No Son of Mine

Même après un certain nombre de mission, passer la porte lui faisait toujours un drôle d’effet. Comme un interdit qu’elle violait sciemment avec l’autorisation de sa hiérarchie. Les vielles habitudes ont la peau dure.

C’était sa seconde visite sur Hebrida mais se retrouver ici lui donna un sentiment de « retour à la maison ». Il n’était la que pour quelques heures mais peut être auraient il le temps d’aller faire un saut dans cette ville côtière pour laquelle ils avaient eut un coup de foudre.

Pas gagné vu comme Zander traînait des pieds pour la suite. Visiter ses parents était devenu un calvaire pour lui et elle se faisait de plus en plus de soucis au fil des heures en le voyant tarder et gagner du temps.

Bien sur, elle ne pouvait pas lui en vouloir de la première course qu’il leur avait fait faire. Elle avait pu récupérer pour son usage personnel un fusil d’assaut à effet magnétique qui ressemblait à une version primitive des pulseurs qu’elle avait utilisé à son époque. C’était déjà une formidable amélioration par rapport aux armes terrestres. Meme si ce fusil restait à bord de Stella la plupart du temps, au moins pourrait elle l’utiliser lors des « contrats » passé avec son mari.

Après cela, il continua à traîner dans les boutiques jusqu’à l’heure limite. Elle finit par lui prendre la main et le regarder dans les yeux longuement, espérant qu’il puise un peu de courage dans son regard bleu. Cela fonctionna suffisamment pour qu’ils prennent le monorail qui les conduirait à la propriété de ses parents mais il s’enferma dans une de ces crises de mutisme dont il avait le secret. Elle se contenta donc de passer un bras protecteur autour de sa taille et d’attendre.

Elle aurait pu dire que tout allait bien se passer et qu’il se faisait du soucis pour rien mais son petit doigt lui murmurait le contraire.

Zander n'avait aucune envie de descendre du monorail lorsque ils arrivèrent à la station fatidique. Il fit un sourire crispé à Nadja. Sa présence et son soutien silencieux l'aidaient plus qu'elle ne l'imaginait. Si elle n'avait pas été là, il aurait probablement rebroussé chemin depuis longtemps. Non, il aurait probablement juste mangé avec sa mère.

« J'imagine que quand faut y aller, faut y aller. Des conseils pour affronter l'ennemi ? » dit-il doucement, une fois dans la rue, avant de la regarder et de l'embrasser.

Il frappa à la porte de la maison et sans surprise, ce fut sa mère qui leur ouvrit et les accueillit avec un sourire radieux, et contagieux. Il lui rendit son sourire.

« - Bonjour maman.
- Vous voilà enfin ! Bonjour vous deux ! Entrez, entrez. Je suis ravie de vous voir, fit-elle en les prenant tour à tour dans ses bras. » lança joyeusement Neela.

Elle ne put s'empêcher de jeter un œil à la main de Nadja ce qui élargit encore son sourire.

« Il faudra que vous me racontiez comment il vous a fait sa demande tout à l'heure. » dit-elle doucement à Nadja avec un sourire complice.

Il n'avait pas du tout pensé à ça. Sa mère risquait d'être très déçue, car elle n'avait rien de romantique, bien au contraire. Mais surtout, elle était liée à des événements dont elle ignorait tout. Il ne lui avait pas parlé de ce qui s'était passé à la fin de l'année précédente et de leur voyage sur Harlan, pas plus que de Leïla. Il n'était pas encore prêt. Ça viendrait probablement un jour, mais pas aujourd'hui. Il regrettait cependant de ne pas en avoir refaite plus... ordinaire ?

Son père, austère comme toujours, était dans le salon et attendait.

« - Papa...
- Fils. Miss Cook. » les salua poliment Démos, mais sans plus.

Ils s'assirent autour de la table où trônait un apéritif, quoique que les quantités de petits fours et autres étaient largement exagérées. Ils allaient probablement repartir avec des réserves pour plusieurs jours...

« - Tu attendais un régiment ? la taquina Zander.
- Mon enthousiasme débordant... Tu me connais, ça se réflète toujours sur ma cuisine. Comment allez-vous ? Qu'est-ce que vous avez de beau à nous raconter ? leur demanda-t-elle en leur servant une bière des Bergers.
- Ça va bien. Pas grand-chose que tu ne saches déjà. C'est la routine. Je continue ma formation à l'infirmerie et à faire des missions. »

Il s'était bien gardé garder de ses autres problèmes avec la Terre ou même de la situation sur place pour ne pas l'inquiéter ou que son père se mette à militer activement pour son retour, ou du moins, son départ de la la planète. Il avait probablement le bras assez long pour ça. Il se refusait aussi à lui donner des munitions pour que celui-ci le torpille. Il sentait cependant son regard inquisiteur, comme s'il guettait une occasion de lui sauter dessus.

« - Ah si, j'ai décroché ma qualification de pilote de chasse sur les appareils terriens il n'y a pas longtemps.
- Oh, félicitations ! Mais ce n'est pas pour combattre normalement ? demanda avec curiosité sa mère.
- Si, effectivement, mais je n'en ai pas l'intention et ils le savent. Je le leur ai dit et répété que je voulais rester à l'infirmerie et aider à l'évacuation du personnel et des blessés en cas de besoin. Mais malgré ça, ils ont quand même insisté pour que je passe la qualification.
- Pourquoi ? demanda soudain son père.
- Ils savent que je suis un pilote de combat ici et ils voulaient comparer mon niveau à leur pilotes. Évidemment, leurs appareils sont moins avancés que les nôtres, mais c'est ce qui en a fait un défi intéressant.
- Je ne vois pas toujours pas d'intérêt. C'est une perte de temps autant pour toi que pour eux. trancha son père.
- Pas vraiment. Maintenant, ils sont certains que je connais leurs procédures, que je sais piloter et combattre avec leurs appareils, si un jour j'étais amené à le faire pour une raison inconnue. Je leur ai prouvé que j'étais aussi bon que leurs pilotes et je dois me maintenir à niveau en effectuant un quota d'heures annuelles.
- Mais pas meilleur… Si tu voulais frimer, fais-le au moins correctement, surtout avec la différence technologique. » asséna son père.

