ce n'est pas très compatible avec mon travail, surtout que je peux être appelée n'importe quand pour une urgence. Et si j'ai bu, mieux vaut que je n'opère pas. » expliqua-t-elle.

Elle réfléchit à ce que dit Nadja sur les chips. C'était un concept qui avait un certain mérite.

« Nous n'avons rien de tel. Mais ça pourrait être intéressant à développer. Cela pourrait être très pratique dans certains cas, surtout si ce n'est pas trop cher à produire. Ici, ça sert principalement de nourriture à grignoter. Mais ce n'est pas un substitut de repas. Il en existe à toutes les saveurs et elles ne sont pas toutes faites de les mêmes ingrédients. Celles-ci sont à base de riz, mais la plupart sont à base de pomme de terre. » dit-elle avant de s'arrêter. Elle n'allait tout de même pas disserter sur les différentes variétés de chips. En revanche, une question la taraudait

« J'imagine que tu ne sais pas vraiment ce que tu aimes ou pas, niveau cuisine terrestre, ni même si tu as des allergies à certains de nos aliments. Est-ce que as-tu déjà trouvé des choses que tu détestes ou adores manger depuis que tu es arrivée ? » demanda-t-elle.

Décidément, Mei était inarrêtable sur à peu près n’importe quel sujet. Peut-être à cause d’une certaine nervosité mais Nadja soupçonnait que c’était également un trait de sa personnalité mis en recul lorsqu’elle se devait d’être professionnelle.

« - Les nôtres étaient essentiellement à base de protéines reséquencées. L’ingrédient de base pour des réfugiés comme nous. Mais je te confirme qu’il y avait aussi à peu près toutes les saveurs. Nos préférées étaient poulets fumés. Enfin sauf pour Lud’, ma petite sœur qui ne jurai que par le poisson. »

Elle fit une pause en contemplant le fond de sa bouteille, un sourire mélancolique sur le visage.

« - Evidemment, aucun d’entre nous n’avions jamais gouté de vrai poulet ou de poisson. Ça m’a fait un sérieux choc la première fois. »

La question suivante était plus directe et elle sourit en répondant. Au moins, son hôte avait pris le pli de la tutoyer.

« - Allergie pas vraiment. Mais je me méfie toujours des aliments trop salés ou sucrés. Mon corps c’est bien habitué à présent mais je ne te cache pas que ça n’a pas été simple les premiers jours. Je crois que je ne déteste rien de ce que j’ai pu gouter jusqu’ici. Par contre j’adore les fruits… et le chocolat. Mais là aussi, j’essaie de faire attention. Non seulement au sucre, mais aussi parce que je veux continuer à rentrer dans mon armure. La semaine dernière, Emy s’est fichue de moi pendant toute une après-midi parce que j’avais pris deux kilos. Pas ma faute s’il y avait eu un truc nommé couscous au mess la veille au soir. »

Mais rien ne l’avait obligé à relever le défi idiot d’un caporal qui prétendait manger plus qu’elle… Elle se garda bien par contre d’évoquer ce moment peu glorieux.

Mei ne put s'empêcher de sourire en entendant le mot chocolat. Ça leur faisait au moins un point en commun. Et si tel était vraiment le cas, il faudrait qu'elle l'emmène visiter une certaine boutique en ville. Enfin, à dire vrai, elle avait même plusieurs adresses en tête. C'était des passages obligés pour elle lorsqu'elle était en ville.

« Le chocolat ? C'est mon péché mignon. En fait, je suis même carrément accro. J'en ai toujours en stock dans ma cabine. Le plus dur, c'est que cette réserve est épuisée et qu'il reste plusieurs semaines avant d'être de retour au bercail. Et j'ai justement un placard dédié que je viens de remplir. Mais c'est sûr que pour la ligne, ce n'est pas ce qu'il y a de mieux. Heureusement, je n'ai pas trop de problème à ce niveau-là. » dit-elle avec un très large sourire.

