Salle de soin du Docteur Fellner

Sur le trajet Kevonan formulait déjà silencieusement les réponses qu'il pourrait donner à ce Docteur Fellner s'il venait à le questionner au sujet du vaccin. Le soucis c'est que son hôte n'avait guère eut l'occasion de converser avec le responsable médical depuis son arrivée sur la station. Le Goa'uld ne pouvait donc pas vraiment évaluer la réaction que ce dernier aurait lorsque Wallas exposerait ce qu'il s'était passé. Il n'eut cependant guère le temps de se pencher sur le sujet puisqu'ils arrivèrent rapidement à la salle de soin de ce Fellner.

Le Goa'uld laissa le soin au militaire de toquer en s'attendant à tout instant voir la tête du docteur apparaître dans l'entrebaillement de la porte mais il fut rapidement évident que ce dernier n'était pas présent. C'était une vrai aubaine! D'autant plus que ce fichu Géologue avait enfin été écarté. Et par Wallas qui plus est! Le coup de la seringue avait porté ses fruits au delà des espérances du parasite qui ne manqua pas de s'en féliciter.

*Pour le moment tout se déroule plutôt bien!*

Il attendit que le soldat entre à l'intérieure de la pièce pour le suivre, se demandant s'il fallait continuer à jouer dans le même registre ou en profiter pour se débarrasser de l'homme. Kevonan avisa rapidement du regard les différents objets présents et particulièrement ceux qui pourraient lui servir d'armes. Mais ce n'était pas lui qui avait le zat en main et il n'avait donc pas l'initiative pour le moment. Le Goa'uld désigna la pièce vide en haussant les épaules:

"Et maintenant?" le questionna-t-il.

S'il n'était pas en train de marcher sur la corde raide, le Goa'uld aurait sûrement trouvé la situation amusante. La chance semblait être de son côté et l'absence de Fellner ne faisait que conforter cette impression. Le militaire pouvait très bien l'appeler sur sa radio, bien entendu. Mais quelque chose lui disait que le docteur n'apprécierait pas d'être interrompu ou de devoir se déplacer pour ce genre d'affaire. Il se pouvait même qu'il dédaigne l'affaire et se contente de faire confiance à cette chère Laureen. Quoi qu'il en soit, c'était Wallas qui avait les cartes en main. Kevonan se contenterait de suivre docilement ses instructions jusqu'à trouver le moyen de dissiper les doutes du militaire.

"S'il-vous-plaît, dites-moi que vous n'allez pas me forcer à courir dans toute la station après le Docteur Fellner..." lâcha-t-il sur un ton presque suppliant.

La scène se déroula tellement vite que le Goa'uld n'eut pas le temps de réagir lorsque le militaire leva son arme. Le tir le frôla avant de ricocher et revenir frapper l'employeur. Kevonan regarda Wallas tomber au sol et resta quelques instants encore sous le coup de la surprise avant de finalement éclater du rire cristallin de son hôte. Ces Tau'ris étaient tout de même amusants, il fallait le reconnaître. Au cours des siècles il avait eut l'occasion d'en voir des choses bizarres mais ce militaire venait de remporter la palme. Et par la même occasion il avait également réussi à faire rire le Goa'uld, ce qui n'était pas arrivé depuis bien longtemps...

Encore pris de soubresauts à cause de fou-rire qui menaçait une nouvelle fois de le submerger, le parasite se força néanmoins à réagir comme Stanford l'aurait fait. L'idée d'achever l'homme à terre avait évidemment été pesée mais le garder en vie serait plus avantageux. Il résista donc à l'envie de rouer de coups de pieds le militaire, lui trancher la gorge avec un scalpel ou encore lui injecter une dose létale d'une quelconque substance. Un peu déçu de ne pas pouvoir satisfaire ses pulsions meurtrières, Kevonan se pencha vers Wallas qui avait les yeux encore grands ouverts.