Zander inspira lentement et laissa tomber. L'échange était resté relativement civilisé et il se refusait à entrer dans le jeu de son père. Celui-ci ne comprendrait pas que ce qu'il avait fait été déjà excellent, même s'il lui expliquait les conditions de l'examen, ni qu'une technologie inférieure ne rendait pas les choses plus faciles. Son fils se devait d'être le meilleur, surtout s'il n'approuvait pas ses choix, point final. Il l'aurait probablement été s'il avait été formé comme il l'aurait dû. Mais cela n'aurait certainement pas suffit. Il trouverait toujours à y redire, quoi qu'il fasse.

« Et vous, Nadja ? Des nouveautés ? » demanda la mère de Zander, pour changer de sujet et venir à la rescousse de son fils.

« - En général je préconise la grenade et les balles perce armure… Donc je ne suis pas sure que mes conseils soient les meilleurs du monde en cette occasion. »

Non, elle ne pouvait pas faire grand-chose pour lui ce coup la, sauf être à ses coté et siffler la fin du match s’il devenait trop violent. Au final, elle avait tout autant peur de ses propres réactions protectrices face aux piques désagréables de son père. Elle ne voulait pas se mêler de cette querelle pere-fils mais ne pariait pas forcement sur son self contrôle.

Tant qu’elle ne lui dévissait pas la tête pour jouer au basket avec, tout irait bien.

Le premier accueil fut aussi aimable que la dernière fois et elle sourit largement à la mère de Zander.

« - Ravie de vous revoir Neela. Et rassurez vous, votre fils sait être très romantique quand il le veut. »

Même s’il ne l’avait pas été ce jour la, mais elle n’était pas obligé de le savoir tout de suite.

Son futur gendre les attendait dans le salon, en compagnie d’ours polaires et d’eskimo. Elle lui serra la main et essayant de sourire mais ses yeux bleus (arctique pour l’occasion) lançaient des éclairs d’avertissement.

La discussion s’engagea donc et, comme prévue, ne fut pas très agréable. Nadja serra les dents et reussis à ne pas intervenir, cette fois, mais les toasts de la maîtresse de maison avait pris un goût bien amer. Finalement, celle-ci détourna la conversation vers elle et elle répondit immédiatement, reprenant au vol la diversion bienvenue.

« - Quelqu’un à eu l’idée saugrenue de me faire passer officier. L’essentiel de mes attributions restent les mêmes mais avec les compressions de personnel actuelles, je me retrouve de facto numéro deux du vaisseau. Ce qui était d’ailleurs très certainement le but de la manœuvre. »

Neela sourit en entendant la réponse de Nadja.

« - Mais c'est merveilleux, n'est-ce pas chéri ? Félicitations à vous aussi ! s'exclama la mère de Zander
- C'est impressionnant, effectivement. Cette progression montre que vous faites vraiment de l'excellent travail et que vous êtes douée dans ce que vous faites, répondit Démos sur un ton neutre tout en fixant son fils avec un air dur.
- Est-ce que cela vous plaît ? Vous pensez que vous dirigerez votre propre vaisseau un jour ?
- Ça, c'est à condition qu'elle arrive à retenir les millions de réglementations de la Terre, fit Zander en pouffant. »

Il n'y avait pas que lui qui devait étudier dans le cadre de son travail. Il l'avait plus d'une fois trouver endormie sur un manuel particulièrement rébarbatif de règlements. Ça devait être aussi passionnant que certains des siens sur le même sujet. Il ignora son père autant que faire se pouvait. Celui-ci était bien trop discret à son goût pour le moment. Sa mère avait dû lui faire la leçon pour lui intimer de ne pas faire de scandales, même s'il ne pouvait pas s'empêcher de rabaisser son fils dès qu'il le pouvait.

Sa mère le regardait avec les yeux pétillants d'impatience, attendant qu'il se décide à en venir à la raison de leur visite. Il secoua la tête un sourire aux lèvres avec de boire une gorgée de bière. Mais il refusa de mordre à l'hameçon.

« Et vous, comment vous allez tous les deux ? » demanda-t-il pour leur rendre la politesse, avec un air amusé, même s'il se contrefichait comme d'une guigne de son père. Sa mère leva les yeux au ciel, voyant clair dans le jeu de son fils.

« Très bien. La routine dans les laboratoires et nos projets. Tu sais ce que c'est, répondit-elle nonchalamment. Rien de très passionnant comparé à vous. D'autres choses à partager ? » l'interrogea-t-elle, avec un sourire très large lui indiquant qu'elle n'avait pas l'intention de le laisser faire à sa guise très longtemps, raison pour laquelle elle avait volontairement répondu de manière courte et évasive pour lui forcer la main. Il regarda Nadja un instant et lui prit la main sous la table avant de se jeter à l'eau.

« Eh bien, vous savez que j'ai demandé à Nadja de m'épouser officiellement.
- Pourquoi ? Ne l'êtes-vous pas déjà ? Ça ne suffit pas ? demanda son père.
- Nous tenions à renouveler nos vœux au cours d'une vraie cérémonie entourés de nos proches et de nos amis. » répondit-il calmement, sans prendre la peine d'expliquer pourquoi.

Il vit son père s'apprêter à poser une nouvelle question, mais il soupçonna sa mère d'être discrètement intervenue pour l'interrompre.

« Et je suis, enfin nous sommes là, pour vous remettre ceci » dit-il en tendant à sa mère l'enveloppe qui contenait un faire-part.

Il s'agissait de l'un des essais qu'ils avaient fait faire quelques jours plus tôt, mais pas du modèle définitif, le lieu n'étant pas indiqué. Mais ce n'était pas vraiment l'important pour ses parents à qui cela ne parlerait de toute façon pas vraiment.

Neela prit l'enveloppe avec un air ravi et l'ouvrit avec curiosité, tandis que son père ne laissait rien paraître, comme d'habitude, ce qui le blessa. Mais c'était peut-être mieux ainsi, au final.

