La pression était redescendue en salle de contrôle, et Diane avait retrouvé son calme légendaire. Elle avait rejoint Paul Parfait pour aider à la définition d'un programme pouvant permettre à Atlantis de maintenir son avantage dans la bataille. Alors qu'elle livrait à Paul les détails - pour elles anodins mais pour lui précieux - de son séjour auprès de Toniatuh, Diane se mit à espérer que ses amis, captifs sur l'Obsidienne, puissent trouver un moyen de s'en sortir.
- Monsieur Parfait, Toniatuh retient des otages sur l'Obsidienne. Vous auriez une idée pour les aider à s'enfuir ?
Elle savait que cette question était un coup d'épée dans l'eau, mais elle avait ressenti le besoin de la poser. C'est alors qu'elle entendit le Major Lawrence relever le pilote des drones de ses fonctions. Diane savait qu'il s'agissait en réalité d'optimiser le fonctionnement de la base en faisant "siéger" une personne dotée du gêne des anciens, mais elle se satisfaisait tout de même du symbole que ce geste pouvait représenter : le responsable de la violation du cessez-le-feu n'était plus aux commandes.
Le Major proposa alors à Diane de s'adresser à la flotte ennemie pour sonner le dernier coup de semonce. Diane doutait fortement de l'efficacité d'une telle intervention, après qu'Atlantis ait déjà trahi sa parole en anéantissant l'ancien vaisseau mère de Toniatuh. Cependant, avec cette démonstration de force, Atlantis avait montré sa capacité à riposter et même, peut-être, à remporter ce conflit. Il s'agissait d'un nouveau levier qui pouvait servir face aux forces adverses. Ce n'était cependant plus de la diplomatie, mais de la tactique, pure et dure.
Cette tactique pourrait se révéler utile, si elle conduisait à quelques désertions "en face". Elle partagea son raisonnement avec le Major, puis accepta la mission et revint donc aux côtés de Paul Parfait. Elle le remercia pour ses explications, et prit la parole. Il fallait un message court, clair, et sans ambiguïté, mais qui permette à Atlantis de conserver la posture du sauveur de la Terre, face à la propagande de Toniatuh.
- Forces de l'Empire, nombre d'entre-vous sont des Terriens. Je connais vos motivations, je sais que le désordre et les crises, la désunion de notre planète vous a conduit à vous tourner vers une autorité plus forte, pour assurer résilience de la Terre. Cependant l'occupation a révélé une nouvelle unité sur la Terre, et de nouvelles solidarités sont nées. Nous sommes prêts à construire ensemble notre avenir, pour faire en sorte d'assurer l'existence de la Terre et de protéger sa souveraineté. Nous ne sommes pas seuls, nous avons fédéré autour de l'idée d'une Terre libre de nombreuses espèces. Il nous revient de décider librement de notre futur, de notre organisation, de nos règles, et même de la manière dont nous souhaitons coopérer avec l'Empire, si c'est la volonté de certains d'entre vous. Cette coopération ne peut être imposée, comme elle l'a été jusqu'à présent, à la Terre, mais aussi à d'autres espèces. Beaucoup d'entre-vous sont issus d'autres peuples tombés également sous le joug de l'Empire. Entendez vous aussi ce message de liberté.
Elle fit une petite pause avant d'enchaîner.
- La bataille pour la libération de la Terre s'apprête à prendre un tournant décisif. Celle pour la libération des planètes libres ne fait que commencer. C'est le moment pour vous tous de choisir de rester au sein d'un Empire qui peut apparaître séduisant, et avoir certains objectifs nobles, mais qui est bien trop grand et centralisé pour fonctionner correctement, vous le savez et vous avez observé les faiblesses de ce fonctionnement ces derniers mois. Vous pouvez aussi choisir de revenir auprès des vôtres, forts des enseignement de cette parenthèse. Vous y obtiendrez une amnistie totale, et la possibilité de trouver votre place dans un projet plus grand que celui conduit par l'Empire, plus respectueux de la liberté des planètes, et mieux équipé pour les défis de demain. Là où l'Empire échoue, la Fédération pourra réussir.
Elle avait prononcé ces derniers mots avec un ton décidé et solennel. Elle ne savait pas trop à quoi l'avenir ressemblerait en cas de défaite de l'Empire, mais elle était convaincu qu'à la disparition d'un pouvoir, un autre est amené à succéder. Placer la Terre en tant que leader de la construction d'un monde libre n'était pas seulement une manière d'assoir encore davantage, dans l'esprit des forces de Toniatuh, la puissance militaire de la Terre et sa capacité à rayonner. Tant de peuples s'étaient joints à la cause de la Terre que celle-ci pouvait bénéficier d'un tremplin diplomatique inédit pour créer une sorte de "société des planètes", à l'image des Nations Unies. Cette idée chatouillait gentiment l'esprit de la diplomatique. C'était un vieux rêve d'enfant, et même de l'humanité...
Elle reposa le cristal, et prit une grande inspiration. Si ce discours ne permettrait peut-être pas de désertions massives dans les rangs de l'Empire, il jetait les bases d'une certaine idée de la Terre, après l'occupation. Néanmoins, cette idée supposait de remporter la bataille, ce qui n'était plus directement du ressort de la diplomate. Elle vint donc rejoindre le Major, pour s'enquérir des dernières nouvelles du front.
Paul attendait de voir les résultats de son virus sur l'Obsidienne et entendit la question de Diane.
"Ce n'est plus dans nos priorités. La priorité est de se débarrasser de l'Obsidienne. S'ils en ont la possibilité ils pourront profiter de la chute du bouclier pour fuir en chasseur Tlaloc ou via les anneaux de transport ou via un faisceau de téléportation sur l'Achilles et le Lorion détecte leur balise sous-cutanée. Mais je doute de cette dernière possibilité."
Il ajusta quelques variables énergétiques de la cité et s'expliqua.
"Il ont été prisonniers de Tonatiuh, la première chose qu'il a dû faire c'est leur retirer leur balise et la clone ne doit même pas en avoir donc nos BC-305 seront aveugles pour les téléporter. Non décidément, ils ne pourront se fier qu'à eux-mêmes pour espérer s'en sortir. Leur perte n'est rien en comparaison des vies sauvées par la destruction de l'Obsidienne."
Paul avait ce désir de vengeance ancré en lui depuis sa capture et sa torture par Tonatiuh, il voulait lui faire payer et il avait enfin l'occasion d'assouvir sa vengeance et rien ne l'en empêcherait cette fois.
La flotte se rangea derrière le bouclier de la Cité pendant un instant, les armes asgard longues portées frappant les ha'tak de Miccah, principalement pour les neutraliser au lieu de les détruire. Plusieurs vaisseaux rompaient la formation pour quitter le champ de bataille, certains entrèrent même dans l'atmosphère, sans doute pour se poser dans une base à la surface. La Station Impériale n'était pas épargnée, son bouclier mit à rude épreuve, mais se montrant étonnamment résistant, certainement en raison de la présence d'un E2PZ à bord.