Ce qui était vrai. Elle faisait partie des petits chanceux qui pouvaient manger à peu près n'importe quoi sans prendre de kilos. Mais il fallait dire que son métier lui imposait tout de même de faire du sport pour rester en bonne condition physique et que cela devait certainement aider un peu.

« Alors, quels sont vos plans pour cette permission ? »

Elle avait pour sa part quelques idées en tête, comme un classique tour de la ville et peut-être une sortie au parc. Mais avant toute chose, ce serait de faire les boutiques. Elle savait que Nadja n'avait rien à se mettre en dehors des uniformes que lui fournissaient le SDT. Et il fallait absolument s'occuper de ça en priorité. Elle tenait cependant aussi à savoir si son invitée avait des envies particulières. Et avant de ressortir, il faudrait résoudre ce problème de plafond...

Nadja sourit à la mention du péché mignon du médecin.

« - Du coup, si je veux te soudoyer en mission, il faut que je fasse le plein de tablette, c’est ça ? C’est toujours bon de connaître les faiblesse des officiers supérieur. »

Son sourire s’était fait taquin et elle termina par un clin d’œil en buvant le reste de sa bière,  décidément excellente.

« - Vu tous le sport que je fais, j’ai reperdu ces kilo superflu rapidement, mais c’est une vrai torture quand je vois tout ce que vous avez à manger ici. Pas que je m’en plaigne, hein, mais la diversité de ce que vous avez à table me fait encore tourner la tête. »

La question suivante la prit un peu par surprise et elle réfléchit quelques secondes avant d’y répondre.

« - Pas vraiment d’idée non. Il faudrait que je me trouve des vêtements civils corrects pour commencer. Ensuite, si je fais comme d’habitude, ça sera un bar ou deux pour prendre une cuite, et peut être trouver un beau gosse pour la nuit. Rien de rare. »

Elle haussa les épaules, consciente de la banalité de ses paroles. Une idée lui vint cependant à ce moment la.

« - Au fait, c’est peut être idiot comme question, mais on est payé pour ce job ? Je veux dire : on m’a donné une espèce de carte en plastique le premier jour mais je ne sais pas du tout quoi en faire. »

Une fois de plus, elle se sentait comme une idiote. Mais Mei était bien la seule personne avec qui elle se sentait assez confortable pour poser ce genre de question.

Dernière édition par Nadja Cook le Lun 5 Fév 2018 - 9:16, édité 1 fois

Mei rit à la remarque de Nadja.

« Oui je le reconnais, c'est un point faible. Et tu peux toujours essayer de me soudoyer avec, rien ne garantit que tu obtiennes ce que tu veux. » dit-elle.

Sans surprise, Nadja évoqua l'achat de vêtements dans ses priorités. Le reste était, disons, beaucoup plus terre-à-terre et basique pour un soldat. Visiblement, tous les soldats, peu importe leur univers de provenance, avaient les mêmes préoccupations lorsqu'ils étaient en permission.

« Les boutiques, c'est prévu, avant même de faire quoi que ce soit d'autre. La cuite dans un bar, ne compte pas sur moi pour t'accompagner, sauf pour éventuellement te ramener au bercail. Sans le beau gosse. Et d'ailleurs si tu en trouves un, où comptes-tu le ramener au juste ? Parce qu'ici, n'y compte pas. Et je n'ai pas non plus l'intention de te chercher à travers toute la ville quand il faudra se présenter pour reprendre le service. » dit-elle avec un sourire, même si elle savait qu'elle le ferait en cas de nécessité. Pas question qu'on lui reproche d'avoir perdu Nadja, surtout si quelque chose tournait mal. Après tout, elle était plus ou moins responsable d'elle pour l'instant.

*Oh mon dieu, on part de très loin là...* pensa-t-elle en entendant la question sur les cartes de crédit. Elle se s'attendait pas du tout à devoir expliquer ce genre de choses.

