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Un appétit d'ogre

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Aynira Leyva
Nadira Garett
Paul Swagger
Plume
8 participants

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/Couloir/ - /Réfectoire/

O'Bryan répondit à l'observation de Cotridge par l'affirmative. Il précisa son corps d'armée et l'académie par laquelle il était passé, celle d'Annapolis. Le vieil homme se contenta d'un hochement de tête. E voilà au moins qui ne devrait pas faire trop d'histoire à bord, ce qui lui changerait de la plupart des gens qu'il avait pu rencontrer jusque là au STD.
La réaction de Thena à la main tendue de William fut quelque peu surprenante. Elle évita très nettement la main qui lui était tendue et fit preuve d'une méfiance patente. Cotridge ne pouvait pas lui en vouloir. Le vieil homme était lui-même devenu d'un naturel méfiant avec le temps. Ce qu'on avait pu lui apprendre avant qu'il n'embarque à bord de la station n'avait rien fait pour arranger son tempérament. William laissa la jeune femme se relever seule et les guider jusqu'aux mess. Il adressa un regard amusé au caporal O'Bryan à ses côtés avant de lui emboîter le pas.

Le trajet jusqu'aux mess fut relativement court. Cotridge put suivre le rythme sans trop de peine. En entrant l'ancien officier de la Navy se proposa de prendre son plateau. Il le plaça sur les rails et lui demanda ce qu'il désirait. Le britannique conserva une attitude très neutre et se contenta d'un imperceptible hochement de tête. Il désigna du regard tout ce qu'il voulait :


" Merci bien monsieur O'Bryan. Du thé serait bienvenu et quelques gâteaux sec. L'appétit n'est pas vraiment là pour moi. "

Le caporal O'Bryan l'invita à s'assoir. Cotridge se retourna sans un mot. Il était tout à fait capable de porter son propre plateau ou de rester un peu debout. Mais il pouvait aussi bien profiter de l'attitude avenante du marin et se laisser assister. Le vieil homme prit place en attendant Thena et Elijha qui semblaient en pleine discussion. L'occasion était parfaite pour commencer à observer les alentours. Les gens allaient et venaient pour grignoter quelque chose, prendre une pause café ou profiter d'un déjeuner tardif. Les gens avaient l'air plutôt détendus, les bribes de conversations qui lui parvenaient n'avaient rien d'intéressant. Le britannique s'immobilisa. Il crut reconnaître quelqu'un. Il plissa le regard et fixa la personne pendant quelques secondes avant de ramener son attention sur ses compagnons de visite. Cotridge agita son sachet de thé dans la tasse qui était sur son plateau en silence. Il nota avec un air amusé le différentiel du repas de Théna et Elijha. Le surplus de choucroute faisait face au repas très équilibré et a priori méticuleusement calculé du Seal. Il secoua la tête, croisa les jambes et posa son sachet de thé de côté en prenant une gorgée.

" Vous avez l'air particulièrement amatrice de ce plat Français mademoiselle Khoomi. Quel fonction occupez-vous ici exactement ? "

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Thena avait regardé O'Bryan d'un oeil intrigué lorsque celui-ci lui répondit. Il était d'une politesse exemplaire. Chose plutôt rare à bord de la station, nota la shavadaï.
" Appelez-moi Thena" répondit-elle simplement avant de rejoindre la table.

Elle s'installa et attaqua rapidement son plateau. Elle mangeait à une vitesse impressionnante, enfournant de grosses quantité de nourriture en même temps. Elle mâchait, les joues gonflées lorsque le vieillard lui adressa la parole. Elle déglutit avant de lui répondre.

" Soldat. Spécialiste au corps à corps. "
Sur ce dernier mot, son regard glissa sur O'Bryan et elle le fixa longuement avant de revenir sur le vieillard.

Elle planta une saucisse avec sa fourchette et se remit à manger en ajoutant.

" Je ne peux pas avoir de grade officiel de l'armée pour l'instant, je ne suis pas terrienne."
Elle releva les yeux vers les deux hommes pour voir leurs réactions.

C'est à cet instant que son commutateur se mit à sonner. Un voile couvrit son regard.
* Et si c'était ... ? *
Elle lâcha sa fourchette qui tinta contre son assiette et attrapa l'appareil coincé dans la poche de son sweet.

Au même instant, le commutateur de Galaïr derrière eux se mit à sonner également.
* Convocation en salle de réunion. Urgent ! *


Thena releva les yeux.
" On est convoqués en salle de briefing. La réunion a été avancée. "

Sans un mot de plus, elle finit son assiette en deux bouchées et attrapa son plateau pour le poser sur le rail allant directement aux cuisines.
Thena plongea ses mains au fond de son sweet et pressa le pas.