La flottille humano-narisienne mit un plan sur place avec les Asgard pour neutraliser temporairement l'Obsidienne. Et étrangement, cette manœuvre plutôt atypique fonctionna : le vaisseau asgard automatisé se logea dans le vaisseau ennemi, déphasé pour éviter l'impact, mais au lieu de suivre sa course, il s'arrêta net, s'immobilisant et manœuvrant pour faire en sorte de se maintenir au travers du vaisseau. Impossible pour lui de désactiver son déphaseur pour attaquer, sous peine de se retrouver avec un vaisseau le transperçant de part en part. Tonatiuh ne pouvait donc que regarder la bataille, se trouvant dans l'impossibilité d'agir tant que ce corps étranger se maintenait dans son vaisseau. Malheureusement, cette action coûta le Lorion. Si le vaisseau était toujours en un seul morceau, il n'était plus en état de se battre et il revint péniblement dans le giron d'Atlantis sous bonne escorte, fumant et montrant des impacts rougeoyants sur la coque.
Observant les communications terriennes, les messages de Sarah, Diane et Aeryn, poussant à la révolte, montrant les exactions des Goa'ulds sur Terre via des attaques chimique à grande échelles tuant les populations des villes et demandant aux Humains présent dans la flotte de déserter commença à faire effet. Plusieurs violents flash se firent voir à la surface, signe de frappes atomiques sur des installations de Tonatiuh dans des endroits isolés comme l'Antarctique, le Sahara ou encore au beau milieu du Pacifique. Est-ce que c'était la Résistance locale ou les troupes de Tonatiuh qui se retournèrent contre l'occupant ? Impossible de le savoir pour le moment.
En tout cas, la télévision et Internet montrait des scènes de batailles avec des tanks sur le Champ de Mars à Paris avec le soutien de la population après avoir détruit le centre de propagande locale et affichant un drapeau improvisé bleu blanc rouge sur la Tour Eiffel, des frappes aériennes sur les installations goa'uld en Chine ou encore des missiles nucléaires atteignant l'orbite depuis la Russie, l'Inde, tandis que des émeutes massives avaient lieu à New York, Los Angeles ou Washington, avec notamment une camion bélier qui parvint à forcer l'entrée de la Maison Blanche en live, conduit apparemment par des Marines. Ils avaient réussit leur coup, les Terriens étaient sortis de leur torpeur ou de leur réserve et se soulevèrent en masse au nom de ces idéaux de liberté et droit des peuples. Bien sûr, il y avait aussi les Légitimistes qui se battaient pour taire cette opposition et les combats entre les deux factions embrasèrent le globe un peu partout. En orbite, la situation parut moins avantageuses. Quelques Ha'taks tentèrent de quitter la flotte de Micah ou même commença à tirer dessus ou sur la Station, mais ils furent presque tout réduit au silence par les armes de leurs anciens alliées qui avaient l'air de moins bien tolérer la désertion dans l'espace qu'à la surface.
Pendant ce temps, Paul et Diane étaient toujours sur leur opération de leur côté. En analysant les signaux de communication émient par l'appareil goa'uld pendant que la diplomate faisait son discours, le scientifique remarqua qu'une partie d'entre eux étaient directement transmis sur l'Obsidienne, mais pas uniquement sur l'appareil identique en possession par Tonatiuh, mais également dans les ordinateurs du vaisseau, sans doute pour enregistrer la discussion ou analyser le bruit de fond pour tenter d'épier les paroles des dirigeants de la flotte adverse.
En l'état actuel des choses, il ne pourrait pas s'en servir pour utiliser la téléportation à bord ou même employer un virus informatique. En revanche, il pourrait utiliser ce signal pour accéder à distance à l'ordinateur du vaisseau, ouvrant une porte directement chez l'ennemi. De là, il pourrait obtenir les plans, l'état actuel des systèmes de l'appareil et peut-être même l'emplacement en temps réel de ses occupants, y compris les otages mentionnés par Diane. En revanche, il devait rester très discret et résister à la tentation de trop en faire, si Tonatiuh ou les systèmes de défense informatique remarquait sa présence, ils désactiveraient surement le signal, coupant court à toutes les manœuvres ultérieures avec cet appareil.
Le choix de ligne de bataille du major semblait être la bonne. Les Asgards punissaient les croiseurs Ha'Taks en les frappant jusqu'à laisser leurs carcasses dériver au milieu des lignes adverses. La station spatiale essuya quelques tirs mais ses boucliers ne vacillèrent pas. Elle devait bénéficier de l'aide d'un E2PZ, ce qui rendrait sa neutralisation par la force directe plus difficile. Cela la conforta dans son choix de recourir à un abordage plutôt que de dédier des ressources à sa neutralisation. Compte tenu de leur désavantage en terme d'effectifs il aurait été délicat d'allouer plus de force à sa neutralisation tout en contenant le gros de la force Ha'Tak. Le major avait prêté une oreille distraite au discours de Diane, elle ne put masquer sa satisfaction quand elle vit certains vaisseaux prendre la fuite ou retourner au sol pour renforcer le soulèvement planétaire. A sa grande surprise quelques bâtiment prirent même le paris de se retourner contre leurs anciens alliés. Elle salua silencieusement le geste de bravoure et regretta de ne rien pouvoir faire de plus pour les soutenir. Elle assista impuissante à leur destruction pour leur geste de défis. La cité était à cours de munitions et elle ne pouvait envisager aucune manœuvre offensive sans envisager d'éperonner leur adversaire. L'idée ne déplaisait pas au major, elle manquait de finesse et d'élégance mais elle aurait au moins eu le mérite de briser la formation adverse.
Le major se désintéressa de l'affrontement pour reporter son attention sur le déploiement de la flottille chargée d'escorter le croiseur Asgard télécommandé. L'Obsidienne réagit à l'agression en cours et fit la démonstration de sa force. Le Lorion trembla et vacilla sous les lances lasers du bâtiment de Tonatiuh. Sa coque parsemée de flammes tressauta et le vaisseau roula avant d'esquiver un troisième tir potentiellement mortel. La mâchoire de la jeune femme se contracta et elle retint sa respiration en observant le croiseur danser au milieu des tirs ennemis. Finalement le croiseur Asgard arriva à destination et stoppa net sa course dans une manœuvre brutale. Il ajusta ensuite ses déplacement à la forme déphasée de l'Obsidienne. Le piège tendu par la flottille avait fonctionné. Les vaisseaux la composant étaient désormais libres de se retourner contre la flotte de Tonatiuh et de poursuivre sa destruction pièce par pièce. Le Lorion revint se mettre à l'abris sous le bouclier de la cité. Le vaisseau était désormais hors de combat. Le major donna ses instructions pour que les escadrons de chasseurs initialement affectés au croiseur aillent renforcer ceux de l'Achilles.
