[Recherche] ∞ Projet Mc Gyver - Aeryn Sincet, Nadja Cook & Noa Pakeha

Il était encore tôt, ce matin-là, quand Nadja se rendit dans l’atelier de robotique. Son amure y avait été transférée la veille pour de nouvelles réparations. Et elle en avait bien besoin. La plupart de ses systèmes ne répondaient pas, ou provoquaient ou tellement mal qu’ils en devenaient dangereux. Même Emmy, l’IA embarquée, n’était pas au mieux de sa forme et l’informaticien en chef de la station avait promis d’y jeter un œil.

« - On va te remettre sur pied, ma belle, murmura l’ex-marine en posant sa main sur le torse métallique. »

L’armure avait beaucoup souffert lors du changement d’époque et dans les minutes qui avaient précédé. Et le dernier combat n’avait pas aidé non plus. De nombreux impact étaient visibles sur les plaques de métal. Sans elle, Nadja serait morte depuis bien longtemps. Elle lui devait bien une remise à neuf, surtout que celle-ci serait faite par la créatrice de l’armure. Enfin la version de base du moins. Celui qui avait conçu celle-ci était encore un peu jeune pour y mettre les mains.

A cette pensée, elle avala nerveusement. Il était difficile de voir dans la jeune femme celle dont parlait les livres d’histoires qu’avait étudié Nadja avec avidité. Elle y était décrite comme froide et calculatrice. Un ancien amant l’avait même qualifiée de noms d’oiseaux bien pire, mais elle avait comprit par la suite qu’il ne l’appréciait pas beaucoup, essentiellement parce qu’il n’avait pas pu coucher avec elle.

En l’attendant, Nadja, connecta le système audio de la pièce sur l’armure

« - Salut Emmy.
- Bonjour Nadja. C’est aujourd’hui le grand jour ?
- Quelque chose comme ça. Mais si tu l’appelles maman, je te déconnecte immédiatement.
- Je ne ferai rien pour te gener, tu le sais bien.
- T’as raison c’est pas ton genre.
- Si tu veux parler de…
- Non. Plus jamais nous n’en parlerons, plus jamais ! »

Un vrai petit couple...

Dernière édition par Nadja Cook le Ven 23 Mar 2018 - 13:19, édité 2 fois

En voyant entrer la jeune chef de base, Nadja ne put s’empêcher d’avaler nerveusement. Cette fille était plus jeune qu’elle, non d’un chien. Et elle tenait la sûreté de la planète dans sa main. Elle prit le mug de café, un peu surprise et le porta à ses lèvres. C’était si bon… Cela faisait plusieurs mois qu’elle était la, mais n’arrivait toujours pas à s’habituer à la qualité des aliments. Au moins, son estomac ne protestait-il plus à chaque repas.

« - C’est une évolution de l’armure que vous avez conçue, madame. Votre fils y a rajouté un certain nombre d’améliorations, comme des cerveaux moteurs plus puissant ou le point d’ancrage dorsal modulaire. Mais le cœur reste de votre conception.
- Si je puis me permettre, fit la voix désincarnée d’Emy dans les hauts parleurs, c’est un honneur de vous rencontrer, docteur Sincet. »

Parfois, Nadja se demandait si l’IA de bord n’était pas plus qu’un simple système d’exploitation. L’imitation d’intelligence était tellement parfaite… Elle considérait l’armure comme sa meilleure amie, ce qui était sans doute un rien malsain. Mais c’était également son dernier lien avec son époque.

« - Comme vous le savez, madame, reprit Nadja, beaucoup de ses systèmes ont été malmenés lors de mon arrivée ici. Vous avez du en voir la liste. Mais je crois que ce qui me gêne le plus, c’est de ne plus être capable de faire de sortie dans l’espace. C’est bien une sécurité en cas de dépressurisation mais aussi un avantage tactique. Les jaffas n’ont jamais été à l’aise en 0G et encore moins hors de leur vaisseau. Le corps des marines avaient développé tout un panel de tactique basées la dessus. »

Évidemment, l’absence de munition pour son pulseur était un autre problème. À sa connaissance, les terriens ne disposaient d’aucunes armes capables de tirer dans le vide.

« - C’est bien ça, docteur, confirma l’IA, clairement ravie d’être reconnue. »

Nadja regarda la roboticienne inspecter l’armure tout en faisant glisser ess mains dessus. Que pouvait-elle bien se dire en la voyant. Soudain, elle eut honte de l’état dans lequel elle était. N’aurait-elle pas du plus y faire attention ?