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Suivre Plume dans les couloirs s’avéra impossible. Non seulement connaissait-elle bien mieux les lieux que lui, mais l’appel de la gourmandise lui donnait de plus des ailes. A moins qu’elle n’essaye de le fuir, ce qui était en fait probable. Il avait fallu toute la force de conviction de l’ambassadeur Leyva pour qu’elle accepte cette entrevue, et il espérait que parler dans un lieu ouvert et public aiderait Plume à se sentir plus à l’aise.

En chemin, il croisa l’asiatique qui avait refusé leur entretient, la veille et la salua d’un sourire. Tôt ou tard, elle devrait venir le voir si elle voulait garder le droit de faire partie du programme. Mais ça n’était pas à lui de la menacer, bien au contraire.

Il rejoignit finalement sa patiente du jour et la vit commander une tasse de chocolat surmonté d’un monceau de crème. Impressionnant. Il se contenta pour sa part d’un café et rejoignit l’extraterrestre à une table.



« - Merci d’avoir accepté de me parler, mademoiselle. Je sais que vous avez traversé des épreuves terribles et qu’en parler est loin d’être facile. Soyez sure que tous ce que vous direz restera entre nous, sauf si j’ai votre autorisation expresse. Mon travail consiste à déterminer si vous avez encore besoin de repos ou non. Ni plus ni moins. D’accord ? »

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Arrivée au Mess, Plume était remontée comme une horloge. Avoir croisé Thena, justement à ce moment-là, n'était pas pour l'aider. Alors elle se vengea sur sa commande. Elle réclama un grand chocolat chaud et une montagne de chantilly. Elle grimaça devant la quantité de crème insuffisante à son goût mais alla s'assoir.

Le type en costume ne tarda pas à la rejoindre, accompagné d'une tasse minuscule. La jeune femme l'écouta en le fixant d'un regard dur et, à la fin de sa tirade, se releva sans répondre et regagna le comptoir. Elle se saisit d'une assiette dans laquelle reposait une grosse part de gâteau au chocolat. Après réflexion, elle transvasa le contenu d'une seconde assiette dans la sienne et se hissa sur le comptoir pour attraper la bombe de crème chantilly avant de revenir s'assoir.

"J'ai pas besoin de repos. J'ai besoin qu'on me fiche la paix !"

Sur ce, elle déversa une bonne partie de la bombe dans son assiette et une autre directement dans sa bouche avant de la reposer et de commencer à manger.

"Je ne vais pas vous raconter ma vie !"

De temps en temps, elle avalait quelques gorgées de chocolat chaud entre ses bouchées de gâteau et son lampées de crème.

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Charles observait tranquillement le manège de la jeune femme. Elle faisait tout pour minimiser le contact avec lui et compensait sa nervosité par des sucreries. Amusant comme ces réflexes qu'il avait toujours considéré comme typiquement « humain » se révélait universel.  

Évidemment, elle lui expliqua qu'elle allait bien et pouvait reprendre son travail. S'il avait pensé devoir écrire un manuel de psychologie extraterrestre, il en était pour ses frais. Cette Plume était décidément bien humaine.

« - Je comprend parfaitement, mademoiselle, et je ne vous le demande pas. Nous allons nous concentrer sur les événements récents »  

Il but une gorgée de café et se rendit compte que sa tasse était déjà vide. Non seulement les américains ne savait pas faire de café, mais en plus ils le rationnaient…

« - Je voudrais que vous me racontiez, de votre point de vue, ce qu'il s'est passé le jour de votre départ. J'ai lu un certain nombre de rapports à ce sujet, mais j'ai été frappé de voir qu'il manquait un élément crucial de cette histoire : votre version. Vous voulez bien me racontez ce qu'il s'est passé, de votre point de vue ?»

Il avait effectivement lu le rapport de Garett et de Cook à ce sujet, mais l'extraterrestre n'avait jamais, apparemment, livrée la sienne. Ce qui paraissait quand même étrange au Suisse.

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Plume était totalement concentrée sur ses deux parts de gâteaux et son chocolat chaud et tentait d'oublier la présence d'un inconnu devant elle. Elle avait scrupuleusement choisi une table du mess de laquelle elle voyait toute la zone et s'était placée dos au mur. Depuis qu'elle était sur le JPS, elle s'asseyait toujours à cette table. Le plus souvent seule. Le reste du temps avec Aynira. Il était rare que d'autres décident de manger à sa table et d'ailleurs, elle était constamment vide. C'était réellement devenu SA table. Si Plume avait connu l'ambiance d'un lycée américain, elle aurait presque pu s'y croire. Mais ce n'était pas le cas.