L'attention de la jeune femme fut par la suite attirée par les nouvelles de la Terre. Lawrence fronça les sourcils en voyant les flashs à la surface de la Terre. L'idée que des frappes atomiques soient menées sur Terre ne l'enchantait pas. Ils étaient revenus pour libérer leur monde pas pour récupérer une décharge radio active. Partout à travers le monde la population semblait se soulever. C'était exactement ce que le major avait espéré accomplir en s'adressant aux habitants de la Terre. Elle reconnaissait avec une certaine culpabilité qu'elle comptait principalement sur ce soulèvement pour distraire l'ennemi et diminuer ses capacités opérationnelles. Quelques missiles nucléaires quittèrent également l'orbite pour venir soutenir la force de libération dans cette bataille. Le major pivota sur place s'adressant au personnel de la passerelle :
" Verrouillez les croiseurs au centre de la formation ennemi. Désignez les cibles et tâchez de les transmettre à nos alliés au sol. S'ils veulent nous aider, autant coordonner les frappes. On va noyer les détecteurs de la flotte de Tonatiuh avec les frappes nucléaires. Cela devrait également faciliter la dispersion de la flotte et la destruction des bâtiments isolés. "
Elle se tourna vers Paul :
" Quelle la situation de l'Obsidienne ? "
Elle se tourna ensuite vers Diane :
" Madame Sinclaire, il va falloir que l'on aide les forces au sol à se coordonner. Si vous avez encore des amis en bas je vous suggère d'entrer en contact avec eux et de commencer à leur fournir des informations sur ce qu'il se passe afin qu'ils puisse agir de concert. "
" Maintenez Atlantis à proximité de l'Obsidienne, si ce vaisseau parvient à se dégager je veux qu'on soit en mesure d'empêcher Tonatiuh de nous poignarder dans le dos. "Ordonna-t-elle.
Lawrence faisait jouer nerveusement ses doigts qui se crispaient et se détendaient lentement en attendant que leur objectif se rende vulnérable. Il devenait également urgent que la mission de Pakeha aboutisse. Sans cela elle ne pourrait retarder plus longtemps l'ordre d'engager la station.
Paul n'arriva pas à faire fonctionner son virus, le système de l'Obsidienne l'en empêchait par contre il identifia une porte dissimilée vers les systèmes du vaisseau ennemi. Il leva la tête vers Sarah.
"J'ai peut-être un moyen d'accéder à leurs systèmes pour récupérer des informations mais je ne pourrais pas saboter à distance le vaisseau je risquerais d'être détecté."
Il essaya d'accéder à l'état de l'Obsidienne ainsi que la position des signes de vie dans le vaisseau. S'il fallait à un moment téléporter les prisonniers, il fallait les localiser. Il tenta donc ensuite de pirater les caméras de surveillance pour avoir une vision plus claire des choses.
[Lancer de dés : Informatique x3]
Il suivait d'une oreille l'avancée des combats et la stratégie utilisée contre l'Obsidienne était plus le moins atypique. Paul pensait qu'elle avait des chances de fonctionner mais vu le vaisseau il risquait de pouvoir tirer une dernière fois avait d'être gravement endommagé et donc faire des ravages vu la puissance de ses tirs. Il se repencha sur ses tentatives de piratage pour voir si elles avaient abouties, s'il parvenait à avoir plus d'informations sur ce qui se passait dans le vaisseau ennemi.
Paul avait encore réussit à pousser sa chance, ou à démontrer l'étendu de ses compétences. Il avait infiltré les systèmes de l'Obsidienne et pourrait influer discrètement sur ses systèmes le moment venu. Il pourrait agir plus ouvertement mais risquerait d'être détecter. Leur fenêtre d'action pourrait se refermer rapidement et le sabotage des boucliers serait sans doute affecté. Le major acquiesça, prenant ainsi acte de l'information. Elle garderait cette carte dans son jeu pour le moment où elle ferait la différence. Il était nécessaire pour elle de faire preuve de patience. La flotte positionnée autour de la station ne vint pas soutenir l'Obsidienne et préféra s'en prendre à l'escorte. Il pouvait y avoir plusieurs explications à ce choix. L'ennemi pouvait préférer pousser son avantage actuel et réduire en morceau la flotte actuelle avant de se concentrer sur la libération de l'Obsidienne. Il pouvait aussi s'appuyer sur la fixation de la flotte assemblée autour d'Atlantis en comptant sur leurs renforts pour venir en aide à leur seigneur. Ou, plus probablement de l'avis de Lawrence, les cartes des allégeances devaient être en train de se redistribuer en même temps que le vent tournait pour Tonatiuh. Un de ses lieutenants pourrait tout à fait en profiter et récupérer un vaste empire clé en main en ne faisant rien pour lui. Quelle que soit la vérité elle importait peu au major. Ce qui comptait était l'abandon de l'Obsidienne et donc l'isolement de la plus grande menace pesant sur sa force d'attaque.
L'officier avait d'autres considérations. Les chasseurs déployés contre la flotte ennemie souffraient de lourdes pertes. La station JPS était encore en mesure de se défendre. Elle craignit soudainement que Noa et Ted aient échoués. Si tel était le cas alors elle devrait admettre le fait qu'elle ne les reverrait certainement pas. Son estomac se serra un instant avant qu'elle ne voit la station devenir muette, comme si ses forces, son énergie, l'avaient quitté. L'espoir reprit la jeune femme. Cela dura un moment avant que la station ne revienne à la vie et qu'elle ne vomisse un flot de drone à l'assaut du croiseur Asgard supposé empêché la re matérialisation de l'Obsidienne. L'attaque ne dura également qu'un instant avant qu'elle ne soit coupé par un puissant impact qui déchira la station. Le silence retomba soudainement sur le centre de contrôle d'Atlantis. Tous les regards étaient tournés vers les images de la station JPS et de son ventre labouré. Plusieurs niveaux avaient purement et simplement disparus. Le reste de la station vomissait air, métal et corps par ses entrailles exposés au vide sidéral. Le major avait esquissé un pas et commencé à levé la main comme pour prévenir ce qui arrivait. Son cœur se serra. Cette fois elle en était certaine Noa et Ted étaient morts. Elle avait parié sur la reprise de la station et ses capacités de défense et elle avait perdu sa mise. Le prix lui retournait les tripes et lui donnait envie de vomir. Elle resta figée pendant un moment, les yeux grands ouverts face à l'effroi de la situation. Elle finit par hoqueter en reprenant son souffle.