Cela allait tellement de soi pour elle que cela ne lui avait pas traversé l'esprit que ce n'était pas le cas de tout le monde. Elle se dit qu'elle avait intérêt à se préparer à entendre beaucoup de questions comme celle-là au cours du week-end. N'y avait-il donc personne au sein du SDT qui s'occupait de s'assurer que les non-Terriens envoyés sur la planète soient briefés et en mesure de se débrouiller tout seuls avant de les lâcher dans la nature ?

« Évidemment qu'on est payés et encore heureux. Tout travail mérite salaire. J'allais justement te demander si tu avais emmené les papiers que t'avais remis le SDT pour savoir ce qu'ils t'avaient donné exactement. Est-ce qu'ils t'ont également fourni une histoire à raconter pour ton passé ? »

Elle l'espérait, parce que sinon, bonjour les problèmes si elle devait se présenter ou devait être amener à parler d'elle-même et de son travail, par exemple à un beau gosse rencontré dans un bar après avoir bu plus que de raisons. Elle n'aimerait pas avoir à signaler un incident de ce genre...

« Ce bout de plastique, c'est ton moyen de paiement. Ça s'appelle une carte de crédit. C'est assez simple à utiliser. Tu l'insères dans une machine, tu entres ton code secret et voilà. Maintenant, il suffit même souvent de simplement poser la carte sur la machine et c'est terminé. Enfin bref, tu verras demain. Il existe un autre moyen de payer, les espèces avec des pièces et des billets. Tu les récupères dans des machines spéciales dans lesquelles tu insères ta carte et tape ton code secret. » expliqua-t-elle.

Elle se leva et alla chercher son portefeuille pour en sortir les pièces et les billets, tous américains. Elle avait rangé dans un tiroir des dollars de Singapour, mais elle n'allait pas les sortir maintenant.

« Sache que chaque pays sur Terre a les siens et que ce qui est là n'est utilisable qu'aux États-Unis. »

Ce n'était pas tout à fait vrai vu qu'ils étaient acceptés dans d'autre pays, mais elle préférait faire simple pour l'instant. Puis des questions très pratiques lui virent à l'esprit.

« Est-ce qu'ils t'ont fait choisir le code secret de ta carte au moins ? Et sais-tu combien tu as d'argent sur ton compte en banque ? Parce qu'il faut que tu saches de quel montant tu disposes pour faire tes acahts… Certes tu peux dépenser plus que tu n'as, si tu y es autorisée, mais franchement, je te le déconseille. Par curiosité, ça fonctionnait comment chez toi ? » demanda-t-elle.

Si son univers n'utilisait pas de carte de crédit ou de monnaie, comment faisaient-ils pour acheter ce dont ils avaient besoin ?

Que Mei ne soit pas intéressée dans une soirée de beuverie ne la surprenait pas vraiment. Mais elle devait bien admettre qu’elle n’avait pas réfléchie à toutes les questions qu’elle posait.

« - Franchement, j’en sais rien. Et non, je ne compte pas ramener quelqu’un ici. Je sais que j’ai tendance à ne pas être délicate, mais j’ai un minimum d’éducation. »

Elle souriait toujours, montrant qu’elle n’était pas vexée par les paroles du médecin. Mais au fond d’elle, elle savait que ça n’arriverait pas. Elle ne se sentait pas assez à l’aise pour s’aventurer seule en ville et se retourner la tête. Sans parler de sa terreur à chaque fois qu’elle regardait en l’air.

Les explications sur l’argent la rassurèrent un peu. Ça n’était finalement pas si différent que ce qu’elle connaissait. Même si elle n’avait jamais manipulé d’argent liquide, elle avait vu assez de films pour savoir ce que c’était.

« - Hum, on m’a demandé de choisir un code en effet. Mais j’avais pas compris pourquoi. Par contre, j’ai pas la moindre idée de ce que j’ai, ni de ce que ça peut représenter. Il faudra me dire si je fais des « folies . Avant j’envoyais la majorité de ma solde à ma famille, maintenant… je n’ai pas la moindre idée de quoi en faire. »

Et tant sur l’Achille que sur la station, tout était à disposition. A la question sur l’argent à son époque, elle leva l’auriculaire et expliqua volontiers.