« - Ça aura lieu sur Terre dans quatre mois et demi. Je vous communiquerai le lieu exact un peu plus tard.
- Sur Terre ? Pas ici ? fit son père.
- Ce n'est pas vraiment possible. Beaucoup de participants sont des militaires et ne pourraient pas venir sinon.
- Je comprends, répondit sa mère. Tu viendras nous chercher ?
- Probablement. Je vous ferai passer par l'anneau. C'est plus rapide et plus simple.
- J'aimerais tellement pouvoir venir vous aider tous les deux... fit-elle en poussant un soupir à fendre le cœur. Alors qui va être ton garant ?
- Le premier sera Prius...
- Évidemment. Je me demande pourquoi j'ai posé la question...
- Et le deuxième un Terrien, puisqu'il m'en faudra un pour signer les papiers.
- J'ai hâte de le rencontrer ainsi que tes autres amis terriens ou non. Et vous, Nadja, vous vous en sortez de votre côté ? Ça ne doit pas être facile pour vous. » l'interrogea-t-elle.

Zander jugea plus sage de ne pas évoquer l'état d'avancement des préparatifs, sinon sa mère serait suffisamment horrifiée pour envisager de rentrer avec eux ou vouloir débarquer sous peu sur Terre pour leur donner un coup de main. Le fait que cela se passe sur autre planète avec des us et coutumes différents ne la perturberait pas le moins du monde. Il ne lui faudrait probablement que quelques jours pour comprendre le fonctionnement local et trouver son chemin dans ce qui ressemblait à un chemin de croix pour eux.

« - Merci, répondit Nadja, un peu surprise de cet enthousiasme. Je ne sais pas si j’aurai un vaisseau un jour à moi. Je ne suis pas sure d’en avoir réellement envie. J’ai eu l’occasion de commander quand nous sommes partis pour Pegase et c’est une responsabilité écrasante, surtout au combat. »

Le père de Zander était un véritable artiste dans son genre. Il arrivait à tourner un compliment en une critique à son fils. Heureusement, le mari de l’ex marine désamorça la situation en lui parlant des reglements terrien, ce qui la fit pouffer.

« - M’en parle pas. J’ai tellement de documents en attente sur mon bureau que j’en fait des cauchemars. »

La suite ressembla à un ballet de boxeurs qui n’osait pas combattre trop ouvertement. Neela attaquait, Zander dérobait et tournait autour du pot. Elle s’abstint d’intervenir, ne voulant pas lui voler ce plaisir. Finalement il finit par révéler le secret de polichinelle et elle sourit franchement quand il leur remit solennellement le faire part.

« - Bien sur, vous êtes les bienvenue si vous souhaitez visiter la planète avant, se lança-t-elle soudain. Je peux m’arranger pour vous obtenir facilement des autorisations. »

La tradition voulait que les familles se rencontrent avant le mariage. Si ça n’était évidement pas possible dans leur cas, au moins pouvaient-ils faire preuve d’hospitalité. D’ailleurs la conversation dévia sur elle et ses propres témoins.

« - Oui et non. J’ai tout un équipage prêt à venir faire la fête avec nous. Mon témoin sera la médecin de bord avec qui je suis très liée. C’est elle qui m’a récupérée à mon arrivée et qui a du m’opérer sans anesthésie tellement mon flux sanguin était saturé de composés chimiques. Je l’ai tellement insultée ce jour-la que nous sommes devenue amies. »

Composé chimique plutôt que drogue de combat. Voilà qui était bien diplomatique...

Passer à table. Voilà des mots qui convenait parfaitement à Nadja, toujours affamée, surtout depuis qu’elle essayait de suivre son régime et qu’elle avait réduit sa consommation de viande à sa portion congrue.

Pendant que Zander allait chercher ce qu’il avait ramené, Nadja se joignit avec sa (future) belle-mère dans la cuisine. Il valait mieux qu’elle évite de toucher aux fourneaux mais pouvait toujours dresser une table à peu près correctement  

« - Zander m’a dit que vous suiviez un régime. Tout va bien ?
- Oui ça va mieux. La nourriture terrestre est trop riche pour moi. Je le sais depuis mon arrivée mais étant une incorrigible gourmande, j’ai attendue d’être vraiment malade avant de lever le pied.
- Vous savez que vous pourriez consulter des médecins ici.
- Zander m’en a déjà parlé. Si les choses s’arrangent, ça ne sera pas nécessaire. Sinon, nous finirons par y arriver, je suppose. »

Elle n’en avait aucune envie, c’était évident, mais s’y résignerait sans doute si ses crises reprenaient. Pour l’instant, si elle faisait toujours des cauchemars, au moins n’était-elle plus malade. C’était déjà une sérieuse amélioration.

En revenant au salon, elle vit immédiatement que quelque chose s’était passé. La tension était à couper au couteau et toute la bonne humeur de Zander s’était envolée. Elle serra les dents et aurait sans doute explosé si une main ne s’était pas refermée sur son bras. « Ne vous en mêlez pas » disait les yeux de Neela. Nadja expulsa l’air accumulé dans ses poumons et laissa donc passer, supposant qu’elle mettrait les choses au point avec son mari plus tard.
Ce qui arriva au moment du dessert où Nadja se retrouva d’un coup seule. Elle avait eu le temps de réfléchir à la meilleure approche et finit par conclure que si l’amabilité ne fonctionnait pas et que la violence directe était hors de question, il allait falloir employer une autre tactique. Elle récupéra son bell et prépara un message à l'attention de Stella

« - Stella ? Je voudrais que tu demande à Emy transférer un fichier de ses banques vidéo. Notre combat contre des jafas sur cette planète ou nous avons aidé des goa’uld a s’enfuir. Arrête-toi un peu avant la fin de la mêlée puis de se préparer à le transférer à l'IA de la maison de Zander. Dis lui cela dit de garder le au chaud jusqu'a nouvel ordre. Merci"

Si Démos voulait jouer à qui a la plus grosse, il trouverait à qui parler très vite.

Dernière édition par Nadja Cook le Jeu 8 Aoû 2019 - 19:30, édité 1 fois

Zander regardait le lac en contrebas au-delà de la cime des arbres. Il se serait bien éclipsé pour aller en faire le tour et piquer une tête dans le bassin. Mais il savait que cela ne résoudrait rien. Il devrait toujours revenir et croiser son père, encore et toujours. Il finit son verre d'une traite.