Lawrence eut à peine le temps d'enregistrer la magnitude de la destruction à laquelle elle assistait que l'un des membres du personnel poussa un glapissement de surprise et de terreur face à la re matérialisation soudaine de l'Obsidienne. Le vaisseau revint dans l'espace physique et ploya sous l'effet de l'imbrication avec le croiseur Asgard. Il ne céda pas encore pour autant et déchaîna sa fureur en retour. La flotte de libération déjà amochée par le corps à corps furieux qu'elle venait de livrer avec celle de Tonatiuh fut écorchée en une fraction de seconde. Ceux qui eurent la chance de survivre à ce coup meurtrier furent rattrapé par l'explosion des boucliers du vaisseau amiral. Ils cédèrent à l'image d'une bulle de savon avant de générer une puissante vague d'énergie. La déflagration réduisit en morceaux les Ha'Taks dispersés en orbite sans discrimination. Lawrence vit l'Achilles être parcouru d’inquiétant arcs d'énergie et su ce qu'il en était lorsqu'elle constata l'extinction de ces propulseurs. Elle eut tout juste le temps d'empoigner le rebord de la station la plus proche avant que la décharge ne touche Atlantis. L'antique vaisseau cité grinça, trembla et protesta sous l'effort pour résister à la force qui lui était opposée. Elle tint cependant bon. Ses boucliers avaient perdu leur surcharge précédente et étaient revenus à leur bleu naturel. Ils restaient tout de même une formidable protection. Des messages de détresses envahirent les ondes de communication en même temps que de nouvelles forces débarquaient. Le major ne prêta pas plus d'attention que nécessaire à ce dernier élément car les Narisiens se chargeaient déjà du problème. Leurs vaisseaux commençaient d'ailleurs déjà à répondre eux-même aux premiers appels à l'aide. Lawrence poussa ses sentiments et ses considérations de côté et tâcha d'aborder la situation avec pragmatisme. En quelques secondes la situation étaient passée de la foire d'empoigne spatiale à un bordel intersidéral. Sa priorité allait à ceux dans le besoin.
" Dirigez tous nos efforts vers le secours du personnel dans le besoin. Utilisez nos téléporteur pour tirer les notre de leur situation. Venez également en aide à nos pilotes. Je ne veux pas les laisser pourrir dans leurs coquilles inertes. Répartissez le flux des rescapés entre la flotte Narisienne, nous et la Terre. Chaque secondes comptes ! "
Elle éleva la voix pour continuer de se faire entendre par dessus le regain d'activité du centre de commandement.
" Je veux un rapport de situation sur les bâtiments encore en état de marche. Faites moi une première estimation de nos pertes. "
Quelqu'un l'apostropha parmi le brouhaha et pointa du doigt avec empressement vers une des représentations du chaos extérieur. Sans qu'elle ait besoin d'en formuler le besoin quelqu'un effectua un agrandissement de ce qui avait provoqué cette inquiétude. Il s'agissait d'une moitié de l'Obsidienne. Le morceau avant du vaisseau s'était libéré du croiseur Asgard et se traînait désormais à travers l'espace prêt à frapper. Un pic d'énergie immanquable émanait de son arme principale alors qu'elle s'apprêtait à faire feu. Le major inspira et le temps sembla alors se ralentir autour d'elle. L'Obsidienne semblait décidé à emporter l'Achilles dans la tombe. Peut-être même qu'il ferait éclater le bouclier d'Atlantis et les tuerait tous en les exposant au vide spatial. Le personnel autour du major paraissait de mouvoir au ralenti. Son esprit habituellement en proie à considérer ses options avant d'agir se verrouilla sur une course d'action claire cette fois là. Les choses paraissaient étrangement lucides pour Sarah. Elle fit un pas et pencha la tête pour considérer l'avant de l'Obsidienne. Peut-être qu'il y avait une raison pour que les choses arrivent. Comme si chacun obéissait à une sorte de plan cosmique après tout. Il devait y avoir une raison pour que Nadja se trouve à la tête de l'Achilles, il y avait une raison à la présence du curieux Teltak qui courait au devant de la moitié du béhémoth spatial. Il y avait certainement une raison pour laquelle elle avait été témoin de la destruction de la station. Et il y avait certainement une raison pour qu'elle soit ici et maintenant à la tête d'Atlantis. Le vaisseau était le dernier avec un écran de protection et une propulsion en état de marche descente. Cette raison était qu'elle comptait probablement parmi les quelques personnes capables de prendre des paris inconsidérés et tenter le tout pour le tout. Il ne faisait aucun doute que l'Achilles serait atomisé sur place, il n'y avait également aucun doute sur la destruction du Teltac adverse. Mais Atlantis, Atlantis disposait encore de solides boucliers, elle était le vaisseau le plus massif en circulation et même si elle n'avait plus de munitions pouvait encore se révéler redoutable. Le major doutait qu'une téléportation de tête nucléaire n'intervienne à temps. Elle redoutait également une nouvelle déflagration dans la destruction de l'Obsidienne. Si elle intervenait il ne resterait plus personne à secourir. " Paul ! Il faut utiliser notre infiltration informatique maintenant ! Le chargement de l'arme doit être retardé et son système de visé déconnecté. "
Lawrence était consciente que cela ne leur ferait gagner que quelques secondes, mais c'était plus que suffisant pour faire aboutir sa manœuvre.
" Préparez un saut hyper-espace ! Notre fenêtre de sortie est ici. "Elle pointa du doigt un point situé derrière le teltak. A l’échelle spatiale cela revenait à sortir juste sous le nez de l'Obsidienne." Je veux un vecteur d'impact à vitesse maximale sur ce vaisseau. " Le plan du major était littéralement d'écraser son poing dans le nez du vaisseau amiral. Elle espérait emboutir la carcasse ennemi au point de rendre son canon principal inopérant. La cité serait en mesure de bloquer toute solution de tir ennemi en se positionnant ainsi. " Exécution ! Préparez-vous à l'impact ! " Tonna la voix de Sarah alors qu'elle agrippait de nouveau une console proche.
Paul assistait aux évènements, les choses s'accélérèrent d'une façon surprenante.
Le JPS fut éventré par une explosion, l'image de la station gravement endommagée était historique et à la fois magnifique et terrible.
Ils détruisaient la station impériale mais aussi leur base la plus technologiquement avancée, ils perdaient aussi sa base de données et l'histoire du programme porte des étoiles comme la zone 51 et la zone 52 avaient aussi été détruites dès les débuts de la conquête de la Terre par Tonatiuh.
L'après risquait d'être tout aussi dur que la domination de la Terre par Tonatiuh.
Alors qu'il regardait les résultats de ses actions, l'Obsidienne se matérialisa d'une seul coup et se coupa en deux dans une puissante explosion qui balaya la cité et les autres vaisseaux de la flotte.
Il fit un scan rapide et fut surpris.
"On a tenu bon mais les améliorations de l'IA ont sauté, on a retrouvé notre puissance d'avant combat."
La puissance de l'Obsidienne était bluffante. Mais la partie avant de l'Obsidienne semblait être chargée à bloc et prête à tirer sur l'Achilles et Atlantis. Il fit un rapide calcul dans sa tête concernant les chances de la cité mais l'ordre de Lawrence arriva.
"Si on fait ça on risque de perdre notre bouclier et de graves dégâts."
Il se sentait obligé de préciser les risques. Il se repencha vers son poste pour essayer de détourner de l'énergie vers d'autres systèmes du vaisseau ennemi voire troubler la visée en espérant que sa porte d'entrée n'ai pas été coupée par la destruction de toute une partie du vaisseau ennemi.
