Jonathan Hunter reprit conscience peu à peu. Il se trouvait dans le gymnase, menotté dans le dos contre un conduit. Ses jambes étaient également liées avec un système complexe qui ressemblait à un genre de casse-tête mécanique. Plusieurs personnes étaient menottées à ses côtés. Il y avait le jeune soldat de tout à l'heure, mais également Gary Engelmann, plusieurs techniciens, des assistants-scientifiques et quelques soldats.
Cinq soldats lourdement armés patrouillaient dans le gymnase, inspectant les menottes et les liens au passage.
La tête de Jonathan lui faisait mal… Très mal… Et pourtant il ne pouvait que laisser son corps souffrir… Séquestrer… Une chose qu’il n’aimait pas du tout… Mais que certains de ses anciens camarades auraient aimé avec un peu de cuir et de lanière…. Jonathan grimassa, avant de relever la tête. Il valait mieux rester silencieux pendant un moment avant de frapper. Car dans le cas présent, ils n’étaient pas en état de faire quoi que ce soit…. 5 hommes, lourdement armés, et impossibilité de pouvoir bouger. Sous ses mains, il pouvait sentir la dureté d’un des conduits qui traversait les différents étages.
*Intérressant….*
Il tourna ses mains afin de vérifier qu’il pouvait poser ses ongles dessus et il resta la tête immobile, le regard perdu. Règle numéro 1. Garder son calme. Règle N°2. Trouver un moyen de régler le problème. Son esprit était toujours confus, mais il se contentait d’oublier ses sentiments d’un air neutre, sans émotion. Ses doigts tapotèrent le conduit, résonnant dans la totalité de la station, gardant une attitude neutre.
Il tira légèrement sur le tuyau pour voir s’il pouvait l’enlever. Savoir qu’on avait une arme était parfois utile... Avant de recommencer son manége. Deux fois
Jonathan entendit un brouhaha dans le couloirs puis des bruits de pas. Il vit entrer trois soldats qui traînaient les corps inertes de Thena, et de deux militaires. Pelletier, toujours conscient, hurlait à la mort en tenant au creux de ses paumes son nez ensanglanté. Les soldats ennemis attachèrent solidement le québecois aux côtés de Hunter et Thena à quelques mètres sur sa droite.
L'un des soldats se pencha sur Jonathan et vérifia la solidité de ses liens. Pour la forme il lui asséna une tape derrière le crâne.
Lorsque Thena reprit connaissance, elle eut le goût du sang dans sa bouche. Elle avait dû se mordre la langue dans sa chute. Elle grimaça. Elle ne pouvait pas bouger. Ses bras étaient attachés dans son dos et ses jambes liées. Elle tenta de pivoter légèrement pour tester la solidité de ses liens mais comprit bien vite qu'ils étaient suffisamment bien serrés. Son bras gauche réagit bizarrement et elle se rendit compte qu'elle ne pouvait plus le bouger. Elle tourna la tête et vit que son épaule était plus basse que d'habitude. Elle était déboîtée. * Chiotte !* Thena s'intéressa enfin à l'endroit où elle avait été transportée. Elle reconnut immédiatement le gymnase. Beaucoup de monde était gardé ici, pieds et poings liés. Elle fut soulagée de ne pas y voir Thaïn et la chef de base. Cinq soldats gardaient la pièce. Des gémissements étouffés émanaient de plusieurs coins du gymnase. Mais c'était Pelletier qui faisait le plus de bruit. Il saignait abondamment du nez et sanglotait à chaudes larmes. La shavadaï découvrit qu'elle avait été attachée non loin de Jonathan Hunter.
Elle se pencha et murmura le plus bas possible. « Hunter ! Des infos ? C'est qui ces guignols ? »
« My Lord ! Croyez-vous réellement que nous vous avions sciemment accompagnés afin d'user nos souliers dans des endroits aussi exigu et sordide ? »
Lord Emmerson ignora sciemment la grosse femme. Il avait l'habitude de filtrer les informations lui parvenant, mettant de côté les perturbations inappropriées. Et ces mécènes qui avaient fait pression pour venir étaient des plus perturbantes. Ils étaient en pleine descente des escaliers et il reconnu que Miss Pumking n'avait pas totalement tort, les lieux n'étaient pas très soignés. Il s'était attendu à mieux venant de ces Tauris.
Le petit groupe arriva au pont 2 et furent accueillit par plusieurs gardes dans le couloir. « Station sécurisée ? »lâcha Emmerson à un des hommes. « Nos troupes fouillent le pont 4 et descendront bientôt au 5 » « Des incidents ? » « Aucun » « Bien ! »
Emmerson bifurqua ensuite et entra dans le gymnase.