« - On nous implante une puce à l’adolescence. Il contient nos données personnelles, dont notre solde. Les paiements se font par simple contact ou transfert informatique. Vu que nous bougeons beaucoup, il fallait un système décentralisé. Ces puces sont extrêmement cryptées, évidemment, et ont tendance à s’effacer si on essaye de les pirater. Ce qui reviendrais à une perte de citoyenneté, ce dont personne ne peut avoir envie, sauf quelques imbéciles exaltés. Et ici? On fait comment pour devenir citoyen? Parce que non, j'ai pas la moindre histoire à raconter pour donner le change. Il ne devait pas y avoir la case visiteur du futur quand j'ai été incorporée sur l'Achille.»

Parler de son époque lui faisait du bien, même si ça remuait le couteau dans la plaie. Au moins se sentait-elle un peu moins seule ce soir.

Mei écouta les différentes réponses de Nadja et leva les yeux au ciel à l'une d'elle.

« Sérieusement ? Ils ne t'ont fourni aucun histoire à raconter concernant ton passé ? Raison de plus pour attendre de te trouver un beau gosse. Quand on sera rentrées, il faudra demander au SDT de te créer un passé que tu devras apprendre et utiliser lorsque tu rencontreras des gens. Pour le moment, il va falloir éviter. Tu peux toujours dire que tu es une militaire affectée à la base du coin. Personne n'en doutera une seule seconde. Et si jamais quelqu'un insiste pour en savoir plus sur ton passé, envoie-le promener. Est-ce qu'au moins ils t'ont fourni des papiers d'identité ? Dessus, il devrait au moins y avoir une date de naissance... » dit-elle en secouant la tête.

Elle se demanda s'ils étaient vraiment inconscient et incompétents dans les bureaux. Ou peut-être qu'en digne administration qu'ils étaient, il fallait qu'une demande soit soumise en utilisant le bon formulaire, ou plus vraisemblablement plusieurs, dûment remplis et signés puis contresignés par les bonnes personnes. Ce serait un truc à régler à leur retour sur l'Achille.

« Bon pour le code, c'est déjà ça. On pourra vérifier demain dans une machine combien tu as. On pourrait le faire sur Internet, mais quelque chose me dit que tu n'as pas les informations concernant ton compte... Quand à la valeur des choses, je pense que tu seras capable d'en juger par toi-même et que tu dois être capable de gérer ton budget toute seule, non ? Parce qu'à moins que tu es des goûts de luxe, ça devrait aller. »

Elle leva un sourcil à l'histoire de la puce. Elle n'avait pas apprécié de se faire pucer lorsqu'elle avait signé les papiers, mais elle admettait qu'elles avaient une certaine utilité dans le cadre de leur travail très particulier.

« Mon dieu, si les gens savaient cela, ils crieraient au scandale. Personne n'accepterait une telle chose ici. Les gens redoutent que ces technologies soient utilisées contre eux, pour les espionner et les contrôler, alors qu'elles pourraient être très utiles, comme dans ton univers, ou ne serait-ce que pour stocker des informations médicales sur les personnes. Et dire que nous sommes nous-mêmes pucés pour être identifiés et être téléportés en mission… Mais je pense qu'un jour, on finira par y venir. » dit-elle.

Puis elle réfléchit à la question sur la citoyenneté. Elle n'en avait franchement aucune idée et ne s'était jamais posée la question concernant ces formalités, qui variaient d'un pays à l'autre. Elle devrait se renseigner, mais elle se doutait que le cas spécial de Nadja ne serait pas soumise aux mêmes procédures que le Terrien moyen qui souhaiterait devenir américain.