Un sourire un peu idiot se forma sur son visage quand Sincet décida de se concentrer sur l’étanchéité et la magnétisation des bottes. Elle ne doutait pas de sa réussite et se sentirait bien mieux une fois ces fonctionnalités rétablies.

« - Je suis l’interface homme machine de l’armure, docteur, répondit Emy sans pouvoir dissimuler une certaine fierté. Je contrôle tous les systèmes et permet leur utilisation d’une simple commande vocale ou mème automatiquement dans certain cas. Enfin en théorie. À l’heure actuelle je suis coupé de la plupart de ces fonctionnalités et ne puis apporter qu’une aide très limitée.
- Ce qu’elle essaye de dire, c’est qu’elle n’est aujourd’hui qu’un conseiller tout juste bon à me distraire.
- Pss ingrate... »

Nadja et l’IA adorait se taquiner et si une chose n’avait pas été altéré par les derniers combats, s’était bien leur relation. La question suivante fit rougir l’ex marine qui se retrouva soudain à contempler ses pieds.

« - Non madame. Nous avions des armuriers pour la réparation et la maintenance des armures. Mis a part l’entretient courant, nous n’avions pas le droit d’y toucher. J’ai bien peur que la seule chose que je puisse faire pour vous soit vous apporter du café.
- Qui est inutile maintenant ? susurra l’armure... »

Nadja termina son café en écoutant les propos rassurant du docteur. Elle n’était qu’a demi convaincue de son utilité, après tout, aucun mécano ne lui avait jamais demandé de rester… c’était même plutôt l’inverse en général.

« - J’essaierai de ne pas vous gêner, madame. »

Elle observa le schéma holographique de l’armure et soupira. Même à ses yeux profanes, les problèmes étaient évidents. Et il y avait bien plus de rouge que de blanc affiché devant elle.

« - Vous pouvez me démonter, docteur. Mais faites doucement sur les articulations des bras, je suis chatouilleuse. »

Le travail commença dans une certaine bonne humeur et l’irlandaise proposa même de travailler sur l’esthétique de l’armure.

« - On va éviter le rouge et jaune si vous le voulez bien. Je n’ai jamais été friande de mythologie. La couleur de base était bleue nuit. Ce n’est pas très original, mais j’aime autant en rester la.
- Je n’aurai même pas droit à un petit tatouage ?
- Nous verrons ça plus tard.
- J’ai déjà entendu ça... »

C’était une vielle plaisanterie entre elle. Quasiment depuis le début, Emy lui avait parlé de peinture personnalisée ou de motifs posé sur ses plaques d’épaules. L’ex marine n’avait jamais laissé faire, bien que ses propres bras soient recouverts de motifs. Mais au moins pouvait-elle les dissimuler sous son uniforme.

Rapidement, les bottes se retrouvèrent démontées. Méthodique, le sergent rangeait les pièces détaillées après les avoir étiquetés. Elle espérait ainsi aider au remontage et se sentait un minimum utile. Voir le docteur Sincet était fascinant et elle imaginait la jalousie de certaines têtes d’ampoule de sa connaissance si elles l’avaient vu ici.

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Rapidement, l’atelier s’organisa. Pendant que la chef de base réparait les pièces défectueuses, Nadja les repositionnait, les remettait en forme au besoin et terminait en leur remettant un coup de peinture. Certaines plaques avaient été tordues et calcinée et leur rendre leur forme d’origine s’avéra une entreprise ardue et épuisante. Mais l’ex marine n’était pas du genre à reculer devant ce genre de tache. Elle se débarrassa rapidement de son haut d’uniforme pour se retrouver en débardeur noir. Le genre de familiarité qu’elle ne se permettait généralement pas avec un officier mais l’irlandaise avait réussi à suffisamment la mettre à l’aise pour qu’elle se le permette.

Et la musique n’était pas non plus pour lui déplaire. Elle ne connaissait aucun des morceaux que lui proposait Sincet, évidemment, mais peu lui importait. Elle n’avait jamais été particulièrement mélomane et se contentait donc d’onduler en rythme. Si quelqu’un était rentré à ce moment-là dans l’atelier, il aurait sans doute été surpris de trouver les deux femmes en train de se trémousser tout en manipulant de lourdes pièces métalliques.