Le soldat qui avait été interrogé lança un regard en biais à son collègue. Ils savaient qu'une femme s'était échappée. Il fallait la retrouver rapidement, et sans faire d'esclandres.
Emmerson se plia en quatre pour passer la porte, dû à la hauteur vertigineuse de son chapeau. Lorsqu'il pénétra dans la salle, tout les soldats se mirent au garde à vous. Les trois femmes entrèrent à leur tour et celle en rouge fit le tour du gymnase. Elle sortit un éventail de sa manche et commença à brasser l'air devant son visage sur-maquillé. « Qu'ils sont laids ! » crissa-t-elle de sa voix grinçante. « A part peut-être celui-là »dit celle en bleu en indiquant de la pointe de son ombrelle repliée, Jonathan Hunter.« Mettez-le moi de côté, Emmerson ! Vous êtes bien aimable ! »
Emmerson leva une fois de plus les yeux au ciel et ravala les paroles acres qu'il avait préparé. Il se tourna vers les trois femmes et leur décrocha un sourire tout aussi grand que faux. « My ladies, ces messieurs vont vous conduire au petit salon afin que vous puissiez vous détendre. » Il murmura ensuite à l'oreille d'un des soldats. « Il y a bien une salle où vous pouvez les garder en sécurité loin de moi, non ? » Le soldat hocha la tête, affirmatif.
Les trois femmes sortirent de la salle et s'éloignèrent en papotant sur le minois de Jonathan Hunter qu'elles avaient baptisé « Joli coeur ».
Emmerson se détendit enfin. Ses yeux s’éclairèrent d'une étincelle nouvelle et un fin sourire barra son visage. Il dégaina son revolver sur-dimensionné et s'approcha d'un jeune militaire. Il lui braqua l'arme sur le crâne et demanda. « Scientifique ? » Le militaire, sans perdre son sang froid hocha négativement de la tête. Emmerson appuya sur la détente et propulsa la tête de l'homme si violemment en arrière qu'il fut décapité net.
Il posa ensuite le canon de son arme sur le crâne de Gary qui fixait en tremblant le corps sans tête de son voisin de droite. « Scientifique ? » demanda Emmerson. Gary hocha la tête positivement et bégaya « ...ou...ouii..ouioui... » en un souffle très faible.
Emmerson baissa le canon et passa au suivant. « Scientifique ? » L'homme sur qui l'arme était pointé et qui était clairement un militaire s'exclama, paniqué, : « Oui, oui ! » « Dans quel domaine ? » Le militaire hésita, ne sachant que répondre et Emmerson l’abattit de la même manière.
Il posa ensuite le canon sur le crâne de Pelletier qui s'évanouit aussitôt. Emmerson ria et interpella ses soldats : « Lui, c'est bien un scientifique ! »
Il se tourna ensuite vers Hunter et lui posa délicatement le canon de son revolver au milieu du front. « Scientifique ? »
Car on ne peut rien faire dans la situation actuelle.
Jonathan avait simplement fermé les yeux, attendant que quelque chose arrive. Et la chose, a proprement parlé prit la forme d’une jeune femme capturé récemment. Apparemment elle semblait le connaitre, mais lui ne s’en rappelait pas. Comme si un …. Blanc….Un blanc recouvrait cette mémoire.
Jonathan ouvrit les yeux avant de détailler la jeune femme. Une asiatique apparemment… Il pivota sa tête de nouveau face à lui, aussi inexpressif qu’une tombe. Il n’avait pas plus d’infos qu’elle, mais une chose était sûr. On ne capture pas des hommes pour simplement pour les rassembler quelque parts. Ils cherchaient quelqu’un…
Mais Qui ?
Son silence voulait tout dire…
Ce fut à ce moment-là qu’une nouvelle variable vint s’ajouter dans l’équation. Jonathan regarda avec un regard neutre les nouveaux arrivants arrivés dans la salle. Des gens habillés comme dans un univers Steampunk. Une possibilité ? Surement. Son regard observait ce qui était observable d’un air neutre. Il ne dégageait pas de la froideur…
Juste...rien…
Il avait perdu ses émotions depuis longtemps…
Mais pas l’homme qui semblait dirigé le groupe. Jonathan aurait presque pu lire en lui comme un livre ouvert. Mais une chose qu’il ne s’attendait pas. Voir la tête d’une personne volée. Pas idiot le militaire. Tout soldat capturé pouvait devenir un ennemi. L’arme désigna un autre. Et Jonathan compris. Leurs technologies étaient plus primitives par rapport à celle du SDT. Enfin surement sur certains points. Sans réagir, Jonathan regarda l’arme de l’homme se pointer sur sa tête. Croyait-il vraiment qu’il allait lui faire peur avec cette arme…
« Vous cherchez quel type de scientifiques ? »
La phrase n’était pas ce que celui-ci attendait, ça c’était sûr. Jonathan garda son regard dans le vague, avant de répondre à la suite.
