A horse with no name

[8 Mars 2016]

Un des contacts de Zander lui avait parlé d'un contrat orphelin qui ne trouvait personne pour le remplir. Et pour cause, il s'agissait de se rendre dans un coin de système perdu pour livrer du matériel divers et variés et des médicaments. La paie était pourtant décente et d'après ses recherches, le secteur était plutôt tranquille. De toute façon, il avait besoin de changer d'air. Transporter des passagers avait son charme, mais il s'ennuyait à mourir la plupart du temps, car son contrat lui interdisait de faire autre chose lorsqu'il attendait ses clients. Il passait donc parfois des jours à se tourner les pouces. Il avait donc sauté sur l'occasion d'aller voir ailleurs sans prendre trop de risques.

Lorsqu'il se posa sur la planète, il écouta Stella lui annoncer la météo locale et grimaça.

« - Température extérieur, 45°, humidité 30 %, vent léger avec des rafales soulevant la poussière, soleil magnifique et paysages désertiques à perte de vue.
- Je déteste la chaleur.
- Il fallait peut-être te renseigner avant de venir, non ?
- J'avais aussi très envie de mettre les voiles avant que nos meilleurs amis nous proposent un autre contrat à jouer les taxis à leur entière disposition. Ça paie bien, mais c'est d'un ennui... Puis on ne va pas s'éterniser, alors ce n'est pas vraiment un problème. C'est l'histoire de quelques heures, puis on pourra aller explorer le secteur pour d'autres opportunités. Sinon, on retournera à Celestia. Ils seront ravis de nous revoir et de nous filer du travail. À moins que Nyx ou Prius aient besoin de nous. »

Il secoua la tête en observant la ville un peu plus loin, constitué d'un ensemble de bâtiments bas et rustiques. Il avait constaté qu'il n'y avait pas grand-chose autour au cours de la descente et il ne voyait pas un chat dans les environs non plus. Il avait voulu du changement, il était servi. Heureusement, il n'était pas censé s'éterniser sur place et un paquet d'offres s'affichait sur son écran. Son petit doigt lui disait que les gens du coin ne devaient pas souvent voir passer de vaisseaux. Tant mieux pour lui, même si ce n'était pas très rentable, mais cela ne le dérangeait pas outre mesure. Il rendrait service aux gens qui seraient ravis et il savait qu'il pouvait plus lucratif assez facilement au besoin.

« Bon, contacte les autorités locales pour les formalités. Une fois que ce sera fait, j'irai chercher notre contact pour décharger et voir ce que je peux nous trouver d'autre à faire pour quitter cet endroit. »

Mais avant de descendre, il allait devoir troquer sa tenue noire contre une plus claire et plus adaptée au climat local, ainsi qu'une paire de bottes légères s'il ne voulait pas voir ses chaussures lestées par des kilos de sable.

[HRP : Une chanson ultra connue, pour changer : A Horse with no Name par America ]

Dernière édition par Zander Hayes le Jeu 10 Oct 2019 - 22:04, édité 1 fois

A combien de verre en était-elle ? Huit ? Dix plutôt… Et encore, elle n’avait pas compté ceux de ce matin. Voilà qui n’était pas vraiment digne… Pas plus que ce bar miteux à la clientèle plus que douteuse...

Mais qu’y pouvait-elle ? Avec le Bayta immobilisé et ses fouilles au point mort faute de matériel, il ne lui restait pas grand-chose pour occuper ces journées. Évidemment, ca n’était pas très digne, mais qui s’en souciait, dans ce trou à rat ?

Il y a des ruines Anciennes sur Galicia lui avait-on assuré… Un avant poste, intact… Intact tu parles ! Des dizaines de pillard étaient passés avant elle dans ce qui était peut être un avant poste, mais d’une civilisation dont elle n’avait jamais entendue parler.

Un bip discret attira son attention. Quelqu’un venait d’arriver et il emmenait avec lui les pièces dont elle avait besoin ? Diane se redressa soudain, un peu trop rapidement. La piece se mit à danser autour d’elle et une nausée soudaine manqua de la terrasser. Respire Diane, respire… Envoie ta localisation et attend bien tranquilement.