Il se leva et redescendit, le cœur lourd. En voyant sa mère revenir avec la tarte, il alla chercher la bouteille de vin et l'ouvrit avant de reprendre sa place à côté de Nadja. Vu la tête de six pieds de long que faisait son père, il avait dû se faire sérieusement remonter les bretelles. Il croisa le regard de celui-ci et ne put s'empêcher de lui faire petit sourire moqueur et glacial.

« - Rien de grave ? demanda sa mère.
- Non, ils voulaient juste vérifier mes permis et un détail de ma commande. La routine quoi. Ils m'ont aussi averti que ce serait un peu plus long que prévu, car ils doivent sécuriser le chargement puis le transférer vers la salle de la Porte. » fit-il en acceptant la part de tarte.

Il servit le vin puis la discussion reprit doucement, mais sans être très enjouée non plus. Le pilote ignorait ostensiblement son père, même s'il pouvait sentir son regard hostile sur lui régulièrement. Ne pas réagir en plongeant son nez au fond de son assiette s'avéra plus compliqué qu'il ne l'avait imaginé, mais il n'avait que ça en dehors de se lever et partir. Une fois le dessert, le digestif et un café avalés, il regarda Nadja.

« - Si on allait faire un tour au lac ? Ce serait dommage de ne pas en profiter vu le temps qu'il fait. On ne sera pas long, dit-il à sa mère.
- Oh prenez votre temps. Promets-moi juste de repasser dire au revoir avant de partir ! répondit-elle joyeusement.
- Évidemment ! »

Il remonta rapidement et revint avec un sac avant de sortir et de s'engager vers le bassin. Arrivé là, il sortit une bouteille d'alcool et deux verres.

« Cette fois, c'est moi qui ai pris ton maillot de bain. » annonça-t-il en souriant doucement avant de lui servir un verre.

« Je sais que tu aies censé faire attention, mais j'en ai besoin. » fit-il avant d'enlever ses chaussures et de mettre les pieds dans l'eau. Il ferma les yeux quelques instants pour s'imprégner du calme des lieux et écouter les bruits environnants.

« Tu sais, j'ai l'habitude de subir ses dénigrements permanents et de m'entendre dire que je suis un bon à rien qui gâche ma vie et que tout ce que j'entreprends ait voué à l'échec que ce soit ma carrière… ou ma vie sentimentale. Invariablement, je ne peux qu'échouer dans mes projets et rendre malheureuse et décevoir celle qui partage ma vie. Certaines des questions qu'il posées sont pourtant légitimes. Si ma mère me les avait posées, cela serait passée pour de l'inquiétude et cela ne m'aurait pas dérangé. Mais lui… Il les pose pour me rabaisser et me faire douter, pour me faire mal. Il sait aussi parfaitement qu'évoquer Leïla, même de manière indirecte, me fait péter les plombs et partir et il se servait de ça jusqu'à présent. Il gagne à tous les coups avec. Mais pas cette fois. L'entendre l'évoquer m'a fait mal, mais je n'ai pas perdu les pédales et j'ai refusé d'entrer dans son jeu. »

Il avait été content de lui sur le coup. C'était une petit victoire. Il prit une autre gorgée et sentit sa gorge se nouer en repensant à cette discussion.

« Mais il a trouvé un autre moyen pour m'atteindre. Il menace de récupérer Stella… Sans elle, je serai cloué au sol à moins de racheter un autre vaisseau, ce qui n'est pas vraiment un problème en soi. Ce qu'il ignore, c'est que j'aurais largement de quoi la lui racheter au prix de construction de l'époque et même de payer toutes les améliorations qu'ils ont faites dessus depuis. Mais jamais il n'acceptera, peu importe le montant que je pourrais bien proposer, juste parce que c'est moi l'acheteur. » dit-il, sur un ton amer.

Il n'évoqua pas ces derniers mots. Ça, c'était nouveau. C'était la première fois qu'il le rejetait ainsi aussi ouvertement. Mais il ne savait pas qu'en penser. Était-ce vrai ou était-ce juste un nouveau moyen de le rabaisser et de le faire souffrir ? Ce n'était en tout cas clairement pas comme ça qu'il allait le faire revenir ou arranger les choses. Mais peut-être était-ce le but, le pousser à partir pour de bon. Mais il préférait ne pas y penser.

La bonne humeur était retombée et Nadja n’avait plus qu’une envie, aller voir ailleurs s’il y avait quelques pirates à démolir. Ça la détendrait et Zander aussi sans doute.

Finalement, ce fut son mari qui proposa la diversion et elle saisit l’opportunité avec joie. Elle poussa un petit cris de joie quand il sortit leurs maillots de bain.

« - Je peux me permettre un verre, tu sais… Je suis une marine, pas une sainte. »

Elle écouta la suite et soupira en écoutant le résumé de la conversation qu’il avait eut avec son père même si un petit sourire passa sur ses lèvres quand il expliqua ne aps avoir fondu un fusible à la mention de Leila.

La suite par contre la fit voir rouge. On arrivait à un point ou le pers de Zander frappait pour faire mal, ni plus ni moins.

« - Tu sais quoi ? Rentre dans son jeu. Si c’est le seul pouvoir qu’il a sur toi, montre lui que ça n’a pas de prise. Propose lui de la lui rendre. De suite. Il n’est pas obligé de savoir que tu peux racheter un vaisseau. Juste que ses menaces ne t’atteignent pas. »

Sentant venir une réponse elle leva la main pour qu’il la laisse terminer.

« - Je sais bien que Stella est importante pour toi. Elle l’est devenue pour moi aussi. Mais tu ne dois pas laisser ton père s’en servir d’une arme contre toi, sinon tu seras à sa merci toute ta vie. »

Sans compter que sa mère serait furieuse si ca venait à se produire. Cependant un autre détail se frayait un chemin dans son esprit et elle finit par poser une nouvelle question.

« - Tu es vraiment assez riche pour t’acheter un vaisseau de la classe de Stella ? Mais bordel, tu as combien de fric en fait ? J’épouse un millionnaire en fait ? »

Quand Nadja lui suggéra d'entrer dans le jeu de son père par rapport à Stella, il la regarda avec un air horrifié.