« Je peux vous aider à les trouver, si vous me permettez de le faire. »
Ses yeux pivotèrent en direction de l’homme, le regardant dans les yeux.
« On m’a forcé à venir ici, on m’a trahis et j’ai tout perdu. Tout. Celle que j’aimais, tout. Tout ca à cause d’eux. Et juste parce que j’étais un criminel avec des capacités, ils m’ont envoyé ici pour faire du travail d’intérêt général. Vous avez le choix entre vos mains, tirer, ou me permettre de quitter cette « prison ». Je n’ai plus rien à perdre... »
Il resta quelques secondes silencieux, gardant ses pupilles fixées dans celle de son adversaire. Avant de baisser son regard. Il venait de lui proposer de servir d'agent double. Avait-il cherché à le provoqué ? Non... Ce n’était pas une attitude de défis qu’il avait eu. Une attitude d’homme qui n’avait rien à perdre.
Epris d’une froide colère.
Son quotidien pendant 5 ans… Caché sous un masque…
Thena pencha la tête sur le côté. Bon d'accord, elle n'était pas particulièrement proche de Hunter et il était même arrivé qu'ils se frittent, mais de là à l'ignorer superbement comme il était en train de faire, il y avait un gouffre ! La jeune femme tourna la tête de l'autre côté, boudeuse.
C'est alors que débarqua un cortège plutôt inattendu. Trois femmes pimpantes qui jetèrent leur dévolu sur Hunter et un homme fin avec un chapeau si immense qu'il devait se plier en quatre pour passer la porte. Les yeux de Thena restèrent rivés sur le haut de forme du nouvel arrivant lorsque celui-ci dégaina une arme et réduit la tête d'un militaire en bouillie. La jeune femme ouvrit de grands yeux, interloqués. Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait une tête exploser, mais là, le danger se rapprochait dangereusement d'elle et la réponse qu'attendait le tueur semblait plus ou moins floue. Puis arriva le tour d'Hunter.
Instinctivement, Thena tira sur ses liens, en vain. Elle ne réussit qu'à se blesser d'avantage et elle sentit les tendons de son épaule crisser. C'était tout de même son supérieur qui était menacé de mort et, même si elle ne lui portait pas une sympathie particulière, elle ne voulait pas avoir sa cervelle sur son tee-shirt. La réponse d'Hunter la paralysa. Son ton était si froid et différent qu'elle se figea et regarda la scène, la bouche légèrement entrouverte. Était-ce du bluff ? Si ça l'était, il était définitivement un très bon acteur. Est-ce que ça faisait parti d'un plan ? Ce qui gêna Thena, c'était qu'elle percevait dans le ton de Hunter quelque chose de relativement.... sincère. Finalement, la shavadaï ne pu rester muette plus longtemps.
« Non mais la ferme Hunter ! Bordel ! Qu'est ce que vous foutez ? Et Goncalves vous y avez pensé ? »
La main d'Emmerson se crispa. Il ne s'attendait pas à une réponse de ce type. Il resta de longues minutes sans bouger dans un véritable duel de regard avec l'homme étrange qui se trouvait en face de lui. Finalement il leva son arme et pinça le bord de son immense haut de forme comme il faisait toujours lorsqu'il réfléchissait. Ses traits étaient lisses et ses yeux semblaient se perdre dans le vague pendant que sa matière grise calculait, passait en revue, analysait et décortiquait. La réaction de Thena à ses côtés le sortit de sa transe et réveilla en lui une furieuse rage. Il détestait être interrompu quand il réfléchissait. Il brandit l'arme et l’abattit violemment sur le visage de la jeune femme, la coupant nette dans la fin de sa phrase. Il frappa plusieurs fois son nez et son crâne avec la crosse de son arme et finit par lancer trois coups de pieds dans son ventre. Thena tomba sur le côté, inconsciente et le visage en sang.