Que ce soit depuis les baies vitrées ou via les hologrammes, la bataille avait prit des airs de successions de mesures désespérées. La tactique pour neutraliser temporairement l'Obsidienne, la mission d'infiltration sur le JPS, la tentative d'haranguer la population pour se forcer à se soulever. Est-ce que ce n'était pas finalement ça, la guerre ? Une série de manœuvres désespérées pour vaincre un ennemi qui en fait tout autant, laissant la victoire aux plus compétents ou aux plus chanceux ? Pourtant, ces tactiques atypiques portèrent leurs fruits. L'Obsidienne se retrouva avec un vaisseau asgard littéralement au travers, l'empêchant de se déphaser et donc d'attaquer. La population terrienne se souleva, commençant à prendre du terrain face aux forces d'occupations et provoquant même des dissensions au sein de l'armée. La seule inconnue restait la mission sur le JPS. La station participait toujours au combat et rien ne semblait montrer un quelconque signe d'une prise de contrôle.
Les capteurs de la Cité s'affolèrent quand l'Obsidienne se déphasa volontairement, se retrouvant ainsi fusionné avec le vaisseau asgard. Mais cette manœuvre était un risque calculé de la part de Tonatiuh. Il savait que son vaisseau ne pouvait rester intangible éternellement et impossible de se débarrasser de son "parasite" asgard, ce qui est ironique pour un vaisseau goa'uld. Alors, ils fit lui aussi une tentative désespérée : le baroud d'honneur. Mourir en emportant le maximum d'ennemi avec lui. À peine le vaisseau tangible et commençant à voler en éclats, il fit feu avec toutes ses armes sans la moindre once de pitié. La flottille narisienne et l'Achilles en prirent pour leur grades, emportant quelques vaisseaux, mais ce n'était que le début des réjouissances.
Une détonation se fit remarquer du côté du JPS, la station perdit toute sa partie inférieure et commença à s'enfoncer dans l'atmosphère. Sabotage de l'équipe infiltrée ? Un missile de chasseurs ou en provenance de la Terre qui avait fait mouche pile poil au bon endroit ? À moins que ce ne soit une manœuvre désespérée de Miccah pour en finir de son côté ? Impossible à dire pour l'instant et aucun signe de Ted et Noa...
Avant même de réagir à cette nouvelle, les deux vaisseaux imbriqués l'un dans l'autre finirent par exploser, délivrant une puissante onde électromagnétique sans doute provoquer par l'explosion des différents générateur d'énergie dont les E2PZ alimentant le vaisseau goa'uld. La déferlante énergétique frappa tout le monde. Les alliés, les ennemis, même la Terre fut touchée, les lumières sur sa face nocturne s'éteignant petit à petit alors que des aurores polaires suffisamment intense pour être visible en plein jour et depuis l'orbite était visible sur toute sa surface. L'Achilles fut prit dans la déferlante et réduit à l'état de coquille de métal dérivant dans l'espace, l'équipage commençant à évacuer grâce à des renforts narisiens arrivés peu après la détonation.
Mais Atlantis ne fut pas épargnée non plus. Malgré toute sa puissance, la Cité ne s'en sortit pas indemne. Les modifications faites avant le conflit avaient été réinitialiser, plusieurs appareils avaient grillés ça et là, les lumières vacillèrent, une partie des hologrammes disparurent ainsi que l'IA qui répondait aux abonnées absentes. Morte ? Incapable de communiquer ? Impossible de le savoir pour l'instant là encore...
Et ce n'était toujours pas finit. Comme on dit, jamais deux sans trois. Émergeant des décombres, la partie avant de l'Obsidienne, en piteux état, fit son apparition et les capteurs indiquaient que son canon principal était en train de charger un ultime tir, visant l'Achilles et Atlantis juste derrière. Sarah donna un ordre désespéré pour déplacer la Cité, non pas en dehors du cône de tir, mais pour s'interposer entre l'Achilles et l'Obsidienne, quitte à percuter le morceau d'épave au passage. Malheureusement, Aynira, aux commandes dans le fauteuil, émit une mauvaise nouvelle : les dégâts de la vague d'énergie était plus importante qu'il n'y semblait. Le bouclier avait bel et bien encaisser la vague, mais au prix de deux des trois E2PZ de la Cité et le dernier restant n'était pas au meilleur de sa forme. Atlantis était immobile et seule une fine barrière énergétique à bout de souffle l'a séparant d'une destruction programmée. À moins que toute l'énergie restante soit attribuée au bouclier pour encaisser le tir. Ou encore que Paul ait une idée de génie.
En parlant de Paul, ce dernier parvint à rétablir sa liaison discrète avec l'Obsidienne, signe que l'appareil de communication relié au sien était toujours intact, et sans doute que Tonatiuh était toujours vivant. Il parvint à accéder aux ordinateurs de l'appareil, ou tout du moins ce qu'il en restait. Il était difficile de trouver des programmes encore en état de fonctionner, mais il remarqua que l'ordinateur de tir était détruit. L'Obsidienne tirait soit à l'aveugle, soit sur une cible déjà programmée avant l'explosion de l'appareil, la seconde théorie étant la plus probable. Il ne pouvait pas désactiver l'arme ou changer de cible. L'Obsidienne allait leur tirer dessus et rien ni personne ne pouvait l'en empêcher à moins d'un miracle divin. Et en plus de cela, il était fort probable que ce dernier tir achève définitivement le vaisseau. Un dernier coup d'éclat avant que ce monstre ne rende son dernier souffle.
Toutefois, il avait accès à certaines commandes comme les systèmes de survie ou encore la gravité artificielle. S'il ne pouvait empêcher le tir de ce canon braquer droit sur eux, il pouvait peut-être en tempérer la puissance et redirigeant une partie de l'énergie vers ces systèmes. Pas de quoi transformer un tir de l'Étoile Noire en tir de pistolet à eau, mais peut-être suffisant pour que le bouclier encaisse le choc....
Alors qu'il pianotait à son poste, Paul se rendit compte avec effroi qu'il n'avais presque aucun moyen d'agir, il recevait en parallèle les rapports des équipes de la cité sur son état.
"Comme si on avait besoin de ça."
Il profita de son accès aux systèmes de l'Obsidienne pour rediriger un maximum d'énergie vers les systèmes de survie et la gravité artificielle pour contrer la dépressurisation du demi-vaisseau ça promettait de pomper pas mal d'énergie s'il réussissait mais vu la puissance qu'il restait à l'Obsidienne il avait peur que ça ne soit pas suffisant.
[Lancer de dés : Informatique]
"Alea jacta est."
Puis il se leva pour se précipiter sur un autre poste.
"J'ai essayé d'utiliser notre backdoor dans les systèmes de l'Obsidienne pour détourner un maximum d'énergie vers d'autres systèmes pour diminuer la puissance du tir mais je crains que l'Achilles ne survive pas, il faut évacuer son équipage au plus vite."
Il pianota dans les systèmes de la cité sans attendre d'ordre.
"On a perdu deux E2PZ ce qui signifie plus d'hyperpropulsion, plus de composition à huit chevrons, plus de bibliothèque holographique et surtout le bouclier est à son niveau le plus bas."
Il détourna toute la puissance disponible vers le bouclier avant.
[Lancer de dés : Informatique]
Il sauta à un autre poste pour s'assurer que le Lorion était vide pour le lancer en automatique pour le placer entre l'Achilles et la cité, boucliers poussés au maximum avec le peu d'énergie qu'il lui restait, il permettrait d'absorber encore un peu de puissance.