« - Je t’en remet un ?
- Pas maintenant, Rodrigo, les affaires reprennent.
- Tu vas enfin pouvoir me payer alors ?
- Mais tout à fait. Je t’avias dit que ca finirait par arriver. En attendant, sert moi ce truc chaud a base de graine. Et de l’eau aussi. »

Surpris mais ravi de voir une ardoise potentielle s’effacer, le barman servit à la jeune femme ce qu’elle demandait et retourna à ses autres clients qui eux non plus n’avaient pas perdu une miette de l’échange.

Quand les formalités furent terminées, Zander put enfin quitter Stella. Il avait prit soin de prendre son arme de poing. Le coin ne lui inspirait pas spécialement confiance. Il consulta son PDD pour savoir où aller exactement. Un petit attroupement s'était formé un peu plus loin et observait son vaisseau et sa progression, mais il les ignora. Ils n'avaient pas l'air franchement hostile, mais simplement curieux de voir qui était le nouvel arrivant. Rien de très inhabituel dans ce genre de coin paumé.

Il avança à travers la bourgade, jetant de temps en temps un œil sur son assistant pour s'assurer qu'il allait bien dans le bonne direction et même si Stella les soufflait les indications. Là encore, les quelques personnes présentes l'observaient, mais personne ne venait à sa rencontre. Soit. Il préférait ce genre d'accueil à ceux trop amicaux ou l'inverse.

Il finit par s'arrêter devant ce qui ressemblait à un bar pour le moins miteux. En fait, il correspondait parfaitement à ce qu'il s'attendait à trouver dans un endroit tel que celui-là. Il poussa la porte et tous les yeux se braquèrent instantanément sur lui et le dévisagèrent. Forcément, il était le nouveau venu, l'inconnu, alors il attirait forcément l'attention. Il fit mine de ne pas voir les œillades gourmandes des serveuses qui le détaillaient sans vergogne des pieds à la tête. Il avait toujours tendance à faire cet effet-là, peu importe où il entrait, ce qui attisait encore plus la curiosité des gens..

Il espérait que son client allait se manifester de lui-même, car il n'avait que ses initiales sur le bordereau et il n'avait aucune idée de qui il cherchait exactement. Cependant, l'inverse n'était pas vrai… Si personne ne réagissait, il demanderait au barman. Ils savaient toujours tout sur tout le monde. Il décida donc de s'approcher du bar et de prendre place pour attendre quelques minutes de voir ce qui allait se passer.

« Salut. C'est quoi votre spécialité niveau boisson dans le coin ? » demanda-t-il au barman.

Autant apprendre les us et les coutumes des locaux et boire la même chose qu'eux. Cela facilitait généralement les choses et les contacts, plutôt que de s'enfermer dans le rôle de l'étranger qu'il était.

Il fallut plusieurs tasse de ce liquide bizarrement addictif pour que les plus gros effets de l’alcool disparaisse de l’organisme de Diane. Elle aurait eut bien besoin d’une douche également mais elle ne voulait pas prendre le risque de louper son fournisseur.

Quand un beau gosse à la dentition parfaite rentra dans le bar, elle sut immédiatement que c’était lui. Niveau discrétion, il pouvait repasser mais après tout, personne n’avait du le lui demander. Elle se leva donc pour se rapprocher de lui alors qu’il commandait le tord boyaux local, ce que s’empressa de lui servir le barman dans un petit verre.

« - Rodrigo, sors nous plutôt ta réserve personnelle. Ce truc ferait des trous dans l’estomac de n’importe qui. »

Trop tard pour se rendre compte qu’elle avait le comportement (et le discours) d’une entraîneuse. Elle sourit donc au nouveau venu et sorti sa tablette pour lui signifier qui elle était.

« - Je suis Diane, votre cliente. Et je dois dire que je commençais à désespérer que quelqu’un l’accepte. »

Deux verres de la réserve spéciale furent poussé devant eux sous l’oeil suspicieux du barman.

« - J’espère que c’est le monsieur qui régale parce que ton ardoise est aussi longue que ma… heu que al route qui mène à une planète civilisée. 
- Tu es la classe incarnée Rodrigo. Et la générosité même.»

Ce qui ne l‘empecha pas de jeter un regard implorant vers Zander.

Le barman venait de servir son verre à Zander qui le regardait, un air dubitatif. Il s'attendait à quelque chose de plus grand, comme une bière. Il n'irait pas très loin avec ça.