La jeune femme sut d'abord soulagée. Le type ne voulait pas parler de son passé. C'était déjà un bon point. Mais il tenait tout de même à discuter de son départ et ça, elle n'y tenait pas du tout. Elle ne répondit donc pas au costume et se versa une autre rasade de crème fouettée dans la bouche.

C'est alors qu'il lui demanda sa version des faits. Bizarre. Personne n'avait semblé s'en inquiéter. Les terriens ne l'aimaient pas et il n'avaient pas chercher à savoir ce qui se passait. Ils avaient dû mettre ça sur le compte de sa soit-disant folie ou de son sale caractère, sans chercher plus loin. Les, ou plutôt la seule personne à s'en être inquiété n'avait pas eu besoin de demander. Elle avait compris seule.

Plume avait gardé le silence et continuait à manger, avec moins d'appétit cependant. Puis, constatant que monsieur café ridicule attendait une réponse, elle se fit se contenta d'un seul mot.

"Non."

Puis, quelques secondes plus tard, elle enchaina.

"Je n'ai pas la moindre envie de parler de ça et je n'ai aucune confiance en vous."

Elle jetait de fréquents coups d'oeil dans la pièce pour en évaluer le taux de risques. Gary lui avait dit qu'elle était obligé d'accepter l'entretien avec ce type, pas qu'elle était obligée de lui parler. A quoi bon de toute façon. Il était comme les autres terriens, il ne la croirait pas.

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Évidemment, Plume n'était pas disposée à lui parler. Ça aurait été trop facile mais décidément, facilité ne rimait pas avec SDT. Charles laisse passer quelques secondes avant de répondre calmement.

« - Je ne doute pas que vous ne me fassiez pas confiance. Nous ne connaissons pas, après tout. Laissez moi vous expliquez en quoi consiste mon rôle. La plupart des combattants sont soumis à de très fortes pressions sur cette base. Combat incertains, enjeux souvent dramatiques… Vous connaissez cela mieux que moi. Tout le monde à un point de rupture. Vous, moi, eux… nous sommes tous à la même enseigne. »

Il laissa cette dernière phrase en suspend quelques secondes, afin qu'elle prenne conscience que s'il parlait bien de Plume, il l'incluait dans un groupe plus général.

« - Ce n'est qu'en discutant avec le gens que je peux empêcher ce point de rupture d'arriver. Faire en sorte que la pression se relâche un peu afin de laisser le temps de récupérer. Bien sur, il se peut que j’arrive trop tard. Auquel cas je dois m'assurer que la personne en questions récupérera sereinement et bien sur que le problème ne se reposera pas. Sinon, il représente un danger pour lui et ses proches, ce que dans un contexte comme le notre ne peux être autorisé. »

Il avait lu le rapport médical fait au retour de la jeune femme. Automutilation, violence… Elle était assez intelligente pour comprendre de quoi il parlait.

« - Je ne peux pas vous forcer à me parler, mademoiselle Plume. Si vous souhaitez vous lever et à partir dans l'instant, je ne vous en empêcherais pas. Mais pensez à vos proches, si vous ne souhaitez pas le faire pour vous. Quant au contenu de nos échanges, il est strictement confidentiel. Personne n'y aura accès. »

Pas sur que cela soit suffisant… Mais il n'avait pas envie de manier le bâton avec elle. Cela serait très certainement contre productif. Autant se contenter de la carotte.

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Bressignac se mit à parler. A parler beaucoup. Plume fit semblant de l'ignorer, concentrant son regard sur son plateau et ses gestes sur son alimentation. Mais ses oreilles, elles, trainaient toujours et captaient tout. Le début de son discours aurait pu la faire rire. Des combattants ? Sa première tuile lui était tombée dessus alors qu'elle savait à peine parler correctement. Elle n'avait alors rien d'une combattante. Elle soupira d'un air narquois en enfournant une énième bouchée de gâteau qu'elle s'appliqua à mâcher en silence.