« Je ne peux pas ! Si je le fais, il va me la prendre, c'est certain. Il sera trop content de me voir abdiquer de la sorte. Je doute que cela le fasse arrêter. Il trouvera autre chose et tentera de me faire céder, encore. Je serai toujours à sa merci. Peut-être qu'il a raison sur moi, en fin de compte… »

Il baissa la tête et regarda l'eau. Il avait vraiment peur que son père mette sa menace à exécution. Comme à chaque fois, cette discussion l'atteignait plus qu'il ne l'aurait voulu.

« Je ne sais pas ce qu'il attend exactement de moi. Il veut que je rentre dans le rang et que je lui obéisse au doigt et à l’œil ? Que je me transforme en fils modèle ? Et si je deviens le fils dont il rêve, est-ce que ce sera assez ? Ou alors veut-il que je quitte Hébrida ? » demanda-t-il, angoissé.

Il ignorait ce que cherchait son père et c'était bien le problème. Il n'était pas du tout persuadé qu'obéir à ses desiderata changerait quoi que ce soit. Il aurait aimé que les choses changent, mais il ne voyait pas comment s'y prendre. Il était convaincu que c'était peine perdue.

Sa réaction quand au fait qu'il puisse acheter Stella le fit éclater de rire. Elle ne s'était jamais vraiment préoccupé de ses finances avant.

« Peut-être bien, qui sait ? fit-il avec un sourire énigmatique. Comment crois-tu que j'arrive à satisfaire tes goûts de luxe ? En dansant la nuit à moitié dévêtu dans des bars ? »

S'il y avait une chose qu'il avait apprise au fil de ses années de vadrouille, c'était la nécessité d'avoir de l'argent de côté pour les coups durs. Avant Harlan, il était constamment sur la brèche à ce niveau-là. À partir de ce moment-là, il avait commencé à essayer de mettre un peu d'argent de côté à chacun de ses contrats, le montant variant en fonction de ce qu'il restait. Et à force de fréquenter des gens riches comme Nyx, il avait appris deux ou trois choses sur comment gérer et investir son argent. Quelques contrats réguliers très bien rémunérés avec prise en charge des frais avaient aussi aidé. Et maintenant qu'il était sur le JPS, une bonne partie de cette argent dormait et fructifiait tranquillement tandis qu'il investissait le reste dans d'autres affaires.

« J'exagère peut-être un peu, en fait. Tu veux aller jusqu'au lac ou tu préfères piquer une tête ici ? » dit-il avec un sourire.

L'avantage du bassin était qu'il était relativement privé et au calme, contrairement au lac qui était toujours relativement fréquenté, surtout avec un temps pareil.

Zander ne fut guère séduit par sa proposition de riposte, comme elle s’en doutait.

« - Justement, ça n’est pas abdiquer. C’est lui prouver que tu n’as plus besoin de lui et refuser de te retrouver dépendant de ses caprices. »

Couper el cordon en d’autres termes.

« - Si je devais rendre Emy aujourd’hui, ça serait un crève-cœur. Mais mon armure ne me définie pas. Tout comme Stella ne te définie pas. Tu es un foutu bon pilote, avec ou sans ton vaisseau. »

Qu’attendait-il de lui ? Elle soupira en cherchant ses mots.

« - On s’en fou de ce qu’il attend de toi. Ça ne sera jamais assez bien de toute façon. Ce qui compte pour lui, c’est son pouvoir. Peut-être qu’il est jaloux de ta liberté, j’en sais rien, je suis pas psy. Ce qui compte, c’est pas rentrer dans son jeu. Tu ne lui doit strictement rien ! »

Elle avait plus de peine pour la mère de son mari qui se retrouvait prise entre deux feux.

La suite plus légère sur son niveau de vie, la fit rire aussi.

« - Je connais tes capacités en danse mon chérie. Je crois que si tu veux des pourboires, il faudra que tu sois plus qu’a moitié nu. Mais je me ferai une joie de glisser quelques billets dans ton string. Mais je remarque que tu n’as pas vraiment répondu à ma question.»

Elle opta pour la baignade ici et se glissa dans l’eau avec un petit cri de plaisir et se mit à nager paresseusement sur le dos en l’attendant. S’ils s’installaient un jour ailleurs que sur un vaisseau, il leur faudrait un point d’eau à disposition.

Zander secoua la tête. Il ne pourrait jamais se résoudre à se séparer de Stella, surtout pas parce que son père la lui réclamait.

« Ce serait un simple vaisseau, cela serait difficile, mais sans plus. Mais ce n'est pas le cas. C'est ma maison et c'est aussi mon outil de travail. Je ne peux pas juste la lui donner comme ça… Je ne m'imagine pas rester sur une planète sans pouvoir en partir à ma guise, par mes propres moyens pour aller où je veux, quand je veux. » fit-il.

Se retrouver cloué au sol quelque part lui donnait des sueurs froides. Il ne voulait être prisonnier d'un lieu ou dépendant du bon vouloir d'un tiers pour se déplacer. C'était l'une des raisons qui l'avait poussé à quitter Hébrida et à suivre son rêve de vouloir explorer, parce qu'il ne supportait plus d'être coincé sur la même planète que son père. Mais sans le soutien indéfectible de sa mère, cela aurait été difficile.

Lui ne se fichait pas de savoir ce que son père attendait de lui. Au contraire, c'était très important à ses yeux. S'il connaissait ses raisons et ses objectifs, il pourrait se défendre de manière convenable, même si cela ne servait à rien. Mais au moins, il ne serait plus dans l'incertitude. Et tous deux pourraient actés une bonne pour toutes et sur de bonnes bases que la rupture entre père et fils était irrémédiable.

Il pouffa concernant la danse. Elle n'était pas doué en chant, lui c'était en danse, pas de doute là-dessus.

« Je n'ai pas besoin de savoir bien danser pour avoir du succès, crois-moi. Mon sourire et mon charme naturels font des ravages, aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Mais tu as raison, à demi-dévêtu n'est généralement pas assez pour avoir de bons pourboires. Se balader en string couvrant le strict minimum, ça fonctionne beaucoup mieux. » fit-il pour la taquiner.