« Vous n'avez pas une boisson courante plus plus grand format ? Je vais peut-être devoir attendre un moment, alors j'aimerais pouvoir faire durer un peu la dégustation. » fit-il avec un sourire quand une petite brune, pas trop mal vu l'endroit, intervint et déconseilla à demi-mots de boire ce que le barman venait de lui donner.

Il se doutait déjà que son verre ne contenait certainement pas le plus fin et le meilleur des alcools, mais il était à peu près certain qu'il avait dû boire bien pire dans des endroits bien plus perdus et miteux que celui-ci. Il préféra cependant tenir sa langue.

Il jeta un rapide coup d’œil à sa tablette que Diane lui tendait et dont les informations affichées confirmait ses dires, avant de lui tendre la main.

« Je suis Zander. Enchanté. Et ça ne m'étonne pas que vous ayez dû attendre un moment. C'est souvent le cas pour les contrats comme le vôtre. Lorsqu'ils émanent de planètes comme celle-ci qui sont excentrées par rapport aux routes habituelles, ils restent orphelins assez longtemps, car rares sont ceux qui acceptent de les remplir. »

Ils étaient surtout rarement rentables. La plupart du temps, ils faisaient même à perte, alors à moins d'être capable de pouvoir compenser en trouvant des contrats plus lucratifs ou de trouver un moyen d'en combiner plusieurs pour rentrer au moins dans leurs frais, peu de transporteurs en faisaient. Mais pas lui. Cela lui permettait de voir d'autres choses et d'autres gens, mais il les choisissait avec soin et dans des coins sans danger. Enfin, c'était la théorie, en tout cas. La réalité lui réservait parfois de très mauvaises surprises.

Il regarda les deux nouveaux verres et leva un sourcil à la remarque sur l'ardoise de sa cliente. La comparaison interrompue de Rodrigo qui se rattrapa joliment le fit franchement sourire. C'est aussi classe que l'endroit, à vrai dire et il n'était pas surpris outre mesure.

« D'accord, je paie cette tournée, mais pas les dettes de la dame. » annonça-t-il au barman avant de se tourner vers Diane.

« En revanche, j'espère que vous avez de quoi me payer, parce sinon, vous ne ferez pas la couleur de ce que vous attendez. La règle est simple : pas de paiement, pas de marchandises. » lui fit-il en souriant avant de lever son verre.

Travailler pour pas grand-chose était un choix qu'il pouvait se permettre de temps à autre, mais il ne travaillait certainement pas pour rien.

Maintenant que le quiproquos gênant sur la boisson était réglé, ils allaient pouvoir parler affaires.

« - Ne vous en faite pas, j’ai de quoi. Enfin, pas exactement la, sur moi, bien sur mais ca posera pas de soucis. »

Consciente sans doute qu’il allait mal prendre sa déclaration, elle posa sa tablette sur le comptoir et la fit glisser vers son nouveau meilleur ami.

« - Je suis archéologue… indépendante. Il y a des ruines sur cette planète plutôt intéressantes. Je pensais qu’il s’agissait d’Ancien mais c’est autre chose finalement, je ne sais pas encore quoi. Ça veut dire que ça doit pas mal se vendre. Même des images intéresseront certains universitaires. Donc vous voyez, vous n’avez pas à vous inquiétez. En temps normal, je n’aurai pas du faire appel a vous, mais un fonctionnaire un peu trop zélée a saisit mon matériel. »

Elle haussa les épaules comme si tout cela n’était qu’une simple péripétie sur la route de la fortune et de la célébrité. Ce n’était pas si loin que ça de la vérité d’ailleurs.

Un mouvement de l’autre coté du bar lui fit étrécir les yeux et accélérer la respiration.

« - On va avoir un soucis. Je crois que certains membre de la clientèle sont persuadé que vous avez assez de fric sur vous pour que ca soit rentable de nous tomber dessus a tous les deux. Vous êtes armé j’espère ? »

Lentement elle se leva et commença à manœuvrer vers la porte, sans perdre de vue leur potentiel adversaires.

Zander sourit très poliment à la déclaration de sa cliente tout en regardant sa tablette. Pourquoi n'était-il pas surpris après les propos du barman… Ce n'était pas la première fois qu'on lui faisait un coup semblable. Il avait suffisamment rouler sa bosse pour savoir lire entre les lignes et ne plus se faire avoir par ce genre de discours.