« Je ne sais pas. Chaque pays a ses propres règles ne la matière. Il n'existe pas de citoyenneté terrienne. Mais tu ne devrais pas trop t'en faire. J'imagine que quand le SDT te créera une identité, tu deviendras probablement citoyenne américaine. Il faudra voir avec eux. »

Elle entendit la sonnerie discrète du cuiseur à riz indiquant qu'il était prêt.

« Si tu veux bien m'excuser deux secondes… Tu veux une autre bière ? » demanda-t-elle avant de se lever pour aller à la cuisine.

« Et on va pouvoir passer à table dans une dizaine de minutes ou on peut continuer à discuter, comme tu veux. » lança-t-elle.

Il était amusant de constater que les administrations étaient toujours aussi inefficaces, quel que soit le pays ou même l’époque. Nadja était persuadée que, comme elle avait été classée comme « humaine » -ce qu’elle était bien sur- toute les procédures pour régulariser les extraterrestres avaient été oubliées. Et vu qu’elle n’avait jamais eu d’autorisation pour aller sur Terre avant l’intervention du capitaine Lawrence, le problème n’avait jamais été soulevé.

Elle hocha la tête aux explications sur le budget. Non, elle n’était pas particulièrement inquiète sur ce sujet. Après tout, elle n’avait strictement rien dépensé depuis son arrivé et vivait correctement. Il n’y avait pas de raison de s’en faire.
La suite la fit sourire. Le débat sur la technologie restait le même, quelle que soit l’époque.

« - Certains progrès sont à mon époque parfaitement accepté. Comme cette puce par exemple. Sans elle, nous ne pourrions pas nous déplacer d’un système à l’autre. Nous avons nos propre débat évidement. Sur le clonage par exemple, ou les améliorations génétiques. La thérapie génique pour empêcher le développement de certaines maladies est globalement accepté, tout comme de légère modification d’ADN pour s’adapter aux environnements différents. Comme pour moi, par exemple. Mais certains scientifiques veulent aller plus loin. Si nous pouvions respirer du méthane, par exemple, nous augmenterions drastiquement le nombre de planète sur lesquelles vivre. Evidemment, beaucoup crient au scandale, à la perte de l’humanité. Et puis l’exemple Hawkins fait que… »

Elle se mordit la lèvre, consciente d’être allée trop loin.

« - Excuse-moi, oublie ce que je viens de dire. »

Un petit moment de silence se fit entre elles avant que Mei ne revienne sur le problème de citoyenneté et ne lui apprenne qu’elle serait sans doute naturalisée américaine.

« - J’en serai très honorée, confirma Nadja les yeux légèrement brillants. Et oui, je veux bien une autre bière. »

Elle suivit le médecin jusqu’à la cuisine et pris la boisson proposée.

« - Je suis affamée, confirma-t-elle tout sourire. Et si ta cuisine à le gout de l’odeur, je te promets qu’il ne restera rien avant longtemps. »

Mei écouta la suite concernant les avancées médicales.

« Beaucoup de gens hurlent pour les mêmes raisons ici, comme à ton époque concernant les manipulatiosn génétiques. Personnellement, je suis dans le camp de ceux qui soutiennent l'utilisation de la manipulation génétique dans une cadre thérapeutique, pour prévenir ou soigner certaines maladies afin que tous puissent être en bonne santé et mener une vie parfaitement normale. La médecine à pour objectif de soigner et c'est ce que ces techniques permettent déjà de faire. Elles ne peuvent que s'améliorer. En revanche, je ne suis pas pour la sélection du sexe ou des caractéristiques physiques. Quand au reste, cela me laisse... dubitative. J'avoue ne pas avoir réfléchi à ce genre de modifications. Mais il me semble qu'à un moment donné, il faut tout de même tracer une ligne à ne pas franchir, justement pour ne pas perdre ce qui fait de nous des humains en nous modifiant trop. »

Elle avait levé la tête en entendant le nom de son collègue, mais elle comprit que c'était une mention involontaire. Elle savait qu'il avait commis des atrocités à l'époque de Nadja, mais pas dans le détail. Peut-être qu'un jour elle l'apprendrait, mais pas ce soir visiblement.