"Excusez-moi pour ma réaction, ce n'est pas très professionnel. Je me doute bien que de votre point de vue les choses doivent être moins amusantes..." fit-il tout en commençant à lui prendre son pouls. "D'un autre côté vous avouerez que vous l'avez bien cherché. Vous m'avez quand même tiré dessus!"

Il entreprit de l'installer en position latérale de sécurité sur le sol avant de lui poser une main réconfortante sur l'épaule.

"Je pense que vous en avez pour quelques heures avant de retrouver le contrôle de votre corps! En attendant je vais vous trouver un lit libre, ce sera certainement plus agréable. Par contre si ça vous dérange pas je vais continuer mes activités en attendant que la paralysie se dissipe, d'accord? Vous aurez tout le temps de revenir plus tard pour me tirer dessus! D'ailleurs, à ce propos et avant que j'oublie..."

Elle inclina légèrement sa tête avant de lui décocher une gifle. Elle agita ensuite un doigt réprobateur devant les yeux de l'homme:

"J'ai juré de tout faire pour mes patients quand j'ai récité mon serment d’Hippocrate mais essayez encore une seule fois de me tirer dessus et je vous assure que vous allez perdre la faculté de vous reproduire!"

Il fit mine de se radoucir et se permit même un petit sourire malicieux à l'intention de l'homme gisant à terre:

"Et ne vous en faites pas pour... ce petit incident. Il restera entre vous et moi! Ce serait tout de même dommage que le personnel se mette à penser que le responsable de leur sécurité n'arrive pas à utiliser un Zat, avouez! Et je ne parle même pas de la responsable de la station... Remarquez je dis ça, je dis rien! C'est vrai que ça n'a pas l'air simple d'utilisation."

Kevonan se délectait de cette situation et de la menace à peine voilée qu'il venait d'adresser au Tau'ri. Assez claire pour être comprise mais pas assez pour qu'on l'accuse de le faire chanter. Il s'éloigna de l'homme au sol et revint quelques instants plus tard avec une infirmier et un brancard. Ils l'installèrent rapidement dessus puis le Goa'uld laissa le soin à son collègue d'amener le militaire dans une salle calme le temps qu'il récupère.

"Vous savez où me trouver!" lâcha-t-elle alors que le paralysé s'éloignait.

Il le regarda disparaître au détour d'un couloir avant de tourner les talons pour quitter l'infirmerie. Les récents événements avaient démontré sa vulnérabilité et il était plus que temps d'y remédier. Il lui fallait les outils adéquats pour atteindre ses objectifs et il avait une petite idée de l'endroit où il pourrait se les fournir. Mais avant il avait encore un petit détail à régler: il retourna dans la pièce où le cadavre du psychologue, son précédent hôte, se trouvait. Il enfila ensuite une paire de gants et plaça dans la main du mort le scalpel recouvert de sang que Stanford avait utilisé pour le tuer. Avec les récents événements, il serait aisé de faire passer le meurtre pour un acte de folie similaire à celui de Sincet. Tout au plus, on reprocherait à son hôte son manque de vigilance mais elle pourrait alors expliquer que Wallas avait accaparé son temps et n'avait eu d'autres choix que d'obéir. Ce qui l'avait bien entendu empêché d'être présente lorsque le malheureux avait décidé de se ôter la vie...

L'ironie de la situation amusa le Goa'uld qui l'exprima par un sourire éclatant de Laureen avant qu'il ne quitte la pièce, sans la verrouiller cette fois-ci. Tôt ou tard on découvrirait le cadavre, inutile de retarder l'inévitable. Kevonan passa ensuite rapidement à la réception pour signaler qu'il avait terminé son service et donner des instructions au sujet de ses patients. Il ne manqua pas de stipuler qu'il fallait vérifier toutes les deux heures l'état de Tikovsky avant de franchir les portes à double-battants de l'infirmerie puis prendre la direction du laboratoire médical.