Elle n'avait pas l'argent et espérait que sa prochaine "fouille" lui permettrait d'obtenir les fonds nécessaires pour le payer, sans lui offrir aucune garantie que cela arriverait. Elle n'avait aucune idée de ce qu'elle allait vraiment trouver, ni si cela intéresserait vraiment quelqu'un. Si elle pensait pouvoir l'entourlouper avec ses belles paroles, elle faisait fausse route. Il ne croyait pas un mot de ce qu'elle lui racontait.

« Archéologue indépendante, hein ?  Vous croyez vraiment que je suis né de la dernière pluie ? Si vous pensez que vous êtes la première à essayer de me faire miroiter une rémunération grâce à un hypothétique gain résultant d'une autre affaire, détrompez-vous. Et je vous arrête tout de suite, votre baratin ne fonctionnera pas. Pas de paiement, pas de marchandise, c'est écrit noir sur blanc dans le contrat. » fit-il.

Quand elle l'avertit qu'il allait y avoir de l'action, il se contenta de hausser les épaules et finit son verre. Rien de surprenant là-dedans non plus.

« Je m'attendais à ce qu'il y ait du grabuge dans un coin comme celui-là. C'est le contraire qui aurait été étonnant. Je suis juste surpris qu'ils aient attendu aussi longtemps avant d'agir. » répondit-il doucement en posant la main sur son arme.

Il se demanda si des petits malins étaient en train d'essayer de s'infiltrer à bord de Stella. Si certains s'y amusaient et y arrivaient, ils auraient une méchante surprise. Son IA n'allait pas non plus se laisser faire.

« Et je me demande où ces gens vont chercher cette idée que je suis riche. C'est parce que j'ai un vaisseau ? C'est mon gagne-pain et tout ce que je gagne passe dans son entretien. Ont-ils la moindre idée de combien de combien ça coûte ? Et les frais d'arrimage à une station ? Joindre les deux bouts est difficile et je dois souvent me serrer la ceinture, surtout quand mes clients pensent qu'ils peuvent m'arnaquer et éviter de payer, comme vous essayez de le faire… » dit-il un peu plus fortement en se levant pour prendre la direction de la sortie.

Il avait un peu d'argent, mais ne se baladait jamais avec de grosses sommes sur lui ou sur son vaisseau. Il en gardait suffisamment pour pouvoir acheter de quoi se nourrir et même son compte n'était volontairement pas très garni. Il n'était pas bête au point de mettre tous ses œufs dans le même panier et de tout perdre d'un coup.

« Si vous ne me payez pas, je garde votre matériel et je le revendrai pour couvrir mes frais. Vos beaux yeux et votre joli minois n'y changeront rien. » annonça-t-il haut et fort en prenant le chemin de la sortie.

S'il pouvait se sortir de là sans avoir à se battre ou à sortir son arme, il s'en porterait très bien, mais il ne pensait pas que cela arriverait. Les gens étaient souvent têtus et il fallait leur mettre les points sur les i pour les faire revenir à la raison.

Bon, ce type était un peu plus malin que ceux dont elle avait l’habitude. C’était bien sa veine.

« - Non, je n’essaie pas de vous arnaquer. Quoi que vous puissiez en penser, ça n’est pas mon genre. Mais je ne vous demande évidemment pas de me croire sur parole. J’ai de quoi vous payer, à bord du Bayta, mon vaisseau.»

Encore fallait-il qu’elle puisse s’en approcher sans faire sonner toutes les alarmes de la cité.

Elle allait expliquer un peu plus avant lorsque d’autres client décidèrent de s’en prendre à eux. Hayes tenta bien d’expliquer qu’il n’avait rien sur lui mais rien n’y fit.

Alors qu’ils reculaient tous les deux vers la sortie, l’un des attaquants sortie son arme. Diane, fut plus rapide que lui et elle l’abattit sans sourciller. L’enfer se déchaîna alors. La moitié de la clientèle du bar s’en prenant soudain à l’autre moitié. Les balles fusèrent en tout sens et les quelques personnes saines d’esprit encore présente, et en vie, se réfugièrent sous les tables.

Zander et Diane optèrent pour une sortie rapide et se retrouvèrent dans la rue quelques instant plus tard.

« - Il ne faudra pas longtemps à ses crétins pour sortir de la. Venez ! »

Elle le conduisit vers un petit véhicule à effet de sol en claudiquant.