Puis le type se remit à parler. Discuter pour décompresser ? C'était ridicule ! Comme si parler pouvait résoudre tous les problèmes. Plume était bien placée pour le savoir. Elle avait essayé. Souvent. Mais le pire était toujours arrivé tout de même. Alors maintenant elle ne parlait plus. Elle agissait. C'était nettement plus efficace. Enfin, ça l'était jusqu'à récemment …

Lorsqu'il évoqua le danger, Plume n'en fit d'abord pas grand cas. Elle n'avait pas peur de se mettre en danger. Si on y réfléchissait bien, la mort n'était pas si terrible. Un mort ne ressentait plus rien. On ne peut pas blesser ou trahir un mort. La mort était en fin de compte une délivrance. Non, Plume n'avait pas peur de mourir. Elle avait peur de souffrir. Encore. Et la souffrance psychologique, elle l'avait vécue, était bien pire que la souffrance physique.

Bressignac lui donna l'occasion de partir. Mais elle ne pouvait pas et il le savait parfaitement. Gary avait insisté. Elle devait accepter l'entretien si elle voulait rester sur le JPS. Si elle se levait maintenant, elle serait renvoyée. Ce n'est que lorsqu'il lui conseilla de penser à ses proches que Plume releva la tête. Etait-ce une menace ? Pourtant, cela ne sonnait pas comme telle.

La jeune femme devait reconnaître qu'il avait raison. Lorsqu'elle repensait à l'incident, elle sera les dents de sa propre bêtise. Elle n'était pas la seule à souffrir de cette histoire. Si c'était arrivé quelques heures plus tard, elle aurait pu mettre tout JP-1 en danger. Ou même l'Achilles. Et ses crises étaient tout aussi difficile à vivre pour Aynira, elle le savait bien. Etait-elle dangereuse pour Aynira aussi ?


"Dangereux comment ?"

Voilà bien longtemps que Plume se moquait bien de ce qui lui arrivait tant qu'elle gardait sa liberté, mais il n'en était plus de même ceux que Charles appelait "ses proches". La jeune femme aurait pourtant juré ne plus appeler personne comme ça de toute sa vie. Elle avait tort, … Comme pour prouver ses dires, Silver choisit ce moment pour quitter le sol et sauter sur ses genoux avant de se rouler en boule pour dormir.

C'est alors que le communicateur que lui avait donné Aynira se mit à vibrer. Elle venait de recevoir un message. Un message d'Aynira lui indiquant qu'elle partait dans un endroit nommé Russie au sujet d'armes goa'uld. Plume fronça les sourcils. Ca avait l'air dangereux. Elle nota intérieurement que la narisienne avait ôté toute dimension affective de son message. Une simple énumération de faits. Un rapport qu'elle aurait aussi bien pu envoyer à un parfait inconnu. La jeune femme tâcha de cacher sa déception. Elle comprenait. La dernière fois, le message de la narisienne avait déclenché une réaction en chaîne désastreuse. Mais Plume n'arrivait pas à être satisfaite de celui-ci. Est-ce que Aynira n'avait plus la moindre envie de lui témoigner un quelconque attachement ou est-ce qu'elle n'osait pas le faire de peur de remettre le feu aux poudres ? Plume grimaça et tapota rapidement une réponse.


[Fais attention.]

Plume soupira, envoya son message et leva les yeux vers le prêtre.

"C'est quoi "Russie" ?"

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Charles voyait bien que sa patiente ne perdait pas une miette de son petit discours. Mais il fallut un peu de temps avant que celui-ci fasse mouche. Il se garda bien de sourire ou de réagir et répondit sur le même ton calme et clinique qu’il utilisait depuis le début de leur conversation à sens unique.

« - D’après les rapports que j’ai vu, vous vous êtes servi d’une arme improvisée pour vous auto-mutiler et retirer la puce de localisation dans votre cou. Si quelqu’un avait été avec vous à ce moment-là, lui auriez-vous fait subir la même chose ?

Cela pouvait paraitre aberrant, mais il avait déjà vu des bouffées paranoïaques s’exprimant autant sur soi que sur les autres. Cela finissait généralement très mal.

La conversation fut interrompue par le téléphone de Plume. En général il préférait éviter ce genre d’interruptions mais ça n’était pas le moment de braquer la jeune femme alors qu’ils venaient à peine de trouver un terrain d’échange. Il la regarda donc lire le message et paraitre déçue de son contenu, avant de composer une réponse rapide.

« - La Russie est un pays, sur Terre. Très grand et souvent très froid. Pourquoi cette question ?»

Il en avait une petite idée mais privilégiait l’échange, encore fragile.

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Le prêtre répondit sur le même ton calme que depuis le début et retourna une question à Plume qui fronça les sourcils.

"Non. Je ne voulais pas être téléportée. Je me fiche que les autres le soient."