Il sourit quand elle ne se laissa pas distraire par sa piètre tentative pour détourner son attention de sa soi-disant fortune.

« Si je te le disais, j'ai peur que tes goûts de luxe ne s'emballent et finissent par me ruiner, alors permets-moi de garder cette information pour l'instant. » répondit-il.

Il alla se changer et plongea dans l'eau, une fois vêtu de la tenue appropriée. Il fit plusieurs longueurs en silence, tâchant d'évacuer la frustration avant de se mettre sur le dos pour observer la voûte formée des arbres. Au bout de quelques minutes, il sortit du bassin, aux aguets. Un vent frais agitait les branches et la luminosité avait légèrement baissé.

« Il faut rentrer. Un orage arrive. » annonça-t-il en récupérant leurs affaires alors qu'un roulement de tonnerre se fit entendre.

Tous les Hébridiens apprenaient vite à reconnaître les signes avant-coureurs des tempêtes. Évidemment, comme ils étaient dans l'eau et sous les arbres, il ne s'en était pas rendu compte tout de suite. Heureusement, ils n'étaient pas loin de la maison. Ils atteignirent son appartement au moment où la pluie se mettait à tomber. Pas question d'aller voir ses parents pour l'instant.

« Je ne sais pas combien de temps elle va durer, celle-là... Au moins on a eu le temps de profiter du bassin et du soleil. » soupira-t-il, mais il était plus détendu que plus tôt.

Nadja hocha la tête quand il lui expliqua ce que représentait Stella pour lui. Elle n’était pas vraiment surprise de ce qu’elle entendait masi ravi qu’il puisse mettre des mots la dessus.

« - Je vais finir par être un peu jalouse, s’amusa-t-elle. Écoute si c’est ce que représente Stella pour toi, il va falloir te battre pour elle. Pied a pied. Réclamer ta propriété pour elle. Définitivement ! Personne ne doit te faire chanter pour elle. Personne. »

Elle fit une pause et gronda quelques derniers mots sur le sujet.

« - Et personne ne s’en prend à un membre de ma famille sans avoir affaire à moi. »

Il la connaissait assez pour savoir qu’elle n’était pas du genre à faire des menaces en l’air.

Le sujet devint plus leger par la suite.

« - Un string couvrant le strict nécessaire, hein.. je saurai quoi t’acheter pour noël… Mais pas question d’aller te trémousser pour quelqu’un d’autres, hein ? »

Décidément, il ne lui révélerait pas s’il avait ou non autant d’argent. Elle aurait tous le temps de le torturer plus tard décida-t-elle en se mettant à l’eau, profitant de l’eau délicieusement fraîche.

La baignade ne dura pas aussi longtemps qu’elle l’aurai voulue et il fallut bientôt rentrer.

« - On est pas obligé de rester, hein. Tu leur a donné le faire part et nous avons déni. Contentons nous de dire au revoir, si tu veux. »

Autant éviter une nouvelle bagarre… sauf si on venait les chercher évidement.

Zander ne répondit pas à Nadja concernant Stella. Elle avait raison et il était convaincu que sa mère ne trouverait rien à y redire s'il lui demandait de lui céder ses droits ou de la lui vendre pour un prix symbolique. Son père, ce serait une autre paire de manches et il n'avait aucune idée de comment le convaincre ou de ce qu'une telle demande pourrait lui coûter. Parce que même si son père acceptait, le prix à payer risquait d'être très lourd et de lui déplaire souverainement.

« Il y a certaines choses que je ne peux pas faire avec mon vaisseau… alors tu n'as aucune raison d'être jalouse de Stella. » fit-il avant de l'embrasser.

Heureusement que l'IA n'était pas là, car il était prêt à parier qu'elle serait intervenue dans la conversation. La phrase suivante le fit reprendre son sérieux.

« S'il te plaît, ne t'en mêle pas. Cela ne fera qu'empirer les choses. C'est un problème que je dois régler moi-même… » dit-il doucement, conscient de ne pas être certain d'y arriver un jour.

Il éclata de rire à la pensée de recevoir un string pour Noël.

« Un string léopard ? Il paraît que c'est très seyant et que c'est le top en la matière. Encore mieux avec de la fourrure... Mais tu sais que pour toi, le string est plus qu'optionnel… Dans ton cas, c'est danse privée dans le plus simple appareil. » fit-il joyeusement.

*****

Toujours planté devant la fenêtre, il regarda le déluge qui s'abattait dehors, alors qu'un éclair zébra le ciel avant de hocher la tête à la suggestion de Nadja.

« - Il va d'abord falloir attendre que ça se calme avant de partir. Sid ? Quelles sont les prévisions ?
- L'orage devrait durer une heure. Et ta mère vous salue et est soulagée de savoir que vous êtes rentrés juste à temps.
- Merci. Il va falloir trouver de quoi tuer le temps, parce que si je me fie au message de l'intendance, il restera encore deux heures à attendre avant que la commande ne soit pas livrée en salle de la Porte. Au fait, tu as réfléchi à si tu voulais ramener quelques provisions hébridiennes par rapport à ton régime ? Et pour une puce permanente ? Ma mère doit pouvoir nous arranger quelque chose pour le faire poser avant de repartir. C'est très rapide et il ne restera plus qu'à le calibrer avec Stella une fois rentrés. » dit-il.

Il avait soudain une envie folle de sortir sous la pluie battante qui tombait, mais ce n'était pas vraiment une bonne idée. Il risquait d'attraper une bonne bronchite avec les trombes glaciales et le vent, d'autant qu'il était toujours en maillot de bain, faute d'avoir eu le temps de se changer.

« Je vais aller prendre une douche et me rhabiller de manière décente. Tu es capable de te faire un rakta toute seule ? Remarque, Sid peut s'en charger pour toi. Tu auras juste à poser la tasse au bon endroit. » lança-t-il en entrant dans la salle de bain.

Nadja n’avait pas répondue quand il lui demanda de ne pas intervenir. Tout deux savait pertinemment qu’un moment viendrait ou elle ne pourrait pas s’en empêcher. Que ça cause plus de problème ou pas.