[Lancer de dés : Informatique]
Puis il appuya sur son oreillette.
"Wilson, Greymon, Hilson, Machin et Choi, poussez le générateurs à cœur Naquadah à pleine puissance j'ai fait sauté leurs sécurités. Exécution !"
Il passa devant Sarah.
"Si mes calculs sont bons, avec la puissance détournée l'impact sur l'Achilles et sur le Lorion, la puissance dissipée devrait absorber toute la puissance qu'il nous reste et peut-être faire tomber le bouclier de la cité mais on passera avec de la chance à côté de la destruction enfin j'espère."
Il n'avait jamais été aussi peu sûr de son plan. Il se souvint d'une chose et se tourna vers Sarah.
"Ordonner le repli de tout le monde ici c'est la partie la plus sûre de la cité."
Une fois l'ordre diffusé, Paul verrouilla les portes et systèmes de sécurité de la cité un par un pour la refermer hermétiquement en cas de perte du bouclier et de dégâts importants, il fallait isoler chaque secteur de la cité pour garder un maximum de poches d'air.
[Lancer de dés : Informatique]
Il se demandait comme ils pourraient poser la cité sans bouclier et sans puissance, il espérait que les vieux générateurs à Naquadah qui leur avaient servi il y a longtemps étaient encore là et fonctionnaient car ils en auraient besoin.
Une fois ses manipulations terminées il s'accrocha à une console.
"Accrochez-vous !"
Et il fit quelque chose qu'il n'avait jamais fait jusque là, il croisa les doigts.
Le tir de l'Obsidienne avait infligé plus de dégâts à la cité d'Atlantis que le major Lawrence ne l'avait imaginé. Certes le vaisseau avait été fortement secoué par le faisceau d'énergie mais en dehors du changement de couleur des boucliers, rien ne laissait présager qu'elle avait autant souffert. Aynira avait confirmé au major que deux des trois E2PZ avaient rendu l'âme. Cette élément à lui seul suffisait à témoigner de l'armement principal de l'Obsidien. Lawrence était inquiète. Inquiète et frustrée. Elle avait été souvent tendue, dans le doute, mais jamais inquiète. D'après les rapports de Paul et d'Aynira ils n'avaient rien d'autre à faire qu'à rester là et prier pour que les dommages qu'ils subiraient ne les emportent pas tous. Cette solution ne convenait à l'officier en aucune manière. Lawrence n'avait jamais abandonné le combat, elle n'avait jamais renoncé à lutté, pas avant, pas depuis son arrivée au SDT, pas lors de la préparation de la résistance, elle n'abandonnerait pas maintenant. Il devait certainement y avoir une solution, quelque chose qui leur permettrait de se sortir de cette situation. Lawrence grogna et laissa ainsi échapper sa colère. Elle s'éloigna de la station à laquelle elle s'était accrochée.
La jeune femme avança d'un pas incertain. La confusion se lisait sur son visage. Sa bouche était sèche comme du papier de verre. Lawrence ne parvenait plus à penser. La situation était désespérée et leur marge de manœuvre était plus que limitée. Si Sarah devait être parfaitement honnête envers elle-même elle ne pouvait se résoudre à laisser mourir l’Achilles. Son attachement au vaisseau s'était forgé au fil des années de service à son bord. Elle y avait vécu certains des instants les plus importants de sa vie. Ce vaisseau avait traversé l'enfer et survécu à de nombreux dangers. Il ne pouvait finir sa vie de la sorte. Elle fronça les sourcils et ferma les yeux.
* Réfléchit, réfléchit ... Réfléchit ! *
Elle ouvrit soudainement les yeux et se tourna vers Paul :
" Paul ! " Elle fit quelques pas pour venir jusqu'à lui en tâchant de contenir la fébrilité dans sa voix." Ne pouvons nous pas utiliser la ventilation de l'atmosphère dans certains vaisseaux pour les faire dévier de la trajectoire de l'arme ? Nous avons accès à certains système de l'Obsidienne, est-ce que c'est envisageable pour donner une poussée au vaisseau et dévier sa course au moment du tir ? On ne peut pas tenter la même opération à bord de l'Achilles afin lui faire exécuter une manœuvre d'évitement ? Même lancer manuellement les MIRE devrait offrir une certaine poussée au vaisseau non ?"
Elle regarda autour d'elle et se pencha à nouveau vers Paul :
" Et Atlantis ? on ne peut pas faire de même ? "
En attendant sa réponse la jeune femme porta la main à son oreillette :
" Ici Lawrence pour le commandant Cook de l'Achilles, est-ce que l'évacuation de l'équipage est achevée ? "
Elle considéra un instant les informations fournies par Paul et Aynira puis décida de déclencher l'évacuation du plus de personnel de la cité dans le même temps.
" Ici le major Lawrence, que tout le personnel non essentiel à la manœuvre d'Atlantis quitte le bord immédiatement. Je répète, tout le personnel non essentiel à la manœuvre d'Atlantis doit quitter le bord.
" Activez la Porte et faite le nécessaire pour que tout le monde quitte le bord par celle-ci ou par téléportation. " Lawrence chercha du regard encore un élément qui pourrait jouer en sa faveur. Elle décida de jouer son va-tout en observant la forme de la station s'enfoncer lentement dans l'atmosphère terrestre.
" Ouvrez un canal de communication, aucun cryptage. "
" Ici le major Lawrence, s'il reste quelqu'un à bord du JPS, si vous êtes encore en vie et qu'il reste de l'énergie à bord venez nous en aide. L'Obsidienne s'apprête à faire feu et nous avons besoin de vous. "
Sa supplique terminée le major se tourna vers Paul. Son regard revêtait une certaine mélancolie. Il n'y avait rien qu'elle puisse faire de plus désormais. Elle lui tendit la main avec solennité.
" Ca a été un honneur de servir à tes côtés. Merci pour tout Paul, je ne serais pas là où j'en suis sans toi."
Alors qu'il finalisait ses actions, Paul eut des proposition de Sarah pour détourner le rayon et les vaisseaux. Il réfléchit un instant à la solution et fit quelques calculs.
"Au vue de la taille du faisceau, du peu d'air qu'il reste dans l'Obsidienne, on a plus de chance de diminuer la puissance du tir en forçant les systèmes de survie à fonctionner à plein régime, si on largue l'air, il y aura une légère dérive qui ne sera peut-être même pas assez importante mais la puisssance du tir sera totale. Je ne pense pas qu'on puisse choisir cette solution. Pour détourner l'Achilles, c'est une possibilité mais là encore à la limite l'Achilles a des chances de sortir de la trajectoire mais pas Atlantis qui est bien plus imposante. Garder les deux BC-305 pour amortir le tir est notre meilleur chance de survie."
Lorsque Sarah ordonna d'activer la porte, Paul leva la tête vivement et se précipita vers le DHD.
"Non !"
Il désactiva le DHD et se tourna vers Sarah.