Et le travail avançait. Bien plus vite que Nadja ne l’aurait cru possible. S’il y avait bien une chose sur laquelle les livres d’histoire n’avaient pas menti, c’était sur son génie. En une demi-journée, elle avait assimilé une technologie de cinquante ans en avance sur son époque… en dansant !

« - Je ne voudrais pas être rabat joie, fit soudain Emy, mais vous travaillez depuis presque quatre heures. Je ne saurai trop vous recommander de faire une pause.
- Dis que tu en marres de nous voir.
- C’est un plaisir de vous observer travailler. Mais il est de mon devoir de m’inquiéter pour vous. »

Reconnaissant qu’elle n’avait pas totalement tort, Nadja se tourna vers la scientifique.

« - Vous souhaitez que j’aille vous chercher quelque chose, madame ? »

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Légèrement gênée, Nadja se retrouva à déjeuner avec la chef de la base. Celle-ci ne semblait pas faire grand cas des grades ou des fonctions. Mais elles se côtoyaient depuis plusieurs heures et l’ex marines avaient eut un peu de temps pour s’y habituer. L’irlandaise en profita pour la questionner sur ces liens avec Emy.

« - Nous nous connaissons depuis quinze ans, madame. Elle était là quand j’ai enfilé l’armure pour la première fois, pendant mes classes. Et elle a été la pour chaque coup dur, comme lorsque j’ai perdu une jambe. Elle me connaît bien et c’est réciproque. Je sais qu’elle n’ait pas une vraie personne, évidemment. Ce n’est même pas une véritable IA. Mais elle reste mon amie la plus proche. Je comprends que ça peut sembler paradoxal, mais nous nous connaissons par cœur, depuis le temps. D’ailleurs, je me demandais si lui faire une peinture proche d’un de mes tatouages serait envisageable ? Ça lui ferait vraiment plaisir.

Techniquement, l’armure appartenait aux industries Sincet. Elle ne pouvait donc procéder à la moindre modification même cosmétique, sans en référer à un de ces cadres.

Elles revinrent dans l’atelier après le repas et l’ingénieur s’attaque à la magnétisation des bottes. Et le travail avançait à toute vitesse, s’était impressionnant.

« - J’ai entendu parler de monsieur Pakeha, mais ne l’ai jamais rencontré. S’il peut aider Emy, il ne faut pas hésiter. »

Une heure plus tard, un « clonk » sonore indiquait le retour de la magnétisation des bottes. Un sourire d’enfant ravi se dessina sur les lèvres de Nadja. Elles étaient sur la bonne voie.

Pendant qu’Aeryn travaillait sur les bottes, Nadja se mit donc à dessiner. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas fait ça et un sourire d’enfant illumina rapidement son visage. Une fois qu’elle eut obtenu un modèle satisfaisant, elle passa sur une des plaques d’épaules. Lentement, une orchidée écarlate prit vie sur le métal sombre. A terme, une longue liane viendrait la supporter et s’enrouler autour du bras d’armure.

« - C’est assez proche du tatouage que j’avais fait à ma petite sœur pour son mariage, expliqua Nadja avec un sourire nostalgique. Elle était tellement fière… vous l’auriez vu danser en le faisant onduler. Et le nouveau marié en avait les yeux qui lui sortait de la tete.»

Elle rit à se souvenir puis se rendit compte d’à qui elle racontait son histoire pleine de guimauve et rougit. Qu’est-ce le docteur Sincet pouvait bien en avoir a faire de ces petites histoires familiales ? Elle avait un monde entier à sauver…

Ce qui ne l’empêcha pas de réparer les bottes dans un temps record. Le cœur battant, elle se glissa dans l’armure et activa les systèmes.

« - Verrouillage en cours, annonça Emy. Pressurisation effective a 50 %.

Dans le champ de vision de Nadja apparurent les icônes familiers. État des systèmes, munitions, environnement direct, son propre bilan de santé. Il y avait encore beaucoup de rouge mais moins que la dernière fois qu’elle n’avait revêtue sa tenue de combat.

« - J’envoie les informations sur le magnétisme sur le moniteur holographique, docteur, expliqua Emy. 
- On va débuter doucement. Emy active l’aimantation à dix pour cent.»