« - J’en ai pris une dans la cuisse. C’est pas grave mais je préfère que vous conduisiez du coup. Vers l’astroport. J’ai de quoi me soigner à bord de mon vaisseau." 

Un bonheur n’arrivant jamais seul, la porte du bar vola en éclat pour livrer passage à trois gugusses qui les prirent immédiatement pour cible.

Zander regarda Diane, dubitatif, quand elle lui annonça avoir de quoi le payer sur son vaisseau. Non, il n'était pas né de la dernière pluie et ne faisait plus confiance d'emblée aux gens. Même une fois payé, il restait prudent.

« Effectivement, je ne vous crois pas. Les paroles du barman ne me donnent pas spécialement confiance dans vos capacités à me payer. Si vous le faites, cela démontre que vous êtes très sélective quand à qui vous décidez de payer, ce qui n'est pas forcément mieux... » répondit-il franchement, ne voyant pas l'intérêt de ne pas être franc.

Évidemment, son discours à l'intention de la foule ne les dissuada pas d'attaquer. Cela ne marchait jamais et ce n'était pas vraiment le but. L'objectif était simplement de gagner du temps pour tenter de réduire la distance jusqu'à la porte lorsqu'ils décideraient de leur sauter dessus. En l'occurrence, ils préfèrent dégainer et se mettre à s'étriper les uns autres. Quelques-uns restèrent concentrer sur eux.

Il sortit son arme et tira sans hésiter. Étant en mode non létal, il n'avait aucun scrupule. Cela limitait les dégâts matériels et s'il se faisait arrêter, cela réduisait considérablement les conséquences de n'avoir tué personne. Il tirait rarement pour tuer. Étant un tireur moyen, il cherchait à limiter au maximum le risque de victimes collatérales accidentelles et préférait effectuer un repli stratégique en cas de situation tendue.

Une balle perdue lui frôla la joue, il ramassa un coup de coude dans les côtes et sentit un choc dans la jambe juste avant de sortir. Il grimaça et se dirigea vers le véhicule que lui désignait Diane. Elle aussi avait pris une balle et il hocha la tête quand elle lui annonça vouloir retourner à son vaisseau. Peut-être se ferait-il payer par la même occasion.
Cela faisait un bail qu'il n'en avait pas conduit quelque chose de ce genre, mais cela ne lui poserait pas particulièrement de problème.

« Je vais te guider. Et il y a un groupe de personnes qui s'intéresse à moi ici. Pour l'instant, ils n'ont rien tenté et ne font que m'observer de loin. » l'informa son IA à laquelle il ne répondit pas. Stella constituait un atout qu'il ne révélait généralement pas au premier venu, ni dès le départ. Il arrivait parfois que même ses passagers restent dans l'ignorance, en fonction des circonstances.

Quant aux curieux, ils n'avaient rien d'inhabituel sur des planètes comme celle-là et ne faisaient souvent pas grand-chose de plus que regarder à distance les vaisseaux, surtout ceux qui se posaient pour la première fois et qui leur étaient inconnus. Mais il allait peut-être devoir revoir son évaluation avec ce qui était en train de se passer.

« Vous croyez qu'ils vont nous poursuivre ? » lança-t-il à Diane tout en s'installant aux commandes.

La porte du bar qui vola en éclat lui répondit et il démarra en trombe sous les balles.

« Ou qu'ils vont nous attendre à destination ? Si vous êtes là depuis un moment, il y a fort à parier qu'ils savent quel est votre vaisseau. Quoique comme vous êtes fauchée et que vous entretenez cette image, alors qu'au contraire, moi, j'ai de la marchandise... C'est plutôt au mien qu'ils seraient tentés de s'intéresser. » continua-t-il tout en souhaitant bien du courage aux téméraires qui oseraient se lancer dans une telle entreprise.

Il s'engagea dans les rues du patelin tout en espérant semer leurs poursuivants potentiels. Sans l'aide de Stella, cette tentative serait probablement vaine et vouée à l'échec, même en ayant mémorisé les différents itinéraires de retour jusqu'à son vaisseau, à moins que Diane ne prenne le relais dans le rôle du copilote.

Guidé par les instructions de Stella, Zander put guider le petit véhicule étonnement maniable dans les rues étroites de la ville. Diane s’était juché sur le siège arrière et échangeait des coups de feu avec leurs poursuivants.