"On regroupe le peu d'énergie qu'il nous reste, activer un vortex vers n'importe quelle planète va diminuer nos chances de réussite en consommant trop de puissance. S'il reste des vaisseaux équipés de téléporteurs à portée il faut qu'il les téléportent ou qu'on évacue le personnel dans les F-311, C-101 et Puddle Jumper."
L'évacuation changea un peu d'organisation et Paul s'essuya le front, ils étaient passé à côté d'un gros problème. Sarah finalement lui serra la main.
"Un honneur oui. Espérons que ça ne soit pas la dernière fois."
Il retourna à son poste et s'agrippa à une console.
Sarah ne savait pas vraiment quoi faire. Ses stratégies étaient rejetées les unes après les autres que ce soit par les aléas du destin sur les réserves énergétiques d'Atlantis ou la communication radio avec l'Achilles qui était coupée depuis l'explosion de l'Obsidienne. Puis elle tenta d'organiser une évacuation express d'Atlantis, mais Paul l'en empêcha, un voyage par la porte consommerait de l'énergie et dans cette situation, chaque étincelle compte.
De son côté, Paul essaya de pirater les ordinateurs de l'Obsidienne pour atténuer la puissance du tir, mais avec les appareils endommagés du vaisseau goa'uld, cela prenait de temps de trouver de nouvelles dérivations pour l'énergie, mais il commença à y avoir des effets. La gravité avait été rétablie, le morceau d'épave brillait de mille feux et les systèmes de survie tournaient à plein régime. Mais ce n'était toujours pas assez. Quelques petits pourcents sur un tir d'une puissance qui pourrait transpercer la Cité de part en part. L'évacuation commença, mais est-ce qu'ils auraient le temps de transporter tout le monde ? Est-ce que c'était vraiment la fin de la mythique Atlantis, non pas engloutie sous les eaux, mais explosant en morceaux dans l'espace ?
Il ne resta que quelques secondes avant le tir quand le personnel présent voyait via les hologrammes que l'Achilles, malgré le fait qu'il venait d'être évacuer, se retourna contre le vaisseau et avança sur une trajectoire d'interception. Avec une lenteur relative, le BC-305 s'écrasa sur l'Obsidienne en explosant, en entraînant le fragment d'épave avec lui, mais pas sans arrêter le tir. La lance énergétique partit alors que les systèmes de la Cité s'éteignaient les uns après les autres. Un soldat remarqua que les accès vers l'extérieur venaient d'être scellés et que le bouclier semblait plus ténue sur la partie opposée de la Cité.
Tout le monde se prépara à l'impact et quand le tir frappa le bouclier, toute la Cité trembla comme si elle avait heurtée quelque chose d'immense. Des gerbes d'étincelles se mirent à pleuvoir, certaines consoles prirent feu, les alarmes sonnèrent à tout rompre et on pouvait jurer que la température dans la salle de contrôle avait prit plusieurs degré d'un coup. Puis les secousses s'atténuèrent doucement, la luminosité baissa et les personnes présentes se regardèrent, un peu hagard, étonnés d'être toujours vivants. Les lumières revinrent et les consoles se rallumèrent tandis que la luminosité bleutée de la Terre s’apercevait du coin de l’œil.
Une rapide analyse permit de constater que l'attaque suicide de l'Achilles et l'explosion qui s'en suivit avaient modifiés l'inclinaison de l'arme quelques fractions de seconde avant le tir. Le bouclier n'absorba qu'une partie de la décharge énergétique, le reste se perdant dans l'immensité de l'espace. Atlantis avait survécu, Tonatiuh avait été vaincu et le JPS était en train de tomber dans l'atmosphère. La flotte ennemi n'était plus en état de se battre et les premières redditions, venant des chasseurs survivants se faisaient entendre.
La bataille était gagnée, la Terre était libre, mais le prix a payé a été important. La flotte terrienne n'existait plus. Le Lorion était toujours là, mais ses dégâts étaient telles que la question sur la possibilité de le remettre en état tendait vers le négatif. La flotte de la coalition avait aussi été réduite en lambeaux, réduites à quelques vaisseaux éparses, la plupart lourdement endommagés. Les pertes en vies humaines, ou aliens, avaient été importantes, mais ils avaient gagnés. Ils avaient prouvés que l'unité pouvait accomplir l'impossible. Le dernier Grand Maître Goa'uld venait de mourir, celui qui était presque parvenu à ramenée toute une galaxie sous la domination des siens. Mais cette fois-ci, l'opposition avait était au rendez-vous et elle parvint à stopper l'envahisseur.
Maintenant ? Il fallait reconstruire, panser les plaies, réparer les dégâts, tant physiques que psychologiques. Les prochains mois allaient être durs pour tout le monde, mais maintenant, les vétérans de cette bataille savaient que rien n'était insurmontable si on était bien entourés...
Paul vit les écrans signaler le tir mais aussi l'impact de l'Achilles qui fut pulvérisé et emporta l'Obsidienne avec lui, la cité fut frappée et Paul tomba au sol. Des éclairs fusaient de partout, des début d'incendie un peu partout dans la salle. Il se releva tant bien que mal alors que des techniciens éteignaient les départs de feu. Plusieurs consoles étaient gravement abîmées mais ils étaient toujours là.
Il regardait autour de lui, il y avait quelques blessés léger mais rien de très grave a priori. Il se précipita vers Sarah.
"ça va ?"
Il s'assura que tout allait bien avant d'aller vers l'escalier pour regarder par la baie vitrée l'état général de la cité. Elle semblait en un seul morceau. Il soupira, beaucoup de travail en perspective mais ils étaient là et en vie. Ils avaient gagné, enfin, il avait eu sa vengeance, Tonatiuh était enfin mort. Il se dirigea vers un rebord pour s'y asseoir et respirer un peu, il allait devoir aider à remettre un minimum la cité en état pour pouvoir la piloter de nouveau ou a minima l'évacuer. Ils n'étaient pas sortis d'affaire.
Le major fit un geste pour appuyer la demande de Paul lorsqu'il s'opposa à l'utilisation de la Porte pour évacuer le personnel. Elle fit un geste de la tête pour signifier qu'elle comprenait ce que ça impliquait. Son visage se crispa sous l'effet de l'impuissance. Elle fronça les sourcils en entendant la voix soudaine de Mei annonçant l'évacuation totale de l'Achilles. Elle se tourna vers Paul en haussa les épaules :
" Le capitaine Cook me fait la gueule ou quoi ? C'est la fin des temps donc on filtre les appels du commandement ? "
Elle secoua la tête pour elle-même.