Clonk ! Les bottes se verrouillèrent sur le sol métallique et n’en bougèrent plus. Sur le moniteur, les indicateurs de structures restèrent verts.

« - OK, monte à trente pour cent s’il te plaît... »

Le test de puissance s’avéra concluant même si la dépense énergétique devenait monumentale à haut niveau. Sans Emy pour gérer efficacement l’afflux, les niveaux n’étaient pas stables. Il fallut interrompre le test avant la pleine puissance de peur de faire exploser les fusibles.

«- La pleine puissance n’est utilisée qu’en cas d’urgence ou d’utilisation d’arme lourde, expliqua Nadja une fois ressortie. Comme je suppose que vous ne comptez m’équipez de canon à plasma dans les prochains jours, ça devrait faire l’affaire. »

Dernière édition par Nadja Cook le Lun 13 Nov 2017 - 11:18, édité 1 fois

A la mention des frères de l’irlandaise, l’ex marine leva un sourcil étonné. Cette famille nombreuse ne figurait dans aucun livre d’histoire.

« - Ou sont-ils aujourd’hui, s’enhardit-elle. Ils doivent être très fier de vous. »

Elle semblait presque l’encourager à la discussion, après tout… Petit à petit, Nadja admettait qu’il lui fallait laisser son époque derrière elle (ou devant d’un point de vue chronologique) si elle voulait s’intégrer ici. Mais côtoyer des légendes au quotidien n’était pas chose facile.

Une fois de retour à l’atelier, les choses s’enchaînèrent et Nadja put tester avec succès les premières réparations. Elle ressortit de l’armure avec un sourire d’enfant à Noël et hocha vigoureusement la tête quand l’irlandaise lui proposa de continuer.

« - Carrément. À l’allure ou vous aller, elle sera comme neuve en un rien de temps. Enfin, je veux dire… je sais que vous êtes très occupée, bien sur… »

A force de se sentir à l’aise, voila qu’elle se mettait à abuser. C’était bien elle ça...

« - Enfin, oui, ça serait super si on pouvait en finir avec la restauration de l’étanchéité, conclut-elle en regardant ses chaussures. »

Elles se remirent au travail, toujours en musique et Nadja en termina avec la peinture du « tatouage ». Elle n’avait pas trop perdu la main constata-t-elle.

« - Docteur Sincet, fit soudain Emy. Pourrais-je me permettre une suggestion ? Pourriez-vous me relier à un projecteur holographique ? J’aprecierais d’avoir la possibilité de converser… directement. »

La demande incongrue surprit Nadja. Emy n’était pas censée faire ce genre de requête. Elle n’aurait pas du en être capable.

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Mentir à sa famille… Si Nadja en comprenait la nécessiter, elle savait quel gouffre cela créait. Peut-être un jour, le programme du SDT et le rôle de tous ces membres deviendrait-il connu ? Elle l’espérait pour tous ceux autour d’elle qui travaillaient dans l’ombre.

Une fois remise au travail, elle réfléchit à la demande qu’avait exprimé Emy. Que lui prenait-il ? Elle n’était pas censée faire ce genre de demande qui s’éloignait de sa programmation. Elle n’était qu’un système d’exploitation doué de parole après tout. Mais était c bien le cas. Si elle avait reçu de nombreuses maintenance dans le passé, elle n’avait jamais été ramenée à ces paramètres d’usine comme le recommandait les manuels. Une fois tous les cinq ans normalement. Mais cela voulait dire perdre toute la personnalisation et la complicité qu’elles avaient. Et Nadja n’avait jamais pu s’y résoudre.

Mais cela n’expliquait pas tout, loin de la.

Elle se promit d’en parler avec le chef informaticien, quand il serait disponible puis se concentra sur  la finition de la plaque qu’elle peignait.

L’armure était à moitié remontée lorsqu’elles tombèrent sur un problème. Un éclat de métal s’était fiché dans un joint d’étanchéité et l’avait coupé en deux.

« - Irréparable, constata Nadja. Et trouver du morphoplastic ici risque d’être compliqué. Vous ne l’inventerez que dans une dizaine d’années… pardon, je ne devrais rien vous dire. »

Elle contempla le shrapnel en frissonnant.  Dix centimètres de long sur trois de large et tranchant comme une rasoir… L’armure lui avait, une fois de plus sauvé la vie.

Dernière édition par Nadja Cook le Mar 21 Nov 2017 - 9:53, édité 1 fois