« - On n’a pas intérêt à traîner ici, cria-t-elle après qu’un des glisseurs se fut encastré dans l’étal d’un vendeur de rue. Tous les flics du coin vont nous rechercher. »

Une balle bien placée étoila le pare-brise tandis qu’une seconde traversait le moteur lui faisant avoir des ratés. Heureusement, l’astroport était en vue.

« - Le Bayta est sur l’emplacement C19. »

Derrière eux restaient un véhicule d’assaillant bien décidé à leur faire payer dégâts, blessure et humiliation subis ces dernières minutes. Devant, un petit vaisseau aux formes étranges grossissait à toute vitesse. Diane, hurla au conducteur de passer par la droite et de foncer. Alors qu’ils allaient percuter la paroi, une ouverture se dégagea et Zander sentit un contrôle automatique prendre en charge le véhicule, permettant une entrée dans le hangar fracassante

Diane sauta dès que le glisseur fut arrêté et courut en claudiquant vers une échelle.

« - Tant pis pour le matériel, faut mettre les voiles, si on ne veut pas finir en passoire. Ce que ces types sont collant quand il flaire une bonne affaire. »

Déjà des impacts de balles sonnaient sur la paroi de métal. Il ne faudrait aps longtemps avant qu’ils ne touchent un élément important. Diane fit démarrer le moteur en quelques secondes, en dépit de toute procédure de sécurité, et l’arracha du sol pour mettre el cap vers des montagnes un peu plus loin.

« - Bon… et maintenant, on fait quoi ? »

La poursuite se révéla mouvementée et le petit appareil, bien que très maniable, finit avec une balle dans le pare-brise et une dans le moteur. Par chance, aucun d'eux ne fut touché et ils atteignaient l'astroport quand leur destrier commença à montrer des signes de faiblesse, Suivant les indications de Diane, Zander se dirigea vers la place C-19. À l'approche de son vaisseau, d'une forme qu'il ne reconnut pas, il le sentit prendre le contrôle et les guidait sain et sauf, quoi qu'un peu brutalement, à l'intérieur. Quelques secondes plus tard, ils étaient dans les airs pour échapper à la pluie de balles qui arrosait le Bayta.

« Vous vous fichez peut-être de votre matériel, mais moi, je ne me fiche pas de mon vaisseau et j'aimerais bien le récupérer avant qu'il finisse saisi ou transformé en passoire. Alors vous me payez, vous me déposez quelque part et je me débrouillerai pour aller le chercher. Il est hors de question que je le laisse là. Et je vous remercie du fond du cœur de m'avoir grillé auprès des autorités de cette planète et peut-être de tout le secteur… » fit-il, un tantinet agacé par la tournure des événements. Ça lui apprendrait à vouloir rendre service au lieu de courir après des contrats faciles et juteux.

En réalité, Stella n'était pas vraiment un problème. Il pouvait lui donner l'ordre de le rejoindre. Personne ne saurait qu'il n'y avait personne aux commandes. En revanche, s'il voulait retourner en ville, il devrait s'expliquer auprès des autorités et il n'était pas certain qu'elles fassent preuve de clémence et de compréhension. Et il risquait probablement une amende très salée sans compter le remboursement de tous les dégâts causés, qu'il ait été ou non responsable de la poursuite.

« À vous de me dire ce qu'on fait. Je ne suis venu ici que pour remplir votre contrat et je prévoyais de repartir ensuite avec quelques contrats décrochés sur place, ce qui n'aurait pas dû être très difficile. Cela ne risque plus d'arriver. Maintenant, je m'estimerais heureux de réussir à quitter cet endroit sans en être déclaré persona non grata ou sans avis de recherche sur ma tête. » ajouta-t-il.

Chose qu'il pourrait probablement éviter en payant et en promettant de ne jamais revenir. Mais au moins, il serait toujours clean dans le système et pourrait y travailler. Sinon, il devrait aller voir ailleurs.

« Mais commençons donc par soigner votre blessure. Où est votre kit médical ? » demanda-t-il.

Il avait suffisamment roulé sa bosse pour avoir acquis quelques bases médicales suffisantes pour traiter ce genre de choses. Et à une époque, il était lui-même plutôt coutumier du fait. C'est comme cela qu'il savait qu'il avait probablement une côte fêlée et qu'il allait probablement écopé d'un bel hématome sur la cuisse, deux blessures sans gravité, mais qui le gêneraient pendant quelques jours. S'il avait été à bord de Stella, il aurait pu soigner ça en à peine quelques heures et avec une bonne nuit de sommeil, il aurait été frais comme un gardon le lendemain.