Puis Lord Emmerson se redressa et il sourit en coin à Hunter avant de lui dire : « Très bien. Pour me prouver votre bonne foi, indiquez moi tout les scientifiques haut placés dans cette salle. Ce sera déjà un bon début ! »
Il soutint le regard du militaire en attendant sa réponse.
Comment aurait-elle pu connaitre ce nom, alors qu’il n’en n’avait parlé à personne ? Remplis d’incertitude, Jonathan ignora la question, concentrant son corps sur la seule chose qu’il importait.
Sortir d’ici. Et en vie.
La réaction du chef de cette prise d’otage ne le fit par réagir plus que ça. C’était même un bon point. Se laissé aller à la colère n’était pas quelque chose de raisonnable pour un soldat et un général. La phrase qu’il lui répondit juste après lui fit lâcher un sourire moqueur.
« Enlevez moi ça et je vous donne les noms des personnes que vous recherchez. »
Il jeta un regard à droite à gauche, observant les personnes qui étaient présentes dans la salle avant de lâcher un soupir.
« Dans tous les cas, vous n’aurez pas la totalité. Il doit rester les plus importants qui sont encore libre dans la station. Et les connaissant, ils tenteront de reprendre la station par tous les moyens. Vu que l'électricité est coupé, ils devront passé par des maniéres plus... improvisé, mais il y a un endroit qu'il vous faudra absolument protéger afin d'éviter qu'ils puissent vous battre... 3 hommes armées avec moi sans arme. C'est à prendre ou a laissé sachant que l'opposition à votre prise d'otage risque d'arrivé... »
Il secoua une jambe, chassant la douleur qui commençait à monter dans sa jambe. Il avait tout dit. Mais il ne donnerait pas ces informations directement sans contrepartie. Ce qu’il demandait était ce qui était le plus raisonnable, de toute façon il ne pouvait rien faire vu qu’il n’avait pas d’arme.
Lord Emmerson jeta sa tête en arrière et partit dans un rire puissant mais cristallin. Son immense chapeau qui tenait toujours pas miracle sur son crâne effleurait le sol à mesure que l'homme gloussait. « Parce que vous croyez que je veux votre boîte de conserve ? » Du revers de l'index, il essuya un larme qui perlait au coin de l’œil. « Ce tas de ferraille est tellement pitoyable que c'en est presque risible ! » Il regarda de nouveau John au fond des yeux. « Voyez comment il a été aisé pour nous de venir vous rendre visite ! » « Et le plus drôle, c'est que vous ne pourrez même pas apprendre de vos lamentables erreurs puisque je compte bien faire le ménage derrière moi ! Ce qui s’avérera, encore une fois, ridiculement facile ! » Un soldat se posta aux côtés d'Emmerson qui se tourna brusquement vers lui. Bien qu'il semblait détendu, il gardait toujours son objectif en vue. Le soldat montra le badge qu'il avait trouvé sur Pelletier alors qu'il vérifiait ses liens. Il y était écrit en majuscule : « VISITEUR » puis, juste en bas : « Docteur Pelletier, Ingénieur en nouvelle robotique ». Lord Emmerson sourit. Il n'eut pas besoin de dire quoi que ce soit. Le soldat gifla Pelletier plusieurs fois jusqu'à ce qu'il revienne à lui. Enfin, il fallut la force de deux hommes pour l'aider à se relever. Le soldat escorta ainsi le scientifique québecois hors de la pièce. Celui-ci, le regard vide d'incompréhension, se laissa faire.
Emmerson se tourna de nouveau vers Hunter. « Mais vous....vous … vous pourriez presque éventuellement commencer à me plaire. Et puis mes Ladys ont eu l'air de beaucoup vous apprécier. Je pense que vous ne feriez pas trop tâche dans leur harem ! »
Quand le soldat fut de retour, Emmerson se tourna vers lui, en désignant Hunter du menton : « Prenez Rave et Sinclair et emmenez celui-là aussi. Par contre, faites bien attention, quelque chose me dit que c'est un coriace. Mais il fera un très bon cadeau-souvenir à ces Ladys ! »
C'est à cet instant que la lumière se ralluma entièrement dans la pièce. Emmerson leva la tête, pensif. Puis il fit signe à ses sous-fifres de suivre ses ordres.
Les trois soldats se dirigèrent vers Hunter et le soulevèrent en vérifiant l'état de ses liens. Ils furent obligés de desserrer ceux à ses jambes pour lui permettre de marcher à petit pas. Ils sortirent de la pièce.
Cinq minutes après que Hunter soit sortit, la lumière se coupa de nouveau. Emmerson chaussa ses lunettes de vision nocturne et continua ses exécutions.