« Si un jour tu veux raconter en détail à quelqu'un ce qu'ont fait les monstres de ton époque, tu sais à quelle porte frapper. » dit-elle simplement.

Elle sourit à la réaction de Nadja à propos de la nationalité américaine. Elle n'avait aucune idée de comment cela fonctionnait et comment ils procédaient, mais cela lui semblait logique que ce soit la nationalité américaine qui lui soit attribuée. C'était probablement le plus simple.

Quand son invitée confirma qu'elle avait faim, elle sourit. Ses placards étaient pleins vu qu'elle allait devoir passer un bon moment sur Terre étant les dégâts subis par l'Achille. Les réparations allaient prendre plusieurs mois. Il y avait donc de quoi nourrir une affamée si le repas n'y suffisait pas.

« Tant mieux, car je crois que j'ai un peu exagérée niveau quantité. Et puis si tu n'es pas rassasiée après ça, je suis sûre qu'on pourra trouver de quoi faire. » dit-elle en riant et en se mettant à confectionner les popiah, dont elle avait réduit la taille pour qu'ils puissent faire office d'entrée.

La table était déjà dressée, avec les sauces, bageuttes et autres couverts, à l'exception des assiettes qui attendaient d'être garnies, ce qu'elle s'occupa à faire. Elle viendrait chercher le reste au fur et à mesure.

« Alors, passons à table. » annonça-t-elle en mettant une assiette dans les mains de Nadja tout en prenant la sienne pour aller s'asseoir.

Dernière édition par Mei-Ling Teoh le Sam 10 Fév 2018 - 12:33, édité 1 fois (Raison : Rajout des gras et italiques oubliés.)

Nadja se maudit d’avoir mis sur le tapis le sujet des modifications génétiques et de Hawkins. Mei restait médecin. Évidemment que ca l’intéressait. Mais elle se garda néanmoins d’insister, ce en quoi l’ex marine lui fut gré.

« - Il faudra que j’ai beaucoup plus picoler pour ça. Et tu pourrais ne pas apprécier ce que tu vas apprendre sur un collègue direct. Mais, très franchement, tu es la seule avec qui je peux aborder ces sujets sans arrière pensées. Je ne sais rien de ce qui a pu t’arriver dans mon passé… enfin ton futur… bref, tu vois ce que je veux dire. Mais du coup, je n’ai pas à m’inquiéter sur d’éventuelle conséquences… C’est franchement reposant. Bon et puis tous le monde m’invite pas à dîner non plus. »

S’ouvrir n’était pas son fort mais s’ouvrir lui faisait du bien. Et elle préférait le divan d’une amie a celui d’un psy.

Une fois dans la cuisine, son estomac fit des cabrioles en sentant et voyant tout ce que l’asiatique avait préparée.

« - Wow… tu as fait ça toute seule ? Pour nous deux ? Je crois que t’as pas à t’en faire sur la quantité du coup. »

Elle récupéra l’assiette et alla s’installer, accompagné de son hôtesse.

« - Merci, dit-elle simplement avant de goûter. »

L’explosion de saveur lui fit venir les larmes aux yeux et elle dut reposer le popiah pour ne pas totalement se ridiculiser. Elle avait quasiment fondue en larme quand elle avait goutté pour la première fois la nourriture terrienne à la cantine du JPS. Mais la, on était encore un cran au dessus. Non dix. Ses papilles lui envoyaient des signaux inconnus que son cerveau n’arrivait pas à concevoir. Heureusement qu’il y avait eut un intermédiaire songea-t-elle. Elle aurait eu une attaque si elle avait goutté à ca juste après la nourriture qu’elle avait eut toute sa vie.

« - C’est… délicieux. Enfin, je crois. »

La seconde bouchée fut toute aussi émotionnellement forte mais son corps semblait s’y habituer rapidement et elle sourit en essayant de reprendre un peu contenance.

« - Oui. C’est juste au top, doc ! »