Après avoir noté dans un coin de tête le futur cadeau (mais ou allait-elle pouvoir bien trouver un string léopard ?), ils nagèrent un moment puis rentrèrent alors que les premières goûtes s’écrasaient autour d’eux.

Ils avaient une heure à tuer, au moins, avant de repartir. Autant réfléchir a la suite.

« - J’y connais pas grand-chose mais je suis pas sure que Mei apprécierait que je mélange à mon régime des aliments qu’elle ne connais pas. On peut toujours emporter quelques cube de protéines si tu veux mais limitons nous à ça. Pour la puce, oui bien sur. Enfin si tu te sens prêt à partager ta maîtresse avec moi, bien sur. »

Elle souriait de toute ses dents en prononçant sa dernière phrase, pas peu fière qu’il lui ai proposé la pose de cet implant.

« - Heuu… oui je veux bien qu’il s’en occupe en fait. Ça serait dommage d’incendier le quartier, tu ne crois pas ? »

Elle le laissa se doucher puis fit de même et troqua sa robe sage mise pour l’occasion pour un pantalon de cuir et un débardeur à bretelle dans lequel elle se sentait bien mieux. Après ce que lui avait raconté Zander, elle n’avait plus envie de jouer à la belle-fille parfaite.

Zander pouffa quand elle parla des cubes protéinés.

« Je viens d'en commander tout un stock pour renouveler mes rations de survie. Mais tu peux regarder si jamais tu vois des saveurs qui t'intéresse. Je pense que tu ne crains pas grand-chose avec le rakta. Ça ressemble assez au café, sans avoir son acidité ou son agressivité pour l'estomac. Mais je comprends. Il faudrait en discuter avec un médecin ici qui pourrait sans doute te recommander certaines choses. Après, il suffit d'en donner des échantillons à Mei pour qu'elle les fasse analyser. Il est aussi de lui fournir toutes les informations scientifiques dessus que les Hébridiens ont. Peut-être qu'elle devrait se coordonner avec eux, non ? »

La réflexion sur la puce le fit aussi rire.

« Je n'ai aucun problème à te partager avec elle. La question c'est plutôt est-ce qu'elle voudra me partager avec toi ? Et là, je ne peux rien pour toi. Tu vas devoir négocier directement avec elle. » fit-il, tout sourire.

Il secoua la tête, amusé, concernant la préparation du rakta.

« Oh oui, très dommage. Mais ce n'est pas plus compliqué que celle à bord de Stella. Celle-là, tu arrives à t'en servir, non ? » fit-il avant de disparaître.

Quand elle ressortit à son tour, ils descendirent discuter avec sa mère dans le salon. Son père était enfermé dans son bureau, ce qui lui convenait parfaitement. Il avait d'ailleurs vérifié avant. Neela fut ravie d'apprendre que Nadja avait accepté de se faire posé un implant. Au bout d'une quinzaine de minutes, elle leur fournit le nom d'une de ses collègues et d'un laboratoire dans lequel ils pourraient passer avant de quitter Hébrida. Puis la discussion se poursuivit sur des sujets plus légers tournant autour du mariage et de la Terre.

La pluie finit enfin par s'arrêter, leur permettant enfin de partir. Ils retournèrent dans l'Appartement chercher leurs affaires.

Il avait espéré ne pas recroiser son père, mais cela aurait été trop beau.

« - Alors tu t'en vas ?
- C'est ainsi que c'était prévu. Nous devions rester le temps de manger et que ma commande de matériel soit prête.
- Ce fut un plaisir, comme toujours.
- C'est ça, oui. Je n'en doute pas une seule seconde.
- Oh, j'ai oublié de te dire quelque chose tout à l'heure tellement tu as déguerpi en vitesse… »

Le pilote se tendit instantanément. Évidemment, il ne le laisserait pas partir sans décocher une dernière flèche. Tellement typique, ça en devenait fatiguant.

« - Sache que je n'approuve ton mariage et que tu n'auras pas bénédiction. Au vu des circonstances, je ne te crois pas une seule seconde sincère envers elle et tu le la mérites pas. Elle est trop bien pour toi. »

Il ne fut même pas surpris par ce qu'il entendit. À vrai dire, cette fois, il était prêt à riposter et n'avait pas peur de lui répondre.

« Ça tombe bien, je ne te la demande pas et je me fiche même complètement de ton avis. Je te l'ai déjà dit, c'est ma vie et je la mène comme je l'entends. Et elle a encore moins besoin de ton autorisation que moi. Elle est assez grande pour décider elle-même ce qu'elle veut, ce qui est bien pour elle et avec qui elle veut passer le reste de sa vie. » rétorqua-t-il avec assurance.

Son père lui fit un sourire enjôleur qui sonnait totalement faux et se rapprocha avant de se pencher vers lui.

« Je te souhaite tout le malheur du monde, fils. Tu crois que tu es libre, mais il n'en est rien. Tu es destiné à finir seul et à perdre tout ceux auxquels tu tiens, par ta faute. Tu finiras par te rendre à l'évidence et tu reviendras ici pitoyablement et sans rien, que tu le veuilles ou non, parce que tu n'auras nulle part où aller. Et alors, je pourrais te dire que je te l'avais bien dit. » lui dit-il doucement à l'oreille.

Zander écarquilla les yeux en entendant les paroles de son père. Pour la première fois depuis longtemps, il baissa la tête et regarda ses pieds une seconde, le souffle coupé.

« On y va. » dit-il simplement en attrapant la main de Nadja et l'entraînant avec lui, sans adresser un mot de plus à son père. En fait, il l'obligea même à s'écarter de son chemin en avançant sans faire mine de l'éviter.

Le départ aurait pu bien se passer. Zander avait retrouvé un semblant de bonne humeur et Nadja n’avait pas fait exploser la cuisine.

Mais c’était sans compter sur son beau père qui revint à la charge. Devant Nadja cette fois ce qui n’était vraiment pas l’idée du siècle. Les yeux du lieutenant virèrent au bleu orage et elle inspira un grand coup en laissant dérouler l’altercation. Quand tout fut dit et que Zander tourna les talons, elle ne fit pas un mouvement.