« - Eh, protesta Diane. Je leur ai pas demandé de nous tomber dessus hein ? Je m’en serai bien passé aussi. »

Le vaisseau prenait rapidement de la vitesse et survolait un paysage désertique ou se croisaient de rare routes toutes aussi vides.

« - Deuxième porte à droite, indiqua Diane quand il lui demanda un kit médical. »

L’infirmerie était plutôt spartiate et consistait essentiellement en un fauteuil de diagnostic et divers équipements de premier secours. En passant, Zander put voir un salon confortable et décoré de plusieurs vitrine pleines d’artefacts d’origines diverses.

Le temps qu’il revienne et soigne la jeune femme, le Bayta avait entamé sa descente et se posait près d’une caverne à flanc de montagne.

« - Nous y voilà. Cette planète est un trou a rat, mais comme je vous disais, elle contient pas mal de restes archéologiques d’une civilisation avancée. J’espérais que ça soit les Anciens, mais c’est autre chose. De plus local sans doute mais ça ne veut pas dire sans valeur pour certains collectionneurs. »
Elle lui montra l’entrée de la caverne tout en s’étirant.

« - J’ai toujours besoin d’un partenaire pour m’aider à écouler ce que je trouverais ici. Je te fais visiter ? »

Diane n’était décidément pas du genre à lâcher facilement prise.

Zander s'interrogeait sur les intention de sa cliente. Était-elle en train de l'enlever, par-dessus le marché ? Cela en avait tout l'air, en tout cas, vu qu'elle poursuivait son chemin, pas l'air décidée à se poser et à le laisser partir.

Il fit demi-tour pour aller chercher la trousse de secours. Quand il vit le salon, il ralentit pour jeter un coup d'oeil et repéra tout un tas de vieilleries exposées dans les étagères. Génial, il était probablement tombée sur une trafiquante d'antiquités. C'était bien sa veine. Dans quelle galère s'était-il encore fourré ?

À partir de maintenant, il allait éviter de partir explorer les recoins perdus des systèmes où il se trouvait juste pour rendre service. La prochaine fois qu'il aurait que l'envie lui prendrait de vouloir aider son prochain, il contacterait les Bergers qui avaient toujours besoin de transporteur comme lui. Prius serait plus que ravi de lui confier du travail et de s'incruster pour lui tenir compagnie.

L'infirmerie était basique et contenait le minimum. Il récupéra le kit. Dire que sur Stella, il aurait pu la soigner en quelques minutes avec son matériel… Il se dit qu'il ferait d'ailleurs mieux de contacter son vaisseau, ce qu'il fit.

« - Ma grande, si ça devient trop dangereux pour toi, ne reste pas là-bas. Décolle et mets-toi en sécurité.
- D'accord. Tu veux que je vienne te chercher ?
- Pas encore. Je ne crois pas que je risque quoi que ce soit et surtout, elle ne m'a toujours pas payé. Mais je compte sur toi pour surveiller mes arrières.
- Compris. Sois prudent.
- Toujours. »

Il repartir en sens inverse vers le cockpit. Il avait suffisamment baroudé et subi son comptant de blessures pour avoir appris à soigner ce genre de bobos. Mais cela faisait longtemps qu'il ne l'avait pas fait sur quelqu'un d'autre. Il désinfecta la plaie qui était nette et propre avant de la bander en silence. Quelques minutes plus tard, Diane posait son vaisseau devant l'entrée d'une grotte.

« Est-ce que j'ai l'air d'un archéologue et d'un revendeur d'antiquités ? Vous avez un permis en bonne et due pour ce genre d'activité au moins ? » demanda-t-il.

Cette affaire était en train de tourner de mal en pis et il fulminait intérieurement. Il n'avait aucun intérêt pour ce genre de marchandises, peu importait leur origine. Et pour ce qu'il en savait, la revente générait des revenus plutôt aléatoires.

« Je ne suis qu'un simple transporteur, moi. Rien d'autre. » fit-il tout en prenant la trousse et les déchets pour les rapporter à l'infirmerie.

Il se dit qu'il n'allait probablement pas traîner sur place, en fin de compte. Il n'était plus du genre à se laisser avoir aussi facilement.