Alors qu’il manipulait les générateurs usant de tout son savoir, Jacob fut électrisé. Il sentit une brulure intense parcourir tout son corps au moment même où il tombait, inconscient.
Ce fut alors une pause, une pause totale et incompréhensible dans son esprit comme il n’en avait jamais vécu depuis son arrivée sur le JPS. Une pause incompréhensible où il se voyait nager dans un océan de blancheur, aucune idée ne lui traversant l’esprit. Il se sentait dans une sorte de cocon ou rien ne pouvait l’atteindre, le toucher, le blesser que ce soit en bien ou en mal. Il n’était plus vraiment là mais pas vraiment ailleurs, une sorte d’entre-deux monde vide, seule une lumière vive étanchant sa soif de vie.
Soudain, Jacob se sentit transporté dans le flux de la porte des étoiles. Il allait de plus en plus vite dans cet étrange univers du sub-espace, ses particules dispersées se déplaçant à une vitesse dépassant largement celle de la lumière.
Il accélérait encore et encore puis tout s’arrêta d’un seul coup comme si un mur s’était opposé à son voyage vers l’au-delà, comme si une dernière réminiscence de vie lui disait de continuait, lui disait que l’on avait besoin de lui, que son heure n’était pas arrivé. Alors, il se sentit faire marche arrière et revenir dans son corps bel et bien matériel à bord d’une station spatial dans une mauvaise situation voguant à travers l’espace entourant le Terre, la magnifique Terre, la planète de tous les rêves, celle où la vie reprenait toujours le dessus, cette maison indestructible, cette maison protectrice et miséricordieuse.
Il ouvrit les yeux et revint donc dans les souffrances corporelles. Tout était noir mis à part la lueur de la sortie de secours et il entendit des voix qu’il ne connaissait pas parler autour de lui. La douleur dans ses mains, cette brulure le faisant souffrir lui rappelait qu’il n’était pas mort.
Il tenta de se lever mais ce fut impossible et il comprit alors qu’il était attaché. Il ne savait pas ce qui se passait, où il était ni même si ses amis étaient avec lui ou non ou même s’ils étaient encore en vie. Il comprit que des étrangers étaient bien rentrés sur la station lors de l’ouverture de la porte des étoiles.
Petit à petit ses yeux s’habituaient à l’obscurité et il pu voir à quelques mètres de lui mais la seule chose qu’il vit fut Thena, au sol, couverte de sang, bien mal en point et inconsciente. Il eu peur pour la jeune militaire qu’il appréciait pour ses talents et son humanité. Alors il chuchota, tentant de ne pas se faire écouter des autres.
« Thena, ça va ? Thena, Thena !!! »
Cependant, il comprit qu’il ne fallait pas se faire repérer. Les visiteurs devaient le croire encore inconscient et il sentait la force de la vie revenir peu à peu en lui.
Avant de faire des actes idiots, il décida tout d’abord de tenter de défaire ses chaines en attrapant un nœud avec ses mains douloureuses et essayant de la manier pour le défaire le plus rapidement possible. Ensuite, il verrait. Sans doute essaierait-il de sortir de la pièce en rasant les murs puisque l’obscurité lui permettrait de rester caché des yeux des ennemis.
Le vieil homme était à genoux et sanglotait en silence. Son fils d'une douzaine d'année était debout à ses côtés et avait posé une main sur son épaule. Ses grands yeux verts, où l'innocence de l'enfance s'était évanoui depuis longtemps, regardaient d'un air neutre l'homme cagoulé, de petite carrure debout en face d'eux. « Vous savez pourquoi nous sommes là. » L'homme avait une voix claire révélant, contre toute attente, sa grande jeunesse. Il sortit de l’intérieur de sa veste, une arme de poing. « Je suis désolé Grannus, mais vous connaissez les règles. » Le vieil homme à genoux, nommé Grannus, se mit à supplier entre deux sanglots : « J'ai été dupé ! Je vous en prie. Accordez-moi encore une chance ! » Sans un mot, le jeune homme à la capuche leva son arme et tira dans le crane de Grannus à ses pieds. Son fils hurla et se jeta sur le corps sanguinolent de son père.
Le jeune homme à la capuche tourna les talons mais fut arrêté par une silhouette imposante qui sortit de l'ombre. « Fini ton travail ! »gronda la silhouette. Le jeune homme à la capuche fit demi-tour et leva son arme face à l'enfant. Sa main trembla si légèrement que ce fut à peine perceptible. Il tira.
Le bruit de l'arme résonna longtemps.