« - Monsieur, vous êtes un lâche ! asséna-t-elle. Lâche, mesquin et jaloux. Vous vous en prenez à votre fils sans autre but que de lui faire du mal. Souvenez vous d’où je viens. Sa destinée je la connais. Par contre, je ne connais pas la votre, mais ça ne m’étonne plus du tout à présent. Sans doute finirez vous seul, oublié de tous et aigri, insultant votre entourage et rejetant vos fautes sur les autres. »

Elle s’avança en envahi l’espace vital su sinistre personnage de son immense carrure. Ses yeux était verrouillé a ceux de Démos. Si elle était clairement menaçante, elle ne fit aucun mouvement, laissant ses bras volontairement le long du corps.

« - D'ici quelques heures, je vous ferais parvenir une vidéo que vous regarderez. Et vous la regarderez plusieurs fois pour bien vous convaincre de ce dont je suis capable. Et souvenez vous que lorsque vous attaquez Zander, vous m’attaquez moi. »

Tout était dit. Elle tourna les talons et attrapa son mari par le bras.

« - Maintenant, on peut y aller ! »

Zander dut s'arrêter quand il sentit que Nadja ne le suivait pas. Il n'eut pas le temps de l'empêcher de s'adresser à son père, mais c'était plus que prévisible.

Celui-ci ne broncha pas, même s'il semblait tout de même un poil mal à l'aise face à la stature de Nadja qui le dominait. Mais il n'était pas du genre à reculer. La première fois, oui, car il ne s'était pas attendu à ce qu'elle s'en mêle. Mais était-ce bien surprenant ? Elle était militaire et savait se défendre. Normal qu'elle vienne à la rescousse de son incapable de mari. Elle était entraîné pour ça.

« Lui ? Une destinée ? Ça m'étonnerait bien… à part peut-être à passer la serpillière dans un trou perdu au fin fond d'un système inconnu. » dit-il sur un ton méprisant avant de hocher poliment la tête à la fin de son discours.

Il regarda son fils avec un sourire narquois lorsque sa belle-fille eut le dos tourné. Celui-ci pouvait entendre ses pensées comme s'il les prononçait.

*En voilà une qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et qui sait riposter, contrairement à toi. Tu devrais en prendre de la graine, mon fils, au lieu de te cacher derrière elle et de la laisser faire tout le sale boulot. Tu n'es vraiment qu'un lâche...*

Zander s'arrêta un instant quand il vit sa mère au pied des marches. Son père faisait généralement attention à ce qu'elle ne soit pas témoin de leur discussion. Mais cette fois, c'était raté, surtout avec l'intervention de Nadja. Il descendit et la serra dans ses bras.

« - À bientôt, maman. Je te tiens au courant pour le mariage.
- Zand...
- S'il te plaît, ne dis rien. Ça va aller, je vais m'en remettre. Comme d'habitude. » fit-il en posant un baiser sur son front.

Neela regarda son fils se diriger vers la porte avant de se tourner vers Nadja et lui sourit tristement. Son mari ne se comportait jamais de la sorte avec elle, jamais. Au contraire même.

« Ça m'a vraiment  fait plaisir de vous revoir. Et je suis vraiment navrée pour l'attitude de mon mari, encore une fois. Veillez bien sur Zander. Il est bien plus blessé qu'il ne le montre. » fit-elle en la serrant dans ses bras.

Quand elle leva les yeux vers le palier, son mari avait disparu, probablement reparti se plonger dans son travail. Elle se rendit dans le vestibule pour saluer une dernière fois le couple qui s'éloignait. Elle se demandait comment elle allait pouvoir gérer tout ça et n'arrivait toujours pas à comprendre pourquoi son mari s'en prenait ainsi toujours à leur fils.

Zander avançait d'un pas rapide vers le monorail, sans faire attention à ce qui l'entourait. S'ils ne se dépêchaient pas, ils risquaient de se prendre une averse sur le coin de la figure. Les paroles de son père tournaient en rond dans sa tête et lui faisaient mal, même s'il savait que c'était précisément le but et que son père avait tort. Ce dernier n'admettrait jamais que son fils ait pu suivre sa voie et réussir. Comme l'avait dit Nadja, quoi qu'il fasse, ça ne serait jamais assez, à moins qu'il fasse ce que celui-ci voulait. Il se planta devant le panneau et chercha l'itinéraire le plus rapide jusqu'au laboratoire pour l'implant.

« Quarante-cinq minutes et deux changements. » lui annonça-t-il avant de se diriger vers le quai où se trouvaient quelques autres personnes puis de rester planté debout, à attendre.

Dernière édition par Zander Hayes le Sam 10 Aoû 2019 - 4:40, édité 1 fois

Nadja ne prit même pas la peine de répondre aux derniers sarcasmes, tellement c’était bas. Elle comprit que sa mère avait également assistée à l’altercation. Au moins, cette fois tous le monde avait vu ce que son mari supportait depuis des mois, sinon des années.

« - Ne vous excusez pas pour lui, répondit Nadja. Il a fait son choix. Je ferai ce que je peux pour Zander, ne vous en faite pas. Et ce que je disais tout a l’heure tient toujours. Vous êtes la bienvenue à la maison, quand vous voudrez. Promis, c’est votre fils qui cuisinera, pas moi. A bientôt.»

Elle allongea le pas pour rejoindre Zander et lui prit fermement le bras. Elle ne chercha pas à le réconforter autrement, sentant qu’aucune parole n’aurait d’effet sur son humeur immédiate. Elle se demanda un moment si elle était censée s’excuser d’être intervenue alors qu’il ne le souhaitait pas. Mais elle n’en avait pas envie. Elle avait dit ce qu’elle avait à dire et foncé tête baissée dans les problèmes pour les résoudre avec sa finesse habituelle. Il la connaissait bien trop pour savoir qu’elle n’allait pas agir autrement.

« - Ou est la téléportation quand on en a besoin ? s’amusa-t-elle quand il annonça le temps de retour. Au moins, on aura le temps d’admirer la mer, je suppose. »

Elle se serra un peu plus contre lui alors que le train arrivait, autant pour le rassurer que pour s’assurer que la minette rousse deux mètres derrière aille voir plus loin.