Puis, elle réfléchit au sens réel que devait avoir la question. Bien qu'elle n'en veuille pas aux puces des autres personnes, aurait-elle pu les blesser tout de même. Elle grimaça.

"S'ils avaient approché, je me serai débattue, …"

Elle avait presque honte de dire cela. Elle aurait très bien pu blesser n'importe qui s'il avait représenté une menace pour sa liberté et elle le savait. En temps normal, cela ne la dérangeait pas. La survie passait avant le reste. Mais aujourd'hui, au calme, elle se rendait compte qu'elle s'était certainement fourvoyée et que personne ne lui avait voulu du mal. Elle aurait donc blessé des innocents. Ou les tuer. Cela aurait pu être dramatique.

Etait-ce là l'objectif de cet entretien ? La faire culpabiliser ? Si c'était le cas, elle n'avait pas vraiment besoin de Bressignac pour ça. Son communicateur la coupa dans ses réflexions et elle répondit sobrement au message d'Aynira. Est-ce que, elle aussi, elle lui en voulait ? Elle détourna son attention par une question au sujet de ce "Russie" dont parlait Aynira. La réponse du prête lui paru fade. Il avait été extrêmement rapide et n'avait pas dit grand chose, se contentant de deux adjectifs pour décrire l'endroit. Plume ne put s'empêcher de penser qu'une même question, posée à la narisienne, aurait eu une réponse bien plus complète et détaillée.

"Pour rien."

La jeune femme rangea son téléphone et finit la bombe de chantilly directement dans sa bouche avant de soupirer. Elle en avait marre de parler et avait besoin de se défouler au gymnase.

"Qu'est-ce que je suis sensée vous dire, au juste ?"

Dernière édition par Plume le Ven 10 Juin 2016 - 19:52, édité 1 fois

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Lentement, le dialogue s’engageait, bien qu’il soit encore laborieux. Elle convint qu’au moment de sa crise, elle aurait été dangereuse pour n’importe qui, sans pour autant aller jusqu’à considérer qu’elle aurait pu les blesser intentionnellement. C’était néanmoins un bon début et Charles préféra ne pas pousser dans cette direction. Il n’avait de toute façon pas l’intention de rabaisser encore plus la jeune femme qui n’avait pas besoin de ça.

Il la laissa répondre quelques mots sur son téléphone sans rien préciser de sa question sur la Russie. Puis elle lui demanda ce qu’il voulait savoir après avoir engloutie une dose de crème qui aurait fait jaunir un cardiologue.

« - Et bien, comme je vous le disais tout à l’heure, je voudrais que nous essayons de comprendre, ensemble, ce qu’il vous est arrivé. J’ai lu beaucoup de rapport à ce sujet, mais il manquait un élément : Votre version. »

Il la regarda droit dans les yeux en disant cela tout en pointant un index dans sa direction pour accentuer un peu plus l’effet.


« - Je ne suis pas militaire, ni même américain. Mais de la d’où je viens, on n’accuse pas les gens des pires crimes sans les avoir entendue auparavant. Mais je suis sans doute un peu vieux jeu.»

La dernière phrase, plus légère, contrebalançais le sérieux du reste du discours. Mais ne pas trouver la moindre trace d’une explication donnée par Plume lors de son retour l’avait particulièrement agacée.

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Bressignac répondit calmement en lui demandant une nouvelle fois sa version des faits. Il y tenait, visiblement. Il tenta même un trait d'humour qui ne convainquit pas du tout la jeune femme. Plume ne savait pas quoi dire. C'était arrivé vite et il n'y avait pas grand chose à expliquer.

"J'ai eu peur. Je suis partie."

C'était aussi simple que primitif. Un comportement instinctif et lâche. Elle s'était sentie menacée et, au lieu de combattre, avait choisi la fuite. Elle n'en était pas fière mais elle était habituée à faire ce qu'il fallait pour conserver sa liberté.

Plume se sent soudainement mal à l'aise assise et se lève pour quitter la salle. Après trois pas vers la sortie, elle grimace et revient en arrière pour débarrasser son plateau.

"Il faut que je bouge."

Elle quitte alors la salle, Silver sur les talons, mais s'efforce de maintenir une allure modérée pour ne pas semer l'homme en costume. Après tout, elle n'avait rien contre cette homme et, de toute façon, elle était obligée de l'écouter si elle voulait rester à bord de la station. De temps en temps, elle jetait un coup d'oeil derrière elle pour voir s'il la suivait. Finalement, elle arriva à destination. Le gymnase.


//Mess ==> Gymnase//

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