Thena ouvrit les yeux. Sa vision était voilée d'un drap rouge. Elle ferma les paupières plusieurs fois avant que le rouge disparaisse et laisse place à un noir intense. Avait-elle perdu la vue ? Non, une faible source de lumière se balada devant elle et des formes floues apparurent. Elle cru entendre son nom, répété plusieurs fois, mais ses oreilles bourdonnaient trop pour qu'elle en soit sûre. Elle voulu bouger mais son corps ne répondait plus. Pire elle commençait à ressentir quelque chose d'étrange qu'elle n'avait pas ressentit depuis longtemps : de la douleur. La surprise de cette sensation lui remit les idées en place. Elle se souvint de l'invasion ennemi, de la séquestration dans le gymnase et de son violent passage à tabac. Elle fit un rapide calcul dans sa tête. Elle ne pu dire combien de temps elle était restée évanouie mais estima qu'il devait s'être écoulé une demi-heure grand maximum depuis sa dernière dose d'Urgamal. Théoriquement, elle n'aurait pas eu besoin d'en reprendre avant deux heures. Si elle commençait à ressentir la douleur, c'est qu'elle avait perdu beaucoup de sang. Elle ne connaissait pas l'étendue de ses blessures physiques, mais elle pouvait aisément deviner ce qui allait se passer au niveau psychologique. La suite allait s’enchaîner très vite. Le manque d'Urgamal allait se faire ressentir de plus en plus fort au cours des prochaines minutes la poussant dans ses retranchements jusqu'à un profond délire où rien n'aurait plus d'importance pour elle que d'obtenir sa dose. La douleur physique allait la rendre totalement folle et si elle ne mourrait pas d'une hémorragie, son cerveau allait probablement se liquéfier sur place dû à la surchauffe de sa perte de raison.
Thena avait souvent imaginé sa mort. Et pour elle c'était ainsi qu'elle allait probablement finir ; en légume. C'était peu ragoutant.
La shavadaï ouvrit les yeux une nouvelle fois. Cette fois-ci, l'image accepta de se stabiliser. Il faisait très sombre dans la pièce. Il n'y avait qu'une faible source de lumière non-identifiable. Elle était toujours allongée sur le côté, ce qui lui donnait un point de vue étrange sur la pièce. Elle ne distinguait vaguement qu'une paire de bottes naviguer au centre de la salle. Elle essaya de tourner la tête mais fut très limitée dans ses mouvements. Elle pu néanmoins voir que Hunter et Pelletier avait disparu et que Smith s'était réveillé.
Thena ouvrit la bouche mais aucun son ne sortit. Elle déglutit plusieurs fois et pu enfin sortir un faible murmure : « Alors Smith, vous avez fini de faire la sieste ? »
Dernière édition par Thena Khoomi le Mar 25 Aoû 2015 - 8:18, édité 1 fois
Jacob continuait à tenter de défaire ses liens mais ceux-ci étaient très bien serrés certainement par quelqu’un qui s’y connaissait et presque impossible à desserrer.
Il lui sembla être parvenu à les délier un peu mais ce ne fut qu’une erreur de jugement car pensant s’évader il remit en place les liens comme ils étaient en tirant du mauvais côté et donc serrant la corde qui lui couper maintenant la circulation sanguine.
Il s’imaginait perdu mais persistait dans sa tentative, se disant que les autres avaient peut-être besoin d’aide et que lui-même, s’il ne s’échappait pas à temps allait à coup sûr être tué par ces inconnus peu sympathiques alors autant tenter le tout pour le tout.
Soudain, il entendit une voix qui murmurait son nom, se retourna et constata que Thena s’était finalement légèrement remise de ses blessures et avait repris connaissance juste à temps pour l’aider dans son plan.
Peut-être la jeune femme parviendrais-elle à se défaire de ses liens et à déligoter le scientifique ensuite. La dose d’espoir du physicien remonta d’un coup et du simple fait d’être à présent accompagné d’une personne consciente et de confiance, il se sentait tiré d’affaire malgré sa mauvaise situation, ligoté à l’intérieur de sa propre station spatiale, du moins celle dans laquelle il vivait depuis des années, par des ennemis dont il ne connaissait rien, la main complètement brulée et dans le noir complet ce qui d’ailleurs, pouvait lui être bénéfique.
Il répondit alors à la jeune femme qui ne semblait pas pressé de se tirer de ce mauvais pas.