" C'est bien reçu, extraction de l'infirmerie en priorité, puis du reste du personnel. "
" Paul, il me faut un verrouillage sur le capitaine Cook, tirez ses miches de là. "
" On va garder un œil particulier sur le capitaine, comptez sur nous. Lawrence, terminé. "
L'attente parut être une éternité. La cité ne pouvait faire qu'attendre que leur ennemi se décide à déchaîner toute sa puissance contre eux. Le major observa le lent mouvement de l'Achille rassemblant ses dernières forces pour porter un ultime coup à l'Obsdienne. Elle sentit sa gorge et son cœur se serrer. Un sentiment partagé s'empara d'elle. Elle n'avait pas besoin d'une explication pour comprendre les intentions du capitaine Cook. Lawrence savait exactement ce qu'elle comptait faire parce qu'elle avait voulu entreprendre la même manœuvre à peine quelques minutes plus tôt. Une partie d'elle-même ressentait de l'admiration et une immense fierté envers le courage de son officier. Le capitaine avait toujours eu un grand sens du devoir et le major n'avait aucun doute quant à sa capacité à payer le prix ultime si cela lui permettait de porter un coup décisif à leur adversaire. Elle se raccrochait au mince espoir que l'Achilles puisse détruire l'Obsidienne avant qu'il ne tire. Une immense inquiétude s'était également emparé d'elle. Elle craignait, pour l'équipage qu'elle avait côtoyé pendant des années, et pour le Capitaine Cook. La situation l'obligeait à voir disparaître le croiseur auquel elle s'était tant attachée au fil du temps. Celui-là même qui l'avait vu évoluer à une vitesse impressionnante. Elle l'avait connu comme simple soldat, pas toujours sûr d'elle et se contentant de suivre les ordres. Elle l'avait quitté en officier accompli, avec une solide confiance en elle et une capacité à échafauder des plans. Elle pleurerait le vaisseau plus tard, elle le pleurerait comme elle pleurerait pas perte de ceux qui ont donné leur vie pour que Tonatiuh soit vaincu pour de bon. La bataille était loin d'être terminée et elle avait elle-même encore un devoir à accomplir. Si elle pouvait éviter que d'autres pertes inutiles aient lieu elle le ferait.
" Paul, c'est l'heure de faire un miracle. Je ne tolèrerais pas la perte du Capitaine Cook. Je me fiche de savoir si pour la sauver il faut y aller avec une paire de bouteilles coca-mentos attachée dans le dos, mais elle doit nous revenir. Je n'offrirais pas certaine satisfaction à ce porc de Tonatiuh. "Elle s'était exprimée sur un ton qui ne souffrait aucun argumentaire et qui attendait simplement que l'impossible soit fait." Confirmez-moi son transfert dès qu'il aura eu lieu. "
Elle observa le croiseur se jeter tête en avant contre le terrible vaisseau amiral de Tonatiuh. Sans aucune hésitation il s'enfonça dans la coque de son adversaire quelques milisecondes avant que le tir de l'arme principal ne parte. Le major retint son souffle. Ils allaient y avoir droit après-tout.
" C'est le moment de prier pour le Dieu auquel vous croyez et de dire adieu à vos miches. " Tonna la voix du Major à travers la salle." Préparez-vous à l'impact ! "
La main de la blonde saisit le rebord de la console de Paul et elle la serra de toutes ses forces. Le bout de ses doigts et leurs jointures se mirent à blanchir sous l'effet de la pression. Lawrence fit du mieux qu'elle put pour assurer son équilibre. La cité trembla toute entière sous l'effet de l'impact. Le centre de contrôle fut ébranlé et aucun de ses occupants ne furent épargnés. Lawrence jura qu'elle sentait ses os remuer à l'intérieur de son corps et manqua de se couper la langue dans un claquement de dents. Elle lâcha le rebord de la console lorsqu'une gerbe d'étincelles jaillit de celle-ci. La trentenaire s'écrasa au sol dans un juron et roula par réflexe afin de se réceptionner. Elle resta en boule et se protégea la tête avec les bras. Les lumières vacillèrent et rendirent l'âme pendant un instant. Le major craignait l'espace d'une seconde les boucliers ne tiennent pas. Puis les secousses se mirent à faiblir jusqu'à disparaître. Le centre de commandement fut brièvement éclairé par la lumière émanant de la Terre et par les quelques consoles en proie aux flammes. Un silence imposé par la stupéfaction d'avoir survécu régnait. La lumière revint faiblement dans la salle et la vie parut reprendre avec elle. Le major se tourna vers Paul alors que ce dernier venait s'enquérir de son état :
" Ca va je crois oui...Je n'ai rien de cassé. Elle se tâta hâtivement et constata l'absence de blessures apparentes. "
" Madame Saint-Clair ? Est-ce que vous êtes en seul morceau ? "
Elle se releva lentement tandis qu'il prenait la direction de la baie d'observation. La major observa quelques instants la sphère clignotante de l'affichage holographique. Elle secoua la tête avant de se reprendre :
" Eteignez moi ces incendies ! " Tonna-t-elle, mettant en mouvement le personnel autour d'elle.
" Je veux une confirmation de l'extraction du capitaine Cook ! "
Elle observa la disparition du vaisseau de Tonatiuh et les nombreux débris qui jonchaient les environs. La bataille spatiale était terminée et ils avaient prévalu. Mais le travail n'était pas pour autant terminé. Il ne faisait au contraire que commencer. Le major allait désormais devoir se pencher sur la partie la plus sombre de son métier. Celle qu'elle détestait le plus. " Faites moi un premier rapport sur nos pertes. Je veux savoir qui est porté disparu également. "
Elle poussa un long soupir.
" Portez secoure au reste de nos pilotes coincés dans leurs appareils. Rassemblez les derniers éléments qui sont encore en état de voler et préparer une intervention au sol. La guerre n'est pas finie là-bas. "
Lawrence sentit une immense fatigue s'emparer d'elle. Elle aurait voulu s'écrouler sur place et se laisser aller. Mais il lui restait encore tant de choses à accomplir. Ramasser les morceaux allaient encore demander beaucoup d'efforts. Un dernier effort, un dernier pour sauver ceux qui peuvent encore l'être, un dernier pour achever les partisans goa'uld au sol, pour compter leurs blessures et pour ramener la cité au sol. Il faudrait également trouver les mots pour rédiger les lettres à adresser aux familles de ceux et celles qui ont donné leur vie. Un dernier effort pouvait bien être consenti. Il y avait désormais un avenir pour la Terre, un plus tard, elle pourrait prendre du repos à ce moment là.
Paul entendait la salle des opérations retrouver une certaine ébullition, il fut sorti de son état de choc d'être passé si près de la mort. Il se releva et retourna vers la salle. Il balaya les décombres des yeux pour trouver un ordinateur ayant survécu pour le brancher aux systèmes et déterminer quelle quantité d'énergie il leur restait, contourner les défaillances pour endiguer les pertes d'énergie.
[Lancer de dés : Informatique]
On l'informa que les vieux générateurs au Naquadah étaient en ligne.
"J'espère qu'on a encore assez d'énergie pour se poser. Garder le bouclier levé pompe beaucoup d'énergie, si on ne pose pas la cité on risque de le perdre. Mais pour ça il faut pouvoir traverser l'atmosphère. On peut potentiellement couper le bouclier passé une certaine altitude pour concentrer l'énergie sur les moteurs. On l'a déjà fait par le passé."
Il pianota sur son poste pour trouver l'énergie qu'il recherchait et évaluer la situation globale de la cité. Ils avaient survécu mais le danger était toujours là, il fallait agir vite et bien pour éviter un carnage non pas à cause de l'ennemi mais cette fois à cause de l'espace lui-même.