Se retrouver propulser des années plus tard, dans un futur pourtant proche, au sein d’un univers spatio-temporel pas si différent qu’on pourrait l’imaginer, ne représentait pas une idée si monstrueuse que ça à vivre. A l’image d’Anderson qui avait demandé les résultats du loto depuis toutes ces années, cette expérience pourrait, au premier regard, apporter des informations essentielles ou non sur le futur proche et peut être faciliter la vie, prévoir les drames, anticiper et avoir une longueur d’avance sur son époque, une fois de retour dans le présent. Mais voilà, Smith ne se sentait pas du tout à son aise ici, au James Parker Spaceport, la base volante qui accueillerait la porte des étoiles et ses activités après des années passées au SGC de Cheyenne Mountain. Non, Smith se sentait étranger à cette époque, comme un poisson d’eau douce qui se retrouvait soudainement à essayer de survivre en eau de mer. L’air était étouffant, la hiérarchie étrange, les habitudes inconnues, et que dire des mœurs qu’il n’avait pas eu le temps de découvrir au sein d’une société, d’une planète Terre, en perpétuelle avancée technologique ambitieuse. L’anglais n’avait pas envie de savoir, à vrai dire. Non il ne voulait pas savoir comment ça se passait sur Terre. Non, il ne voulait pas connaître la future identité de son Altesse Royal résident à cette époque-ci à Buckingham Palace. A la limite, si les goa’ulds avaient été totalement vaincus ou presque, il aurait pu détenir les clés de cette réussite. Mais ça, au final, c’est une information qu’il ne voulait pas avoir non plus. Car l’avenir était d’abord un évènement théorique qui finissait par se produire selon plusieurs critères. On pouvait certes forcer l’avenir à se produire mais il y avait toujours une part de chance, d’improvisation, un enchaînement et un assemblage d’épisodes spontanés et imprévisibles qui constituaient un tout dans l’univers matériel.
Le Chaos. Le chaos était aussi une notion intéressante qui bâtissait l’avenir. L’imprévisibilité des choses, le sens contraire des prédictions. Voilà ce qui avait permis à l’Histoire de l’Humanité de se construire progressivement, parfois de façon ironique, vers un monde qui se voulait meilleur, évolué et civilisé. Un monde de paix. Alors oui, connaître l’avenir aurait pu faire gagner du temps et épargner aux hommes de nombreuses années d’infortunes. Mais connaître cette vérité trop tôt pouvait aussi la faire dévier, la modifier, changer le cours des choses et l’altérer de la pire des manières.
Depuis qu’il était là, Smith avait essayé de faire abstraction des informations du futur. Mais il n’avait pas pour autant éviter de laisser sa marque dans cette époque en prenant part au combat envers les Gnitars, cette espèce évoluée, future ennemie de la Terre. Il s’était battu car son instinct de soldat le lui avait ordonné, pas parce qu’il en avait reçu l’ordre. Cela c’était fait instinctivement, de manière naturelle, sans y prendre un quelconque plaisir. Maintenant, il était là en salle des anneaux avec plusieurs personnes appartenant à cette génération du futur. Et il allait aider à envoyer ce qui semblait être une bombe dans un vaisseau mère ennemi. Cet objectif ne le touchait nullement et pour preuve, aucune émotion ne le transcendait, son visage restait de marbre. Car il ne se sentait pas concerné par cette époque. Par ce combat. Il combattait avant tout parce que c’était dans sa nature. Et aussi parce qu’il détestait les aliens en général.
Mais surtout et avant toute chose, il voulait gagner la confiance de ces gens et recevoir leur aide, en retour, pour pouvoir rentrer chez lui… Chez lui, en son temps.
« Ravi de vous revoir. »Dit-il à l’attention du reste de son équipe rassemblée au complet pour la première fois depuis leur arrivée.
Une jeune femme au grade de Caporal leur fit un petit speech en leur présentant ce qui les attendait. La suite de l’aventure promettait, digne d'un grand scénario hollywoodien. Leon s'exprima à la suite:
« Je n’ai pas forcément envie de risquer ma vie pour votre époque. Je n’ai pas envie de mourir pour cette cause qui n’est pas la mienne. Et surtout, je ne pense pas être le moins expérimenté parmi vous tous ici… » Commença-t-il par dire comme s’il réfléchissait la voix haute. Puis il leva son regard vers la Caporal d’un air déterminé. « Mais il vous faudra un costaud pour pousser ce chariot. Un costaud complètement taré, même. Je peux éventuellement aider, il suffira de me guider une fois là-bas. Sauf si l’un de votre équipe se sent plus à l’aise, Caporal... »
Leon s’était proposé car il aurait mal vu, du côté des terriens du SGC, Anderson ou Mallory s’occuper de cette lourde tâche. Et du côté SDT, le scientifique plutôt aimable et courtois semblait trop important ici pour s’atteler à un rôle aussi dangereux et physique. Mais au cas où, il avait tout de même eu l’opportunité de récupérer quelques munitions en compagnie du Lieutenant Reynolds à l’armurerie. Lui aussi, il avait piqué une barre chocolatée au passage. Manquait plus qu’un bon thé et Leon Smith était parés pour repartir risquer sa vie.