« oui, j’ai un peu mal à la main mais ce ne doit rien être par rapport à vous, je vous laisserait la première place à l’infirmerie. Avant tout, est-ce que vous savez exactement dans quelle salle on est, comment on est arrivé là et qui sont nos ennemis. Savez-vous ce que font les autres, s’ils sont dans une meilleure posture que nous ? D’ailleurs, il faudra penser à se libérer d’ici. Le noir pourrait nous aider. Pouvez-vous défaire vos liens parce que j’ai pensé que si on arrivait à se libérer il serait aisé de sortir d’ici en se faufilant le long du mur. Nous croyant inconscients, ils ne se méfieraient pas et dans l’obscurité, les bruits que nous ferions passeront comme faits par l’un des leurs. Au fait, c’est bizarre qu’il n’y ai pas les lumières vertes du générateur de secours ! »
Ce flot de parole semblait inapproprié mais était nécessaire pour former le meilleur plan possible. De plus, afin de ne pas se faire repérer, Jacob parlait tellement doucement que le discours dura quelques minutes et à la fin, il ne savait plus trop ce qu’il avait demandé au début. Il attendait cependant les réponses de sa collègues en espérant qu’elle l’éclairerait et ne retomberait pas dans les pommes à causes de ses multiples blessures qui devait lui faire un mal de chien.
Thena déglutit. Elle n'aimait pas les longs discours, et de plus, elle ne les aimaient pas lorsqu'ils étaient prononcés dans des circonstances qui ne le permettaient pas. Mais elle ne dit rien. Elle tendit l'oreille pour écouter le long murmure de Smith. Lorsqu'il eut fini, elle voulu rire doucement mais ses côtes lui faisaient tellement mal qu'elle faillit partir dans une quinte de toux. Elle réussit à se maîtriser. « On est dans le gymnase mais je n'en sais pas plus que vous. »
Elle déglutit une fois de plus. Elle avait du sang dans la bouche, c'était désagréable et ça lui donnait la nausée. Le plan de Smith (si on pouvait appeler ça un plan) était complètement casse-gueule, mais c'était au moins une première idée. Et probablement la seule.
Thena réfléchit quelques secondes avant d'avancer : « Ils ont sûrement un système de vision nocturne. » En effet, les ennemis se déplaçaient dans la salle sans avoir allumer d'autres sources de lumières.
La shavadaï essaya de tâter ses liens. Son bras ainsi que sa main gauche refusèrent de bouger. « Si vous voulez tenter, je ne pourrais pas vous suivre. » Elle doutait de pouvoir marcher plus de cent pas sans s'effondrer. Et il fallait encore réussir à se lever... « Mais je pourrais peut-être vous offrir une diversion en temps voulu. Soyez prêts ! »
Thena n'avait rien de précis en tête. Sa première idée fut de se lever et de faire le bélier de son propre corps contre Emmerson en hurlant à plein poumons. C'était absolument stupide, dangereux et pas stratégique pour un sou, mais elle avait profondément envie de redonner les coups qu'elle avait reçu. Elle espérait pouvoir lui casser le nez et quelques côtes. Bien peu comparer à ce qu'elle rêvait de faire à cet homme. Cette pensée la fit sourire.
Thena informa le scientifique qu’ils se trouvaient tout deux actuellement dans le gymnase, pièce qu’il ne connaissait pas particulièrement.
La jeune femme semblait vraiment mal en point et déglutissait à chaque parole si bien que le physicien en prenait pitié pour elle malgré qu’étant une militaire, elle devait être habituée à essuyer de telles blessures. Sa réflexion sur le système de vision nocturne détruit tous les espoirs de Jacob.
*Mais bien sûr, ils doivent être équipés.*
Il fallait donc trouver un autre plan plus facile à mettre en place. Le problème était qu’il n’était qu’un scientifique et n’avait pas l’habitude de devoir répondre à de telles situations en trouvant rapidement le plan le plus élaboré possible. Il n’avait jamais eu d’entrainement pour cela et même si ça avait été le cas, il doutait que quiconque puisse s’évader d’une telle position.
La jeune militaire proposa de faire une diversion pour lui permettre de s’enfuir rapidement mais Jacob ne voulait pas la laisser seule avec ses énergumènes, blessée et à la limite de la vie et de la mort.
« Il n’est pas question que je vous laisse ici. Je reste avec vous, il vaut mieux pour le moment qu’ils croient que l’on est tous les deux inconscient c’est la meilleure chance de s’en sortir tant que nous n’avons pas de plan. »
En effet, la surprise était toujours l’une des meilleures armes et il faudrait sans doute pour les deux collègues attendre la meilleure possibilité pour en faire preuve et déstabiliser l’ennemi sans prendre des risques trop important.
Puis un message radio retentit par les enceintes de la station, prononcé par Aeryn qui menaçait les ennemis s’ils ne s’en allaient pas. Jacob compris alors qu’ils avaient encore des chances puisque les autres faisaient de la résistance même si pour eux, ce n’était pas possible.
Il se doutait que le message radio n’allait pas embêter les nouveaux-venus qui ne croiraient pas la chef de base à moins d’un miracle. D’ailleurs, lui-même ne savait pas si la jeune femme bluffait ou avait vraiment les moyens de mettre ses menaces à exécution. En tout cas, l’espoir était de retour et le physicien pouvait enfin souffler. Il avait assez confiance en ses collègues pour savoir que ceux-ci pouvaient les sortir de se mauvais pas même s’il allait falloir attendre encore quelques temps sans rien faire.
Thena et Jacob était toujours séquestrer dans le gymnase et n'avait pas beaucoup de possibilités d'agir. Le message d'Aeryn rassura les deux collègues qui attendaient inéluctablement leur sort, fatal ou non. C'est alors que la porte d'entrée se fit entendre. De nouveaux venus étaient entrés mais ils étaient impossible pour Thena ou Jacob de les identifier dans ce noir quasi complet. La distance en plus ajoutait de la difficulté.
....................
Thaïn et Aynira entrèrent doucement dans le gymnase mais la porte faisait un bruit sourd et résonnant, même avec toute la discrétion possible. Les deux gardes furent surpris au moment où la lumière s'alluma comme prévue. Ils prirent rapidement leurs armes pour les pointer sur les deux nouveaux venus. Trop tard, Thaïn et Aynira avait l'initiative en leur faveur...
Le groupe ne tarda pas à se séparer et Aynira se retrouva avec Thaïn à se diriger vers le gymnase où la majeure partie du personnel de la station était retenue en otage. Ils se dirigèrent vers le pont 2 et se mirent devant la porte de la pièce.
L'ouverture fut tout sauf discrète. on aurait dit qu'ils ouvraient la porte d'un vieux hangar paumé dans le désert qui ne tenait plus que par la rouille. Les gardes furent évidemment avertis de leur présence par ce doux grincement, mais la lumière s'allumant d'un coup offrit un avantage aux deux et se préparèrent à tirer.
Prenant son arme, elle visa les deux gardes depuis son couvert et tira un coup sur chaque
[résolution 2 tirs]
L'un des soldats eut le réflexe de se mettre a couvert, esquivant ainsi le tir. Son confrère n'eut pas cette chance et s'écroula au sol. Thaïn serait toujours en mesure d'avoir sa cible avec la Narisienne en soutien. Après ça, il n'y aurait plus qu'à libérer les otages et s'occuper des trainards désormais en infériorité tactique et numérique. Si seulement tout serrait aussi simple en réalité que dans la que la théorie...
Dernière édition par Aynira Leyva le Mer 9 Sep 2015 - 13:11, édité 1 fois
L'effet de surprise avait bien fonctionné. La lumière s'alluma et Aynira put dégainer la première, elle fit mouche sur l'un des deux ennemis mais le deuxième était encore à neutraliser. Thaïn tira un coup à son tour, persuadé qu'une balle suffirait...
[ Réso tir 31/60 ]
Au moment d'appuyer sur la gâchette, l'arme s'enraya et la balle resta logé dans la chambre. Thaïn fut surpris, et regarda l'ennemi dégainer la sienne pour répliquer. Le monde s'écroula d'un coup. Thaïn vit sa vie défiler et le temps se distendre pour fortement ralentir. Ses souvenirs le plongèrent ailleurs, l'espace d'un instant. Sa vie dans le Middle Ouest, sa mère, ses quelques amis. Sa carrière pleine d'actions et pourtant si jeune. Il n'avait jamais été autant blessé que sur le JPS, peut-être un manque de chance ou un rejet inconscient de cette partie de sa vie de militaire.
* Oh... Merde ...*
Il lâcha son arme de la main droite au moment ou une balle le transperça au niveau de sa poitrine. Dans un mouvement de recul incontrôlable, il tomba en arrière pour s'écrouler lourdement au sol. Un silence noya le gymnase quelques secondes. Thaïn, allongé, regardait le plafond, une goutte longeait une dernière fois sa joue avant qu'il ne ferme les yeux...
Dernière édition par Thaïn Cook le Dim 13 Sep 2015 - 12:46, édité 3 fois